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Audience Générale du Mercredi 18 Novembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 Novembre 2020


Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, nous rencontrons aujourd’hui la Vierge Marie, comme femme de prière. La Vierge priait. Quand le monde l’ignore encore, quand elle est encore une simple jeune fille fiancée à un homme de la maison de David, Marie prie. Nous pouvons imaginer la jeune fille de Nazareth recueillie en silence, en dialogue permanent avec Dieu, qui bientôt devait lui confier sa mission. Elle est déjà pleine de grâce et immaculée depuis sa conception, mais elle ne sait encore rien de sa vocation surprenante et extraordinaire et de la mer en tempête qu’elle devra sillonner. Une chose est certaine: Marie appartient au grand groupe de ces humbles de cœur que les historiens officiels n’insèrent pas dans leurs livres, mais avec lesquels Dieu a préparé la venue de son Fils.

Marie ne dirige pas sa vie de façon autonome: elle attend que Dieu prenne les rênes de son chemin et la guide où Il veut. Elle est docile, et avec cette disponibilité elle prédispose les grands événements auxquels Dieu participe dans le monde. Le Catéchisme nous rappelle sa présence constante et attentive dans le dessein bienveillant du Père et tout au long de la vie de Jésus (cf. CEC, nn. 2617-2618).

Marie est en prière, quand l’archange Gabriel vient lui apporter l’annonce à Nazareth. Son “Me voici”, petit et immense, qui à ce moment-là fait sursauter de joie la création tout entière, avait été précédé dans l’histoire du salut par tant d’autres “me voici”, par tant d’obéissances confiantes, par tant de disponibilités à la volonté de Dieu. Il n’y a pas de meilleure manière de prier que de se mettre, comme Marie, dans une attitude d’ouverture, de cœur ouvert à Dieu: “Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux ”. C’est-à-dire le cœur ouvert à la volonté de Dieu. Et Dieu répond toujours. Combien de croyants vivent ainsi leur prière! Ceux qui sont les plus humbles de cœur prient ainsi: avec l’humilité essentielle, disons-le ainsi; avec une humilité simple: «Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux». Et ces derniers prient ainsi, en ne se mettant pas en colère parce que les journées sont pleines de problèmes, mais en allant vers la réalité et en sachant que dans l’amour humble, dans l’amour offert dans chaque situation, nous devenons des instruments de la grâce de Dieu. Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux. Une prière simple, mais c’est mettre notre vie entre les mains du Seigneur: que ce soit Lui qui nous guide. Nous pouvons tous prier ainsi, presque sans mots.

La prière sait adoucir l’inquiétude: mais, nous sommes inquiets, nous voulons toujours les choses avant de les demander et nous les voulons tout de suite. Cette inquiétude nous fait mal, et la prière sait adoucir l’inquiétude, elle sait la transformer en disponibilité. Quand je suis inquiet, je prie et la prière ouvre mon cœur et me rend disponible à la volonté de Dieu. La Vierge Marie, en ces quelques instants de l’Annonciation, a su repousser la peur, tout en ayant le présage que son “oui” lui aurait procuré des épreuves très dures. Si, dans la prière, nous comprenons que chaque jour donné à Dieu est un appel, alors nous élargissons notre cœur et nous accueillons tout. On apprend à dire: “Ce que Tu veux Seigneur. Promets-moi que tu seras présent à chaque pas de mon chemin”. Cela est important : demander sa présence au Seigneur à chaque pas de notre chemin : qu’il ne nous laisse pas seuls, qu’il ne nous abandonne pas dans la tentation, qu’il ne nous abandonne pas dans les mauvais moments. Le final du Notre Père est ainsi : la grâce que Jésus lui-même nous a enseignée à demander au Seigneur.

Marie accompagne en prière toute la vie de Jésus, jusqu’à la mort et à la résurrection; et, à la fin elle continue, et elle accompagne les premiers pas de l’Eglise naissante (cf. Ac 1,14). Marie prie avec les disciples qui ont traversé le scandale de la croix. Elle prie avec Pierre, qui a cédé à la peur et a pleuré de remords. Marie est là, avec les disciples, parmi les hommes et les femmes que son Fils a appelés pour former sa communauté. Marie ne joue pas le rôle d’un prêtre parmi eux, non ! Elle est la mère de Jésus qui prie avec eux, en communauté, comme une personne de la communauté.  Elle prie avec eux et elle prie pour eux. Et, à nouveau, sa prière précède l’avenir qui va se réaliser: par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle est devenue la Mère de Dieu, et par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle devient la Mère de l’Eglise. En priant avec l’Eglise naissante, elle devient la Mère de l’Eglise, elle accompagne les disciples dans les premiers pas de l’Eglise dans la prière, en attendant l’Esprit Saint. En silence, toujours en silence. La prière de Marie est silencieuse. L’Evangile nous raconte seulement une prière de Marie: à Cana, quand elle demande à son Fils, pour ces pauvres gens qui allaient faire une mauvaise impression pendant cette fête. Imaginons: faire une fête de mariage et la finir avec du lait parce qu’il n’y avait plus de vin ! Quelle mauvaise impression! Et Elle prie et demande à son Fils de résoudre ce problème. La présence de Marie est en elle-même une prière, et sa présence parmi les disciples au Cénacle, en attendant l’Esprit Saint, est en prière. Ainsi, Marie fait naître l’Eglise, elle est la Mère de l’Eglise. Le Catéchisme explique: «Dans la foi de son humble servante le Don de Dieu – c’est-à-dire l’Esprit Saint – trouve l’accueil qu’il attendait depuis le commencement des temps.» (CEC, n. 2617).

Chez la Vierge Marie, l’intuition féminine naturelle est exaltée par son union très particulière avec Dieu dans la prière. C’est pourquoi, en lisant l’Evangile, nous remarquons qu’elle semble quelquefois disparaître, pour ensuite réaffleurer dans les moments cruciaux: Marie est ouverte à  la voix de Dieu qui guide son cœur, qui guide ses pas là où il y a besoin de sa présence. Une présence silencieuse de mère et de disciple. Marie est présente parce qu’elle est Mère, mais elle est également présente parce qu’elle est la première disciple, celle qui a le mieux appris les choses de Jésus. Marie ne dit jamais: « Venez, je résoudrai les choses». Mais elle dit: «Faites ce qu’Il vous dira», toujours en indiquant Jésus du doigt. Cette attitude est typique du disciple, et elle est la première disciple: elle prie comme Mère et elle prie comme disciple.

«Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur» (Lc 2,19). C’est ainsi que l’évangéliste Luc décrit la Mère du Seigneur dans l’Evangile de l’enfance. Tout ce qui arrive autour d’elle finit par avoir un reflet au plus profond de son cœur: les jours pleins de joie, comme les moments les plus sombres, quand elle aussi a du mal à comprendre par quelles routes doit passer la Rédemption. Tout finit dans son cœur, pour être passé au crible de la prière et être transfiguré par celle-ci. Qu’il s’agisse des dons des Rois mages, ou bien de la fuite en Egypte, jusqu’à ce terrible vendredi de passion: la Mère conserve tout et porte tout dans son dialogue avec Dieu. Certains ont comparé le cœur de Marie à une perle d’une splendeur incomparable, formée et polie par l’accueil patient de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités en prière. Comme il serait beau que nous puissions nous aussi ressembler un peu à notre Mère! Avec le cœur ouvert à la parole de Dieu, avec le cœur silencieux, avec le cœur obéissant, avec le cœur qui sait recevoir la Parole de Dieu et qui la laisse grandir avec une semence du bien de l’Eglise.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Le “oui” de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, donne à sa prière une valeur incomparable. Demandons la grâce d’être comme elle des hommes et des femmes ouverts à Dieu, afin que le Christ, Roi de l’univers, soit accueilli dans nos cœurs et dans nos vies.

A tous, je donne ma bénédiction !





Retraite en ligne pour le temps de l’Avent : « Avec les Saints, attendons Jésus notre Sauveur »…

Le Dimanche 29 novembre commencera le temps de l’Avent où l’Eglise nous invite à nous préparer, de coeur, pour accueillir le mieux possible le Christ Sauveur, que nous fêterons tout particulièrement à Noël…

L’équipe de « jevismafoi.com », composée de prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, vous propose un temps de retraite en ligne : tous les jours, une petite méditation est envoyée par mail, accompagnée d’un lien sur lequel vous pouvez cliquer si vous désirez l’entendre en version audio. Le thème de cette année est : « Avec les Saints, attendons Jésus notre Sauveur. » Chaque intervenant(e) aura ainsi trois ou quatre jours pour vous proposer un cheminement avec un Saint qu’il (elle) aura choisi(e)…

Si vous désirez recevoir ces méditations, gratuitement, il suffit de vous inscrire sur jevismafoi.com en nous laissant votre adresse mail, adresse que nous ne communiquerons à personne et qui restera bien tranquillement dans nos fichiers… Pour y aller directement, vous pouvez cliquer sur ce lien :

http://www.jevismafoi.com/contact-us/

Et nous nous confions déjà les uns les autres à la prière de celles et ceux qui ont fini leur vie ici-bas, qui sont en ce moment dans la Lumière et dans l’Amour de Dieu, et qui vont nous servir de guides pendant ces prochaines semaines…

Nous vous souhaitons un bon temps de l’Avent, et déjà de belles et heureuses fêtes de Noël à vous, et à tous vos proches. En ces circonstances si difficiles pour certains, nous pouvons reprendre pour nous-mêmes cette invitation de St Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes. N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus » (Ph 4,4-7)…

                                                                                                    D. Jacques Fournier




Le Baptême de Jésus (Lc 3,21-22)

BaptèmeJésus

 

Lc 3,21-22 : Comme tout le peuple se faisait baptiser
et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi,
alors le ciel s’ouvrit.
(22) L’Esprit Saint descendit sur Jésus,
sous une apparence corporelle, comme une colombe.
Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »

 

 

 

Jean-Baptiste invitait à « un baptême de conversion en vue du pardon des péchés » (Luc 3,3). Pour ceux et celles qui acceptaient d’entrer avec lui dans les eaux du Jourdain, ce baptême n’était qu’un geste concret qui manifestait leur réel désir de changer de vie. Les foules commençaient donc par se reconnaître « pécheurs », puis Jean-Baptiste les exhortait « à produire des fruits qui témoignent de leur conversion » (Luc 3,8) : partager avec ceux qui n’ont pas de quoi se vêtir ou se nourrir, pratiquer la justice, s’interdire toute violence (Luc 3,10-14)…

Ce baptême dans l’eau ne faisait qu’annoncer le baptême dans l’Esprit Saint et le feu (Luc 3,16) qu’apporterait le Christ Sauveur à tous ceux et celles qui viendraient à lui en acceptant le plus simplement possible de se reconnaître « pécheurs ». En invitant les foules au repentir, Jean Baptiste « préparait donc les chemins du Seigneur » (Luc 3,4-6).

Une fois cette mission accomplie, Jésus entre en scène : nous sommes au tout début de sa vie publique. Une vingtaine d’années se sont écoulées depuis le dernier épisode où St Luc nous l’avait présenté parmi les Docteurs de la Loi, dans le Temple de Jérusalem, alors qu’il n’avait que douze ans (Luc 2,41-52). Les circonstances de son retour dans l’Evangile sont donc tout spécialement importantes. Et que constatons-nous ?

Jésus baptême st esprit

– 1 – Jésus intervient « une fois que tout le Peuple eut été baptisé ». Il a donc laissé passer devant lui tous ceux et celles qui étaient là, et il a pris la dernière place… Nous constatons déjà combien Jésus n’est pas de ceux qui se mettent en avant… « Doux et humble de cœur » (Matthieu 11,28-30), il se ceindra du tablier de serviteur, comme celui qui sert à table (Luc 22,24 27), comme l’esclave au pied de ses maîtres (Jean 13,1-5). Telle est l’attitude de Celui qui, « de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2Corinthiens 8,9). Ainsi, « lui qui était de condition divine », lui qui, pourrait-on dire, était à la première place, « a pris la condition d’esclave », c’est-à-dire la dernière place, pour que nous puissions tous être au ciel, avec Lui, à la première place (Philippiens 2,6-11; Jean 17,24 ; Matthieu 19,28 ; Luc 22,28-30).

