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Un mot, une piste de réflexion : PAROLE (Roger et Joëlle GAUD)

PAROLE

 

–         La Parole de Dieu est vivante et efficace  nous dit la lettre aux Hébreux… Fini le temps où lire la Bible était interdit aux chrétiens ou du moins réservé à quelques-uns. Nous sommes tous aujourd’hui appelés à prendre connaissance régulièrement de la Parole de Dieu pour nous en nourrir.

–         Et le Pape François a même institué un dimanche de la Parole de Dieu en janvier pour que le peuple du Seigneur grandisse dans l’assiduité familière avec les Saintes Écritures.

–         Oui, car la Bible n’est pas une simple « collection » de livres d’histoire pour quelques « privilégiés » estime le pape François, non, elle appartient avant tout « au peuple convoqué pour l’écouter et se reconnaître dans cette parole ».

–         Pourquoi est-il si important de prendre connaissance de la Parole de Dieu?

–         Pour de nombreuses raisons, je ne sais pas si nous allons en faire le tour, mais, plus que d’en prendre connaissance, je dirais, pourquoi est-il si important de se nourrir de la Parole de Dieu?

–         Tu vas de nouveau me parler de rumination?

–         Oui, nous avons dit que Saint Augustin disait que la lecture des Ecritures est comme manger quelque chose, et que la méditation est comme ruminer quelque chose. Dei Verbum, une des constitutions promulguées par le Concile Vatican II, déclare que l’Église honore la Sainte Ecriture, comme elle le fait avec le Corps du Christ. La sainte Ecriture est pour les chrétiens, la nourriture de leur âme et la source de leur vie spirituelle.

          Et le Pape Benoît XVI a même écrit que « La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration du banquet eucharistique implique la reconnaissance que le Christ lui-même est présent et s’adresse à nous pour être écouté ».

  –       On comprend que Saint Jérôme ait dit « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Donc, je comprends bien que la Parole de Dieu nous nourrit spirituellement. Ceci dit, j’ai déjà entendu « C’est difficile à comprendre, dans la Bible, il y a tant de textes compliqués ». Que dire alors?

 –         C’est l’Esprit Saint qui nous apprend à comprendre et à méditer la Parole de Dieu. C’est Lui qui nous permet d’entrer en communication avec la Parole dans le silence de notre coeur profond. Il existe vraiment un travail souterrain de la grâce.

 –        Isaïe 55,11 « La Parole qui sort de ma bouche ne revient pas à moi sans effet, sans avoir accompli ma volonté et réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée. »

–         C’est important d’étudier la parole de Dieu, de la remettre dans son contexte, de comprendre comment la Bible a été rédigée, mais c’est capital de se laisser toucher au cœur et de percevoir en quoi la parole de Dieu contenue dans la Bible me concerne directement.

          A propos du fait que la parole de Dieu fait invisiblement son travail, je voudrais raconter une histoire des Pères du désert. Un jour, un jeune moine était en train de laver une salade quand un frère, voulant le mettre à l’épreuve, lui demanda : « sauras-tu répéter ce que l’ancien a dit sur l’Évangile de ce matin ?      – Je ne m’en souviens plus, avoua le jeune moine. L’autre lui demanda: – Pourquoi écoutes-tu les paroles de l’ancien sur l’Évangile, si tu ne te les rappelles plus ?         Le jeune moine répondit – Regarde, frère : l’eau qui lave la salade ne reste pas dans les feuilles et pourtant, ma salade est parfaitement lavée. »

 –        Voilà qui nous déculpabilise quand nous oublions…  Je crois qu’un contact régulier, avec la Parole de Dieu, nous permet au fil du temps, d’en faire notre boussole quand nous nous sentons perdus. S’imprégner peu à peu de cette parole, nous transforme.

–        La Parole de Dieu est une lettre d’amour. C’est un livre de bonheur. Il est écrit 42 fois « heureux » dans l’AT et 49 fois dans le NT. En hébreu, heureux, c’est ashrè:  אשׁר   la racine, c’est marcher, s’avancer, être heureux. André Chouraqui a traduit « En marche ». La Bible nous met en marche… nous donne la vie, nous recrée, la Parole nous fait grandir dans l’amour, nous guérit, la Bible est remplie des promesses que Dieu me fait.

 

 

 –        C’est pour ça qu’il est important de prendre le temps de méditer la Parole de Dieu avec d’autres, en Eglise. Parfois aussi, la parole de Dieu peut nous donner un certain nombre de repères, en particulier quand nous avons à prendre des décisions importantes.

 –        Mais attention, ouvrir la Bible au hasard et pointer son doigt sur un passage n’est pas forcément conseillé ni constructif. C’est vraiment au fil des jours, en persévérant dans une lecture et une méditation suivies, que cette Parole va pouvoir être sur notre bouche et dans notre coeur, pour que nous puissions la mettre en pratique.(Dt 30,14)




7ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

 

« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11b-19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

HOMÉLIE

L’Évangile de ce jour nous donne de réfléchir sur la pratique de la prière. Nous rappelons souvent quels sont les grands axes de la prière :

  • Prière de louange et d’action de grâce, pour remercier le Seigneur ;

  • Prière de pardon ;

  • Prière de demande…

Nos prières sont souvent faites de demandes voir même de beaucoup de demandes. Et parfois, nous pouvons nous entêter dans certaines demandes dont certaines ne sont pas toujours conformes à l’enseignement de Jésus.

