4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – Francis Cousin
« Que nous veux-tu ? »
C’est le récit du premier miracle de Jésus que saint Marc nous relate dans son évangile. Et ce miracle a lieu à Capharnaüm, un village de pêcheurs où se trouve la maison de Simon-Pierre, et dont le nom signifie « village de la consolation ».
Bizarre nom pour un village jusqu’alors anonyme, mais qui prend tout son sens quand Jésus y vient et en fait son point de chute en Galilée, lui qui est venu sur la terre pour consoler son peuple, comme l’annonçait le prophète Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. » (Is 40,1-2).
Jésus qui est aussi le prophète annoncé par Dieu à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. » (Première lecture).
C’est bien ce que fait Jésus. Il est le Verbe, la Parole de Dieu, « et le verbe était Dieu » (Jn 1,1), et il dit lui-même « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jn 7,16).
Comme tous les juifs, il va à la synagogue le jour du sabbat, et ce jour-là, il y enseigne, sans doute pour la première fois. Mais sa Parole qui vient de Dieu n’a pas la même saveur que celle des rabbins ou docteurs de la loi. Elle lui est bien supérieure, et dès ce premier jour, les gens sont surpris pas sa Parole : elle n’est pas celle de ceux qui rabâchent ce qu’ils ont déjà entendu, elle est neuve, car ce qu’il dit dans son enseignement, c’est ce qu’il est lui-même.
Parmi les présents, un homme est là, tourmenté par un esprit impur, comme nous le sommes parfois. La Parole de Jésus le dérange, car elle est claire, et va à l’encontre de ses interrogations-contradictions, et il s’écrit : « Que nous veux-tu ? Es-tu venu pour nous perdre ? » alors qu’il se rend bien compte que la parole de Jésus est vraie … Il parle au nom des autres, refuse de changer ses habitudes, il préfère rester « dans les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1,79) plutôt que d’accepter « la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).
Mais ensuite son discours se fait personnel, et il parle en son nom propre : « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ». Un éclair de clairvoyance qui ne vient pas de lui … et qui ne signifie pas qu’il ait la foi en Dieu …
Ce que Jésus a bien compris, et il s’écrit pour le Malin : « Tais-toi ! sort de cet homme. ».
Ce qu’il fit.
Stupéfaction des assistants devant l’assurance de Jésus et la nouveauté de sa Parole, « donnée avec autorité », celle qui vient de la vérité. C’est la deuxième fois que ce terme est utilisé dans ce cours passage, ce qui montre son importance aux yeux de l’auteur.
La Parole de Jésus est ’’au-dessus de celle des hommes’’, comme tout ce qui vient de Dieu.
Et cette Parole agit sur nous comme sur les personnes présentes ce jour-là : stupéfaction, accord ou refus.
Il y a des moments où on se dit qu’on ne peut pas suivre cette Parole, car elle est trop exigeante, « trop dure » (Jn 6,60), des moments où on se reconnaît pécheur et où on voit la Parole à un niveau trop élevé pour nous, où on a envie de dire « Es-tu venu pour nous perdre » ou pour nous sauver ?
Et en même temps, on entend une voix intérieure qui nous dit : « Cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20,27), je suis venu pour toi, pour « les pécheurs. » (Mc 2,17), « j’ai gravée ton nom sur les paumes de mes mains » (Is 49,16), « suis-moi », « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14,6).
Seigneur Jésus,
bien souvent ta Parole
nous paraît inaccessible,
trop lointaine et trop exigeante.
Mais j’ai confiance en toi :
’Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.’
Francis Cousin
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« Lutte Anti-Covid : ne pas baisser la garde ! » (Mgr Gilbert Aubry)
Face à cette épidémie de Covid 19 qui s’inscrit dans la durée et connaît de multiples rebondissements, avec l’apparition ici et là, de mutations du virus le rendant plus contagieux, Mgr Gilbert Aubry nous invite à ne pas baisser la garde et il nous donne l’exemple : « Moi-même, le moment venu, je me ferai vacciner ».
