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6ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 9-17) – Francis Cousin

« Aimez-vous les uns les autres. »

Souvent nous utilisons cette partie de phrase seulement, qui ressemble à la dernière phrase de l’évangile de ce jour. C’est déjà bien, et c’est mieux que rien.

Mais il manque quelque chose d’important qu’on trouve au début de l’évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Ce n’est pas simplement s’aimer, être ’’cool’’, genre hippie … mais aimer à l’image du Christ, un amour total, sans limite, que Jésus explique aussitôt : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. ».

Mais cet amour total ne vient pas de lui : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. ».

Et si on met les phrases en arrangeant un peu l’ordre, on obtient :

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »

                                                  comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

Et par réflexivité, on a : « Comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour dont nous devons nous aimer doit être identique à celui du Père, qui est tout amour, par l’intermédiaire de Jésus.

Et cet amour n’est pas celui d’un instant, une fois de temps en temps : « Demeurez dans mon amour. ».

Et ça, ce n’est pas facile ! Cela demanderait d’être parfait !

Mais Jésus a dit : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) ! Et dans le Notre Père, nous disons : « Que ta volonté soit faite … ».

« Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies. Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. » (Pape François, Gaudete et Excultate, 51)

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Cela semble toujours aussi difficile, surtout en ce temps de pandémie du Covid 19, où les gestes barrières ont amené une plus grande distanciation entre les personnes : le masque, un mètre de distance, la peur, le télétravail etc … ont renforcé l’isolement des personnes et parfois l’égoïsme … qui ne nous permet pas de voir l’autre ! Et la tendance au chacun pour soi augmente.

C’est ce que dénonce le pape François dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti : « De nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît ‘‘la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité’’ ». (FT n° 27).

« L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui ». (FT 30).

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).

« Même cette proposition d’amour pouvait être mal comprise. Ce n’est pas pour rien que, face à la tentation des premières communautés chrétiennes de créer des groupes fermés et isolés, saint Paul exhortait ses disciples à vivre l’amour entre eux « et envers tous » (1 Th 3, 12), et que, dans la communauté de Jean, il était demandé de bien accueillir les frères « bien que ce soient des étrangers » (3 Jn 5). Ce contexte aide à comprendre la valeur de la parabole du bon Samaritain : il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. En effet, c’est ’’l’amour qui brise les chaînes qui nous isolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité ». (FT 61-62)

« Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs ». (FT 284).

Essayons de mettre en œuvre les propos du pape François.

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples. » (Jn 13,35).

Prions avec la prière de la sixième station du chemin de croix du Diocèse de cette année :

Seigneur,

comme il est difficile de se faire

« prochain pour les autres »,

surtout s’ils ne sont pas de notre milieu,

 de notre pays, de notre religion…

Mais quand tu dis

« Aimez-vous les uns les autres »,

tu ne mets pas de restrictions,

parce que nous sommes tous enfants de Dieu,

tous frères… à ta suite.

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 6°




6ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Demeurez en mon amour » 

(Jn 15, 9-17)

 

           En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. 
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
      Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. 
           Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. 
      Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

            

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés », nous dit ici Jésus… Comment le Père aime-t-il donc le Fils ? « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), écrit St Jean. Or, il emploie ici pour le verbe « donner » un ‘parfait grec’ qui renvoie à une action passée dont les conséquences se font toujours sentir dans le présent du texte… La raison de cette action passée devrait donc elle aussi être exprimée par un verbe au passé : « Le Père a aimé le Fils et il a tout donné dans sa main », le Fils étant toujours comblé par ce don au moment où St Jean s’exprime… Mais non… St Jean emploie un verbe au présent, « le Père aime le Fils », car il évoque une réalité éternelle : il en est ainsi depuis toujours et pour toujours… Et que signifie pour le Père « aimer le Fils » ? C’est « tout donner en sa main », tout ce qu’il a, tout ce qu’il est… « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), dit Jésus…

            Nous sommes ici au cœur de notre Crédo… « Avant tous les siècles », le Père aime le Fils et se donne donc tout entier à lui… Le Père est Dieu ? Il lui donne tout ce qui se cache derrière cette expression si simple : « être Dieu ». Le Père est Lumière ? Il lui donne tout ce qui fait qu’il est Lumière… Et c’est par ce Don de Lui-même que le Père« engendre » le Fils, et que le Fils est l’éternel engendré du Père… « Né du Père avant tous les siècles, il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, de même nature que le Père », car c’est justement cette « nature » divine, ce qui fait que Dieu est Dieu, que le Père ne cesse de donner au Fils, que le Fils ne cesse de recevoir du Père…

            Ce mystère d’engendrement éternel peut aussi être exprimé en terme de « vie » : « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26). « Je vis par le Père » (Jn 6,57). Cette notion de « vie » peut elle même être exprimée par l’image du « souffle », « le souffle de vie ». L’homme vit tant que du souffle passe dans ses narines… Donner la vie, c’est donner le souffle, et c’est bien ainsi que Dieu crée l’homme, en « insufflant en lui une haleine de vie » (Gn 2,7). « N’a-t-il pas fait un seul être, qui a chair et souffle de vie ? », demande le prophète Malachie (Ml 2,15) ? Oui, l’homme est la seule créature que Dieu créé ainsi… « Tu m’as gratifié de la vie, et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle » (Job 10,12).

            Or, cette notion de « souffle » sert aussi à évoquer « l’Esprit de Dieu ». C’est pourquoi, lorsque le Christ ressuscité se manifesta à ses disciples, « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (Jn 20,22). Avec le « souffle » image de « vie », cela revient à dire : « Recevez la vie ». Si les disciples l’acceptent, par le « oui » de leur foi, la mission du Christ est accomplie : « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 6,47). Dès lors, on perçoit le lien profond entre les notions d’ « Esprit » et de « vie » : « l’Esprit », « le souffle de Dieu », est « vie »… « Souffler » sur les disciples, c’est, pour Jésus, leur donner « l’Esprit », leur donner « la vie éternelle », la vie même de Dieu ! Or « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), dit-il à la Samaritaine. En tout son Être, « Dieu est Esprit », et c’est bien parce qu’il est tout entier « Esprit », « Souffle de vie », qu’il est le Vivant par excellence, « le Dieu vivant » (Ac 14,15). Son « Esprit » est « vie ». C’est pourquoi « le Seigneur dit à Ezéchiel : « Adresse une prophétie à l’Esprit, prophétise, fils d’homme. Dis à l’Esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, Esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! » Je prophétisai, comme il m’en avait donné l’ordre, et l’Esprit entra en eux ; ils revinrent à la vie » (Ez 37,9-10).

            Dieu donne la vie en donnant l’Esprit, car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). C’est ainsi qu’il nous a créés : il nous a suscités à la vie en nous donnant l’Esprit, son Esprit. Et en agissant ainsi, il nous a aussi donnés d’être « esprit », c’est-à-dire des créatures spirituelles dont le mystère de la vie est à chercher dans la présence au plus profond de nous mêmes d’une réalité qui est Esprit. « Dieu Esprit » (Jn 4,24) nous a suscités dans l’existence en nous donnant à notre tour d’être « esprit » (cf. 1Th 5,23-25). Nous avons donc tous été créés par amour, puisque pour Dieu, « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux ; Jn 3,35). Et c’est bien ainsi, nous l’avons vu, que le Père engendre le Fils de toute éternité, en se donnant tout entier à lui, en tout ce qu’il est, en tout ce qu’il a… C’est ce qui est dit, en actes, au moment du baptême de Jésus (Mc 1,9-11) : la Plénitude de l’Esprit jaillit des cieux déchirés, et donc du Père, pour aller reposer sur le Fils. Et au même moment, la voix du Père se fait entendre : « Celui est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour », et donc tout ce que Je Suis, car « Dieu est Esprit », et « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). « Le Père aime le Fils, et il a tout donné en sa main ». Nous constatons à quel point l’acte créateur par lequel Dieu nous a tous fait surgir à l’existence est à « l’image et ressemblance » (Gn 1,26-28) de Celui par lequel le Père engendre le Fils depuis toujours et pour toujours… Et notre vocation à tous est justement de « reproduire l’image du Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8,29). Et cela se fera, si nous acceptons, par notre foi au Fils, de recevoir avec le Fils et par Lui, tout ce que le Fils reçoit du Père de toute éternité, c’est-à-dire tout ce qui l’engendre en Fils, « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu »… Beauté incroyable de la vocation de tout homme ici-bas : devenir « participants de la nature divine » (2P 1,4), et ainsi, des fils « à l’image du Fils », des « enfants de Dieu » vivant de la Plénitude de Vie de leur Dieu et Père, et cela le plus pleinement possible, selon notre condition de créatures…

