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Fiches de réflexion, seul ou en petit groupe, pour le temps de l’Avent : « Pour une écologie intégrale »…

Le Diocèse de la Réunion vient de publier des fiches de réflexion pour le temps de l’Avent. Elles peuvent être utilisées, semaine après semaine, soit pour une réflexion individuelle, soit pour des petits groupes qui désirent se retrouver et cheminer ainsi ensemble vers la fête de Noël. On veillera alors à ce que la salle soit bien ventilée, à bien respecter les règles de distanciation sociale, le port du masque, le gel hydroalcoolique à l’entrée,  et à ne pas dépasser le chiffre de six personnes…

Pour accéder à ces fiches, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :

AVENT 2020 Fiches

En vous souhaitant de belles et heureuses fêtes de Noël, dans la paix et la joie d’accueillir cette Lumière qui se propose inlassablement de venir briller dans nos ténèbres pour nous en délivrer… Joyeux Noël à tous !




Audience Générale du Mercredi 9 décembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 9 décembre 2020


Catéchèse – 18. La prière de demande

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous poursuivons nos réflexions sur la prière. La prière chrétienne est pleinement humaine – nous prions comme des personnes humaines, comme nous le sommes –, elle comprend la louange et la supplique. En effet, quand Jésus a enseigné à ses disciples à prier, il l’a fait avec le « Notre Père », afin que nous nous plaçions avec Dieu dans une relation de confiance filiale et que nous lui adressions toutes nos demandes. Nous implorons Dieu pour les dons les plus grands: la sanctification de son nom parmi les hommes, l’avènement de son règne, la réalisation de sa volonté de bien à l’égard du monde. Le Catéchisme rappelle: «Il y a une hiérarchie dans les demandes : d’abord le Royaume, ensuite ce qui est nécessaire pour l’accueillir et pour coopérer à sa venue» (n. 2632). Mais dans le “Notre Père” nous prions également pour les dons plus simples, pour les dons de tous les jours, comme le “pain quotidien” – qui signifie également la santé, une maison, un travail, les choses de tous les jours; et cela veut aussi dire pour l’Eucharistie, nécessaire pour la vie en Christ –; de même que nous prions pour le pardon des péchés – qui est une chose quotidienne; nous avons toujours besoin de pardon – ensuite pour la paix dans nos relations; et, enfin, pour qu’Il nous aide dans les tentations et qu’il nous libère du mal.

Demander, supplier. Cela est très humain. Ecoutons encore le Catéchisme: «C’est par la prière de demande que nous traduisons la conscience de notre relation à Dieu : créatures, nous ne sommes ni notre origine, ni maître des adversités, ni notre fin ultime, mais aussi, pécheurs, nous savons, comme chrétiens, que nous nous détournons de notre Père. La demande est déjà un retour vers Lui» (n. 2629).

Si quelqu’un se sent mal parce qu’il a fait de mauvaises choses – c’est un pécheur – quand il prie le Notre Père, il se rapproche déjà du Seigneur. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous nous suffisons à nous-mêmes et que nous vivons dans l’autosuffisance complète. Parfois cela arrive! Mais tôt ou tard, cette illusion s’évanouit. L’être humain est une invocation, qui parfois devient un cri, souvent retenu. L’âme ressemble à une terre desséchée, assoiffée, comme le dit le Psaume (cf. Ps 63, 2). Nous faisons tous l’expérience, à un moment ou l’autre de notre existence, du temps de la mélancolie ou de la solitude. La Bible n’a pas honte de montrer la condition humaine marquée par la maladie, par les injustices, par la trahison des amis, ou par les menaces des ennemis. Il semble parfois que tout s’effondre, que la vie vécue jusqu’à présent a été vaine. Et dans ces situations apparemment sans débouché, il y a une unique issue: le cri, la prière: «Seigneur, aide-moi!». La prière ouvre des soupiraux de lumière dans les ténèbres les plus sombres. «Seigneur, aide-moi!». Cela ouvre la route, ouvre le chemin.

Nous les êtres humains, nous partageons cette invocation d’aide avec toute la création. Nous ne sommes pas les seuls à “prier” dans cet univers infini: chaque fragment de la création porte inscrit le désir de Dieu. Et saint Paul l’a exprimé de cette manière. Il dit ce qui suit: «Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement» (Rm 8, 22-24). En nous retentit le gémissement multiforme des créatures: des arbres, des rochers, des animaux … Chaque chose aspire à un accomplissement. Tertullien a écrit: «Chaque être créé prie, les animaux et les fauves prient et s’agenouillent; quand ils sortent des étables ou des tanières, ils lèvent la tête vers le ciel et ne restent pas la bouche fermée, ils font retentir leur cri selon leurs habitudes. Et les oiseaux aussi, dès qu’ils prennent leur envol, s’élèvent vers le ciel et ouvrent leurs ailes comme si c’était des mains en forme de croix, en gazouillant quelque chose qui ressemble à une prière » (De oratione, XXIX). Il s’agit d’une expression poétique pour faire un commentaire à ce que saint Paul dit, « que toute la création gémit, prie»Mais nous sommes les seuls à prier de manière consciente, à savoir que nous nous adressons au Père et à entrer en dialogue avec le Père.

Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier, ne pas avoir honte. Et surtout, quand nous sommes dans le besoin, demander. En parlant d’un homme malhonnête qui doit faire ses comptes avec son maître, Jésus dit cela: “Demander, j’ai honte”. Et beaucoup d’entre nous éprouvent ce sentiment: nous avons honte de demander; de demander de l’aide, de demander quelque chose à quelqu’un pour nous aider à faire, à arriver à ce but, et aussi honte de demander à Dieu. Il ne faut pas avoir honte de prier et de dire: “Seigneur, j’ai besoin de cela”, “Seigneur, je suis en difficulté”, “Aide-moi!”. C’est le cri du cœur vers Dieu qui est Père. Et nous devons apprendre à le faire également dans les moments heureux; rendre grâce à Dieu pour chaque chose qui nous a été donnée, et ne rien considérer comme évident ou dû: tout est grâce. Le Seigneur nous donne toujours, toujours, et tout est grâce, tout. La grâce de Dieu. Cependant, n’étouffons pas la supplique qui naît en nous spontanément. La prière de demande va de pair avec l’acceptation de notre limite et de notre condition de créature. On peut aussi ne pas arriver à croire en Dieu, mais il est difficile de ne pas croire dans la prière: celle-ci existe simplement; elle se présente à nous comme un cri; et nous avons tous affaire avec cette voix intérieure qui peut peut-être se taire pendant longtemps, mais qui un jour se réveille et crie.