Pour accéder à son message, il suffit de cliquer sur le lien suivant :
Lutte anti Covid (Mgr Gilbert Aubry).
Audience Générale du Mercredi 20 janvier 2021
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 20 janvier 2021
Catéchèse. La prière pour l’unité des chrétiens
Chers frères et sœurs, bonjour!
Dans cette catéchèse, je m’arrêterai sur la prière pour l’unité des chrétiens. En effet, la semaine qui va du 18 au 25 janvier est consacrée en particulier à cela, à invoquer de Dieu le don de l’unité pour dépasser le scandale des divisions entre les croyants en Jésus. Celui-ci, après la Dernière Cène, a prié pour les siens, «pour que tous soient un» (Jn 17,21). C’est sa prière avant la Passion, nous pourrions dire son testament spirituel. Remarquons cependant que le Seigneur n’a pas commandé l’unité aux disciples. Il ne leur a même pas tenu un discours pour en motiver l’exigence. Non, il a prié le Père pour nous, pour que nous soyons un. Cela signifie que nous ne sommes pas suffisants à nous seuls, avec nos forces, pour réaliser l’unité. L’unité est avant tout un don, c’est une grâce à demander par la prière.
Chacun de nous en a besoin. En effet, nous nous apercevons que nous ne sommes même pas capables de sauvegarder l’unité en nous-mêmes. L’apôtre Paul ressentait également en lui un conflit déchirant: vouloir le bien et être enclin au mal (cf. Rm 7,19). Il avait ainsi saisi que la racine de nombreuses divisions qui sont autour de nous – entre les personnes, en famille, dans la société, entre les peuples et aussi entre les croyants – est en nous. Le Concile Vatican II affirme que «les déséquilibres qui travaillent le monde moderne sont liés à un déséquilibre plus fondamental qui prend racine dans le cœur même de l’homme. C’est en l’homme lui-même, en effet, que de nombreux éléments se combattent. […] En somme, c’est en lui-même qu’il souffre d’une division, et c’est de là que naissent au sein de la société tant et de si grandes discordes» (Gaudium et spes, n. 10). La solution aux divisions n’est donc pas de s’opposer à quelqu’un, car la discorde engendre la discorde. Le vrai remède commence en demandant à Dieu la paix, la réconciliation, l’unité.
Cela vaut tout d’abord pour les chrétiens: l’unité ne peut venir que comme fruit de la prière. Les efforts diplomatiques et les dialogues académiques ne suffisent pas. Jésus le savait et il nous a ouvert la voie, en priant. Notre prière pour l’unité est, ainsi, une humble mais confiante participation à la prière du Seigneur, qui a promis que chaque prière faite en son nom sera écoutée par le Père (cf. Jn 15, 7). Nous pouvons alors nous demander: “Est-ce que je prie pour l’unité?”. C’est la volonté de Jésus, mais si nous passons en revue les intentions pour lesquelles nous prions, nous nous apercevrons probablement d’avoir prié peu, peut-être jamais, pour l’unité des chrétiens. C’est pourtant de celle-ci que dépend la foi dans le monde; en effet, le Seigneur a demandé l’unité entre nous «pour que le monde croie» (Jn 17,21). Le monde ne croira pas parce que nous le convaincrons par de bons arguments, mais il croira si nous aurons témoigné de l’amour qui nous unit et nous rend proche de tous.
En ce temps de grave malaise, la prière est encore davantage nécessaire pour que l’unité prévale sur les conflits. Il est urgent de mettre de côté les particularismes pour favoriser le bien commun, et c’est pourquoi notre bon exemple est fondamental: il est essentiel que les chrétiens poursuivent le chemin vers la pleine unité, visible. Au cours des dernières décennies, grâce à Dieu, de nombreux pas en avant ont été accomplis, mais il faut persévérer dans l’amour et dans la prière, sans perdre confiance et sans se lasser. C’est un parcours que l’Esprit Saint a suscité dans l’Eglise, chez les chrétiens et en nous tous, et sur lequel nous ne reviendrons plus en arrière. Toujours de l’avant !