Nous nous adressons à bien des saints pour être entendu, exaucé, soulagé de ce qui nous pèse. Cela est légitime. Mais n’oublions que les saints ne sont que des intercesseurs auprès du Christ. Lui seul nous exauce !

Jésus nous exauce selon ce qu’il est, selon son cœur, son amour, son pardon et selon sa liberté divine. L’Évangile nous donne de voir la prière d’un autre angle, pas du nôtre mais de celui de Jésus. Voyons ce qu’il souhaite pour nous dans sa grande prière.

Resituons ce passage : c’est l’ultime prière de Jésus lors de la dernière Cène. Ce passage est propre à Jean. Jésus s’adresse en toute confiance à son Père qui l’a « envoyé dans le monde ».

  • Jésus demande tout d’abord au Père de garder ses disciples unis dans son nom : « Qu’ils soient un» comme le Père et le Fils sont un.

  • Jésus demande ensuite à ce que ses disciples aient la sa joie et qu’ils en soient comblés.

  • Jésus prie le Père pour que ses disciples, sans être retirés du monde, soient gardés du Mauvais.

  • Jésus demande enfin au Père de sanctifier ses disciples dans la vérité, dans sa parole de vérité.

Voilà ce que veut Jésus pour nous. Il va de soi que le Christ nous exaucera en fonction de sa prière pour nous. Nous devons avoir foi que nos prières seront toujours exaucées d’une manière ou d’une autre si nous tendons ce vers quoi Jésus souhaite pour nous. Nous voyons bien que la véritable prière doit prendre en compte plusieurs éléments :

  • Prier avec confiance… Certainement !

  • Prier et travailler pour l’unité dans nos différents milieux de vie : « Qu’ils soient un». Nous comprenons ainsi que toute prière faite au Christ ou à l’un de ses saints et qui demanderait zizanie ou division ne saurait être exaucée !

  • Prier et travailler pour que la joie du Christ demeure en nous. Nous sommes parfois heureux en façade, la joie n’est pas toujours automatique ou à la commande… Cependant, qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux ? Je ne parle pas de joie artificielles, superficielles, mondaines, en tous les cas éphémères. Quelle est cette joie qui porte à l’espérance en Jésus-Christ ? Cette joie-là demeure !

  • Prier et travailler pour ne pas être du monde. Il ne s’agit pas de se retirer du monde mais il s’agit de ne pas s’allier à la mentalité mondaine de ce monde.

  • Prier et travailler pour être gardé du Mauvais. C’est la dernière demande du Notre Père : « Mais délivre-nous du Mal » Là encore, toute prière au Christ ou à l’un de ses saints qui demanderait le mal pour son prochain ne saurait être exaucée !

Saint Jean dans la deuxième lecture rappelle le commandement de l’amour : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (1 Jn 4, 11).

  • Prier et travailler enfin à notre sanctification : devenir saint ! Pour cela, le Christ se sanctifie lui-même. Cette expression est étrange à nos oreilles. Si Jésus est Dieu, il est donc saint : comment peut-il alors se sanctifier ? Dans le langage de Jésus, le verbe sanctifier signifie « mettre à part ». Jésus se met à part, hors de ce monde, lui est dans le monde, sans être du monde. Jésus mis à part pour sauver l’humanité.

Par ailleurs, se sanctifier c’est s’engager à être toujours meilleur pour les autres, pour ce qu’on aime, tout en restant soi-même, en se donnant gratuitement et librement.

Se sanctifier c’est aussi agir selon la Parole de Dieu, Parole de vérité. Nous minimisons parfois la force sanctificatrice de la Parole.

Voilà vers quoi doivent tendre nos différentes prières. Car c’est ainsi que nous pourrons :

  • D’une part, être libéré de nos vieux démons intérieurs, de nos cyclones intérieurs qui nous détruit du dedans comme ces vieilles haines tenaces…

  • D’autre part, avoir foi que Dieu nous exauce toujours dans sa grande bonté.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous sanctifier au cours de cette Eucharistie. Préparons nos cœurs à recevoir le Corps du Christ ressuscité, en vue de notre sainteté, le pain de la Vie éternelle.  Amen.

 

 




Un mot, une réflexion : CENE (Joëlle et Roger GAUD)

CENE

– Le mot Cène (c.è.n.e) désigne tout simplement le repas du soir, le dîner (cena en latin).

Pour les chrétiens c’est le nom donné au dernier repas que Jésus a pris, en présence des douze apôtres, le soir du Jeudi Saint, juste avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, et la veille de sa crucifixion.

– Les quatre évangiles nous disent que ce soir-là, à la veille de sa Passion, Jésus va dire (va nous dire) des choses importantes et poser des actes forts !

Par exemple, c’est ce soir-là que Notre Seigneur va annoncer clairement, et la trahison de Judas, et le reniement de Pierre.

