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Présentation du Seigneur au Temple (Lc 2, 22-40) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Frères et Sœurs,

Quand Marie et Joseph viennent en pèlerinage à Jérusalem pour présenter Jésus au Temple, ils accomplissent, comme nous le dit l’évangile : ce qui est « prescrit par la loi de Moïse ». Joseph et Marie sont de pieux et fidèles juifs, ils observent ce que demande la loi.

Cette fête de la présentation du Seigneur tombe quarante jours après la Nativité. Lors de cette visite rituelle, Jésus est reconnu par Syméon et Anne comme Celui qui accomplit les promesses annoncées par les prophètes dans l’Ancien Testament.

Syméon et Anne, deux personnes âgées, représentent le peuple d’Israël dans l’attente du Messie qui était annoncé dans les Écritures. Marie et Joseph, dans la jeunesse de l’âge, représentent eux le peuple de la nouvelle Alliance et éternelle que le Messie va sceller.

Intéressons-nous davantage à ces deux personnages de Syméon et d’Anne. Que nous révèlent-ils de Jésus ? Et à quelles attitudes nous invitent-ils pour vivre notre foi ?

Syméon est avant tout un homme juste et religieux, « qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui » nous dit l’évangile. Syméon est un juif fervent et juste, c’est-à-dire « ajusté » à ce que Dieu demande. Syméon nous rappelle que nous aussi nous avons reçu l’Esprit Saint à notre Baptême et à notre Confirmation. Prenons-nous le temps de l’invoquer en nous chaque jour ? Cela est primordial pour pouvoir discerner les signes discrets mais réels de Dieu dans ce monde. Il est essentiel d’invoquer l’Esprit Saint pour pouvoir accueillir la Parole du Christ dans nos vies. Sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas nous « ajuster » à ce que le Seigneur nous demande…

Syméon reconnait Jésus comme la gloire d’Israël et comme la lumière des nations. Le Christ est la lumière qui éclaire nos ténèbres. C’est le sens de du rite des cierges que nous avons vécu au début de la messe. En tant que chrétiens, nous savons que nous avons à porter la lumière du Christ dans notre monde déboussolé mais pour faire face à ce monde déboussolé et bien porter la lumière du Christ, nous devons tout d’abord recevoir cette lumière en nous ! Ne disons pas trop vite que nous n’avons pas besoin de la lumière du Christ, il existe en chacun de nous des zones d’ombre et certaines sont bien cachées mais le Christ veut les visiter pour les purifier et les guérir. Il peut le faire à condition de le laisser éclairer ces zones d’ombre.

Nous ne pouvons pas partager la lumière du Christ si cette lumière n’a pas transformé en premier lieu notre vie. C’est ainsi que nous pourrons devenir une authentique lumière pour les autres. Comment être convaincu et convaincant sans être transformé ?

Anne est une « femme prophète », une femme de prière. L’évangile souligne « qu’elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Anne annonce Jésus comme le Sauveur. Elle nous rappelle que nous sommes nous-mêmes des prophètes par la grâce du Baptême. Cela implique trois faits :

  • Nous devons rendre un culte à Dieu qui passe par la louange à Dieu et l’action de grâce.

  • Nous devons servir Dieu et notre prochain dans la prière.

  • Nous devons annoncer en paroles et en actes l’Évangile du Christ.

Nous avons à annoncer le Christ comme Sauveur mais cette fête nous interroge profondément : l’avons-nous réellement accueilli comme notre Sauveur ? Comment être un témoin crédible du Christ Sauveur si nous ne le laissons pas d’abord nous sauver ?

Voilà quelques pistes pour nous éclairer dans notre mission de baptisé, là où nous sommes insérés. Je termine en faisant référence à Marie et à Joseph, de bons juifs parce qu’ils sont soucieux d’accomplir la volonté de Dieu. Nous le savons, sans la lumière du Christ, nous ne pouvons accomplir la volonté de Dieu. N’oublions pas ces moyens efficaces (mais que nous négligeons parfois) pour accueillir la lumière du Christ dans nos vies : la méditation de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements de l’Eucharistie et du Pardon et en pratiquant concrètement la charité envers notre prochain.

Que Marie et Joseph nous aident à accueillir Jésus comme notre Messie et notre Sauveur, celui qui nous communique la lumière de Dieu. Qu’ils nous aident aussi à être des « portes-lumière » du Christ pour les autres. Amen.




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Le dire est une chose, le faire en est une autre »

Tout le monde connait ce dicton qui suggère que le passage à l’acte est plus important que les mots prononcés. De manière générale, nous sommes plutôt d’accord… Mais les lectures que nous propose la liturgie ce dimanche prennent à contre-pied cet adage. Même si les bonnes œuvres sont essentielles, la mission première du chrétien est l’annonce de l’Évangile.

Dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul déclarer : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)

Certes, ce souci particulier de l’évangélisation relève de la vocation spécifique de Paul, et du contexte qui était le sien. Au moment où il a écrit ces lignes aux Corinthiens, Paul pensait que la fin des temps était proche. Par conséquent, gagner au Christ le plus grand nombre possible de frères et sœurs était une urgence.

