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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 28/8/2021 et Dimanche 29/8/2021

22e dimanche ordinaire – Année B – Deutéronome 4,1–8 ; Jacques 1,17–27 ; Marc 7.1–23

 

Les textes du jour nous parlent de la pratique des commandements de Dieu. Le 1er texte nous apprend que les lois qui viennent du Dieu-Amour nous sont données pour que nous vivions. Ne pas les appliquer – surtout le commandement de l’amour – nous conduira à la mort, c’est-à-dire à la mort éternelle (= enfer) parce que dans ce lieu, il n’y a pas d’amour.  Dieu donne son amour à son peuple et le peuple doit n’aimer que Lui. «  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6,5).  « Je vous ai enseigné des lois et des coutumes, pour que vous les mettiez en pratique » (Dt 4,5). « Gardez-les et mettez-les en pratique » (Dt 4,6).  Pratiquer les commandements de Dieu est une manière au peuple de dire à Dieu qu’il l’aime. Mais à l’époque où ce texte a été écrit, le peuple juif avait une très longue pratique de l’idolâtrie : on adorait toutes sortes de dieux ou ce qui pour eux constituait des dieux : les astres, les montagnes, les lacs, les arbres, les animaux, et de nombreux objets fabriqués localement. Après la révélation, les Israélites avaient du mal à n’adorer que Lui. Ils étaient souvent infidèles et retournaient à l’idolâtrie comme à Baal-Péor.  Baal-Péor était à la fois le nom d’un lieu et le nom d’une idole locale. Et le peuple de Dieu s’est prosterné devant Baal-Péor, ce qui constitue une infidélité vis-à-vis du Dieu unique.  « Ce peuple m’honore des lèvres; mais leur cœur est loin de moi ». Et « la colère de Dieu s’enflamma contre le peuple» (Nb 25,3). Il nous faut donc comprendre qu’il est impossible d’être dans deux religions à la fois puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David et qui s’est incarné en la personne de Jésus. Un chrétien n’a qu’une seule religion : il ne suit que le Christ et personne d’autre.  Le Christ est celui qui est venu accomplir la Loi. Mt 5,17: 17 « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».  « Accomplir la loi » évoque l’idée de plénitude (de totalité), d’achèvement, de perfection et il faut la mener à bonne fin. Et Saint Paul ajoute (Rm 13,8) : « celui qui aime son prochain a pleinement accompli la Loi ». Pour que nous puissions nous aussi accomplir pleinement la loi divine, il nous faut aimer toutes les personnes que nous rencontrons. C’est-à-dire les aimer tels qu’elles sont, avec leurs faiblesses et défauts, sans aucune arrière-pensée, sans jugement intérieur que l’on pourrait faire parfois dans son cœur sans le dire à voix haute. Is 5,21 : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s’estiment intelligents ». Jc 1,19 : « …que chacun soit prompt à écouter la Parole de Dieu, lent à parler et lent à la colère ». « Contre la charité, il y a les péchés…tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas…parfois secrètement, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons…La rancune entretenue mène au pire » (Sœur Emmanuel Maillard – L’étonnant secret des âmes du Purgatoire » – Entretien avec Maria Simma – P.20-21). Jc 1,21 (2ème lecture) : « Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice ». Les Pères de l’Eglise, tels que Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, n’ont pas cessé de dénoncer le manque d’amour entre chrétiens. Grégoire de Nazianze se plaint amèrement des manques d’amour et des disputes dans l’Eglise. Pour Jean Chrysostome, le manque d’amour entre chrétiens est tout simplement honteux… Il est nécessaire pour le chrétien d’observer méthodiquement et scrupuleusement son propre état de conscience et sa propre vie intérieure afin d’extirper, si nécessaire, et avec la grâce de Dieu, le mal qui s’y trouve : tendance à juger intérieurement les autres, rancune secrète et tenace contre telle ou telle personne, mauvaises paroles. Jc 1,26 (2ème lecture d’aujourd’hui) : « Si quelqu’un s’imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine ». Dans nos rapports avec les autres, surtout quand on a à faire à quelqu’un qui ne nous aime pas, il ne faut jamais répondre du « tac au tac », et être lent à la colère, et même ne pas être en colère du tout. Celui qui dit du mal de nous n’est pas animé de l’Esprit de Dieu, mais de l’Esprit du Mal.

Et il ne faut jamais discuter avec l’Esprit du mal, on ne discute pas avec Satan, on le combat par la Parole de Dieu comme le Christ l’a fait dans la tentation au désert ou par la prière. Il arrive souvent que les personnes qui sont constamment dans le péché ne peuvent pas voir qu’ils pêchent, car ils s’y sentent bien et ne veulent rien changer. Pour voir ses propres péchés, il nous faut être éclairés de la lumière de Dieu. « Le meilleur et l’unique moyen pour conserver sa fidélité à Dieu est que cette personne, qui se trouve presque toujours en contact avec des gens sans foi ni loi, qui a toujours le blasphème à la bouche et la haine de Dieu dans le cœur, s’approche chaque jour de la Table des Anges pour recevoir Jésus… ». Et ce conseil de Padre Pio demeure toujours valable (Saint Pio de Pietrelcina – « Transparent de Dieu » – P. 88). Il nous faut donc demander à Dieu la grâce de l’écoute de la Parole, la force et le courage pour la mettre en pratique…et cela se reçoit surtout à la table de l’Eucharistie.

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de ce qui est pur et impur. La société juive , au temps de Jésus, rangeait sous le nom de « pécheurs » des gens de toutes sortes. Certains ont une conduite immorale (adultères, prostituées, faussaires, etc…), d’autres exercent des métiers poussant à la malhonnêteté, comme ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots) ou ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions qui mettent en rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, etc…). Ainsi, par le jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouve exclu des relations humaines et religieuses. Pour les Juifs très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était prohibé. A plus forte raison, un repas partagé créait une souillure grave, punie d’expulsion. Et Jésus, ainsi que ses disciples, mange avec toutes sortes de personnes.