Prier signifie lutter pour l’unité. Oui, lutter, car notre ennemi, le diable, comme le dit la parole elle-même, est le diviseur. Jésus demande l’unité dans l’Esprit Saint, de faire l’unité. Le diable divise toujours, parce que diviser lui est profitable. Il insinue la division, partout et de toutes les façons, alors que l’Esprit Saint fait toujours converger vers l’unité. Le diable, en général, ne nous tente pas à propos de la haute théologie, mais sur la faiblesse de nos frères. Il est astucieux: il agrandit les erreurs et les défauts des autres, il sème la discorde, il provoque la critique et crée des factions. La voie de Dieu est une autre: il nous prend tels que nous sommes, il nous aime beaucoup, mais il nous aime comme nous sommes et nous prend comme nous sommes; il nous prend différents, il nous prend pécheurs, et il nous pousse toujours à l’unité. Nous pouvons le vérifier sur nous-mêmes et nous demander si, dans les lieux dans lesquels nous vivons, nous alimentons la conflictualité ou si nous luttons pour faire grandir l’unité avec les instruments que Dieu nous a donnés: la prière et l’amour. En revanche, on alimente la conflictualité par le commérage, toujours, en disant du mal des autres. Le commérage est l’arme la plus simple que le diable possède pour diviser la communauté chrétienne, pour diviser la famille, pour diviser les amis, pour diviser toujours. L’Esprit Saint nous inspire l’unité.
Le thème de cette Semaine de prière concerne précisément l’amour: “Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance” (cf. Jn 15,5-9). La racine de la communion est l’amour du Christ, qui nous fait dépasser les préjugés pour voir dans l’autre un frère et une sœur qu’il faut toujours aimer. Alors nous découvrons que les chrétiens d’autres confessions, avec leurs traditions, avec leur histoire, sont des dons de Dieu, sont des dons présents sur les territoires de nos communautés diocésaines et paroissiales. Commençons à prier pour eux et, quand cela est possible, avec eux. Nous apprendrons ainsi à les aimer et à les apprécier. La prière, rappelle le Concile, est l’âme de tout le mouvement œcuménique (cf. Unitatis redintegratio, n. 8). Que la prière soit donc le point de départ pour aider Jésus à réaliser son rêve: que tous soient un.
Je salue cordialement les personnes de langue française. En cette semaine de prière pour l’unité, je vous invite à prier pour les chrétiens des autres confessions, et, lorsque cela est possible, à prier avec eux. Ainsi nous apprendrons à les aimer et à les apprécier. Et que Dieu vous bénisse !
3ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 14-20) – Francis Cousin
« Venez à ma suite. »
La semaine dernière, dans l’évangile selon saint Jean, nous avions déjà vu André et son comparse, souvent identifié avec Jean, frère de Jacques de Zébédée, se mettre à suivre Jésus, suite à la remarque de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ils étaient restés avec Jésus un bon moment de l’après-midi ; et le lendemain, André amène son frère Simon à Jésus : « Nous avons trouvé le Messie ! ». C’était au bord du Jourdain, là ou Jean-Baptiste baptisait, un peu au nord de la mer Morte.
Aujourd’hui, dans l’évangile de Marc (comme dans les autres synoptiques), nous retrouvons Jésus en Galilée, après avoir été baptisé dans le Jourdain et passé quarante jours dans le désert, commençant à prêcher la Bonne Nouvelle. Ce jour-là, il passe le long de la mer de Galilée. Et c’est là qu’il appelle ses quatre premiers apôtres : Simon et André, Jacques et Jean.
On pourrait se dire : « Il y a un problème ! les évangélistes ne disent pas la même chose ! »
À moins qu’ils disent tous vrai.