Et quand Paul écrit qu’il s’est fait « juif avec les juifs ; sans-loi avec les sans-loi ; faible avec les faibles », s’il s’est « fait tout à tous » (9, 20-22), c’est afin que l’Évangile qu’il annonçait soit accueilli.

Nous comprenons que pour Paul, ce qui est premier c’est « le dire » ; c’est l’annonce de l’Évangile. Son comportement et ses bonnes œuvres sont au service de son message, et non pas l’inverse.

Cela peut nous surprendre. Mais continuons à explorer les textes du jour pour essayer de comprendre pourquoi l’annonce de l’Évangile a plus de valeur que les bonnes actions.

Le texte d’évangile de ce dimanche (Mc, 1, 29-39) commence par le court récit de la guérison de la belle-mère de Simon. Puis, l’évangéliste Marc élargit la perspective en nous racontant une généralisation de l’activité de Jésus comme thaumaturge :

« Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons » (1, 32-34).

Remarquons d’abord, que si on amène à Jésus « tous ceux » qui étaient atteints d’un mal, Jésus en guérit « beaucoup ». Jésus guérit beaucoup de monde, mais pas tous.

Ensuite, alors que Jésus priait dans un endroit désert, Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Le verbe en grec (καταδιώκω), que nous traduisons en français par « partirent à sa recherche » suggère qu’il s’agit d’une « poursuite ». Simon et les autres disciples « poursuivent » Jésus.  La raison de cette recherche acharnée est la volonté des disciples que Jésus se plie au désir des foules, en accomplissant d’autres miracles.

Jésus ne répond pas à cet appel et dit à ses disciples : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » (1, 38).

Jésus pourrait multiplier les guérisons et les exorcismes, mais ce n’est pas pour cela qu’il est sorti. Jésus n’est pas un distributeur de miracle. Sa mission est d’abord de proclamer l’Évangile de Dieu (cf. 1, 14).

Alors que les foules et même ses propres disciples se concentrent sur les miracles qu’il réalise, ceux-ci ne sont que des signes qui accompagnent et confirment la véracité de sa prédication et son enseignement, à savoir que « le Règne de Dieu s’est approché » (1, 15).

Nous savons par les évangiles que dans sa prédication, Jésus parlait de ce « Règne de Dieu » en parabole. Et puisque les miracles qu’il réalisait étaient des signes confirmant ses paroles, nous en déduisons que les miracles que fait Jésus nous disent aussi quelque chose du « Règne de Dieu ».

Si pendant son ministère public Jésus a expulsé des démons, et guéri des malades, ce n’était pas seulement pour soulager certains de ses contemporains de leurs souffrances, c’était surtout pour signifier qu’à la fin des temps, lorsque la réalisation du « Règne de Dieu » sera achevée, il n’y aura plus de place pour les démons et les maladies. Dans le « Royaume », les puissances de mort seront anéanties.

Bien comprendre cela est ce qui est le plus important. Les miracles en tant que tels, n’ont pas beaucoup de valeur. Ils sont au service du message d’espérance de Jésus. Encore une fois, c’est la « parole » qui est première.

La première lecture apporte un éclairage supplémentaire. Nous avons entendu Job se plaindre avec des paroles très fortes :

« Je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : « Quand pourrai-je me lever ?” Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube… mes yeux ne verront plus le bonheur. » (Jb 7, 3-4 ; 7).

Quand l’homme fait face à une grande souffrance, il peut arriver qu’il perde tout espoir. Comme Job, il se voit alors s’enfoncer dans la mort.

Une restauration comme celle dont bénéficie Job à la fin du livre (ch. 42), et les guérisons accordées par Jésus à certains malades, peuvent apporter un soulagement temporaire à une personne qui souffre, ce qui n’est pas négligeable.  Mais l’accueil de l’Évangile est bien supérieur.

En effet, savoir dans la foi, que la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot, et l’attente d’un bonheur sans fin en Dieu, rendent celui qui met sa confiance en Christ, capable de supporter avec courage et espérance, les épreuves intrinsèques à la condition humaine.

Comme nous y invite le psalmiste, « Jouons donc pour notre Dieu sur la cithare ! Entonnons pour le Seigneur l’action de grâce ! » (Ps 147, 7). Remercions-le de nous avoir donné la foi et l’espérance. Ne gardons pas ces présents pour nous. Renouvelons notre élan missionnaire et que l’annonce de l’Évangile devienne pour nous, comme elle l’était pour saint Paul, une nécessité (1 Co 9, 16). Amen !

 

 

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – par Francis COUSIN

 « En famille »

Sitôt sortis de la synagogue, les disciples de Jésus (ils ne sont alors que quatre) : les deux fils de Jonas et deux fils de Zébédée se retrouvent ensemble dans la maison de Simon et André, avec Jésus. Les deux couples de frères avaient l’habitude de travailler ensemble et il n’est pas surprenant qu’ils profitent du sabbat pour avoir un moment de détente ensemble…

Mais ce jour-là, en arrivant, ils voient la belle-mère du Simon au lit avec de la fièvre.

