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Rencontre autour de l’Évangile – 15ième Dimanche du Temps Ordinaire

 » Jésus appelle

les Douze et les envoie deux par deux « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mc 6, 7-13)

Après avoir été mal accueilli dans sa patrie, Nazareth, Jésus est allé dans les villages voisins pour sa mission, et pour la première fois il va associer le groupe des Douze à sa mission.

Le sens des mots

Jésus appelle : Ce verbe « appelle » est particulièrement important dans la foi des chrétiens : Pourquoi ?

Les Douze ? Qui étaient ces Douze ? Pourquoi Jésus les avait-il choisis ? Quelle était leur place parmi les disciples ?

Il les envoie : Quelle est l’importance de ce mot pour l’Église, pour nos communautés de chrétiens, pour chacun de nous ?  A quel sacrement il nous fait penser ? 

Deux par deux : Pourquoi Jésus organise ainsi la mission : Que veut-il nous faire comprendre ? 

Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais : Que signifiait l’expulsion des démons par Jésus ?

Ne rien emporter pour la route : Que signifie cette consigne donnée par Jésus à ceux qu’il envoie ?

« Un bâton…des sandales » : Que signifient ces objets que les missionnaires peuvent prendre avec eux ?

Hospitalité – accueillir- écouter : En quoi ces mots nous indiquent la condition dans laquelle les apôtres doivent exercer leur mission ?

« En secouant la poussière de vos pieds » : Quel peut-être le sens de ce geste ?

Se convertir : Que signifie « se convertir » dans la prédication de Jésus et des apôtres ?

Chassaient beaucoup de démons : Que signifie pour l’Église, pour nous aujourd’hui,  cette action de chasser les démons ?

Faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades : Ce geste est-il encore pratiqué aujourd’hui dans l’Église ?

Pour l’animateur

Jésus appelle : Notre Dieu, le Dieu des chrétiens, est un Dieu qui appelle. Dieu appelle l’homme à vivre en amitié et dans le bonheur avec lui (Genèse), il appelle Abraham, Moïse, les prophètes… Jésus appelle « viens, suis-moi ». Parmi les disciples, Jésus appelle un groupe  « pour  être avec lui » : c’est le groupe des « Douze », qui rappelle les douze tribus d’Israël, sur lequel Jésus va fonder le peuple de la nouvelle alliance. Il passera du temps à former ce groupe d’intimes.

Jésus les envoie : Quand Jésus appelle c’est pour envoyer.  Jésus initie ses compagnons à la mission.

Il les envoie deux par deux : le témoignage de deux personnes était important pour être entendu dans un procès. De plus, Jésus indique que la mission n’est pas une affaire individuelle, mais une démarche communautaire, une action d’équipe.

Il partage avec eux son pouvoir sur les esprits mauvais. L’expulsion des démons était signe de la venue du Royaume.

Ne rien emporter pour la route : Il leur donne des consignes de dépouillement, de pauvreté ; pour leur subsistance, les apôtres sont dépendants de l’accueil qui leur est fait.

Hospitalité-accueillir-écouter : La mission ne consiste pas à imposer, mais à annoncer. La réussite dépend  également de l’accueil qui est fait à la Bonne Nouvelle.

Le bâton et les sandales : Ce qu’il faut pour aller sur les routes. Les missionnaires sont itinérants.

Secouer la poussière des pieds, était un geste symbolique fort qui marquait la rupture avec l’endroit qui avait refusé d’accueillir les apôtres.

Se convertir : L’appel à la conversion faisait partie de la prédication de Jésus  « Le Royaume de Dieu s’est approché. Convertissez-vous ». Se convertir, signifie se détourner d’un genre de vie pour donner à sa vie une orientation nouvelle en accueillant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu qui est là avec Jésus son Envoyé.

Ils chassaient beaucoup de démons : selon la croyance populaire du temps de Jésus, toutes les manifestations du mal (maladies physiques et mentales) étaient attribuées à la présence du démon. Lutter contre ces manifestations prenait souvent la forme d’un exorcisme.

Tous les combats que l’Église engage aujourd’hui pour libérer l’homme de l’esclavage du mal sous toutes ses formes font partie de la Mission et toutes les victoires sont des signes du Royaume. Il ne s’agit pas de voir le démon partout et de multiplier les exorcismes, mais plutôt d’accueillir ceux qui sont encore sous l’emprise de la peur et des chaînes du mal et de leur faire connaître Celui qui nous apporte la réconciliation avec Dieu, la vraie liberté, la paix du cœur.

L’onction de l’huile a un effet bénéfique lorsqu’elle pénètre le corps humain. Dès le début de l’Église, l’Onction des Malades a été pratiquée dans les communautés chrétiennes pour la guérison  corporelle et spirituelle. C’est le sacrement des malades.

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu comptes sur nous depuis que tu nous as envoyés en mission, pour porter la Bonne Nouvelle de l’Amour du Père, là où nous vivons. Pardon de ne pas être fidèles ; de ne pas être à la hauteur de la confiance que tu nous fais. Fais de nous des apôtres pour notre temps, nourris de ta Parole, forts contre le mal, artisans d’un monde plus juste et plus fraternel.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Depuis notre confirmation, nous sommes des envoyés en mission : Comment sommes-nous témoins du Christ et du Royaume de Dieu dans notre vie de tous les jours ? 

Ce que Jésus veut, ce sont des apôtres disponibles, pas encombrés. Qu’est-ce qui est possible de faire avec nos petits moyens là où nous vivons ? Croyons-nous suffisamment à la force de l’Esprit Saint qui agit en nous et par nous ? 

L’Envoyé de Jésus doit instaurer un monde plus juste, plus humain, plus fraternel : Est-ce que nous prenons notre part dans l’annonce de la Parole  (catéchèse, préparation au baptême, au mariage, témoignage), dans le combat contre les forces du mal (les  divisions, les mensonges, les injustices, les méchancetés…) 

Quel accueil réservons-nous à la Parole de Dieu quand elle appelle à la conversion ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Tous :  Tu nous appelles à t’aimer

            Ou

            Sur les routes des hommes (carnet paroissial p. 313)

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 15ième Dimanche Temps Ordinaire B

 

 

 

 




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 7-13)

 » L’envoi en mission… »

(Mc 6, 7-13)

 

          En ce temps-là,  Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,  et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.  « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »   Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

                     

      Parmi ses disciples, Jésus en avait choisi Douze « pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3,13-19). Aujourd’hui, les Evêques sont leurs successeurs. Leur mission première, avec toute l’Eglise locale dont ils ont la charge, est donc de « prêcher » à la suite du Christ : « Le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15). Et c’est bien ce qu’ils font ici : « Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons »…

Les Douze ont ainsi commencé par rencontrer le Christ « Lumière du monde » (Jn 8,12), et dans la Lumière de son Amour, ils ont pris conscience de leur besoin d’être sauvés : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur », lui dit un jour Simon-Pierre. Et c’est justement à ce moment-là que le Christ le confirma dans sa vocation : « Tu seras pêcheur d’hommes » (Lc 5,1-11).