« 18 Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, 19 parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance  (ainsi il déclarait purs tous les aliments). 20 Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ». C’est lorsque nous disons ou lorsque nous avons de mauvaises pensées sur les autres, et que nous les mettons en pratique que nous nous souillons nous-mêmes. Sœur Faustine nous dit (§118) :  « Dieu ne se donne pas à une âme bavarde … : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elles-mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte ». Elle ajoute : « Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous (c’est-à-dire « aimer Dieu et son prochain » ) et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu ». Et pour que notre intérieur change, il faut d’abord le vouloir, désirer ardemment changer son propre cœur. Et comme nous ne pouvons pas le faire seul, avec notre seule force, il faut demander à Dieu cette grâce d’avoir un cœur qui lui plaise. « S’il y a dans mon cœur les racines de tous les péchés possibles (Mc 7, 21), c’est donc sans cesse que je dois demander à Dieu de me préserver de l’orgueil et de me purifier, par son Esprit, de toutes mes tendances au mal. D’ailleurs, plus les saints se laissent envahir par l’Esprit du Seigneur, plus ils s’aperçoivent de leur condition de pauvres pécheurs » (L’Abbé Pierre Descouvemont – Guide des difficultés de la foi chrétienne – P.482).  Il nous faut donc prier tous les jours pour que le cœur de tous les chrétiens change en mieux. Et ne dites pas que nos prières ne servent à rien. C’est complètement faux. Je vous donne un seul témoignage – parmi tant d’autres – de l’efficacité de la prière, raconté par Maria Simma à Sœur Emmanuel Maillard (L’étonnant secret des âmes du Purgatoire – Maria Simma – Sœur Emmanuel Maillard – P.33-34) : Hermann Cohen, un artiste juif converti au catholicisme et qui a beaucoup vénéré l’Eucharistie. En 1864, il quitte le monde pour rentrer dans un ordre religieux très austère et adorait très fréquemment le saint Sacrement pour lequel il avait une grande vénération. Pendant ses adorations, il suppliait le Seigneur de convertir sa mère qu’il aimait beaucoup. Mais sa mère mourut sans s’être convertie. Hermann en devint fou de douleur. Il se prosterna devant le Seigneur et, donnant libre court à ses plaintes, pria ainsi: Seigneur, je vous dois tout, il est vrai, mais que vous ai-je refusé? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien-être, les joies de la famille, un repos peut-être légitime? J’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mon sang? Je l’eusse donné de même, et vous Seigneur, vous l’éternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de ma mère. …Mon Dieu, je succombe à ce martyr, le murmure va s’exhaler de mes lèvres ». Les sanglots étouffaient ce pauvre coeur. Tout à coup, une voix mystérieuse frappe son oreille et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée, sache que la prière a tout pouvoir auprès de moi. J’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère et ma Providence lui en a tenu compte à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, elle m’a vu et s’est écriée: « Mon Seigneur et mon Dieu ». Relève donc ton courage, ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du Purgatoire ». Toutes nos prières sont prises en compte par Dieu. Jn 14,13 : “…tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils”. Prions le Seigneur, avec Marie, pour que les êtres humains soient réceptifs à l’amour dont Dieu nous comble en permanence.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

L’intérieur et l’extérieur

Mc 7, 1-8 ; 14-15 ; 21-23

 

Vous avez sans doute remarqué, mes frères, l’unité de thème entre les trois lectures de la messe d’aujourd’hui. Toutes les trois, nous parlent de la Parole de Dieu qui s’exprime par la Loi c’est-à-dire ce qu’il nous demande de faire.

La 1ère lecture, celle de Moïse, nous rappelle : 

« Ecoute les commandements. Ecoute Dieu » ; « Gardez les ordres du Seigneur » ; « Cette parole sera votre sagesse, votre intelligence ».

La 2e lecture, celle de Jacques, nous dit à son tour :

« Il ne s’agit pas seulement d’écouter Dieu et sa Parole : il faut que vous la mettiez « en pratique » sinon vous êtes dans l’illusion. Vous vous contentez de bonnes paroles mais vous ne faites rien… ! »

Enfin, dans l’Evangile, le Christ va encore beaucoup plus loin. Il nous dit, lui, et c’est encore beaucoup plus profond : ce n’est pas seulement par l’oreille que doit passer la Parole de Dieu, mais il faut l’écouter. Ce n’est pas seulement par la main que doit passer la parole de Dieu. L’oreille, la main, c’est très bien mais ce serait insuffisant si la Parole de Dieu ne passait pas d’abord par notre cœur. Il faut passer de l’extérieur à l’intérieur ; de l’oreille qui écoute ce que dit Dieu, à la main qui agit selon le désir de Dieu, en passant par le cœur. « C’est ce qui sort du cœur qui rend l’homme bon ou mauvais, pur ou impur ».

 

C’est d’abord du dedans, du cœur de l’homme que naît le bien ou le mal : autrement dit, ce que nous écoutons ou ce que nous faisons n’a d’importance que si, avec notre cœur, au dedans de nous-mêmes, nous désirons être d’accord avec ce que Dieu nous demande, nous voulons vraiment « mettre en pratique » ce qui est le désir de Dieu.

 L’oreille, la main, le cœur : voilà par où doit passer nécessairement la Parole de Dieu dans notre vie. L’oreille pour écouter ce que Dieu nous demande, la main pour mettre en pratique cette parole qui nous demande d’agir, mais comme l’homme n’est pas une marionnette, il doit faire passer tout cela dans son cœur, au-dedans de lui-même, sinon la Parole de Dieu risque d’être une Parole vide de sens ou un acte dénué de toute portée.

L’oreille, la main, le cœur…

 

Voyons d’abord l’oreille. Pour devenir un vrai fils de Dieu, il faut d’abord écouter : pas simplement « entendre » mais « écouter » c’est-à-dire « se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu ». Que pourrait faire un serviteur qui serait sourd et qui ne pourrait entendre les paroles ou les ordres de son maître ? Il serait inutile, on le congédierait. Souvent, très souvent, Dieu nous parle et nous ne l’écoutons pas : il y a tellement de paroles autour de nous – celle de la radio, de la télévision, des tablettes, des haut-parleurs, des mobiles et ordinateurs, des bavardages de nos voisins – nous sommes saturés de paroles. Or Dieu, lui, ne parle pas fort. Il est discret, sa voix se laisse souvent couvrir par tout le bruit des hommes. Si nous ne prêtons pas attention, si nous ne tendons pas l’oreille, non seulement nous n’écouterons pas Dieu, mais nous ne l’entendrons même pas !

Tenez, même dans une famille où l’on s’aime bien, l’un dit à l’autre : « Ecoute, mais écoute donc » ; « Je te l’ai déjà dit, mais tu n’as pas écouté » et une institutrice à ses élèves : « Est-ce-que vous allez écouter ? » ; « Si vous n’avez pas compris, c’est parce que vous n’écoutiez pas ! »

Est-ce-que nous écoutons Dieu ? Est-ce-que nous nous mettons à l’écoute de sa Parole ?

Pendant la guerre, pour écouter la radio anglaise sous l’occupation allemande, le soir, on fermait les volets, on ouvrait son poste de TSF. On mettait l’aiguille sur un endroit bien précis et malgré le brouillage fait par les Allemands pour empêcher d’écouter, on tendait l’oreille pour essayer de savoir, d’apprendre les bonnes nouvelles, celles qui nous remontaient le moral, qui nourrissaient notre espérance : comme on écoutait bien ! Comme l’oreille était importante !

Ah ! Si nous écoutions la Parole de Dieu de la même façon ! Essayant de surmonter tous les bruits du monde, tous les brouillages intérieurs et extérieurs pour écouter le message de Dieu qui nous est adressé !

Après l’oreille, il y a la main. Ce n’est pas tout d’écouter le message, il faut ensuite l’accomplir. Dieu, en parlant, nous donne des ordres, des conseils, des suggestions.