            C’est ce Don qui ne cesse de jaillir du Père vers le Fils pour l’engendrer en Fils, et qui ne cesse de jaillir du Fils pour que nous devenions à notre tour des fils remplis comme le Fils de toute la Plénitude divine (cf. Jn 7,37-39)… « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie, et que selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute  chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés » (Jn 17,1-2). Et tout ceci n’est que le fruit de l’Amour, Amour éternel du Père qui se donne tout entier au Fils pour lui donner d’Être ce qu’il Est, et il Est Amour… Le Fils, Amour lui aussi, sera donc également tout entier Don de lui-même, Don de ce qu’il est en lui-même, un Don qu’il nous invite à recevoir gratuitement, par amour, et cela de tout cœur, en essayant, avec son aide et son soutien, de nous tourner tout entier vers Lui… Cela suppose bien sûr au même moment qu’il nous soit donné de nous détourner également tout entier du mal : tel est le combat quotidien de notre conversion, avec le soutien et la grâce de Dieu…

            C’est pour cela que Jésus nous invite ici, comme fondement de notre vie chrétienne, à demeurer en son amour, amour totalement pur et gratuit qui ne cesse de se donner tout entier à nous pour réaliser en nous le meilleur dont nous avons besoin… « Demeurez en mon amour »… Veillez à vous laisser aimer, tels que vous êtes et cela de tout cœur… Ce qui revient à se laisser combler instant après instant par le Don de l’Amour, le Don de l’Esprit qui vivifie, de la Lumière qui règne dans les ténèbres sans que ces ténèbres ne puissent la saisir (Jn 1,5)… Il s’agira bien sûr ensuite de ne pas éteindre cet Esprit en posant des actions qui lui seraient contraire… « Priez sans cesse », en essayant d’accueillir sans cesse le Don que Dieu, dans son Amour, nous fait sans cesse… « Rendez grâce en toute circonstance », par un merci de tout cœur pour ce Don qui ne cesse de nous être proposé gratuitement, par amour, en toutes circonstances : « c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,17-22).

            Jésus l’évoque ici en termes de « garder mes commandements », c’est-à-dire la ligne directrice de vie qu’il nous a indiquée, et elle est de l’ordre de l’amour, du don de soi, du service, de l’ouverture aux autres, etc… « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15,12-14). « Garder ses commandements », revient donc à garder cette vie d’amour, de don de soi, une vie qu’il ne cesse de nous offrir par le don de son « Esprit qui vivifie », un Esprit qui est Lumière… Et nous retrouvons le « n’éteignez pas l’Esprit » de St Paul… C’est ce que fait Jésus lui-même dans le cadre de sa relation avec son Père : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jn 15,10). Et « je sais que son commandement est vie éternelle » (Jn 12,50). « Garder les commandements », c’est donc « garder la vie », éviter avec la force et le soutien de l’Esprit tout ce qui peut blesser cette vie, et donc nous blesser en tant que vivants appelés à partager cette Plénitude de vie. « Le salaire du péché, en effet, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu », le Don de l’Amour, « c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

            Garder la vie, ne pas éteindre l’Esprit, ce sera au même moment garder la joie, cette joie donnée par cette Plénitude de vie et qui est synonyme de bonheur paisible et profond. En effet, si « le Don de Dieu », c’est « l’eau vive » de « l’Esprit » (Jn 4,10‑14 ; 7,37-39 ; 19,34), « l’Esprit qui vivifie », « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Le seul but que Jésus poursuit est donc notre joie : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11).

            Oui, vraiment, « je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Et le Fils ne cesse d’entendre du Père ce « je t’aime », en acte, qui est Don plénier du Père par lequel le Fils est engendré en vrai Dieu né du vrai Dieu. Ce « je t’aime », le Fils nous le fait connaître en nous le disant à son tour, et en ne cessant de joindre lui aussi à cette Parole ce Don de l’Esprit qu’il reçoit du Père de toute éternité : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux Recevez l’Esprit Saint » (Jn 17,26 ; 20,22)…

                                                                                                                                              DJF




5ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du 5ème dimanche de Pâques / Année B

02 mai 2021

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 1-8)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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HOMÉLIE

Frères et sœurs, il y a bien des termes et des expressions qui se répètent dans l’Évangile que nous venons de proclamer. Cela mérite qu’on s’y intéresse d’un peu plus près.

 

 

  • La vigne

Le terme vigne revient trois fois. Et l’expression « Moi, je suis la vraie vigne » revient deux fois et elle est centrale.

Depuis le prophète Isaïe (VIIIème siècle avant Jésus-Christ), il est habituel dans la Bible de comparer le peuple d’Israël à une vigne que Dieu a toujours pris soin mais qui n’a pas porté le fruit attendu.

Jésus se présente lui-même comme la vigne véritable qui elle porte du fruit. Jésus est le cep qui transmet la sève aux sarments. J’y reviendrai sur ce terme (sarment(s)).

  • Le verbe Demeurer

Le Christ transmet sa sève de ressuscité aux sarments mais cela fonctionne que si nous demeurons en lui et lui en nous. Le verbe demeurer revient huit fois, c’est dire son importance. Nous avons ici la pointe de l’Évangile. Précisons aussi que ce verbe revient deux fois dans la deuxième lecture (soit dix fois dans la liturgie de ce jour).

Nous sommes bien sûr questionnés sur notre manière de demeurer mais notons bien qu’il s’agit que le Christ demeure en nous et nous en lui. Il y a bien un double mouvement. Le Christ nous accueille et nous accueillons le Christ. Quelle est la qualité de cet accueil ? Quelle est notre relation personnelle au Christ ?

Demeurer en Christ est d’une nécessité vitale d’après ce que dit Jésus lui-même : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Notons aussi la conséquence du « non-demeurer » : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. » Une image forte qui ne peut pas interpeller celui qui se dit vraiment chrétien. Cela me permet aussi de m’arrêter un peu plus sur ce terme sarment(s).

 

  • Le terme Sarment(s)

Le terme revient six fois. Nous l’avons compris, nous sommes les sarments. Et nous sommes invités à nous demander quel type de sarment nous sommes ?

 

 

 

Avant de faire notre examen de conscience, sans tomber dans l’auto-condamnation, rappelons-nous deux points :

  • Nous appartenons à cette vigne, au Christ, par la grâce du Baptême. Tous nous avons failli à nos vocations à des moments de notre vie mais nous sommes revenus à Dieu. N’oublions pas que Dieu prend soin de la vigne, il la purifie, il la taille. Il n’est jamais trop tard pour se relier au cep, au Christ. C’est bien ce que Jésus nous demande.

  • Prenons également conscience que le sécateur dont Dieu se sert pour émonder sa vigne, c’est sa Parole. Que fait-on de cette Parole ? Que reste-t-il de cette Parole que nous avons reçue, que nous recevons chaque dimanche ? Le chrétien doit s’imprégner des paroles du Christ pour pouvoir les mettre en pratique.

  • L’expression Porter ou ne pas porter du fruit

La première exigence du sarment c’est de porter du fruit. L’expression porter du fruit ou ne pas porter du fruit revient cinq fois.

Nous l’aurons compris, les sarments qui ne portent pas de fruit sont brûlés. Nous n’avons donc pas le choix que de produire des bons fruits. Le fruit que Dieu attend ce sont de tout ce qui est de l’ordre de l’amour. Saint Jean dans la deuxième lecture (Cf. 1 Jn 3, 18-24) nous rappelle le commandement de Dieu : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. »

En conséquence : Il y a à demeurer avec le Christ et avec ses frères, cela en les aimant, en vivant concrètement des actes selon ce que dit saint Jean : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

Nous devons comprendre que si nous ne demeurons pas dans une intimité profonde avec le Christ nous ne pourrons pas aimer correctement notre prochain. Par ailleurs, rappelons-nous toujours qu’aimer ce n’est pas vouloir contrôler, changer ou avoir la main mise sur les autres. Cette manière de faire est de l’ordre de la possession, un grave manque de chasteté, c’est tout le contraire de l’amour.

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En demeurant avec le Christ et avec nos frères, Jésus nous assure que nous pouvons tout demander et que cela nous sera accordé : « Demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. » Parfois on a cette forte impression que cette parole n’est pas pour moi. Je demande et en vain… Cela implique de revoir, d’après l’enseignement de ce dimanche, notre relation au Christ et aux autres.

Certainement, nous avons aussi à revoir ce que nous demandons : peut être que nos demandes ne sont pas bonnes ou peut être succombons-nous trop à la tentation de dicter à Dieu ce qu’il devrait faire…

Ce que nous avons en priorité à demander au Seigneur c’est d’une part de mieux vivre les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité.  D’autre part, nous avons sans doute à demander au Seigneur de nous aider à mieux comprendre sa volonté pour mieux nous y soumettre. Cela exige de nous disponibilité et confiance que hors de Jésus nous ne pouvons rien faire.