– Et c’est également ce soir-là que, selon l’évangile de Saint Jean, Jésus va léguer à ses disciples une sorte de testament spirituel où il les invite à se rappeler le primat de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

– Oui ! Mais les évangiles nous relatent aussi deux événements importants qui se sont passés ce soir-là :

L’évangile de Saint Jean nous raconte le lavement des pieds de ses disciples par Jésus.

Et les évangiles synoptiques nous parlent de l’institution de l’Eucharistie … que d’ailleurs Saint Paul aussi nous relate dans sa première lettre aux Corinthiens.

Voyons comment Saint Matthieu, par exemple, nous raconte cela :

– « Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » (Mt 26,26-28)

– Ce qui est frappant (et même choquant !) c’est que le Seigneur dit que ce pain est son « corps » et qu’il faut que nous le « mangions » ! « Ceci est mon corps ! Prenez et mangez ! »

– C’est tellement difficile à comprendre, c’est tellement « scandaleux » (au sens premier du terme, un scandale étant une pierre d’achoppement, un obstacle sur lequel on bute !), c’est tellement incompréhensible que les premiers chrétiens se sont parfois vus accusés de cannibalisme par leurs détracteurs.

– Mais nous aussi, Chrétiens du XXIème siècle, nous avons du mal à réaliser qu’à chaque Eucharistie nous mangeons le corps du Christ !

Or, on ne peut s’y méprendre car le mot grec utilisé dans les trois évangiles synoptiques et dans la lettre de Saint Paul, est le mot « sôma » qui veut bien dire « corps » !

– Et le fait que ce morceau de pain qui vient d’être consacré par le prêtre pendant la messe puisse devenir le corps même du Christ (les théologiens emploient le mot de « transsubstantiation ») c’est – et ça restera – ce qu’on appelle un mystère, c’est-à-dire une vérité de foi si profonde qu’on ne pourra jamais la comprendre totalement, même si on est invité à la creuser sans cesse.

– Est-ce que tous les Chrétiens, qu’ils soient catholiques, orthodoxes, protestants ou évangéliques, célèbrent la Cène ?

–  Oui. Mais ils ne donnent pas tous la même signification à leurs célébrations : Par exemple, lorsque nos frères chrétiens évangéliques célèbrent ce qu’ils appellent « la Sainte Cène » ou « le repas du Seigneur », ils mettent l’accent sur le fait de « faire mémoire » de ce qui s’est passé ce jour-là, avec l’entrée du Seigneur dans sa Passion, qui le conduira à son sacrifice sur la croix qui nous assurera le Salut !

Nous, Catholiques, nous pensons qu’il ne s’agit pas simplement de « faire mémoire » mais de revivre ce qui s’est passé lorsque le Christ a institué l’Eucharistie. C’est pourquoi on dit que c’est un « Mémorial », c’est-à-dire une actualisation véritable de ce qui a été vécu à ce moment-là !

–  Autre question : Pourquoi quand on parle d’Eucharistie, on pense souvent à « Communion ». Pourquoi dire qu’on « communie » au Corps (et au sang) du Christ ?

– On pourrait dire que c’est parce que c’est par ce sacrement que les chrétiens s’unissent au Christ … ce qui  va les unir entre eux, les mettre en communion les uns avec les autres. En se rendant participants au Corps et au Sang du Christ, ils arriveront à former un seul corps, dans l’unité !

–  Au fait, quelle est l’origine étymologique du mot Eucharistie ?

–  Le mot Eucharistie vient du Grec Eucharistia qui signifie «action de grâce ». Eucharisteô, en grec, c’est « rendre grâces » – (D’ailleurs, en grec moderne, « merci beaucoup » se dit « Efcharistô poly ») –

Alors, avant de nous quitter, peut-être pourrions-nous garder à l’esprit que lorsque nous allons à la messe pour revivre le Mémorial de la Cène du Seigneur, nous n’y allons pas uniquement pour communier sacramentellement – si possible ! –  mais nous y allons aussi pour « rendre grâces » au Christ de ce qu’il a fait (et ne cesse de faire) pour nous assurer le salut !




7ième Dimanche de Pâques (Jn 17, 11-19) – Francis Cousin

« Père saint, garde mes disciples dans ton nom. »

Nous sommes le soir du jeudi saint. Avant de partir pour aller au jardin de Gethsémani, pour aller vers sa Passion, Jésus fait une dernière prière à son Père en présence de ses disciples, en faisant un peu le bilan de son séjour sur terre. Et en demandant à son Père de veiller sur ses disciples, ceux qu’il a formés pour proclamer son évangile quand il ne sera plus là.

Dans cette partie qui concerne ses disciples, il commence par la phrase en en-tête.

« Père saint ».

Père, c’est celui qui est proche, qui éduque, qui enseigne le bien …

Saint, c’est ce qui pour nous, humains, semble inaccessible, trop lointain, hors de portée …

Et pourtant, Jésus associe ces deux termes, le proche et le lointain …

Dieu, « Père saint », veut que nous soyons comme lui : « Soyez saint parce que je suis saint » (Lv 19,2), et on trouve dans l’évangile une expression semblable de Jésus : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Mt 5,48).