A quoi ça sert d’avoir écouté si nous ne faisons rien, si nous restons inertes et si nous n’en faisons qu’à notre tête ? Si nous en restons à nos idées à nous ? Que penseriez-vous d’un soldat qui reçoit un message à transmettre et qui, le mettant dans sa poche, va jouer à la pétanque avec ses amis ? D’une personne que l’on charge d’une nouvelle importante à diffuser et qui rentre chez elle pour faire ses mots croisés ?

Après avoir entendu, écouté Dieu, il faut agir, agir en chrétien, accomplir la mission que nous donne le Seigneur.

Ecouter, c’est bien, mais agir après avoir écouté, c’est bien mieux ! On voit autour de nous, des gens qui ont des bonnes paroles plein la bouche, mais leur conduite, c’est toute autre chose ! « Ils disent, mais ils ne font pas ».

Et le Christ nous avertit : « Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur, Seigneur », qui entreront dans la Royaume des cieux, mais ceux qui ayant écouté la Parole, la mettent en pratique ».

Peut-être, parfois, avez-vous entendu cette réflexion : « Oh ! Les chrétiens, ils ne sont pas meilleurs que les autres », peut-être que certains n’ont pas encore écouté la Parole de Dieu, peut-être que d’autres après avoir écouté cette parole, n’en ont fait qu’à leur tête. Ils ont des oreilles, mais ils n’ont pas de mains, ou s’ils en ont, elles semblent paralysées.

 C’est beau de dire comme les serviteurs de Dieu : « Parle, ton serviteur écoute », mais que penseriez-vous de ce serviteur qui, après avoir écouté, ne fait rien ? Il faut avoir des oreilles, mais il faut aussi avoir des mains, c’est-à-dire : faire la volonté de Dieu, la mettre en pratique, la mettre en œuvre. Le chrétien est un ouvrier de la moisson de Dieu, il ne reste pas sur la lisière du champ, il se met au travail.

L’oreille, la main, le cœur : l’oreille écoute, la main exécute mais, nous rappelle le Christ dans l’Evangile, quelle serait la valeur de cette écoute, la valeur de ce travail si le cœur n’y était pas ? Tout ce que nous faisons pour Dieu, pour les autres, c’est par et avec amour que nous devons le faire.

Quelle est la valeur d’un travail fait à contre cœur, sans intérêt, vide d’affection : travail d’esclave que celui-là ! Quelle que soit notre tâche, il faut la faire avec intérêt, avec goût même si parfois, humainement  du moins, elle nous semble guère attractive ou passionnante.

« Il vaut mieux, disait Guy de Larigaudie, éplucher des pommes de terre avec amour que de bâtir une cathédrale sans enthousiasme ». Dans le Petit Prince, c’est la Rose qui déclare : « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Mettons-nous vraiment notre cœur, notre amour dans tout ce que nous faisons ? Alors cela change tout ! Dieu ne pourra plus nous dire comme à Israël : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ». « Ce qui sort du cœur : voilà ce qui importe », qu’importe alors les paroles, qu’importe alors les actes eux-mêmes ! Quel est d’abord l’état de mon cœur ? C’est du dedans, du cœur de l’homme que peut sortir le bien, mais aussi le mal : l’amour, mais aussi la haine ; le respect, mais aussi le mépris ; l’humilité, mais aussi l’orgueil, si bien que nous ne voulons pas ressembler aux hypocrites que Jésus dénonce dans l’Evangile, ces pharisiens qui s’en tenaient à l’extérieur, aux gestes traditionnels, mais vides de sens et vides d’amour.

 Il va falloir mettre en accord mes oreilles, mes mains et mon cœur :

    – mes oreilles pour écouter ce que Dieu me demande

    – mes mains pour exécuter ce que Dieu m’a demandé

    – mon cœur surtout, pour vivifier mes gestes et leur donner une pleine signification.

Demandons au Seigneur, pendant cette messe, cette unité de notre personne qui, à la fois, écoute, fait et aime. Parce que nous aurons écouté, nous ferons la volonté de Dieu, et parce que nous aimerons, nous la ferons avec cœur, avec amour. AMEN




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 7,1-8.14-15.21-23)

Vérité, humilité, miséricorde…

(Mc 7,1-8.14-15.21-23)

 

    En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
– Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : ‘Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.’
Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

     

           A l’époque de Jésus, les Pharisiens étaient très attachés à toutes sortes de pratiques qu’ils avaient reçues des générations précédentes. Ils étaient « fidèles à la tradition des anciens », persuadés d’être sur le seul et unique bon chemin, le leur, et ils critiquaient tous ceux qui n’agissaient pas comme eux : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens », demandent-ils ici à Jésus ? Pourquoi n’agissent-ils donc pas comme nous ? Parler ainsi, c’est dire : « Nous, nous avons raison. Nous, nous agissons bien. Nous, nous sommes sur le bon chemin parce que nous mettons en œuvre telle ou telle pratique. » Mais ce n’est pas cela que Dieu cherche en l’homme… Lui, il veut vivre avec chacun d’entre nous une relation vraie, en cœur à cœur. Et puisque nous sommes tous pécheurs (Rm 3,9-31 ; 5,12), cela ne peut se faire que dans la vérité de notre misère reconnue et offerte, mais aussi et surtout dans la Vérité de son Amour surabondant, inépuisable, toujours offert… Et cet Amour ne poursuit qu’un seul but, le bien de tout homme… « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, et cela de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,37-41). Et Dieu est infini ! Puisqu’il n’Est qu’Amour, Dieu ne cesse ainsi de nous suivre pour nous combler de ses bienfaits : « Tu couronnes une année de bienfaits ; sur ton passage, ruisselle l’abondance » (Ps 65,64),12). Or, « bien », « bienfaits », « bon », « bonheur », ne sont qu’un seul et même mot dans la langue de Jésus : pour Dieu, « nous faire du bien », c’est nous combler de « ses bienfaits », gratuitement, par amour, et cela ne peut qu’être synonyme pour nous que de « bonheur profond »…

            Dieu veut donc avant tout nos cœurs… Nos pratiques ne sont donc importantes que dans la mesure où elles expriment le cœur… En elles-mêmes, pour elles-mêmes, elles ne sont rien, sinon une occasion pour l’orgueilleux de se glorifier, et cela se fait toujours au détriment de ceux qui n’agissent pas comme lui : « Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères » (Lc 18,9-14)… Pour preuve, « je jeûne deux fois la semaine », je fais ceci ou cela, je m’habille comme ci ou comme ca… « Hypocrites », leur dit ici Jésus, « ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi ». Et il se désole, car ils ne peuvent qu’être malheureux, alors que Dieu nous appelle tous à partager sa joie (Jn 15,11) ! DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 22ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 7, 1-8. 14-15. 21-23)

Après la série de textes d’évangile selon saint Jean,  retrouvons l’évangile selon saint Marc.

