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18ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

La faim et la foi

Jn 6, 24-35

Dans le désert, c’est bien connu, une foule, surtout si elle est dépouillée de tout, surtout si elle a faim, est livrée à ses fantasmes. Le désert, c’est le lieu des mirages :

* Mirages du passé : « Ah, c’était le bon temps, en Egypte ! Lorsque réunis autour des marmites, nous mangions de la viande, des oignons, du pain à satiété… pourquoi nous avoir tiré d’un esclavage, pour nous faire tomber dans un autre : celui de la faim dans ce désert ?

* Mirages de l’avenir : de l’autre côté du désert, il y a, il y aura pour nous, une terre promise où coulera le lait et le miel, où nous n’aurons qu’à tendre les bras pour cueillir et recueillir !

Entre ces deux mirages de l’Egypte passée et de la future terre promise, il y la réalité : un désert sec, aride, sans eau, sans pain, sans viande. Alors, se réveillent les appétits primaires : ceux des entrailles, instincts exacerbés d’une existence en péril. Face à ce manque, à cette faim qui tenaille, le Seigneur va faire de cette épreuve, non pas un test physique, mais une preuve de foi :

« Demain matin, vous reconnaitrez, que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu ».

Ce n’est pas ce que donne le Seigneur qui est important, c’est de reconnaître que c’est le Seigneur qui l’a donné ; tout comme, lorsqu’on reçoit un cadeau, ce n’est pas tant le cadeau qui est important, mais c’est l’amour de celui qui le donne. Le cadeau lui-même n’est que le symbole, le support matériel. Il veut dire : « Je t’aime, je m’offre à toi ».

Ce n’est pas la manne qui est importante, c’est constater, par cette manne, que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’il est là, à veiller sur lui, à le nourrir, fut-ce d’une façon différente.

Deux allemands ont examiné, en 1927, dans la péninsule du Sinaï, une variété de Tamaris, appelé maintenant « Mannifère ».

En juin-juillet, un puceron pique l’écorce de cet arbuste pendant la nuit, pour se nourrir de sève. Des gouttelettes tombent sur le sol et s’y durcissent. Mais il faut ramasser ces granulés le matin, car ils fondent très vite au grand soleil. Les bédouins s’en nourrissaient encore récemment et l’appelaient en arabe « man ». « Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre « mann hou » ce qui veut dire « qu’est-ce que c’est » ? » car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « c’est le pain que le Seigneur vous donne à manger ».

Moïse les fait passer du cadeau, qui est certes le bienvenu, au donateur du cadeau : Dieu lui-même qui, parce qu’il les aime, se charge de les nourrir – autrement dit – si, au départ il y avait un appel de la faim, cette faim étant assouvie, il y a maintenant un appel à la foi.

De la faim – à la foi – c’est le même itinéraire que Jésus voudrait faire adopter par la foule qui se trouve devant lui. Lui aussi, il vient, nous l’avons vu dimanche dernier, de nourrir une foule entière avec du pain et des poissons : ils ont très bien mangé, il en restait douze corbeilles.

Mais cette foule, maintenant rassasiée, satisfaite, va-t-elle, elle aussi, passer de la faim à la foi ? Va-t-elle dire comme Moïse : « C’est le pain que le Seigneur nous a donné » ? Ne va-t-elle voir que le signe ? Sans prendre conscience que le signe, justement parce qu’il n’est qu’un signe, « fait signe« , qu’il porte en soi, une signification. Tout signe, tout miracle dans l’Evangile est porteur d’un message de Dieu.

Prenez un habitant de Mafate qui arrive à St-Denis, il ne sait pas ce qu’est un feu rouge, il n’en a jamais vu. Il ne connait son code de la route. Pour lui, ce feu n’est qu’un petit rond de couleur rouge : ce n’est pas un signe, il ne veut rien dire car pour lui, il ne signifie rien. Il va passer le plus tranquillement du monde à côté, sans savoir que sa vie est en péril.

Même chose pour les Hébreux : ils ont mangé du pain, mais ce pain n’était pas un signe ; il ne voulait rien dire, il n’avait pas de signification. Voilà pourquoi Jésus est obligé, le lendemain, de mettre les points sur les i : « Oui, vraiment je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés », « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde, celle que vous donnera le Fils de l’homme ».

Il faut passer de la faim à la foi.

Ils dirent alors (ils sont de bonne volonté et prêts à tout, pour manger comme la veille) : « Que faut-il faire ? », « Que vous croyiez en celui que Dieu a envoyé ».

Alors, ils se mettent à lui dire (et c’est bien la preuve qu’ils n’ont rien compris au signe de la multiplication des pains) : « Quels signes vas-tu accomplir pour que nous puissions te voir et te croire ? » C’est décourageant, déconcertant : faire assister une foule à des grands miracles : la multiplication des pains, ils ont mangé à plus de 5 000 dans le désert ; cela ne sert à rien. Le lendemain, ils demandent un signe pour croire ! Je peux, moi aussi, assister à des prodiges, si je n’ai pas la foi, cela ne me sert à rien !

Ce n’est pas le miracle qui suscite la foi, c’est la foi qui devine et découvre le miracle. Aussi le Seigneur, veut-il, lui aussi, nous faire passer de la faim à la foi… encore faut-il, nous aussi, que nous ayons faim de quelque chose. Celui qui est rassasié, qui mange tous les jours à sa faim, sans inquiétude, celui-là n’éprouve aucun désir, ni physique ni spirituel. Il ne lui manque rien, pourquoi voulez-vous qu’il désire quelque chose ?

N’est en recherche que celui qui a un manque, un désir au fond du cœur, un vide qu’il veut combler, un creux qu’il veut remplir. Un homme satisfait, qui n’a faim de rien, jamais ne trouvera Dieu, parce qu’il ne le cherche pas, parce qu’il n’en a pas besoin ! Voilà pourquoi Jésus s’est détourné de ceux qui étaient pleins d’eux-mêmes, satisfaits de leurs théories et de leurs pratiques, eux, ils ne vont pas se retourner vers les pauvres, les petits, ceux qui sont en perpétuel désir, en perpétuelle recherche.

« Bienheureux, dit-il, ceux qui ont faim et soif… ceux-là, oui, ils peuvent trouver, parce qu’ils cherchent… ils peuvent passer de la faim à la foi : ils ne vont pas se contenter d’une nourriture provisoire, ils vont viser directement celle qui se garde, celle de la foi ».

Aussi toute notre vie spirituelle doit-elle essayer de faire naître en nous, une autre faim, celle d’une nourriture impérissable qui se garde jusque dans la vie éternelle.