Attirés, enveloppés et soutenus par la Tendresse et la Miséricorde du Père, les Douze ont consenti à faire la vérité dans leur vie. Ils ont alors reçu le pardon de toutes leurs fautes et la force de se détourner petit à petit du mal pour trouver, avec le Christ, la Plénitude de cette Vie éternelle que le Père veut offrir à tous les hommes, ses enfants. Ce qu’ils ont vécu avec le Christ, voilà donc ce qu’ils doivent annoncer au monde entier en « témoins ». C’est pour cela que le Christ « les envoie deux par deux » car en ce temps-là, « toute affaire devait être instruite sur la base de deux ou trois témoins ». L’annonce de l’Evangile est une aventure vécue en équipe : « Pierre et Jean », « Paul et Barnabé », « Jude et Silas »…

De plus, en cet apprentissage de leur mission future, Jésus veut qu’ils fassent l’expérience de la Providence du Père. Aussi les envoie-t-il sans « pain, ni sac, ni pièces de monnaie ». Et à leur retour, ils constateront par eux-mêmes qu’ils n’ont jamais manqué de rien (Lc 22,35)… Dieu était là et il veillait sur eux… Plus tard, ils partiront sur les routes du monde avec ce qu’ils auront, mais si un jour ils venaient à manquer du nécessaire, ils n’oublieront jamais que le Père est là et s’occupe très concrètement d’eux jusques dans les moindres détails de leur vie. DJF




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi en mission

Mc 6, 7-13

Vous vous rappelez, frères et sœurs, que dès le début de l’Evangile, Jésus choisit des collaborateurs : il complète son groupe peu à peu, jusqu’à douze, chiffre symbolique indiquant qu’il a l’intention de fonder un nouveau peuple d’Israël à partir de douze tribus et nous voyons ces douze hommes accompagner partout Jésus, se tenant toujours à ses côtés. Mais, s’ils sont là, ce n’est que pour se former pour être envoyés ensuite à leur tour. Jésus va peu à peu leur confier sa propre mission ; eux aussi, ils sont chargés de prêcher : c’est le temps de l’Eglise qui commence. Dieu ne veut pas tout faire : il attend de nous, notre rôle à jouer. Il nous confie ses responsabilités. Très souvent, nous nous faisons du chrétien une image d’un homme fidèle, à côté du Christ, qui l’écoute et essaie de mettre en pratique personnellement son enseignement : ce n’est qu’un seul aspect du chrétien.

Le chrétien, c’est aussi et surtout, celui qui est envoyé par Jésus auprès des autres, pour leur dire à son tour, le message de Jésus qu’il a reçu lui-même : il est le relai, le diffuseur du message de Jésus.

Le chrétien est celui qui est chargé par Jésus de prêcher, d’annoncer la Bonne Nouvelle. Je ne suis pas seulement un chrétien à usage interne c’est-à-dire pour ma sanctification personnelle, mais un chrétien à usage externe, envoyé par le Christ aux autres, pour leur dire à mon tour et leur faire voir, moi aussi, comme témoin, ce que doit savoir, ce que doit faire un chrétien. « Il les envoie » pendant les cinq premiers chapitres de l’Evangile. Marc nous fait voir les disciples formant un groupe uni et soudé, les uns à côté des autres, autour de Jésus.

Dans cet Evangile, c’est le contraire : le Christ les envoie deux par deux, six petits groupes, en mission.

 

 

Ce mouvement d’apostolat et de retour auprès de Jésus puis de départ auprès des autres, c’est le mouvement même du cœur. Votre médecin dirait la « diastole » et la « systole » : le sang se rassemble vers le cœur puis il est propulsé dans les différentes parties du corps pour l’irriguer. Dans notre vie spirituelle, on assiste à ce double mouvement : on se rassemble près de Jésus le dimanche, puis on se disperse dans la vie quotidienne pour y être des témoins de Jésus.

La même chose en nous : des moments de prière, de grande intimité avec Jésus dans le silence, le recueillement, puis le départ vers les autres, le témoignage à leur donner, la vie de Jésus à porter, à colporter, à diffuser autour de nous.

Une vie spirituelle ne sera jamais complète et normale si je me contente :

. ou bien de rester auprès de Jésus, sans aller annoncer sa Parole et diffuser son message ;

. ou bien d’être l’émissaire de Jésus pour les autres sans avoir expérimenté auprès de lui, cette présence silencieuse et attentive qui me permet de dire aux autres ce que j’ai appris de lui.

Que diriez-vous d’une batterie électrique que l’on solliciterait toujours sans jamais la recharger ? Elle serait vite à plat. Mais que diriez-vous aussi d’une batterie chargée dont on ne se servirait jamais ! Dans les 2 cas : elle devient inutile.

A tous les chrétiens qui crient : « Vie intérieure », il faut dire : attention, il y a aussi la mission ! Le message à faire connaitre. A tous  les chrétiens qui disent « la mission, l’apostolat », il faut leur rappeler que ce n’est possible qu’en demeurant au préalable auprès de Jésus, pour nous imprégner de sa Parole et de son Esprit.

« Il les envoie  » deux par deux » » : il faut être deux pour que le témoignage soit valable. Dans la justice des hommes aussi : un seul peut se tromper. Deux témoins, c’est plus convaincant. Dans le Livre des Proverbes, il est dit :

« Deux hommes valent mieux qu’un ; en effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre », « Malheur à celui qui est seul, il est peu crédible ».

La première règle de l’apostolat, c’est de faire équipe. Déjà, la vie fraternelle est une prédication vivante : avant même de dire un mot. Rappelez-vous le « Voyez comme ils s’aiment » des premiers Romains voyant vivre les premiers chrétiens. Notre apostolat est en priorité « communautaire ».

Malgré la tentation chez certains de travailler tout seul dans leur coin, volontiers individualistes, nous avons plus confiance en ce que nous faisons nous, tout seuls, « plutôt que de perdre du temps », pense-t-on à le faire avec plusieurs, et puis nous n’aimons pas beaucoup le contrôle de nos frères sur notre conduite… et pourtant ?

La mission n’est pas une œuvre individuelle relevant d’une initiative privée : elle a son origine dans le désir de Jésus, elle est affaire d’équipes, elle est action communautaire. Cela permet de s’épauler l’un l’autre, de se contrôler mutuellement dans le témoignage porté.

            Les voilà donc partis, deux par deux : six groupes. Quelles recommandations Jésus leur donne-t-il ? On ne voit pas Jésus leur donner des recommandations sur le contenu doctrinal, sur « ce qu’il faut dire« , ce qu’il faut prêcher…

Non, il s’occupe d’abord de leur équipement. Le témoignage de vie est en effet plus important que ce qu’ils vont dire, le témoignage de la Parole.

– 1er conseil : la pauvreté. Les disciples doivent se présenter démunis de tout prestige humain : pas d’équipement ni d’équipages, pas de logistique encombrante. Ils n’ont comme appui que leur foi en celui qui les envoie. St-Paul, plus tard, lui aussi, pauvre et vivant au jour le jour, disait : « Nous sommes comme des vases bien fragiles, mais porteurs d’un trésor inestimable : le « message de Dieu ». Aussi, je suis venu sans éloquence, sans philosophie, mais faible, craintif, sans poudre aux yeux, notre seule puissance étant celle de Dieu ».

 – Attention à l’Eglise triomphaliste qui s’appuierait sur ses monuments, sur sa culture, ses traditions, ses influences, ses relations au dépend de ce qui fait sa seule vraie richesse : le message dont elle est porteuse, la présence de Jésus avec elle, est sa seule vraie richesse. Tout le reste n’est que quincaillerie, accessoires. Attention aux chrétiens trop soucieux d’un équipement évangélique, structures lourdes et matérielles pour évangéliser.