Frère et sœurs, nous savons que Dieu répondra. Il n’y a pas d’orant dans le Livre des Psaumes qui élève sa lamentation et qui ne soit pas écouté. Dieu répond toujours: aujourd’hui, demain, mais il répond toujours, d’une manière ou d’une autre. Il répond toujours. La Bible le répète un nombre infini de fois : Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque. Même nos demandes balbutiantes, celles qui sont restées au fond de notre cœur, que nous avons honte d’exprimer, le Père les écoute et il veut nous donner son Esprit Saint, qui anime chaque prière et transforme chaque chose. C’est une question de patience, toujours, de supporter l’attente. A présent, nous sommes dans le temps de l’Avent, un temps typique d’attente pour Noël. Nous sommes en attente. On le voit bien. Mais toute notre vie est également en attente. Et la prière est toujours en attente, parce que nous savons que le Seigneur répondra. Même la mort tremble quand un chrétien prie, car elle sait que chaque orant a un allié plus fort qu’elle: le Seigneur Ressuscité. La mort a déjà été vaincue dans le Christ, et le jour viendra où tout sera définitif, et elle ne se moquera plus de notre vie et de notre bonheur. Apprenons à être dans l’attente du Seigneur. Le Seigneur vient nous rendre visite, pas seulement pendant ces grandes fêtes – Noël, Pâques -, le Seigneur nous rend visite chaque jour dans l’intimité de notre cœur si nous sommes dans l’attente. Et très souvent, nous ne nous rendons pas compte que le Seigneur est proche, qu’il frappe à notre porte et nous le laissons passer. “J’ai peur de Dieu quand il passe; j’ai peur qu’il passe et de ne pas m’en apercevoir”, disait saint Augustin. Et le Seigneur passe, le Seigneur vient, le Seigneur frappe. Mais si tu as les oreilles pleines d’autres bruits, tu n’entendras pas l’appel du Seigneur.

Frères et sœurs, être dans l’attente: voilà ce qu’est la prière!


Je salue cordialement les personnes de langue française. Hier nous avons célébré la solennité de l’Immaculée Conception. Apprenons de la Vierge Marie à nous tourner avec confiance vers son Fils Jésus, et confions-lui toutes nos demandes pour qu’elle les lui présente. Que Dieu vous bénisse !




3ième Dimanche de l’Avent (Jean 1, 6-8 ; 1-28) – Francis COUSIN)

« Qui es-tu ?  … Que dis-tu de toi-même ? »

 

La question n’est pas : « Comment t’appelles-tu ? »

D’ailleurs, sans doute le savaient-ils ! « Son nom était Jean ».

Le questionnement est autre !

Car cet homme, qui vivait dans le désert, qui se nourrissait « de sauterelles et de miel sauvage », simplement vêtu d’un « vêtement de poils de chameau, et [d’]une ceinture de cuir autour des reins » (Mt 3,4) et qui proposait un baptême de conversion dans les eaux du Jourdain, citant des paroles du prophète Isaïe annonçant la venue du Messie, attirait une foule de gens venant de toute la Judée, mais aussi d’autres juifs venant de la Galilée.

On peut se demander comment les foules venaient à lui, dans un endroit désert : il n’y avait pas de radio, encore moins de ‘réseaux sociaux’ pour attirer les personnes …

Et puis, comment être attiré par un homme qui vivait de cette manière-là ? À moins que ce ne soit son vêtement qui rappelait celui du prophète Elie (2R 1,8) ?

En effet tous les juifs attendaient le Messie, et d’après le prophète Malachie, le Messie serait précédé par le retour du prophète Elie : « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » (Ml 3,23).

En tout cas, beaucoup allaient vers lui, des gens ordinaires, des lévites, des pharisiens, des soldats … et ses paroles touchaient leurs cœurs …

Sans doute, le Saint Esprit y était aussi pour quelque chose …

Alors, la question : « Qui es-tu ? » était une manière de demander si Jean-Baptiste était le Messie, ou à tout le moins, le prophète Elie …

Jean-Baptiste a bien compris la question, et il répond tout net : « Je ne suis pas le Christ. », puis pour Elie : « Je ne le suis pas. ».

« Alors, qui es-tu ? ».

Cette fois-ci, Jean ne répond pas par la négative, mais il reprend une phrase du prophète Isaïe : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur. »

Il ne dit pas qui il est. Il ne se définit pas. Il n’est pas quelqu’un … Il est seulement une voix. Ce qu’il est n’est pas important, ce qui compte pour lui, c’est le message qu’il est venu proclamer.

Jean-Baptiste s’efface devant son message. Humilité ! …

Pareil pour ce qu’il fait, à part sa voix : il baptise … mais seulement dans l’eau … alors que celui qu’il annonce « celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1,33-34).

Jean-Baptiste s’efface devant le Messie, devant Jésus. Humilité ! …

Il dira même à ses disciples : « Un homme ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel. … Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3, 27.30). Humilité parfaite ! …

Nous avons deux choses à recevoir de Jean-Baptiste : son message, et sa manière d’être …

Son message : Redressez le chemin du Seigneur … Repentez-vous ! … « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est proche ! » (Mt 3,2). Et c’est un message dont nous devons nous rappeler chaque jour, et pas seulement pendant l’avent … car « vous ne savez ni le jour, ni l’heure … » (Mt 25,13)

Sa manière d’être : l’humilité ! Ne pas se montrer, se faire valoir, … accepter qu’en tant que chrétiens nous devons être des témoins, comme l’a été Jean-Baptiste, et s’effacer devant ce que nous faisons, en sachant que quand c’est bon, l’Esprit Saint a mis son ’’grain de sel’’ …

Et puis retenir une chose : Jean-Baptiste n’avait l’air de rien, il ne ’’présentait’’ pas bien … mais son message était important … et nous, nous avons souvent tendance à écouter les personnes présentant bien, ayant des diplômes, sachant parler … et à ne pas tenir compte des paroles ’’d’un monde’’ en savate deux doigts …

On a encore beaucoup de progrès à faire, chaque jour …

Seigneur Jésus,

tu te fais annoncer par quelqu’un

qu’on dirait presque

comme un va-nu-pieds …

Toujours mettre en avant

les plus petits, les humbles …

Humble comme Jean

qui s’efface devant toi …

Aide-nous à être humble

comme Jean et toi.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Avent B 3°




Audience Générale du Mercredi 2 décembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 2 décembre 2020


Catéchèse – 17. La bénédiction

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur une dimension essentielle de la prière: la bénédiction. Nous continuons les réflexions sur la prière. Dans les récits de la création (cf.  Gn 1-2) Dieu bénit sans cesse la vie, toujours. Il bénit les animaux (1, 22), il bénit l’homme et la femme (1, 28), enfin il bénit le sabbat, jour du repos et de la jouissance de toute la création (2, 3). C’est Dieu qui bénit. Dans les premières pages de la Bible, c’est une répétition incessante de bénédictions. Dieu bénit, mais les hommes aussi bénissent, et très vite on découvre que la bénédiction possède une force spéciale, qui accompagne pendant toute sa vie celui qui la reçoit, et qui dispose le cœur de l’homme à se laisser changer par Dieu (Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 61).

Au début du monde, il y a donc Dieu qui  “dit-bien”, bien-dit [bénir : du latin benedicere, littéralement dire du bien], dit-bien. Il voit que chaque œuvre de ses mains est bonne et belle, et quand il arrive à l’homme, et que la création s’accomplit, il reconnaît qu’elle est «très bonne» (Gn 1, 31). Peu après, cette beauté que Dieu a imprimée dans son œuvre s’altérera, et l’être humain deviendra une créature dégénérée, capable de diffuser dans le monde le mal et la mort; mais rien ne pourra jamais effacer la première empreinte de Dieu, une empreinte de bonté que Dieu a placée dans le monde, dans la nature humaine, en nous tous: la capacité de bénir et le fait d’être bénis. Dieu ne s’est pas trompé avec la création  et pas davantage avec la création de l’homme. L’espérance du monde réside entièrement dans la bénédiction de Dieu: Il continue à nous aimer, Lui le premier, comme le dit le poète Péguy,[1] continue à espérer notre bien.

