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29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 35-45)

« Pour nous et pour notre salut »

(Mc 10,35-45)…

 

    Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :
car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

     

         Quand Jésus annonça pour la première fois à ses disciples sa mort et sa résurrection prochaines, Pierre l’avait tiré à part et s’était mis à lui faire de vifs reproches (Mc 8,31-33)… La seconde fois, les disciples ne comprirent toujours pas (Mc 9,30-32), et juste après, « ils discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Et Jésus leur avait dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,33-35). Mais ils ne comprenaient toujours pas… Alors, pour la troisième fois, Jésus leur annonça sa Passion (Mc 10,32-34). Et il eut pour réponse cette démarche de Jacques et de Jean rapportée ici : « Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander ». Ce sont eux qui commandent… « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire »… Voilà bien l’attitude qui habite spontanément nos cœurs de pécheurs : rechercher les places d’honneur, ne pas perdre une occasion de se mettre soi-même en avant, courir après la gloire humaine, la notoriété, la célébrité…

Le Christ, lui, a toujours vécu dans l’obéissance à son Père, cherchant à accomplir sa volonté, en Serviteur du Père… « Que ta volonté soit faite », nous apprend-il à dire, car la volonté de ce Dieu Amour n’est que Plénitude de Vie pour chacun d’entre nous. Or, si « le salaire du péché, c’est la mort, le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle par notre Seigneur Jésus Christ » (Rm 6,23).  C’est pourquoi « le Fils de l’homme », dit ici Jésus, « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude », afin qu’ils passent, par le « oui » de leur foi, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie… Tel est l’Amour qui est prêt à se donner tout entier pour le seul bien de l’être aimé : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Et Jésus se donnera tout entier sur la Croix, versant son sang, donnant sa vie « pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28). Car il est venu avant tout pour les pécheurs. En effet, « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9). Et ce ne sont pas « les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,32). Certes, « il n’est pas de juste, pas un seul » (Rm 3,9-20), mais le Dieu d’Amour et de Tendresse ne peut faire des merveilles de Miséricorde qu’avec celles et ceux qui se reconnaissent pécheurs, et lui offrent tout, jour après jour…

DJF




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 10 octobre 2021

 

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 17-30)

En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère.
 »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.

    Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit :
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit :
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »

    Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Les lectures de ce dimanche nous invitent clairement à discerner ce qui est essentiel pour nous. Nous voyons aussi que les richesses sont remises en cause.

Entendons-nous bien : les richesses ne sont pas condamnées ! Il nous faut bien un minimum ‘matériel’ pour vivre décemment, c’est légitime ! Mais quel est notre vrai trésor ? Quelle est la finalité de nos richesses ?

Nous le voyons bien, nombreux ont cette tentation de vouloir posséder pour eux-mêmes… cette tentation de vouloir se sécuriser par ses propres richesses en oubliant que demain ne nous appartient pas… Il y a comme un enfermement sur soi-même, au risque de devenir ce que nous possédons.

Les richesses terrestres sont parfois idolâtrées et deviennent ainsi un véritable obstacle pour viser la vie éternelle, les richesses du Royaume, qui elles sont impérissables, à la différence des richesses de ce monde qui ne sont que pour un temps.

Les textes de ce dimanche nous invitent à rechercher surtout les trésors de Dieu, à ouvrir réellement nos yeux et nos cœurs à ces trésors :

►Dans la première lecture, il est question de la sagesse de Dieu. Quand les grands sages d’Israël évoquent la sagesse de Dieu dans la Bible, ils contemplent le savoir-faire de Dieu. Dieu, qui a toute la sagesse, est le seul à savoir conduire sa créature jusqu’à lui, pour le rendre saint comme lui est saint.

Dans le passage que nous avons proclamé, la sagesse compte plus que la richesse, la santé et la beauté. Cette richesse est plus que jamais désirée : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »

Les termes employés sont forts pour nous rappeler que c’est bien cette sagesse de Dieu qu’il nous faut avant tout désirer : « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »

Le Psaume 89 prolonge ce désir de la sagesse de Dieu : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. » Ce ne sont pas nos richesses qui donnent la mesure à nos jours mais la sagesse. En ce sens, les richesses matérielles sont de fausses sécurités.

►La deuxième lecture est extraite de la lettre aux Hébreux. Nous avons un passage très bref qui pointe un autre trésor : La Parole de Dieu. Les mots sont là-encore très forts : « Frères, elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; (…) ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. »

Nous n’avons pas toujours conscience d’un tel « pouvoir » de la Parole de Dieu : nous aurons à lui rendre des comptes ! Cette Parole de Dieu, nous la négligeons dans nos vies spirituelles. Nous devons la méditer car sans elle, comment atteindre la sagesse de Dieu ?

L’Évangile nous révèle que le vrai trésor c’est le Christ et sa Bonne Nouvelle. L’homme riche dont il est question a déjà un bon « bagage  » dans la pratique de la Loi. Il pose la question la plus pertinente : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Sa question exprime son désir.

Jésus lui rappelle les commandements qu’il assure observer depuis sa jeunesse. Jésus « l’aima »… Mais Jésus va vouloir l’emmener plus loin : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais là, ça bloque : « Il s’en alla tout triste ».

L’homme riche reste accroché à ce qu’il a acquis pour lui-même, malgré la promesse de Jésus d’un trésor au ciel. L’homme reste d’une certaine manière tourné vers le passé terrestre alors que son véritable avenir est éternel.

À la fin de notre passage, un appel nous est fait : nous sommes invités à « quitter » à cause du Christ et de son Évangile, avec la promesse d’obtenir ainsi la vie éternelle. Par « quitter », entendons qu’il nous faut nous détacher, nous désencombrer, nous dépouiller, afin de pouvoir entrer dans une plus grande confiance en la Providence de Dieu.

Il ne s’agit pas tant, pour nous aujourd’hui, de vendre nos biens de façon radicale mais de les partager avec ceux qui sont le plus dans le besoin. Jésus nous propose d’opter pour une sagesse qui passe par la générosité envers les pauvres pour mieux nous abandonner à Dieu.

Frères et sœurs, que le Seigneur nous donne de prendre au sérieux sa Parole, ses invitations. Et que cette promesse de vie éternelle nous stimule, qu’elle soit une véritable espérance pour nous, qu’elle devienne un moteur dans notre agir, à cause du Christ, avec lui et pour lui. Amen.




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 17-30)

La Sagesse … ou la richesse ?