– Le Christ préfère des troupes légères, sans bagages encombrants, toujours prêtes à partir ailleurs. St-François Xavier, nous dit-on, est parti du Portugal, en mission, sans aucun bagage, ni coffre, ni malle, seulement son crucifix et son Evangile. S’il avait eu beaucoup de cantines et valises, il serait sans doute resté à Goa au lieu d’aller plus loin, aux Philippines, au Japon et jusque devant la Chine. Ce n’est pas parce qu’une paroisse est suréquipée de moyens audio-visuels, d’informatique et de duplicateurs qu’elle sera plus apostolique.

Frères et sœurs, en plus de cette homélie, résumons-nous : nous avons vu que le Seigneur nous veut à certains moments près de lui, mais qu’il nous envoie près des autres, aller près des autres et revenir vers lui : double mouvement d’écoute de la Parole et de diffusion de cette Parole.

Etre auprès de Jésus n’a jamais été un refuge. C’est plutôt une « station-service » pour repartir en mission auprès des autres. Cette mission est communautaire : jamais un apôtre vrai n’est seul. Il vit avec d’autres.

Enfin, cette mission ne s’appuie pas sur des moyens humains seulement, mais sur sa foi au Seigneur qui nous dit comme à Paul : « Ma grâce te suffit ».  AMEN




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

LECTURES : Ez 2, 2-5 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6

Frères et sœurs, les lectures de ce 14ème dimanche nous donnent clairement de méditer sur la vocation spécifique et difficile du prophète.

Trois figures bibliques

Dans la Bible, le prophète est choisi par Dieu, il est le porte-parole de Dieu. Cependant, les prophètes sont souvent méprisés, mal accueillis et non-écoutés. Les trois lectures présentent trois grands prophètes qui l’illustrent bien. Les trois vont se butter à l’endurcissement des cœurs…

  • Ézéchiel : Dieu lui annonce d’emblée la difficile mission qui lui est confiée : « Je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. »

  • Paul fait écho aux multiples difficultés rencontrées dans son ministère d’apôtre : « les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. »

Paul admettra aussi ses faiblesses, cette « écharde » dans sa « chair » contre laquelle il doit lutter. Nous ignorons quelle est la véritable nature de cette écharde, Paul évoque « un envoyé de Satan » ; entendons par-là un combat à mener.

  • Jésus, à Nazareth, ne peut opérer aucun miracle. Nazareth étant « son lieu d’origine », il y aurait dû avoir un succès mais en vain. Jésus s’étonne de ce manque de foi : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

Face à ce constat, on pourrait se demander comment ont pu tenir ces prophètes ? Les lectures nous donnent des précisions :

  • Ézéchiel est porté par la force de Dieu. Il annoncera la Parole de Dieu envers et contre tous : « ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu…’ Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ! – ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

Ézéchiel nous apprend une chose : peu importe le résultat, que la Parole de Dieu soit accueillie ou non, ce qui compte c’est qu’elle soit annoncée !

 

  • Paul est l’exemple concret de celui, qui au cœur de sa faiblesse, a su se remettre complètement à Dieu. Il reconnaît humblement sa faiblesse et va s’ouvrir à la grâce de Dieu, selon sa Parole : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Paul met totalement sa confiance en Dieu !

Au cœur de sa faiblesse, la force de Dieu va prendre le relais et lui permettre de tenir debout pour annoncer l’Évangile du Christ : « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

  • Jésus est porté par le feu de la Bonne-Nouvelle du Royaume de Dieu. Il ne va pas se décourager. Puisqu’à Nazareth la foi n’est pas au rendez-vous, il va aller aux villages d’alentours qui seront plus réceptifs à son enseignement.

Rien n’empêchera la Parole de Dieu de se répandre !

 Que retenir pour nous aujourd’hui ?

Le Baptême fait de nous un peuple de prophètes. La Confirmation fait de nous des témoins du Christ, en paroles et en actes… Certes, il est difficile en 2021 d’être prophète ! Le contexte socio-culturel est marqué par une baisse de la pratique religieuse. Certaines personnes qui se disent même sans croyance…

Le contexte sanitaire encore tendu ne nous porte pas toujours. Il y a aussi la reconnaissance de nos propres faiblesses qui sert souvent d’échappatoire pour ne pas s’engager au service de la communauté : « Mi gain pas faire ça moin ! » Le découragement pourrait nous guetter…

Les prophètes nous invitent à adopter des attitudes :

  • Miser une plus grande confiance en Dieu. Il a promis sa présence et son assistance. Osons plus de foi en sa parole : « Ma grâce te suffit ! »

  • Comme Paul, reconnaître humblement nos faiblesses pour mieux nous ouvrir à la grâce de Dieu. Si cela a fonctionné pour Paul, pourquoi pas pour nous ? Mais à condition d’être patient et de renoncer à ce « Tout, tout de suite ! » Au cœur de nos faiblesses, Dieu peut nous apporter sa force pour rebondir, à condition encore de l’invoquer avec confiance.

  • Consentir que notre mission ne consiste pas à faire croire mais à annoncer le Christ sauveur. Ne cherchons pas de résultats, cela ne nous appartient pas.

  • Être enfin des passionnés de la Parole de Dieu qui doit être annoncée malgré les rejets que nous pouvons subir !

Que le Seigneur nous donne de mieux méditer sur ces attitudes. C’est ce que nous demandons au cours de cette Eucharistie.

Osons mieux vivre durant ces vacances notre vocation de prophète, de disciple-missionnaire à l’appel du pape François. Confions au Seigneur nos faiblesses, que sa grâce nous soutienne et nous relève : « Ma grâce te suffit ! » Amen.




Un mot, une réflexion : JUSTICE (Joëlle et Roger GAUD)

JUSTICE

– Je crois bien que la justice de l’homme et la justice de Dieu n’ont rien à voir.

– Oui, la justice de Dieu consiste en son amour : C’est Lui qui nous a aimés le premier et Il a envoyé son Fils qui est venu nous apporter la vie et nous délivrer du péché. La justice de Dieu, c’est le brigand sur la croix qui va entrer au Paradis. La justice de Dieu, c’est la femme adultère pardonnée.

– « Que celui qui est sans péché lui jette le premier la pierre. » Il faut être sans faute pour juger et condamner. Pas de jugement, pas de condamnation. Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus.

 

 

 

–  Oui, la miséricorde de Dieu est sans limite et on ne peut pas confondre le pécheur avec son péché. Mais nous ne sommes justifiés que si nous prenons conscience de notre péché.

 – Veux-tu relire avec moi un passage du livre de Michèle Longis, « Parole en Paraboles », à propos de la femme adultère? Je te donne le rôle d’ Éléazar, un habitant de Jérusalem, au temps de Jésus, qui raconte ce qui lui est arrivé. Ce jour là, comme tous les jours à la même heure, Éléazar dévale les rues de Jérusalem. Il va retrouver Rachel, sa fiancée, à la fontaine. Et voilà qu’il est bousculé par une troupe qui monte en vociférant vers le Temple, qui pousse, qui tire, qui porte presque une femme échevelée, livide. Éléazar arrête un homme de ce groupe.

– « Que se passe-t-il ? » demande-t-il à l’homme.

– L’ homme lui désigne la femme :  « Elle a été prise en flagrant délit d’adultère ; nous montons au Temple interroger Jésus : faut-il ou non la lapider ? »

– La lapider, mais il y a longtemps qu’on ne lapide plus chez nous, ces coutumes barbares ont disparu.

