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1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – Francis Cousin

« Convertissez-vous

et croyez à l’Évangile. »

Premier dimanche de carême : aussitôt on pense à Jésus au désert … tenté par Satan !

Matthieu et Luc s’étendent sur cette tentation par Satan, décrivant par le menu trois tentations auxquelles Jésus répond à chaque fois par une citation de l’Écriture.

Marc, au contraire, est plus concis. Il va à l’essentiel, il ne fait que signaler que Jésus a été tenté par Satan, et qu’il vivait parmi les bêtes sauvages.

Quelles bêtes sauvages ? Ce n’est pas dit, car non essentiel. On sait simplement qu’il y avait à l’époque des lions dans le désert de Judée.

Mais cela nous dit aussi que Jésus vivait comme vivaient Adam et Ève dans le jardin d’Éden, parmi les bêtes sauvages, avant qu’ils n’en fussent exclus.

Jésus est le nouvel Adam qui vient racheter la faute du premier.

Les tentations existent, c’est sûr, et nous en savons quelque chose.

Jésus, vrai Dieu et vrai homme, les a donc connues, comme nous … enfin pas vraiment comme nous … beaucoup moins ! Quand il était dans le désert, et à la fin de sa vie, à Gethsémani, quand il voyait arriver les horreurs de sa Passion. Mais à chaque fois il n’y succomba pas en se tournant aussitôt vers son Père.

Mais il savait comment sont les hommes, et dans la prière qu’il donna à ses disciples pour qu’ils puissent s’adresser à son Père il dit : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. » (Mt 6,13).

Et la meilleure façon de résister à la tentation, c’est de faire comme Jésus, et de se tourner vers son Père, de se convertir à Dieu, de croire à la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus, mort et ressuscité, et à tout son enseignement.

En fait, cela revient à dire : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

C’est ce que nous avons entendu ce mercredi lors de la réception des cendres, signe de conversion.

Et dans l’évangile, on nous parlait d’aumône, de prière et de jeûne … à faire dans la joie et dans le secret « car ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » (Mt 6,18).

Souvent, au début du carême, on se promet de mettre en œuvre certaines résolutions (comme on en fait au nouvel an …), certains veulent faire des « sacrifices » … mais le seul sacrifice que nous avons à respecter, c’est celui de Jésus mort sur la croix pour nous sauver du péché, et dont nous faisons mémoire à chaque messe …

Et si nous voulons faire des « sacrifices », ce n’est valable que si ce que nous appelons « sacrifice » devienne au bout de quelques temps quelque chose de tellement naturel pour nous que ce ne soit plus un sacrifice.

À part un peu plus de prières pendant le temps de carême (et garder le rythme pour après …), nous ne devrions pas faire davantage de Bonnes Actions pendant le carême que dans le cours de l’année.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper des pauvres en tout genre (financier, moral, affectif …) et faire acte de miséricorde envers eux.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper du respect de la nature et de notre maison commune.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour faire abstinence de diverses choses qui peuvent avoir comme conséquence de nous éloigner de Dieu et des autres.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour arrêter de mal-causer sur certaines personnes, de répandre des ladi-lafés.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour mettre en œuvre la fraternité, pour nous reconnaître frères ou sœurs des autres en Jésus-Christ (même s’ils sont d’une autre religion ou sans religion …)

Jésus ne nous demande qu’un chose (pas facile !) : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » … et ça, c’est tout le temps … pas seulement pendant le carême, 40 jours par an, soit environ un neuvième de l’année …

Et les huit neuvièmes restants … on fait quoi ? …

Eh bien, on garde les bonnes habitudes qu’on a prise pendant le carême … et on essaye de transformer les mauvaises en bonnes, sous le regard bienveillant de Dieu.

Alors seulement, « le règne de Dieu [sera] tout proche » … non pas d’un point de vue géographique ou chronologique, mais spirituel : parce qu’il n’est proche que quand nous nous approchons de Dieu !

Seigneur Jésus,

 si nous voulons que le règne de Dieu vienne,

il nous faut nous approcher de ton Père

en nous convertissant

et en croyant à ta Bonne Nouvelle,

comme tu le demandes depuis deux mille ans,

et ce chaque jour de notre vie.

Francis Cousin    

 

 

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Image dim Carême B 1°




Liturgie du mercredi des Cendres – Père Rodolphe Emard

Lectures : Jl 2, 12-18 ; Mt 6, 1-6. 16-18

Avec ce mercredi des Cendres, nous entrons dans le Carême. Ce Carême 2021 prendra une forme particulière avec cette crise sanitaire et une situation à la Réunion sous tension avec les nouveaux cas variants de la Covid-19. Le rite des cendres se trouve également impacté, il sera légèrement modifié par rapport à ce qui se fait habituellement, nous y reviendrons…

Ce qui compte frères et sœurs c’est la démarche du cœur ! Et ce Carême en cette période de pandémie mondiale nous en fait prendre vraiment conscience. 40 jours pour nous préparer aux fêtes pascales… Comment allons-nous les utiliser ces 40 jours ? C’est long mais court à la fois ! Il ne faut pas trainer et aller à l’essentiel au risque de gaspiller ces 40 jours. Alors comment s’y prendre ? Les lectures de ce jour nous donnent des pistes certaines :

  • Tout d’abord ces appels : *Celui que nous rapporte le prophète Joël dans la 1ère lecture : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! » *Celui de saint Paul dans la 2ème lecture : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Nous voyons que le temps de Carême est le moment favorable pour retrouver Dieu. Ce Dieu Trinité que nous avons reçu en nous depuis notre Baptême et que nous délaissons bien trop souvent. Le moment est favorable pour retrouver Dieu dans la prière, la méditation de l’Évangile. C’est l’année B, moment favorable pour redécouvrir l’Évangile de Marc…

Bien souvent, nous reconnaissons ne pas assez prier ou peu prier… Nous prétextons trop facilement ne pas avoir du temps mais n’est-ce pas plutôt parce que nous ne prenons pas le temps de prier ! 40 jours pour rencontrer Dieu et n’oublions pas que les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation sont des rendez-vous prioritaires pour rencontrer Dieu… La prière est l’un des trois piliers de notre Carême que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : une prière sans exhibition, qui doit demeurer à l’écart des bruits du monde, pour mieux entendre la voix de Dieu.