La grande bénédiction de Dieu est Jésus Christ, c’est le grand don Dieu, son Fils. C’est une bénédiction pour toute l’humanité, c’est une bénédiction qui nous a tous sauvés. Il est la Parole éternelle avec laquelle le Père nous a bénis «alors que nous étions encore pécheurs» (Rm 5, 8) dit saint Paul: Parole faite chair et offerte pour nous sur la croix.

Saint Paul proclame avec émotion le dessein d’amour de Dieu et il dit ainsi: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé» (Ep 1, 3-6). Il n’y a pas de péché qui puisse effacer complètement l’image du Christ présent en chacun de nous. Aucun péché ne peut effacer cette image que Dieu nous a donnée. L’image du Christ. Il peut la défigurer, mais pas la soustraire à la miséricorde de Dieu. Un pécheur peut rester dans ses erreurs pendant très longtemps, mais Dieu patiente jusqu’au bout, en espérant qu’à la fin ce cœur s’ouvre et change. Dieu est comme un bon père et comme une bonne mère, Lui aussi est une bonne mère: ils ne cessent jamais d’aimer leur enfant, pour autant qu’il puisse se tromper, toujours. Il me vient à l’esprit les nombreuses fois où j’ai vu des gens faire la queue pour entrer dans une prison. Tant de mères faisant la queue pour entrer et voir leur fils détenu: elles ne cessent pas d’aimer leur fils et elles savent que les gens qui passent en bus pensent: «Ah, c’est la mère d’un détenu». Pourtant elles n’ont pas honte de cela, ou plutôt, elles ont honte mais elles vont de l’avant, parce que leur fils est plus important que la honte. De même, nous sommes plus importants pour Dieu que tous les péchés que nous pouvons commettre, car Il est père, il est mère, il est amour pur, Il nous a bénis pour toujours. Et il ne cessera jamais de nous bénir.

Une expérience forte est de lire ces textes bibliques de bénédiction dans une prison, ou dans une communauté de réinsertion. Faire sentir à ces personnes qu’elles restent bénies malgré leurs graves erreurs, que le Père céleste continue à vouloir leur bien et à espérer qu’elles s’ouvrent finalement au bien. Même si leurs parents les plus proches les ont abandonnées, parce qu’ils les jugent désormais irrécupérables, pour Dieu ce sont toujours ses enfants. Dieu ne peut pas effacer en nous l’image du fils, chacun de nous est fils, est fille. On voit parfois des miracles se produire: des hommes et des femmes qui renaissent. Car ils trouvent cette bénédiction qui les a oints comme fils. Car la grâce de Dieu change la vie: elle nous prend comme nous sommes, mais elle ne nous laisse jamais comme nous sommes.

Pensons par exemple à ce qu’a fait Jésus avec Zachée (cf. Lc 19, 1-10). Tous voyaient le mal en lui; Jésus, en revanche, y aperçoit une lueur de bien, et de là, de sa curiosité de voir Jésus, il fait passer la miséricorde qui sauve. C’est ainsi qu’a d’abord changé le cœur de Zachée et ensuite sa vie. Dans les personnes rejetées et refusées, Jésus voyait la bénédiction indélébile du Père. Zachée est un pécheur public, il a fait beaucoup de mauvaises choses, mais Jésus voyait ce signe indélébile de la bénédiction du Père, d’où sa compassion. Cette phrase qui revient si souvent dans l’Evangile, «il en eut compassion», et cette compassion le conduit à l’aider et à changer son cœur.  Plus encore, il est arrivé à s’identifier lui-même avec chaque personne dans le besoin (cf. Mt 25, 31-46). Dans le passage du «protocole» final selon lequel nous serons tous jugés, Matthieu25, Jésus dit: «J’avais faim, j’étais nu, j’étais en prison, j’étais à l’hôpital, j’étais là…».

A Dieu qui bénit, nous répondons nous aussi en bénissant – Dieu nous a enseigné à bénir et nous devons bénir – : c’est la prière de louange, d’adoration, d’action de grâce. Le Catéchisme écrit: «La prière de bénédiction est la réponse de l’homme aux dons de Dieu: parce que Dieu bénit, le cœur de l’homme peut bénir en retour Celui qui est la source de toute bénédiction» (n. 2626). La prière est joie et reconnaissance. Dieu n’a pas attendu que nous nous convertissions pour commencer à nous aimer, mais Il l’a fait bien avant, quand nous étions encore dans le péché.

Nous ne pouvons pas seulement bénir ce Dieu qui nous bénit, nous devons tout bénir en Lui, tous les gens, bénir Dieu et bénir nos frères, bénir le monde: c’est la racine de la douceur chrétienne, la capacité de se sentir bénis et la capacité de bénir. Si nous faisions tous ainsi, les guerres n’existeraient sûrement pas. Ce monde a besoin de bénédiction et nous pouvons donner la bénédiction et recevoir la bénédiction.  Le Père nous aime. Et il ne nous reste que la joie de le bénir et la joie de lui rendre grâce, et d’apprendre de Lui à ne pas maudire, mais à bénir. Et à présent, juste un mot pour les gens qui sont habitués à maudire, les gens qui ont toujours dans leur bouche, également dans leur cœur, une mauvaise parole, une malédiction. Chacun de nous peut se demander: est-ce que j’ai cette habitude de maudire ainsi? Et demander au Seigneur la grâce de changer cette habitude, car nous avons un cœur béni et d’un cœur béni ne peut pas sortir la malédiction. Que le Seigneur nous enseigne à ne jamais maudire, mais à bénir.


[1] Le porche du mystère de la deuxième vertu, première éd.  1911.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, apprenons de la Vierge Marie, à être porteurs d’une parole de bénédiction pour ceux qui souffrent et qui ont perdu toute espérance.

Que Dieu vous bénisse !




2ième Dimanche de l’Avent (Marc 1, 1-8) – Francis COUSIN)

« La paix »

« Préparez le chemin du Seigneur » …

C’est la phrase principale de l’évangile de ce jour …

Mais qu’est-ce à dire pour les gens aujourd’hui ?

Regardons autour de vous …, dans nos maisons …

Les enfants sont plongés dans les catalogues de jouets et de cadeaux divers … et on ne pense pas à préparer la crêche …

Et les parents ? Beaucoup font la course et les courses pour être sûrs que les désirs de leurs enfants soient encore en rayons dans les magasins … avant de commencer à prévoir le menu de Noël … acheter des guirlandes et autres décorations …

On s’est fait des idoles … qui nous apportent peut-être le plaisir, … mais pas la joie …

Des idoles qui sont le sapin, les cadeaux, le père Noël, la bonne « bouffe » …

Demandez à un enfant de six ans qui est le père Noël … et qui est Jésus  ?

Tous donneront une réponse correcte pour le père Noël, … mais pas beaucoup pourront en faire autant pour Jésus, même dans les familles chrétiennes … Et ne demandez pas de les dessiner, ce serait quasiment 100 % pour le père Noël, … et pour Jésus … ou une crêche … Allez savoir … !!

Pour certains commerçants, c’est « la bonne période de l’année » … certains font même quarante pour cent de leur chiffre d’affaire de l’année en décembre …

C’est l’appât du gain … ou de la survie pour certains, dans cette période difficile !

Certains ont même demandé que Noël soit reporté pour après le confinement … pour que les gens puissent acheter … !! ou venir faire la fête dans les bars et les restaurants …

Curieusement,  personne n’a osé proposer de changer la date du premier  jour de l’année ! … parce que cela semble évident qu’on ne peut pas la reporter !