C’est à cette nourriture-là que l’homme doit aspirer, c’est pour elle qu’il doit travailler, celle que donne l’envoyé de Dieu, celle que le Père a marqué de son empreinte.

Quand la foule  demande à Jésus : « Que faut-il faire ? »,

il répond : « Soyez croyants ». Il faut passer du verbe « faire » au verbe « être ». La foule désire que Jésus « fasse » du pain. Jésus leur répond : « Je suis le pain », « Venez et croyez ». Dans la foi, c’est l’impasse absolue ; comment expliquer que « être » est le plus important et que « je fais » n’est qu’une façon de dire « Je suis » ?

Frères, ce débat entre le Christ et la foule, c’est aussi le nôtre. Qu’est-ce-que l’Eucharistie et la Communion au Christ, si nous refusons d’entrer dans cette réalité intérieure de l’existence en Dieu ? Jésus est lui-même cette nourriture que nous voudrions parfois posséder sans lui. C’est lui, le but de notre faim, l’aboutissement de toute recherche vraie, l’accomplissement de tout désir intérieur.

« Viens Jésus-Christ, Vrai Pain Vivant,

descends du ciel pour nous faire vivre ! »  AMEN




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,24-35)

« Jésus, Pain de Vie par le Don de l’Esprit » (Jn 6,24-35)

En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » – Acclamons la Parole de Dieu.

     

               Après la multiplication des pains, ceux qui étaient venus en barque repartirent de même à Capharnaüm. Et ceux qui retournaient à pied avaient bien vu qu’il ne restait plus qu’une seule barque au bord du lac, celle que prirent les disciples de Jésus, et eux seuls. Lui était parti dans la montagne pour prier… Alors, ils prennent l’unique route pour rejoindre la ville. A leur arrivée, les disciples y étaient déjà. C’est normal, en bateau le chemin est beaucoup plus court. Mais Jésus était là lui aussi ! Et ils en sont sûrs et certains, il ne les a pas doublés en chemin ! Ils ne comprennent plus rien… Aussi lui demandent-ils : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »

            Mais Jésus ne répond pas à leur question. S’il leur disait qu’il a marché sur la mer, il ne les croirait pas ! Aussi va-t-il essayer à nouveau de leur ouvrir les yeux à l’invisible de cette vie éternelle offerte à la foi : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, celle qui se voit, mais pour celle qui ne se voit pas, la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme », gratuitement, par amour. Et quelle est-elle ? Jésus le suggère en rajoutant juste après : car c’est « lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau », « le sceau de l’Esprit » précise en note la Bible de Jérusalem. Nous sommes ici au cœur de son Mystère : de toute éternité en effet, « avant tous les siècles », le Père engendre le Fils en « Dieu né de Dieu », et il le fait en lui donnant la Plénitude de son Esprit. Et c’est ainsi, puisque Dieu est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5), que Jésus est « Lumière née de la Lumière ». Or, c’est précisément ce Don de l’Esprit que Jésus est venu proposer gratuitement, à tout homme, car nous sommes tous appelés à « reproduire l’image du Fils » (Rm 8,28-30), en recevant avec le Fils la réalité même qui l’engendre en Fils : « le Don de Dieu » (Jn 4,10), le Don de l’Esprit Saint ! Si nous l’acceptons, par le « oui » de notre foi, ce Don accomplira en nous ce qu’il accomplit dans le Fils de toute éternité : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu », « à l’image » de Celui qui est « né du Père avant tous les siècles » (Jn 1,12-13). En effet, « ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit… Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3,3-8). Et c’est encore ce Don de l’Esprit que Jésus se propose de nous communiquer ici en se présentant comme « le pain de vie », « le pain de Dieu, qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » en lui communiquant le Don de « l’Esprit qui vivifie », car « la chair n’est capable de rien, c’est l’Esprit qui fait vivre » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6)…    DJF




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (Jn 6,1-15)

Jésus se rend de l’autre côté de la mer de Galilée. Une foule le suit à la vue des signes qu’il opérait. Les signes, ce sont les miracles. Les gens le suivent à cause de ses miracles. Parmi eux, il y a ceux qui n’ont pas la foi, les sceptiques, qui le suivent pour voir si les miracles sont réels, ou encore les curieux qui recherchent le merveilleux, le surnaturel. D’autres ont une foi qui demandent à être consolidée et ils ont besoin de voir pour croire. Les miracles peuvent aider ceux qui n’ont pas la foi ou ceux qui ont une foi primaire à avancer davantage dans la foi. Parce qu’ils voient, ils croient. A ceux qui ont besoin de voir le Christ opérer des miracles, ou encore à ceux qui ont besoin d’entendre le Christ leur parler, ou encore d’être touché intérieurement, on dit qu’ils ont une foi « sensible », une foi qui s’appuie sur les sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher, mais aussi sentir sa présence intérieurement, être touché au cœur par l’amour du Christ, avoir une grande paix etc… Il faut toujours que le Christ se manifeste à eux de manière sensible pour que leur foi ne s’éteigne pas. Et à partir du moment où le Christ ne leur donne plus aucun signe pendant un long moment, alors leur foi se met à décliner. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi.