  • Cependant, une rencontre plus approfondie avec Dieu ne sera possible que si nous prenions le temps de nous rencontrer nous-même en parallèle. 40 jours pour faire le tri dans notre vie, nous débarrasser des futilités : nos paroles futiles, nos dépenses futiles, nos pertes de temps futiles… Et prendre davantage du temps pour la relecture, pour nous débarrasser de ce qui nous freine dans la vie et qui nous empêche de progresser. Prendre du temps pour soi, pour retrouver ce qui est le juste nécessaire. D’où ce deuxième pilier du jeûne : se priver du superflu. Parmi ces superflus, il y a sans doute nos excès alimentaires mais aussi les excès sur nos écrans… Vivre le jeûne comme un temps de purification…

  • 40 jours également pour rencontrer notre prochain. C’est le troisième pilier que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : le partage ou l’aumône. Avoir un meilleur souci des autres : déjà des membres de ma famille, ensuite ceux que nous côtoyons dans nos différents espaces de vie : nos collègues et voisins notamment.

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de mieux dialoguer, d’essayer de mieux comprendre l’autre, moins se replier sur soi, sur ses idées ou ses convictions. Accepter que les autres n’ont pas le même avis que nous sur certaines choses. Nous n’avons pas la science infuse !

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de partager de son bien et de sa personne. Dégager davantage du temps pour les autres… Apprendre à mieux les aimer comme Jésus les aime…

Avoir le souci des autres suppose enfin le souci de crever les vieilles rancœurs et rancunes tenaces que nous trainons depuis de trop longues années : oser enfin la discussion et la réconciliation… Dépasser nos préjugés, nos mauvais souvenirs…

C’est là que le Christ nous attend particulièrement durant ce Carême 2021.

Voilà les principales pistes qui nous sont proposées pour vivre ce Carême, au cœur de ce combat contre le virus et ses variantes. Nous sommes invités à une vraie démarche du cœur, de conversion… Une vraie démarche de confiance que le Seigneur ne nous lâche pas… Une vraie démarche communautaire…

C’est le sens du rite des Cendres que nous allons vivre : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Vous serez invités à venir en procession ; le toucher n’étant pas possible, vous inclinerez la tête sur laquelle on imposera les cendres, dans le respect des gestes barrières et de distanciation.

 

 

40 jours… utilisons-les à bon escient et dans 40 jours, le Christ nous communiquera la lumière de sa Résurrection.  Ayons la foi et l’espérance, unissons-nous dans ce combat sanitaire et bon Carême à tous.




Mercredi des cendres – Homélie du Père Louis DATTIN

Quarante jours :

40 jours pour faire le ménage en nous, …

40 jours pour mieux regarder les autres, …

40 jours pour mieux regarder le Seigneur, …

Et d’abord pour faire le ménage en nous :

Il s’agit pendant le Carême, frères et sœurs, de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, de tout ce qui nous alourdit et nous empêche de progresser, donc de vivre.

Le Carême évoque le désert. Quand on s’enfonce dans le désert, il faut accepter un certain mode de vie, une certaine discipline, que l’Eglise appelle « ascèse « . On ne trouve pas, chaque soir, un hôtel cinq étoiles pour vous accueillir.

Il faut prendre ce temps de Carême, pour vous alléger de toutes sortes de choses superflues. 40 jours pour faire le tri, pour vous délester de ce qui est inutile. Il ne faut pas traîner : 40 jours, c’est vite fait, 40 jours pour garder ‘’juste ce qu’il faut ‘’ et se contenter du strict minimum.

De même que les vignerons taillent leurs vignes à cette époque de l’année, non pas pour les abîmer et leur faire du mal, mais pour les débarrasser de toutes les branches inutiles et pour qu’elles donnent de plus belles grappes. De même, nous avons tous quelque chose à tailler en nous. Tailler quoi ?

C’est à chacun de réfléchir et à décider (silence)… dans mon emploi du temps : pertes de temps, dépenses inutiles, paroles inutiles, soucis futiles, …

Quarante jours pour regarder les autres :

– Devenir plus attentif aux autres : en famille, avec mon mari ou ma femme, avec mes  enfants, avec  mes parents, plus attentif à mon entourage ;

– Avoir le souci de partager, de dialoguer, de mieux comprendre ;

– Savoir, pendant ce Carême, être plus tolérant à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme nous !

– Etre soucieux des pauvres : régions d’Afrique Noire où l’on meurt de faim et de soif.

Le Carême est un temps de solidarité avec les plus malheureux, un temps de partage : sommes-nous prêts à nous priver sur la nourriture ou sur d’autres dépenses ? Le jour du Vendredi Saint, à trois heures, au moment où vous allez embrasser le Christ crucifié et que vous aurez juste à côté le plateau qui va recueillir vos ‘’offrandes de Carême‘’, c’est-à-dire le montant de tout ce dont vous vous serez privés pour les autres, qu’apporterez-vous en vérité ? Un superflu ou le vrai montant de sacrifices que vous aurez faits, unissant vos privations aux douleurs du Christ en croix ?

– Dans nos rapports avec les autres, savoir écouter avant de parler : ne soyons pas trop sûrs d’avoir toujours raison ; et si nous sommes investis d’une certaine autorité, souvenez-vous de la parole du Christ « Que le plus grand parmi vous, soit comme celui qui sert ! »

–  Quarante jours pour vous éduquer le cœur à aimer, à apprendre à aimer d’une façon neuve, pour éduquer votre esprit, l’arracher à ses obsessions, ses idées reçues, l’ouvrir à la nouveauté, pour éduquer votre regard, dépasser l’usure, traverser l’écran des masques et des apparences. Les autres attendent de nous cette conversion. Ils attendent que nous puissions les regarder autrement, que nous ne restions pas figés sur des souvenirs anciens, sur de vieux griefs.