 

Le ton est donné dès la première lecture : « J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. »

La Sagesse ne vient pas toute seule. On voit bien ici deux étapes.

D’abord la prière. Elle donne le discernement … entre le beau et le laid, entre le bien et le mal … C’est une première étape qui permet de classifier les choses.

Mais la Sagesse, c’est plus que cela : c’est donner des ordres de priorité, non pas entre le bien et le mal, mais à l’intérieur de ce qui est bien (parce qu’en ce qui nous concerne, on ne va pas choisir entre le ‘moins mal’ et le ‘plus mal’. Le mal, on le rejette : cf renouvellement des promesses du baptême lors de la veillée pascale.). Et pour l’obtenir, il ne suffit pas de prier, il faut supplier le Seigneur pour qu’il nous l’accorde ! Et ce n’est pas accordé à tout le monde. Même si on dit que la sagesse vient avec l’âge, ce n’est qu’une certaine forme de sagesse … et pas toujours la Sagesse.

La Sagesse est au-dessus des biens matériels, de la considération, du superflu …

Mais elle rend plus riche, mais d’une richesse spirituelle, ou philosophique, ou théologique. « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »

Le psaume nous dit : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. »

Mais pour que le Seigneur nous apprenne, il ne suffit pas qu’il « fasse son boulot », et il le fait bien, … il faut que nous soyons prêts à l’écouter. Que nous disions comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » (1S 3,9).

Ou comme Salomon qui, lorsque le Seigneur lui demande en songe : « Demande ce que je dois te donner. » lui répondit : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal » (1 R 3,5.9), c’est-à-dire un cœur qui sait écouter. Et le Seigneur lui donna la sagesse …

Et c’est sans doute pour cela que saint Benoît, quand il écrivit la règle de son ordre, mit dans le préambule de celle-ci : « Écoute la voix du Seigneur, prête l’oreille de ton cœur », comme prémices à toute la règle.

« Écoute la voix du Seigneur », avec attention, car, nous dit la deuxième lecture : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants … elle juge des intentions et des pensées du cœur … nous aurons à lui rendre des comptes. ».

Et les comptes, on le sait, on devra les rendre au jour du jugement dernier, car : « chaque fois que vous l’avez fait ( ou pas fait ) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ( ou ne l’avez pas fait ). » (Mt 25,40.45), et ce que nous avons fait (ou non), ce sont les œuvres de miséricorde … c’est-à-dire l’attention que nous avons vis-à-vis de ceux qui nous entourent.

C’est justement de ce dont Jésus parle quand il demande à celui que l’on appelle le jeune homme riche s’il connaît les commandements (on notera qu’il ne parle que des commandements vis-à-vis des autres, et non pas de ceux qui concernent notre relation à Dieu. Peut-être l’a-t-il fait parce justement il lui manquait cette relation aux autres … ?). À sa réponse positive, Jésus lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » ; mais lui s’en alla tout triste, car il n’avait pas pensé aux autres, il n’avait pas affuté l’oreille de son cœur !

Et Jésus de conclure : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! », entrainant la surprise des disciples. En effet, la richesse était considérée comme étant un don de Dieu …alors dire qu’il leur sera difficile d’entrer dans le royaume de Dieu … !! Difficile à comprendre.

« Alors, qui peut être sauvé ? »

La réponse est claire : cela dépend uniquement de Dieu, qui jugera si les actes de la personne ont montré une ouverture d’esprit vis-à-vis de ceux qui l’entourent, vis-à-vis de ceux dont il s’est fait le prochain.

Mais Jésus rassure ses disciples : nul n’aura quitté qui ou quoi que ce soit pour lui ou son Évangile, sans recevoir, peut-être des persécutions sur la terre, mais assurément, « dans le mon-de à venir, la vie éternelle. ».

Dieu est toujours plein d’amour et de miséricorde envers nous !

Mais il faut que nous écoutions sa Parole et la mettions en pratique !

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5,6-7)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes de ne pas

oublier ceux qui vivent autour de nous.

Pas simplement en pensée,

mais en actions diverses,

en fonction de nos moyens.

Alors seulement, nous pourrons

entrer dans la Royaume de Dieu.

C’est la Sagesse que tu nous donnes

qui nous permet de le faire !

 

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Prière dim 28° TOB




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le jeune homme riche

Mc 10, 17-30

En écoutant cette lecture de l’Evangile, beaucoup auront l’impression d’avoir reçu un choc en plein cœur. L’Evangile, ça dérange; l’Evangile, ça décoiffe, ça décape.

Saint-Paul, ailleurs, dans la 2e lecture, nous a dit : « La Parole de Dieu est une épée à deux tranchants qui pénètre jusqu’aux jointures de l’âme ». Avouez que ce n’est pas toujours agréable d’entendre : « Il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux qu’à un chameau d’entrer par le trou de l’aiguille ». Et cette regrettable histoire du jeune homme riche nous dérange, nous met mal à l’aise.

Il est sympathique cet homme (ce jeune homme précise Matthieu) : il arrive, après avoir couru, tout essoufflé, se jeter aux pieds de Jésus. Il a vraiment un désir au cœur. Visiblement, il en veut, et poli, par-dessus la marché: « Bon maitre ! ».

Jésus le calme :

«Tu m’appelles « bon », mais Dieu seul est bon! » 

« Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Déjà, il nous montre le bout de l’oreille : il aime l’argent. Il parle « d’héritage » : vocabulaire de la finance et de l’intérêt.

« Tu connais les commandements ? Ne pas léser le prochain ».

« Oh, là-dessus, je n’ai rien à me reprocher. Mes parents sont des gens bien, bienfaiteurs de la paroisse, dans les œuvres, dans les mouvements et je suis moi-même « bien élevé » ».

Du coup, Jésus intrigué, le regarde et il s’aperçoit que c’est vrai « posant son regard sur lui, il l’aima ». « Ah ! Quel bon garçon ! On pourrait peut-être en faire un prêtre, un évêque, un cardinal ! Quelle magnifique recrue il va faire! Voilà un futur 13e apôtre ».

 Alors Jésus n’hésite pas et il propose aussitôt : « Allons, ne rigole pas, une seule chose te manque : liquide tout ce qui t’empêche de décoller, ton compte en banque, tes propriétés. Donne tout aux pauvres et puisque tu veux investir pour le ciel, viens, suis-moi ! » C’est ce qu’avait fait St-François d’Assises.