Faisons une hypothèse :
Cela commence avec André et Jean, puis quelques autres Galiléens, des amis, de la famille : il y a nommément cités : Simon-Pierre, Philippe, Nathanaël (Barthélémy), à Béthanie de Transjordanie, auprès du Jourdain. Ils ont été en relation avec Jésus de manières diverses, ont parlé avec lui. Ils ont fait connaissance …
Après le baptême de Jésus, dans les synoptiques, Jésus, poussé par l’Esprit, part dans le désert pendant quarante jours, pour y être tenté par le Diable … Et les autres Galiléens rentrent chez eux, reprennent leur métier ; la vie continue …
Après le désert, Jésus remonte en Galilée et commence à enseigner … il va de village en village …
(Ne tenons pas compte des jours indiqués dans l’évangile de Jean : cela lui permet de situer les noces de Cana le septième jour après le premier témoignage de Jean-Baptiste, en parallèle au septième jour de la création du monde où Dieu se reposa, et suggéré ainsi que ce repas de noces préfigure le banquet messianique de la fin des temps.)
Un jour, Jésus passe par Bethsaïde, le village d’André et de Simon. On peut estimer à environ deux mois la durée entre la rencontre de Béthanie et ce jour-là (quarante jours de désert, trois jours pour remonter en Galilée, et deux semaines d’évangélisation en Galilée).
Passant le long du lac, il voit André et Simon qui jettent leurs filets dans la mer. Il les reconnaît tout de suite et les interpelle : « Venez à ma suite. Je vous ferais devenir des pêcheurs d’hommes. ».
Les deux hommes se retournent. Voient Jésus. Ils reconnaissent aussitôt celui dont les paroles les avaient tant émerveillées, leur avaient donné l’espoir d’une autre vie. Ils avaient réfléchi, avaient ruminé dans leur cœur toutes ces pensées que ces paroles avaient fait naître, et ils n’avaient qu’une hâte : le revoir ! Entendre de nouveau ses paroles bienfaisantes, pleines d’amour, d’espoir et de bonté …
Et le voici devant eux !
Ils attendaient tellement ce jour !
Sans attendre, ils laissent tout ce qu’ils faisaient, et partent avec lui.
Un peu plus loin, Jésus rencontre Jean et son frère Jacques, qui étaient dans les mêmes dispositions d’André et Simon … Et le résultat est le même …
Bien sûr, ceci n’est qu’une hypothèse … mais elle permet de comprendre pourquoi les ’futurs apôtres’ ont été aussi prompts à suivre Jésus.
Cette parole de Jésus, elle continue à nous être adressée : « Venez à ma suite. »
Je n’ajoute pas « Je vous ferais devenir pêcheurs d’hommes » car on risquerait de penser que c’est réservé aux vocations sacerdotales … Encore que … Tout le monde est appelé à sortir les pécheurs de leur univers et à les ramener dans le droit chemin … à commencer par nous !
« Venez à ma suite. », ce n’est pas seulement pour ceux qui ne croient pas, qui ne connaissent pas Jésus.
Tous, nous avons à nous mettre, chaque jour, à la suite de Jésus. À faire que nous mettions ses paroles en applications … à commencer par le commandement d’amour de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. ».
C’est d’autant plus important en ce jour où se termine la semaine d’unité pour les Chrétiens. Baptisés du même baptême qui fait de nous des fils de Dieu, il est important que nous prions (et que nous fassions ce qu’il faut) pour que nos points de différences soient supprimés et que nous puissions nous dire véritablement comme frères en Jésus.
Et aussi que nous pensions à ceux qui ont (ou n’ont pas) d’autres religions … , qui ne pensent pas comme nous, mais qui sont aussi pour nous des frères (et des sœurs). Ainsi que nous l’a rappelé le pape François dans sa dernière encyclique : ’’Fratelli Tutti’’, ou en français ’’Tous Frères’’.
Seigneur Jésus,
Tu ne cesses d’appeler
les hommes à te suivre,
pour que ta Bonne Nouvelle
fleurisse sur la terre
et que la fraternité entre tous
soit quelque chose de réel,
que tu attends depuis longtemps.
Fais que nous te suivions …
en actes !