– 2 – De plus, ce baptême de repentir était destiné aux pécheurs. Quiconque regardait Jésus, à la dernière place, pouvait penser qu’il était comme tous les autres, un pécheur… Mais Jésus n’a jamais rien fait (Luc 23,41) ou dit (Jean 18,23 ; 1Pierre 2,21-25) de mal, il n’a jamais connu le péché (2Corinthiens 5,21 ; cf Jean 8,29 ; 8,46). Mais il a voulu, par amour, rejoindre les pécheurs que nous sommes, là où notre péché nous avait conduits, pour nous offrir le pardon de toutes nos fautes (Luc 5,20), s’unir à nous (1Corinthiens 6,17) et nous transformer en lui…

agneau de dieuEn agissant ainsi, l’agneau sans tache (1Pierre 1,19) nous montre le chemin. Il nous invite à l’humilité, à la vérité et à la confiance en son amour inébranlable. Jésus veut, de toute la force de son Cœur, nous rejoindre et nous prendre auprès de Lui (Luc 15,4-7 ; Voir le texte de Ste Thérèse de Lisieux en fin de fiche). Il veut que nous soyons avec Lui et que nous vivions de sa Vie (Jean 10,10), « saints et immaculés en sa présence dans l’amour » (Ephésiens 1,3-8). Pour atteindre ce but, il n’a pas hésité à offrir sa propre vie (Jean 15,13 ; 10,11-15 ; 1Jean 3,16) en se livrant entre les mains des pécheurs (Ephésiens 5,25-27) pour le salut de tous les pécheurs (1Timothée 2,3-5; Jean 3,14 17 ; Matthieu 20,28)… Et maintenant, ressuscité, Il est toujours avec nous pour nous inviter et nous inviter encore à vivre en sa Présence (Matthieu 28,20). En sa chair glorifiée, Il est dorénavant cet « Esprit Vivifiant » (1Corinthiens 15,45) qui ne cesse de proposer sa Vie au monde (Apocalypse 22,17 ; 21,5-6 ; 22,1 ; Jean 7,37-39 ; 4,10 ; 3,36 ; 5,24 ; 6,32-33 ; 6,35 ; 6,47 ; 6,51; 6,54; 8,12; 10,27-28 ; 17,1-3 ; 20,31 ; 1Jean 5,11 13 ; Galates 5,25). Tel est ce formidable cadeau que nous sommes invités à recevoir sans cesse de sa Miséricorde (Actes 11,18 ; Romains 6,23 ; Jude 1,21). Et si vraiment nous avons découvert cette Paix, cette Joie simple et discrète, cette Nouveauté de Vie (2Corinthiens 5,17), alors nous ferons tout notre possible pour que le maximum de personnes autour de nous puissent aussi en bénéficier : « Allez annoncer hardiment au Peuple tout ce qui concerne cette Vie-là », dit l’Ange du Seigneur aux apôtres (Actes 5,20). Oui, « la Vie s’est manifestée, nous l’avons expérimentée, dira St Jean, et maintenant nous en rendons témoignage ; nous vous annonçons cette Vie éternelle pour que vous aussi vous soyez en communion avec nous » (1Jean 1,1-4 ; 2Timothée 1,1).

Dans l’épisode du baptême de Jésus, St Luc est le seul à nous le présenter en prière (Comparer avec Matthieu 3,13-17 ; Marc 1,9-11). Et il continuera par la suite à être le seul à insister sur la prière de Jésus, nous l’offrant ainsi en exemple (Luc 5,15-16 ; 6,12-16 ; 9,18-21 ; 9,28-29 ; 11,1-4 ; 22,39-46). Regardons maintenant la chronologie des faits :

Jésus en prière11 – Jésus est en prière, tourné de cœur vers le Père (Jean 1,18: Il est toujours ainsi), attentif à lui et à lui seul…

2 – Le Père intervient, prenant l’initiative « d’ouvrir le ciel », cette voûte céleste qui, pensait-on, recouvrait, comme une grande coupole, une terre que l’on croyait plate … Au dessus, se trouvaient les eaux d’en haut et au delà encore, la demeure de Dieu. A l’époque de Jésus, le ciel passait pour être « fermé », car le mouvement prophétique s’était éteint depuis plusieurs siècles. Aussi, une grande plainte s’élevait vers Dieu : « Ah ! Si tu déchirais les cieux et descendais » (Isaïe 63,19). Avec le Christ, cette prière est exaucée : Dieu a déchiré les cieux, détruisant tout ce qui pouvait le séparer du monde des hommes. La communication est rétablie, le ciel s’est ouvert, et personne ne dira par la suite qu’il s’est refermé : il demeure ouvert, jusqu’à la fin des temps… Grâce au Christ qui est tout à la fois le Chemin et la Porte (Jean 14,6 ; 10,7-9), le ciel et la terre sont désormais tout proches l’un de l’autre (Matthieu 3,1-2; 4,17 ; 10,7 ; Marc 1,14-15 ; Luc 10,8 11), unis dans l’Esprit en un mystère de communion que la foi seule peut percevoir (Ephésiens 1,9-10 ; Colossiens 1,15-20 ; Jean 11,49-52 ; 14,19-20).