Mais le jeune homme refuse. Le tragique de cette scène, c’est que Jésus ne fait pas un seul geste pour le récupérer. Il ne dit pas : « Tu ne donneras qu’une partie de tes biens, on s’arrangera avec l’économe de l’Evêché ! » Non, Il le laisse partir, il respecte sa liberté. Oh ! Bien sûr ! En faisant demi-tour, il n’est pas damné, mais il a loupé le coche.

Jésus jette un regard circulaire sur la foule qui l’entoure, sur les disciples médusés : « Les richesses, voyez-vous, c’est un terrible obstacle pour découvrir se trouve l’essentiel ».

 « Mes enfants, il est plus difficile à un riche d’aller dans le Royaume qu’à un chameau de passer par le trou de l’aiguille ». Heureusement, il ajoute, pour ne pas nous décourager :

« Oui, pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ».

Ouf ! Pour nous, parce que cet Evangile nous concerne ! Si nous nous comparons avec la plus grande partie des habitants du monde, nous sommes tous riches : un pauvre de la Réunion serait, avec les mêmes revenus, un riche, en Inde ou au Bengladesh ou en Haïti.

Des Malgaches, des Comoriens, des Mahorais le savent bien qui viennent s’installer ici : ils ne se trompent pas d’endroit. Un Rmiste ici gagne deux fois plus qu’un Mauricien, cinq fois plus qu’un Malgache.

J’ai envie, ce matin, de reprendre trois phrases de ce texte merveilleux et de vous les offrir :

1 – « Jésus, le regarda et l’aima ». Vous aussi, il vous regarde et vous aime, comme le jeune riche. Un curé ne fait pas souvent des compliments à ses paroissiens : il les exhorte à plus de rigueur et d’exigences. Bien mieux, les paroissiens, pendant l’homélie se font parfois attraper à la place de ceux qui ne viennent pas et que le curé ne voit pas. Eh bien, aujourd’hui, j’ai envie de vous dire, vous, les pratiquants du dimanche : « Vous êtes formidables ». Pourquoi ? Parce que vous avez le courage de faire l’effort de vous déranger pour une messe du dimanche. Parfois, vous avez été tentés de trouver une bonne excuse pour ne pas venir, les bonnes excuses de ceux qui n’y vont pas… et puis, vous y êtes allés quand même, comme le jeune homme riche. Vous avez été attirés, aspirés par lui.

Alors, à chaque fois, Jésus est touché de votre geste et il jette sur vous un regard d’amour. En outre, même s’il est bon de critiquer ceux qui pratiquent, vous faites partie de ceux qui ont une certaine moralité et Jésus est touché de votre droiture et puis, vous avez un désir de mieux faire. Ça vous arrive d’écouter les lectures et même les homélies et de vous laisser interroger et de vous remettre en question, vous êtes venus ici avec un désir profond de rencontrer Jésus, et il est touché de votre réponse à son invitation.

2 – Et pourtant une chose vous manque : Jésus regarde l’état de votre cœur et il a envie de vous dire, comme au jeune riche,

« Croyez-moi, vous pouvez mieux faire », ce que marquent les professeurs sur les bulletins de notes trimestriels, sur le livret scolaire « Peut mieux faire », « Peut tellement mieux faire ». Ah, si vous vouliez ! Ne sois pas rassasié, ne sois pas satisfait, ne dis pas : « c’est assez », ne dis pas : « Dieu n’en demande pas tant ! ».

Nous avons encore à découvrir que les biens terrestres, même s’ils sont nécessaires, peuvent nous détourner de l’essentiel : les sommets auxquels nous sommes appelés. Rappelons-nous qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir et qu’il nous faut nous désinstaller pour trouver notre vrai centre de gravité : Dieu lui-même.

Nous ne sommes pas programmés pour le provisoire de notre existence terrestre, nous sommes programmés pour l’absolu, en fonction de Dieu lui-même : ce qui explique nos faims et nos soifs d’ici-bas, faims et soifs d’une source meilleure, sinon nous sommes des frustrés, des insatisfaits, « en manque ».

 3 – Jésus vous regarde et vous aime. Une seule chose vous manque. Vendez tout.

Essayez donc de faire la différence entre vos vrais besoins, ceux qui, obtenus, vont vous épanouir et les faux désirs qui ne sont que des mirages de la consommation. Nous sommes un peu comme des montgolfières que l’on voit dans certaines fêtes : elles ne demandent qu’à s’élever, à monter, mais elles sont maintenues sur terre par tous les filins qui les retiennent au sol. Ce sont des ballons « captifs« . Nous aussi, nous devenons « captifs » par tous ces fils à la patte qui nous empêchent de décoller et qui nous empêchent de prendre notre envol ! Ces filins qui nous retiennent au sol :

  • – la peur de Dieu: si je me laisse faire par lui, où va-t-il nous conduire ?

  • – la paresse: on est déjà tellement pressés, sur-occupés dans la société : « Que Dieu n’en rajoute pas ! »

  • – mais surtout, l’argent et tout ce qu’il procure : le confort, le kit: les marques – le gadget – les modes, toute la batterie de tout ce qui n’est que fantaisie, surplus, superflus.

Oui, l’Evangile a raison : c’est difficile d’être riche et d’être pleinement chrétien. On le voit bien avec toutes les affaires financières : les traders, les banques véreuses, les comptes en Suisse, les paradis fiscaux, Wolkswagen ou Cahusac, la crise et les faillites : quatre millions d’euros, en France, chaque année, partent en fumée de cigarettes, 150 millions de bouteilles de champagne.

Frères et sœurs, recherchons le vrai bonheur. Souvent, nous passons à côté parce que nous nous sommes trompés de but. Repérons les filins qui nous empêchent de décoller.

Coupons-les et notre vie pourra s’élever vers Dieu, qui lui, est capable de tout nous donner. AMEN




Inauguration des Fêtes de Ste Thérèse à Lisieux (24 sept. au 3 oct. 2021).

Si vous désirez agrandir l’une ou l’autre photo, il suffit de cliquer sur elle…

Dimanche 26 septembre, messe d’inauguration des fêtes de Ste Thérèse de L’Enfant Jésus et de la Sainte Face, célébrée solennellement le 1° octobre, messe présidée par Mgr Jacques HABERT, nouvel évêque de Bayeux-Lisieux depuis le 10 janvier 2021…

 

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le couple et la famille

Mc 10, 2-16

Avant d’écouter l’Evangile du jour et de le commenter, il ne faut pas oublier la 1ère lecture : « la création du premier couple humain« . C’est la toile de fond sur la famille : le tableau idéal du plan de Dieu sur le couple. Si nous aimons les récits hauts en couleurs, nous sommes servis par ce vieux texte naïf et très ancien, où, sous la forme d’un conte savoureux, les vérités essentielles du couple humain sont abordées.