Remarque importante

Nous gardons la méthode que nous avons suivie depuis quelques rencontres : la contemplation de Jésus. Nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser, catéchiser les lecteurs.

 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et  écoutons-le.

Où se trouve Jésus ? Avec qui est-il ?

Les pharisiens : Qui sont-ils ?

Quels reproches font-ils à Jésus ?

Quelle réponse leur fait Jésus ?

Jésus s’adresse à la foule : 

Qu’est-ce qu’il lui dit d’important ?

Jésus s’adresse à ses disciples :

Quelle est l’importance son enseignement ?

Où est la racine du mal pour Jésus ? 

 

Pour l’animateur 

Jésus est entouré de pharisiens et de scribes : Les pharisiens forment un groupe de juifs qui ont un idéal de pureté dans la pratique de la Loi, et de ce fait ils se mettent à part. Mais ils attachent tellement de rigueur aux pratiques extérieures et aux traditions qui se sont accumulées au point d’oublier que la vraie religion est celle du cœur. Et ils se considèrent comme des «purs» tout en critiquant ceux qui ne font pas comme eux. Ils critiquent les disciples de Jésus.

Jésus a  condamné, non pas le pharisianisme, qui est ce mouvement de recherche d’une pratique parfaite de la Loi, mais le « pharisaïsme »,  c’est à dire la « religion du paraître », qui se soucient avec exagération des signes extérieurs de la religion et oublient que l’essentiel est au « dedans ».

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Jésus enseigne qu’au plan religieux, dans la relation avec Dieu et avec le prochain, la souillure ne vient pas de l’extérieur, mais du cœur de l’homme. L’essentiel n’est pas de se laver les mains, mais le cœur. Jésus nous alerte contre le danger de l’hypocrisie.

C’est pourquoi, il a tout entrepris pour guérir le cœur et l’esprit de l’homme, le « dedans » de l’homme.

Les scribes, savants de la Loi et des Écritures, sont souvent des pharisiens. Jésus a compté des amis parmi les pharisiens : Gamaliel, Nicodème. Plus tard, Paul dira non sans fierté qu’il était pharisien, fils de pharisien, disciple de Gamaliel.

A la foule, Jésus enseigne que l’impur n’est pas un danger extérieur, mais un danger intérieur à l’homme quand il se détourne de Dieu pour suivre les inspirations de son cœur mauvais.

Aux disciples, Jésus expliquent ces pensées mauvaises qui, du dedans de l’homme, rendent l’homme impur et l’empêchent de «voir» Dieu. A l’opposé, Jésus dit « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu ne regardes pas l’apparence, comme font les hommes. Tu sondes les reins et les cœurs. Fais-nous la grâce de ne pas régler notre vie d’après le regard que les autres portent sur notre extérieur, mais sur ton regard qui voit le fond des cœurs.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

– Être chrétien pratiquant, qu’est-ce que c’est ? C’est vivre selon les préceptes de sa religion. Par exemple, se rassembler le dimanche nous est demandé par l’Église.

– Mais pratiquer sa religion, est-ce seulement une affaire de « pratiques religieuses » ? L’Evangile du Christ nous rappelle qu’il faut aller plus loin que les règles : le commandement de l’amour dépasse la loi. Pratiquer notre foi, c’est aussi pratiquer l’amour et le service du prochain.

– La fidélité a des règles, sans amour, est-ce  une vraie fidélité ? La loi sans le cœur, est-cela la vraie religion ? N’est-ce pas cela qui engendre les « purs et durs » qui n’ont plus aucune miséricorde et qui jugent et condamnent ?

– Le danger, n’est-ce pas de chercher une pureté religieuse (des pratiques), mais qui n’engage pas une conversion profonde de notre manière de vivre ?

–  Est-ce que nous ne méritons pas souvent le reproche de Jésus : « ce peuple m’honores des lèvres, mais son cœur est loin de moi » ?

N’avons-nous pas à faire le ménage en nous-mêmes pour ne pas être complices  de toutes les immoralités de notre monde ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Dieu d’amour, tu as donné aux fils d’Israël les lois qui leur ont permis de mieux vivre pour toi et de mieux aimer leurs frères. Ton Fils Jésus est venu nous révéler que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain. Donne-nous de savoir toujours nous tenir en vérité sous ton regard. Amen

 

Chant : Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 22ième Dimanche Temps Ordinaire B

 

 

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (22 août 2021 – Jn 6,60-69 ; DJF)

Dans la première lecture du Livre de Josué, ce dernier pose la question au Peuple d’Israël : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vous pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays »…

La question est donc posée : « Servir Dieu ou servir les idoles »… Or « servir une idole », quelle qu’elle soit, c’est « se rechercher soi-même », c’est « se replier sur soi-même », c’est vouloir et vouloir encore la satisfaction immédiate qu’elle procure, d’une manière ou d’une autre… Or, comme ce bonheur passager qu’elle apporte ne dure pas, mais s’estompe aussi vite qu’il est venu, laissant derrière lui un grand vide plus douloureux encore, il s’agira, pour le retrouver, de servir et de servir encore cette idole, pour que cette satisfaction passagère se renouvelle et se renouvelle encore… C’est donc en fait devenir l’esclave de l’idole que l’on sert…

C’est ce que déclare le Seigneur dans ces « Dix Paroles » qu’il donne à Moïse au sommet du Mont Sinaï, en disant : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas » (Ex 20,5)… En effet, littéralement, en hébreu, la langue de l’Ancien Testament, pour une minime variation de la voyelle, nous n’avons pas ici une conjugaison normale, mais, grammaticalement, « le causatif passif » du verbe « servir », ce qui peut se traduire par : « Tu ne te laisseras pas faire serviteurs d’eux » c’est-à-dire, « Tu ne te laisseras pas asservir par eux. » Cette nuance est importante car « servir une idole » est équivalent à « se laisser rendre esclave par elle ». Nous retrouvons ainsi dans la Parole de Dieu les simples constatations que nous pouvons tous faire à partir de l’expérience de nos vies quotidiennes…

De plus, une idole à travers laquelle l’homme se recherche lui-même, n’a pas d’existence réelle… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or, ce ne sont pas même des dieux », dit le Seigneur dans le prophète Jérémie (Jr 2,11). Et le Psalmiste écrit : « Leurs idoles, or et argent, ouvrage de mains humaines ! Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narines et ne sentent pas. Leurs mains ne peuvent toucher, leurs pieds ne peuvent marcher, pas un son ne sort de leur gosier ! » (Ps 115(113B),4-7).