On a déchristianisé Noël !

Parce qu’on a oublié une chose, l’essentiel : Noël, c’est la commémoration de la naissance de Jésus, le Fils de Dieu, venu parmi les hommes pour les sauver ! Jésus : « Dieu sauve » !

On fête Noël, … mais sans Jésus …

Sans tout ce qu’il a apporté, dans son enseignement, ses actions, ses « signes » … sans son engagement total au service de son peuple et du monde entier, engagement qui le conduira à vivre sa Passion, à sa mort pour le salut du monde, … et à sa résurrection …

Alors, nous Chrétiens, Catholiques, préparons Noël, mais en y donnant un autre sens …

Préparons nos coeurs à la joie de la naissance de Jésus …

Applanissons nos montagnes d’orgueil, de suffisance …

Comblons nos ravins de manque d’attention aux autres, d’égoïsme …

Elargissons notre route à l’amour de Dieu … si tant est qu’on puisse y arriver, tant son amour est grand ! … mais élargissons au moins un peu … le plus qu’on peut …

Préparons nos coeurs, non pas pour faire la fête à Noël, mais pour être en fête à Noël … et aussi les autres jours …

Préparons nos coeurs pour être en paix à Noël ( et les autres jours aussi  … ), comme nous le dit le psalmiste : « J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles.« 

Non pas la paix opposée à la guerre,  mais la paix intérieure,  celle dont parle  saint Pierre : » Faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix.  » …  » Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.  » (deuxième lecture).

Tout cela demande une conversion de notre coeur,  comme le demande Jean-Baptiste :  » Il  proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. « 

Et Jésus n’attend que cela :  » Il veut que tous parviennent à la conversion.  » (deuxième lecture).

Demandons à Marie, en cette neuvaine de l’Immaculée Conception, de nous y aider, en reprenant le troisième paragraphe de la prière de Monseigneur Aubry pour cette année :

Augmente notre foi.

Soutiens notre espérance.

Ravive notre amour.

Rends-nous solidaires les uns des autres.

Au souffle de l’Esprit

qu’adviennent les cieux nouveaux

et la terre nouvelle.

Maranatha !

Viens Seigneur Jésus !

                              Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:




Audience Générale du Mercredi 25 Novembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 25 Novembre 2020


Catéchèse – 16. La prière de l’Eglise naissante

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les premiers pas de l’Eglise dans le monde ont été rythmés par la prière. Les écrits apostoliques et la grande narration des Actes des apôtres nous décrivent l’image d’une Eglise en chemin, une Eglise active, qui trouve cependant dans les réunions de prière la base et l’impulsion pour l’action missionnaire. L’image de la communauté primitive de Jérusalem est un point de référence pour toute autre expérience chrétienne. Luc écrit dans le Livre des Actes: «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières» (2, 42). La communauté persévère dans la prière.

Nous trouvons ici quatre caractéristiques essentielles de la vie ecclésiale: premièrement, l’écoute de l’enseignement des apôtres; deuxièmement,  la préservation de la communion réciproque; troisièmement, la fraction du pain et, quatrièmement,  la prière. Celles-ci nous rappellent que l’existence de l’Eglise a un sens si elle reste solidement unie au Christ, c’est-à-dire dans la communauté, dans sa Parole, dans l’Eucharistie et dans la prière. C’est la manière de nous unir, nous, au Christ. La prédication et la catéchèse témoignent des paroles et des gestes du Maître; la recherche constante de la communion fraternelle préserve des égoïsmes et des particularismes; la fraction du pain réalise le sacrement de la présence de Jésus parmi nous: Il ne sera jamais absent, dans l’Eucharistie, c’est vraiment Lui.  Il vit et marche avec nous. Et enfin, la prière, qui est l’espace de dialogue avec le Père, à travers le Christ dans l’Esprit Saint.

Tout ce qui dans l’Eglise grandit en dehors de ces “coordonnées”, est privé de fondement. Pour discerner une situation, nous devons nous demander comment sont, dans cette situation, ces quatre coordonnées: la prédication, la recherche constante de la communion fraternelle – la charité -, la fraction du pain – c’est-à-dire la vie eucharistique – et la prière. Toute situation doit être évaluée à la lumière de ces quatre coordonnées. Ce qui ne rentre pas dans ces coordonnées est privé d’ecclésialité, n’est pas ecclésial. C’est Dieu qui fait l’Eglise, pas la clameur des œuvres. L’Eglise n’est pas un marché; l’Eglise n’est pas un groupe d’entrepreneurs qui vont de l’avant avec cette entreprise nouvelle. L’Eglise est l’œuvre de l’Esprit Saint, que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler. L’Eglise est précisément le travail de l’Esprit dans la communauté chrétienne, dans la vie communautaire, dans l’Eucharistie, dans la prière, toujours. Et tout ce qui grandit en dehors de ces coordonnées est privé de fondement, est comme  une maison construite sur le sable (cf. Mt 7, 24). C’est Dieu qui fait l’Eglise pas la clameur des œuvres. C’est la parole de Jésus qui remplit de sens nos efforts. C’est dans l’humilité que se construit l’avenir du monde.

Parfois, je ressens une grande tristesse quand je vois certaines communautés qui, avec de la bonne volonté, se trompent de chemin, parce qu’elles pensent faire l’Eglise avec des rassemblements, comme si c’était un parti politique:  la majorité, la minorité, que pense celui-là, celui-ci, l’autre… “C’est comme un synode, un chemin synodal que nous devons faire”. Je me demande: où est l’Esprit? Où est la prière? Où est l’amour communautaire? Où est l’Eucharistie? Sans ces quatre coordonnées, l’Eglise devient une société humaine, un parti politique – majorité, minorité  –, on fait les changements comme s’il s’agissait d’une entreprise, par majorité ou minorité… Mais ce n’est pas l’Esprit Saint. Et la présence de l’Esprit Saint est précisément garantie par ces quatre coordonnées. Pour évaluer une situation, si elle est ecclésiale ou si elle n’est pas ecclésiale, demandons-nous s’il y a ces quatre coordonnées: la vie communautaire, la prière, l’Eucharistie… [la prédication], comment se développe la vie dans ces quatre coordonnées. Si cela manque, l’Esprit manque, et si l’Esprit manque nous serons une belle association humanitaire, de bienfaisance, c’est bien, c’est bien, également un parti, disons ainsi, ecclésial, mais il n’y a pas l’Eglise. Et c’est pourquoi l’Eglise ne peut pas grandir avec ces choses: elle grandit non par prosélytisme, comme n’importe quelle entreprise, mais par attraction. Et qui anime l’attraction? L’Esprit Saint. N’oublions jamais cette parole de Benoît XVI: “L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme, elle grandit par attraction”. Si l’Esprit Saint manque, alors que c’est ce qui attire à Jésus, il n’y a pas l’Eglise. Il y a un beau club d’amis, c’est bien, avec de bonnes intentions, mais il n’y a pas l’Eglise, il n’y a pas de synodalité.

En lisant les Actes des apôtres, nous découvrons alors que le puissant moteur de l’évangélisation sont les réunions de prière, où celui qui participe fait l’expérience vivante de la présence de Jésus et est touché par l’Esprit. Les membres de la première communauté – mais cela est toujours valable, également pour nous aujourd’hui – perçoivent que l’histoire de la rencontre avec Jésus ne s’est pas arrêtée au moment de l’Ascension, mais continue dans leur vie. En racontant ce qu’a dit et fait le Seigneur – l’écoute de la Parole – , en priant pour entrer en communion avec Lui, tout devient vivant. La prière diffuse la lumière et la chaleur: le don de l’esprit fait naître en elles la ferveur.