C’est ainsi frères et sœurs que nous pourrons vivre cette paix profonde dont parle le Ressuscité et qu’il communique à ses disciples. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour. Amen.




Audience Générale du Mercredi 28 Avril 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 Avril 2021


Catéchèse – 31. La méditation

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous parlons de cette forme de prière qu’est la méditation. Pour un chrétien, «méditer»  c’est chercher une synthèse: cela signifie se mettre devant la grande page de la Révélation pour essayer de la faire devenir nôtre, en l’assumant complètement. Et le chrétien, après avoir accueilli le Parole de Dieu, ne la garde pas enfermée en lui, car cette Parole doit rencontrer «un autre livre», que le Catéchisme appelle «celui de la vie» (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2706). C’est ce que nous tentons de faire chaque fois que nous méditons la Parole.

La pratique de la méditation a reçu une grande attention ces dernières années. Ce ne sont pas que les chrétiens qui parlent d’elle: il existe une pratique méditative dans presque toutes les religions du monde. Mais il s’agit d’une activité également présente chez les personnes qui n’ont pas une vision religieuse de la vie. Nous avons tous besoin de méditer, de réfléchir, de nous retrouver nous-mêmes, c’est une dynamique humaine. On recherche en particulier la méditation dans le monde occidental vorace, parce que celle-ci représente une barrière élevée contre le stress quotidien et le vide qui se répand partout. Voilà donc l’image de jeunes et d’adultes assis en recueillement, en silence, avec les yeux clos… Mais nous pouvons nous demander: que font ces personnes? Elles méditent. C’est un phénomène à considérer de manière positive: en effet, nous ne sommes pas faits pour courir sans cesse, nous possédons une vie intérieure qui ne peut pas être toujours piétinée. Méditer est donc un besoin de tous. Méditer, pour ainsi dire, serait comme s’arrêter et reprendre son souffle dans la vie.

Cependant, nous nous apercevons que cette parole, une fois accueillie dans un contexte chrétien, acquiert une spécificité qui ne doit pas être effacée. Méditer est une dimension humaine nécessaire, mais méditer dans le contexte chrétien va au-delà: c’est une dimension qui ne doit pas être effacée. La grande porte à travers laquelle passe la prière d’un baptisé – nous le rappelons encore une fois – est Jésus Christ. Pour le chrétien, la méditation entre par la porte de Jésus Christ. La pratique de la méditation suit elle aussi ce sentier. Et le chrétien, lorsqu’il prie, n’aspire pas à la pleine transparence de soi, il ne se met pas à la recherche du noyau le plus profond de son moi. Cela est licite, mais le chrétien cherche une autre chose. La prière du chrétien est avant tout une rencontre avec l’Autre, avec l’Autre mais avec un A majuscule: la rencontre transcendante avec Dieu. Si une expérience de prière nous donne la paix intérieure, ou la maîtrise de nous-mêmes, ou la lucidité sur le chemin à entreprendre, ces résultats sont, pour ainsi dire, des effets collatéraux de la grâce de la prière chrétienne qui est la rencontre avec Jésus, c’est-à-dire que méditer c’est aller à la rencontre de Jésus, guidés par une phrase ou par une Parole de l’Ecriture Sainte.

Le terme «méditation» a eu des significations différentes au cours de l’histoire. Même au sein du christianisme, celui-ci se réfère à des expériences spirituelles différentes. Toutefois, on peut retrouver certaines lignes communes, et le Catéchisme nous aide encore en cela, quand il dit: «Les méthodes de méditation sont aussi diverses que les maîtres spirituels. […] Mais une méthode n’est qu’un guide; l’important est d’avancer, avec l’Esprit Saint, sur l’unique chemin de la prière: le Christ Jésus» (n. 2707). Et il faut signaler ici un compagnon de route, quelqu’un qui nous guide: l’Esprit Saint. La méditation chrétienne est impossible sans l’Esprit Saint. C’est Lui qui nous guide à la rencontre de Jésus. Jésus nous avait dit: «Je vous enverrai l’Esprit Saint. Il vous enseignera et vous expliquera. Il vous enseignera et vous expliquera». Et dans la méditation également, l’Esprit Saint est le guide pour avancer à la rencontre de Jésus Christ.

Il existe donc de nombreuses méthodes de méditation chrétienne: certaines très sobres, d’autres plus complexes; certaines accentuent la dimension intellectuelle de la personne, d’autres plutôt celle affective et émotive. Ce sont des méthodes. Toutes sont importantes et toutes sont dignes d’être pratiquées, dans la mesure où elles peuvent aider l’expérience de la foi à devenir un acte total de la personne: ce n’est pas seulement l’esprit qui prie, c’est tout l’homme qui prie, la totalité de la personne, de même que ce n’est pas seulement le sentiment qui prie. Les anciens avaient l’habitude de dire que l’organe de la prière est le cœur, et ils expliquaient ainsi que c’est tout l’homme, à partir de son centre, du cœur, qui entre en relation avec Dieu, et pas seulement certaines de ses facultés. C’est pourquoi il faut toujours se rappeler que la méthode est une voie, pas un objectif: n’importe quelle méthode de prière, si elle veut être chrétienne, fait partie de cette sequela Christi qui est l’essence de notre foi. Les méthodes de méditation sont des voies à parcourir pour arriver à la rencontre de Jésus, mais si tu t’arrêtes sur la route et que tu ne regardes que la route, tu ne trouveras jamais Jésus. Tu feras un dieu de la route, mais la route est un moyen pour te conduire à Jésus.  Le Catéchisme précise: «La méditation met en œuvre la pensée, l’imagination, l’émotion et le désir. Cette mobilisation est nécessaire pour approfondir les convictions de foi, susciter la conversion du cœur et fortifier la volonté de suivre le Christ. La prière chrétienne s’applique de préférence à méditer  » les mystères du Christ « »  (n. 2708).

Voilà donc la grâce de la prière chrétienne: le Christ n’est pas loin, mais il est toujours en relation avec nous. Il n’y a pas d’aspect de sa personne divine et humaine qui ne puisse devenir pour nous un lieu de salut et de bonheur. Chaque moment de la vie terrestre de Jésus, à travers la grâce de la prière, peut devenir contemporain pour nous, grâce à l’Esprit Saint, le guide. Mais vous savez que l’on ne peut pas prier sans être guidés par l’Esprit Saint. C’est Lui qui nous guide! Et grâce à l’Esprit Saint, nous sommes nous aussi présents au bord du fleuve Jourdain, quand Jésus s’y plonge pour recevoir le baptême. Nous sommes nous aussi invités aux noces de Cana, quand Jésus donne le vin le meilleur pour la joie des époux; c’est-à-dire que c’est l’Esprit Saint qui nous relie à ces mystères de la vie du Christ, car dans la contemplation de Jésus nous faisons l’expérience de la prière pour nous unir davantage à Lui. Nous assistons nous aussi avec étonnement aux mille guérisons accomplies par le Maître. Prenons l’Evangile, méditons sur ces mystères de l’Evangile et l’Esprit nous guidera pour être présents là.  Et dans la prière – quand nous prions –, nous sommes tous comme le lépreux purifié, l’aveugle Bartimée qui retrouve la vue, Lazare qui sort du tombeau… Nous aussi, nous sommes guéris dans la prière, comme l’a été l’aveugle Bartimée, et cet autre, le lépreux… Nous sommes nous aussi ressuscités, comme Lazare a été ressuscité, car la prière de méditation guidée par l’Esprit Saint, nous conduit à revivre ces mystères de la vie du Christ, à rencontrer le Christ et à dire, avec l’aveugle: «Seigneur, aie pitié de moi! Aie pitié de moi» – «Et que veux-tu?» – «Voir, entrer dans ce dialogue». Et la méditation chrétienne, guidée par l’Esprit, nous conduit à ce dialogue avec Jésus. Il n’existe pas de page de l’Evangile où il n’y ait pas de place pour nous. Méditer, pour nous chrétiens, est une manière de rencontrer Jésus. Et ainsi, seulement ainsi, de nous retrouver nous-mêmes. Et cela n’est pas un repli sur nous-mêmes, non: aller auprès de Jésus et nous rencontrer nous-mêmes auprès de Jésus, guéris, ressuscités, forts par la grâce de Jésus. Et rencontrer Jésus, le sauveur de tous, également de moi-même. Et cela grâce à la guide de l’Esprit Saint.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, prenons plus souvent le temps de rencontrer Jésus par la prière de méditation. Tout épisode de sa vie terrestre, par l’Esprit Saint, est source de grâce, source de force et de consolation dans les événements les plus concrets de notre existence.

Que Dieu vous bénisse !