Or donc, il était une fois le premier homme ! Le Seigneur lui avait préparé un univers verdoyant, peuplé d’oiseaux et bêtes bien sympathiques et pourtant, l’homme n’était pas heureux. Il y avait bien le chien fidèle qui lui montrait plein de tendresse, mais il ne parlait pas. Alors Dieu dit :

« Non, il n’est pas bon que l’homme soit seul. Donnons-lui une compagne qui lui soit assortie ».

Et voilà la première leçon de ce texte. Dieu a voulu l’homme conjugal.

            Dieu pratiqua donc la première anesthésie totale (le conte continue) et l’homme tombe dans un sommeil profond et il n’assistera pas à la création d’Eve. Eve restera toujours un secret pour l’homme, la « radicalement différente« . L’action de Dieu est « mystère ». La sexualité est et reste un mystère malgré tous les bouquins modernes sur la sexualité, même Freud s’y casse les dents. C’est Dieu qui crée et non pas l’homme : Adam tiendra sa femme de Dieu : c’est la deuxième leçon.

 Après l’anesthésie, l’opération : « Il prit de la chair du côté d’Adam pour en façonner la femme, la fameuse « côte d’Adam ». Le symbole est merveilleux : la côte, c’est le côté, le cœur, le « côte à côte ». Eve est tirée du cœur de la tendresse de l’homme (ce qui suppose que l’homme possède bien cette tendresse), mais le scoop de ce conte, c’est de nous révéler l’identité absolue de nature entre l’homme et la femme. Elle est son EGALE, celle qui lui correspond pleinement : l’os de ses os. Lorsque ce conte a été écrit, dans tous les pays voisins, la femme était considérée comme la pièce la plus précieuse du cheptel de l’homme (ce texte devait passer pour être terriblement féministe) : c’est la troisième leçon de ce texte.

Mais voilà Adam qui se réveille : il pousse un cri d’admiration :

« Mais non ! Je ne rêve pas ! » Cri d’amour, cri d’admiration, premier cri de plaisir au début du monde. « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os ! La chair de ma chair ! On l’appellera « femme ».

Quatrième leçon de cette lecture : Dieu veut le couple heureux.

Il désire un couple épanoui et Dieu va maintenant leur faire une très profonde préparation au mariage et leur dit : « L’homme quittera son père et sa mère ». C’est clair : le mariage est rupture avec la vie précédente. Beaucoup de maris ont bien du mal à se libérer de l’emprise de leur mère. Il s’attachera à sa femme (c’est la fidélité), non pas avec des liens de domination, mais de tendresse, de douceur si bien que cette fidélité ne sera pas une « corvée », mais une « cordée » pour affronter à deux, les difficultés de la vie.

Unité indissoluble qui va s’exprimer dans l’union des corps :

« Ils ne feront plus qu’un, en une seule chair ».

Voilà le couple prototype du foyer selon le rêve de Dieu !

Mais, il y a souvent une grande distance entre le rêve et la réalité. C’était déjà vrai du temps de Moïse qui avait été obligé de lâcher du lest avec la « répudiation ». C’était toujours aussi vrai du temps de Jésus à qui on pose la question. C’est toujours aussi vrai dans notre époque où la famille semble tellement ébranlée et fragile, et pourtant, encore aujourd’hui, l’Eglise nous répète inlassablement, à la suite de Jésus, « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

« La famille fout le camp », ai-je lu dans un magazine. Regardons autour de nous : les unions libres, les pacsés, les concubinages, les divorces, la chute de la natalité, les familles « monoparentales » (comme si c’était encore une famille !), les familles dites « recomposées » qui supposent combien de familles « décomposées » !

Les causes, on les connaît :

– Disparition des valeurs morales, droit à la liberté sans entrave, droit au bonheur à tout prix ;

– Causes économiques : chômage, pauvreté, exclusion d’où l’apparition de familles qui ne sont plus que des « pensions de famille« , famille dortoir, famille « formule 1 » où l’on ne se retrouve que devant le frigo ;

– Juxtaposition de personnes qui ne se retrouvent ensemble que par intérêt : famille qui recherche avant tout le bien-être matériel, civilisation du caddie, du standing, où le programme est d’abord la maison à construire avant même de construire le couple et d’entretenir leur amour ;

Famille « mer morte » où le couple a peur de l’enfant et où l’on demeure dans un « narcissisme à deux » ;

Famille « café du commerce » où ne sont abordées que des banalités, mais jamais des sujets profonds. Un enfant de 12 ans déclare : « Quand mes parents m’ont demandé si j’ai bien dormi ou si j’avais de bonnes notes, ils ont tout dit ». Un autre : « Je n’ai jamais su si mon père avait la foi. Je le pense, mais je n’en suis pas sûr, il n’en parlait jamais ».

– A côté de cela, il y a aussi la « famille cocon« , celle qui se replie sur elle-même, refuge affectif et douillet avec parfois une surchauffe affective qui faisait dire à un autre enfant : « Mes parents m’étouffent », surprotection pesante ;

Famille Blockhaus » aussi où l’on s’enterre pour se protéger des agressions d’un monde que l’on déclare « pourri » : les fenêtres sont fermées sur l’extérieur.

Et pourtant, malgré toutes ces imperfections, tous, nous avons besoin d’une famille et Dieu aussi. Il est facile de critiquer la famille, pas facile de la remplacer. La Société a besoin de familles solides et fidèles. Les nations sans enfants disparaissent inexorablement.

La famille, c’est pour chacun, l’apprentissage de la solidarité, de la gratuité, du respect des différences, de la non-violence, du partage. La délinquance fleurit là où il y a un manque de vie familiale.

Les ENFANTS ont besoin de grandir entre un père et une mère qui s’aiment. Ils ont besoin de recevoir l’amour gratuit d’une mère, mais ils ont autant besoin de la présence d’un père. Il faut qu’ils se sentent le fruit d’un amour commun.

Les adolescents ont besoin de famille , une famille qui les aide à partir du nid où ils ont tendance à s’incruster. C’est tellement plus commode de se faire servir par des parents esclaves, domestiques de leurs enfants. Pour 90% d’entre vous, vous avez puisé votre vision du monde, votre foi, votre manière de vivre ? A la maison, là sont les sources, là sont les racines.