Cette juxtaposition improbable est comme une demande de Jésus à son Père de rendre les disciples parfaits, et donc saints.

« Garde mes disciples dans ton nom … pour qu’ils soient UN, comme nous-mêmes. ».

Ce n’est pas la première fois que Jésus parle de l’unité entre son Père et lui ; mais avant il s’adressait aux disciples pour qu’ils fassent de même, ici il demande à son Père de les garder dans la même unité qu’ils avaient tous les deux.

Et c’est cette unité réalisée entre le Père et les disciples qui va permettre toutes les autres demandes de Jésus, par comparaison entre les actions des disciples et celles de Jésus.

« Qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés »

La joie de Jésus vient de son unité avec son Père. Si les disciples sont en unité avec le Père par l’intermédiaire de Jésus, alors eux aussi participeront à la joie du Jésus, la joie d’aimer et d’être aimé par le Père, la joie d’aimer les humains, et parfois d’être aimé par certains d’entre eux.

Pas par tous, car « le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. »

Mais Jésus ne demande pas qu’ils soient aimés par tout le monde ! Non, car il respecte la liberté de chacun, son for interne.

Ni que le Père les « retire du monde », car il y a des choses bonnes dans le monde, mais « qu’ils soient gardés « du Mauvais. », de tout ce qui est mauvais dans le monde, initié par le Mauvais, le Malin, le Satan. Là aussi à l’image de Jésus qui « est vainqueur [du] monde » (Jn 16,33).

« Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité ».

Et comment Jésus explique la sanctification ? Par la Parole. Pas n’importe laquelle : celle de Dieu le Père qui a été proclamé sur terre par Jésus, en parole (λογος) et en actions (πραξις).

Et pour permettre cette sanctification, Jésus envoie ses disciples dans le monde : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. », là encore à l’imitation de Jésus avec son Père.

Que retenir pour nous ?

Que nous devons tout faire pour être à « l’imitation de Jésus-Christ ».

Avec comme principe premier de tout faire pour être comme Jésus en unité avec le Père. C’est ce que dit Jésus dans le paragraphe suivant : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. (…) qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17,21-23).

Cette prière de Jésus à son Père concerne tous les disciples : « ceux qui sont là, mais encore ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jn 17,20).

Elle concerne donc tous les baptisés, quels que soient leurs fonctions dans l’Église.

Seigneur Jésus,

ton amour pour nous est si grand

que tu veux partager avec nous

ce qui est le plus important pour toi :

l’unité parfaite qu’il y a entre ton Père et toi,

basée sur l’amour parfait.

Mais pour y arriver,

il faut que chacun renonce à lui-même,

et c’est pas gagné …

à commencer par moi.

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

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7ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Fidélité, unité, Vérité

Jn 17, 11-19

Nous venons de lire, dans l’Evangile, ce que les spécialistes appellent « la prière sacerdotale » : la prière du Christ-Prêtre qui s’adresse au Père pour les apôtres, et que demande-t-il pour eux ? C’est d’autant plus intéressant de l’écouter, qu’au fur et à mesure de ses demandes, il dresse un portrait de ce que doit devenir un vrai disciple du Christ : il campe devant nous, un véritable prototype de ce que doit être un chrétien véritable, un disciple, un apôtre. Alors, examinons ce texte de très près et nous verrons se dessiner peu à peu la silhouette du chrétien modèle. En comparant avec ce que nous sommes en réalité, cela peut être plein d’enseignements pour nous.

En lisant cet Evangile, la 1ère qualité qui frappe, c’est « la fidélité« . Un chrétien, c’est d’abord un « fidèle« , à tel point que l’on a appelé les chrétiens « des fidèles ». C’était le plus beau titre qu’on pouvait leur donner. On dit par exemple : « Combien y avait-il de « fidèles » à la messe aujourd’hui ? »

Et on a même été jusqu’à appeler ceux qui n’étaient pas chrétiens : « les infidèles » tant c’était cette « fidélité » qui devenait la 1ère caractéristique du chrétien. « Chrétiens, sommes-nous des « fidèles » ? » Et d’abord qu’est-ce donc que cette fidélité ?

Est fidèle, celui ou celle, qui s’étant engagé dans un amour, reste définitivement attaché avec celui ou celle avec qui, il s’est engagé, quelles que soient les difficultés, les contrariétés, les sollicitations extérieures, il ne laissera pas tomber l’autre. Il ne le lâchera jamais ! Il sera toujours là, présent, solidaire et aimant : on peut compter sur lui, il est solide, il est toujours là.

C’est la 1ère qualité de Dieu, celle qui nous frappe le plus. Malgré toutes nos fautes, nos départs loin de lui, nos éloignements, nos demi-tours, il est toujours là, prêt à recommencer l’alliance. C’est toute l’histoire de la Bible où jamais, malgré les circonstances les plus défavorables, il ne laisse tomber son peuple.

Aussi chantons-nous « Tu es le Dieu fidèle éternellement » et quand deux jeunes viennent devant Dieu pour se marier, parce qu’ils veulent faire comme lui, agir comme lui, eux, aussi, se promettent fidélité, à l’image de Dieu. Oui, un chrétien, c’est d’abord un homme qui, ayant donné sa foi au Seigneur, ne le laissera jamais tomber, pas plus d’ailleurs que Dieu ne l’oubliera : « Je suis avec vous, tous les jours, parmi vous, jusqu’à la fin des temps ».