Concernant le sacrement de l’Eucharistie, le Seigneur ne se manifeste pas à nous par les sens: nous ne voyons pas le Christ en personne, nous ne percevons pas non plus sa présence intérieurement, mais parce qu’il nous l’a enseigné, nous savons qu’il est là, présent sous forme de pain et de vin. Et c’est Lui qui nous dit : « ceci est mon Corps, ceci est mon sang ». « C’est donc sur la Parole du Christ que notre foi repose pour croire à une autre réalité que ce que nos yeux voient. Saint Pierre-Julien Aymard résume admirablement cette démarche : « la foi, c’est l’acte pur de l’esprit, dégagé des sens. Or, ici les sens ne servent à rien, ils n’ont pas d’action. C’est le seul mystère du Christ (et on parle ici de l’Eucharistie) où les sens doivent absolument se taire; dans tous les autres, dans l’Incarnation, les sens voient un Dieu enfant, dans la Rédemption, on imagine un Dieu mourant. Ici (à l’Eucharistie), rien qu’un nuage impénétrable pour les sens. La foi doit agir seule: c’est le royaume de la foi. Ce nuage nous demande un sacrifice bien méritoire, le sacrifice de notre raison et de notre esprit ; il faut croire même contre le témoignage des sens (à l’Eucharistie, nous ne voyons qu’une hostie, mais notre foi nous donne l’assurance que c’est le Seigneur !), il faut croire également contre les lois ordinaires des êtres (un être humain a une tête, un corps et des membres, et ici, la présence de Dieu se fait autrement que sous forme humaine, sous forme d’hostie, et nous croyons que c’est le Seigneur !), il faut croire même contre sa propre expérience (et mon expérience me dit que je voie une hostie, mais ma foi me dit incontestablement que c’est bien le Christ puisqu’il l’a dit lui-même : Ceci est mon corps, et donc je me base sur la parole même du Christ qui est la Vérité); il faut croire sur la seule parole de Jésus-Christ…Devant le mystère de l’Eucharistie, le Christ nous appelle à capituler à toutes nos raisons pour rentrer dans sa Raison paradoxale. Paradoxale parce qu’informée par l’Amour (parce que notre raisonnement est basé non pas à partir de la réalité sensible, mais sur l’Amour). Dieu nous appelle à nous rendre. A nous rendre à l’Amour plus fort que la mort. L’Eucharistie et la Croix sont des pierres d’achoppement» (Nicolas Buttet – L’Eucharistie à l’école des saints – P.31). Le chrétien, celui qui a une foi profonde n’a pas besoin de miracles pour croire aux signes du Christ, il se base sur la simple Parole de Dieu. Dieu dit et je crois. Dieu fait et je crois. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit (L’amour de la Sagesse Eternelle – §187): « La pure foi est le principe et l’effet de la Sagesse en notre âme (et traduit en clair, cela signifie : la foi pure nous vient de la présence du Christ en notre âme et cette présence divine en notre âme nous permet d’avoir une foi pure) : plus on a de foi, et plus on a de sagesse (= présence du Christ) ; plus on a de sagesse (= présence du Christ), plus on a de foi. Le juste, ou le sage (en qui vit le Christ), ne vit que de la foi sans voir, sans sentir, sans goûter et sans chanceler. … Le sage ne demande point à voir de choses extraordinaires comme les saints ont vu, ni à goûter des douceurs sensibles dans ses prières et ses dévotions. Il demande, avec foi, la divine Sagesse, c’est-à-dire la présence du Christ en nous”.

Devant cette foule qui est venue à la suite de Jésus, ce dernier semble s’inquiéter et dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient de quoi manger ?  En parlant ainsi, il le mettait à l’épreuve ; il savait quant à lui, ce qu’il allait faire ». Ainsi, Dieu, parfois, nous met tous à l’épreuve : nous prions beaucoup, et Dieu semble ne pas exaucer nos prières ; nous venons à la messe et nous devrions recueillir, à cause du sacrifice du Christ, les bénédictions et les grâces données par le Père, mais de notre côté, rien ne semble changer et on finit par se dire : à quoi servent nos prières ? à quoi cela sert-il de venir à la messe ? En la matière, l’ignorance est notre pire ennemie, et c’est pour cela que Saint Pierre-Julien Aymard nous dit : « il faut croire même contre le témoignage des sens, contre les lois ordinaires des êtres, contre sa propre expérience ». Robert Spaemann, un laïc allemand (Athéisme et foi – XXIV-1 – 1991) nous dit avec juste raison : « Croire signifie : laisser tomber toutes les conditions… La foi est un acte raisonnable dont chacun est responsable. Cela signifie que la foi est un acte raisonnable d’obéissance (à la Parole de Dieu), une capitulation inconditionnelle des opi­nions propres et des désirs propres devant Dieu qui se manifeste, une capitula­tion dont chacun porte la responsabilité. Un croyant qui pose des conditions pour croire ne mérite pas ce nom. […]». Il s’agit de croire que nos prières comptent énormément pour Dieu qui n’arrête pas de nous dire qu’il faut « prier sans cesse sans se décourager » (Lc 18,1) , et que la messe est la plus grande et la plus importante prière adressée à Dieu, c’est pour cela que le Christ nous a dit : « faites ceci en mémoire de moi » ( 1Co 11,24 ; Lc 22,19). De même, il faut croire que l’amour, le pardon, l’humilité etc…tout ce que le Christ nous a enseigné, tout cela aussi a son importance pour que nous les mettions en pratique et cela sans se poser de questions. La foi est obéissance à la parole de Dieu. – On finit par trouver un enfant qui a cinq pains et deux poissons. Pas besoin de faire des études pour comprendre ce n’est pas grand-chose par rapport à la foule immense qui a faim. A ce moment-là, c’est la foi en Jésus-Christ qui est mise à l’épreuve. Notre raison nous dit qu’il est difficile de croire qu’on pourra nourrir plus de cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. Mais notre foi nous dit aussi qu’en toutes circonstances, nous devons garder fermement notre confiance en Dieu. Jésus trouvera forcément une solution à nos problèmes. Avec la foi, les problèmes vont s’estomper petit à petit, sans bruit, comme on dit en créole, « en douce et sans secousse ». Dieu nous donnera suffisamment de patience pour que les choses s’arrangent au fur et à mesure, mais gardons notre confiance en Dieu. Pour nos prières de demande, on s’apercevra à un moment donné, que ce que nous avons demandé à Dieu, il y a un an ou deux ou même plus, a déjà été exaucé depuis plusieurs mois déjà, sans que nous en ayons pris conscience et on commencera alors à croire en la puissance de la prière. Celui qui priait à peine, à force de demander à Dieu la grâce et l’amour de la prière, voit petit à petit qu’il s’est mis à prier sans peine tous les jours et durant toute la journée, bien longtemps après que Dieu l’ait exaucé. Nous sommes parfois stupéfaits de ce que la foi peut faire. – « Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua aux convives, de même aussi pour les poissons, autant qu’ils en voulaient ». Les moyens humains sont souvent faibles, et il nous est impossible de partager cinq pains et deux poissons entre cinq mille personnes, mais le Christ lui-même nous affirme en Mt 19,26 : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible » et en Mc 9,23 : « tout est possible à celui qui croit ». Si Jésus le dit, il n’y a aucune raison de ne pas le croire sur parole. Et voilà que les gens pouvaient manger « autant qu’ils en voulaient ». Dieu ne peut pas voir son peuple mourir de faim, Il a pitié de nous et veille sur nous en permanence. Mais la nourriture du Seigneur n’est pas seulement constituée de pain et de poissons, Il nous offre aussi sa Parole en nourriture. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » et la Parole est Dieu ( Jn 1,1). « La Parole est devenu un homme » (Jn 1,14 – bible en français courant), et cet homme, le même à la Cène comme à l’Eucharistie, qui est à la fois prêtre et victime, nous dit du pain appelé encore « hostie » : « Ceci est mon Corps ». Notre nourriture, c’est à la fois la Parole et le Pain vivant que nous retrouvons à la messe, et ces deux mots désignent le Christ. La multiplication du pain nous mène à l’Eucharistie. A la messe, Jésus-Christ multiplie son Corps en quantité suffisante pour que chacun puisse recevoir Dieu. Et nous pouvons en recevoir autant que nous voulons, c’est-à-dire tous les jours de la vie si nécessaire, jusqu’au moment où nous irons le rejoindre dans son Royaume. Ce Pain nous est nécessaire, et le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit (CEC 1416) : « La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves ». Le Cardinal Walter Kasper ( « La Miséricorde » – P.161), Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, affirme également ceci: « A chaque Eucharistie, la puissance de la Miséricorde divine – venant du sang du Seigneur, versé sur la Croix (Mt 26,23) – est agissante et pardonne les péchés. Ainsi la participation à l’Eucharistie nous obtient le pardon des fautes quotidiennes ». CEC 1393 : « l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés futurs ».  Faisons tout notre possible pour communier au Corps du Christ après avoir réuni toutes les conditions demandées par l’Eglise : se convertir, aller se confesser, et recevoir le Christ le plus souvent possible. – Et rappelons-nous que les personnes qui ont été en totale communion avec le Christ sont les Saints. Il nous faut lire la Vie des saints. [Inspiré de l’introduction à Saint Jean de la Croix (Tome I – P.7 et 8)]: « Beaucoup d’âmes sont si faibles qu’il est impossible de leur parler de perfection de l’amour, parce qu’ils sont incapables de sortir d’une vie de péché ou d’accepter la moindre souffrance, si minime soit-elle. Pour sauver ces âmes, il n’y a que l’amour, et cet Amour a pour nom « Jésus Christ » qui a fait sa demeure chez tous les saints. Des âmes enfoncées dans des habitudes de péché ne pourront se relever périodiquement et reprendre la lutte que lorsqu’elles sont stimulées par l’air vif des cimes que le saint découvre à notre regard. Pour certains êtres humains tombés très bas, seules les splendeurs de l’intimité divine que l’on retrouve chez les saints pourront efficacement faire contrepoids aux attraits violents de l’abîme d’en bas ». Il nous faut plonger dans la vie des saints, témoins de l’union intime de l’être humain avec Dieu, qui, tous, nous parlent du Christ ou de Marie de la manière la plus belle qui soit pour être capable d’élever notre âme vers Dieu et nous donner cette envie, si nécessaire, de mieux le connaitre.  Que Marie nous aide à avoir une plus grande foi, et un plus grand amour envers Dieu et les êtres humains.