– Peut-être, mais c’est toujours écrit dans la Loi ; on va voir ce qu’il en pense, le prophète de Galilée.

– Et toi ? Qu’en penses-tu ?

– Moi, je suis marié et je n’aimerais pas que ce soit ma femme qui… tu es trop jeune pour comprendre, mais voir la femme qu’on aime entre les bras d’un autre donne des envies de meurtre.

 – Il ne croyait pas si bien dire : je venais de m’imaginer Rachel, mon amour, à la place de cette femme et mon sang s’était figé, mes poings serrés, oui, serrés sur une pierre que j’avais ramassée, machinalement. Je me suis retrouvé au milieu de la foule, criant avec les autres, montant vers le Temple, vers ce Jésus dont on parlait beaucoup en ce moment à Jérusalem.  Qu’allait-il dire ?

–  Rien. Il ne dit absolument rien, il semblait ne pas entendre, penché vers le sol, dessinant du doigt sur le sable. Puis il se redressa, il regarda chacun l’un après l’autre, les yeux pleins de tristesse : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui lance la première pierre » dit-il. Puis il se remit à écrire sur le sol. Un long silence suivit.

– Sans péché ? Moi, j’étais sans péché. Depuis ma plus tendre enfance, je m’étais toujours conformé aux commandements et je les avais fait respecter autour de moi, parfois même avec  mes poings.

      Fidèle observant de la Loi, moi qui m’étais gardé pur et qui n’avais encore jamais connu de femme, je pouvais donner le signal, comme il l’avait dit.

     Je levai la main… et je la laissai retomber, stupéfait : tout le monde était parti, il n’y avait plus que la femme, Jésus et moi. Moi, le plus jeune, le « sans péché », le juste.

     Mais pourquoi le regard de Jésus a-t-il été si triste en croisant le mien ? Aurais-je, moi aussi, quelque chose à me reprocher?

     J’ai, il est vrai, sali Rachel en l’imaginant dans les bras d’un autre. De nous deux, le coupable, ce n’est pas elle. Ou, peut-être, Jésus n’approuve-t-il pas ma violence, même au service de la Loi ? Mon besoin d’avoir raison ? Cet orgueil de me considérer comme juste ?

       Avec cette autre vision de moi-même qui se fait jour à cet instant, ne serait-ce pas la première fois que je vois juste ?

       La pierre glisse de mes doigts, elle tombe à mes pieds. Je tends vers Jésus mes mains vides. Il sourit. Je m’éloigne à pas lents. Les dernières paroles que j’entends, sont :« Va, et ne pèche plus. » À qui s’adressent-elles ? À la femme ? À moi ? À nous?

       La joie m’envahit. Je me sens pardonné, vivant, léger. Je me mets à courir : Rachel sera-t-elle encore à la fontaine ? Rachel, attends-moi, pardonne-moi toi aussi. Jamais, jamais plus je ne lancerai de pierre à personne : je sais maintenant que je ne suis pas juste, mais que je suis pardonné.

–  Aucun de nous n’est juste, mais nous sommes tous des pécheurs pardonnés, telle est la justice de Dieu.

 




14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 1-6) – Francis Cousin

« Foi, ou non-foi ? »

 

L’évangile de ce jour nous parle du séjour de Jésus dans son lieu d’origine (et non pas de naissance, qui est Bethléem), là où il a passé une bonne partie de sa vie, entre le retour d’Égypte et le début de sa vie publique : Nazareth.

Comme il allait dans tous les villes et villages de Galilée, il fallait bien qu’un jour il s’arrête dans ce village où il a vécu au minimum vingt-cinq ans.

Il y connaissait du monde, presque tous les habitants : ceux qu’il a connu comme enfant, avec qui il a joué, avec qui il a appris à lire à la synagogue, ceux qu’il a connu comme charpentier dont il a construit la case … et tous ceux qu’il a rencontré à la synagogue.

C’est justement à la synagogue qu’il les retrouve ce jour-là. Et c’est lui qui fait l’enseignement.

Tous l’écoutent avec intérêt : Ils ne s’attendaient pas à un tel enseignement, tellement celui-ci est clair et précis. Ils sont tout étonnés : « Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? ». Et donnée par qui ? Il n’a pas fait l’école pour devenir rabbin !

Et puis il y a les miracles dont ils ont entendu parler, notamment à Capharnaüm : « Ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? ».

Ils se posent des questions, comme beaucoup en Galilée. Mais alors que dans beaucoup d’endroits les gens « rendaient gloire à Dieu, en disant : ’’Nous n’avons jamais rien vu de pareil’’. » (Mc 2,12), des gens prêts à voir en lui le grand prophète. Ici, les gens ne font pas référence à Dieu ; ils ne voient en Jésus que l’homme qu’ils ont connu : « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? ».

Même s’ils sont dans la synagogue, le lieu dédié à la prière à Dieu, leurs réflexions ne les portent pas vers Dieu. Ils disent avoir foi en Dieu, mais ils sont incapables de voir l’action de Dieu dans les paroles de Jésus. En fait, leur foi est fausse (ou faussée). Leur foi est une non-foi.

Comme les pleureuses qui se moquaient de Jésus dans l’évangile de la semaine dernière.

Attention ! Leurs réactions sont humaines, et on aurait tort de les blâmer. C’étaient des juifs fidèles et pratiquants ; on aurait peut-être eu les mêmes réactions à leur place.

Nous disons croire en Dieu, nous allons à la messe … mais sommes-nous capables de voir l’intervention de Dieu dans notre vie, de manière positive pour nous et inopinée, sans qu’on lui demande quoi que ce soit ? …

Par contre, quand il nous arrive quelque chose de négatif : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive cela ? ». Là, on pense à Dieu … mais en reproche …

Quelle est notre foi ? Une ’’foi’’ en des rites, des prières … ou une foi en Dieu, une foi en Jésus, fils de Dieu ?

On comprend alors que Jésus n’ait pas pu faire de miracles.

Car le miracle nécessite la foi, foi en Dieu qui peut tout car « rien n’est impossible à Dieu » (Lc1,37), ou foi qui advient parce qu’un miracle a eu lieu : reconnaissance de l’intervention de Dieu dans notre vie (ou celle des autres).

C’est pourquoi Jésus ne fit que quelques guérisons « en leur imposant les mains ».

Guérisons qui ne sont pas des miracles, car il n’y a pas la foi. Ce que l’évangéliste indique en disant que Jésus « s’étonna de leur manque de foi » dans la traduction liturgique, mais qu’il serait plus correct de traduire par leur « incroyance » ou leur « non-foi ».

Seigneur Jésus,

nous croyons en toi, fils de Dieu,

vrai homme et vrai Dieu.

C’est du moins ce que nous disons !

Mais quand un miracle a lieu,

on ne voit pas ton intervention

et on cherche des explications humaines !

Et quand on aimerait que tu fasses un miracle,

on le demande, mais avec un doute !