Un mot, une piste de réflexion : AMOUR (Roger et Joëlle Gaud)

  Dieu est AMOUR. Dieu n’est qu’Amour. Nous ne pouvons que demander à être plongés dans cet amour qui unit le Père, notre Père, qui unit notre Abba à Jésus par la puissance de l’Esprit Saint.

–  Quel chrétien ne rêverait pas de voir le feu de l’amour de Dieu brûler dans son cœur? Mais comment faire?

– Le demander chaque jour, persévérer dans la prière. Seigneur, je veux essayer de te connaître davantage.

–   En particulier en connaissant mieux Ta Parole! C’est vrai que si nous nous appuyons sur la Bible, la Parole de Dieu qui est vivante, et qui agit sur nous dès que nous la méditons, dès que nous lui donnons la possibilité de nous transformer, alors nous recevons quelque chose de l’amour de Dieu. Et cet amour nous donne la paix, notre foi grandit, nous osons espérer contre toute espérance, nous apprenons à attendre avec confiance. Et forts de cet amour, nous apprenons d’abord à nous aimer nous-mêmes, en restant lucides sur nos défauts, et sur nos qualités, et puis nous apprenons à nous décentrer de nous-mêmes et à nous centrer sur les autres.

–  Et là, le chapitre 13 de la 1ère épître aux Corinthiens prend tout son sens: Ma connaissance de la Parole de Dieu, ma foi, mon aumône, SANS AMOUR, ne sont rien.

          Et si à la place du mot Amour, je mets « je », c’est-à-dire chacun de nous, tel qu’il aimerait être, une fois rempli de l’amour de Dieu…. ça donne au verset 4 du chapitre 13 de la 1ère épître aux Corinthiens:  L’amour sait attendre, je remplace par: Est-ce que je sais attendre? L’amour est compréhensif. Est-ce que je suis compréhensif ? Et je continue: Est-il sûr que je ne suis pas jaloux ? que je ne me fais pas valoir ? Que je ne cherche pas mon intérêt ? Que je ne me mets pas en colère ? Que je ne prends pas en compte le mal ? Que je ne me réjouis jamais de ce qui est injuste ? Est-ce que je prends plaisir à la vérité ? Est-ce que je résiste à tout ? Est-ce que je garde en toute circonstance la foi, l’espérance et la patience?

–  Dois-je répondre?

–  Non bien sûr… Mais il est clair, que le sommet c’est l’amour, l’amour du frère, impossible sans l’amour de Dieu; l’amour Agapè, Paul n’utilise que ce mot. Les philosophes grecs utilisaient un autre mot, philia, qui avait quelque chose à voir avec l’amitié et l’affection. Mais l’amour Agapè, c’est l’amour qui vient de Dieu, c’est le seul qui nous permet d’aimer «avec nos tripes ». Et c’est comme ça que Dieu veut que nous aimions.

–    Et comment comprends-tu ces mots de Saint Paul au chapitre 3 de sa lettre aux Ephésiens quand il parle de la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de l’amour de Dieu?

–    La largeur de l’amour de Dieu, ce pourrait être l’amour de Dieu donné à tous, j’aurais alors à comprendre que moi aussi, comme Jésus, parce que c’est Lui qui me rend capable, je peux élargir mon regard, je peux entrer dans cette dimension de l’amour de Dieu, un amour qui ne soit pas limité à l’entourage de mes bien-aimés. L’amour de Dieu en moi peut faire que personne ne me soit plus indifférent.

         Pour ce qui est de la longueur de l’amour de Dieu, on pourrait dire que c’est un amour de toujours, un amour éternel un amour inconditionnel, qui ne dépend pas de ce que nous faisons, de ce que nous avons fait, de ce que nous sommes. Alors, je peux comprendre que moi aussi, comme Jésus, parce que c’est Lui qui me rend capable, le fait d’aimer chaque personne de ma famille, de la paroisse où je vis ma foi, aimer chaque personne dans le cadre de mon travail, n’est pas quelque chose de facultatif,  quels que soient les défauts de cette personne.

– C’est vrai qu’on aime bien que les autres nous aiment envers et contre tout, malgré les erreurs que nous avons faites ou que nous faisons parfois encore.

– Pour la hauteur de l’amour de Dieu, je verrais bien cette dimension comme celle de la grâce.  Nous ne méritons pas l’amour de Dieu, il est gratuit. alors, forts de cet amour immérité, et parce que Jésus nous en rend capables, nous comprenons que notre amour aussi ne doit pas être conditionné par l’amour de l’autre. C’est tellement facile d’aimer ceux qui nous aiment ou ceux qui sont aimables.

      Quant à la profondeur de l’amour de Dieu, ce pourrait être la dimension de cet amour qui nous rejoint au plus profond de nos misères, la dimension du pardon de Dieu… La gratuité de l’amour de Dieu qui pardonne….

                                                                                                             Roger et Joëlle GAUD




29 avril : Fête de Sainte Catherine de SIENNE – Noéline FOURNIER

        Vingt-cinquième et dernière enfant d’un couple de commerçants, dans la ville  de  Sienne en Italie, Catherine, née en 1347, a une sœur jumelle, Giovanna, morte prématurément.

 

Elle chérira même un frère adoptif, Tommaso della Fonte, futur dominicain. On ne peut dire mieux, comme famille nombreuse.

 

    Cette « fille prodige » connaît une enfance merveilleusement précoce, toute baignée de surnaturel : première vision à l’âge de sept ans ; consécration à Dieu à huit ans.

            De sa vingtième année jusqu’à sa mort, à trente trois ans (pendant 13 ans), des foules d’admirateurs l’acclament. Les moqueurs disaient : « Voici venir la reine de Fontebranda avec ses encatherinés ! »

            Voici ce qu’elle nous dit : « Mes chers fils dans le Christ Jésus, moi, Catherine, servante des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris avec le désir de vous voir obéissants jusqu’à la mort, à l’exemple de l’Agneau sans tâche qui obéit à son Père jusqu’à l’ignominieuse mort sur la croix.  Songez qu’il est le chemin et la règle que vous devez suivre ».

            Jésus parle à son Père en lui disant : « Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’a révélé aux tout-petits » (Lc 10,21). Catherine était quasi illettrée (elle ne parle ni latin ni français, mais seulement le toscan des basses classes) et pourtant elle sera l’unique « Docteur » du XIVième siècle. De l’avis des savants, si extraordinaire que ce soit, Catherine pourrait arborer une médaille d’or assez glorieuse : « probablement, malgré sa courte vie, c’est la femme qui exerça le plus d’influence visible sur l’Église ».

            « Venez à moi !… » dit Jésus.

            Stigmatisée (marquée des cinq plaies de la Passion) en 1375, à Pise, la « souffrante » obtient du Seigneur que, sur son corps, les points douloureux restent invisibles. Et elle ne révèle tout ceci qu’à son confesseur…

                        En 1354, la fillette qui a tout juste l’âge de raison raconte naïvement à sa mère une vision dont elle vient d’être favorisée :

            « Notre Seigneur, coiffé d’une tiare, m’est apparu, au sommet de l’Église des Dominicains de SIENNE. Qu’il était beau, entouré des apôtres Pierre, Paul et Jean ! »

 –   « Et t’a-t-il parlé », interroge la maman. – « Non pas, il m’a fait signe de venir à sa suite… » La maman s’interroge : « Ma dernière-née serait-elle une manipulatrice ? »

            A sept ans, la petite s’engage par vœu de virginité. Est-ce concevable ?

            De plus la jeune demoiselle fait part de sa vocation aussi précise que précoce : « Je voudrais devenir Dominicaine pour prêcher la religion et convertir les hérétiques ». L’entourage passe outre, mais interroge avec un brin d’anxiété : « Jusqu’où vont nous conduire les pieuses folies de notre petite sœur ? ».

            Lorsque sa fille atteint ses douze ans (1359), la maman décide d’en finir avec les extravagances : « On va marier Catherine et les pieusetés ridicules cesseront ».

           Le lancement de la petite dans le monde sera réalisé par sa sœur préférée, Bonaventura. Cette dernière conduit sa cadette au bal  après l’avoir parée de bijoux et revêtue d’une belle toilette. Bientôt cependant, la pieuse Catherine se reprend et, conseillée par Tommaso della Fonte devenu prêtre, elle se coupe les cheveux et elle se coiffe d’un voile blanc.

            La mère entend briser cette résistance passive. Ella arrache le voile symbolique et déclare à la récalcitrante : « Tes cheveux repousseront, têtue, et tu auras un mari ! »

            Dans la ligne de son projet matrimonial, la maman veille au grain, voulant étouffer dans l’œuf toute tentative de révolte. Bientôt, la benjamine se trouve réduite au rôle de servante domestique. « De la sorte, du moins, tu sers ta famille au lieu de rêver. »

Le rêve de Catherine, la future « Mantellata » 

            Le mot italien « Mantellate » (porteuse de « mantello », de manteau) désigne une Communauté de Religieuse Siennoises du tiers Ordre Dominicain. On les reconnaît à leur vêtement caractéristique : robe blanche, ceinture de cuir, voile blanc, manteau noir. Comment Catherine, persécutée par sa famille, rencontre-t-elle ces « pieuses dames », qui en principe, ne reçoivent que des veuves ?