Que dire alors de ceux qui se disent « chrétiens », qui ne pensent guère à Dieu, qui le prient de loin en loin, et qui sont incapables de se déranger une fois par semaine pour avoir « Rendez- vous avec lui » ? Pour les 90% de baptisés, 10%, et je suis optimiste, de « fidèles », de vrais, qui ne laissent pas tomber Dieu et qui ont le souci de faire grandir cette Vie divine, reçue en eux par le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, 10% se souviennent que, sans lui, notre vie tombe en ruines. « Père Saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un comme nous-mêmes un comme nous-mêmes ».

Le second désir de Jésus pour nous, après la fidélité, c’est l’unité: il n’y a rien de plus pénible que de voir des chrétiens divisés, dressés les uns contre les autres, ne se parlant plus, ne désirant pas se réconcilier, jugeant les autres avec hauteur et dédain.

Frères, que cela n’arrive jamais entre nous. C’est la mort d’une communauté chrétienne, la mort d’une paroisse. Certes, nous pouvons avoir parfois des opinions différentes, des divergences de vues, de petits accrochages, des caractères opposés, mais que notre idéal commun, que notre union à Jésus-Christ soit toujours la plus forte : il ne doit avoir rien de plus pénible pour le Père, qui aime autant, chacun de nous, que de nous voir divisés, s’entredéchirer, s’opposer avec méchanceté et agressivité. Tout comme il est extrêmement pénible pour de bons parents de constater que leurs enfants ne s’entendent pas, ne veulent plus vivre ensemble alors qu’ils ont tout fait, pour créer une famille unie, où il fait bon vivre ensemble.

Vous savez combien le Seigneur a insisté sur cette unité, et si nous sommes fidèles parce que Dieu est fidèle, nous serons un, parce que Dieu, lui aussi, dans sa Trinité de personnes, est tellement un, qu’il ne fait qu’un seul Dieu. Si nous vivons comme Dieu, nous devenons « un », les uns et les autres, comme lui. « Père, qu’ils soient un, comme toi et moi nous ne faisons qu’un ».

Mais si nous devenons, peu à peu, si fidèles, si unis, si unanimes les uns avec les autres, surgit la 3e caractéristique : la vérité. Ensemble nous reconnaissons la même vérité, que nous vivons dans la même lumière, fidèles et unis autour d’une même Parole. Qu’importe que nous soyons fidèles et unis, si c’est dans l’erreur : fidélité et union ne prennent leur valeur que si, tous ensemble, nous sommes dans la vérité et c’est le troisième désir du Christ, dans cet Evangile d’aujourd’hui : « Consacre-les par ta vérité ». Ta Parole est vérité : être ancrés dans la vérité, écouter et mettre en pratique les paroles de celui qui, seul, a osé dire : « Je suis la vérité » ; « Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité ».

Aujourd’hui, au milieu de centaines de théories, de milliers d’idéologies et de sectes, où chacun semble avoir « sa religion », nous sommes tentés de dire comme Pilate à Jésus : « Qu’est-ce-que la vérité ? »

– Or, c’est évident, c’est logique : il n’y a pas plusieurs vérités qui se contredisent.

– Y en aurait-il que deux qui soient différentes, une des deux devient fausse et n’est qu’une erreur.

– « Je suis la vérité ».

 La vérité n’est pas une idée, n’est pas une notion.

C’est une personne : c’est Jésus-Christ et son message

Et toute autre vérité ne peut être qu’une approche, une participation, un accord avec Jésus-Christ. Aujourd’hui, si l’on veut réussir dans le monde, il semble indispensable de camoufler la vérité, de flirter avec le mensonge, de passer par des compromis.

Pour nous, disciples du Christ, la vérité est « une« . « Oui, c’est oui. Non, c’est non » quel que soit notre intérêt immédiat. Quand nous tournons notre boussole dans tous les sens, l’aiguille, elle, retrouve toujours le pôle. Pour un chrétien, c’est pareil.

Fidélité, unité, vérité : voilà les trois mots-clés de notre vie chrétienne, les trois « mots de passe » du chrétien. AMEN




7ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

« Père, garde-les dans la fidélité à ton Nom » (Jn 17,11b-19)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

 

jésus en prière

Juste avant sa Passion, Jésus prie son Père pour ses disciples, et donc pour chacun d’entre nous. Et le Père exauce toujours le Fils : « Père, je te rends grâce de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours » (Jn 11,41-42)… Cette prière de Jésus pour nous est donc exaucée, ne l’oublions jamais…