                                                                                                  Claude Won Fah Hin




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,1-15)

 » Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde  »

(Jn 6,1-15)

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. – Acclamons la Parole de Dieu. 

                  

     Les foules suivent Jésus, attirées par les signes qu’il accomplit… Elles sont en cheminement vers cette vie de foi où il veut les conduire : un Mystère de Communion avec Lui, dans l’invisible de cet Esprit qui ne demande qu’à jaillir en Fleuves d’Eau Vive au plus profond de leurs cœurs (Jn 4,1-14 ; 7,37-39)… Les disciples eux aussi cheminent, et Jésus va les inviter ici à aller plus loin…

         « Où pourrions-nous acheter du pain ? » leur demande-t-il. Mais l’endroit est désert, c’est impossible ! Et pourtant, ils ne réagissent pas… Ils évaluent bien la somme qui serait nécessaire pour tant de monde : « le salaire de deux cents journées » de travail, une somme énorme qu’ils n’ont pas, bien sûr, avec eux… Mais ils ne réagissent toujours pas… Et Jésus, qui nulle part ailleurs ne se préoccupe « d’acheter » quelque chose, fait ici allusion au prophète Isaïe qu’ils connaissent bien : « Même si vous n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; venez, achetez sans argent… Ecoutez-moi et mangez ce qui est bon » (Is 55,1-3)… Mais toujours pas de réaction… Certes, « il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

         Alors Jésus prend les choses en main, jusques dans les moindres détails : comme « il y a beaucoup d’herbe à cet endroit », il les fait asseoir… « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer… Tu prépares la table pour moi » (Ps 23)… Puis, « il prit les pains, rendit grâces » et les leur « donna » en Serviteur de Dieu et des hommes… L’Eucharistie est annoncée. Bientôt, lors de « la Pâque, la grande fête des Juifs », il se donnera en « Pain de Vie » car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6). C’est pourquoi il dira peu après : « Je suis descendu ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or c’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (le monde entier) « mais que je le ressuscite au dernier jour ». Aussi, « ramassez les morceaux qui restent » et partez les offrir à tous les hommes « pour que rien ne soit perdu »…

                                                                                                        DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 17ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Ramassez les morceaux qui restent pour que rien ne soit perdu… « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 6, 1-15)

Le miracle de la multiplication est raconté par les quatre évangélistes. Jean lui donnera valeur de signe pour préparer les foules à entendre le discours sur le pain de vie.

Remarque importante

La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs. 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et suivons-le.

Où se trouve-t-il ? Qui est avec lui ? Quelle est la grande fête qui approche ? Que fait Jésus ?

Quelle est sa préoccupation devant la grande foule qui le suit ?

A qui Jésus s’adresse-t-il ? C’est le même disciple dont la foi sera mise à l’épreuve au chapitre 14, 8-10 ?

Que demande Jésus à ses disciples ? Quels sont les gestes et paroles de Jésus ?

Quelle sera sa réaction devant le comportement de la foule ?

Regardons les disciples

La réponse de Philippe –  L’intervention d’André –  Les services que Jésus leur demande.

Regardons la foule

Pourquoi suit-elle Jésus ? Quelle est sa réaction après avoir mangé à leur faim ?

Notons aussi les objets, les chiffres

Les cinq pains d’orge

Les deux poissons

L’herbe abondante

Noter les expressions qui expriment l’abondance.

Les morceaux qui restent et les douze paniers

Pour l’animateur 

Tout le récit est centré sur Jésus. Il est le personnage qui mène tout ; Il sait ce qu’il va faire. C’est lui qui a l’initiative, même pour la distribution des pains.

La foule qui a faim, la proximité de Pâques, la montagne… ces indications suggèrent un rapprochement avec l’Exode et Moïse. Plus loin, dans le discours à Capharnaüm, il sera question de la manne du désert.

De plus, en situant la multiplication des pains à l’approche de Pâques, Jean nous fait penser à la Cène et au sacrifice de la Croix. Les paroles et gestes de Jésus pour nourrir la foule font penser à l’Eucharistie (Jésus prit les pains, rend grâce, les distribue). A noter que, comme à la Cène, c’est Jésus lui-même qui distribue, et non les disciples. Contrairement aux autres évangélistes, ici la participation des disciples à la réalisation du miracle est réduite. (La question à Philippe, André qui fait signale la présence du jeune garçon avec ses cinq pains d’orge et les deux poissons ; ils font asseoir la foule).