La famille a besoin de Dieu. La fidélité, c’est qui ? « Tu es le Dieu fidèle éternellement ». L’unité, c’est qui ? C’est Dieu : Trinité-famille, amour en trois personnes. La création, le Créateur, c’est qui ? « Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre ».

L’amour, c’est qui ? Amour du Père pour son Fils, du Fils pour son Père. Dieu seul est capable dans le Sacrement du Mariage d’offrir aux époux la capacité d’aimer son conjoint et ses enfants.

Puissions-nous, frères et sœurs, faire vivre nos familles sur le modèle de l’amour de Dieu, capable de donner sa vie pour ceux qu’il aime. Un proverbe indien dit que « nul n’est jamais perdu sur une route droite ».

Cette route de la famille chrétienne est ici-bas la seule route du « bonheur assuré », déjà maintenant et pour les noces éternelles.  AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 2-16)

 » Que l’homme ne sépare pas

ce que Dieu a uni  »

(Mc 10,2-16).

 

    Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

     

             Ce passage doit être resitué dans son contexte : « Des Pharisiens abordent Jésus pour le mettre à l’épreuve ». Ils ne croient pas en lui. Ils veulent juste lui tendre un piège pour l’enfermer ensuite dans l’une de leurs catégories, laxiste ou rigoriste, et ainsi le condamner… « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

            Jésus va partir de leur Loi : « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison » (Dt 24,1). Nous retrouvons ici un de ces nombreux textes que Jésus qualifie de « traditions humaines » car ils annulent la Parole de Dieu (Mc 7,1-13). Grâce à eux, ces « scribes et Pharisiens hypocrites » pouvaient justifier leurs pratiques scandaleuses…

            Alors, comme toujours, Jésus revient à la source : le projet de Dieu sur l’humanité. Et il cite le Livre de la Genèse (1,1.27 ; 2,24) : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair ». Et il insiste : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair ». Leur amour les unit, et cet amour, s’il est authentique, vient de Dieu. En effet, « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et parce qu’il est Amour, il est Don de Lui-même, gratuitement, par amour… « L’amour de Dieu », « l’amour dont Dieu nous aime » précise en note la Bible de Jérusalem, « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et ceci est tout spécialement vrai pour un amour authentique entre un homme et une femme : chacun a reçu, pour l’autre, le Don de cet Amour et c’est ce Don qui les unit. Tel est donc le trésor qu’ils doivent cultiver jour après jour… « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Que nul ne se permette donc de « renvoyer sa femme » pour toutes sortes de raisons futiles au nom d’une soi-disant Loi qui n’est en fait qu’une belle façade pour cacher son incrédulité et ses perversités… Qu’il se convertisse plutôt, et qu’il manifeste son choix sincère de Dieu en aimant sa femme !

            Telle est la réaction de Jésus face à l’hypocrisie qui montre beau visage et se flatte de bien agir… Mais telle n’est pas du tout son attitude envers les blessés de la vie qui, pour toutes sortes de raisons, se retrouvent dans des situations chaotiques. Son seul souci est alors de les aider à se relever en leur donnant de pouvoir prendre conscience de la volonté de Dieu pour qu’ils puissent vivre désormais de manière responsable en assumant leur passé… Et il sera toujours là, avec eux, pour que l’amour fleurisse enfin là où il n’y avait que des ruines. Et si un homme et une femme arrivent ainsi à se reconstruire, « ce que Dieu a uni », dans son infinie Miséricorde, là encore, « que l’homme ne le sépare pas »…                                                                          DJF.




Rencontre autour de l’Évangile – 27ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Ce que Dieu a unit

que l’homme ne sépare pas »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 2-16)

En Mc 8,27, Jésus était à Césarée de Philippe, en terre païenne, à une trentaine de kilomètres au nord de la Galilée. C’est en partant de là, direction plein sud, qu’il a entamé son dernier voyage à Jérusalem. Il sait ce qui l’attend et il annoncera par trois fois à ses disciples les souffrances de sa Passion, sa mort, mais aussi sa résurrection… Et tout au long de cet ultime voyage, il enseignera, à tous ceux et celles qu’il rencontrera, Juifs ou païens, les mystères du Royaume des Cieux…

 

Le sens des mots 

  • « Des Pharisiens abordèrent Jésus pour le mettre à l’épreuve »… Qui étaient ces Pharisiens ? Et quelles sont ici leurs dispositions à son égard ?

  • « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » La question délicate du divorce est donc évoquée. Il importe de bien prendre conscience du contexte. Et déjà, on peut remarquer que seul « le mari », l’homme, peut renvoyer sa femme. Cette dernière, en Israël, était considérée comme sa propriété… Elle n’avait aucun droit et ne pouvait témoigner en justice… La clause de la Loi de Moïse à laquelle ils font allusion est la suivante : « Soit un homme qui a pris une femme et consommé son mariage ; mais cette femme n’a pas trouvé grâce à ses yeux, et il a découvert une tare à lui imputer ; il a donc rédigé pour elle un acte de répudiation et le lui a remis, puis il l’a renvoyée de chez lui » (Dt 24,1). En pensant tout particulièrement à la condition de la femme, que pensez-vous de cette Loi ? Si vous aviez comme souci, dans le contexte de l’époque, de venir en aide aux femmes, dans quelle direction iriez-vous : une application de la Loi telle qu’elle est formulée, ou plus de rigueur dans la compréhension de l’engagement qu’est le mariage ?

  • Dans son argumentation, à quoi Jésus fait-il référence, jusqu’où remonte-t-il ?

  • « On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement »… Que suggère la réaction des disciples sur la manière dont on considérait habituellement les enfants à l’époque ? Et en prenant ces enfants comme un des exemples de condition sociale rejetée, que retrouve-t-on comme « constante » dans l’attitude de Jésus ?

  • « Accueillir le Royaume des Cieux à la manière d’un enfant »… « Le Royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent »… Que dirions-nous pour préciser ou illustrer ce que Jésus dit ici ?