            Et que demande-t-il ? « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton Nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ». Or, « selon une conviction très répandue » à l’époque, « le nom dit la personne en sa profondeur… Aussi, connaître le nom de quelqu’un, c’est avoir accès au Mystère de son Être » (P. Xavier Léon Dufour). Le Père a donc donné au Fils son Nom en partage : il lui a donné d’Être ce qu’il Est. « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5) et « Esprit » (Jn 4,24), le Père Est Lumière et Esprit ? Reprenons notre principe de base : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’Il Est, tout ce qu’Il a. « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), dit Jésus. Le Fils est donc lui aussi Lumière (Jn 8,12 ; 12,46) et Esprit (2Co 3,17) : il a reçu du Père d’avoir son Nom en partage. C’est pourquoi, « moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30), unis l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, le Père le donnant au Fils par amour, le Fils le recevant du Père dans l’amour, et cela de toute éternité…

            Or « j’ai fait connaître ton Nom aux hommes », dit Jésus à son Père, et il l’a fait en leur donnant à eux aussi de recevoirce « Nom » en partage. Souvenons-nous : ressuscité, il leur dira : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). Par ce Don de l’Esprit, ils seront donc eux aussi en Communion avec Jésus et entre eux « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Aussi, quand Jésus demande à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son Nom, il lui demande de faire en sorte qu’ils demeurent bien dans ce Mystère de Communion qu’il est venu leur révéler et leur offrir (1Co 1,9), bien tournés vers Lui de tout cœur, accueillant sans cesse ce Don de l’Esprit qui leur est fait… Se repentir, se tourner vers Dieu, rester tourné vers Dieu, tout cela est Don de Dieu (Ac 5,31 ; 11,18 ; Lc 15,1-10). « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80).

            Père, « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais ». Cette demande rejoint la précédente… A la prière du Fils, Dieu le Père veille donc sur chacun des disciples de Jésus, comme un Père sur ses enfants, pour qu’ils ne se laissent pas tenter, pour qu’ils ne s’égarent pas, ne se blessent pas, ne se fassent pas de mal en faisant ce qui serait mal… « Ne nous laisse pas entrer en tentation »… Dieu est donc le premier acteur de notre conversion. Si nous y sommes un tant soit peu attentifs, il saura nous faire comprendre que telle parole, telle décision, telle action pourraient nous détourner de cette Plénitude de Vie qu’il veut voir régner en nous, pour notre seul bien…« Je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés », « la joie de l’Esprit », l’Esprit donné gratuitement, par amour, « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13).




« Quand l’amour de Dieu embrase le cœur de l’homme »… – Père Matta el-Maskîne

Malgré tout ce qu’on peut dire et tout ce qu’on peut faire à propos du contrôle de la pensée, particulièrement durant la prière, il n’y a en réalité pour l’homme qu’un seul chemin pour atteindre la paix intérieure et le repos de la pensée : c’est l’amour, l’amour jaillissant de la foi et de la confiance en Dieu. Les méthodes volontaristes du contrôle de la pensée peuvent réussir à maîtriser partiellement la pensée et les capacités imaginatives, mais elles ne peuvent réussir à fixer la pensée en Dieu.

Quand l’amour de Dieu explose au cœur de l’homme, il investit, non seulement l’intellect, mais tous les sens, et l’homme tout entier devient une bouche qui parle et une oreille qui entend, et plus aucune force ne peut le séparer de son dialogue d’amour avec Dieu.

Quand l’amour de Dieu embrase le cœur de l’homme, non seulement il contrôle, sa pensée et ses sens, mais l’homme tout entier accède à un état de quiétude et de sérénité qui est le paradis même. Cela tient au sentiment de sécurité et de confiance absolue que l’on reçoit dans la présence du Dieu tout-puissant. Le passé, avec ses malheurs et ses tristes souvenirs, s’efface de l’horizon de la pensée priante, de même que n’existent plus pour elle les préoccupations du présent avec ses exigences, et que disparaît l’angoisse de l’avenir avec ses surprises. L’âme est désormais au repos en Dieu. Elle a mis en lui une confiance illimitée, semblable à celle e l’enfant reposant sur le sein de sa mère.

Un des plus grands mystères de notre amour de Dieu et de son impact sur l’âme humaine est, sans doute, la capacité de cet amour à convaincre l’âme de confier totalement, tout simplement et d’un seul coup, sa volonté, sa vie, ses espoirs et sa faiblesse entre les mains de son bien-aimé. L’homme se lève alors pour prier, non seulement l’esprit clair et la pensée maîtrisée, mais avec un sentiment d’abandon, de sérénité et de calme, même pendant les circonstances d’angoisse et de perturbation les plus violentes et les plus dangereuses. L’attitude du martyr s’avançant vers l’épée du bourreau avec calme et tranquillité, priant et levant au ciel les mains et les yeux, est une image vivante et éloquente de la puissance de l’amour capable de tout vaincre.

Pour celui qui aime, sa disposition au don de soi et à l’abnégation est son meilleur bouclier contre toutes les surprises, les menaces et les angoisses qui sont les plus puissants facteurs de perturbation de la pensée durant la prière.

                                                                                   P. Matta el-Maskîne

                                                        Extrait de « L’expérience de Dieu dans la vie de prière »

                                                               (Abbaye de Bellefontaine – Editions du Cerf)




En vidéoconférence (zoom) : « L’Amour de Marie » (D. Jacques Fournier), les jeudis du mois de Mai.