Jésus, attend cela aussi de nous ! Quand nous oublions nos frères, c’est lui que nous oublions. Quand nous  jugeons nos frères, c’est lui que nous jugeons.

40 jours pour marcher à un autre rythme, pour changer de style mais 40 jours aussi pour regarder le Seigneur : le Carême est un temps privilégié pour rencontrer le Seigneur. Bien souvent, nous prions peu ou nous prions mal. « Nous ne trouvons pas le temps » disons-nous. N’est-ce-pas plutôt que « nous n’en prenons pas le temps » ?

Une rencontre avec Dieu, la messe ou un temps de prière est toujours prioritaire pour grandir dans la foi et dans l’amour :

– 40 jours pour regarder Dieu, rencontrer le Christ par la méditation de l’Evangile : quel évangéliste allez-vous choisir, cette année, pour mieux comprendre les désirs du cœur de Dieu sur vous ? St-Jean, St-Luc ou St- Marc ?

– 40 jours pour être transfiguré

– 40 jours pour grandir avec l’Evangile, pour apprendre ou réapprendre à vivre, pour avoir un cœur moins centré sur moi-même, mais plus centré sur le salut du monde.

La grande  souffrance du cœur de Dieu, n’est-ce-pas de voir tant d’hommes et de femmes aux prises avec la misère, la souffrance, et la guerre et de voir si peu d’hommes et de femmes prêts à s’engager dans le grand combat pour la paix et pour un monde vraiment fraternel et solidaire ? Allons-nous laisser le Christ faire son œuvre de redressement en nous ?

      Nous allons recevoir les cendres, ce n’est pas un rite magique. C’est le signe que nous sommes décidés à profiter de ces quarante jours pour changer quelque chose dans nos manières de penser et de vivre. Ces cendres : c’est notre vie… éteinte et grise, aride parfois, et sans fruit, mais qui peut s’épanouir.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, elles peuvent nous faire du bien !

En les recevant, c’est ton appel à grandir, Seigneur, à produire du fruit, que tu places, pas seulement sur notre front, mais surtout dans notre cœur.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, parce qu’elles deviendront le signe de notre existence qui change parce que nous voulons nous convertir et nous tourner vers l’Evangile du Christ !

Si vous n’y êtes pas décidés, restez à votre place, ne jouez pas la comédie ! Autrement, d’accord.

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.

Dans 40 jours, vous pouvez ressusciter avec Jésus ! » AMEN




6ième Dimanche Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mc 1,40-45)

Frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé fait écho à la première lecture du livre des Lévites. Dans le livre des Lévites, il y a six chapitres qui sont consacrés aux notions de « pureté / impureté ». Deux chapitres entiers traitent de la question de la lèpre. Nous avons entendu un extrait.

La lèpre était sans aucun doute à l’époque la maladie la plus abhorrée et la plus discriminante. Le lépreux ne pouvait pas déambuler sans dénoncer publiquement son statut de lépreux. La première lecture précise ce point : « Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” »

Le lépreux était totalement rejeté, mis à l’écart. Il y avait d’une part, la douleur de la maladie et d’autre part, l’exclusion de sa famille, du culte et de la société. Il y avait aussi cette tache accablante de se présenter aux prêtres. Le lépreux attestait ainsi être lui-même coupable de sa propre maladie. La conception de l’époque voyait en celui qui était atteint de la lèpre un grand pécheur. Sa maladie est la conséquence d’un péché qu’il aurait commis, lui ou un autre membre de sa famille.

Dans l’Évangile, nous voyons un lépreux et Jésus qui enfreignent les règles. Tout d’abord, le lépreux il enfreint la Loi deux fois :

  • Premièrement, il ne promène pas en criant « Impur ! Impur ! » ;

  • Deuxièmement, loin de se tenir à l’écart, il se rend auprès de Jésus ;

Jésus enfreint la Loi en touchant le lépreux. Chose inconcevable selon la conception de l’époque, car celui qui touchait un lépreux devenait lui-même impur.

Un Évangile qui nous rappelle quatre points frères et sœurs que je souhaiterais vous partager :

  • Cet Évangile nous révèle que Jésus est venu nous sauver du péché. Dieu s’oppose au mal fait à l’homme. Par le Baptême, nous avons la rémission des péchés et le Catéchisme de l’Église Catholique précise à ce sujet : « Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché » (n°1263). Dans notre conception créole, il y a encore un reste de la conception des gens de l’époque de Jésus ; l’idée que nous pourrions porter le péché de nos ancêtres… Non ! Cassons cette fausse idée. Jésus nous sauve du péché et par le Baptême, nous sommes libérés des péchés de nos premiers parents… Vivons en enfants de Dieu libres !

  • Si nous focalisons notre attention sur Jésus : il nous montre que face à la maladie, il ne s’agit pas d’exclure mais de vivre la compassion. En purifiant le lépreux, Jésus manifeste qu’il est le Messie, le Sauveur et qu’il est de nature divine. Il manifeste aussi une compassion infinie, miséricordieuse et qui apporte la guérison. Jésus se montre sensible à la souffrance de l’homme.

  • Si nous focalisons notre attention maintenant sur le lépreux : il nous invite à une confiance et à l’audace du témoignage. Si Jésus renvoie le lépreux aux prêtres, c’est pour en faire un témoin de son Évangile.

Rappelons-nous aussi que si Jésus a purifié ce lépreux c’est à cause de sa grande foi : « Si tu veux, tu peux me purifier. » « Je le veux, sois purifié. » Jésus ne peut pas nous purifier si nous ne lui remettons pas notre foi. Et Jésus veut nous purifier !

  • L’importance du toucher. La crise sanitaire nous contraint à ne pas nous toucher pour éviter la propagation de la Covid-19 et de ses variantes. Nous devons le consentir en cette période de combat… Cependant, l’Évangile nous rappelle l’importance du toucher. Jésus touche le lépreux… Jésus est tactile. Toucher quelqu’un fait partie de sa manière de communiquer. C’est en touchant qu’il transmet son énergie divine qui guérit.