Un beau matin de 1362, Catherine réunit les siens :

            « Venez tous, je vous prie. J’ai une importante communication à vous faire. »

            Le cercle familial se trouve bientôt au grand complet, quelque peu inquiet de cette convocation insolite. C’est alors que la jeune fille de quinze ans tient aux siens ce langage :

            « Cette nuit, Saint Dominique m’est apparu en songe. Dans l’habit noir et blanc qu’il me propose, je retrouve avec joie le vêtement des Mantellate  de notre petite ville. Pour obéir à ce rêve, je désire entrer dans cette Congrégation. »

            Au nom de tous, en sa qualité de chef de famille, le père fait connaître sa décision :

            « Cette inspiration de notre chère benjamine lui vient sûrement du Ciel. Que nul ne s’avise désormais de la contrarier. Elle intercèdera pour nous tous. Nous allons, dès demain, lui ménager en guise d’oratoire, une chambrette au-dessus de la cuisine. »

            Ainsi fût fait. L’année suivante, la Prieure de la Congrégation accueille la postulante, par privilège spécial, en ce tiers Ordre Dominicain réservé aux veuves. Qui l’eût pensé ?

            En ces conditions, sans quitter le monde, la jeune Catherine devient priante perpétuelle. Elle apprend à lire pour déchiffrer, péniblement, quelques ouvrages spirituels.

            Mais l’épreuve visite cette âme exceptionnelle puisque, autour des amis de Dieu, Satan rôde (1 P 5,8) : « Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que c’est le même genre de souffrance que la communauté des frères répandus dans le monde, supporte. »

            Il tente la recluse par d’abominables images, si éprouvantes que la souffrante en gémit lamentablement. C’est de cette période que date le dialogue sublime, entre Catherine et Jésus, rapporté et commenté par tous les biographes, jusqu’au Père  Garrigou-Lagrange. Ecoutons plutôt :

            « Quand on souffre Jésus est là », nous dit-elle. 

            – Catherine : « Bon et très doux Jésus, où étiez-vous donc, tandis que mon âme subissait de tels tourments ? »

            – Jésus : « J’étais au fond de ton cœur. En effet, je ne m’éloigne jamais du cœur de mes amis. »

            – Catherine : « Quoi donc, Seigneur, vous étiez dans mon cœur, au milieu de toutes ces horreurs et visions impures ? »

            Jésus : « Ces horreurs, te causaient-elles joies ou peines ? »

            – Catherine : « Je les exécrais : elles me contristaient au tréfonds de l’être. »

            Jésus : « J’étais dans ton cœur de même que j’étais sur la croix, dans un état de souffrance et de bonheur. »

A partir de cet instant, Catherine va se donner totalement à Dieu, unie au Christ dans ces actions.

            D’abord, un apostolat provincial en pays Siennois, puis à travers toute la Toscane. En second lieu, une sorte de mission de pastorale familiale pédestre et collégiale. Enfin, la transformation de la Papauté obtenue par cette sublime ignorante qui ne sait que Dieu seul.

« La Foi », nous dit Catherine, « est la pupille de l’œil de l’intelligence : sa lumière fait discerner, connaître et suivre la voie et la doctrine du Verbe incarné. Sans cette pupille, la vision est impossible. L’âme ressemblerait alors à un homme qui aurait des yeux mais dont la pupille serait recouverte d’un voile. L’intelligence est l’œil de l’âme ; la pupille de cet œil, c’est la Foi. »

 « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Catherine exerce d’abord son rayonnement au milieu des siens. Attentive à l’environnement immédiat, elle s’occupe prioritairement de ses proches. Sa belle‑sœur, Lisa devient sa protégée. Elle soutient son frère Giacomo.

Quel magnifique exemple filial, admiré par beaucoup, le 22 août 1368 ! A cette date, Catherine, au chevet de son père alors sur son lit d’agonie, obtient pour lui une faveur insigne : « Le patriarche entrera directement au Ciel… ». Quand à sa maman, désormais admirative de la dernière-née, elle répètera jusqu’à son trépas, à 89 ans : « Catherine nous bénit et elle nous protège tous. » La Patronne de Sienne se montre secourable à tous, également au tiers ordre dont elle est membre. Pendant longtemps, elle secourt une consoeur mantellata, Andrée, qui meurt du cancer. Elle aide les miséreux, ramène les pécheurs à Dieu.

        Catherine et son clan spirituel

 Catherine devient chef de clan spirituel grâce à sa « belle brigade ». Il s’agit de « supporters » enthousiastes qui, sur les routes, à travers villes et village, forment un cortège coloré de missionnaires itinérants. Le groupe, constamment grossi par de nouveaux pèlerins, part de Sienne et rayonne à travers l’Italie et jusqu’en Provence. Autour de cette jeune inspirée qui préconise le réarmement moral, se rassemble une foule enthousiaste. En tête, s’avancent une vingtaine de « mantellate », reconnaissables à leur costume blanc et noir. Ensuite, viennent les fervents : hommes et femmes, religieux et laïcs, jeunes et vieux, répétant de pieuses litanies. Dans le cortège, le trio des Dominicains, confesseurs de l’héroïne : Tommaso della Fonte, Raymond de Capoue, Bartolomeo di Domenico. Les « trois secrétaires, recueillent, composent, retouchent le journal spirituel de Catherine.

            Lorsque s’éloigne le cortège, un spectateur bien renseigné précise pour ses voisins ébahis : « Savez-vous que ces gens méditatifs et priants, commentent ensemble la Bible et font un partage l’Évangile ? »

 Leur chef de file de vingt-cinq ans, ils l’appellent : « Dolcissima mamma »(très douce maman) ». Avec elle, ils scrutent les mystiques, ils dissertent à partir de la « Somme Théologique de Thomas d’Aquin… »

            Avec eux, les jaloux en sont pour leurs frais : médisances et calomnies ne sauraient atteindre Catherine, la très pure « mantellate ».

 

Conseillère des Papes.

Catherine est une femme fameuse ! Elle débarque dans ce 14° siècle où l’Eglise est déchirée, pourrie, où elle semble prête à sombrer. Beaucoup souhaitaient la Réforme « dans la tête et dans les membres ». Catherine a une audace folle. Elle écrit aux Cardinaux, aux Papes, elle va les voir pour leur rappeler leurs devoirs.

Au début de l’année 1371 (l’épistolière n’a alors que vingt quatre ans), elle écrit au Pape Grégoire XI, qui réside alors à Avignon, ces lignes d’une stupéfiante  hardiesse et franchise :

« Écoutez-donc, Saint-Père, les paroles que vous adresse Jésus-Christ : « Votre cour mondaine ruine ma céleste cour. Presque toutes les âmes qui fréquentent vos palais, vous les expédiez dans la géhenne du feu »… Revenez donc à Rome, à votre siège, le plus tôt que vous pourrez ». (Révélations livre 4, chap. 142)

Cinq ans après, le 18 juin 1376, la visionnaire arrive en Avignon, escortée par sa « foule effervescente »… En trois mois d’action hardie, Catherine obtient ce que tant d’autres sollicitèrent vainement.

Le 13 septembre suivant, Grégoire XI quitte la cité des bords de Rhône. Le Pontife compte sur Catherine pour le réconforter.

Malheureusement, le décès de Grégoire XI semble remettre tout en question. Dès l’élection d’Urbain VI, Catherine exhorte celui-ci de réformer l’Église et s’offre en victime pour la paix.

Bientôt, appelée à Rome, elle habite « Via di Papa ». Obéie, suivie, respectée, la « douce Maman » dirige « la Navicella » (nef de l’Église). Cette fille modèle meurt à trente trois ans, le 29 avril 1380, sous la bénédiction de sa mère.

Rien ne l’arrête car, dit-elle, « l’âme résiste à tout avec la lumière de la très sainte FoiAussi, je vous prie, mes doux fils et filles dans le Christ Jésus, de ne jamais redouter quoi que ce soit et de mettre toute votre confiance dans le sang du Christ crucifié. Ne laissez jamais briser cette union par des tentations et des illusions, par la peur que vous pourriez avoir de ne pas persévérer, par la crainte de ne pouvoir supporter les fardeaux de l’obéissance et de l’Ordre. » 

 Cette Conseillère des Papes et des Rois, entrée en politique, y a excellé. L’humilité qui est sans doute sa vertu majeure, cette fille si avisée nous la recommande par une pensée que le grand Pascal, s’il l’a connue, a dû aimer : « Personne n’est si éclairé qu’il puisse se passer de la lumière des autres. »

« Debout donc. Il n’est aucun démon, aucune créature qui puisse vous enlever la grâce ou vous empêcher de parvenir à votre but qui est de voir et de goûter Dieu. Demeurez dans l’amour de Dieu. Aimez-vous. Aimez-vous les uns les autres. » Nous dit-elle.