Or c’est à elle, la maitresse de maison, d’allumer les bougies sur la table du sabbat, et de prononcer la bénédiction sur la lumière en disant : « Éloigne de nous toute sorte de honte, de douleur et de préoccupation ; fais que la paix, la lumière, et la joie demeurent toujours dans notre maison. Chez Toi est la fontaine de la vie. À Ta lumière, nous voyons la lumière ».(Ps 36,9-10) ».

Une maison privée de femme est une maison qui reste dans l’obscurité. Or Jésus n’est pas venu dans le monde pour que celui-ci reste dans l’obscurité : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Jésus ayant été informé, il s’approcha d’elle : « la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. »

Deuxième miracle de la journée.

Avec une différence par rapport à celui de la synagogue où Jésus avait ordonné, en paroles, à l’esprit impur de se taire et de quitter l’homme : ici, il n’y a pas de parole de Jésus, seulement des gestes.

Paroles ou gestes … ce sont les deux manières de Jésus pour guérir …

Mais ce sont aussi les deux attributs qui sont toujours utilisés dans l’administration de chacun des sept sacrements.

A la synagogue, Jésus avait permis à l’homme, en le guérissant, de participer totalement à la prière communautaire, car même s’il y était présent, l’esprit impur, ennemi juré de Dieu, ne pouvait pas lui permettre d’être totalement en union avec Dieu.

Pour la belle-mère de Pierre, en guérissant celle-ci, Jésus lui redonne la totalité de ses prérogatives : Allumer les bougies du sabbat, et préparer le repas familial.

Si l’on va un peu plus loin dans l’évangile, en Marc 5,38-43, pour la résurrection de la fille de Jaïre, et que l’on compare avec le texte de ce jour, on voit : 1 Jésus s’approche de l’enfant. 2  Un geste : Il saisit la main de l’enfant.   3 une parole : Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » 4  il leur dit de la faire manger.

C’est la même ordonnance, en parole ou en geste …avec cette différence que là, on lui donne à manger au lieu que ce soit elle qui serve les autres (ou les hôtes).

Le soir venu ! …

Après le coucher du soleil, … Hé oui ! même si les gens avaient été prévenus dès le matin, au sortir de la synagogue, ils ont attendu la fin de la journée, après le coucher du soleil, pour qu’on amènent à Jésus « tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. »

À cette époque, on respectait encore le repos du jour du Seigneur !

« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était ».

D’après Marc, il y avait donc foule, et Jésus dût être bien fatigué !

Malgré cela, : « Jésus se leva bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. ».

Jésus n’oublie pas son Père !

« Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. » (Jn 5,19-20).

Jésus est toujours en lien avec son Père, à chaque instant, et souvent, on le voit prier, avant, ou après des miracles. Il a besoin de ce contact permanent avec lui.

Est-ce que nous, nous sommes en contact permanent avec Dieu !?

À une heure raisonnable, quand tout le monde se lève … on constate la disparition de Jésus … tout et le monde le cherche …

Quand on le trouve, Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Jésus aurait pu rester là, à Capharnaüm, il avait tout le village avec lui …

Mais pour lui, ce n’est qu’une étape, il faut qu’il aille au bout de sa mission, celle qu’il s’est fixée en montant en Galilée … mais aussi celle qui a été fixée … par Dieu … par la Trinité … avant même la naissance de Jésus … quand Dieu a envoyé l’ange Gabriel vers Marie …

 

Seigneur Jésus,

Tu aurais pu te contenter de rester à Capharnaüm,

Tu avais un petit groupe avec toi,

Tu avais fait beaucoup de miracles

Tu étais devenu célèbre.

Beaucoup d’humains l’auraient fait …

Mais tu as préféré faire l’œuvre de ton Père 

Pour notre plus grand bien !

 

Francis Cousin

 

 

 

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5ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le mal et Pâques

 Mc 1, 29-39

La liturgie de dimanche dernier nous avait confrontés au problème du mal et déjà nous nous posions cette question :

« Comment Dieu, qui est amour, bonté, justice, permet-il autour de nous et sur nous, cette emprise du mal ? » Il y a là une contradiction entre un Dieu bon, Père tout-puissant et un mal, mauvais, adversaire de l’homme et qui semble tout-puissant, lui aussi.

Pour mieux nous le faire sentir, la liturgie d’aujourd’hui campe devant nous : deux hommes aux prises avec le mal, Job et Jésus.

Job, vous venez de l’écouter : ce sont des paroles de désespoir et d’amertume. Il essaye de comprendre le sens de sa vie : « Celle-ci, dit-il, est une corvée », « l’homme n’est qu’un manœuvre, un esclave », « je ne gagne que du néant », « la nuit, je désire le jour ; le jour, je désire la nuit », « et cette chienne de vie court plus vite devant moi que la navette du tisserand ». Et puis, un jour, cette navette s’arrête brusquement : il n’y a plus de fil = souffle de vie, et le bonheur, alors ? C’est pour quand ?

Il y a certains moments de notre vie où nous pourrions en dire autant.