3 – Puis le Père envoie l’Esprit et St Luc insiste sur la réalité « concrète » de ce don spirituel en utilisant l’expression « sous une forme corporelle » : l’Esprit s’est mystérieusement et bien réellement manifesté, mais « ce qui est de la chair est chair, et ce qui est de l’Esprit est esprit » (cf Jean 3,6). Aussi, pour bien marquer cette différence, St Luc rajoutera « comme une colombe » : ce n’était pas une colombe, mais cette manifestation faisait penser à la beauté, à la douceur, à la délicatesse du vol d’une colombe…

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4 – Grâce à cette manifestation du ciel, toute la foule a pris conscience d’une réalité qui, pour Jésus, existe depuis toujours: l’Esprit du Père repose sur Lui en Plénitude, de telle sorte que tout ce qu’a le Père est aussi en Jésus (Jean 16,15 ; Colossiens 2,9). Cet Esprit de Dieu est donc tout en même temps en ces deux personnes distinctes que sont le Père et le Fils. Le Père en effet se donne continuellement au Fils ; et le Fils de son côté est toujours accueillant et ouvert au don du Père. Donné sans cesse par le Père, l’Esprit du Père est donc dans le Fils, et en tant que tel, nous pouvons l’appeler « l’Esprit du Fils » ou « l’Esprit du Christ » (Romains 8,9). Et bien sûr, au même instant, cet Esprit est aussi dans le Père… C’est ainsi que le Père et le Fils, tout en étant bien différents l’un de l’autre, sont UN par ce même Esprit d’Amour qui les habite et les unit (Jean 10,30). L’Esprit est donc la réalité spirituelle à la base du mystère de communion qui unit entre elles les différentes Personnes divines… Nous avons parlé du Père et du Fils, mais il en existe une Troisième, l’Esprit Saint (Jean 14,15-17 : Jésus était un défenseur pour ses disciples ; à sa prière, le Père en donnera « un autre »…). Il est Celui qui reçoit du Père pour donner au Fils. Ici, notre vocabulaire ne nous aide pas beaucoup car les mots « Esprit Saint » peuvent désigner soit la Troisième Personne de la Trinité, soit la nature divine qui est commune à ces Trois Personnes, une nature divine qui est Esprit (Jean 4,24) et qui, bien sûr, est Sainte (Psaume 99(98),5 ; Isaïe 1,4 ; 10,20 ; 12,6…). L’Esprit Saint Troisième Personne de la Trinité est donc Celui qui reçoit du Père la grâce spirituelle de l’Esprit pour la donner en Plénitude au Fils qui, à son tour, dans l’Amour, vit en se donnant au Père (Jean 14,31 ; Romains 6,10). Tel est le mouvement dans lequel le Christ veut à son tour nous entraîner : recevoir de Lui son Esprit (Jean 7,37-39), cet Esprit d’Amour (Romains 5,5) qu’il reçoit lui-même du Père, pour que nous vivions ensuite dans l’Amour (2Jean 1,6 ; Ephésiens 3,14-17 ; 1Thessaloniciens 3,12) en nous donnant au Christ (2Corinthiens 5,14-15) et à nos frères (Jean 15,12.17). Par le Fils, il nous est donc donné d’avoir part à l’Esprit du Fils, et c’est ainsi que nous sommes appelés à devenir des fils et des filles de Dieu (Jean 1,11-13 ; 3,3-8 ; Romains 8,14-17) à l’image et ressemblance du Fils Unique (Romains 8,28-30).

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De toute éternité, le Père engendre donc le Fils en se donnant totalement à Lui par l’Esprit Saint Personne divine … Tel est le mystère qui se laisse percevoir au baptême de Jésus : après la manifestation du don de l’Esprit qui vient reposer sur lui, le Père déclare : « Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré », et ceci, en Dieu, dure depuis toujours et pour toujours…
L’Esprit Saint Personne divine est donc le premier artisan de la communion qui unit le Père et le Fils. « Il est Celui qui fait que la rencontre s’accomplit » (Jacques Guillet), une rencontre qui est Vie. Et c’est bien ce que Dieu veut nous faire comprendre au baptême de Jésus : ce n’est qu’après la venue de l’Esprit sur le Fils que la voix du Père se fait entendre…

5 – Nous venons de voir quel sens a, dans le contexte des relations Père – Fils l’expression : « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Mais en parlant ainsi, Dieu cite le Psaume 2,7, un Psaume qui était chanté au cours des cérémonies d’intronisation d’un nouveau roi, présidées dans les temps anciens par un prophète (1Samuel 16,1-13). Le baptême de Jésus par le prophète Jean-Baptiste est donc en fait, dans l’Evangile, la cérémonie officielle au cours de laquelle Jésus est présenté comme le nouveau Roi d’Israël, le Messie promis, ce Fils de David sur qui repose en plénitude l’Onction de l’Esprit Saint. Et c’est grâce à elle qu’il pourra accomplir sa mission (Luc 4,16-22).

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Enfin, Jésus dans les eaux du Jourdain représente l’humanité tout entière appelée elle aussi à recevoir la Plénitude des dons de l’Esprit (Luc 15,31 à comparer avec Jean 17,10 ; 3,35), cet Esprit qui lave, purifie (Ezechiel 36,24-28), vivifie (2Corinthiens 3,6 ; Galates 5,25) et fait de chacun d’entre nous des fils et des filles de Dieu. Et c’est toujours grâce à ce don de l’Esprit que nous sommes introduits, dès maintenant, dans la foi et par notre foi, dans ce mystère de communion qui unit entre elles les Trois Personnes divines (2Corinthiens 13,13 ; Philippiens 2,1-2 ; Ephésiens 2,17-18 ; 1Jean 1,2-3 ; 1Corinthiens 1,9 ; Jean 17,20-23) ; c’est « là » que nous trouvons la Paix, en surabondance (1Pierre 1,1-2 ; 2Pierre 1,1-2 ; Jude 1,2), gratuitement (Romains 5,20 ; 15,13), par amour (Romains 8,31-39)…

D. Jacques Fournier

 

Fiche 2M n°10 – Lc 3,21-22 : Cliquer sur le titre précédent pour accéder au document PDF pour lecture ou éventuelle impression.




Audience Générale du Mercredi 11 Novembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 11 Novembre 2020


Catéchèse – 14. La prière persévérante

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous continuons les catéchèses sur la prière. Quelqu’un m’a dit: «Vous parlez trop sur la prière. Ce n’est pas nécessaire». Si, c’est nécessaire. Parce que si nous ne prions pas, nous n’aurons pas la force d’avancer dans la vie. La prière est comme l’oxygène de la vie. Prier, c’est attirer sur nous la présence de l’Esprit Saint qui nous fait toujours avancer. C’est pour cette raison que je parle tant sur la prière.

Jésus a donné l’exemple d’une prière continue, pratiquée avec persévérance. Le dialogue constant avec le Père, dans le silence et dans le recueillement, est le centre de toute sa mission. Les Evangiles nous rapportent également les exhortations à ses disciples, pour qu’ils prient avec insistance, sans se lasser. Le Catéchisme rappelle les trois paraboles contenues dans l’Evangile de Luc qui souligne cette caractéristique de l’oraison (cf. CEC, n. 2613) de Jésus.