Francis Cousin
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Audience Générale du Mercredi 13 janvier 2021
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 13 janvier 2021
Catéchèse – 21. La prière de louange
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous poursuivons notre catéchèse sur la prière, et nous nous consacrons aujourd’hui à la dimension de la louange.
Nous partons d’un passage critique de la vie de Jésus. Après les premiers miracles et la participation des disciples à l’annonce du Royaume de Dieu, la mission du Messie traverse une crise. Jean-Baptiste est pris d’un doute et lui fait parvenir ce message – Jean est en prison: « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 3) ; Il sent cette angoisse de ne pas savoir s’il s’est trompé dans son annonce. Il y a toujours dans la vie des moments sombres, des moments de nuit spirituelle, et Jean traverse l’un de ces moments. Il règne une certaine hostilité dans les villages sur le lac, où Jésus avait accompli de nombreux signes prodigieux (cf. 11, 20-24). A présent, précisément en ce moment de déception, Matthieu rapporte un fait véritablement surprenant : Jésus n’élève pas une lamentation vers le Père, mais un hymne de jubilation : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25). C’est-à-dire en pleine crise, en pleine obscurité dans l’âme de tant de personnes, comme Jean-Baptiste, Jésus bénit le Père, Jésus loue le Père. Mais pourquoi ?
Avant tout il le loue pour ce qu’il est : « Père, Seigneur du ciel et de la terre ». Jésus se réjouit dans son esprit parce qu’il sait et il sent que son Père est le Dieu de l’univers, et inversement, le Seigneur de tout ce qui existe est le Père, « mon Père ». C’est de cette expérience de se sentir « fils du Très-Haut » que jaillit la louange. Jésus se sent fils du Très-Haut.
Puis Jésus loue le Père parce qu’il privilégie les petits. C’est ce dont il fait lui-même l’expérience, en prêchant dans les villages : les « sages » et les « intelligents » sont suspicieux et fermés, font des calculs; tandis que les « petits » s’ouvrent et accueillent le message. Cela ne peut qu’être la volonté du Père, et Jésus s’en réjouit. Nous aussi nous devons nous réjouir et louer Dieu parce que les personnes humbles et simples accueillent l’Evangile. Je me réjouis quand je vois ces gens simples, ces gens humbles qui vont en pèlerinage, qui vont prier, qui chantent, qui louent, des gens auxquels il manque peut-être beaucoup de choses, mais l’humilité les conduit à louer Dieu. Dans l’avenir du monde et dans les espérances des Eglises, il y a toujours les « petits » : ceux qui ne se considèrent pas meilleurs que les autres, qui sont conscients de leurs limites et de leurs péchés, qui ne veulent pas dominer les autres, qui, en Dieu le Père, se reconnaissent tous frères.
Donc, en ce moment d’échec apparent, où tout est obscur, Jésus prie en louant le Père. Et sa prière nous conduit aussi, nous lecteurs de l’Evangile, à juger de manière différente nos échecs personnels, les situations où nous ne voyons pas clairement la présence et l’action de Dieu, quand il semble que prévaut le mal et qu’il n’existe aucune façon de l’arrêter. Jésus, qui a pourtant tant recommandé la prière de demande, précisément au moment où il aurait eu un motif de demander des explications au Père, se met en revanche à le louer. Cela semble une contradiction, mais c’est là, la vérité.
A qui sert la louange ? A nous ou à Dieu ? Un texte de la liturgie eucharistique nous invite à prier Dieu de cette manière, il dit: « Tu n’as pas besoin de notre louange, et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ notre Seigneur » (Missel romain, préface commune IV). En louant, nous sommes sauvés.
La prière de louange nous sert à nous aussi. Le Catéchisme la définit ainsi : « Elle participe à la béatitude des cœurs purs qui l’aiment dans la foi avant de le voir dans la Gloire » (n. 2639). Paradoxalement, elle doit être pratiquée non seulement quand la vie nous remplit de bonheur, mais surtout dans les moments difficiles, dans les moments sombres quand le chemin grimpe. Cela aussi est le temps de la louange, comme Jésus, qui dans les moments sombres, loue le Père. Parce que nous apprenons qu’à travers cette montée, ce sentier difficile, ce sentier fatigant, ces passages difficiles, on arrive à voir un panorama nouveau, un horizon plus ouvert. Louer est comme respirer de l’oxygène pur : cela purifie ton âme, porte ton regard au loin, ne te laisse pas prisonnier dans les moments difficiles et sombres des difficultés.