Pour conclure, à l’approche du Carême frères et sœurs, je nous souhaite trois vœux :

  • Que la foi du lépreux nous stimule pour mieux focaliser notre attention sur le Christ, pour mieux l’annoncer autour de nous. Que ce Carême soit également le moment favorable pour demander au Seigneur de nous purifier de nos lèpres modernes : ce qui nous coupe de Dieu, de notre prochain et de nous-mêmes.

  • Que ce Carême soit propice pour redécouvrir les sacrements de l’Église et la Parole de Dieu. N’oublions pas que le Christ nous touche dans les sacrements et dans sa Parole.

  • Que nous demeurions encore plus vigilants dans la lutte contre la Covid-19 et ses variantes, pour un jour, avec la grâce de Dieu, pourvoir reprendre nos contacts sociaux et humains, à nouveau nous toucher…

Le combat continue, ne baissons pas la garde. Que le Christ nous accompagne et qu’il nous garde dans son amour.

                                                                                                                         P. Rodolphe Emard




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 6,27-38)

« Aimez vos ennemis »

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

            Voilà certainement une des pages les plus folles de l’Evangile. Elle nous entraîne tout en même temps au cœur de Dieu et au cœur de nos incapacités. Et le pont entre les deux devrait être notre foi qui, petit à petit, devrait nous permettre de poser des actes que nous n’aurions jamais accomplis par nous‑mêmes… Et pour avancer sur ce chemin si déconcertant, nous pouvons prendre le Christ comme exemple… Tout ce qu’il nous demande est en effet révélation indirecte de ce qu’il fait déjà…

            Jésus a tout d’abord une confiance totale en son Père. Il sait qu’Il est là, avec lui ; il veille sur lui et lui donne instant après instant, jour après jour, par les uns et par les autres, tout ce dont il a besoin… Et Jésus cherchera à nous introduire dans le mystère de cette confiance : « Ne vous tourmentez pas de ce que vous mangerez ou boirez… Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît »… C’est à la lumière de cette certitude de foi que Jésus peut nous demander de donner à quiconque nous demande, de prêter sans rien attendre en retour, de laisser prendre notre tunique par celui qui nous a déjà pris notre manteau… Folie de foi…

            Et il est tout aussi humainement fou « d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent »… Et pourtant, Dieu est ainsi… Avec son Fils et par son Fils, il s’est laissé insulter, mépriser, frapper, dépouiller, crucifier… Sans un mot, il a pris sur lui tout ce mal, et il l’a offert pour la guérison de ceux-là mêmes qui justement lui faisaient du mal… « C’étaient nos péchés qu’il portait dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris »…

            « Dieu est Amour », « et l’Amour avec lequel Dieu nous aime a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » au jour de notre baptême. C’est en s’appuyant sur cet Esprit de continuelle Bienveillance que nous sommes invités, petit à petit, à grandir dans cette folie de Dieu qui « Lui, est bon, pour les ingrats et les méchants »… DJF




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – Francis Cousin

« De partout, on venait à lui. »

 

La semaine dernière, le passage de l’évangile se terminait par la parole de Jésus : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile. ».

Jésus va vers les gens …

Et aujourd’hui, c’est l’inverse : les gens viennent vers Jésus …

Vous allez dire : « C’est pas nouveau ! déjà la semaine dernière, dès le coucher du soleil annonçant la fin du sabbat, ’’La ville entière se pressait à la porte de la maison de la belle-mère de Simon-Pierre avec l’espoir que Jésus guérisse les gens atteints de toutes sortes de maladies.’’ »

Que s’est-il donc passé entre temps ?

N’oublions pas, Jésus est un juif, qui met en pratique la Loi juive et qui la respecte.

Or, on a entendu dans la première lecture les règles de la Loi juive concernant les malades de la lèpre : ils devaient se tenir à l’écart des villes et villages, et sur la route, quand quelqu’un arrivait, ils devaient se signaler en criant « Impur ! ». Ils étaient en fait exclus de la vie sociale de la communauté.

À l’époque, on pensait que toute maladie était une punition de Dieu à cause des fautes faites par la personne, qui de ce fait devenait impure.

Mais avec Jésus, tout change …

Le lépreux de ce passage d’évangile va, le premier, oser braver la Loi juive en s’approchant de Jésus et l’interpeller avec des mots autres que ’’Impur’’.

Il a entendu parler que Jésus qui guérissait des malades, et étant tombé à ses genoux, il lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. », ce qui est un acte de foi fort vis-à-vis de Jésus.

Jésus, qui est « venu pour les malades et les pécheurs », ne reste pas insensible à l’appel du lépreux. Et lui-même va à son tour braver la Loi juive en « le touchant », ce qui était interdit, disant : « Je le veux, sois purifié. ».

En le guérissant, Jésus lui redonne simultanément la possibilité de réintégrer la communauté, il lui redonne un statut social. En un certain sens, il lui redonne la vie !

Mais pour que cette guérison puisse avoir un statut social, il fallait qu’elle soit, selon la Loi juive, authentifiée par un prêtre, d’où la phrase de Jésus : « Ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi. ».

Jésus, fils de Dieu, peut guérir les personnes, mais pour leur permettre leur réinsertion dans la vie sociale, il sait qu’il faut que la Loi de Moïse soit appliquée, dans l’intérêt de la personne guérie.

Jésus met toujours en avant la personne humaine : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17). « Jésus ne vient ni détruire la Loi, ni la consacrer comme intangible, mais lui donner par son enseignement et son comportement une forme nouvelle et définitive, où se réalise enfin en plénitude ce vers quoi la Loi acheminait. » (note c, Bible de Jérusalem).

Mais le lépreux ne suit pas les recommandations de Jésus. Il s’en va, tout joyeux (et on le serait à moins), en proclamant la gloire de Dieu et la nouvelle de sa guérison.

Ayant touché le lépreux, Jésus est devenu impur lui aussi au mon de la Loi, et doit donc se tenir à l’écart des villes et villages …

Effet néfaste pour Jésus ? …

Arrêt de l’évangélisation ? …

Non, car si Jésus ne peut plus entrer dans les villages, ce sont maintenant les personnes qui viennent à lui …

Qu’en est-il pour nous ?