A ce propos, le Catéchisme a une expression très riche. Il dit ainsi: «L’Esprit Saint […] rappelle ainsi le Christ à son Eglise orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l’insondable Mystère du Christ, à l’œuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Eglise» (n. 2625). Voilà l’œuvre de l’Esprit dans l’Eglise: rappeler Jésus. Jésus lui-même l’a dit: Il vous enseignera et vous rappellera. La mission est rappeler Jésus, mais pas comme un exercice mnémonique. Les chrétiens, en marchant sur les chemins de la mission, rappellent Jésus alors qu’ils le rendent  à nouveau présent; et de Lui, de son Esprit, ils reçoivent l’“élan” pour aller, pour annoncer, pour servir. Dans la prière, le chrétien se plonge dans le mystère de Dieu qui aime chaque homme, ce Dieu qui désire que l’Evangile soit prêché à tous. Dieu est Dieu pour tous, et en Jésus chaque mur de séparation est définitivement détruit: comme le dit saint Paul, Il est notre paix, c’est-à-dire «celui qui des deux n’a fait qu’un peuple» (Ep 2, 14). Jésus a fait l’unité.

Ainsi, la vie de l’Eglise primitive est rythmée par une succession incessante de célébrations, de convocations, de temps de prière aussi bien communautaire que personnelle. Et c’est l’Esprit qui donne la force aux prédicateurs qui se mettent en voyage, et qui par amour de Jésus sillonnent les mers, affrontent des dangers, se soumettent à des humiliations.

Dieu donne de l’amour, Dieu demande de l’amour. Telle est la racine mystique de toute la vie croyante. Les premiers chrétiens en prière, mais également nous qui venons de nombreux siècles après, vivons tous la même expérience. L’Esprit anime chaque chose. Et chaque chrétien qui n’a pas peur de consacrer du temps à la prière peut faire siennes les paroles de l’apôtre Paul: «Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Ga 2,20). La prière te rend conscient de cela. Ce n’est que dans le silence de l’adoration que l’on fait l’expérience de toute la vérité de ces paroles. Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit. Le Père, le Fils et l’Esprit: adorer. En silence. La prière d’adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l’histoire. Et cette prière est le feu vivant de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. Merci.


Je salue cordialement les personnes francophones. L’Eglise entrera dimanche dans le temps de l’Avent. Accompagnés de la Mère de Jésus sur le chemin vers Noël, en ces temps difficiles pour beaucoup, sachons retrouver la grande espérance et la joie que nous donne la venue du Fils de Dieu dans le monde. Que le Seigneur vous bénisse !




1er Dimanche de l’Avent (Marc 13, 33-37) – Francis COUSIN)

« Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? »

 

Nous voici au seuil d’une nouvelle année liturgique, et cette année, nous cheminerons principalement avec l’évangile selon saint Marc.

Dimanche dernier, notre attention était pointée vers le retour de Jésus à la fin des temps, dans un futur que l’on ne peut pas connaître.

Avec ce premier dimanche de l’avent, notre attention se porte vers un événement proche, Noël, dans moins de quatre semaines. C’est donc dans le futur, mais c’est en fait la remémoration d’un événement passé : la naissance de Jésus à Bethléem.

Et pourtant, les conseils que nous donne l’évangile sont les mêmes que ceux que nous avons entendus dernièrement : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison … »

Car c’est une constante de l’enseignement de Jésus : « Veillez ! … soyez prêts ! … vous ne savez ni le jour, ni l’heure … cette nuit même on te demandera ta vie … ».

Mais ce n’est pas la seule constante, et la plus importante aux yeux de Jésus, c’est l’amour : amour de Dieu et amour des autres … et parmi les autres, c’est l’amour, l’attention aux « plus petits de mes frères » (Mt 25,40), aux pauvres, aux malades, à ceux qui sont en manque d’amour, de travail, de toit, de justice … et aussi aux pécheurs … auxquels on pense très peu, ou souvent pour en dire du mal …

Une autre constante de l’enseignement de Jésus est la prière. Une prière humble, secrète, entre le Père et nous, « car ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6). Mais aussi une prière communautaire, en groupe, comme la prière que Jésus a donné à ses disciples : « Notre Père … ».

N’oublions pas l’une des dernières paroles de Jésus avant sa mort : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation … » (Mt 26,41).

Veillez !

Veiller, ce n’est pas ne rien faire, en attendant que le temps passe !

Veiller, c’est être attentif à ce qu’on a fait, à ce qu’on voudrait faire, à ce qu’il faudrait faire … et quand on compare tout cela, c’est là qu’on se rend compte que nous n’avons pas tout bien fait.

C’est ce que fait Isaïe (première lecture) en constatant que Dieu laissait errer [son peuple] hors de [ses] chemins.

Veillons comme Isaïe. Posons-nous des questions sur notre vie.

Les chemins de Dieu, nous les connaissons un peu mieux que lui, car justement Jésus est venu sur terre, et il nous a enseigné, non plus ses chemins, mais le chemin, celui qu’il nous a montré tout au long de son séjour sur terre, son enseignement, sa Parole, qu’il a résumé en disant : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

Et puissions-nous, comme Isaïe, arriver à cette conclusion : « Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. ».

Ou comme le dit le psaume : « Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! ».

Veillons ! Dans l’attente de la fête de Noël, veillons, préparons-nous à cette grande joie de la fête de la Nativité. On pourra utiliser avec intérêt les feuillets préparés par le diocèse pour les quatre dimanches de l’avent.

Seigneur Jésus,

en attendant de te retrouver

face-à-face à la fin des temps,

nous nous préparons à la fête de Noël.

Que ce temps nous permette

de faire le point sur notre relation

avec toi et ton Père,

 avec l’aide du Saint Esprit.

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

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Audience Générale du Mercredi 18 Novembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 Novembre 2020


Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, nous rencontrons aujourd’hui la Vierge Marie, comme femme de prière. La Vierge priait. Quand le monde l’ignore encore, quand elle est encore une simple jeune fille fiancée à un homme de la maison de David, Marie prie. Nous pouvons imaginer la jeune fille de Nazareth recueillie en silence, en dialogue permanent avec Dieu, qui bientôt devait lui confier sa mission. Elle est déjà pleine de grâce et immaculée depuis sa conception, mais elle ne sait encore rien de sa vocation surprenante et extraordinaire et de la mer en tempête qu’elle devra sillonner. Une chose est certaine: Marie appartient au grand groupe de ces humbles de cœur que les historiens officiels n’insèrent pas dans leurs livres, mais avec lesquels Dieu a préparé la venue de son Fils.

Marie ne dirige pas sa vie de façon autonome: elle attend que Dieu prenne les rênes de son chemin et la guide où Il veut. Elle est docile, et avec cette disponibilité elle prédispose les grands événements auxquels Dieu participe dans le monde. Le Catéchisme nous rappelle sa présence constante et attentive dans le dessein bienveillant du Père et tout au long de la vie de Jésus (cf. CEC, nn. 2617-2618).