Et pourtant, tu nous as dit :

« Tout ce que vous demanderez au Père en  mon nom,

il vous le donnera. »

                                     Francis Cousin

 

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Prière dim 14° TOB




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 1-6)

« Chercher la Vérité au-delà des seules apparences ….. »    (Mc 6, 1-6)

 

          En ce temps-là,  Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

                   

Jésus est à Nazareth, le pays qui l’a vu grandir… Le sabbat, il va à la synagogue, comme autrefois. On lui demande de faire la seconde lecture et le commentaire qui suit. Il obéit et « se mit à enseigner ». Et là stupéfaction : ce sont « des paroles pleines de grâce qui sortent de sa bouche » (Lc 4,16-22), des paroles pleines de « l’Esprit de grâce » (Hb 10,29). En effet, « celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il ne mesure pas le don de l’Esprit » (Jn 3,34). Accueillir sa Parole de tout cœur, c’est accueillir avec elle le Don sans mesure de l’Esprit dont le fruit est vie (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), Plénitude de vie (Ep 5,18 ; Col 2,9-10), bonheur profond… « Tu as les paroles de la vie éternelle », disait Pierre à Jésus (Jn 6,68), car il avait « accueilli, lui aussi, la Parole avec la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,5-6). « Heureux ceux qui croient » (Jn 20,29), car « tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4).

« Père, les paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (Jn 17,8)… Et l’on pourrait dire aussi : « Père, l’Esprit que tu m’as donné, et qui m’engendre en Fils de toute éternité, je le leur ai donné… Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), et avec lui, cette Plénitude de Paix, de Joie, de Vie que l’on ne peut expérimenter que dans le cadre d’une relation de cœur avec Dieu…  Ses auditeurs, ici, reconnaissent « la sagesse qui lui a été donnée ». Ils ont aussi entendu parler « des grands miracles qui se réalisent par ses mains ». Tout cela ne fait aucun doute… Et pourtant, leur question – « D’où cela lui vient-il ? » – restera sans réponse… Ils n’arriveront pas à aller plus loin que ce « fils de Marie » qu’ils croient si bien connaître, d’autant plus que ses « frères » et « sœurs », c’est-à-dire ses cousins et ses cousines, sont toujours parmi eux : « Jacques (le petit) et José », fils d’une autre Marie (Mc 15,40.47), « Jude et Simon »…

« Vous me connaissez », mais hélas, seulement selon les apparences, « et vous savez d’où je suis », ou du moins s’arrêtent-ils à Nazareth ; « et pourtant ce n’est pas de moi-même que je suis venu, mais celui qui m’a envoyé est véridiqueJe sais d’où je suis venu et où je vais, mais vous, vous jugez selon la chair » (Jn 5,28-29 ; 8,14-16). Quand donc leur cœur s’ouvrira-t-il pour accueillir cette Plénitude d’Amour et de Vie que le Père veut communiquer à tous les hommes, ses enfants ? Jésus offrira sa vie pour cela, et juste après sa mort, beaucoup partiront en se frappant la poitrine (Lc 23,48)… Enfin !

                                                                                                        DJF




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Synagogue de Nazareth

Mc 6, 1-6

Voilà donc Jésus qui revient avec ses apôtres, cette fois, à Nazareth, dans son village, son pays. C’est là qu’il a passé toute sa jeunesse, un petit bled où il y avait peut-être 150 familles. On y vivait très simplement : cultures des oliviers, la vigne, un peu de blé d’orge, quelques chèvres et le samedi, on se rendait à un local de prière, une petite « synagogue ».

 

Jésus est très marqué par son pays : toutes les paraboles sont des scènes de la vie rurale. C’est un artisan et un paysan.

Il a pris des comparaisons agricoles. On mangeait par terre, on couchait sur des nattes, à même le sol. C’était un paysan comme les autres, dépanneur de village avec quelques habiletés particulières apprises de Joseph.

Le jour du Sabbat, comme tout le monde, il va à la synagogue : il est l’un des laïcs qui savent lire. Tout mâle adulte a le droit, en Israël, de lire l’écriture et de la commenter. Il quitte donc sa place pour aller « lire » et « faire l’homélie ». Or les habitants de Nazareth sont curieux parce qu’ils croient bien connaître Jésus : c’est leur Jésus à eux, celui de Nazareth, un gars « bien de chez nous » et d’ailleurs, il a une réputation qui les étonne. Ils le connaissent mieux que personne, ils l’ont vu grandir, ils sont allés à l’école avec lui, il n’a pas le droit d’être « autrement » que ce qu’ils connaissent de lui.

Il nous arrive, nous aussi, frères et sœurs, de nous bloquer sur une certaine connaissance que nous avons de l’autre : on s’en fait une idée. On lui a collé une étiquette sur le dos : un tel ? Ah oui, il est comme ça ! Et untel ? Oh celui-là quel type !

Ce qu’on oublie le plus souvent, c’est qu’une personne a le droit d’évoluer, de changer, de n’être plus, à l’âge adulte, ce qu’elle était à l’adolescence. Et que l’adolescent lui-même, n’est plus l’enfant chéri que l’on a connu, et nous, dans nos jugements, nous refusons d’évoluer, de réviser nos avis, refus d’avancer plus loin, de découvrir du nouveau. Nous nous installons dans des idées toutes faites que nous rangeons dans le placard de notre mémoire et que nous ressortons au moment où il le faut. Mais alors, cette idée est déjà bien vieille et ne correspond plus à la réalité qui, elle, a eu le temps de changer.

« Délivre-nous, Seigneur, de nos conservatismes, de nos routines, de pensées, de nos blocages intellectuels ou spirituels ».

Actuellement, le monde évolue à toute vitesse. Si dans quelques années, vous avez les mêmes idées qu’aujourd’hui, vous serez un objet de musée, un peu comme ces vieilles grègues pour le café ou les carreaux pour repasser le linge.

« Bouscule-nous, Seigneur, sors-nous de nos habitudes confortables, de nos petits mondes bien tranquilles, pour nous accorder au monde dans lequel nous vivons ».

Nous comprenons bien les réflexions terre à terre de ces paysans juifs d’un petit hameau perdu dans la campagne. C’est la vie de clan ; l’horizon s’arrête aux collines qui entourent le village. On connaît tout le monde. « Jésus, mais c’est le fils de Marie, charpentier, comme son père Joseph ! » et l’on cite la liste de tous les cousins que, selon la mode orientale, on appelle des « frères ». Quel est ce novateur qui bouscule nos usages, qui désorganise notre petit monde ?

Enfin ! Chacun doit rester à sa place et jouer son rôle ! Sans changer tout d’un coup !

Et, nous dit-on « ils étaient profondément choqués » : il y en a parmi nous qui ont aujourd’hui, en 2015, la même attitude que celle des habitants de Nazareth. On dit : « Croire à Jésus! Oui ! Croire à l’Eglise ! Non ». Le concile nous a changé notre religion ! De mon temps, il y avait des processions, il y avait du latin, on apprenait par cœur son catéchisme… et c’est vrai que l’Eglise, tout comme Jésus, a un côté humain, très humain ! Les évêques, les prêtres, des hommes que l’on connaît bien, que l’on connaît trop !

Beaucoup de gens aujourd’hui se scandalisent de l’Eglise comme on se scandalisait de Jésus à Nazareth. L’Eglise est choquante ; Jésus est choquant profondément, nous dit l’Evangile. Une certaine familiarité peut faire écran à la profondeur des relations. Réduire Jésus à des dimensions humaines, c’est le mépriser ; la vraie proximité avec Jésus, n’est pas une proximité physique, matérielle.