La foule mange à sa faim : Jésus est venu « pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Les cinq pains d’orge (font penser au miracle d’Elisée à Sarepta (2R4, 42-44) et surtout à la manne du désert.

L’herbe abondante fait penser aux « verts pâturages » du psaume 23 où le messie berger conduira son troupeau.

Les douze paniers pleins des morceaux qui restent : douze (douze tribus du peuple de Dieu, douze apôtres). Si rien ne doit se perdre, c’est que la vie en abondance apportée par Jésus doit atteindre l’ensemble de l’humanité.

Le récit s’achève sur un malentendu : La foule avait suivi Jésus à cause de tous les miracles qu’elle l’avait vu faire. Jean ne parle pas de miracles, mais de « signes ». Car pour Jésus c’était des signes à travers lesquels il voulait révéler quelque chose de lui-même et de sa mission. A travers le signe de la multiplication des pains, Jésus a voulu faire comprendre quelque chose de son identité et de son enracinement dans l’histoire d’Israël. Il est bien le prophète annoncé par Moïse (« Yahvé, ton Dieu, suscitera pour toi, du milieu de toi, un prophète comme moi que vous écouterez. » Dt 18,15). Mais les juifs comprenaient un messie terrestre. C’est pourquoi Jésus s’enfuit, quand il voit les intentions de la foule. Plus tard il dira : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. »

On peut noter que Jean, très habilement, superpose trois moments différents : Le temps d’Exode, la rencontre historique de la foule avec Jésus, et le temps de l’Église (avec l’eucharistie) : la même question demeure : Comment croire en Dieu ? dans le désert (avec le signe de la manne) à travers l’Incarnation (le « signe » de Jésus) ; dans l’Église (le « signe » de l’eucharistie). Suivre Jésus, c’est qu’a fait la foule. Oui, mais pourquoi ?

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Seigneur Jésus, tu es le nouveau Moïse. Tu es venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Tu es venu nous le faire comprendre à travers des signes. Ouvre nos cœurs et nos intelligences pour que nous les accueillions avec foi et amour.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

L’attention de Jésus à la faim de la foule qui le suit.

De quoi les gens ont faim autour de nous ?

Le jeune garçon a mis ce qu’il avait à la disposition de Jésus 

Et nous : qu’est-ce que nous pouvons mettre à sa disposition pour que sa vie en abondance nourrisse nos frères. La multiplication des pains se réalise pour nous à chaque eucharistie.

Comment vivons-nous ces rencontres avec le Christ ? Arrivons-nous à l’heure ? Est-ce que nous prenons le temps de préparer les lectures la veille ? Recevoir le Christ, pain partagé, nous amène-t-il à devenir des hommes et des femmes de partage, attentifs aux besoins de nos frères ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Chant : Pain de vie   (carnet des paroisses p.132   c.1, 2, 4)

Seigneur Jésus,

Tu as nourri les foules qui avaient faim de ta Parole.

Lorsqu’il nous semble que nous avons si peu à donner

à nos frères les hommes,

viens nous apprendre à partager.

Tu as besoin de nous pour nourrir aujourd’hui

ceux qui ont faim d’amour, de justice et de dignité.

Apprends-nous à communiquer la vie que

tu nous donnes en abondance,

toi le vivant pour les siècles des siècles.

 

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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Multiplication des pains

Jn 6, 1-15

Pendant quatre dimanches de suite, frères et sœurs, nous allons aborder le thème de l’Eucharistie : le Pain Vivant, nourriture de nos cœurs, de nos esprits et de nos âmes. Dans l’Evangile de Jean, vous le savez, ce récit de la multiplication des pains se situe juste avant que Jésus ne déclare : « Je suis le Pain Vivant… celui qui mange ce pain-là, vivra pour toujours ».

 

 

Aujourd’hui, il s’agit de pains et de poissons pour apaiser la faim de nos corps, de nourriture terrestre, en quelque sorte.

Ainsi, nous est donnée la clef du miracle : la multiplication des pains annonce l’Eucharistie. Dans ce récit, on nous parle, bien sûr, de Jésus, de Philippe à qui Jésus demande : « Comment pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? », d’André aussi, qui intervient pour faire une remarque un peu ridicule semble-t-il : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains et deux poissons ! » et puis, se rendant compte que c’est disproportionné, il ajoute : « Mais qu’est-ce-que cela pour tant de monde ! » Et pourtant c’est de là que tout va partir, que tout va se déclencher : à partir justement de ces cinq pains et de ces deux poissons !

Qui était-il, ce jeune garçon ? Appelons-le « Hamar » pour plus de commodité.

– « Hamar, où vas-tu ? » C’est sa maman qui le voit suivre tout un groupe de curieux à la recherche de Jésus, le prophète de Nazareth qui guérit les malades et qui raconte des histoires merveilleuses qui gonflent le cœur d’espérance et d’amour.

– Mais, maman, je pars avec les autres, écouter Jésus, le voir guérir les malades.

– Tu es fou, il va s’en aller de l’autre côté du lac, s’enfoncer dans la montagne. Reste ici.

– Oh maman, laisse-moi y aller. Je suis avec mon oncle Yukal. Je ne crains rien.

– Soit, mais avant de partir, prends ces cinq pains et ces deux poissons. Il n’y a rien à manger sur l’autre rive, c’est désert : d’ailleurs cette foule est folle de partir comme ça, à sa suite, sans provisions. Tiens, prends ça… »

Et Hamar se trouve depuis longtemps avec sa bertelle, assis dans l’herbe à écouter Jésus : c’est merveilleux, tellement qu’il n’a même pas pensé à manger son casse-croûte. Et voici qu’un des compagnons de Jésus, s’avance droit sur lui, oui, lui, Hamar et lui demande : « Veux-tu donner tes cinq pains et tes deux poissons ? Le Seigneur en a besoin ! » Dites, si c’était vous, ce jeune garçon, qu’auriez-vous fait ? Bien sûr, sans ses pains et sans ses poissons, le Christ aurait pu nourrir la foule : mais l’aurait-il fait ? Chaque fois que Jésus accomplit un miracle, il répond à un appel, à une proposition.

Rappelez-vous Cana, la Vierge qui lui dit : « Ils n’ont plus de vin », ça ne suffit pas : « Remplissez d’eau ces jarres ». Six cents litres à verser dans les outres, seau après seau ! Quel va et vient ! On doit faire la chaîne comme pour un incendie.

Jésus ne fait jamais un miracle s’il n’y a pas eu auparavant un effort de l’homme, un apport quelconque, une offrande, un cadeau, si minime soit-il ! Regardez à la messe, il n’y a pas d’Eucharistie, pas de Corps et de Sang du Christ, sans qu’auparavant les servants de messe n’aient présenté à l’autel un peu de pain, un peu de vin. Ici, cinq pains et deux poissons.