. Cri personnel : nous nous débattons dans les soucis de la famille, le chômage des uns, la méchanceté des autres, la maladie des enfants, les injustices de certains, le handicap d’un être cher, le double jeu des menteurs, l’égoïsme sacré des repliés sur soi.
. Cri collectif : « Mais, Seigneur, ces milliers de personnes qui meurent en Israël, en Irak, au Soudan ; ces bidonvilles d’Amérique Latine ; ces milliers de chômeurs écartés de la vie, de la société ; tous ces mal-aimés ; tous ces humiliés ».

. Cri de révolte contre l’homme et contre Dieu.

            C’est du chapitre 7 du « livre de Job » que cette lecture est extraite et ce n’est qu’en allant plus avant dans la souffrance et aussi dans sa réflexion que Job découvre Dieu présent dans sa vie.

Au chapitre 42 de ce même livre, enfin il s’écrie : « Jusqu’ici, je ne te connaissais que par « oui- dire », mais maintenant mes yeux t’ont vu ! ».

Il ne dit pas : « Tu m’as expliqué ce mystère ».

Il ne dit pas : « J’ai compris pourquoi j’ai souffert ».

Non, il dit seulement : « Mes yeux t’ont vu ». Dans sa souffrance, dans sa misère, au creux de l’épreuve, il a vu Dieu : il était , présent à côté de lui, en lui. Au lieu d’une explication, à la place d’une solution, il y avait quelqu’un à côté de lui, qui souffrait avec lui.

Job n’a pas de réponse : il a découvert Dieu au cœur du problème, au cœur de sa situation, le mal reste toujours le mal. 

Le mal, quoiqu’on ait pu dire, n’est jamais un bien et il n’y a pas, comme on l’a dit parfois, de « bonne souffrance » et le chrétien comme Job, a « le droit« , bien plus, « le devoir » de lutter de toutes ses forces, de combattre le mal sous toutes ses formes :

* mal physique de la maladie

* mal intellectuel de l’ignorance ou de l’erreur

* mal affectif de l’égoïsme ou de la méchanceté

* mal spirituel de l’athéisme, de l’indifférence et des fausses pistes spirituelles.

Tout cela, nous devons le combattre avec vigueur et sans ambigüité, d’abord en nous et puis autour de nous. Le mal sera toujours mal et parce que c’est mal, il faut le chasser, l’écraser : ce que parfois on a appelé « résignation » n’est qu’une abominable capitulation de l’homme qui baisse les bras au lieu de continuer à lutter.

 Job ne se résigne pas. Job n’admet pas. Mais au bout de ses réflexions et de ses raisonnements humains, il a vu « quelqu’un« , présent, en lui et à côté de lui, luttant avec lui comme un partenaire, comme un compagnon d’arme : « Mais, maintenant, mes yeux t’ont vu, aussi je retire mes paroles ». Dieu luttant à ses côtés, avec lui, Job ne parle plus, il va agir, lutter, sachant qu’il n’est plus seul pour le faire. Pour lui, le mal n’est plus un « Problème ». C’est « un ennemi » contre lequel il va falloir se coltiner, ayant à ses côtés, celui qui a vaincu le mal définitivement : Jésus-Christ.

Eh bien, puisque je l’ai nommé, passons de Job à Jésus et nous aurons trouvé, non pas une réponse, une solution intellectuelle mais le vainqueur du mal. Quand j’étais jeune, j’ai appris un jour qu’un avion avait « passé » « le mur du son », crevé « le mur du son » et qu’il évoluait désormais dans un silence total. Il passait d’un monde à un autre monde. Le Christ, lui, par sa mort et sa Résurrection, a crevé le « mur du mal » et à sa suite, par sa vie reçue au Baptême, par nos souffrances unies à sa Passion, par notre passage à la vie éternelle, nous crevons, nous aussi, ce « mur du mal » : passage qui s’effectue entre le « Vendredi Saint » de chacun d’entre nous et l’aube de notre « Pâques » qui veut dire « passage ». Tous, nous avons à effectuer ce « passage », crever ce mur du mal. Après toutes nos épreuves, après toutes nos souffrances, après notre Vendredi Saint, il y a « Pâques » qui se profile à l’horizon.

La lueur de l’aube nouvelle, la lumière au bout du tunnel. A la suite de Jésus-Christ, « premier né d’entre les morts », figure de proue de l’Humanité en marche, nous n’avons pas à disserter sur le problème du mal. Jésus-Christ n’a pas fait de conférences sur « le mal », il s’y est attaqué : « Satan, sors de cet homme ». Il guérit la belle-mère de Simon : il l’a fait lever.

 Nous tous, les accablés, les prostrés, les couchés, les résignés, Jésus-Christ nous fait lever : il veut que nous soyons des hommes « debout« . « Elle les servait » debout pour nous mettre au service des autres, luttant à notre tour, en compagnie du Christ contre ce mal omniprésent. « Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et ceux qui étaient possédés par un esprit mauvais : et il les guérissait et chassait beaucoup d’esprits mauvais ».

Jésus-Christ n’apporte pas de solution à la souffrance, Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas  venu l’expliquer, « Il est venu, nous dit Claudel, la remplir de sa présence, la prendre à bras le corps », et c’est le crucifix : ce crucifix auquel nous sommes tellement bien habitués que nous ne le regardons parfois même plus.