La prière doit tout d’abord être tenace: comme le personnage de la parabole qui, devant accueillir un hôte arrivé à l’improviste, va frapper en pleine nuit chez un ami et lui demande du pain. L’ami lui répond “non!”, parce qu’il est déjà au lit, mais il insiste et insiste jusqu’à ce qu’il l’oblige à se lever et à lui donner le pain (cf. Lc 11, 5-8). Une demande tenace. Mais Dieu est plus patient que nous, et celui qui frappe avec foi et persévérance à la porte de son cœur n’est pas déçu. Dieu répond toujours. Toujours. Notre Père sait bien de quoi nous avons besoin; l’insistance ne sert pas à l’informer ou à le convaincre, mais elle sert à alimenter en nous le désir et l’attente.

La deuxième parabole est celle de la veuve qui s’adresse au juge pour qu’il l’aide à obtenir justice. Ce juge est corrompu, c’est un homme sans scrupules, mais à la fin, exaspéré par l’insistance de la veuve, il se décide à la satisfaire (cf. Lc 18, 1-8). Et il pense: «Il vaut mieux que je résolve son problème et que je m’en débarrasse, et qu’elle arrête de venir sans cesse se plaindre à moi». Cette parabole nous fait comprendre que la foi n’est pas l’élan d’un moment, mais une disposition courageuse à invoquer Dieu, également à “discuter” avec Lui, sans se résigner devant le mal et l’injustice.

La troisième parabole présente un pharisien et un publicain qui vont prier au Temple. Le premier s’adresse à Dieu en se vantant de ses mérites; l’autre se sent indigne ne serait-ce que d’entrer dans le sanctuaire. Cependant, Dieu n’écoute pas la prière du premier, c’est-à-dire des orgueilleux, alors qu’il exauce celle des humbles (cf. Lc 18, 9-14). Il n’y a pas de vraie prière sans esprit d’humilité. C’est précisément l’humilité qui nous conduit à demander dans la prière.

L’enseignement de l’Evangile est clair: on doit toujours prier, même quand tout semble vain, quand Dieu nous apparaît sourd et muet et qu’il nous semble perdre notre temps. Même si le ciel s’assombrit, le chrétien ne n’arrête pas de prier. Son oraison va de pair avec la foi. Et la foi, en de nombreux jours de notre vie, peut sembler une illusion, une fatigue stérile. Il y a des moments sombres dans notre vie et dans ces moments, la foi semble une illusion. Mais pratiquer la prière signifie également accepter cette fatigue. «Père, je vais prier et je ne ressens rien… je me sens comme ça, avec le cœur sec, avec le cœur aride». Mais nous devons aller de l’avant, avec cette fatigue des moments difficiles, des moments où nous ne ressentons rien. De nombreux saints et saintes ont fait l’expérience de la nuit de la foi et du silence de Dieu – quand nous frappons et que Dieu ne répond pas – et ces saints ont été persévérants.

Dans cette nuit de la foi, celui qui prie n’est jamais seul. En effet, Jésus n’est pas seulement témoin et maître de prière, il est davantage. Il nous accueille dans sa prière, pour que nous puissions prier en Lui et à travers Lui. Et cela est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est pour cette raison que l’Evangile nous aider à prier le Père au nom de Jésus. Saint Jean rapporte ces paroles du Seigneur: «Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, pour que le Père soit glorifié dans le Fils» (14, 13). Et le Catéchisme explique que «la certitude d’être exaucés dans nos demandes est fondée sur la prière de Jésus» (n. 2614). Celle-ci donne les ailes que la prière de l’homme a toujours désiré posséder.

Comment ne pas rappeler ici les mots du psaume 91, riches de confiance, jaillis d’un cœur qui espère tout de Dieu: «Il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi» (vv. 4-6). C’est dans le Christ que s’accomplit cette prière splendide, c’est en Lui que celle-ci trouve sa pleine vérité. Sans Jésus, nos prières risqueraient de se réduire à des efforts humains, destinés le plus souvent à l’échec. Mais Il a pris sur Lui chaque cri, chaque gémissement, chaque joie, chaque supplique… chaque prière humaine. Et n’oublions pas l’Esprit Saint qui prie en nous; il est Celui qui nous amène à prier, qui nous amène à Jésus. Il est le don que le Père et le Fils nous ont donné pour aller à la rencontre de Dieu. C’est l’Esprit Saint, quand nous prions, c’est l’Esprit Saint qui prie dans nos cœurs.

Le Christ est tout pour nous, même dans notre vie de prière. C’est ce que disait saint Augustin avec une expression éclairante que nous trouvons dans le Catéchisme: Jésus «prie pour nous en tant que notre prêtre, il prie en nous en tant que notre tête, il est prié par nous en tant que notre Dieu. Reconnaissons donc en Lui nos voix et sa voix en nous» (n. 2616). Et c’est pour cela que le chrétien qui prie ne craint rien, il se remet à l’Esprit Saint, qui nous a été donné comme don et qui prie en nous, en suscitant la prière. Que ce soit l’Esprit Saint, Maître de prière, à nous enseigner la voie de la prière.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Aujourd’hui, dans plusieurs pays, on célèbre le souvenir des morts des guerres. Que notre prière pour toutes les victimes de la violence dans le monde nous incite à être des instruments de paix et de réconciliation. Que Dieu vous bénisse !

 


 




33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 25, 14-30) – Francis COUSIN)

« Je savais que tu es un homme dur …

J’ai eu peur … »

 

Le passage d’évangile de ce jour est ce qu’on pourrait appeler une parabole eschatologique, qui nous fait penser à la fin des temps, comme chaque mois de novembre.

On y voit un maître, un chef d’entreprise (grosse entreprise si on considère la valeur monétaire d’un talent) qui part en voyage et qui confie ses biens à ses serviteurs …

Fallait-il que ce maître ait confiance en ses serviteurs, si l’on pense qu’un talent vaut environ à l’heure actuelle 1,5 million d’euros ! …

Ce maître, c’est Dieu, plus précisément Jésus qui reviendra, « longtemps après », pour juger les hommes, et les faire entrer « dans la joie de [leur] Seigneur ».