Hamar aurait très bien pu garder pour lui ses cinq pains et ses deux poissons ! C’est lui qui les avait apportés, sa mère lui avait donné pour lui. Il aurait pu faire une soustraction au lieu de faciliter une multiplication !

C’était une chance pour lui, d’avoir, de quoi manger dans le désert ! Lui, au moins, il était prévoyant ; sa mère l’avait été pour lui. Il ne mourra pas de faim. Eh bien, pas du tout !

Voici qu’Hamar donne tout, tout ce qu’il a… Il aurait pu en garder un peu pour lui : un pain, un poisson. Non ! Tout : les cinq pains et les deux poissons, il les donne au Christ qui, par son pouvoir, va multiplier.

            Raisonnons, réfléchissons : pour multiplier, il faut avoir dès le départ quelque chose. Si je n’ai « rien », multiplier par 10 ou multiplier par 100, c’est toujours « rien« , ça fait toujours zéro… Mais à partir du moment où l’homme offre au Christ quelque chose, oh, pas grand-chose ! Ce « pas grand-chose-là », va pouvoir, avec la force du Christ, être multiplié et nourrir une foule entière. Pour nous, c’est pareil. C’est avec ce que je donne au Seigneur, c’est à partir de ce que je lui offre, que le Seigneur va pouvoir aider les autres, les nourrir, les rassasier. Mais il faut, au départ, ce geste d’offrande : tout comme à la messe, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de communion s’il n’y a pas auparavant l’offertoire des hommes :

Notre pauvre pain, notre pauvre vin qui vont devenir Corps et Sang du Christ versés « pour vous et pour la multitude ».

Le Christ, souvenez-vous aussi de Cana, est toujours celui qui multiplie, mais à partir de ce qui lui est offert.

Hamar, c’est nous ! C’est tout chrétien. Devant l’immensité de la misère du monde – misère physique, misère morale encore bien plus – nous pensons souvent que nos ressources sont bien peu de choses, et c’est vrai ! Mais, si peu que ce soit, si nous donnons, le miracle aura lieu : la générosité entraîne la générosité, le partage entraîne le partage, l’amour entraîne l’amour, la goutte d’eau devient ruisseau puis rivière et le fleuve s’engage dans la mer.

C’est comme cela que se construit le Royaume de Dieu ! Rappelez-vous les émissions télévisées comme le téléthon pour aider les myopathes : au départ, il y a un petit don de celui qui donne le premier et au fur et à mesure, sur l’écran, on voit le chiffre des offrandes qui devient addition et multiplication. Il en est ainsi dans toute l’histoire de l’Eglise.

Regardez le « petit pauvre » d’Assise. François a tout donné, il a tout partagé, puis, avec des milliers de frères mendiants, atteint Rome pour remettre au pape un message d’amour et de charité qui sauvera l’Eglise de cette époque.

Plus près de nous, relisons la vie de St-Vincent-de-Paul avec tous ceux qu’il a entrainés dans son sillage d’amour !

Celle de St-Jean Bosco fondant partout, avec des sommes dont il n’avait pas, au départ, le moindre sou, des orphelinats, des patronages, des sanctuaires, des collèges techniques pour ses apprentis adolescents. Retrouvons le visage de mère Theresa ! Autant de miracles de multiplications dont nous sommes les témoins ; où l’amour de l’homme, multiplié par Dieu, permet de transformer le monde, à partir de quelques pains, de quelques poissons mais aussi de beaucoup d’amour, de détachement, de confiance en Dieu. Le Seigneur, au départ, ne nous demande pas de faire des miracles.

C’est lui qui s’en charge. Il nous demande seulement de donner tout simplement ce que nous avons : nos cinq pains, nos deux poissons. Il se charge du reste. Encore faut-il qu’au départ, nous lui ayons offert ce que nous avons.

Jésus attend le 1er geste de l’homme pour faire le geste de Dieu. Il multiplie ce que nous lui donnons. Mais auparavant, il faut avoir donné, offert nos pauvretés.

Payons de notre personne, humblement, petitement, et les grandes causes s’épanouiront parce que la main de Dieu fera le reste. AMEN




Un mot, une piste de réflexion : SALUT (Joëlle et Roger GAUD)

SALUT

– Nous sommes sauvés par Jésus, Yeshoua ; le nom araméen de Jésus, qui est issu de la racine « hébraïque » Iasha, qui veut  justement dire « sauver ». Le salut est dans le Nom de Jésus dans tous les sens du terme.

– Et de quoi Jésus nous sauve-t-il ? Dans quelle mesure est-ce qu’on peut dire qu’il est notre Sauveur ?

– Peut-être que ce qui est le plus concret, pour moi en tout cas, c’est de dire que « Jésus est venu me libérer de la mort sous toutes ses formes. » Parce qu’Il est mort et ressuscité, parce qu’Il nous a aimé jusqu’à en mourir, nous savons que les épreuves que nous traversons, les moments difficiles que nous vivons, la mort terrestre aussi, ne sont que des passages.

– Et ce que tu me dis là me rappelle que Saint Paul a écrit dans sa lettre aux Romains: « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5,8)

– À propos de Sauveur, mon petit neveu, celui qui croyait que Jésus avait pour nom de famille Ralem, oui Jésus Ralem, qu’il avait confondu avec Jérusalem , mon petit neveu avait dit aussi qu’il avait vu le Sauveur à la télé. « Un monsieur sur un bateau qui avait une combinaison jaune et qui tendait la main à quelqu’un qui était tombé dans l’eau », disait-il. Nous lui avions expliqué que ce monsieur qui faisait des sauvetages était un sauveteur. Mais chaque fois qu’on en parle, je vois Jésus sauveteur de Pierre. Tu te rappelles, quand les disciples voient arriver Jésus marchant sur la mer, ils ne le reconnaissent pas et pensent que c’est un fantôme. Pierre, voulant vérifier que c’est bien Jésus, lui dit: « Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux». Jésus lui dit « viens », il commence à marcher lui aussi sur la mer, mais dès qu’il a peur, il s’enfonce et crie « Seigneur, sauve-moi. » Jésus étend la main et le saisit, sauveteur et Sauveur.

– Oui, et ce pourrait être notre prière chaque matin « Seigneur Jésus, sauve-moi !» J’ai besoin de Toi. Sans Toi, je ne suis rien… Viens faire ta demeure en moi. Seigneur Jésus je veux te suivre, marcher à ta suite, c’est-à-dire poser les mêmes gestes que toi…

 

– Oh! C’est placé la barre très haut. Vivre comme Jésus… Une bonne relecture d’un Évangile s’impose.