Marie est en prière, quand l’archange Gabriel vient lui apporter l’annonce à Nazareth. Son “Me voici”, petit et immense, qui à ce moment-là fait sursauter de joie la création tout entière, avait été précédé dans l’histoire du salut par tant d’autres “me voici”, par tant d’obéissances confiantes, par tant de disponibilités à la volonté de Dieu. Il n’y a pas de meilleure manière de prier que de se mettre, comme Marie, dans une attitude d’ouverture, de cœur ouvert à Dieu: “Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux ”. C’est-à-dire le cœur ouvert à la volonté de Dieu. Et Dieu répond toujours. Combien de croyants vivent ainsi leur prière! Ceux qui sont les plus humbles de cœur prient ainsi: avec l’humilité essentielle, disons-le ainsi; avec une humilité simple: «Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux». Et ces derniers prient ainsi, en ne se mettant pas en colère parce que les journées sont pleines de problèmes, mais en allant vers la réalité et en sachant que dans l’amour humble, dans l’amour offert dans chaque situation, nous devenons des instruments de la grâce de Dieu. Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux. Une prière simple, mais c’est mettre notre vie entre les mains du Seigneur: que ce soit Lui qui nous guide. Nous pouvons tous prier ainsi, presque sans mots.

La prière sait adoucir l’inquiétude: mais, nous sommes inquiets, nous voulons toujours les choses avant de les demander et nous les voulons tout de suite. Cette inquiétude nous fait mal, et la prière sait adoucir l’inquiétude, elle sait la transformer en disponibilité. Quand je suis inquiet, je prie et la prière ouvre mon cœur et me rend disponible à la volonté de Dieu. La Vierge Marie, en ces quelques instants de l’Annonciation, a su repousser la peur, tout en ayant le présage que son “oui” lui aurait procuré des épreuves très dures. Si, dans la prière, nous comprenons que chaque jour donné à Dieu est un appel, alors nous élargissons notre cœur et nous accueillons tout. On apprend à dire: “Ce que Tu veux Seigneur. Promets-moi que tu seras présent à chaque pas de mon chemin”. Cela est important : demander sa présence au Seigneur à chaque pas de notre chemin : qu’il ne nous laisse pas seuls, qu’il ne nous abandonne pas dans la tentation, qu’il ne nous abandonne pas dans les mauvais moments. Le final du Notre Père est ainsi : la grâce que Jésus lui-même nous a enseignée à demander au Seigneur.

Marie accompagne en prière toute la vie de Jésus, jusqu’à la mort et à la résurrection; et, à la fin elle continue, et elle accompagne les premiers pas de l’Eglise naissante (cf. Ac 1,14). Marie prie avec les disciples qui ont traversé le scandale de la croix. Elle prie avec Pierre, qui a cédé à la peur et a pleuré de remords. Marie est là, avec les disciples, parmi les hommes et les femmes que son Fils a appelés pour former sa communauté. Marie ne joue pas le rôle d’un prêtre parmi eux, non ! Elle est la mère de Jésus qui prie avec eux, en communauté, comme une personne de la communauté.  Elle prie avec eux et elle prie pour eux. Et, à nouveau, sa prière précède l’avenir qui va se réaliser: par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle est devenue la Mère de Dieu, et par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle devient la Mère de l’Eglise. En priant avec l’Eglise naissante, elle devient la Mère de l’Eglise, elle accompagne les disciples dans les premiers pas de l’Eglise dans la prière, en attendant l’Esprit Saint. En silence, toujours en silence. La prière de Marie est silencieuse. L’Evangile nous raconte seulement une prière de Marie: à Cana, quand elle demande à son Fils, pour ces pauvres gens qui allaient faire une mauvaise impression pendant cette fête. Imaginons: faire une fête de mariage et la finir avec du lait parce qu’il n’y avait plus de vin ! Quelle mauvaise impression! Et Elle prie et demande à son Fils de résoudre ce problème. La présence de Marie est en elle-même une prière, et sa présence parmi les disciples au Cénacle, en attendant l’Esprit Saint, est en prière. Ainsi, Marie fait naître l’Eglise, elle est la Mère de l’Eglise. Le Catéchisme explique: «Dans la foi de son humble servante le Don de Dieu – c’est-à-dire l’Esprit Saint – trouve l’accueil qu’il attendait depuis le commencement des temps.» (CEC, n. 2617).

Chez la Vierge Marie, l’intuition féminine naturelle est exaltée par son union très particulière avec Dieu dans la prière. C’est pourquoi, en lisant l’Evangile, nous remarquons qu’elle semble quelquefois disparaître, pour ensuite réaffleurer dans les moments cruciaux: Marie est ouverte à  la voix de Dieu qui guide son cœur, qui guide ses pas là où il y a besoin de sa présence. Une présence silencieuse de mère et de disciple. Marie est présente parce qu’elle est Mère, mais elle est également présente parce qu’elle est la première disciple, celle qui a le mieux appris les choses de Jésus. Marie ne dit jamais: « Venez, je résoudrai les choses». Mais elle dit: «Faites ce qu’Il vous dira», toujours en indiquant Jésus du doigt. Cette attitude est typique du disciple, et elle est la première disciple: elle prie comme Mère et elle prie comme disciple.

«Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur» (Lc 2,19). C’est ainsi que l’évangéliste Luc décrit la Mère du Seigneur dans l’Evangile de l’enfance. Tout ce qui arrive autour d’elle finit par avoir un reflet au plus profond de son cœur: les jours pleins de joie, comme les moments les plus sombres, quand elle aussi a du mal à comprendre par quelles routes doit passer la Rédemption. Tout finit dans son cœur, pour être passé au crible de la prière et être transfiguré par celle-ci. Qu’il s’agisse des dons des Rois mages, ou bien de la fuite en Egypte, jusqu’à ce terrible vendredi de passion: la Mère conserve tout et porte tout dans son dialogue avec Dieu. Certains ont comparé le cœur de Marie à une perle d’une splendeur incomparable, formée et polie par l’accueil patient de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités en prière. Comme il serait beau que nous puissions nous aussi ressembler un peu à notre Mère! Avec le cœur ouvert à la parole de Dieu, avec le cœur silencieux, avec le cœur obéissant, avec le cœur qui sait recevoir la Parole de Dieu et qui la laisse grandir avec une semence du bien de l’Eglise.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Le “oui” de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, donne à sa prière une valeur incomparable. Demandons la grâce d’être comme elle des hommes et des femmes ouverts à Dieu, afin que le Christ, Roi de l’univers, soit accueilli dans nos cœurs et dans nos vies.

A tous, je donne ma bénédiction !