Un prêtre chinois dans la cellule de sa prison peut être plus près de Jésus qu’une religieuse à trois mètres du tabernacle ! Ce qui fait la « famille vraie » de Jésus, ce ne sont pas les liens de sang, c’est la foi : « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ! »

Jésus s’est fait une nouvelle famille : « ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ». Il y a foi et foi. Ces habitants de Nazareth croyaient tous en Dieu, dur comme fer, ils avaient la « foi chevillée au corps », comme on dit. Pas la moindre hésitation, pas l’ombre d’un doute : à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’athées. La foi que nous réclame Dieu, ce n’est pas seulement la foi héritée du passé, c’est, tenez-vous bien, la foi en lui, le charpentier du village.

Et, en plus, la foi, ce n’était pas des croyances mais le bouleversement de l’existence : « Si quelqu’un perd sa vie à cause de moi, il la sauvera ».  Il fallait, disait-il, « pour le suivre, aimer jusqu’à ses ennemis, porter sa Croix ! ».

Allons, abattons les cartes, nous qui sommes croyants, nous qui « avons« , comme nous disons, la foi : est-ce vraiment la foi proposée par Jésus ? Attention de ne pas donner une réponse trop rapide ! La foi apparaît, trop souvent, comme une connaissance définitive, un accord précis sur des points précis et immuables, qu’il s’agit de conserver comme un trésor avec l’acharnement d’un propriétaire, la fébrilité craintive d’un possédant ! Or, la foi n’est pas d’abord une doctrine à professer ou à protéger mais quelqu’un à rencontrer, à connaître, à aimer, à servir…

 Nous aussi, comme les habitants de Nazareth, nous croyons un peu vite tout savoir de lui, ce qu’il est, ce qu’il enseigne, ce qu’il attend de nous. Chaque rencontre avec le Christ, car il s’agit d’abord de cela, est une découverte nouvelle, parfois inattendue, souvent déroutante : le Christ est toujours à découvrir, à connaître davantage, quitte à réviser nos jugements et à changer de conduite.

Que Jésus réclame-t-il de nous ? Des cours d’exégèse à la maison diocésaine de formation, ce ne serait pas si mal :

– Lire en entier le « Catéchisme de l’Eglise catholique » ? Après tout, c’est peut-être une idée ? Eh bien non ! Ce qu’il désire, en priorité, ce qu’il réclame de nous, c’est notre conversion : changer notre vie pour qu’elle devienne plus conforme à l’Evangile, plus proche de la mentalité du Christ et de ses désirs d’amour sur nous !

– Ce n’est pas tout de savoir son « code de la route », il faut aussi, et c’est le plus important : apprendre à conduire ! Que diriez-vous d’une infirmière qui n’aurait son diplôme que parce qu’elle sait « par cœur » son petit guide du parfait infirmier. C’est nécessaire, ce n’est pas suffisant ! Ce serait même dangereux ! Connaître, c’est bien ; pratiquer, c’est mieux.

Lorsque j’étais enseignant, il y avait une composition : contrôle d’instruction religieuse. J’avais un élève qui était toujours premier. C’était le seul qui n’avait pas la foi ! Connaître et agir : notre vie chrétienne ne peut se dispenser ni de l’un ni de l’autre. Les habitants de Nazareth croyaient connaître Jésus et, nous dit l’Evangile, Jésus s’étonna de leur « manque de foi« . Les habitants de Nazareth ont enfermé Jésus dans un cadre familial, villageois, aux couleurs de son origine et de son passé : ça ne pouvait pas être un prophète puisque c’était le charpentier, fils de Joseph ! Non seulement Jésus est enfermé mais il est « empêché » : « et là, à Nazareth, nous dit St-Marc, il ne pouvait accomplir aucun miracle ». Pourquoi ? Parce qu’il ne rencontre pas la foi, celle de l’hémorroïsse, cette femme qui perdait son sang et qui n’était même pas une juive, foi de Jaïre, le père de cette petite fille que Jésus a ressuscité.

Souvenons-nous, frères et sœurs, que la Parole de Dieu ne devient active, efficace en nous, qu’à partir du moment où nous acceptons des changements, des ouvertures, des ruptures.

La foi n’est pas à mettre dans une boîte sous des piles de draps, dans l’armoire. Elle est à explorer au grand vent du large, à l’aventure, au risque, quitte à dire, comme les apôtres, dans la tempête : « Sauve-nous, Seigneur ». AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 14ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Nul n’est prophète

dans son pays « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mc 6, 1-6)

« Le Maître revient à son village. Il semble ne pas y être retourné depuis le début de sa mission : son baptême par Jean-Baptiste (1,9). C’est Capharnaüm qui est devenu le point d’attache de son ministère itinérant. Nazareth, où il rentre, est le berceau de son enfance et de sa jeunesse. Là se trouvent sa famille et ses amis de voisinage. Les Evénements ont mis entre eux un certain éloignement. Que va-t-il se passer ? » (Jacques Hervieux, dans « Les Evangiles, textes et commentaires » ; Bayard Compact, p. 381).

Le sens des mots

  • « Jésus est parti pour son pays et ses disciples le suivent »… Relire l’appel des disciples en Mc 1,16-20 et Mc 2,13-14 : que retrouvez-vous ? Qu’est-ce qui caractérise donc avant tout un disciple de Jésus ? Que sous-entend une telle démarche ?

  • « Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue »… Le sabbat, notre samedi, était ce jour où l’on arrêtait toutes ses occupations habituelles pour se consacrer à Dieu. La communauté se rassemblait à la synagogue, priait, écoutait la Parole de Dieu : une première lecture extraite de « la Loi » (En hébreu, la Torah, constituée par les cinq premiers livres de la Bible), la seconde étant prise dans les prophètes. En St Luc (Lc 4,16-30), Jésus lit Isaïe 61,1-2. Puis, le chef de la synagogue pouvait inviter quelqu’un de l’assemblée à les commenter. C’est ce que fait ici Jésus… L’auditoire est-il sensible à son intervention ? Quel talent lui reconnaissent-ils ? Et qu’ont-ils par ailleurs entendu dire de lui ?

  • Ces points ayant été reconnus, sur quoi pourtant vont-ils buter ? Il faut bien comprendre ici le sens des mots « frère» et « sœur»… Que dit, depuis les tout premiers siècles, la foi de l’Eglise à ce sujet : Jésus a-t-il eu, de Marie et de Joseph, des frères et des sœurs de sang ? Comment Marie et Joseph ont-ils vécu toute leur vie ?

            Pourquoi « un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison » ?