             Extrait de « Les Docteurs de l’Eglise », de Jean Huscenot (Médiaspaul)

Bonne journée à vous, et Bonne Fête à toutes les Catherine.

Noéline FOURNIER.

 




5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8) – Francis Cousin

« Demeurer. »

C’est un verbe qui revient huit fois dans le passage d’évangile de ce jour. C’est dire s’il est important pour Jésus.

Mais c’est un verbe qui a deux sens, à ne pas confondre.

« Maître, où demeures-tu ? » (Jn 1,38). C’est la réponse d’André et son compagnon à la première parole de Jésus dans l’évangile de Jean : « Que cherchez-vous ? ». Ils cherchaient un lieu, une habitation … pour entrer en contact … C’est le sens courant, le sens géographique. Un sens statique.

Mais Jésus va leur parler … Ils seront séduits par ses paroles, et ils demeureront avec lui, et même lui amèneront d’autres connaissances qui demeureront aussi avec Jésus, et qui partiront avec lui sur les routes de Palestine. C’est le sens de connivence forte entre les personnes. Un sens davantage dynamique qui nécessite que l’on s’adapte continuellement pour rester sur la même longueur d’onde

C’est ce deuxième sens qu’il faut comprendre dans ce passage, avec cette différence qu’ici, il n’y a que les humains qui doivent s’adapter à la Parole éternelle de Jésus, qui lui, ne change jamais !

Et on le comprend bien dans l’évangile avec la comparaison avec la vigne, qui se fait en deux temps.

D’abord entre le Père et Jésus, qui s’assimile avec la vigne, et dont le Père est le vigneron, celui qui prend soin de la vigne, qui l’émonde, la taille, de manière qu’elle porte davantage de fruits.

Et ce commandement de Jésus : « Demeurez en moi, comme moi en vous. » parce que si on est séparé, coupé de la vigne, la sève ne vient plus jusqu’à nous, on ne peut pas porter de fruits, « car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. ».

Ensuite entre Jésus et nous, qui sommes les sarments, les tiges qui portent les raisins : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. ». Par contre, « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. ».

Ce sont des paroles fortes, et Jésus n’a pas l’habitude de dire des choses en l’air ! Et pourtant, il semblerait qu’on oublie souvent cette parole ; comme si on n’y croyait pas vraiment : « Ce serait trop beau si c’était vrai ! » … Sans doute parce qu’on ne demeure pas vraiment en Jésus, on écoute ses Paroles, mais on ne les assimile pas dans notre vie …

Jésus a encore dit ailleurs : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Mt 7,7) …

Et ouvrez votre cœur quand Jésus frappe à sa porte : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20) ; Et nous demeurerons ensemble …

En parlant de repas, une autre parole de Jésus : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,56)

Ce qui permet de dire que nous avons donc deux manières de demeurer en Jésus, et lui en nous :

– En écoutant et mettant en pratique les Paroles de Jésus.

– En communiant au corps et au sang de Jésus.

Nous retrouvons ici les deux tables liturgiques :

– la table de la Parole, l’ambon, où est proclamée la Parole de Dieu.

– la table de sacrifice, l’autel, où l’on commémore le sacrifice de Jésus.

Mais cela veut dire surtout qu’il faut que nous croyons vraiment à ce que nous disons. Que nous soyons vraiment en osmose avec Jésus, que ce ne soit pas seulement des paroles en l’air de dire que je demeure en Jésus … mais que nous ayons véritablement la volonté de le faire, et que nous le fassions !

Et puis, pour que la relation entre Jésus et nous perdure, pour qu’elle demeure, comme dans toute amitié, il est nécessaire de se parler. Souvent ! Dieu, Jésus nous parle … sans doute bien plus souvent qu’on ne le croit ! Mais il faut aussi que nous, nous parlions à Jésus, à Dieu … comme à un ami … C’est ce qu’on appelle la prière, tout le monde le sait, … mais est-ce qu’on prie assez souvent ?

Seigneur Jésus,

Tu n’as qu’un désir :

demeurer en nous pour que nous portions

les fruits de ton Évangile.

Mais il faut aussi que nous demeurions en toi,

à chaque instant de notre vie …

À nous de faire l’effort …

 

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 5°




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 25 avril 2021

Journée mondiale de prière pour les vocations

Frères et sœurs, ce dimanche c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. C’est le pape Paul VI qui a institué cette journée en 1963 et l’a fixé au quatrième dimanche de Pâques, habituellement appelé dimanche du « Bon Pasteur ».

Quand on évoque les vocations, il faut toujours les relier au bon pasteur dont parle l’Évangile et que l’Église reconnaît comme le Christ ressuscité. À l’origine de toute vocation, il y a l’appel du Christ.

Nous réduisons trop souvent les vocations aux prêtres, aux religieux(ses) ou aux diacres. Notre première vocation, le premier appel de Dieu (et nous l’oublions souvent), c’est l’appel à la sainteté. La constitution dogmatique Lumen Gentium sur l’Église rappelle cet « Appel universel à la sainteté dans l’Église » (Cf. chapitre V). Il s’agit, à l’appel de Jésus lui-même, d’être parfaits comme le Père est parfait[1].

Cet appel à la sainteté nous le vivons concrètement dans les sacrements du Baptême et de la Confirmation. En ayant reçu ces sacrements, nous avons reçu des vocations, de réels appels de Dieu :

  • Dans le Baptême : celui d’être prêtre, prophète et roi. *Prêtre pour rendre un culte à Dieu ; *Prophète pour témoigner de l’Évangile, en paroles et en actes ; *Roi pour servir notre prochain.

  • Dans la Confirmation, nous avons reçu la vocation d’être des témoins du Christ ressuscité, là où nous sommes insérés.

C’est en vivant ces appels de Dieu dans le Baptême et dans la Confirmation que nous répondons à notre première vocation, l’appel à la sainteté. Voilà ce qui est premier, à la base, quand nous évoquons les vocations.

De là, découlent les vocations dites spécifiques : le presbytérat, la vie religieuse, le diaconat mais également le mariage. Ces vocations spécifiques sont des manières de vivre pleinement le Baptême et la Confirmation, et sont en vue de la sainteté.

Chacune de ces vocations sont importantes pour la vie de l’Église :

  • Sans les prêtres, la vie de Dieu ne pourrait pas être communiquée dans les sacrements. Ils ont la charge de guider vers le Christ, d’enseigner la Parole de Dieu et de sanctifier dans les sacrements.

  • Les religieux sont d’abord des témoins du Royaume de Dieu en ce monde. Sans eux, l’Église perdrait des signes précieux du Royaume et de l’espérance qui porte et fait vivre les chrétiens : nous sommes faits pour Dieu et nous verrons Dieu !

  • Les diacres sont ordonnés en vue du service et de la charité. Ils rappellent à toute l’Église qu’elle est servante, notre mission de prêtre, de prophète et de roi. En tant que roi, nous avons à servir et à vivre la charité. Sans les diacres, l’Église perdrait d’importants témoins.

  • Et le mariage ? C’est le noyau de toutes les vocations ! C’est bien au cœur du mariage, au cœur de la famille, que naissent les vocations. C’est pourquoi, on dit que le sacrement de mariage contribue à la l’édification de l’Église.

Chacune de ces vocations ont un seul et unique but : annoncer le Christ ressuscité, le bon pasteur, là où nous sommes, dans ce que nous faisons. Le Christ est la cause et le but de toutes les vocations. Il y a deux points à retenir pour nous :

  • Pour annoncer le Christ, il faut que nous soyons nous-même attaché à lui, dans une réelle intimité avec lui.

  • Annoncer le Christ est l’essence même de notre être chrétien. Beaucoup de nos contemporains ont besoin de le connaître tant ils sont perdus ! Dans la première lecture, Pierre rappelle que le Christ ressuscité est la « pierre d’angle », sans lui, nous ne pouvons rien construire de solide. En dehors de lui, il n’y a pas de Salut !

Cependant frères et sœurs, pour bien annoncer le Christ, ayons du discernement. Jésus, lui, est le bon pasteur mais il y a aussi des mercenaires, dont certains se revendiquent de son nom.  Jésus est capable de « donner sa vie » pour les brebis mais il y a aussi ceux qui veulent seulement se servir des brebis pour « contrôler » le troupeau.

 

Jésus est le bon pasteur qui sauve le monde et il y a aussi tous ces soi-disant sauveurs : des sauveurs de pacotille qui promettent « monts et merveilles », mais qui se sauvent lorsque le danger arrive. Des gourous existent et ils sont nombreux ! Nous devons discerner !