– Et pourquoi pas ? Au moins commencer, et s’arrêter chaque jour sur un geste de Jésus et voir ce qu’il peut signifier.

– Oui, je vois ce que tu veux dire. Par exemple, poser des gestes de compassion, comme lorsque Jésus voit la veuve qui vient de perdre son fils unique, qu’il va ressusciter, il est pris aux entrailles pour elle (Lc 7,13). Il est pris aussi aux entrailles devant ce lépreux qui vient lui dire « Si tu veux, tu peux me purifier » (Mc 1, 41), et il le guérit. Il en a guéri aussi beaucoup d’autres. Mais Jésus n’est pas d’abord un guérisseur, il est le Seigneur à suivre et à aimer.

          Et puis, comme Jésus, je peux aussi poser des gestes d’amitié; Jésus a pleuré avec les amis de Lazare qui pleuraient sa mort.

       Comme Jésus, je peux aussi essayer de servir mon prochain. Oui, Il a appris à ses disciples à servir, en leur lavant les pieds lors du dernier repas.

          Je peux aussi décider de prier le Père comme Jésus me l’a appris en reprenant le Notre Père, en allant à l’écart pour prier, comme Lui.

– Oui, c’est vrai que Jésus nous tourne sans arrêt vers son Père. Tous les actes de Jésus manifestent le Père. Ne dit-il pas lui-même « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il faut qu’Il le voit faire par son Père » (Jean 6,19)

– Oui, « Je suis dans le Père et le Père est en moi », « qui me voit, voit le Père»,  Jésus l’a souvent dit. Nous ne connaissons Dieu que par Jésus, Jésus qui nous révèle l’Amour du Père.

          Alors, Jésus sauve moi, révèle-moi ton amour pour que je puisse, moi aussi, t’aimer de plus en plus, que je puisse percevoir quelque chose du fond du cœur du Père.

        Et j’ai envie de vous quitter en disant « salut », en guise de salutation, comme le mot hébreu « shalom », avec toutes ses connotations de joie, de paix, d’amour, de plénitude.




Un mot, une piste de réflexion : HUMILITE (Joëlle et Roger GAUD)

HUMILITE

–  Humilité…  il est bon qu’on s’y arrête car c’est un mot qui peut facilement prêter à confusion !

Il faut croire que c’est une qualité humaine , une vertu importante, puisque Jésus lui-même parle de lui en disant qu’il est « doux et humble de cœur » ( Vous savez en Mt 11, aux versets 28 et 29 : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. »)

–  Est-ce qu’avant d’aller plus loin, tu pourrais nous rappeler ce qu’est une vertu ?

– Une vertu, au sens général, c’est une aptitude à accomplir ce qui est bien. Sur le plan étymologique, ça renvoie au mot « virtus » qui signifie une « force ».

L’humilité est donc une force donnée par Dieu pour accomplir ce qui est bien.

 – Mais … je crois qu’il faut bien reconnaître que c’est une vertu qu’il n’est pas si facile à acquérir ou à accueillir ! Quelqu’un a dit un jour avec un brin d’humour : « Humilité ! Sacré vertu ! Dès que tu crois l’avoir, tu ne l’as déjà plus ! »

– C’est bien vrai ! Et pour comprendre ce qu’est vraiment l’humilité, je crois qu’un des meilleurs moyens, c’est de regarder Jésus !

Jésus est humble, certes, mais il n’est ni timide, ni timoré, ni peureux ! Jésus n’est certes pas orgueilleux, mais il n’a pas non plus une mauvaise estime de soi !

En fait on pourrait dire que l’humilité c’est le juste milieu entre deux vices : l’exaltation de soi (l’orgueil si tu préfères), et le mépris de soi. Au milieu, l’humilité c’est la juste estime de soi … surtout lorsque, sans minimiser à l’excès nos qualités, nous acceptons de reconnaître nos défauts.

L’humilité, ce n’est pas dire : « Ma lé pas capab’ ». Ce type de réflexion relève de la timidité et non de l’humilité !  Ça, c’est le genre d’affirmation qui nous bloque et nous paralyse, et qui fait qu’on ne va même pas essayer !

« Pas capab’ lé mort sans avoir essayé … »

– L’humilité ce n’est donc pas le mépris de soi ?

–  Ah Non ! Certainement pas ! L’humilité c’est la vérité sur soi ! Et nous ne sommes pas nuls car Dieu nous a tous gratifié de certaines qualités ! C’est important de s’en souvenir, d’autant plus que si je ne remarque pas le bien qui est en moi, je vais me mettre à jalouser les autres… Cela va exciter mon esprit de compétition.

–  Il ne s’agirait pas pour autant de basculer dans l’orgueil !

–  Non bien sûr ! Il ne s’agit pas de se mettre en valeur constamment. Il suffit d’ailleurs pour cela de se souvenir que Saint Paul écrit aux Corinthiens : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si cela venait de toi ? » (1 Co 4, 7).

– J’ai lu quelque part qu’un des fruits de la véritable humilité, c’est la quiétude, la paix du cœur !

– Oui ! C’est bien vrai. Et ça se comprend facilement :

En effet quand on est humble, ( sans se dévaloriser !!!) , on perd peu à peu le désir d’être supérieur aux autre. L’humilité nous débarrasse (en fait) de ce besoin d’être le premier, d’être le meilleur, un besoin qui, lui, va engendrer une tension permanente …

Un orgueilleux est sans repos, car il est constamment en état de compétition.

Quelqu’un d’humble, au contraire, est serein car il n’est pas constamment habité par cet esprit de compétition qui nous rend inquiets … et dont nous devons demander à Dieu de nous débarrasser !

–  J’ai également entendu dire que l’humilité rend audacieux ! Tu peux nous expliquer ?

–  Ça aussi c’est bien vrai !

Si faute d’humilité, on bascule dans l’orgueil, ça va nous rendre peureux ! Et ça risque nous bloquer dans nos entreprises ! Une personne humble ose se lancer dans de nouveaux projets. Alors qu’une personne très orgueilleuse n’ose pas grand-chose : « Si ça ratait ! Quelle humiliation ! »

Finalement : Quelqu’un d’humble, ce serait quelqu’un qui dirait quelque chose du style : «Si c’est Dieu qui me le demande, je me sens capable de tout … mais à condition de ne pas être seul ! » C’est-à-dire : « Si je ne compte que sur mes seules forces, que sur mes seules ressources personnelles, je vois bien que la tâche est trop difficile pour moi. Mais si Dieu – qui me connait mieux que moi-même – me demande quelque chose, je pourrai le faire … mais j’aurai besoin d’aide, l’aide de mes Frères et Sœurs, et l’aide de Dieu lui-même. »

–   Quand on a entendu tout ça, on se dit qu’effectivement,  l’humilité est une belle vertu qu’on aimerait bien avoir ! ….