 

Pour l’animateur 

  • « Pharisiens» vient d’un mot hébreu perushîm, qui signifie « les séparés », ceux qui font « bande à part ». Issus de toutes les couches sociales de la société, leur désir était de mettre en pratique de la façon la plus radicale possible tous les préceptes de la Loi. Ce faisant, ils allaient se ‘séparer’ ou des Juifs trop peu scrupuleux dans l’observation de la Loi, ou des païens qui, bien sûr, ne pratiquaient pas la Loi puisqu’ils ne la connaissaient pas…

                Ici, ils veulent mettre Jésus à l’épreuve, le piéger, le « cataloguer » pour ensuite mieux le critiquer… Ils ont vraiment le cœur « endurci », un « cœur de pierre » et non pas ce « cœur de chair », ce cœur ‘humain’ que Dieu voudrait voir en chacun d’entre nous (cf. Ez 36,24-28)…

  • « Jésus n’ignore pas que la tradition juive a péché, par excès de laxisme, au bénéfice du seul partenaire masculin. L’homme pouvait répudier son épouse, même pour des raisons les plus futiles » (Jacques Hervieux). Voilà contre quoi Jésus part ici en guerre, pour protéger les femmes des abus scandaleux dont elles souffraient à l’époque. Face à ce laisser-aller inacceptable, Jésus ne peut que rappeler, avec rigueur, les fondements du mariage et de la vie familiale (Gn 1,26-31 ; 2,18-25). Le projet de Dieu est que l’homme et la femme soient unis l’un à l’autre dans la communion d’un même amour. De leur union corporelle, qui manifeste et exprime leur union de cœur, naîtront alors ces enfants que Dieu leur confie pour les conduire, le mieux possible, vers leur pleine stature d’adulte. Cela exige du temps, de la fidélité, un amour qui ne peut que s’inscrire dans la durée… Et l’aventure est possible, car tout amour authentique vient de ce Dieu qui est Amour et qui nous a tous créés pour aimer et donc nous donner, d’une manière ou d’une autre, les uns aux autres. Jésus, en rappelant le projet de Dieu sur l’homme et sur la femme, invite ainsi ces hommes à corriger ce qui doit l’être dans leurs comportements. D’acte de répudiation en acte de répudiation, ils pouvaient ainsi passer de l’une à l’autre et changer quand l’envie leur en prenait… Pour eux, c’était légal… Pour Jésus, c’est de l’adultère…

            Nous voyons bien que nous ne sommes pas ici dans le contexte de déchirures parfois humainement dramatiques, ni de familles recomposées sur la base d’un amour honnête, sincère et qui s’inscrit loyalement dans la durée… Il ne peut s’agir pour l’Eglise d’exclure qui que ce soit : la préoccupation première de Jésus étant justement « les exclus », nous allons en avoir un nouvel exemple… Certes, nous devons vivre l’obéissance dans la confiance en l’Eglise et en ces « entrailles de Miséricorde de notre Dieu », qui nous accueille sans cesse tels que nous sommes et travaille avec nous au ‘meilleur’ de notre vie. Et si telle ou telle disposition disciplinaire actuelle nous semble devoir changer, obéissons et prions pour que l’Eglise continue d’avancer vers toujours plus d’humanité. Lorsqu’elle sera pleinement humaine, elle sera pleinement divine…

  • « On est choqué par l’attitude franchement hostile des disciples. C’est un mouvement violent d’exclusion. Pourquoi ? La raison est à chercher dans les mœurs de la société antique. Au temps de Jésus, les enfants sont objets de mépris de la part des adultes. Cette marmaille qui grouille et qui fait tant de bouches affamées à nourrir n’est pas en grande considération dans un monde où règne la pauvreté. De plus, tous ces gosses qui pullulent dans la société juive sont encore ignorants de la Loi de Moïse. On les traite donc comme des « hors la Loi ». ils sont mis au rang des « exclus », comme les malades, les femmes, les esclaves… Ce mépris que manifestent à l’égard des enfants ses propres amis heurte profondément le Maître »… En effet, « les enfants, comme les autres « exclus », ont leur place dans le Royaume » (Jacques Hervieux).

  • Quelques traits de l’enfance : confiance en l’amour des parents et donc insouciance ; simplicité de cœur, joyeuse naïveté, fraîcheur, vérité, etc…

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

  • Le mariage, l’amour dans le couple et la famille, la fidélité, sont les piliers du projet de Dieu sur les hommes. En effet, Dieu est Mystère de Communion de Trois Personnes divines distinctes dans l’unité d’un même Esprit, d’un même Amour… Et il a créé « l’humanité», sens premier du mot ‘homme’ en Gn 1,26, pour qu’elle soit « à son image et ressemblance », c’est-à-dire Mystère de Communion elle aussi dans l’unité d’un même Esprit, d’un même Amour, le sien… Et ce Mystère commence à se réaliser dans la famille… Prenons-nous suffisamment au sérieux les exigences qui en découlent pour notre couple, notre famille ? Avons-nous à cœur de prendre les moyens nécessaires pour construire cette famille unie que Dieu désire, sur la base du Don de cet Esprit d’Amour qu’il ne cesse de proposer à nos cœurs par sa Parole, la prière, les sacrements ?

  • Les divorcés remariés ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de l’Eglise. Leurs parcours est souvent le résultat de souffrances dont nous n’avons pas idée et que Dieu seul connaît… Et même « là où le péché a abondé », avec son cortège de blessures et de souffrances, « la grâce » de salut, de guérison, « a surabondé» pour les cœurs de bonne volonté… Avons-nous bien ce regard de Miséricorde qui ne juge pas mais cherche à comprendre, cette attitude d’accueil inconditionnel à leur égard, ce souci de vivre avec eux l’Eglise et sa Mission ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Dieu notre Père, que ton Esprit d’Amour soit sur toutes nos familles. Donne nous la Force de vivre le pardon, jour après jour. Que ta Miséricorde soit le ciment de notre unité. Et qu’elle nous apprenne à ouvrir largement nos bras à tous ceux et celles qui ont pu connaître dans leur vie la souffrance d’un échec, d’une déchirure. Par Jésus, ton Fils notre Seigneur. Amen.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 27ième Dimanche Temps Ordinaire B

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 2-16)

« Et tous deux ne feront plus qu’un. »

Une phrase écrite il y a plusieurs millénaires par un auteur inspiré par Dieu …

Et qui semble incongrue à beaucoup de personnes de notre époque … pour diverses raisons.

Ce rappel de Jésus du chapitre deux de la Genèse est venu d’une question des pharisiens pour le mettre à l’épreuve : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Ces pharisiens, qui connaissent bien les Écritures, connaissaient ce qui est écrit dans la Genèse, et bien sûr aussi ce qu’avait dit Moïse, et donc la différence entre deux positions. Quel que soit la réponse de Jésus, ils pouvaient le contrer par l’un ou l’autre des écrits, et lui rappeler qu’il avait dit que « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. » (Mt 5,17-18).

A la question de Jésus, ils répondent : « Moïse le permet, avec un acte de répudiation. ».