 

 

Gardons-nous bien de ne pas chercher le Christ là où il n’est pas. D’où deux points importants à relever :

  • L’importance de rester fidèle à l’Église, à la tradition apostolique à laquelle nous appartenons et de laquelle nous découlons.

  • L’importance aussi de rester fidèle aux moyens sûrs et efficaces pour une rencontre authentique avec le Christ :

          *La vie de prière, la vie de charité.

*La Parole de Dieu sur laquelle nous insistons souvent : il faut la méditer ! « Qui ignore les Écritures, ignore le Christ » disait saint Jérôme.

*Enfin, le Christ se donne à nous chaque dimanche, à chaque communion.

Que chacun d’entre nous puisse redécouvrir l’appel personnel que le Christ lui fait, pour mieux le suivre et mieux l’annoncer. Il est le Seigneur ressuscité, il est notre bon pasteur !

[1] Cf. Mt 5, 48.




Audience Générale du Mercredi 21 Avril 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 21 Avril 2021


Catéchèse – 30. La prière vocale

Chers frères et sœurs, bonjour!

La prière est un dialogue avec Dieu; et chaque créature, dans un certain sens, «dialogue» avec Dieu. Dans l’être humain, la prière devient parole, invocation, chant, poésie… La Parole divine s’est faite chair, et dans la chair de chaque homme la parole revient à Dieu dans la prière.

Les paroles sont nos créatures, mais elles sont aussi nos mères et, dans une certaine mesure, elles nous façonnent. Les paroles d’une prière nous font traverser sans danger une vallée obscure, elles nous dirigent vers des prés verts et riches en eaux, nous faisant banqueter sous les yeux de l’ennemi, comme nous enseigne à réciter le psaume (cf. Ps 23). Les paroles naissent des sentiments, mais il existe aussi le chemin inverse: celui selon lequel les paroles modèlent les sentiments. La Bible éduque l’homme à faire en sorte que tout ait lieu à la lumière de la parole, que rien d’humain ne soit exclu, censuré. La douleur, en particulier, est dangereuse si elle reste cachée, enfermée en nous… Une douleur enfermée en nous, qui ne peut pas s’exprimer ou se manifester, peut empoisonner l’âme; elle est mortelle.

C’est pour cette raison que l’Ecriture Sainte nous enseigne à prier également avec des paroles parfois audacieuses. Les auteurs sacrés ne veulent pas nous tromper sur l’homme: ils savent que son cœur abrite également des sentiments peu édifiants, et même de la haine. Aucun de nous ne naît saint, et quand ces mauvais sentiments frappent à la porte de notre cœur, il faut être capables de les désamorcer par la prière et par les paroles de Dieu. Dans les psaumes, nous trouvons également des expressions très dures contre les ennemis – des expressions que les maîtres spirituels nous enseignent à rapporter au diable et à nos péchés –; pourtant ce sont des paroles qui appartiennent à la réalité humaine et qui ont fini dans le  cadre des Saintes Ecritures. Elles sont là pour témoigner que si les paroles n’existaient pas face à la violence, pour rendre les mauvais sentiments inoffensifs, pour les canaliser de manière à ce qu’ils ne nuisent pas, le monde en serait entièrement submergé.

La première prière humaine est toujours une récitation vocale. Ce sont toujours les lèvres qui bougent les premières. Même si nous savons tous que prier ne signifie pas répéter des mots, toutefois la prière vocale est la plus sûre et il est toujours possible de l’exercer. Les sentiments, en revanche, pour autant qu’ils soient nobles, sont toujours incertains: ils vont et viennent, ils nous abandonnent et reviennent. Pas seulement, les grâces de la prière sont elles aussi imprévisibles: dans certains moments les consolations abondent, mais dans les jours les plus sombres, elles semblent entièrement s’évaporer. La prière du cœur est mystérieuse et quelquefois elle disparaît. La prière des lèvres, celles que l’on murmure ou que l’on récite en chœur, est en revanche toujours disponible, et nécessaire comme le travail manuel. Le Catéchisme affirme: «La prière vocale est une donnée indispensable de la vie chrétienne. Aux disciples, attirés par la prière silencieuse de leur Maître, Celui-ci enseigne une prière vocale: le “Notre Père”» (n. 2701).  « Enseigne-nous à prier », demandent les disciples à Jésus, et Jésus enseigne une prière vocale: le Notre Père. Et dans cette prière, il y a tout.

Nous devrions tous avoir l’humilité de certaines personnes âgées qui, à l’église, peut-être parce que leur ouïe n’est désormais plus très fine, récitent à mi-voix les prières qu’elles ont apprises étant enfants, remplissant la nef de murmures. Cette prière ne dérange pas le silence, mais témoigne de la fidélité au devoir de l’oraison, pratiquée pendant toute une vie, sans jamais y manquer. Ces orants à la prière humble sont souvent les grands intercesseurs des paroisses: ils sont les chênes qui, d’année en année, élargissent leurs frondaisons, pour offrir de l’ombre au plus grand nombre possible de personnes. Seul Dieu sait quand et combien leur cœur était uni à ces prières récitées: ces personnes ont sûrement dû elles aussi affronter des nuits et des moments de vide. Mais on peut toujours rester fidèles à la prière vocale. Elle est comme une ancre: il faut s’agripper à la corde pour rester là, fidèles, quoi qu’il arrive.

Nous avons tous quelque chose à apprendre de la constance de ce pèlerin russe, dont parle une œuvre de spiritualité célèbre, qui a appris l’art de la prière en répétant la même invocation un nombre de fois infini: «Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de moi, pécheur!»   (cf. CEC, n. 2616; n. 2667). Il répétait seulement cela. Si des grâces arrivent dans sa vie, si la prière devient un jour ardente au point de percevoir la présence du Royaume ici-bas parmi nous, si son regard se transforme jusqu’à être comme celui d’un enfant, c’est parce qu’il a insisté dans la récitation d’une simple jaculatoire chrétienne. A la fin, celle-ci devient une partie de son souffle. L’histoire du pèlerin russe est belle: il s’agit d’un livre à la portée de tous. Je vous conseille de le lire: il vous aidera à comprendre ce qu’est la prière vocale.

Nous ne devons donc pas mépriser la prière vocale. Certains disent: «Mais c’est quelque chose pour les enfants, pour les gens ignorants; moi, je recherche la prière mentale, la méditation, le vide intérieur pour que Dieu vienne». Je vous en prie, il ne faut pas tomber dans l’arrogance de mépriser la prière vocale. C’est la prière des simples, celle que Jésus nous a enseignée: Notre Père, qui es aux cieux…     Les paroles que nous prononçons nous prennent par la main; à certains moments elles redonnent le goût, elles éveillent même le plus endormi des cœurs, elles réveillent des sentiments dont nous avions égaré la mémoire, et nous conduisent par la main vers l’expérience de Dieu. Et ce sont surtout les seules qui, de manière certaine, adressent à Dieu les questions qu’Il veut écouter. Jésus ne nous a pas laissés dans le brouillard. Il nous a dit: «Vous donc, priez ainsi!». Et il a enseigné la prière du Notre Père (cf. Mt 6, 9).


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Que nos paroles, nos chants et nos invocations deviennent pour notre Dieu louange, action de grâce et adoration en vue d’une plus grande fécondité de nos vies.

A tous, ma bénédiction !





4ième Dimanche de Pâques – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 24 Avril et Dimanche 25 Avril 2021

 Actes 4 8–12 ; 1Jean 3 1–2 ; Jean 10 11–18

Le thème du Pasteur et du troupeau n’est pas nouveau. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le Berger et la Pierre d’Israël, le rocher sur lequel s’appuie le peuple d’Israël (Gn 48,15 ; 49,24 ; Ps 23,1). Au Ps 80,2, Dieu est le Pasteur d’Israël, c’est Lui qui dirige le troupeau. Mais bon nombre de personnalités importantes tels que les Juges, c’est-à-dire des Sauveurs, des héros libérateurs (2S7,7), les chefs du peuple (Jr 2,8), les princes des nations (Jr 25,34s ; Na 3,18 ; Is 44,28) recevaient aussi le titre de pasteurs. Ceux-là ne prenaient pas soin de leur troupeau. Voici ce que Dieu leur dit (Ez 34,3.4.8-16) : 3Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paître le troupeau. 4Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté. 5 Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage ; elles se sont dispersées. 6Mon troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s’en occupe et nul ne se met à sa recherche… 8Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure : parce que mon troupeau est mis au pillage et devient la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne s’occupent pas de mon troupeau, parce que mes pasteurs se paissent eux-mêmes sans paître mon troupeau… 10 …. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. 11 …Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai.12Comme un pasteur s’occupe de son troupeau, quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m’occuperai de mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de nuées et de ténèbres.13Je leur ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les ravins et dans tous les lieux habités du pays. 14 Dans un bon pâturage je les ferai paître, et sur les plus hautes montagnes d’Israël sera leur pacage (= le lieu où ils vont paitre). C’est là qu’elles se reposeront dans un bon pacage ; elles brouteront de gras pâturages sur les montagnes d’Israël ».