La souffrance pourtant, elle est là, désormais, clouée à la Croix par Dieu. Jésus-Christ l’a prise toute entière pour la tuer par sa propre mort. Lorsque Jésus fut descendu de cette croix, corps inerte, sans vie, on aurait pu croire que le mal était le vainqueur absolu et définitif : c’était compter sans Pâques, « le Mystère Pascal ». C’est la « lutte finale » où Dieu a fait mourir la mort, la souffrance, le mal. C’est par là qu’il nous faut passer à la suite du Christ.

Il y a des « Vendredi Saint » dans notre vie, mais surtout il y a « Pâques » : la victoire définitive sur le mal. AMEN




5ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 29-39) par D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur du Monde (Mc 1,29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

jésus guérit 4

            Cette page d’Evangile est un résumé de toute la mission de Jésus : sauver tous les hommes, s’ils acceptent bien sûr, en toute liberté, de se repentir et de se laisser sauver. Jésus vient d’enseigner dans la synagogue de Capharnaüm : « Le temps est accompli », toutes les prophéties de l’Ancien Testament s’accomplissent avec lui, « et le Royaume de Dieu est tout proche » : le « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) est là, invisible mais présent à la vie des hommes, en Seigneur Tout Puissant, et il se propose de régner en nos cœurs et en nos vies par le Don de son Esprit. Si nous consentons à cette Présence et à son action en nous, « la Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5) : elle règne ! Alors, « la paix du Christ règne dans vos cœurs » (Col 3,15) et sa Parole se réalise : « Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1). En effet, « c’est Lui qui est notre paix : en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,14-18) : l’Amour règne… « Tout est pardonné »… En effet, tous les hommes, « Juifs et grecs, tous sont soumis au péché… Le monde entier est coupable devant Dieu » (Rm 3,9-20) ? « Par le péché, la mort est entrée dans le monde et passé en tous les hommes, puisque tous ont péché » (Rm 5,12) ? « Vous qui étiez morts du fait de vos fautes, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes ! » (Col 2,13). « Le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) : la Vie règne ! Et « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), qui a tout créé par amour (Sg 11,24), veut que toutes ses créatures aient une vie réelle, solide, durable (Sg 1,14). En Jésus Christ, il est donc venu, dans la paix, déclarer la guerre à tout ce qui abîme, blesse, tue la vie, luttant par amour contre le mal, et cela pour le bien même de ceux qui le commettent ! « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ! » (1Tm 2,3-6). Tous, sans aucune exception, et il invite avec le plus de force les pires criminels à se repentir pour que ces derniers, ses enfants eux aussi, aient la vie (Jn 10,10). Et rien ne lui est impossible (Mt 19,26), car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Qui pourrait prétendre tarir l’infini de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu ?

            Voilà ce qui est dit en actes ici : guérison de la belle-mère de Simon Pierre, juive, puis guérison de tous les habitants de Capharnaüm qui venaient à Jésus, Juifs et païens, sans aucune distinction… Dieu appelle tout homme au salut…                 DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18, 15).

Commençons par définir ce qu’est un prophète

Un prophète est d’abord une personne homme ou femme, choisie par Dieu pour parler en son nom.

Ce ministère prophétique est nécessaire, et la première lecture (Dt 18) nous rappelle pourquoi. Avant l’entrée en Terre Promise, Moïse a fait un dernier discours au Peuple d’Israël, et lui a remis en mémoire l’origine de cette « médiation prophétique ». Sur le mont Horeb, lorsque Dieu s’était manifesté de manière spectaculaire et avait parlé lui-même au Peuple, celui-ci a pris peur et a dit à Moïse : « Parle nous toi-même et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous mourrions » (Ex 20, 19).

Deuxièmement, la mission du prophète est de comprendre la Parole de Dieu pour son temps, et de la transmettre fidèlement à ses contemporains, dans le but de les conduire à une conversion, à un changement de comportement quand cela est nécessaire.

En ce sens, nous pouvons dire que saint Paul était un prophète. Il a compris la Parole du Seigneur pour son temps et l’a transmise fidèlement à ses contemporains.

L’Apôtre a écrit le passage de la Première Lettre aux Corinthiens que nous avons  entendu en deuxième lecture vers 53 (1 Co 7, 32-35). À cette époque, les croyants pensaient que le retour glorieux du Christ était proche : « le temps se fait court » écrit saint Paul quelques versets avant notre passage (7, 29). C’est donc d’abord dans la perspective d’une fin des temps imminente que nous pouvons comprendre l’exhortation à rester célibataire. Évidemment, cela n’a plus vraiment de sens aujourd’hui.

Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que saint Paul n’a rien à nous dire ce matin. En conseillant le célibat, le but que poursuit l’Apôtre est « que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » (7, 35). Si le célibat n’est pas la meilleure option pour tout le monde, saint Paul nous invite à nous interroger personnellement : « Est-ce que ma relation amoureuse (ou mon célibat) renforce ou affaiblit mon attachement au Seigneur ? ».

Le texte d’évangile de ce dimanche se trouve au début de l’évangile selon saint Marc (Mc 1, 21-28). Son thème central est celui de l’identité de Jésus. La liturgie oriente notre lecture en nous indiquant que Jésus est le prophète qui a été annoncé par Moïse et le Seigneur.