Et il poursuit en déclarant : « Qu’ils deviennent comme elles, tous ceux qui les font, ceux qui mettent leur foi en elles. » Autrement dit, puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui les adorent deviennent à leur tour des « rien »… Et c’est exactement ce que Dieu déclare dans le Prophète Jérémie : « Ainsi parle le Seigneur : En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste pour s’être éloignés de moi, pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité ? » (Jr 2,5). Or, le mot hébreu traduit ici par « vanité, hévél », signifie « souffle, ce qui n’est rien, sans consistance ; ce qui est vain, vanité »… Puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui se tournent vers elle ne peuvent en fait recevoir d’elle quoique ce soit, sinon du vide, du « rien », et voilà ce dont leur cœur est « rempli »… Là aussi, cette constatation rejoint notre expérience lorsque nous constatons à quel point, en empruntant tel ou tel chemin, notre vie peut être vide, sans consistance, ne laissant au cœur que trouble, dégoût, désespoir, amertume… « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9)…

Or, c’est précisément ce que Dieu ne veut pas… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or ce ne sont pas même des dieux ! Et mon peuple a échangé sa Gloire contre l’Impuissance ! Cieux, soyez-en étonnés, horrifiés, saisis d’une grande épouvante, oracle du Seigneur. Car mon peuple a commis deux crimes : Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. Israël est-il un esclave ? Est-il un domestique pour qu’on en fasse un butin ? (…) N’as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné le Seigneur ton Dieu, alors qu’il te guidait sur ta route ? Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu… Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin pour quêter l’amour ! » (Jr 2,12-19.33).

En se détournant des idoles qui ne sont rien, et qui ne peuvent qu’apporter en retour du « rien », du « vide », du « néant », de « l’amertume », du « désespoir », et en se tournant vers Dieu, Israël ne pourra que se tourner vers l’Amour qui est éternellement recherche du seul bien de l’autre, de son bonheur, de sa Plénitude… C’est ce que déclare St Paul dans la seconde lecture : « le Christ a aimé l’Église », et à travers elle l’humanité tout entière : « il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier », elle, la pècheresse, « en la purifiant », elle, la souillée, « par le bain d’eau qu’une parole accompagne », c’est-à-dire le baptême et avec lui le Don de l’Esprit Saint. « Car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27). Or, « le fruit de l’Esprit est joie, paix » (Ga 5,22), c’est-à-dire bonheur profond et durable, plénitude… Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes…

Et il est « avec nous », « tout proche » (Mc 1,15), et cela « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20) pour nous aider à faire les bons choix, à nous détourner des idoles pour nous tourner vers lui… Et il sait à quel point, pour nous, pécheurs, l’attrait de ces idoles peut être fort, irrésistible même, si nous sommes laissés à nos pauvres forces qui ne se révèlent finalement qu’être faiblesses… Le Don gratuit de l’Esprit Saint, reçu au baptême, renouvelé à chaque eucharistie, nous est justement proposé pour que, avec Lui et grâce à Lui, nous puissions, jour après jour, encore et encore, faire le bon choix, celui non pas de l’égoïsme mais de l’Amour, non pas du repli sur soi mais de l’ouverture aux autres, non pas du « tout pour soi » mais aussi du don pour les autres… Renoncer à nos égoïsmes, aux idoles de ce monde, aux plaisirs éphémères qu’elles peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, telle est la seule vraie Croix : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9,23-25).

Et avec cette démarche de renoncement à l’égoïsme, à la seule recherche de soi, à l’orgueil, nous ne pouvons que passer de l’esclavage à la liberté (Jn 8,31-32; Ga 5,1), du mal-être à la perception, bien réelle car elle est « vie » et « paix », d’une Plénitude qui n’est pas de ce monde : « Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous : vous êtes sous la grâce » (Rm 6,12-15), sous « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), sous « l’Esprit Saint », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), le Don gratuit de ce Dieu qui est Amour, qui n’est qu’Amour et donc « Don de Lui-même » pour notre seul vrai bien… « Ils m’ont abandonné, moi la Source d’Eau Vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau »… Alors, « si quelqu’un a soif », nous dit Jésus, « qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39)…

                                                                                                 D. Jacques Fournier




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Textes bibliques : Jos 24, 1-2a. 15-17. 18b ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69

Frères et sœurs, la liturgie de ce 21ème dimanche du Temps Ordinaire nous rappelle que toute vie, telle qu’elle soit, est amenée à faire des choix. Nous avons des choix à faire dans tous les domaines de notre existence : professionnel, familial mais aussi spirituel. Il y a un choix libre et ferme à poser, nous ne pouvons pas servir tous les dieux.

 

 

Dans la première lecture, nous avons un passage du livre de Josué. Resituons ce passage : les fils d’Israël ont conquis la terre promise par Dieu, 40 ans après leur marche au désert, suite à leur libération de l’esclavage en Égypte. Les tribus commencent à s’installer.

Dans notre passage, Josué les réunit pour raviver cette mémoire de la libération d’Égypte, l’Alliance que Dieu a conclue avec eux. Josué les invite alors à choisir entre les divinités étrangères ou le Seigneur. Nous sommes invités clairement à nous décider délibérément pour le Seigneur comme le firent les Hébreux.

Nous voyons que la foi du peuple est portée par celle de Josué et des siens : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Le peuple se rallie : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! »

N’oublions pas frères et sœurs que notre foi chrétienne repose sur celle des Apôtres, une foi qui nous précède (de plus de 2000 ans), que nous avons toujours à accueillir et à approfondir avec humilité. Nous savons que bien des chrétiens quittent l’Église pour d’autres « courants » qui peuvent remettre en question la foi catholique. Mais discernons : de quelle autorité agissent ces « courants » ? Sur quoi s’appuient-ils pour remettre en cause une foi de plus de 2000 ans ?

Attention de ne pas nous égarer. Si la plupart de ces « courants » s’écroulent plus ou moins rapidement, ils peuvent faire des dégâts, notamment sur les familles… Nous avons à faire un choix libre et ferme de la foi catholique qui repose sur celle des Apôtres.

Dans l’Évangile, nous sommes confrontés encore plus à ce choix ferme du Seigneur. Sur plusieurs dimanches, nous avons écouté le récit de la multiplication des pains et l’enseignement de Jésus sur le pain de vie. Des juifs ont récriminé contre lui. Dans notre passage, des disciples vont quitter Jésus car ils trouvent sa parole trop rude. Jésus invite les Douze à se prononcer. Pierre, au nom du groupe, affirme que les paroles de Jésus donnent la vie éternelle. Ils croient que Jésus est le « Saint de Dieu. »

Le mystère de l’Eucharistie relève profondément de la foi. C’est une vérité centrale de la foi : Jésus donne son pain de vie, sa propre vie, dans l’Eucharistie. Si nous ne faisons pas une expérience profonde et réelle du Christ, cette vérité de foi ne signifie rien, on en reste qu’au stade rationnel. Quand cette rencontre avec le Christ a eu lieu, l’Eucharistie devient une évidence, une vérité de foi que nous pouvons adhérer de toute notre personne.

Une adhésion qui ne signifie pas qu’on a tout compris du mystère ! Il y a un choix libre et ferme à faire, celui d’entrer dans un mystère qui nous dépasse et qui échappe en partie à notre raison. Nous ne pouvons pas tout comprendre ! Il y a aussi un choix libre de se fidéliser à ce RDV de l’Eucharistie, ne pas se contenter de quelques gestes religieux de temps en temps.