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 30-34)

 » Le Seigneur est mon berger « 

(Mc 6, 30-34)

 

          En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

                        

       

          Les Apôtres reviennent de mission. Ils sont fatigués… Jésus le voit, et il va aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit… Son attitude confirme ici ce qu’il leur avait dit un jour : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas. Car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé ». Or, « moi et le Père, nous sommes un » (Mt 6,7-8 ; Jn 10,30)), unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit. La Lumière de l’Amour qui brille dans les yeux de Jésus est la même que celle du Père… Ils sont fatigués, ils n’ont rien demandé : « Venez à l’écart et reposez vous un peu »… « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (Ps 23)…

         « Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart »… Mais en regardant la direction qu’ils prennent, les gens devinent l’endroit où ils vont accoster. Ils courent sur le bord du lac et arrivent avant eux… Dans leur vie d’hommes et de femmes, ils sont « comme des brebis sans berger », perdus dans ce monde si souvent difficile, ne sachant sur qui compter. Lorsque Jésus débarque, il voit cette grande foule, il perçoit leur détresse, et, littéralement, écrit St Marc, « il fut remué jusqu’aux entrailles », bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de lui-même… Aussi va-t-il aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit, et « il se mit à les instruire longuement. » 

         Un autre jour, Jésus va croiser près de la porte de la ville de Naïn une veuve qui partait enterrer son fils unique… « En la voyant », Jésus fut à nouveau « remué jusqu’aux entrailles ». Cette femme ne le connaissait pas, elle ne lui demandait rien. Jésus va s’approcher d’elle et lui dire : « Ne pleure pas. » Puis, il va toucher le cercueil en disant : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Le mort se redressa et Jésus le remit à sa mère. Tel est l’Amour de Dieu qui connaît nos vrais besoins avant même que nous lui ayons demandé quoique ce soit…                          DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 16ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Jésus fut pris de compassion pour la foule parce ces gens étaient comme des brebis. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mc 6, 30-34)

Au retour de mission, les apôtres sont fatigués. Jésus les invite à se retirer pour prendre un peu de repos. Mais les foules ne le lâchent plus.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Pourquoi cette démarche des Apôtres au retour de leur mission ? 

Quel est le souci de Jésus ? 

Qu’est-ce que cela nous révèle de Jésus ? 

Qu’est-ce qui faisait courir les foules après Jésus ? 

Quelle est la réaction de Jésus en débarquant ? 

Par quoi Jésus commence-t-il pour répondre aux attentes de cette foule ?   

Pour l’animateur 

C’est pour rendre compte de leur mission que les disciples rejoignent leur Maître ; c’est l’heure du premier bilan. Démarche importante quand on a reçu une mission.

Jésus invite ses amis à prendre du recul par rapport au monde pour jouir d’un repos bien mérité : Cela nous révèle la sollicitude de Jésus pour tous ceux qu’il envoie en mission. 

Ces foules courent après Jésus parce qu’ils ont été témoins de sa bonté en le voyant accueillir les gens, guérir les malades et les infirmes. Jésus ne peut ni ne veut fuir cette foule.

Tout au contraire, Jésus est saisi de pitié (il est ému jusqu’aux entrailles). La compassion de Jésus est comparée à celle d’un berger pour ses brebis. Jésus apparaît comme le Berger divin qui vient enfin prendre le plus grand soin de son peuple.

Jésus commence par instruire longuement la foule. Avant de lui donner du pain, (la suite du récit) c’est d’abord par sa parole que Jésus nourrit les hommes en abondance. C’est par « la Parole » que Jésus s’efforce de rassembler la foule en un nouveau Peuple de Dieu.

Dès le début, l’Église a uni dans l’Eucharistie les « deux tables » : celle de la Parole d’abord, puis celle des pains.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, quand nous avons peiné pour la mission, pour témoigner de toi, pour porter aux foules le pain de l’évangile, il est bon de nous retrouver auprès de toi, pour t’en parler, pour te rendre grâce, pour nous reposer.

Tu es le bon Pasteur pour ton peuple. Tu es plein de compassion pour toutes ces foules d’aujourd’hui qui cherchent, qui courent après le bonheur. Donne-nous un cœur semblable au tien, capable de s’émouvoir devant tous ces gens qui ont faim, d’être attentif à leur recherche.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quand on a reçu une mission d’Église (pour la catéchèse, pour animer un service d’Église, pour un mouvement) il est indispensable de rendre compte de temps en temps à celui qui nous a confié cette responsabilité : sinon on finit par se croire propriétaire de la mission reçue, on devient à soi-même son maître. Posons-nous la question : à qui je rends compte de la responsabilité qui m’a été confiée ? (Une révision de vie apostolique est nécessaire).

Nous sommes envoyés par Jésus dans le monde d’aujourd’hui : nous sommes ses apôtres dans notre famille, dans notre rue, dans notre quartier, ou notre immeuble, ou notre lieu de travail, ce n’est pas chose facile. Nous avons besoin de nous retrouver auprès de lui de temps en temps : pour lui parler de notre vie, de ce que nous avons pu faire pour vivre en chrétien, pour le remercier du travail qu’il a fait dans le cœur des personnes, pour nous ressourcer.

Prenons-nous le temps de faire silence près du Christ, de nous retremper dans son l’intimité ? Peut-être en profitant d’un temps de vacances.

Sommes-nous, comme notre Maître, attentifs aux besoins et aux attentes des gens de notre temps, qui souvent courent, ici et là, à la recherche d’un miracle, d’une guérison ? Sommes-nous compatissants à leurs souffrances, à leurs problèmes de vie ? Qu’est-ce que nous pouvons leur offrir ? Comme Jésus, est-ce que nous avons le souci de leur donner la Parole pour nourrir leur foi ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Chant : Sur les routes des hommes p. 312

Pour les pasteurs d’Église, afin que l’esprit de sagesse et de discernement leur soit toujours donné pour guider le peuple qui leur est confié, prions le Seigneur.

Tous : Seigneur, entends notre prière.

Pour les parents, les catéchistes, qui s’efforcent de faire connaître le Christ et son Évangile aux enfants, prions le Seigneur

Pour tous ceux qui sont à la recherche d’un sens à leur vie, pour tous ceux qui sont dans la détresse : qu’ils puissent rencontrer sur leur route de vrais témoins du Christ et de sa bonté., prions le Seigneur. 

Pour tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté : qu’ils soient hommes et femmes de compassion.

 

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