Dans la première lecture, le Seigneur à dit : «  Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 18-19).

Il me semble que cette annonce se vérifie dans notre texte d’évangile.

Au v. 22 nous lisons « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

L’autorité de Jésus vient du fait que « Dieu le Père a mis dans sa bouche ses paroles » (Dt 18, 18). Nous savons que pour Dieu « dire c’est faire ». Un verset du Livre d’Isaïe l’exprime très bien : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 11).

C’est cette Parole performatrice, c’est-à-dire cette Parole qui accomplit ce qu’elle exprime, que Dieu le Père a mis en Jésus.

L’exorcisme qui est relaté est le signe confirmant l’autorité de Jésus et l’efficacité de sa parole : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » (Mc 1, 27).

L’exorcisme renvoie directement à l’enseignement de Jésus. Nous pourrions dire que l’exorcisme prouve la véracité de ce que dit Jésus.

Et que dit Jésus ? Quel était le contenu de sa prédication ?

Quelques versets avant l’évangile d’aujourd’hui nous lisons : « (Jésus) disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 15)

Le fait qu’un esprit impur soit contraint de sortir d’un homme qu’il tourmentait est la preuve que « le Règne de Dieu s’est approché ».

Maintenant que nous avons pris conscience de l’origine divine des Paroles de Jésus, considérons que Dieu s’adresse à chacun d’entre nous quand il nous donne cet avertissement dans la première lecture : « Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 19)

Une fois que la Parole est donnée, chacun est responsable devant Dieu de la façon dont il la reçoit, et de la façon dont il la met en pratique dans sa vie.

Le psaume que nous avons chanté tout à l’heure nous interroge : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa Parole ? » (Ps 95, 7)

Et moi, quelle est la place que je donne à la Parole de Dieu dans ma vie ? La messe dominicale, est-elle pour moi, un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur et d’écoute de sa Parole ?

Demandons au Seigneur la grâce d’être attentif à sa Parole. Nous savons que si nous écoutons vraiment sa Parole, « elle ne retournera pas à Dieu sans avoir accompli en nous ce qui lui plaît » (cf. Is 55, 11). Amen !




Enseignement de Carême 2024 par le père Jean François LACO à l’Eglise de Ste Suzanne

 

« Laisse partir mon peuple »

Les Dimanches
18 et 25 Février
3, 10 et 17 Mars
Exposition du St Sacrement
à 15h

Enseignements bibliques
par père J.F LACO
à 15h30

Prière commune
et
bénédiction du st Sacrement

 

Pour tous renseignements
Paroisse Ste Suzanne
2 Chemin des 3 Frères
97441 Sainte Suzanne
Tél. 0262. 29.04.09
Mail : père.lacojf97441@gmail.com

 

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – par Francis COUSIN

« Les premiers disciples. »

Tout va très vite dans l’évangile de Marc, accentué par l’utilisation fréquente de l’adverbe aussitôt.

Jésus vient d’appeler ses quatre premiers disciples : deux pécheurs à l’épervier et deux pécheurs en barques, à la traîne, sans doute pour montrer qu’il s’adresse à tous, quel que soit leur rang social, la pêche à l’épervier étant accessible à tous (il suffit d’un filet), tandis quel la pêche en barque nécessite plus d’investissements.

Ils arrivent à Capharnaüm, le village de Simon et André, et le premier jour de sabbat qui suit, « Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. ».

On ne parle plus des quatre premiers disciples … mais on les retrouvera juste après ce passage pour la guérison de la belle-mère de Simon. Sans doute parce que l’attention doit être portée sur Jésus seul.

Jésus enseigne …

Qu’a-t-il dit ? On ne le sait pas …

Ce qu’on sait, ce sont les réactions de ceux qui l’ont écouté : « Il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. ».

Pourtant les scribes avaient une autorité reconnue pour parler, ils avaient étudié les écritures …

D’où venait donc l’autorité avec laquelle Jésus parlait ?

On peut peut-être trouver la réponse dans l’intervention de l’homme « tourmenté par un esprit impur », quand il dit de Jésus qu’il est « le saint de Dieu », expression peu utilisée dans la bible et donc le sens est variable, sinon qu’il est reconnu par Dieu comme un homme pieux. La seule chose que l’on puisse est que son enseignement est en relation avec Dieu, que son autorité vient de Dieu.

Cet homme tourmenté par un esprit impur s’était mis à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ».

Les esprits impurs sont des opposants à Dieu. Ils connaissent des choses que les autres hommes ne savent pas.

L’homme appelle Jésus par son nom et sa ville d’origine, alors qu’il vient juste d’arriver à Capharnaüm. C’est la vérité.

« Es-tu venu pour nous perdre ? ». C’est une question dont il ne donne pas la réponse, mais ce faisant, il jette le doute sur les intentions de Jésus pour tous les auditeurs. Alors qu’il sait que les intentions de Jésus sont totalement différentes : il est venu pour sauver les humains et leur donner la vie éternelle. Son discours est fallacieux.

Avec le démon, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le faire taire, l’envoyer bouler.