Je termine avec la deuxième lecture de saint Paul aux Éphésiens. Ce texte a fait des polémiques avec ce verset mal interprété : « Femmes, soyez soumises à vos maris. » Si on en reste là, on fait de saint Paul un misogyne, ce qu’il n’est pas ! Paul a associé à son ministère plusieurs femmes : Lydie, Phoebé, Priscille, une certaine Marie et bien d’autres…

Il nous faut lire ce texte en entier. Paul exige tout d’abord que tous les chrétiens soient « soumis les uns aux autres ». Dans la bouche de Paul, le terme « soumission » n’a rien de péjoratif. Le terme a une connotation positive : Paul invite les chrétiens à être interdépendants et responsables les uns des autres. Il en va de la loi de l’amour du prochain.

Le verbe « soumettre » reconnaissons-le n’est pas très plaisant ou peut paraître réducteur. Comprenons-le comme « écouter » : celui qui écoute soumet son attention, son intelligence à celui qui parle. Le chemin d’écoute réciproque, de soumission les uns aux autres, permet de diminuer cette volonté de puissance et de domination. Il y a un choix libre ferme à faire, celui de s’écouter…

Ensuite, dans un deuxième temps, Paul fait le lien avec le mariage. Les femmes sont invitées à être soumises dans le sens que nous avons évoqué et Paul profite pour faire une leçon aux hommes : « Aimez votre femme à l’exemple du Christ » qui « a aimé l’Église ». Il y a un choix libre et ferme d’aimer comme le Christ dans le mariage, dans une réciprocité mutuelle.

Je terminerai sur ce point : le Christ « a aimé l’Église ». Il y a enfin le choix libre et ferme d’aimer l’Église du Christ dont nous ne sommes pas toujours des grands défenseurs. Parfois, nous pouvons rester passifs ou indifférents face aux critiques à l’encontre de l’Église.

Oui il y a le choix libre et ferme d’aimer l’Église au-delà des critiques et en nous rappelant que le Christ veut son Église « sainte et immaculée ». Cela concerne chacun d’entre nous ! Chacun doit apporter sa goutte d’eau, C’est la conversion personnelle qui est ici visée avant même de voir celle de l’autre.

Nous l’aurons compris frères et sœurs, nous sommes conviés à faire des choix libres et fermes. Que le Seigneur nous aide à faire ces choix en ce début de rentrée scolaire. Très belle rentrée à tous et que le Seigneur vous accompagne !




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 60-69)

« Personne ne peut venir à moi

si cela ne lui est pas donné par le Père »

 

Encore une parole difficile de Jésus !

On pourrait avoir l’impression que Dieu aurait déjà choisi par avance les personnes qui pourrait venir à lui, qui pourrait être des disciples de Jésus …

C’est ce qui a donné lieu à la querelle de la prédétermination par Dieu de ses disciples, sous différentes formes et courants …

Mais cela n’est pas possible … car Dieu est amour, et il aime tous les hommes de la même manière. Et il ne peut exister de personnes que le Père ne veut pas attirer à lui, car son but ultime est que tous les humains soient sauvés, et pour cela qu’ils aient connaissance de la Bonne Nouvelle de Jésus et qu’ils puissent avoir accès à la vie éternelle, auprès du Père.

Mais Dieu laisse toujours les hommes libres d’accepter ou non cette Bonne Nouvelle.

C’est ce qui arrive aux juifs qui ont écouté Jésus à la synagogue de Capharnaüm : ils avaient écouté Jésus, ils avaient mangé le pain et les poissons multipliés par Jésus, ils étaient prêts à le suivre : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » … Jésus leur répond : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ... Moi, je suis le pain de la vie … qui est descendu du ciel. » (Évangile du 1° août).

C’est là où les choses se gâtent ! Ils ne peuvent pas comprendre que Jésus soit descendu du ciel … et ils arguent qu’ils connaissent son père Joseph et sa mère … Et on comprend bien leur réaction, bien humaine. Jésus leur répond : « Il a la vie éternelle, celui qui croit. » (Évangile du 8 août).

Tout est une question de croire … mais en quoi ? … ou plutôt en qui ?

Pour les juifs de l’époque, ils ne se posaient pas vraiment la question : ils croyaient au Messie qui allait rétablir la royauté en Israël … mais une royauté politique, et non une royauté spirituelle : « Mon royaume n’est pas de ce monde … » (Jn 18,36).

La question ne se pose pas seulement pour les juifs de l’époque, mais aussi maintenant à chacun de nous : en quoi croyons-nous ? En qui croyons-nous ?

La difficulté de croire en Jésus est encore accentuée par le passage de l’évangile que nous aurions dû avoir dimanche dernier, mais qui a été remplacé par celui de la visitation de Marie.

Dans ce passage, Jésus affirme : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » (Jn 6,54-55).

D’où l’effarement des juifs qui ne comprennent pas ce que Jésus veut dire. Nous, nous savons bien ce que Jésus a fait le soir du jeudi saint, et nous comprenons ce que cela signifie … Mais eux ne pouvaient pas comprendre.

D’où leur réaction au début du passage de ce jour : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » … et beaucoup s’en allèrent et quittèrent Jésus …

D’autres aussi l’avaient quitté, pour diverses raisons : d’abord s’occuper de sa famille, de son champ … ou de gérer ses avoirs, comme celui qu’on appelle le jeune homme riche, et qui avait été encouragé par Jésus, … mais il lui manquait une seule chose : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » (Mc 10,21). Il n’avait pas compris l’appel de l’Esprit que Jésus lui lançait (« Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. »)… car il avait de grands biens.

Oui, cette parole est rude (ou dure, comme le disent certaines traductions) …

D’autres paroles de Jésus sont difficiles à comprendre … ou à admettre …

Mêmes certaines que nous répétons tous les jours, comme cette parole qu’on trouve dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » (Mt 6,12) ; Nous demandons à Dieu de nous pardonner de la même manière que nous pardonnons aux autres … mais il y a des choses que nous avons bien du mal à pardonner … ou que nous refusons de pardonner … Et le texte de Luc est encore plus difficile : « Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. » (Lc 11,4) … Mais est-ce la réalité ?

À nous aussi, Jésus dit : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Mais est-ce que nous pouvons répondre, comme Pierre, en esprit et vérité : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle»

Seigneur Jésus,

Tes paroles sont parfois bien difficiles

à comprendre, à admettre,

ou à mettre en pratique …

Demande à ton Père

de nous envoyer l’Esprit

qui nous permettra

de les mettre en pratique.

 

                                     Francis Cousin

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Prière dim 21° TOB




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,60-69)

«Tu as les Paroles de la Vie éternelle »

(Jn 6,60-69)

 

    En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

     

            Jésus vient de répéter par trois fois l’expression « manger sa chair, boire son sang », en insistant encore : « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson ». Beaucoup de ses disciples trouvent alors « intolérables » ces Paroles : « On ne peut pas continuer à l’écouter », ce n’est plus possible… Comment peut-on manger sa chair et boire son sang !