Il y a un grand enseignement dans la prière qui depuis huit siècles, n’a jamais cessé de vibrer, et que saint François composa vers la fin de sa vie : le « Cantique de frère soleil » ou « des créatures ». Le « Poverello » ne la composa pas dans un moment de joie, de bien-être, mais au contraire au milieu des difficultés. François est désormais presque aveugle, et il ressent dans son âme le poids d’une solitude qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant : le monde n’a pas changé depuis le début de sa prédication, certains se laissent encore déchirer par les querelles, et de plus, il perçoit les pas de la mort qui se font plus proches. Ce pourrait être le moment de la déception de cette déception extrême, et de la perception de son échec. Mais à cet instant de tristesse, en cet instant sombre, François prie : « Loué sois-tu, mon Seigneur… ». Il prie en louant. François loue Dieu pour tout, pour tous les dons de la création, et aussi pour la mort, qu’il appelle avec courage « sœur », « sœur mort ». Ces exemples des saints, des chrétiens, et aussi de Jésus, de louer Dieu dans les moments difficiles, nous ouvrent les portes d’un chemin très grand vers le Seigneur et nous purifient toujours. La louange purifie toujours.
Les saints et les saintes nous montrent que l’on peut toujours louer, dans le bien et dans le mal, parce que Dieu est l’Ami fidèle. Tel est le fondement de la louange : Dieu est l’Ami fidèle, et son amour ne fait jamais défaut. Il est toujours à nos côtés, Il nous attend toujours. Quelqu’un disait : « C’est la sentinelle qui est à tes côtés et qui te fait aller de l’avant dans la sécurité ». Dans les moments difficiles et obscurs, trouvons le courage de dire : « Béni sois-tu, ô Seigneur ». Louer le Seigneur, cela nous fera beaucoup de bien.
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! En cette année consacrée à Saint Joseph, qu’au milieu de nos joies et de nos crises, nos cœurs soient toujours habités par l’esprit de louange.
A tous, je donne ma bénédiction !
2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1, 35-42) – Francis Cousin
« Où demeures-tu ? »
Dans la première lecture, Samuel entend la voix de Dieu, mais ne sait pas que c’est lui : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. ».
Il va vers son maître Eli qui le renvoie se coucher. Et cela par trois fois.
Patience de Samuel qui répond à chaque appel, mais se trompe d’interlocuteur …
Patience de Dieu qui ne cesse d’appeler, jusqu’à ce qu’on lui réponde …
Et il le fait encore avec nous …
Oh, bien sûr, nous n’avons sans doute jamais entendu Dieu nous parler directement … mais il peut nous parler par la bouche (ou les écrits) d’autres personnes …
Ici, c’est Eli qui fera le lien entre la parole entendue et Dieu : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” », et qui amène Samuel à prendre contact directement avec Dieu … et de cette rencontre nocturne naîtra pour Samuel toute une manière de vivre au service de Dieu … même si cela doit lui coûter vis-à-vis de Eli …
Dans l’évangile, c’est Jean-Baptiste qui sera le déclencheur pour les futurs disciples de Jésus. La veille, il avait déjà dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était (…) Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.’’ ».
Sans doute ses disciples avaient-ils réfléchi pendant la nuit : « C’est quoi l’Agneau de Dieu ? Il y a celui qui a été donné par Dieu à Abraham pour remplacer son fils Isaac sur le bûcher … Il y a celui dont parle Isaïe, « un agneau conduit à l’abattoir … Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. ». Ils ne comprenaient pas bien … mais leurs esprits étaient éveillés …
Alors, ce jour-là, quand Jean-Baptiste revoit Jésus qui marche devant lui, et sans doute pris par l’émotion, il redit : « Voici l’Agneau de Dieu. », les deux disciples, André et son comparse veulent en savoir davantage sur cet homme, et se mettent à le suivre.