Ce que fait Jésus : « Tais-toi ! Sors de cet homme. ».

Devant la puissance de Jésus, le démon ne peut pas tenir : « L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. ».

Voyant cela, tout le monde est stupéfié, et la réaction est unanime : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». On ne parle plus de l’enseignement de Jésus, comparé à celui des scribes, mais d’un enseignement nouveau, toujours donné avec autorité, non pas en paroles, mais en action : « Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. ».

« Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. »

Seigneur Jésus,

tu es venu pour nous sauver,

mais l’esprit impur veut mettre

 le doute en nous,

nous faire croire l’inverse.

Garde-nous de nous laisser

prendre au piège du démon,

nous t’en prions.

 

Francis Cousin

 

 

 

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4ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus parle avec autorité

 Mc 1, 21-28

Dans cet Evangile, frères et sœurs, voici donc Jésus face à face avec le mal, c’est l’affrontement. Mais le Christ est le plus fort : le démon est vaincu, il sort du cœur de l’homme. C’est un combat que Jésus engage pour une libération totale de l’homme.

Eh bien, puisque Jésus a vaincu le mal, sommes-nous encore concernés ? Oui, parce que cet esprit du mal, il est toujours présent au cœur de l’homme, et Jésus, et nous aussi, nous avons toujours à lutter contre lui. C’est ce que nous allons essayer de comprendre.

Vous avez certainement déjà entendu cette question :

« Pourquoi Dieu permet-il le mal ? » Qui n’a jamais entendu cette réflexion : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas de mal ? »

Essayons de réfléchir : si Dieu nous aime vraiment, il nous respecte et s’il nous respecte, il va nous laisser libres c’est-à-dire capables de « choisir » ; la grandeur, la dignité de l’homme, c’est son pouvoir de construire, de lutter, de décider, de maîtriser la nature par la science, la technique, un travail qui va le mettre au service de ses frères.

Si Dieu, sous prétexte de bonté, intervenait sans cesse nous disant d’une certaine façon : « Pousse- toi de là, marmaille, tu ne sauras pas élever l’homme, bâtir le monde. Assieds-toi, je vais m’en occuper ». Dieu serait « paternaliste » et non pas « Père« . Un enfant qui a des parents qui font tout à sa place, sous prétexte qu’il n’est pas capable de le faire, est un enfant qui, devenu adulte, sera nul : ses parents ont tout fait à sa place.

Si sous prétexte de faire notre bonheur, on fait tout à notre place, nous devenons des incapables parce que nous n’avons jamais vraiment exercé notre responsabilité personnelle.

Si Dieu concentre tous les pouvoirs entre ses mains, nous ne sommes que des marionnettes, des robots, des esclaves et Dieu devient un dictateur.

– A un alpiniste qui veut gravir une montagne et aller, avec des fatigues et des souffrances, jusqu’au sommet, Dieu ne va pas lui envoyer un hélicoptère pour le déposer sur le sommet qu’il voulait vaincre.

– Dieu ne fournira pas aux patrons, aux ouvriers, des usines clefs en mains fonctionnant sans efforts, avec, en prime, la garantie absolue que tous les problèmes sociaux seront réglés.

– A l’amoureux, il ne donnera pas une belle qui ne pourrait que dire : « Je ne peux pas faire autrement que de t’aimer et te rester fidèle ».

– Aux parents, il ne donnera pas des enfants « bien élevés », sans aucun problème.

Sinon, il n’y aurait plus d’homme et plus de « Dieu-Amour ». Quand nous disons « Je crois en Dieu tout puissant », nous ne croyons pas qu’il est un « tout-puissant » dominateur, un « Napoléon » céleste, mais le « tout-puissant de l’amour » risquant tout par respect pour l’homme.

Le MAL et la souffrance dans le monde sont le prix de la LIBERTÉ et donc de la dignité de l’homme car l’homme n’est pas une BÊTE. Dieu l’a voulu responsable puisque créé par amour et pour l’AMOUR. Ainsi, l’homme est libre. Il le sait. C’est sa grandeur, mais c’est aussi son drame : créé à l’image de Dieu, il voulait être Dieu. Mais il est limité comme la main qui ne peut agir que si elle est reliée au poignet, au coude, à l’épaule, au cœur, au cerveau.

Alors nous voudrions tout pouvoir et tout avoir, comme un petit Dieu qui possède tout pour lui : sa maison, sa voiture, sa télé mais aussi posséder les autres : ma femme, mon mari, mes enfants, mes amis.

 Alors, nous proclamons : « Je ne demande rien aux autres. Je me suffis à moi-même ! » « Allons donc », « Ça me suffit » « Cher petit Dieu » Est-ce toi qui t’es donné la vie ? Est-ce toi qui as construit la maison que tu habites ? Le poste de télé que tu regardes ? Est-ce toi qui as élevé le bœuf dont tu vas manger le carri à midi et écrit les livres dans lesquels tu as étudié ? Tu n’es souvent qu’un parasite qui vit sur le dos des autres. Tu t’enfermes sur tes biens ! ENFERMÉ→ENFER… Ça ne te dit rien ?… Malheureux ! Tu crois posséder tes biens, en fait tu es possédé par eux ! La voilà, la véritable possession ! Tu es ligoté, tu t’es fait posséder !… tout comme Adam et Eve : « Mangez du fruit défendu et vous serez comme des dieux ».