Jésus, Dieu sauve, est venu sur la terre pour nous sauver, nous ramener vers son Père. Ce qui compte pour lui, ce sont les personnes, et l’esprit de la Loi, et non la lettre de la Loi, comme il l’a dit lui-même à propos du sabbat : « le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » (Mc 2,27).

Si Jésus s’approche des lépreux, des malades, … s’il les touche, c’est par miséricorde, c’est pour prendre sur lui leurs lèpres, leurs péchés … pour les en débarrasser, pour leur rendre la vie …

Et il fait la même chose pour nous, pour chacun de nous, car Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, est toujours près de nous.

Quand nous crions vers lui, comme le lépreux, sans fioritures : « Vois ma misère, regarde mon péché. », Jésus vient vers nous, il nous touche le cœur. Et nos péchés n’ont aucun effet sur lui, il ne devient pas pécheur, mais il nous libère de nos péchés …

Parce que Jésus n’a pas d’autre désir que de purifier, de pardonner, de guérir, de nous rendre la vie …

A l’approche de ce carême qui nous mènera à la croix, où Jésus a porté nos péchés, puis à Pâques, pensons à faire comme le lépreux : aller vers Jésus, aller vers un prêtre, et lui dire tout simplement : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » …

Jésus n’attend que cela !

Seigneur Jésus,

ta compassion vis-à-vis du lépreux

passe avant la Loi de Moïse.

Tu vois sa misère

et tu veux lui rendre la vie.

Et tu es prêt à faire la même chose pour nous,

quand nous te demandons

pardon pour nos fautes.

Encore faut-il que nous le fassions …

Francis Cousin    

 

 

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Audience Générale du Mercredi 10 Février 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 Février 2021


Catéchèse – 24. Prier dans la vie quotidienne

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la catéchèse précédente, nous avons vu que la prière chrétienne est “ancrée” dans la liturgie. Aujourd’hui, nous mettrons en lumière comment de la liturgie, celle-ci revient toujours à la vie quotidienne: dans les rues, dans les bureaux, dans les moyens de transport… Et là, elle continue le dialogue avec Dieu: celui qui prie est comme un amoureux, qui porte toujours dans son cœur la personne aimée, où qu’il se trouve.

En effet, tout est assumé dans ce dialogue avec Dieu: chaque joie devient un motif de louange, chaque épreuve est l’occasion d’une demande d’aide. La prière est toujours vivante dans la vie, comme un feu de braises, même quand la bouche ne parle pas, mais le cœur parle. Chaque pensée, même si elle est apparemment “profane”, peut-être imprégnée de prière. Même dans l’intelligence humaine, il y a un aspect orant; en effet, celle-ci est une fenêtre qui s’ouvre sur le mystère: elle éclaire les quelques pas qui se trouvent devant nous et, ensuite, elle s’ouvre à la réalité tout entière, cette réalité qui la précède et la dépasse. Ce mystère n’a pas un visage inquiétant ou angoissant, non: la connaissance du Christ nous rend confiant que là où nos yeux et les yeux de notre esprit ne peuvent pas voir, il n’y pas le néant, mais il y a quelqu’un qui nous attend, il y a une grâce infinie. Et ainsi la prière chrétienne transmet au cœur humain une espérance invincible: quelle que soit l’expérience qui touche notre chemin, l’amour de Dieu peut la transformer en bien.

A ce propos, le Catéchisme dit: «Nous apprenons à prier à certains moments en écoutant la Parole du Seigneur et en participant à son Mystère pascal, mais c’est en tout temps, dans les événements de chaque jour, que son Esprit nous est offert pour faire jaillir la prière. […] Le temps est entre les mains du Père ; c’est dans le présent que nous le rencontrons, ni hier ni demain, mais aujourd’hui» (n. 2659). Aujourd’hui, je rencontre Dieu, il y a toujours l’aujourd’hui de la rencontre.

Il n’existe pas d’autre jour merveilleux que l’aujourd’hui que nous sommes en train de vivre. Les gens qui vivent pensent toujours à l’avenir : «Mais l’avenir sera meilleur… », mais ils ne prennent pas l’aujourd’hui comme il vient: ce sont des gens qui vivent dans l’imagination, qui ne savent pas saisir l’aspect concret de la réalité. Et l’aujourd’hui est réel, l’aujourd’hui est concret. Et la prière a lieu dans l’aujourd’hui. Jésus vient à notre rencontre aujourd’hui, cet aujourd’hui que nous sommes en train de vivre. Et c’est la prière qui transforme cet aujourd’hui en grâce, ou mieux qui nous transforme: elle apaise la colère, elle soutient l’amour, elle multiplie la joie, elle donne la force de pardonner. A certains moments, il nous semblera que ce n’est plus nous qui vivons, mais que la grâce vit et œuvre en nous au moyen de la prière. Et quand nous avons une pensée de colère, de mécontentement, qui nous conduit vers l’amertume, arrêtons-nous et disons au Seigneur: «Où es-tu? Et où suis-je en train d’aller?». Et le Seigneur est là, le Seigneur nous donnera le mot juste, le conseil pour aller de l’avant sans ce fiel amer de la négativité. Parce que la prière, en utilisant un mot profane, est toujours positive. Toujours. Elle te fait avancer. Chaque jour qui commence, s’il est accueilli dans la prière, est accompagné par le courage, si bien que les problèmes à affronter ne sont plus un obstacle à notre bonheur, mais des appels de Dieu, des occasions pour notre rencontre avec Lui. Et quand quelqu’un est accompagné par le Seigneur, il se sent plus courageux, plus libre et également plus heureux.