Retraite en ligne pour le temps de l’Avent : « Avec les Saints, attendons Jésus notre Sauveur »…

Le Dimanche 29 novembre commencera le temps de l’Avent où l’Eglise nous invite à nous préparer, de coeur, pour accueillir le mieux possible le Christ Sauveur, que nous fêterons tout particulièrement à Noël…

L’équipe de « jevismafoi.com », composée de prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, vous propose un temps de retraite en ligne : tous les jours, une petite méditation est envoyée par mail, accompagnée d’un lien sur lequel vous pouvez cliquer si vous désirez l’entendre en version audio. Le thème de cette année est : « Avec les Saints, attendons Jésus notre Sauveur. » Chaque intervenant(e) aura ainsi trois ou quatre jours pour vous proposer un cheminement avec un Saint qu’il (elle) aura choisi(e)…

Si vous désirez recevoir ces méditations, gratuitement, il suffit de vous inscrire sur jevismafoi.com en nous laissant votre adresse mail, adresse que nous ne communiquerons à personne et qui restera bien tranquillement dans nos fichiers… Pour y aller directement, vous pouvez cliquer sur ce lien :

http://www.jevismafoi.com/contact-us/

Et nous nous confions déjà les uns les autres à la prière de celles et ceux qui ont fini leur vie ici-bas, qui sont en ce moment dans la Lumière et dans l’Amour de Dieu, et qui vont nous servir de guides pendant ces prochaines semaines…

Nous vous souhaitons un bon temps de l’Avent, et déjà de belles et heureuses fêtes de Noël à vous, et à tous vos proches. En ces circonstances si difficiles pour certains, nous pouvons reprendre pour nous-mêmes cette invitation de St Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes. N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus » (Ph 4,4-7)…

                                                                                                    D. Jacques Fournier




Le Baptême de Jésus (Lc 3,21-22)

BaptèmeJésus

 

Lc 3,21-22 : Comme tout le peuple se faisait baptiser
et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi,
alors le ciel s’ouvrit.
(22) L’Esprit Saint descendit sur Jésus,
sous une apparence corporelle, comme une colombe.
Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »

 

 

 

Jean-Baptiste invitait à « un baptême de conversion en vue du pardon des péchés » (Luc 3,3). Pour ceux et celles qui acceptaient d’entrer avec lui dans les eaux du Jourdain, ce baptême n’était qu’un geste concret qui manifestait leur réel désir de changer de vie. Les foules commençaient donc par se reconnaître « pécheurs », puis Jean-Baptiste les exhortait « à produire des fruits qui témoignent de leur conversion » (Luc 3,8) : partager avec ceux qui n’ont pas de quoi se vêtir ou se nourrir, pratiquer la justice, s’interdire toute violence (Luc 3,10-14)…

Ce baptême dans l’eau ne faisait qu’annoncer le baptême dans l’Esprit Saint et le feu (Luc 3,16) qu’apporterait le Christ Sauveur à tous ceux et celles qui viendraient à lui en acceptant le plus simplement possible de se reconnaître « pécheurs ». En invitant les foules au repentir, Jean Baptiste « préparait donc les chemins du Seigneur » (Luc 3,4-6).

Une fois cette mission accomplie, Jésus entre en scène : nous sommes au tout début de sa vie publique. Une vingtaine d’années se sont écoulées depuis le dernier épisode où St Luc nous l’avait présenté parmi les Docteurs de la Loi, dans le Temple de Jérusalem, alors qu’il n’avait que douze ans (Luc 2,41-52). Les circonstances de son retour dans l’Evangile sont donc tout spécialement importantes. Et que constatons-nous ?

Jésus baptême st esprit

– 1 – Jésus intervient « une fois que tout le Peuple eut été baptisé ». Il a donc laissé passer devant lui tous ceux et celles qui étaient là, et il a pris la dernière place… Nous constatons déjà combien Jésus n’est pas de ceux qui se mettent en avant… « Doux et humble de cœur » (Matthieu 11,28-30), il se ceindra du tablier de serviteur, comme celui qui sert à table (Luc 22,24 27), comme l’esclave au pied de ses maîtres (Jean 13,1-5). Telle est l’attitude de Celui qui, « de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2Corinthiens 8,9). Ainsi, « lui qui était de condition divine », lui qui, pourrait-on dire, était à la première place, « a pris la condition d’esclave », c’est-à-dire la dernière place, pour que nous puissions tous être au ciel, avec Lui, à la première place (Philippiens 2,6-11; Jean 17,24 ; Matthieu 19,28 ; Luc 22,28-30).

– 2 – De plus, ce baptême de repentir était destiné aux pécheurs. Quiconque regardait Jésus, à la dernière place, pouvait penser qu’il était comme tous les autres, un pécheur… Mais Jésus n’a jamais rien fait (Luc 23,41) ou dit (Jean 18,23 ; 1Pierre 2,21-25) de mal, il n’a jamais connu le péché (2Corinthiens 5,21 ; cf Jean 8,29 ; 8,46). Mais il a voulu, par amour, rejoindre les pécheurs que nous sommes, là où notre péché nous avait conduits, pour nous offrir le pardon de toutes nos fautes (Luc 5,20), s’unir à nous (1Corinthiens 6,17) et nous transformer en lui…

agneau de dieuEn agissant ainsi, l’agneau sans tache (1Pierre 1,19) nous montre le chemin. Il nous invite à l’humilité, à la vérité et à la confiance en son amour inébranlable. Jésus veut, de toute la force de son Cœur, nous rejoindre et nous prendre auprès de Lui (Luc 15,4-7 ; Voir le texte de Ste Thérèse de Lisieux en fin de fiche). Il veut que nous soyons avec Lui et que nous vivions de sa Vie (Jean 10,10), « saints et immaculés en sa présence dans l’amour » (Ephésiens 1,3-8). Pour atteindre ce but, il n’a pas hésité à offrir sa propre vie (Jean 15,13 ; 10,11-15 ; 1Jean 3,16) en se livrant entre les mains des pécheurs (Ephésiens 5,25-27) pour le salut de tous les pécheurs (1Timothée 2,3-5; Jean 3,14 17 ; Matthieu 20,28)… Et maintenant, ressuscité, Il est toujours avec nous pour nous inviter et nous inviter encore à vivre en sa Présence (Matthieu 28,20). En sa chair glorifiée, Il est dorénavant cet « Esprit Vivifiant » (1Corinthiens 15,45) qui ne cesse de proposer sa Vie au monde (Apocalypse 22,17 ; 21,5-6 ; 22,1 ; Jean 7,37-39 ; 4,10 ; 3,36 ; 5,24 ; 6,32-33 ; 6,35 ; 6,47 ; 6,51; 6,54; 8,12; 10,27-28 ; 17,1-3 ; 20,31 ; 1Jean 5,11 13 ; Galates 5,25). Tel est ce formidable cadeau que nous sommes invités à recevoir sans cesse de sa Miséricorde (Actes 11,18 ; Romains 6,23 ; Jude 1,21). Et si vraiment nous avons découvert cette Paix, cette Joie simple et discrète, cette Nouveauté de Vie (2Corinthiens 5,17), alors nous ferons tout notre possible pour que le maximum de personnes autour de nous puissent aussi en bénéficier : « Allez annoncer hardiment au Peuple tout ce qui concerne cette Vie-là », dit l’Ange du Seigneur aux apôtres (Actes 5,20). Oui, « la Vie s’est manifestée, nous l’avons expérimentée, dira St Jean, et maintenant nous en rendons témoignage ; nous vous annonçons cette Vie éternelle pour que vous aussi vous soyez en communion avec nous » (1Jean 1,1-4 ; 2Timothée 1,1).