Jésus sent qu’on le suit. Il se retourne et demande : « Que cherchez-vous ? ».
Surpris par la question, pris au dépourvu, les deux disciples répondent : « Où demeures-tu ? ». Mais on sent malgré tout une volonté de mieux connaître celui qui est appelé Agneau de Dieu, de l’écouter, d’échanger avec lui …
La réponse est bien du style de Jésus : « Venez et vous verrez. »
C’est une invitation à faire connaissance, sans aucune contrainte : Jésus propose …
Et pour nous aussi il fait pareil : Jésus propose son discours, son Évangile …
Ensuite, c’est à chacun de faire son choix. Le voir amène à croire … ou pas …
Pour nous, bien sûr, le voir n’est pas possible, mais Jésus a dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29) …
On ne sait pas ce qu’ils se sont dit … mais ils ont été convaincu par Jésus, et ils ont quitté Jean-Baptiste pour suivre Jésus, pour demeurer avec lui.
La rencontre avec Jésus était primordiale pour le suivre … et c’est encore vrai aujourd’hui …
Mais les deux disciples n’en sont pas restés là : devenus disciples de Jésus, ils ont soif de faire connaître celui qu’ils ont rencontré, et le lendemain même, André voit son frère Simon pour lui dire : « Nous avons trouvé le Messie », et il le conduit à Jésus. Ils deviennent missionnaires …
De cette rencontre, Simon ressort transformé. D’abord dans son cœur (mais on n’en dit rien), et surtout dans son nom : « Tu t’appelleras ’’Kèphas’’ – ce qui veut dire : pierre », ou rocher, roc …
« Que cherchez-vous ? »
La question nous est posée à nous aussi.
On cherche tous quelque chose, même si on ne sait pas toujours quoi …
Dans le domaine matériel, c’est assez facile … « Qui cherche trouve. » (Mt 7,8). Quoique !
Mais dans le domaine de la personnalité ou le domaine spirituel, c’est plus difficile.
Beaucoup de personnes ne sont pas satisfaites de telle ou telle chose, mais ils ne cherchent pas … pourquoi ? … comment ? … que faire ? …
Souvent, ils veulent bien chercher, mais ils n’ont pas la volonté de le faire ! Ils préfèrent attendre que les solutions viennent d’elle-même …
Ils préfèrent rester en chaussons dans leur canapé …
Quand on cherche, on ne cherche pas seul, et l’évangile nous le montre bien ! On va voir des personnes … on lit des livres … on réfléchit … on prie …
Des personnes nous mènent à Jésus … et Jésus nous invite à demeurer avec lui.
Et nous, que cherchons-nous en nous mettant à la suite de Jésus ?
Quelle recherche habite mon cœur ?
Pourquoi vais-je à la messe ? … et pour quel changement dans ma vie ?
Ai-je déjà rencontré Jésus, d’une manière ou d’une autre ?
Est-ce que je suis prêt à demeurer avec lui ? … chez lui … avec son Père …
Mais pour cela, il faut que j’accepte son amour … que je lui rende son amour … et que je le partage avec d’autres …
Seigneur Jésus,
Tu es comme un aimant qui attire
tous ceux qui te cherchent vraiment.
Quand ils te rencontrent,
ils ne veulent plus te quitter …
Mais il y a le Malin qui rode
et essaye de nous éloigner de toi…
et qui parfois y arrive.
Garde-nous fermes dans la foi.
Francis Cousin
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Baptême de Notre Seigneur (Mc 1,7-11) – Francis Cousin
« Tu es mon fils bien-aimé, en toi, je trouve ma joie. »
L’épisode raconté par l’évangile de ce jour est important dans la vie de Jésus. Il est rapporté par les quatre évangiles, chacun à sa manière, dès le début de leur livre pour Marc et Jean, tandis que Luc et Matthieu parlent d’abord de l’enfance de Jésus.