Prions donc toujours pour tout et pour tous, également pour nos ennemis. Jésus nous a conseillé cela: « Priez pour vos ennemis». Prions pour nos proches, mais également pour ceux que nous ne connaissons pas; prions même pour nos ennemis, comme je l’ai dit, comme l’Ecriture nous invite souvent à le faire. La prière dispose à un amour surabondant. Prions surtout pour les personnes malheureuses, pour celles qui pleurent dans la solitude et désespèrent qu’il n’y ait plus un amour qui palpite pour elles. La prière accomplit des miracles; et les pauvres ont alors l’intuition, par la grâce de Dieu, que même dans leur situation de précarité, la prière d’un chrétien a rendu présente la compassion de Jésus: en effet, Il regardait avec une grande tendresse les foules fatiguées et égarées comme des brebis sans pasteur (cf. Mc 6, 34). Le Seigneur est – ne l’oublions pas – le Seigneur de la compassion, de la proximité, de la tendresse: trois mots à ne pas oublier, jamais. Parce que c’est le style du Seigneur: compassion, proximité, tendresse.

La prière nous aide à aimer les autres, malgré leurs erreurs et leurs péchés. La personne est toujours plus importante que ses actions, et Jésus n’a pas jugé le monde, mais il l’a sauvé. C’est une vie horrible que celle des personnes qui jugent toujours les autres, qui sont toujours en train de condamner, de juger: c’est une vie horrible, malheureuse. Jésus est venu pour nous sauver: ouvre ton cœur, pardonne, justifie les autres, comprends, sois proche toi aussi  des autres, aie de la compassion, aie de la tendresse comme Jésus.  Il faut aimer tout le monde et chacun, en se rappelant dans la prière que nous sommes tous pécheurs et, dans le même temps, aimés de Dieu un par un. En aimant ainsi ce monde, en l’aimant avec tendresse, nous découvrirons que chaque jour et chaque chose porte caché en lui un fragment du mystère de Dieu.

Le Catéchisme écrit encore:  «Prier dans les événements de chaque jour et de chaque instant est l’un des secrets du Royaume révélés aux « tout-petits », aux serviteurs du Christ, aux pauvres des béatitudes. Il est juste et bon de prier pour que la venue du Royaume de justice et de paix influence la marche de l’histoire, mais il est aussi important de pétrir par la prière la pâte des humbles situations quotidiennes. Toutes les formes de prière peuvent être ce levain auquel le Seigneur compare le Royaume» (n. 2660).

L’homme – la personne humaine, l’homme et la femme – est comme un souffle, comme un fil d’herbe (cf. Ps 144, 4; 103,15). Le philosophe Pascal écrivait: «Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser. Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer»[1]. Nous sommes des êtres fragiles, mais nous savons prier: c’est notre plus grande dignité, c’est également notre force. Courage. Prier à chaque moment, dans chaque situation, parce que le Seigneur est proche de nous. Et quand une prière est selon le cœur de Jésus, elle obtient des miracles.

[1] Pensées, 186.

Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner le goût de la prière quotidienne afin qu’elle rende possible le miracle de la rencontre avec le prochain dans sa souffrance et dans ses besoins.

A tous, j’accorde ma bénédiction !

APPEL

  1. J’exprime ma proximité aux victimes de la catastrophe qui a eu lieu il y a trois jours dans le nord de l’Inde, où une partie d’un glacier s’est détachée, provoquant une violente inondation qui a dévasté les chantiers de deux centrales électriques. Je prie pour les ouvriers défunts et pour leurs familles, et pour toutes les personnes blessées et qui ont subi des dommages.

  2. En Extrême-Orient et dans diverses parties du monde, plusieurs millions d’hommes et de femmes célébreront le Nouvel an lunaire le vendredi 12 février prochain. Je désire leur envoyer à tous et à leurs familles mon salut cordial, ainsi que le vœu que la nouvelle année apporte des fruits de fraternité et de solidarité. En ce moment particulier, où les préoccupations sont grandes pour faire face aux défis de la pandémie, qui touche non seulement le physique et l’âme des personnes, mais qui influence également les relations sociales, je forme le vœu que chacun puisse jouir d’une bonne santé et d’une vie dans la sérénité. Enfin, alors que j’invite à prier pour le don de la paix et de chaque autre bien, je rappelle que ceux-ci s’obtiennent avec la bonté, le respect, la clairvoyance et le courage, en n’oubliant jamais d’avoir un soin préférentiel à l’égard des plus pauvres et des plus faibles.





Décès du P. Daniel Woillez, fondateur du Sedifop (31 janvier 2021)

P. Daniel Woillez est décédé paisiblement Dimanche 31 janvier au matin, vers 11h, à Chevilly-Larue. Depuis quelque temps il s’était affaibli et ne marchait pratiquement plus, lui qui avait été un grand marcheur, avec des randonnées fréquentes le conduisant une fois par an environ au sommet du Piton des Neiges…

P. Woillez avait fondé le Sedifop (Service Diocésain de Formation Permanente) en 1978, en mettant en place les Conférences du soir pour les laïcs. Des sessions étaient organisées à St Denis et à St Paul.

En mai 1989, à la suite de la venue du Pape Jean Paul II à la Réunion, la propédeutique (année de réflexion et d’approfondissement pour des jeunes pensant devenir prêtres) est créée avec P. Antide Payet comme responsable. En 1990, P. Antoine Dennemont devient responsable du Séminaire et du Sedifop. Il crée le Cycle Long dans les années 1992… P. Woillez intervient au séminaire en théologie, et il assure également les sessions de théologie du Cycle Long. Et lorsqu’en 2009, celles et ceux qui avaient fini le parcours nous demandaient d’organiser pour eux des sessions d’approfondissement, c’est encore lui qui proposera la première formation FAC (Formations pour les Anciens du Cycle long) sur la base du livre du P. Bernard Sesboué, « Croire ». En 2013, il partira à la retraite à Chevilly Larue, en région parisienne…

P. D. Woillez aura donné presque quarante ans de sa vie à la Réunion…

« Nous invitons le Seigneur à lui faire bon accueil  ! ! ! Nous lui devons beaucoup !

Et le diocèse de la Réunion a beaucoup reçu de lui !