  • « Là, Jésus ne pouvait accomplir aucun miracle… Il s’étonna de leur manque de foi»… Que diriez-vous de la foi, qu’est-elle en fait ? Pourquoi Jésus ne peut-il rien faire ici ? Avec lui et par lui, n’est-ce pas le Dieu Tout Puissant, le Créateur de l’univers qui est à l’œuvre ? Que révèle donc, du côté de Dieu, cette impossibilité d’agir ? On peut se souvenir « d’Ap 3,20 » où parle le Christ Ressuscité : « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui »…

Pour l’animateur

 

  • « Au bord du lac de Galilée, Jésus voit Simon et son frère André et il les appelle : « Venez à ma suite». Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent» De même pour « Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère » : « Il les appela… et ils partirent à sa suite ». Être disciple de Jésus, c’est donc, de tout cœur, le suivre, avec son aide et son soutien… Le Christ a la première place et l’initiative : cela suppose obéissance, docilité, souplesse, détachement…

  • L’auditoire est touché par son enseignement. « Tous lui rendaient témoignage ; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche » (Lc 4,22). Ils reconnaissent donc « cette sagesse qui lui a été donnée » et ils ont entendu parler « de ces grands miracles qui se réalisent par ses mains». Noter comment St Marc s’exprime dans les deux cas : « la sagesse lui a été donnée» sous entendu par Dieu le Père, qui « réalise » aussi Lui-même « ces grands miracles » « par les mains » de Jésus, son Fils… Nous pressentons ici le grand Mystère de Jésus « Serviteur » du Père (Ac 3,13 ; 3,26 ; 4,27 ; 4,30) et donc de tous les hommes que le Père aime (Jn 3,16-17) et veut sauver (1Tm 2,3-6). Il dira ainsi clairement en St Jean : « En vérité, en vérité, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement » (Jn 5,19-20). La Parole de Jésus est celle du Père, les actes accomplis par Jésus sont « réalisés » par le Père…

  • « Frère» peut s’appliquer bien sûr aux frères de sang, comme l’étaient « Simon et André », et aussi « Jacques et Jean, fils de Zébédée » (Mc 1,16 ; 1,19). « Frère » peut aussi désigner « un demi-frère », par exemple Philippe et Hérode Antipas qui avaient le même père, le roi Hérode le Grand, et deux mères différentes, Cléopâtre et Malthacé (Mc 6,17). « Frère » peut encore s’appliquer à des cousins éloignés, comme ici « Jacques et José », fils d’une autre Marie qui sera présente elle aussi au pied de la Croix (Mc 15,40 ; 15,47). Enfin, « frères » peut désigner les disciples de Jésus (Mc 3,31-35) : c’est ainsi qu’il les appelle (Mc 3,31-35 ; Jn 20,17 ; Hb 2,11), et eux-mêmes, en se tournant vers leur Créateur et en l’appelant « Notre Père » comprennent que tous les hommes, quels qu’ils soient, sont « frères », enfants d’un même Père…

            Ici, les habitants de Nazareth croient bien connaître Jésus, « le fils de Marie », et tous ses cousins « Jacques, José, Jude et Simon »… Ils l’ont vu grandir, jouer, apprendre et exercer le métier de charpentier… Ils ne peuvent imaginer une seule seconde qu’ils ont, face à eux, le Fils Eternel de Dieu…

  • La foi est avant tout « relation à un Autre que soi-même », « Dieu », en qui l’on a reconnu l’Amour d’un Père plein de Tendresse (1Jn 4,7-16). Le premier fruit est alors la confiance en Lui… Que Jésus ne puisse rien faire ici manifeste le respect que Dieu nous porte : il ne nous forcera jamais à recevoir tout ce Bien qu’il veut nous donner… pour notre seul bien, pour notre vrai bonheur…

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

« Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). Ainsi, quiconque accueille ta Parole de tout cœur reçoit avec elle l’Eau Vive de l’Esprit qui lave, purifie, rafraîchit, apaise et donne la Vie… Avec ce Don de l’Esprit qui se joint toujours à elle, cette Parole est vraiment un « glaive » qui « pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit » (Hb 4,12), jusqu’au plus profond de nous-mêmes… Tous étaient dans l’étonnement en t’entendant, et ils en sont restés là… Garde-nous fidèles à cette Parole, jour après jour. Alors, avec elle et grâce à l’Esprit, nous grandirons dans cette Communion profonde à ta Vie, à laquelle tu nous appelles tous…

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

            Seigneur Jésus, les habitants de Nazareth t’ont vu grandir au fil des années, toi et tes cousins, tes cousines… Tu as couru, joué dans les rues du village, tu es allé à la petite école de la Synagogue, tu as appris puis exercé le métier de charpentier… Tous te connaissaient si bien, ou du moins le croyaient-ils… Mais lorsque tu as commencé ton ministère, tout « rempli de l’Esprit Saint» (Lc 4,1) qui demeure « sur toi » depuis toujours et pour toujours (Lc 4,16-22 ; Jn 1,31‑34), tu as donné les Paroles que le Père t’avait données (Jn 17,8), tu as accompli en Serviteur « les œuvres de ton Père » (Jn 10,37 ; 5,36 ; 10,25). Mais ils n’ont pas su reconnaître que Dieu agissait en toi, avec toi et par toi.

            Et moi, aujourd’hui, suis-je capable de reconnaître que cette même Présence peut me rejoindre par les membres de ma famille, par mes voisins, par les frères et sœurs de ma communauté paroissiale ? L’Eglise n’est-elle pas « le Corps du Christ » (1Co 12,27) ? Nous croyons si bien nous connaître les uns les autres… Mais savons-nous, en regardant ce « Corps du Christ » que nous formons tous ensemble, en pécheurs pardonnés et réconciliés, reconnaître la Présence de Dieu au milieu de nous (Mt 18,20), avec nous (Mt 28,20), en chacun de nos cœurs (1Co 3,16-17 ; 2Co 4,6), un Dieu qui peut parler et agir pour nous par les uns et par les autres, quels qu’ils soient ?

           « Il ne pouvait accomplir aucun miracle »… « Il s’étonna de leur manque de foi »… Dieu ne fera jamais rien en nous sans notre « Oui ! »… Savons-nous lui donner ce « Oui ! » tel qu’il est, en comptant sur son aide et son soutien ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Dieu qui a relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte : tu les as tirés de l’esclavage du péché ; fais-leur connaître le bonheur impérissable. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

 

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Dimanche 27 juin – Jubilé de la Paroisse de St André (D. J. Fournier)

Il est beaucoup question dans les lectures de ce jour de mort et de vie… Et le Livre de la Sagesse déclare sans ambiguïté dans la première lecture : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24). Un siècle plus tard, St Paul écrira dans la Lettre aux Romains, en faisant allusion à la désobéissance d’Adam et Eve dans le jardin d’Eden : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes car tous ont péché » (Rm 5,12). En effet, avait-il écrit peu avant, « tous sont soumis au péché, comme il est écrit : « Il n’est pas de juste, pas un seul, il n’en est pas de sensé, pas un qui recherche Dieu. Tous, ils sont dévoyés, ensemble pervertis ; il n’en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul » (Rm 3,9-12). Et les conséquences sont claires : « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23). « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9).

Si l’auteur du Livre de la Sagesse présente ainsi la mort comme la conséquence du péché, il place par contre résolument Dieu du côté de la vie : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants  (Sg 1,13). Le prophète Ezéchiel avait déjà déclaré : « Par ma vie, oracle du Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir, maison d’Israël ? » (Ez 33,11).

Dieu, en effet, n’a pas créé l’homme, il ne l’a pas lancé dans l’aventure de la vie pour qu’il meure, mais bien pour qu’il vive ! Voilà ce qu’il veut ! Voilà ce à quoi il prend plaisir ! Que nous vivions, et cela le plus possible ! La perspective évoquée par le Livre de la Sagesse vis-à-vis de notre vocation à tous est d’ailleurs folle : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité » (Sg 2,23). Or quelle est « l’identité » de Dieu ? Lorsque Moïse lui demande son Nom lors de l’épisode du buisson ardent, il répond : « Je Suis celui qui Est », « Je Suis » (Ex 3,14). Il est ainsi « l’Unique » (Dt 6,4), le seul vrai Dieu, le seul Eternel, le seul Incorruptible… Or, affirmer que « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité », revient à dire que Dieu l’a créé pour qu’il partage son Être et sa vie éternelle… C’est d’ailleurs le sens du mot « image » que l’auteur du Livre de la Sagesse reprend en faisant allusion au premier récit de la création que nous offre le Livre de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa » (Gn 1,26-28)… Or, le Père Ceslas Spicq écrit : « Etre l’image, c’est participer l’Être et la vie du Dieu vivant »… Et c’est ce que déclare aussi le Livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés », littéralement, « pour qu’ils soient » ! « Pour qu’ils soient » eux aussi, ce que Dieu Est, selon leur condition de créatures, bien sûr !