Dieu vient donc au sein même de son troupeau, et il vient en la personne de son Fils pour être au milieu de son peuple. Mt 2,6 : « …de toi, Bethléem, sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ». Et Jésus nous dit en   Jn 10,30 : « le Père et moi, nous sommes UN ». Jn 14,9 : « Qui m’a vu a vu le Père ». Si nous voyons le Fils… « miséricordieux », alors nous voyons le Père… « miséricordieux ». Si nous voyons le Fils comme le Bon Pasteur alors nous voyons aussi le Père comme Bon Pasteur parce durant toute sa vie sur terre, le Fils n’a fait que la volonté de son Père (Jn 5,30) : « …. Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». C’est pourquoi lorsque Jésus dit « Moi, je suis le Bon Pasteur », c’est le Père qui vient au milieu de son troupeau par son Fils bien-aimé. Et ses auditeurs comprenaient tout de suite ce que cela pouvait signifier. Le berger qui dirige son troupeau présente deux aspects : il est à la fois un chef et un compagnon.

En tant que chef, il guide, il donne un but, une direction et défend son troupeau contre les divers dangers (1S17,34-37 ; Mt 10,16 ; Ac 20,29). Le troupeau de Jésus est l’Eglise dont il est à la fois le chef et le Corps, Corps composé de disciples qui en sont les membres. A ceux qui sont déjà au sein de l’Eglise, Jésus leur a envoyé son Esprit Saint. Et l’Esprit Saint n’a pas besoin que nous soyons spécialement instruits, comme Pierre et Jean qui étaient eux-mêmes des gens sans instruction ni culture (Ac 4,13), pour, à notre tour, évangéliser afin que d’autres brebis fassent aussi partie de l’Eglise, car nous dit Jésus (Jn 10,16) : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ». Ces autres brebis doivent donc être aussi dans cette bergerie appelée Eglise pour ne former qu’un seul troupeau avec le seul pasteur envoyé par le Père, Jésus-Christ. L’Église est l’instrument du salut que Jésus a mis en place pour le salut du monde. Chef de l’Eglise, le Pasteur nous donne une direction et un but : le Royaume de Dieu. Il nous donne des instruments du salut : l’Eglise, La Bible, tous les sacrements. Il nous donne les armes : les prières, dont le rosaire, l’oraison et la prière de l’Eglise avec la « Prière du temps présent » que certains connaissent et qui est composée de psaumes, les grâces reçues depuis notre baptême et tous ses commandements, ses conseils, ses enseignements sur l’amour, l’humilité, la solidarité, le pardon, et bien d’autres vertus. Avec les sacrements du baptême, de la réconciliation, et de l’Eucharistie, il nous donne les moyens de vaincre le péché et de partager sa vie. Tout ce que le Christ nous donne nous permet de nous unir à Lui, et le plus important c’est d’aimer. Dieu nous offre son Amour afin que nous puissions à notre tour le partager avec d’autres. Et si nous voulons aimer, évitons de porter des jugements sur les uns et les autres. A l’exemple de Jésus face à la femme adultère (Jn 8,1-11), on peut toujours condamner une mauvaise action, mais pas la personne qui l’a commise. A la femme adultère sur qui personne n’a voulu jeter la première pierre, Jésus lui dit (Jn8,11) : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus ». « L’Évangile enseigne la justification du pécheur, (et) non du péché, c’est pourquoi, nous devons aimer le pécheur mais haïr le péché » (Cardinal Walter Kasper – La Miséricorde – P.19). Dieu, en effet, condamne le mal, le péché, les mauvaises actions mais jamais le pécheur qu’on peut toujours pardonner. Le Christ, qui nous a donné tout cela, n’a pas seulement enseigné d’une manière théorique, il nous a donné l’exemple concret en vivant parmi nous. Il sait donc de quoi il parle. Les saints sont des exemples de personnes qui ont bien réussi à mettre en pratique les enseignements du Christ. Et cela montre que ses enseignements ne sont pas hors de notre portée. Jésus est le Bon Pasteur. Bon au sens de bonté, parce qu’il est Amour et l’amour véritable ne fait jamais de mal à personne. Tout le monde sait que Jésus a même pardonné aussi à ses bourreaux.

Le Bon Pasteur, en tant que compagnon, fait équipe avec son troupeau, prend soin de ses brebis (Ps 27,23), parfois porte certains agneaux dans ses bras (Is 40,11), s’adapte à leur situation (Gn 33,13s), il vient au secours des brebis sans berger (2Ch18,16 ; Mt 9,36 ; Mc 6,34), rassemble les brebis dispersées (Is 53,6). Le vrai pasteur donne sa vie pour ses brebis, c’est qu’a fait Jésus, à l’inverse du mercenaire qui est payé pour surveiller le troupeau. « 12 Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit, et le loup s’en empare et les disperse. 13 C’est qu’il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis ». Non seulement Jésus dépose sa vie pour ses brebis, mais il envisage de ramener d’autres brebis dans son troupeau. « Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il n’a pas connu le Père ». C’est pourquoi Le Christ nous envoie évangéliser de par le monde pour faire connaître ce Dieu-Père, mais pas besoin d’aller loin pour cela, parce que le monde commence autour de nous. Arrêtons de dire « moins lé pas capable », « moins l’a pas fait des études bibliques ou théologiques » bien que cela soit utile. Pierre et Jean aussi étaient des gens sans instruction ni culture, ils ont pourtant été choisis par le Christ pour évangéliser.

« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ». » Jean 20,22

Lorsque Jésus nous envoie l’Esprit Saint, peu importe nos capacités, parce que l’Esprit agit au moment même où l’on évangélise. Lorsque l’on enseigne au Sedifop, les participants posent toutes sortes de questions, parfois hors du thème du jour. Et le formateur, qui ne connaît pas tout…comme tout le monde, répond aux questions, et ces questions il ne les connaît pas à l’avance. Le formateur lui-même est parfois étonné des bonnes réponses qu’il fournit aux participants. D’où lui viennent ces bonnes réponses sinon de l’Esprit de Dieu ? – Etienne, lui, avait des opposants et voici ce que nous racontent les Actes des Apôtres (6,8-10) : 8 Étienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple. 9 Alors intervinrent des gens de la synagogue …. Ils se mirent à discuter avec Étienne, 10 mais ils n’étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler ». C’est l’Esprit Saint qui faisait parler Etienne. Jn 15,26 : « Je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui procède du Père ». « Il vous enseignera toute chose » (Jn 14,26), « il vous fera accéder à la vérité toute entière » (Jn 16,13). – C’est pourquoi, avant d’aller former les gens, ou d’évangéliser, il faut prier le Seigneur de vous envoyer l’Esprit Saint et c’est valable aussi pour les catéchistes. – Voici quelques conseils tirés du livre « Le Manuscrit du Purgatoire », témoignage écrit d’une âme du Purgatoire et recueilli par le Sanctuaire de Montligeon : « P.26 : Avant chaque action, recueillez-vous un moment en vous-même pour voir si ce que vous allez faire va lui être agréable (à Jésus Christ). P.33 : « Ne faites jamais rien, sans vous recueillir un instant, et sans demander avis à votre Jésus qui est dans votre cœur ». P.35 : « Faites toutes vos actions sous le regard du bon Dieu…Consultez-le avant tout ce que vous avez à faire ou à dire ». Et que fait Jésus ? Il nous envoie l’Esprit Saint, comme c’est souvent le cas dans les actes des Apôtres. Ac 2,17-18 : « 17 Il se fera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront…. 18 Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit ». « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ». Voilà pourquoi, Jésus a mis à notre disposition les moyens déjà évoqués que sont les instruments du salut, les armes spirituels, les grâces sans lesquelles nous ne pouvons rien car tout nous vient de Dieu, les commandements, les conseils, les exemples, etc…L’amour qu’il a déjà mis dans le cœur de chacun d’entre nous devrait suffire pour commencer à évangéliser. Puisque l’Esprit de Dieu parle par la voix de ses fidèles, Jésus nous affirme : « elles (c’est-à-dire « les autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ») écouteront ma voix ». Et plus nous prions, plus nous aurons envie de nous former, plus nous serons capables d’évangéliser, et nous serons aussi les premiers bénéficiaires de nos actions envers les autres.  N’ayons pas honte de notre foi. Mettons-nous au service de l’Église. Et remercions Marie pour toutes ses prières en notre faveur.