« L’Amour de Marie »…

Les jeudis  : 6, 13 , 20 et 27 mai et le 3 juin

De 18h 00 à 19h 30, en vidéoconférence avec l’application zoom (téléchargement gratuit).

 

« Les textes où Marie intervient dans le Nouveau Testament sont rares, mais d’une surprenante richesse. Nous les relirons en notant notamment les multiples allusions à l’Ancien Testament qui nous permettront de pressentir, tant dans ces prophéties que dans leur mise en oeuvre, l’unité, la beauté et la profondeur du projet de Dieu sur toute l’humanité.

D. Jacques Fournier

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Ou par téléphone au 0262 90 78 24

 




6ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 9-17) – Francis Cousin

« Aimez-vous les uns les autres. »

Souvent nous utilisons cette partie de phrase seulement, qui ressemble à la dernière phrase de l’évangile de ce jour. C’est déjà bien, et c’est mieux que rien.

Mais il manque quelque chose d’important qu’on trouve au début de l’évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Ce n’est pas simplement s’aimer, être ’’cool’’, genre hippie … mais aimer à l’image du Christ, un amour total, sans limite, que Jésus explique aussitôt : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. ».

Mais cet amour total ne vient pas de lui : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. ».

Et si on met les phrases en arrangeant un peu l’ordre, on obtient :

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »

                                                  comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

Et par réflexivité, on a : « Comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour dont nous devons nous aimer doit être identique à celui du Père, qui est tout amour, par l’intermédiaire de Jésus.

Et cet amour n’est pas celui d’un instant, une fois de temps en temps : « Demeurez dans mon amour. ».

Et ça, ce n’est pas facile ! Cela demanderait d’être parfait !

Mais Jésus a dit : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) ! Et dans le Notre Père, nous disons : « Que ta volonté soit faite … ».

« Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies. Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. » (Pape François, Gaudete et Excultate, 51)

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Cela semble toujours aussi difficile, surtout en ce temps de pandémie du Covid 19, où les gestes barrières ont amené une plus grande distanciation entre les personnes : le masque, un mètre de distance, la peur, le télétravail etc … ont renforcé l’isolement des personnes et parfois l’égoïsme … qui ne nous permet pas de voir l’autre ! Et la tendance au chacun pour soi augmente.

C’est ce que dénonce le pape François dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti : « De nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît ‘‘la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité’’ ». (FT n° 27).

« L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui ». (FT 30).

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).

« Même cette proposition d’amour pouvait être mal comprise. Ce n’est pas pour rien que, face à la tentation des premières communautés chrétiennes de créer des groupes fermés et isolés, saint Paul exhortait ses disciples à vivre l’amour entre eux « et envers tous » (1 Th 3, 12), et que, dans la communauté de Jean, il était demandé de bien accueillir les frères « bien que ce soient des étrangers » (3 Jn 5). Ce contexte aide à comprendre la valeur de la parabole du bon Samaritain : il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. En effet, c’est ’’l’amour qui brise les chaînes qui nous isolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité ». (FT 61-62)

« Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs ». (FT 284).

Essayons de mettre en œuvre les propos du pape François.

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples. » (Jn 13,35).

Prions avec la prière de la sixième station du chemin de croix du Diocèse de cette année :

Seigneur,

comme il est difficile de se faire

« prochain pour les autres »,

surtout s’ils ne sont pas de notre milieu,

 de notre pays, de notre religion…

Mais quand tu dis

« Aimez-vous les uns les autres »,

tu ne mets pas de restrictions,

parce que nous sommes tous enfants de Dieu,

tous frères… à ta suite.

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 6°




6ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Aimer

Jn 15, 9-17

« Dieu est amour » : cette petite phrase, combien de fois, l’avez-vous entendue, rabâchée, répétée en toutes circonstances, si bien qu’elle est devenue pour nous une rengaine et à chaque fois que nous l’entendons, nous avons cette réaction : « Tiens, en voilà encore un qui n’a plus rien à dire, alors il répète comme tous les autres “Dieu est amour » !

Faut-il, mes frères, que nous soyons vaccinés au message de l’Evangile, habitués aux mots, blindés contre toutes les idées-chocs pour réagir de cette façon-là ! Ces 3 mots-là : « Dieu est amour » sont le sommet de la Révélation biblique et ils sont capables, pour celui qui les prend au sérieux, de transformer une vie, de changer une existence, de découvrir un horizon tout-à-fait neuf, inespéré, incroyable.

Mais, avant d’en arriver là, il faut déjouer les pièges du langage : »amour », voilà un mot bien galvaudé, utilisé dans n’importe quelle situation et qui, à force de tout dire, ne dit plus rien de précis. De même le mot « Dieu » : son nom, à lui aussi, est bien galvaudé et son visage bien déformé !

Un ami incroyant me disait un jour : « Oui, je sais : Aimer est le verbe essentiel de l’Evangile et pourtant les chrétiens en parlent si bien ! Et le font si mal ! » Au-delà de cette boutade, il y a toute l’usure de notre monde blasé, un monde « à qui on ne la fait pas », parce qu’il en a vu d’autres et qui, dit-il, ne veut pas se laisser avoir par le premier venu.