« C’est à cause de la dureté de vos cœurs. » Et Jésus reprend le texte de la première lecture et il ajoute : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ». C’est le point de départ de l’indissolubilité du mariage.

Ce devait être un sujet déjà brûlant à l’époque puisque, sitôt rentrés à la maison, les apôtres reprennent le problème. Et Jésus a cette parole très forte : Si quelqu’un répudie son conjoint et se remarie, il devient adultère de son conjoint ». En clair, la répudiation ne met pas fin au premier mariage, qui reste le seul qui compte.

Cependant, l’acte adultérin est considéré par Jésus comme une faute grave, certes, mais qui est pardonnable, comme toutes les autres fautes. On se souvient qu’une femme avait été amené à Jésus par les pharisiens, associés aux scribes, prise en flagrant délit d’adultère, là encore pour le mettre à l’épreuve. Après un bon moment de silence, il leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » ; et tous s’en allèrent. Jésus ne condamnera pas la femme, et lui dira : « Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,7.11). L’amour de Dieu est plus fort que la haine des hommes.

Si on reprend le texte de la première lecture, on se rend compte que la venue de la femme est une manifestation de la bonté de Dieu qui ne veut pas que l’homme soit seul. Elle est donc le fruit de l’amour de Dieu pour l’homme, et l’homme la reconnait comme « l’os de mes os et la chair de ma chair ! », c’est-à-dire son égal.

Et l’amour de Dieu pour l’homme et la femme est égal.

Mais l’homme n’est pas la femme, et vice-versa. Les deux sont complémentaires.

Chacun et chacune a ses particularités physiques, biologiques, psychologiques … et vouloir à tout prix que l’homme et la femme aient les mêmes possibilités, les mêmes ’’droits’’ (sans qu’on parle des mêmes devoirs) est une aberration idéologique sans nom … qui malheureusement prend de plus en plus d’importance dans une certaine sphère.

Dieu a fait l’homme et la femme différents, avec des fonctions biologiques différentes notamment pour la naissance des enfants du couple, l’homme apportant la semence et la femme assurant la gestation de l’enfant et sa mise au monde … et le reste pouvant être partagé entre chaque membre du couple, avec la sensibilité et la psychologie propre à chacun d’entre eux …

Le droit à l’enfant, droit ( ?! ) égoïste, n’existe pas.

Comme disait une ancienne collègue : « Chaque naissance est un miracle que Dieu nous fait. ».

Mais Dieu ne travaille pas avec de éprouvettes !

Seigneur Jésus,

On parle beaucoup en ce monde

de droit à ceci, droit à cela …

On ne parle pas du droit à la vie éternelle …

parce que ce n’est pas un droit !

C’est un don d’amour que tu nous fais

si nous suivons tes commandements,

et grâce à ta miséricorde.

Merci Seigneur.

                                     Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Prière dim 27° TOB




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 25 et Dimanche 26 septembre 2021

 

Nb 11,25–29 ; Jacques 5,1–6 ; Marc 9.38–43, 45, 47–48

Dans le premier texte d’aujourd’hui, Dieu descend de la nuée, parle à Moïse et prend l’Esprit qui repose sur lui pour le partager avec ceux qui accompagnaient Moïse, les soixante-dix anciens. Et, « quand l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent ». Pierre (2P 1,21) nous dit : « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussé par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». Cet Esprit, reçu de Dieu le Père, est nécessaire pour une mission, pour porter la Parole de Dieu, pour annoncer la Bonne Nouvelle. Au sein de la communauté chrétienne et particulièrement dans l’Eglise catholique, n’importe qui ne peut pas décider, tout seul, de se charger lui-même d’une mission importante. Généralement c’est l’évêque du diocèse qui décide, en accord avec le curé, ou un directeur ou un responsable d’une organisation chrétienne, d’envoyer en mission une personne qu’ils jugent compétente. Pour une mission, il faut donc être envoyé, et c’est l’évêque qui envoie en mission. C’est pourquoi, avant d’aller écouter une personne faire un enseignement, ou des prières collectives, ou encore un exorcisme, il faut bien se renseigner auprès des autorités compétentes catholiques : évêque ou curé de la paroisse. Il ne suffit pas que la personne qui donne un enseignement soit catholique pour l’écouter, il faut absolument qu’il soit reconnu et désigné par l’évêque, en accord avec un curé de paroisse, ou un responsable d’une organisation diocésaine. Cela évite de tomber dans les mains d’une secte.

 Mais l’Esprit Saint, qui est Dieu, n’a pas besoin de l’aval de la hiérarchie catholique pour agir où Il veut et avec qui Il veut. Il est Dieu, et choisit la personne qu’Il veut, qu’il soit catholique ou non, qu’il soit croyant ou non, qu’il soit gentil ou méchant. Pour avoir dit du bien du Christ en Croix, le « bon larron » devait être animé de l’Esprit de Dieu. Personne ne peut dire du bien de Jésus s’il n’est pas lui-même animé de l’Esprit Saint: «…nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur», s’il n’est avec l’Esprit Saint » (1Co 12,3). Paul lui-même, anti-chrétien et bourreau des chrétiens, a été choisi par Dieu pour une mission nouvelle, à l’antipode de ce qu’il faisait : il ne sera plus le bourreau des chrétiens mais sera en quelque sorte « apôtre » et annoncera la Bonne Nouvelle, formera des disciples de Dieu et mettra en place des églises sur son passage. Moïse lui-même a souhaité que tout le peuple de Dieu soit aussi prophète (Nb 11,29) après avoir reçu l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint, nous l’avons non seulement au baptême, à la Confirmation, à la Pentecôte, mais encore tous les jours lorsque nous prions dans l’Esprit Saint comme nous le dit Saint Jude (1,20). Tout chrétien est appelé à être « apôtre », c’est-à-dire à être « envoyé » et appelé à être « prophète », pour « annoncer la Bonne Nouvelle ». Tel est le cas pour les catéchistes, choisis pour éduquer, annoncer, expliquer la Parole de Dieu.

Le cas envisagé dans le texte d’Evangile est celui d’un exorciste qui, sans être disciple, se sert du nom de Jésus pour chasser les démons. Le cas devait être fréquent au premier siècle : « … quelques exorcistes juifs ambulants s’essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais » (Ac 19,13). De nos jours, ces cas de possession sont extrêmement rares. La croyance populaire sur la possibilité que certaines personnes puissent être possédées fait le bonheur des charlatans de toutes sortes qui vous font croire qu’ils peuvent guérir telle ou telle maladie incurable. Rien ne dit que c’est l’Esprit de Dieu qui les anime. Il vaut mieux aller voir le médecin en cas de maladie et en cas de nécessité formelle   d’un exorcisme, il n’y a que l’évêque qui puisse exorciser ou un prêtre nommé par lui, si c’est nécessaire.