            Mais ce sera l’occasion pour Jésus de leur donner la clé de tout son discours. « Je suis le Pain de Vie » avait-t-il commencé à leur dire, en se présentant ensuite comme « Pain de Vie par sa Parole », une Parole qu’il s’agit d’accueillir de tout cœur par sa foi (Jn 6,35-47). Puis, en reprenant cette même expression, « Je suis le Pain de Vie », il s’était présenté aussi comme « Pain de Vie par sa chair offerte », un pain à accueillir de nouveau de tout cœur par sa foi, mais avec une démarche publique qui engage cette fois non seulement le cœur mais encore le corps tout entier, puisqu’il s’agit de le « manger », de le « croquer », de le « mastiquer ». Et pour aider à ceux qui ont du mal à croire en lui, Jésus reprend ici ces deux parties, « le pain chair », « le pain parole », en une synthèse qui les unit dans une seule et même perspective de foi : « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont vie » (Jn 6,63). Autrement dit, dans les deux cas, que ce soit en recevant la Parole ou le pain consacré de tout cœur, on reçoit le Don de « l’Esprit qui fait vivre »…

            Quelle beauté ! Et pourtant, « à partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner ». Mystère de la relation « homme – Dieu », où l’homme ne peut rien sans Dieu : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » Mais Dieu lui aussi ne peut rien faire en l’homme sans son accord… Il respecte infiniment la liberté de celui qui le refuse, mais sans jamais cesser de l’aimer, de s’occuper de lui du mieux qu’il peut, de frapper à la porte de son cœur, et cela, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre (Ap 3,20 et Lc 15,1-7).

            « Tu as les Paroles de la vie éternelle », dit ici Pierre, ce pécheur qui a accepté l’Amour de Miséricorde de Jésus à son égard. « Je suis un pécheur », a dit le Pape François, « c’est la définition la plus juste… Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard… » (Pape François, août 2013)… « Heureux ceux qui croient » !     DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 21ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ?

Tu as les paroles de la vie éternelle. « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 6, 60-69)

Nous continuons à méditer le discours sur le pain de vie : après avoir affirmé qu’il est descendu du ciel, Jésus annonce que sa chair est la vraie nourriture et son sang la vraie boisson. Les gens qui l’entendent sont de plus en plus choqués.

Remarque importante

La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.

 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et  écoutons-le.

Beaucoup des ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui : Quels ont pu être les sentiments de Jésus à ce moment-là ? Jésus retire-t-il ses paroles qui ont produit un choc dans les esprits de ses auditeurs ?

Aller et marcher avec Jésus : cette expression peut-elle exprimer la foi du chrétien ?

Jésus dit aux Douze : Voulez-vous partir, vous aussi ? 

Quelle était la place des « Douze » parmi les disciples ?

Qu’est-ce que nous pensons de cette question de Jésus ? 

Simon-Pierre : Pourquoi est-ce lui qui prend la parole ? Bien regarder sa réponse. Au nom de qui fait-il cette profession de foi ? 

Nous croyons et nous savons : Croire et savoir. Quelle est l’importance de ces deux verbes pour notre foi.

« Tu es le Saint, le Saint de Dieu » : Dans le livre du prophète Isaïe, Dieu est appelé « le Saint d’Israël ». Que veut dire ce titre donné par Pierre à Jésus ?

Pour l’animateur 

Le discours de Jésus sur le Pain de vie a produit des effets désastreux : ce ne sont plus des juifs qui se détachent de Jésus, mais des disciples qualifiés. C’est une véritable crise dans les relations entre Jésus et ses disciples.

Aller et marcher avec Jésus : deux verbes de mouvement qui expriment bien la foi du chrétien, qui est la fois s’attacher à Jésus et  le prendre comme compagnon de route et le suivre.

Pourtant Jésus n’a rien retiré de la force des paroles de son enseignement sur le Pain de vie. Chaque lecteur, appelé à être disciple, peut ainsi mesurer les exigences de la foi et la place centrale de l’eucharistie dans le temps de l’Église.

Parmi les disciples qui suivaient Jésus, les Douze avaient une place centrale. Ils avaient fait l’objet d’un choix spécial de la part du Maître. C’est pourquoi, dans la situation de crise où ils sont, comme les autres, tentés de s’en aller, Jésus demande à ses plus proches de faire leur choix. Suivre Jésus et continuer à lui faire confiance, c’est un acte de liberté.

La question de Jésus aux Douze est dramatique, décisive. Leur réponse sera déterminante pour la suite de leur existence.

Simon-Pierre, porte parole des Douze, proclame son attachement  à Jésus en disant « nous » : « Seigneur, à qui irions-nous ? » Avec ses compagnons, il reste parce que Jésus a « les paroles de la vie éternelle.». Par lui, les Douze disent solennellement leur foi, en donnant à Jésus un titre étonnant : « le Saint de Dieu », c’est à dire celui qui possède en propre la sainteté même de Dieu.

Nous croyons et nous savons :

–  connaître et savoir pour croire ;

– croire pour continuer à chercher et à connaître mieux et savoir plus : telle est notre condition de disciples. Il est important de se former pour grandir dans notre foi. Mais nous abordons la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église en tant que croyants.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle. Quand notre foi défaille, quand le doute nous atteint et nous trouble, fais-nous la grâce de nous appuyer sur la foi des Apôtres, sur la foi de l’Église. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu, tu es Dieu, et que tu ne peux pas nous décevoir.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Aller et marcher avec Jésus :

Est-ce bien ainsi que nous comprenons notre foi de chrétiens ?

Est-ce que notre foi en l’Eucharistie est nette ou bien éprouvons-nous le besoin de donner à Jésus la réponse de Pierre ?

Peut-être que chacun de nous, à un moment ou à un autre de sa vie a entendu la question de Jésus : « Veux-tu partir, toi aussi ? » Telle crise de l’Église, les difficultés de l’existence, nos épreuves si lourdes parfois nous ont mis en tentation de tout lâcher. « Veux-tu partir ou veux-tu continuer à me suivre, à croire en moi ? »

Beaucoup de chrétiens ont cessé de fréquenter l’Église, les sacrements. Pour quelles raisons selon-nous ?

–    Ont-ils  cessé de suivre le Christ ? Ont-ils abandonné à la suite d’une trop grande épreuve, d’un échec ?

–    Ou bien plutôt parce qu’ils ne savaient pas vraiment qui était Jésus ?

–    Ou bien encore  parce qu’ils n’ont jamais été amenés à faire un choix personnel et libre ?