Voilà toute l’aventure de notre vie… Voilà ce que Dieu veut voir se réaliser pleinement pour chacun d’entre nous… Or, nous sommes tous des pécheurs, des êtres blessés, spirituellement malades, nous engageant trop souvent sur des chemins de mort… Ce n’est pas ce que Dieu veut pour nous… Or, « tout ce que Dieu veut, il le fait », nous dit le Psalmiste (Ps 135(134),6). Il agit donc pour que sa volonté s’accomplisse, c’est du concret… Voilà pourquoi le Père a envoyé son Fils dans le monde : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (Jn 6,38-39). Et le Père a donné au Fils le monde entier à sauver : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger, condamner, le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17). Jésus est ainsi « le Sauveur du monde » (Jn 4,42), le Sauveur de tout le monde… C’est pourquoi il promet : « Et moi, une fois élevé de terre », sur la Croix, puis par sa Résurrection et son Ascension, « j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32), tous, sans aucune exception… En effet, « voilà ce qui est bon et qui plait à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6), sans aucune exception…

Alors, pour tout homme pécheur, pour tout homme perdu sur un chemin de mort, Jésus apparaît comme le Sauveur qui « cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve… Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules » et la ramène à la maison (Lc 15,4‑7), dans cette Plénitude d’Être et de vie qu’il veut pour nous tous… Notre péché, si nous le lui offrons, si nous acceptons de le laisser faire, il le vaincra par son Amour (1Jn 4,8.16 ; Ap 12,10), par sa « Miséricorde » infinie, « Toute Puissante » (Lc 1,49-50) et surabondante, car « là où le péché a abondé, la grâce » du pardon « a surabondé » (Rm 5,20).

Telle est l’expérience qu’ont vécue les Apôtres, St André, le premier à avoir été appelé par le Seigneur, St Pierre, son frère, et tous les autres… On se souvient, lors de l’épisode de la pêche miraculeuse où Jésus, en St Luc, les appela, que Pierre, à la vue de ce signe, « se jeta aux genoux de Jésus en disant : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Mais Jésus lui dit : « Sois sans crainte ; désormais, ce sont des hommes que tu prendras. » Et ramenant les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5,1-11)… Plus tard, ils seront en effet les heureux témoins de cette Miséricorde de Dieu dont ils furent les premiers bénéficiaires. C’est ce qu’écrit St Paul dans la première Lettre à Timothée (1Tm 1,12-17) :

 

(A) « Je rends grâce à celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur,

               qui m’a jugé assez fidèle pour m’appeler à son service,

(13)                   moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur.

 

           (B) Mais il m’a été fait miséricorde parce que j’agissais par ignorance, étranger à la foi ;

(14)                et la grâce de notre Seigneur a surabondé

                             avec la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus.

 

(15)             (C) Elle est sûre cette parole et digne d’une entière confiance :

                              le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs,

                                     dont je suis, moi, le premier.

 

(16)   (B’) Et s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier,

                        Jésus Christ manifestât toute sa patience faisant de moi un exemple

                                pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle.

(17)

(A’) Au Roi des siècles, Dieu incorruptible, invisible, unique,

               honneur et gloire dans les siècles des siècles ! Amen.

 

Ainsi, tout disciple de Jésus est invité à être l’heureux témoin de cet Amour imperturbablement fidèle de Dieu à son égard, un Amour qui, face à notre misère, ne cesse de prendre le visage d’une Miséricorde inépuisable : « Quand nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). Il ne peut cesser d’être ce qu’il Est, et il est Amour… Cette continuelle Bienveillance de Dieu à son égard sera ainsi très concrètement, jour après jour, un inlassable appel au repentir, de tout cœur, repentir qui lui permettra de recevoir le pardon de toutes ses fautes, et avec lui, la possibilité d’une vie nouvelle dans la Lumière et dans la Paix…

Le Christ ressuscité dit ainsi à ses disciples à la fin de l’Evangile de Luc : «  Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins. »

Et pour les aider, les soutenir dans ce témoignage qu’ils rendront à la Miséricorde de Dieu, il leur promet aussitôt la force de l’Esprit Saint : « Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en‑haut » (Lc 24,46-49).

Toute l’œuvre de l’Eglise consiste ainsi à aller vers le plus grand nombre pour témoigner, après l’avoir elle-même vécu, qu’un « repentir » sincère ne peut qu’accueillir « la rémission des péchés » et, avec elle, une Plénitude insoupçonnée d’Être et de Vie synonyme de « création nouvelle » : « Si quelqu’un est dans le Christ », écrit St Paul, « c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,17-21)…

Il s’agit donc de mettre en relation avec le Christ, pour que cette œuvre de Dieu, synonyme en chacun de nous de vraie Vie, de vraie Paix, de vraie Joie, de vrai Bonheur, puisse vraiment s’accomplir. Tel fut le service par excellence que St André accomplit dans les Evangiles… En effet, c’est lui qui, en St Jean, conduit son frère, Simon-Pierre, à Jésus : « André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean » Baptiste rendant témoignage à Jésus, « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), « et ils s’étaient mis à la suite de Jésus. Il trouve d’abord son propre frère, Simon, et lui dit : Nous l’avons trouvé, le Messie – ce qui veut dire Christ. Il l’amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, le fils de Jean; tu t’appelleras Céphas – ce qui veut dire Pierre » (Jn 1,40-44) car, « sur cette pierre », lui dit-il en St Matthieu, « je bâtirai mon Eglise » (Mt 16,13-20)…

Et c’est encore St André qui avait mis en relation avec Jésus cet enfant qui avait cinq pains et deux poissons, que Jésus multiplia pour nourrir une foule d’environ cinq mille hommes : « Levant alors les yeux et voyant qu’une grande foule venait à lui, Jésus dit à Philippe : D’où nous procurerons-nous des pains pour que mangent ces gens ? Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau. Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a ici un enfant, qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Jésus leur dit : « Faites s’étendre les gens » » (Jn 6,1-10)…

Alors, que souhaiter pour toute la Paroisse de Saint André sinon de travailler, le plus possible, à mettre en relation le plus grand nombre avec Jésus pour que toutes et tous puissent trouver avec Lui la vraie Vie (Jn 10,10), la vraie Paix (Jn 14,27), la vraie Joie (Jn 15,11), le vrai Bonheur (Jn 20,29)… En agissant ainsi, elle contribuera, pour sa part, à ce que beaucoup puissent entendre, eux aussi : « Ma fille, mon fils, ta foi t’a sauvé. Va en paix et sois guéri de ton mal »… « Je te le dis, Talitha koum, lève-toi » et marche, heureux, dans une vie nouvelle (Mc 5,21-43)… Car telle est « la volonté de Dieu » à notre égard, « lui qui veut que tous les hommes soient sauvés », tous, sans aucune exception…

 

                                                                                              D. Jacques Fournier