Il est important de remarquer que le maître confie ses biens, tout comme Dieu avait confié la terre à Adam et Ève (Gn 1,28-29), ce qui veut dire qu’il faudra rendre des comptes par la suite.

Et peut-être qu’il faudrait utiliser ce verbe pour les ’’talents’’ que nous avons (ou que nous pensons avoir), et que nous considérons comme des dons innés, comme la musique, la danse, l’écriture, la peinture, … mais aussi la patience, l’amour des autres, la bonne humeur, la volonté, le courage, la pertinence … et qui nous sont confiés, pour lesquels nous devrons rendre compte, au temps voulu …

Car la parabole nous le dit bien : il faudra faire fructifier ces ’’talents’’, pas seulement pour soi, pour notre bien-être personnel ou celui de notre famille, mais pour l’ensemble des communautés dans lesquels nous vivons, que ce soit la famille élargie, mais aussi les communautés de travail, sociales, économiques ou politiques … en « ouvrant nos doigts en faveur du pauvre, et en tendant la main au malheureux. » (première lecture).

Certains pourraient se dire : « Oui, mais moi, je n’ai pas de talent particulier, je suis quelqu’un de tout à fait ordinaire. Qu’est-ce que je vais pouvoir faire fructifier ? ». Dieu a donné des talents, comme le dit la parabole, « à chacun selon ses capacités ». Il ne nous demande pas plus que ce que nous pouvons supporter. Et à tous, il a donné son amour … Donner son amour aux autres, c’est déjà plus que bien … et cela peut se faire dans des petites choses …

C’est ce que n’avait pas compris le troisième serviteur.

Il a peur du maître, de Dieu … alors il cache son talent … dans la terre.

Il l’enfuit … le rend invisible pour lui … et pour les autres. Comme s’il n’existait pas …

Il occulte totalement la confiance que Dieu a envers lui …

Pourtant il n’a qu’un seul talent !

Il a peu … parce que Dieu lui a donné selon ses capacités

Mais même s’il a peu … il a peur … il a peur de Dieu …

Il enterre son talent alors qu’il est vivant !

Vis-à-vis de Dieu, c’est comme un suicide : il vit, mais sans avoir la Vie en lui, cette Vie que Dieu lui propose avec son talent. Et s’il n’a qu’un seul talent, ce ne peut être que ce qui est le plus important pour Dieu : l’amour. L’amour que Dieu ne cesse de donner à tout le monde. En refusant l’amour de Dieu, il s’interdit l’amour (agapé) des autres et envers les autres …

En enterrant son talent, il s’enterre lui-même, et se trouve donc dans les « ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! », ce qui est la phrase habituelle pour parler de la géhenne de feu, c’est-à-dire l’enfer.

Il faut reconnaître que bien souvent, nous nous trouvons dans la situation de ce troisième serviteur. Nous sommes prêts à utiliser nos talents pour notre satisfaction personnelle, et souvent nous en sommes fiers, … et nous le montrons aux autres … mais ce n’est pas ce que veut Dieu. Dieu nous veut serviteurs, et même serviteurs inutiles.

Pourquoi en sommes-nous là ?

Souvent par manque de confiance en Dieu, ou plutôt par la non-reconnaissance que Dieu à confiance en nous … peut-être par manque de prières, ou de relations à Dieu … ou parce que nous avons des relations faussées avec lui.

Nous sommes bien souvent davantage prêts à utiliser Dieu à notre profit plutôt qu’à ’’être utilisés par lui’’ (= être à son service) pour le bien de tous.

Utilisons nos talents. N’ayons pas peur de nous salir les mains …

Le père François Varillon écrivait : « Ce n’est pas être vigilant que d’éviter seulement de se salir les mains. Il y a en effet un moyen efficace de garder les mains propres, c’est de ne toucher aucun objet. Le soir, on s’endort dans la tranquillité d’une conscience pure, et l’on ne voit pas qu’on est en pleine illusion, s’il est vrai que ne rien faire n’est pas synonyme de bien faire, et que ne rien risquer ne grandit pas. La fausse pureté est aussi une impureté. Celui qui ne fait rien ne commet pas d’erreur, mais toute sa vie est une erreur. »

Seigneur Jésus,

en attendant ton retour, à la fin des temps,

tu nous as confié la terre

et tout ce qu’elle contient.

Et tu nous as confié aussi les autres humains,

pour les aimer comme tu nous aimes,

pour les aider avec les talents que tu nous as donnés

pour que grandisse notre humanité,

pour le bien de tous.

Fais que nous puissions te rendre

la confiance que tu as mise en nous.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 33°




Audience Générale du Mercredi 4 Novembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 4 Novembre 2020


Catéchèse – 13. Jésus, maître de prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous avons malheureusement dû revenir à cette audience dans la bibliothèque, pour nous défendre des contagions du Covid. Cela nous enseigne également que nous devons être très attentifs aux prescriptions des autorités, que ce soient les autorités politiques ou les autorités sanitaires, pour nous défendre de cette pandémie. Offrons au Seigneur cette distance entre nous, pour le bien de tous et pensons, pensons beaucoup aux malades, à ceux qui entrent dans les hôpitaux déjà comme mis au rebut, pensons aux médecins, aux infirmiers, aux infirmières, aux bénévoles, aux nombreuses personnes qui travaillent avec les malades en ce moment: elles risquent leur vie, mais elles le font par amour de leur prochain, comme une vocation. Prions pour eux.

Au cours de sa vie publique, Jésus a constamment recours à la force de la prière. Les Evangiles nous le montrent lorsqu’il se retire dans des lieux apartés pour prier. Il s’agit d’observations sobres et discrètes, qui laissent seulement imaginer ces dialogues orants. Celles-ci témoignent cependant clairement que, également dans les moments de plus grand dévouement aux pauvres et aux malades, Jésus ne négligeait jamais son dialogue intime avec le Père. Plus il était plongé dans les besoins des personnes, plus il sentait la nécessité de reposer dans la Communion trinitaire, de revenir avec le Père et l’Esprit.