Alors, mes amis, qui va chasser de notre cœur cet esprit du mal ? Qui va nous sauver ? Qui nous libérera ? Ce ne sont pas les guérisseurs et les voyantes : ils se trompent d’adresse en désignant ceux qui nous font du mal. Ce ne sont pas non plus nos seuls efforts, ni nos seules luttes, si justifiées soient-elles. Nous ne sommes pas assez forts contre le mal et nous avons du mal à l’admettre. Nous essayons et nous échouons ! Pourquoi ? Parce que notre cœur n’est pas changé !

Jésus et Jésus seul est assez fort pour transformer notre cœur de pierre en cœur de chair. Jésus seul est le vrai libérateur, le seul qui peut nous rendre la liberté, en nous délivrant de l’Esprit mauvais qui trop souvent nous « possède », nous rend « captif ». Mais jamais Jésus ne nous délivrera pas de force. Il chemine dans nos vies, il continue à interpeler avec autorité.

 

C’est son Esprit qui murmure au creux de notre conscience : « Tu ne vas pas faire cela » ; « Tu ne vas pas continuer à vivre ainsi ».

C’est son Esprit qui, par l’Eglise, nous invite à rejoindre ceux qui luttent et qui travaillent concrètement à bâtir un monde de communion, comme le possédé de la synagogue, un jour ou l’autre, nous reconnaissons Jésus et l’Esprit mauvais en nous se débat :

« Que me veux-tu Jésus de Nazareth ? », « Je sais fort bien qui tu es », « Ce n’est pas possible de vivre comme tu me le demandes : c’est trop dur, trop exigeant…et ma tranquillité ? Et mes petites satisfactions ? Et mes biens ? Si je te donne un peu, tu demandes davantage et si je donne davantage, tu réclames tout ! », « Cesse de me tourmenter ! »

C’est la lutte en nous, le combat spirituel et autour de nous l’Esprit du mal et l’Esprit du Christ : combat mille fois renouvelé dans nos vies partagées.

Frères et sœurs, il n’y a pour nous qu’une seule issue : accueillir la Parole et nous ouvrir à l’Esprit d’amour. Alors, nous aussi, comme le possédé de l’Evangile, nous pousserons un grand cri : le cri de la liberté retrouvée ! AMEN




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Jacques FOURNIER

« Jamais homme n’a parlé comme cela »

(Mc 1,21-28)…

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

4DAB2

Jésus surprend ici son auditoire car « il enseigne en homme qui a autorité ». Contrairement aux scribes qui ne cessaient de se référer à tel ou tel Maître célèbre, son discours n’est pas le fruit d’une sagesse tout humaine ; il ne cherche pas à briller d’une manière ou d’une autre. Son seul souci est de « rendre témoignage à la vérité ». Et cette vérité n’est pas avant tout d’ordre intellectuel : elle est Mystère d’une vie vécue en communion avec le Père, une vie qu’il reçoit du Père de toute éternité par le Don de l’Esprit de Lumière et de Vie, que le Père ne cesse de lui offrir par Amour, et rien que par Amour. Et c’est ainsi qu’il l’engendre en « Dieu né de Dieu »…

Ainsi, avant de dire quoi que ce soit, Jésus vit cette relation avec son Père, et sa Parole n’est que le témoignage de ce qu’il vit : « De même que le Père qui est vivant a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57)… Il aurait pu dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Père qui vit en moi », comme le dira plus tard St Paul, par le « Oui ! » de sa foi au Christ Jésus, devenu « Esprit vivifiant » par sa Résurrection : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (1Co 15,45 ; Ga 2,20).

Sa Parole a donc force de témoignage : si Jésus dit ce qu’il vit, et grâce à qui il le vit, rien ni personne ne pourra lui faire dire le contraire… « Je dis la vérité », affirme-t-il par deux fois en St Jean (Jn 8,45-46). De plus, sa Parole ne vient pas de lui : « Je dis au monde ce que j’ai entendu de lui… Ainsi donc, ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis ». L’autorité de Jésus s’enracine donc dans l’autorité du Père Lui-même…

Et que ne cesse de lui dire le Père ? « Tu es mon Fils bien-aimé » (Mt 3,17 ; 17,5), et en lui disant cela, il ne cesse de se donner tout entier à lui, l’engendrant ainsi en Fils « de même nature que le Père ». « Père », dira Jésus juste avant sa Passion en pensant à ses disciples : « Tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,24) ! Telle est toute la Bonne Nouvelle, la seule Parole d’Amour et de Vie que le Fils reçoit du Père de toute éternité, et qu’il est venu nous transmettre, au Nom de son Père… Si nous acceptons de l’accueillir par le « Oui ! » de notre foi, nous vivrons alors nous aussi de cette Vie qu’il reçoit du Père, et ce « trésor » (2Co 4,7) sera, dès ici-bas, dans l’aujourd’hui de notre foi, la Vie de notre vie, cette seule vraie Joie que rien ni personne ne pourra nous enlever…                              DJF