« Le premier venu », celui qui est venu le premier c’est-à-dire celui qui nous a vraiment appris ce que c’est que l’amour, un amour qui va jusqu’au bout : c’est Jésus-Christ, envoyé par son Père, par amour :

 

1 – voulant sauver les hommes par amour

2 – donnant sa vie par amour

3 – et nous tirant de notre péché par amour.

L’amour : ce n’est pas nous qui l’avons inventé, tout au plus l’avons-nous réduit et défiguré. C’est Dieu qui nous l’a transmis et qui voudrait que nous en soyons à notre tour les diffuseurs.

Un amour, ça ne se garde pas sous peine de dépérir. Ça se transmet pour s’épanouir. Si bien qu’en regardant l’amour de Dieu, son initiative, sa démarche d’amour, c’est une idée de l’amour qui est presque exactement le contraire de celle que nous nous faisons : une bonne nouvelle, un émerveillement, un étonnement.

« Dieu révèle sa puissance à toutes les nations ».

Quelle puissance ? Celle du cœur, bien sûr ! Amour offert, amour gratuit, amour universel. Dieu aime le premier. Il est Amour. Notre maitre, notre instructeur en amour, c’est lui.

Dès lors, il fait de l’Homme son ami, il se donne à lui, sans réserve, sans frontière. Quand on dit « il nous a aimé le premier », on a tendance à croire que ce fut une seule fois, à la manière historique, alors que sans cesse, bien des fois, au long des jours et de notre vie, « c’est toi, Seigneur, qui nous as aimés le premier et qui a pris l’initiative ».

Trop souvent, on présente l’amour au chrétien comme une morale  » Tu aimeras… », comme si on pouvait imposer à quelqu’un d’en aimer un autre ! Un amour, ça ne se commande pas ! Un amour est suscité par un autre amour… si bien qu’il n’y a pas de véritable amour sans foi. « Foi et amour » ne font qu’un.

Pour le chrétien : c’est Dieu qui, par l’amour qu’il nous porte, force le nôtre. Bien plus, c’est lui qui, en nous, va aimer les autres pour que, par notre amour, les autres puissent reconnaitre l’amour originel qu’ils puissent remonter jusqu’à la source, plonger jusqu’à la racine, découvrir le point de départ.

 Ayant eu, pendant 25 ans d’aumônerie de jeunes, l’occasion d’en approcher des milliers, je fus frappé parfois par quelques-uns d’entre eux : généreux, enthousiastes, limpides, animés par un idéal magnifique et je me disais, sans connaître leurs parents « combien faut-il qu’ils aient été aimés et éduqués dans l’amour, pour avoir un cœur aussi ouvert, une âme aussi belle, un esprit aussi dynamique » et c’était vrai ! Et si, à notre tour, les gens autour de nous, pouvaient dire : « Faut-il qu’ils soient tellement aimés de Dieu pour être à leur tour si généreux, si oublieux d’eux-mêmes, si peu égoïstes et si joyeux, si épanouis ». Dans ce cas-là, ils ont deviné notre secret. Ils ont été jusqu’au noyau de notre vie :

« C’est parce qu’il « demeure » en nous et nous en lui »

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, pour que vous soyez comblés de joie »

« Maintenant je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père (l’amour), je vous l’ai fait connaître »

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et je vous ai mis à cette place afin que vous partiez et que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure ».

Dieu nous a aimés le premier : découverte nécessaire pour comprendre ce qu’est l’amour chrétien : non pas une obligation extérieure, mais une nécessité interne, non pas un devoir imposé que l’on exécute tant bien que mal comme un potache, mais un jaillissement de tout l’être qui ne peut pas faire autrement, sous peine de se renier.

 Ainsi Dieu pour nous, il ne peut pas faire autrement que nous aimer et notre cœur, à son tour, doit rayonner cet amour comme la pluie qui « doit » tomber, comme le gaz qui « doit » se répandre. C’est dans sa nature. Ainsi l’Homme touché par l’amour gratuit de Dieu ne peut plus vivre autrement qu’en aimant. C’est pourquoi St-Jean écrit: « Aimons-nous les uns les autres PUISQUE l’amour vient de Dieu ».

Je finis par ce propos d’une jeune fille, entendu dans une réunion : « Si je pouvais, j’écrirais pour le monde entier, sur d’immenses bandes, en toutes langues, que les pauvres et les riches pourraient lire « Aimez-vous une seule journée, aimez-vous vraiment pour une journée« . Si les gens s’aimaient une journée, ils trouveraient cela tellement merveilleux qu’ils continueraient à s’aimer pendant une vie entière, sans guerre, sans souffrances, dans la confiance, dans l’amitié et l’égalité totale. C’est un rêve mais j’espère de toutes mes forces qu’il se réalisera un jour. J’en ai l’espérance et la foi ».

Tous les psychologues, psychanalystes, psychiatres vous le diront: « La vie de l’homme, c’est une histoire d’amour. S’il a été assez aimé, il va pouvoir aimer, il sera heureux et sera un donneur de joie. Par contre, s’il n’a pas eu sa ration d’amour, sa part d’affection, il sera lui-même un égoïste et rendra les autres malheureux ».

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous

et que vous soyez comblés de joie ». AMEN