Il y a donc un secret dans la vie de Jésus, caché aux yeux humains, qui représente le centre de tout. La prière de Jésus est une réalité mystérieuse, dont nous n’avons qu’une petite intuition, mais qui permet de lire dans la juste perspective la mission tout entière. Pendant ces heures solitaires – avant l’aube ou pendant la nuit –, Jésus se plonge dans son intimité avec le Père, c’est-à-dire dans l’Amour dont chaque âme a soif. C’est ce qui apparaît dès les premiers jours de son ministère public.

Un samedi, par exemple, la petite ville de Capharnaüm se transforme en  “hôpital de campagne”: après le coucher du soleil, tous les malades sont amenés à Jésus, et Il les guérit. Cependant, avant l’aube, Jésus disparaît: il se retire dans un lieu solitaire et il prie. Simon et les autres le cherchent et, quand ils le trouvent, ils lui disent: “Tout le monde te cherche!”. Que répond Jésus: “Je dois aller prêcher dans les autres villages; c’est pour cela que je suis venu” (cf. Mc 1, 35-38). Jésus est toujours un peu au-delà, au-delà dans la prière avec le Père et au-delà, dans d’autres  villages, d’autres horizons pour aller prêcher, d’autres peuples.

La prière est le gouvernail qui guide la route de Jésus. Ce qui guide les étapes de sa mission ne sont pas les succès, ce n’est pas le consensus, ce n’est pas cette phrase séduisante “tout le monde te cherche”. Ce qui trace le chemin de Jésus c’est la voie la moins commode, qui cependant obéit à l’inspiration du Père, que Jésus écoute et accueille dans sa prière solitaire.

Le Catéchisme affirme: «Quand Jésus prie, il nous enseigne déjà à prier» (n. 2607). C’est pourquoi, de l’exemple de Jésus nous pouvons tirer certaines  caractéristiques de la prière chrétienne.

Tout d’abord, celle-ci possède un primat: elle est le premier désir de la journée, quelque chose que l’on pratique à l’aube, avant que le monde ne se réveille. Celle-ci donne une âme à ce qui autrement resterait sans souffle. Un jour vécu sans prière risque de se transformer en une expérience fastidieuse, ou ennuyeuse: tout ce qui nous arrive pourrait tourner pour nous en destin mal supporté et aveugle. Jésus éduque en revanche à l’obéissance à la réalité et donc à l’écoute. La prière est tout d’abord écoute et rencontre avec Dieu. Alors, les problèmes de tous les jours ne deviennent pas des obstacles, mais des appels de Dieu lui-même à écouter et rencontrer celui qui est en face de nous. Les épreuves de la vie se transforment ainsi en occasions pour grandir dans la foi et dans la charité. Le chemin quotidien, y compris les difficultés, acquiert la perspective d’une “vocation”. La prière a le pouvoir de transformer en bien ce qui, dans la vie, serait autrement une condamnation; la prière a le pouvoir d’ouvrir un grand horizon à l’esprit et d’élargir le cœur.

En deuxième lieu, la prière est un art à pratiquer avec insistance. Jésus lui-même nous dit: frappez, frappez, frappez. Nous sommes tous capables de prières épisodiques, qui naissent de l’émotion d’un moment; mais Jésus nous éduque à un autre type de prière: celle qui connaît une discipline, un exercice, et qui est pratiquée dans une règle de vie. Une prière persévérante produit une transformation progressive, elle rend forts dans les périodes de tribulation, elle donne la grâce d’être soutenus par Celui qui nous aime et nous protège toujours.

Une autre caractéristique de la prière de Jésus est la solitude. Celui qui prie ne s’évade pas du monde, mais privilégie les lieux déserts. Là, dans le silence, peuvent apparaître de nombreuses voix que nous cachons au plus profond de nous-mêmes: les désirs les plus cachés, les vérités que nous nous obstinons à étouffer et ainsi de suite. Et, surtout, dans le silence Dieu parle. Chaque personne a besoin d’un espace pour elle-même, où cultiver sa propre vie intérieure, où les actions retrouvent un sens. Sans vie intérieure nous devenons superficiels, agités, anxieux – comme l’anxiété nous fait mal! C’est pourquoi nous devons pratiquer la prière; sans vie intérieure, nous fuyons la réalité et nous nous fuyons aussi nous-mêmes, nous sommes des hommes et des femmes toujours en fuite.

Enfin, la prière de Jésus est le lieux où l’on perçoit que tout vient de Dieu et retourne à Lui. Parfois, nous les êtres humains, nous croyons être les maîtres de tout, ou bien au contraire nous perdons toute estime de nous-mêmes, nous allons d’un côté et de l’autre. La prière nous aide à retrouver la juste dimension, dans la relation avec Dieu, notre Père, et avec toute la création. Enfin, la prière de Jésus est s’abandonner entre les mains du Père, comme Jésus au jardin des oliviers, dans cette angoisse: “Père, si c’est possible…, mais que ta volonté soit faite”. L’abandon entre les mains du Père. C’est une belle chose quand nous sommes agités, un peu préoccupés et que l’Esprit Saint nous transforme de l’intérieur et nous conduit à cet abandon entre les mains du Père: “Père, que ta volonté soit faite”.

Chers frères et sœurs, redécouvrons, dans l’Evangile, Jésus Christ comme maître de prière, et mettons-nous à son école. Je vous assure que nous trouverons la joie et la paix.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Le Christ nous révèle que son secret se trouve dans la prière. Elle a le pouvoir de transformer en bien et de donner vie à ce qui semble voué à l’échec. Apprenons, à l’école de Jésus, à nous retirer dans le silence de la prière afin d’offrir avec lui les difficultés et les souffrances du monde au Père.

Que Dieu vous bénisse !