Dans l’épisode du baptême de Jésus, St Luc est le seul à nous le présenter en prière (Comparer avec Matthieu 3,13-17 ; Marc 1,9-11). Et il continuera par la suite à être le seul à insister sur la prière de Jésus, nous l’offrant ainsi en exemple (Luc 5,15-16 ; 6,12-16 ; 9,18-21 ; 9,28-29 ; 11,1-4 ; 22,39-46). Regardons maintenant la chronologie des faits :

Jésus en prière11 – Jésus est en prière, tourné de cœur vers le Père (Jean 1,18: Il est toujours ainsi), attentif à lui et à lui seul…

2 – Le Père intervient, prenant l’initiative « d’ouvrir le ciel », cette voûte céleste qui, pensait-on, recouvrait, comme une grande coupole, une terre que l’on croyait plate … Au dessus, se trouvaient les eaux d’en haut et au delà encore, la demeure de Dieu. A l’époque de Jésus, le ciel passait pour être « fermé », car le mouvement prophétique s’était éteint depuis plusieurs siècles. Aussi, une grande plainte s’élevait vers Dieu : « Ah ! Si tu déchirais les cieux et descendais » (Isaïe 63,19). Avec le Christ, cette prière est exaucée : Dieu a déchiré les cieux, détruisant tout ce qui pouvait le séparer du monde des hommes. La communication est rétablie, le ciel s’est ouvert, et personne ne dira par la suite qu’il s’est refermé : il demeure ouvert, jusqu’à la fin des temps… Grâce au Christ qui est tout à la fois le Chemin et la Porte (Jean 14,6 ; 10,7-9), le ciel et la terre sont désormais tout proches l’un de l’autre (Matthieu 3,1-2; 4,17 ; 10,7 ; Marc 1,14-15 ; Luc 10,8 11), unis dans l’Esprit en un mystère de communion que la foi seule peut percevoir (Ephésiens 1,9-10 ; Colossiens 1,15-20 ; Jean 11,49-52 ; 14,19-20).

3 – Puis le Père envoie l’Esprit et St Luc insiste sur la réalité « concrète » de ce don spirituel en utilisant l’expression « sous une forme corporelle » : l’Esprit s’est mystérieusement et bien réellement manifesté, mais « ce qui est de la chair est chair, et ce qui est de l’Esprit est esprit » (cf Jean 3,6). Aussi, pour bien marquer cette différence, St Luc rajoutera « comme une colombe » : ce n’était pas une colombe, mais cette manifestation faisait penser à la beauté, à la douceur, à la délicatesse du vol d’une colombe…

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4 – Grâce à cette manifestation du ciel, toute la foule a pris conscience d’une réalité qui, pour Jésus, existe depuis toujours: l’Esprit du Père repose sur Lui en Plénitude, de telle sorte que tout ce qu’a le Père est aussi en Jésus (Jean 16,15 ; Colossiens 2,9). Cet Esprit de Dieu est donc tout en même temps en ces deux personnes distinctes que sont le Père et le Fils. Le Père en effet se donne continuellement au Fils ; et le Fils de son côté est toujours accueillant et ouvert au don du Père. Donné sans cesse par le Père, l’Esprit du Père est donc dans le Fils, et en tant que tel, nous pouvons l’appeler « l’Esprit du Fils » ou « l’Esprit du Christ » (Romains 8,9). Et bien sûr, au même instant, cet Esprit est aussi dans le Père… C’est ainsi que le Père et le Fils, tout en étant bien différents l’un de l’autre, sont UN par ce même Esprit d’Amour qui les habite et les unit (Jean 10,30). L’Esprit est donc la réalité spirituelle à la base du mystère de communion qui unit entre elles les différentes Personnes divines… Nous avons parlé du Père et du Fils, mais il en existe une Troisième, l’Esprit Saint (Jean 14,15-17 : Jésus était un défenseur pour ses disciples ; à sa prière, le Père en donnera « un autre »…). Il est Celui qui reçoit du Père pour donner au Fils. Ici, notre vocabulaire ne nous aide pas beaucoup car les mots « Esprit Saint » peuvent désigner soit la Troisième Personne de la Trinité, soit la nature divine qui est commune à ces Trois Personnes, une nature divine qui est Esprit (Jean 4,24) et qui, bien sûr, est Sainte (Psaume 99(98),5 ; Isaïe 1,4 ; 10,20 ; 12,6…). L’Esprit Saint Troisième Personne de la Trinité est donc Celui qui reçoit du Père la grâce spirituelle de l’Esprit pour la donner en Plénitude au Fils qui, à son tour, dans l’Amour, vit en se donnant au Père (Jean 14,31 ; Romains 6,10). Tel est le mouvement dans lequel le Christ veut à son tour nous entraîner : recevoir de Lui son Esprit (Jean 7,37-39), cet Esprit d’Amour (Romains 5,5) qu’il reçoit lui-même du Père, pour que nous vivions ensuite dans l’Amour (2Jean 1,6 ; Ephésiens 3,14-17 ; 1Thessaloniciens 3,12) en nous donnant au Christ (2Corinthiens 5,14-15) et à nos frères (Jean 15,12.17). Par le Fils, il nous est donc donné d’avoir part à l’Esprit du Fils, et c’est ainsi que nous sommes appelés à devenir des fils et des filles de Dieu (Jean 1,11-13 ; 3,3-8 ; Romains 8,14-17) à l’image et ressemblance du Fils Unique (Romains 8,28-30).

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De toute éternité, le Père engendre donc le Fils en se donnant totalement à Lui par l’Esprit Saint Personne divine … Tel est le mystère qui se laisse percevoir au baptême de Jésus : après la manifestation du don de l’Esprit qui vient reposer sur lui, le Père déclare : « Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré », et ceci, en Dieu, dure depuis toujours et pour toujours…
L’Esprit Saint Personne divine est donc le premier artisan de la communion qui unit le Père et le Fils. « Il est Celui qui fait que la rencontre s’accomplit » (Jacques Guillet), une rencontre qui est Vie. Et c’est bien ce que Dieu veut nous faire comprendre au baptême de Jésus : ce n’est qu’après la venue de l’Esprit sur le Fils que la voix du Père se fait entendre…

5 – Nous venons de voir quel sens a, dans le contexte des relations Père – Fils l’expression : « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Mais en parlant ainsi, Dieu cite le Psaume 2,7, un Psaume qui était chanté au cours des cérémonies d’intronisation d’un nouveau roi, présidées dans les temps anciens par un prophète (1Samuel 16,1-13). Le baptême de Jésus par le prophète Jean-Baptiste est donc en fait, dans l’Evangile, la cérémonie officielle au cours de laquelle Jésus est présenté comme le nouveau Roi d’Israël, le Messie promis, ce Fils de David sur qui repose en plénitude l’Onction de l’Esprit Saint. Et c’est grâce à elle qu’il pourra accomplir sa mission (Luc 4,16-22).

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Enfin, Jésus dans les eaux du Jourdain représente l’humanité tout entière appelée elle aussi à recevoir la Plénitude des dons de l’Esprit (Luc 15,31 à comparer avec Jean 17,10 ; 3,35), cet Esprit qui lave, purifie (Ezechiel 36,24-28), vivifie (2Corinthiens 3,6 ; Galates 5,25) et fait de chacun d’entre nous des fils et des filles de Dieu. Et c’est toujours grâce à ce don de l’Esprit que nous sommes introduits, dès maintenant, dans la foi et par notre foi, dans ce mystère de communion qui unit entre elles les Trois Personnes divines (2Corinthiens 13,13 ; Philippiens 2,1-2 ; Ephésiens 2,17-18 ; 1Jean 1,2-3 ; 1Corinthiens 1,9 ; Jean 17,20-23) ; c’est « là » que nous trouvons la Paix, en surabondance (1Pierre 1,1-2 ; 2Pierre 1,1-2 ; Jude 1,2), gratuitement (Romains 5,20 ; 15,13), par amour (Romains 8,31-39)…

D. Jacques Fournier

 

Fiche 2M n°10 – Lc 3,21-22 : Cliquer sur le titre précédent pour accéder au document PDF pour lecture ou éventuelle impression.