Je suis dans l’Action de Grâce pour ce qu’il a été et qu’il sera éternellement ! »

Sr Marguerite, ancienne Prieure du Carmel des Avirons…

Ses obsèques seront célébrées ce jeudi 4 février à 14h 30 à Chevilly, 17h 30 heure de la Réunion…

Pour plus d’informations, vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

Avis de décès du P. Daniel Woillez

Voici quelques photos souvenirs…

2009

P. Woillez aimait plaisanter… « Je ne bois jamais d’eau… C’est trop dangereux… Car l’eau bue éclate »… Mais on peut remarquer que son verre d’eau est bien rempli !

2012

2013,

année où il quitta la Réunion pour partir en retraite à Chevilly Larue.

Avec l’équipe de service du Cycle Long au Carmel des Avirons

Lors de la rencontre Cycle Long Nord de fin d’année où nous avions fait une petite fête pour lui…

« Qu’est-ce que le péché originel ? Une pomme, deux poires et beaucoup de pépins ! »

Et nous avions organisé aussi une petite fête pour lui avec le groupe Cycle Long Sud …

Puis ce furent les « au revoir » avec Mgr Gilbert Aubry…

L' »au revoir » à l’aéroport…

… puis un petit « bonjour » à Chevilly Larue où il vécut sa retraite…

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – Francis Cousin

« Les préoccupations de Jésus »

L’évangile de cette semaine, que certains appellent ’’une journée-type de Jésus’’, nous permet surtout de voir en un seul lieu les trois composantes du ministère de la vie publique de Jésus : les guérisons ou les relèvements, la prière, et la prédication de la Bonne Nouvelle.

Cela a commencé avec l’évangile de la semaine dernière, dans la synagogue de Capharnaüm, où Jésus prie, dans une prière collective, où Jésus enseigne « en homme qui a autorité », et où Jésus guérit « l’homme tourmenté par un esprit impur » (Mc 1,22).

Il en est de même dans l’évangile de ce jour, qui suit immédiatement celui de dimanche dernier : « Aussitôt sortis de la synagogue » Jésus se rend avec ses quatre premiers compagnons chez la      belle-mère de Simon. Mais l’ordre n’est pas le même.

Ministère de Guérison.

La belle-mère de Simon est malade, allongée sur son lit avec de la fièvre. Maladie réelle : grippe … ou maladie psychosomatique à cause de l’enrôlement de Simon à la suite de Jésus avec toutes les conséquences que cela va avoir pour elle et sa fille en terme de présence ou d’absence, et surtout en terme de nourriture et de revenus … Nul ne le sait.

La réaction de Jésus est, là aussi, nouvelle : lui, un homme, va au-devant d’une femme qu’il ne connaît pas. Il ne parle pas, mais il va près d’elle, qui est malade, donc impure dans la mentalité de l’époque, et « la saisit par la main et la fit lever. ». En peu de temps, deux tabous sont transgressés par Jésus.

Ce qui s’est passé dans l’après-midi, on ne le sait pas … mais c’était le sabbat … donc pas grand-chose.

Par contre, dès que le soleil se couche, et donc le sabbat terminé, c’est la foule autour de la maison : « La ville entière se pressait à la porte. » avec toutes sortes de maladie …

Et Jésus les guérit et expulsa beaucoup de démons.

Ministère de la Prière.

« Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. »

Après la prière collective, c’est la prière personnelle de Jésus.

On ne sait pas ce qu’il dit … sauf à de rares moments, notamment lors de la Passion.

Mais on sait le lien indéfectible entre lui et son Père : « Le Père et moi, nous sommes un. » (Jn 10,30), et donc l’importance de la communication entre le Père et lui.

Raconter sa journée, comment cela s’est passé, les problèmes rencontrés, que faire à l’avenir …peut-être un peu comme ce qui se passe dans un couple …

Louange, remerciement … mais aussi : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jn 11,41-42), avec ici l’explication de sa prière vis-à-vis de la foule.

Avec quand même un renseignement : elle a lieu « dans un endroit désert », loin de toute tentation, de tout bruit, afin de garantir la concentration sur le dialogue. Comme Jésus le dit pour nous : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. » (Mt 6,6).

Ministère de l’évangélisation

C’est le ministère principal de Jésus, celui pour lequel il est venu sur terre. C’est la première phrase de Jésus dans l’évangile de Marc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1,15).

C’est ce qu’il avait déjà développé à la synagogue …

Et quand les gens de Capharnaüm le trouvent après sa prière, Jésus leur dit : « Je suis bien avec vous, mais ma mission ne s’arrête pas ici. Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Cette mission de Jésus, elle est devenue celle des premiers apôtres … et c’est notre mission encore aujourd’hui, notre mission de baptisés : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19).

Le chrétien ne doit pas rester dans son église, il lui faut sortir, aller ailleurs. « Vers les périphéries de l’Église » comme dit le pape François. Il doit être en marche, dynamique, comme Jésus qui « passait en faisant le bien » (Ac 10,38).

C’est parfois difficile ; on n’a pas toujours envie de le faire ; et souvent on préfère rester chez soi, dans son petit confort, bien au chaud …

Écoutons encore le pape François :

« Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours ‘‘plus loin’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire que celle-ci. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres. Et cela signifie être courageux, cela signifie être libre. » (Pape François, JMJ Cracovie, 30-07-2016).

Seigneur Jésus,

tu invites les premiers apôtres

à quitter leur confort, à aller ailleurs,

vers d’autres personnes.

Mais ce message est aussi pour nous :

entendre ton appel à aller vers les autres,

et surtout vers les plus petits, les plus faibles.

Saurons-nous t’entendre chaque jour ?