Mais pour tous les quatre, c’est le point de départ de ce qu’on appelle la vie publique de Jésus : le baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
Jean-Baptiste baptisait déjà depuis un certain temps dans le Jourdain, « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Mc 1,4), et beaucoup de gens venaient à lui pour recevoir ce baptême. Certains pensaient même qu’il était le messie attendu … et sa renommée était grande.
« En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée … »
Né comme tous les hommes, vivant comme tous les hommes, Jésus a entendu parler de Jean-Baptiste. Comme tous les hommes, Jésus vient écouter Jean-Baptiste et se faire baptiser par lui. Matthieu nous signale que Jean-Baptiste refuse de le baptiser : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3,14), mais Jésus le convainc de le baptiser.
Les quatre évangélistes insistent sur le décalage qu’il y a entre Jean-Baptiste et Jésus : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. ».
Défaire la courroie des sandales de quelqu’un était en effet réservé au plus petit des serviteurs, un travail d’esclave, pour laver les pieds des invités. Cela veut dire que Jean-Baptiste se considère comme inférieur à un esclave, devant Jésus qui est considéré comme un invité important.
« Je ne suis pas digne » … C’est ce que dit le centurion de Capharnaüm (Cf Mt 8,8) …
« Je ne suis pas digne » … C’est ce que nous disons avant de recevoir l’Eucharistie …
Ce qui montre la différence entre Jésus, Fils de Dieu, et les humains …
« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon (…) Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Première lecture).
Jean-Baptiste est conscient de cette différence entre Jésus et lui … comme nous-même le sommes aussi …
Et Jésus « fut baptisé par Jean dans le Jourdain. »
Cela aurait pu être comme pour tous ceux qui venaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, … mais c’était sans compter sur le dessein de Dieu le Père : « Les cieux se déchirent et l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : ’’Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.’’ »
Manifestation du Dieu trinitaire :
– La voix du Père qui vient des Cieux, et qui s’adresse à son Fils Jésus : « Tu es mon fils bien-aimé ». Voix qui est entendu par tous ceux qui étaient présents à ce moment-là.
– L’Esprit qui descend du ciel, comme une colombe, et se place sur Jésus. Et vu aussi par tous les présents.
– Et Jésus qui sort de l’eau …
Première théophanie trinitaire, au vu et à l’ouïe de tous les présents … qui n’ont sans doute pas manquer de raconter l’événement à leurs familles et voisins …
Et cette voix restera gravée dans l’esprit et le cœur de Jésus … lien indéfectible entre le Père et lui …
« Confiance du Père pour son envoyé se faisant ’’péché pour nous’’. Confiance de Dieu à laquelle a répondu la totale confiance du Fils, accomplissant sa mission jusqu’au bout. » (Christian Delorme).
Point de départ de la mission de Jésus, pour le salut des hommes …
Nous aussi, nous avons été baptisés, du baptême de Jésus … avec l’onction du saint Chrême, qui nous a fait enfants de Dieu. Nous ne l’avons pas entendu, mais sur nous aussi Dieu a dit : « Tu es mon enfant bien-aimé en qui je mets toute ma confiance » …
Mais qu’avons-nous fait de notre baptême ?
Qu’avons-nous fait de la confiance que Dieu a mise en nous ?
Sommes-nous conscients que nous avons une mission à remplir ?
Oh, Dieu ne nous demande pas l’impossible … il connaît nos faiblesses …
Mais il attend un minimum de nous : mettre l’amour autour de nous … le prier … lui rendre grâce …
Le faisons-nous ???
Dieu notre Père,
lors du baptême de ton fils Jésus, tu lui a dit :
’’Tu es mon Fils bien-aimé’’,
et tu dis la même chose sur chacun de nous :
’’Tu es mon fils bien-aimé’’,
’’Tu es ma fille bien-aimée’’.
Mais bien souvent, nous oublions
l’amour que tu nous portes …
Et même, nous t’oublions …
Pardonne-nous.
Francis Cousin