Mais même sans faire allusion aux guérisseurs ou aux exorcistes, l’Esprit Saint agit sur les non-chrétiens dans leur vie courante car Il n’est pas lié uniquement à l’Eglise, aux seuls chrétiens, aux seuls sacrements. L’Esprit de Dieu souffle où il veut (Jn 3,8), se répand sur toute chair ( Ac 2,17) et renouvelle la face de la terre (Ps 104,30). Voici ce que nous dit Vatican II en LG 16 sur les non-chrétiens : « …pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu » (ils sont unis au peuple de Dieu) et, en premier lieu, les juifs et les musulmans qui adorent le même Dieu que les chrétiens….Mais le dessein de salut de Dieu enveloppe également ceux …. qui cherchent encore, dans les ombres et sous des images, un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là même, Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, avec la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie ». GS 22,5 : « …cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, …nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Autrement dit, si dans la forêt amazonienne, ou ailleurs, en un lieu où Dieu est inconnu des êtres humains, se trouve un groupe de personnes, où des hommes droits s’aiment les uns les autres, pratiquent l’entraide, la solidarité, la fraternité, cherchent le chemin de la paix, de la vérité, de l’amour, de la vie sans savoir que l’amour, la vérité, la paix et la vie, c’est Dieu (Jn 14,6 : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »), ces personnes sont des chercheurs de Dieu et sont animées de l’Esprit de Dieu, alors même qu’elles ne connaissent ni le Dieu des chrétiens, ni Jésus-Christ, ni l’Eglise, ni missionnaire. Elles peuvent donc être sauvées comme nous le dit Paul en 1 Tm 2,4 : 3 « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, 4 lui qui veut que tous les hommes soient sauvés… ». « Cela concerne donc tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce » (Th. Rey-Mermet, « Croire, vivre la foi dans les sacrements, Droguet & Ardant, p.68). Certains, comme le Père Théodule Rey-Mermet, appellent cela le « baptême de désir » appelé encore « baptême de sincérité » (Ibid. p.66) : « C’est le baptême de l’Esprit seul, qui souffle où Il veut et inspire à qui il veut un commencement de bonne volonté. Il atteint tous ceux qui ne se refusent pas obstinément ce qui leur parvient de lumière ».

 « Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau pour ce motif que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense ». Toute personne qui aide, qui soutient, qui prend la défense d’un disciple du Christ sera récompensée. C’est le cas du « bon larron » qui se retrouve le jour même au Paradis car il a eu l’honneur de défendre le Christ en personne. Ce qui est valable pour le Christ le sera aussi pour son disciple.

A l’opposé, la deuxième partie du texte de l’Evangile traite du péché commis par l’homme. « Les petits qui croient » désignent les plus faibles, les plus humbles des chrétiens, disciples du Christ et dont la foi naissante est encore fragile. « Les scandaliser », c’est les pousser à faire des bêtises, c’est leur dresser des obstacles, les empêcher d’avancer à la suite du Christ ou de servir l’Eglise, c’est les entrainer dans la chute, les amener à pécher, et donc ne pas faire la volonté de Dieu. C’est tout l’inverse de l’évangélisation qui a pour but de les conduire au salut. Réfléchissez bien avant d’inciter des chrétiens à ne pas servir Dieu, à ne pas servir l’Eglise, à ne pas aider les gens dans le besoin, à ne pas assister les malades en leur mettant des bâtons dans les roues etc…« Si ta main est pour toi une occasion de péché, coupe-la ; si ton pied est pour toi une occasion de péché, coupe-le ; si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le », toutes ces expressions ne sont pas à prendre à la lettre car « jamais, nous dit Jacques Hervieux, l’Eglise n’a lu dans ce texte d’évangile un appel à la mutilation physique ( il ne s’agit pas de couper réellement une main, un pied ou arracher réellement un œil), mais c’est juste une invitation à se détacher de ce qui est mauvais en lui-même pour en assurer son salut ». C’est pourquoi, il nous faut lutter contre « les occasions de péché », c’est-à-dire contre toutes les tentations qui amènent aux actions mauvaises, au péché. Padre Pio nous raconte ce que Jésus lui a dit (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.82) :  « Les hommes lâches et faibles ne se font aucune violence pour se vaincre dans les tentations, bien plus, ils se complaisent dans leur péché ». Mais pour pouvoir lutter contre les tentations, encore faut-il être capable de les reconnaitre rapidement afin de lutter contre elles. C’est la raison pour laquelle, il faut prier le Seigneur pour qu’il nous donne la grâce de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre elles. Ainsi, dès les premières secondes d’une tentation, on aura, de manière spontanée, recours à Marie, comme un enfant qui court dans les bras de sa mère, chargée de défendre ses enfants des dangers de l’Esprit du Mal et de nous diriger vers son Fils bien-aimé. En se tournant vers le Christ par Marie, et avec l’aide de Marie, c’est le Christ qui devient alors le point de mire de notre attention et non plus les tentations, profitez alors de ce moment pour lui dire que nous l’aimons pour tous les bienfaits qu’il nous offre depuis le début de la journée, parlez à Jésus comme à un ami, louez-le dans votre cœur. « La tentation ne peut pas mordre sur une âme occupée à dire son amour à l’unique Ami. Quand tu es uni (au Christ) , « le mal n’arrive pas jusqu’à toi » dit le psaume  (Ps 90 [91], 10) (Œuvres complètes – Saint Jean de la Croix – Tome I – p.44). L’Esprit du Mal s’enfuira de lui-même et vous laissera tranquille et la paix de Dieu reposera sur vous. Remerciez alors le Seigneur ! « Nous devons apprendre comment engager de manière efficace notre combat spirituel contre les puissances des ténèbres » (Pape François – « Le diable existe vraiment »- p.7). Méditez les textes de l’Evangile, en particulier les passages où l’on parle de l’Esprit du Mal, des combats contre le péché, mieux encore sur l’amour et la miséricorde de Dieu pour que soit encré dans notre esprit que Dieu ne nous abandonne jamais à travers toutes les épreuves que nous pouvons subir. Que Marie nous accompagne sur ce chemin de la méditation et du combat spirituel.