–    Qu’en pensons-nous ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur, tu es notre Père et notre Dieu, et nous sommes ton peuple. Nous te demandons d’ouvrir nos cœurs aux paroles de Jésus ton Fils : elles sont pour nous Esprit et vie. Donne-nous de mettre nos pas dans les siens, car ils nous ouvrent les chemins de la vie éternelle, dès aujourd’hui et pour toujours. Amen

 

Chant : Tu es notre Dieu et nous sommes ton peuple

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 21ième Dimanche Temps Ordinaire B

 

 

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

“Seigneur, à qui irions-nous ?”

Jn 6, 60-69


Jésus vient de finir le discours sur le « Pain de Vie », « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », le résultat sur l’auditoire, vous le connaissez : il est catastrophique, il est double. C’est le scandale et le refus de la grande majorité des gens, mais aussi la crise de foi, de fidélité du petit noyau qui entoure Jésus : « Ce qu’il dit est intolérable ! On ne peut pas continuer à l’écouter ». Alors ? Qui part ? Qui reste ? La question de confiance est posée !

            Eh ! Voilà ! Ils sont tous partis ou presque ! Quoi d’étonnant ? Mais, Seigneur, pourquoi leur avoir dit des choses pareilles ? Hier, ils étaient cinq mille, tous prêts à former une armée et toi, tu leur racontes que ton corps est une nourriture et ton sang une boisson ! Tu nous prends pour des cannibales !

C’est la crise, la crise de confiance, la crise de foi. Alors qu’hier ça marchait bien : il avait multiplié les pains, immense geste du partage. Toute la foule avait mangé à sa faim ; il n’en fallait pas plus pour qu’elle s’attache à lui… s’il en faisait autant tous les jours ! Oui, voilà, le roi qu’il nous faut : oui, mais voilà ! La royauté du Christ est ailleurs. Jésus n’est pas un ministre de la sécurité sociale ou de la consommation ou du ravitaillement.

« Vous vous intéressez à moi parce que je vous ai nourris hier. Mais le pain que je vous propose est ailleurs, c’est « autre chose » : il choque les uns, il déçoit les autres, mais l’Eucharistie va exiger de chacun une réponse, ou bien  » Je ne crois pas et je m’en vais », ou bien « Je crois et je reste ».

 Au cours d’une réunion de fiancés, on parlait de l’amour et l’un d’eux dit ce que nous entendons maintenant assez souvent : « Nous, nous ne nous marions pas car, en ce moment, nous nous aimons, mais nous ignorons si dans un an ou dans dix ans nous nous aimerons encore ». Or l’amour dans le mariage, qu’est-ce-que c’est ? Est-ce simplement le désir de l’autre, une attirance mutuelle ? Passagère ? Provisoire ? Il ne devrait pas en rester là.

St-Paul nous l’a rappelé dans la 2e lecture : « L’amour des époux doit être comme l’amour du Christ pour son Eglise, un amour qui dure. Il voulait la rendre sainte, resplendissante, son Eglise, irréprochable, c’est comme cela que le mari doit aimer sa femme ». La foi, comme l’amour, est d’abord une décision de la volonté, l’acceptation d’une aventure à risques où nous ne savons pas de quoi demain sera fait, où nous nous lançons, dans la foi avec le Christ, dans l’amour avec mon époux ou mon épouse, à partir d’une décision, d’une option qui fait confiance à l’avenir pour se prendre mutuellement en charge, pour vivre l’un avec l’autre, en fondant dans la foi comme dans l’amour, un foyer solide qui résistera aux intempéries. Car, c’est inévitable, il y aura des jours sombres, des nuages, des moments difficiles à passer, mais, comptant sur la grâce de Dieu, dans l’amour comme dans la foi, nous tiendrons. C’est une option que nous avons prise.

La foi en Dieu, la foi au Christ, c’est pareil, c’est un peu comme le mariage. La foi d’un enfant, ce n’est jamais bien solide, mais à mesure qu’on grandit, il faut qu’elle devienne un choix personnel, une décision qu’il nous faudra renouveler périodiquement, comme les époux entre eux renouvellent leurs promesses.

Nous aussi, dans notre vie chrétienne, nous avons des moments difficiles : périodes de découragement, de sécheresse dans la prière, de lassitude, impression que Dieu nous oublie, révolte contre Dieu à l’occasion d’une épreuve, d’un deuil. Notre foi est souvent mise à l’épreuve : autour de nous, on tourne l’église en dérision, nos voisins vivent dans une indifférence tranquille à l’égard de Dieu et ne s’en portent pas plus mal et même dans nos familles, nos enfants, nos petits-enfants cessent de fréquenter l’Eglise et ne reçoivent même pas d’éducation chrétienne. Puis Dieu, aujourd’hui, semble tellement absent, ignoré, rayé des comptes, alors, nous aussi parfois, nous sommes tentés de tout laisser tomber, de déserter. On dit : « J’ai perdu la foi ! » Mais non ! On n’a pas perdu la foi : tout simplement, ce sont de gros nuages qui passent et qui font qu’on y voit plus clair du tout. Alors, au lieu de quitter le Christ, il faut au contraire nous rapprocher de lui, lui redire notre attachement et notre volonté de lui rester fidèle.

Aujourd’hui, Jésus, à nous aussi, nous repose la question de confiance : « Voulez-vous partir vous aussi ? », « A partir de ce moment, beaucoup de disciples s’éloignèrent et cessèrent d’aller avec lui ». Jésus se tourne vers les douze et Jésus se tourne vers nous aussi aujourd’hui : « Et vous, voulez-vous partir vous aussi ? »

Alors, Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? »

Vers l’argent, vers la réussite d’une carrière, vers la domination des autres, vers le plaisir, vers le confort ? Vers le laisser aller ? « A quoi irions-nous, Seigneur ? ». « Nous ne comprenons pas toujours clairement ce que tu nous dis, mais nous avons décidé de te suivre, nous voulons t’aimer, tu nous as choisis, nous décidons de t’écouter, de nous attacher à toi, de travailler avec toi pour toi. Toi, tu as les paroles la vie éternelle ». 

Pourquoi limiterions-nous Dieu à ce que nous sommes capables de comprendre ? Il nous dépasse de partout. Nous savons, nous, que la route passe par la Croix, par le don de sa vie, tous les jours, et que la route de notre amour et de notre foi implique joie autant que renoncement, partage, oubli de soi, pardon envers et contre tout. Resterons-nous quand même comme Pierre, prêts à suivre « celui qui a les paroles de la vie éternelle » ?

 La tentation est grande de dire « oui » du bout des lèvres, sans risques. Mais la question du Christ est exigeante. Notre réponse aussi doit être exigeante : elle doit nous engager. Pour nous, quand les nuages s’amoncellent, quand les doutes surviennent (ces doutes, ils font partie de notre vie), écoutons le Seigneur qui nous dit du fond du cœur : « Tu sais, je suis toujours là, bien présent, bien vivant, même quand tu n’y penses pas ! », « Vas-tu donc me quitter, toi aussi ? ».

 Répondons lui, comme Pierre : « Seigneur, à qui irais-je ? A qui irions-nous ? Tu es le chemin, Tu es la vérité, Tu es la vie. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ». AMEN