Francis Cousin    

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

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Audience Générale du Mercredi 27 janvier 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27  janvier 2021


Catéchèse – 22. La prière avec les Saintes Ecritures

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je voudrais aujourd’hui m’arrêter sur la prière que nous pouvons faire à partir d’un passage de la Bible. Les paroles de l’Ecriture Sainte n’ont pas été écrites pour rester emprisonnées sur du papyrus, sur du parchemin ou sur du papier, mais pour être accueillies par une personne qui prie, en les faisant germer dans son cœur. La parole de Dieu va au cœur.  Le Catéchisme affirme: «La prière doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture – la Bible ne peut pas être lue comme un roman –-, pour que se noue un dialogue entre Dieu et l’homme» (n. 2653). La prière te porte ainsi, car elle est un dialogue avec Dieu. Ce verset de la Bible a été écrit également pour moi, il y a tant de siècles, pour m’apporter une parole de Dieu. Il a été écrit pour chacun de nous. Cette expérience arrive à tous les croyants: un passage de l’Ecriture, écouté déjà tant de fois, un jour à l’improviste me parle et éclaire une situation que je suis en train de vivre. Mais il faut que moi, ce jour-là, je sois là, au rendez-vous avec cette Parole, que je sois là, à l’écoute de la Parole. Tous les jours, Dieu passe et jette une semence dans le terrain de notre vie. Nous ne savons pas si, aujourd’hui, il trouvera un sol aride, des ronces, ou bien un bon terreau, qui fera grandir ce bourgeon (cf. Mc 4,3-9). Cela dépend de nous, de notre prière, du cœur ouvert avec lequel nous nous approchons des Ecritures pour qu’elles deviennent pour nous Parole vivante de Dieu. Dieu passe, sans cesse, à travers l’Ecriture. Et reprenant ce que j’ai dit la semaine dernière et que disait saint Augustin: «J’ai peur du Seigneur quand il passe». Pourquoi as-tu peur? J’ai peur de ne pas l’écouter, de ne pas m’apercevoir qu’il est le Seigneur. A travers la prière a lieu comme une nouvelle incarnation du Verbe. Et c’est nous qui sommes les “tabernacles” où les paroles de Dieu veulent être accueillies et conservées, pour pouvoir visiter le monde. C’est pourquoi nous devons nous approcher de la Bible sans deuxième intention, sans l’instrumentaliser. Le croyant ne cherche pas dans les Saintes Ecritures le soutien pour sa propre vision philosophique ou morale, mais parce qu’il espère une rencontre; il sait que celles-ci, ces paroles, ont été écrites dans l’Esprit Saint, et que c’est donc dans ce même Esprit qu’elles doivent être accueillies, qu’elles doivent être comprises, pour que la rencontre se réalise. Cela m’agace un peu quand j’entends des chrétiens qui récitent des versets de la Bible comme des perroquets. «Oh, oui, le Seigneur dit ceci…, il veut cela…». Mais toi, as-tu rencontré le Seigneur, ce verset? Ce n’est pas seulement un problème de mémoire: c’est un problème de la mémoire du cœur, celle qui t’ouvre à la rencontre avec le Seigneur. Et ce mot, ce verset, te conduit à la rencontre avec le Seigneur. Nous lisons donc les Ecritures pour que celles-ci “nous lisent”. Et c’est une grâce de pouvoir se reconnaître dans un personnage ou l’autre, dans cette situation-là ou dans celle-ci.

La Bible n’est pas écrite pour une humanité générique, mais pour nous, pour moi, pour toi, pour des hommes et des femmes en chair et en os, des hommes et des femmes qui ont un prénom et un nom, comme moi, comme toi. Et la Parole de Dieu, imprégnée d’Esprit Saint, lorsqu’elle est accueillie avec un cœur ouvert, ne laisse pas les choses comme avant, jamais, elle change quelque chose. C’est la grâce et la force de la Parole de Dieu. La tradition chrétienne est riche d’expériences et de réflexions sur la prière avec l’Ecriture Sainte. La méthode de la “lectio divina” s’est en particulier affirmée, née dans le domaine monastique, mais désormais également pratiquée par les chrétiens qui fréquentent les paroisses. Il s’agit tout d’abord de lire le passage biblique avec attention, plus encore, je dirais avec “obéissance” au texte, pour comprendre ce qu’il signifie en lui-même. Ensuite, on entre en dialogue avec l’Ecriture, de sorte que ces paroles deviennent un motif de méditation et d’oraison: toujours en adhérant au texte, je commence à m’interroger sur ce qu’il “me dit”. C’est un passage délicat: il ne faut pas glisser dans des interprétations subjectives, mais s’insérer dans le sillage vivant de la Tradition, qui unit chacun de nous à l’Ecriture Sainte. Et le dernier pas de la lectio divina est la contemplation. Dans celui-ci, les paroles et les pensées laissent placent à l’amour, comme entre des amoureux à qui il suffit parfois de se regarder en silence. Le texte biblique reste, mais comme un miroir, comme une icône à contempler. Et c’est ainsi que le dialogue a lieu. A travers la prière, la Parole de Dieu vient habiter en nous et nous habitons en elle. La Parole inspire de bonnes intentions et soutient l’action; elle nous donne la force, elle nous donne la sérénité, et même quand elle nous met en crise, elle nous apporte la paix. Dans les journées “mauvaises” et confuses, elle assure à notre cœur un noyau de confiance et d’amour qui le protège des attaques du malin. Ainsi, la Parole de Dieu – je me permets d’utiliser cette expression: se fait chair – chez ceux qui l’accueillent dans la prière. Dans certains textes antiques, apparaît l’intuition que les chrétiens s’identifient tellement avec la Parole que, même si toutes les Bibles du monde brûlaient, on pourrait encore en sauver le “calque” à travers l’empreinte qu’elle a laissée dans la vie des saints. Il s’agit-là d’une belle expression. La vie chrétienne est à la fois une œuvre d’obéissance et de créativité. Un bon chrétien doit être obéissant, mais il doit être créatif. Obéissant, parce qu’il écoute le Parole de Dieu; créatif, parce qu’il a l’Esprit en lui qui le pousse à la pratiquer, à la poursuivre.  Jésus le dit à la fin d’un de ses discours prononcés en parabole, en utilisant cette comparaison: «Ainsi donc tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor – le cœur – du neuf et du vieux» (Mt 13,52). Les Saintes Ecritures sont un trésor inépuisable. Que le Seigneur accorde à nous tous d’y puiser toujours davantage, à travers la prière. Merci.

Je salue cordialement les personnes de langue française. Je vous invite à lire et à prier chaque jour quelque versets de la Parole de Dieu, pour donner force, sérénité et paix à votre vie. Et que Dieu vous bénisse !