Appel à l’issue de l’audience générale

En ces jours de prière pour les défunts, nous avons rappelé et nous rappelons encore aujourd’hui les victimes sans défense du terrorisme, dont  la cruauté toujours plus grande est en train de se diffuser en Europe. Je pense, en particulier, au grave attentat de ces jours derniers à Nice, dans un lieu de culte, et à celui d’avant-hier dans les rues de Vienne, qui ont provoqué de l’effroi et la réprobation de la population et de ceux qui ont à cœur  la paix et le dialogue.  Je confie à la miséricorde de Dieu les personnes tragiquement disparues et j’exprime ma proximité spirituelle à leurs familles et à tous ceux qui souffrent à cause de ces déplorables événements, qui cherchent à compromettre par la violence et la haine la collaboration fraternelle entre les religions.





32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 7/11/20 et dimanche 8/11/20

32e dimanche ordinaire – Année A

Sagesse 6 12–16 ;  1Thessaloniciens 4 13–18 ;  Matthieu 25 1–13

« Il en sera du Royaume des Cieux comme de dix vierges qui s’en allèrent, munies de leurs lampes, à la rencontre de l’époux », ainsi commence la parabole dans la Bible de Jérusalem. La Bible Osty, elle, commence ainsi « le Royaume des Cieux ressemblera à dix jeunes filles qui, prenant leurs lampes, sortirent au-devant de l’époux ». Comparer le Royaume des Cieux à dix vierges qui vont à la rencontre de l’époux, c’est une manière de nous faire comprendre que le Royaume des Cieux commence bien sur terre. C’est dans cette manière d’être d’aller à la rencontre de l’époux, c’est-à-dire du Christ, dans notre vie quotidienne que se bâtit le Royaume de Dieu. Et bâtir ce Royaume, c’est difficile pour beaucoup d’entre nous, parce que nous avons nos faiblesses, nos défauts, nos découragements, mais surtout le manque de volonté ou encore l’ignorance des choses spirituelles, et puis comme diraient les plus récalcitrants, « on n’a pas que cela à faire ». Alors, on fait comme on peut, on essaie de suivre tant bien que mal le chemin tracé par Jésus. Cette parabole s’adresse surtout à ceux qui suivent le Christ, et en premier lieu, aux chrétiens qui font sincèrement de leur mieux mais qui se trompent en pensant qu’ils le font de bonne manière. Ce n’est pas parce qu’on essaie de faire de son mieux qu’il faut avoir la conscience tranquille en se disant qu’ainsi, on aura assuré parce qu’on prie beaucoup, parce qu’on vient à la messe, parce qu’on fait le rosaire, parce qu’on lit la Bible. Et lorsque l’on regarde les choses de plus près, on s’aperçoit que bien des choses, en réalité, peuvent ne pas plaire à Dieu. Prenons l’exemple de la messe. Que font, en général, les chrétiens quand ils viennent à la messe ? Quand on va rencontrer un personnage important, on se prépare à le recevoir avec toute la dignité due à son rang. Certaines personnes arrivent assez tôt à l’église, une heure ou trente minutes avant le début de la messe, ce qui leur permet de se préparer intérieurement à rencontrer ou à recevoir en leur cœur la Sainte Trinité, c’est le recueillement et c’est très bien. Mais il arrive que certaines personnes entrent dans l’église sans faire un signe de croix, sans génuflexion, sans prière et vont directement s’asseoir sur les bancs. Elles donnent l’impression de venir assister à un spectacle. Tout cela, c’est déjà de l’imprévoyance comme nous le raconte la parabole des dix vierges. D’autres personnes attendent la dernière seconde pour se mettre dans les bancs. Jésus dit alors à Catalina, une Bolivienne qui a reçu les stigmates du Christ en 1994 : « Tu arrives à la dernière minute quand la procession du célébrant est déjà en route pour célébrer la messe… et tu vas participer sans t’être préparée… ».

Et la Sainte Vierge Marie lui dit également : « Pourquoi devez-vous tous arriver à la dernière minute : tu aurais dû arriver plus tôt pour être capable de prier et demander au Seigneur d’envoyer son Esprit Saint pour qu’Il t’accorde un esprit de paix et te purifie de l’esprit du monde, de tes préoccupations, tes problèmes et tes distractions afin de te permettre de vivre ce moment si sacré. Pourtant, tu arrives presqu’au moment où la célébration est sur le point de commencer et tu participes comme s’il s’agissait d’un événement ordinaire, sans aucune préparation spirituelle. Pourquoi ? C’est ici le plus grand des Miracles. Tu vas vivre le moment où le Dieu Très Haut donne son plus grand cadeau et tu ne sais pas comment l’apprécier ». Au lieu de bavarder en attendant le début de la messe, il est donc recommandé de prier le Seigneur de nous envoyer son Esprit Saint afin que nous soyons purifier de l’esprit du monde.  Certaines personnes arrivent parfois très en retard, par exemple au moment de l’homélie ou même après. A ce moment, elles auront alors manqué le pardon de Dieu, l’enseignement donné par la lecture de la Parole, l’homélie du prêtre. Elles n’auront donc rien entendu de ce que Dieu nous dit à travers sa Parole. Non seulement, il y a des retardataires mais en plus il y en a qui quittent l’église avant la fin de la messe. Ils communient et direction directe en dehors de l’église. Alors que Catalina nous dit (P.48-49) : « Jésus me demande de rester avec Lui quelques minutes après la fin de la Messe : « Ne vous hâtez pas de partir lorsque la Messe est terminée. Restez quelques instants en ma compagnie, profitez-en et laissez-moi profiter de la vôtre ».  – Au moment de l’homélie, pour nombre de personnes c’est davantage un moment de repos que d’écoute de la parole de Dieu. « Dis au Seigneur, nous dit la Sainte Vierge, que tu es ici pour l’écouter, que tu veux qu’Il parle à ton cœur aujourd’hui » et Notre Dame continue : « Je veux que tu portes attention aux lectures et à toute l’homélie du prêtre. Souviens-toi que la Bible dit que la Parole ne revient pas sans avoir porté des fruits. Si tu portes attention, quelque chose de tout ce que tu as entendu restera en toi. Tout au long du jour, tu devrais essayer de te rappeler ces mots qui t’auraient particulièrement frappée. Parfois, ce peut être deux versets. D’autres fois, la lecture de tout l’Evangile ou peut-être seulement un mot. Savoure-les tout au long de la journée et ils feront ainsi partie de toi, car c’est ainsi que l’on arrive à changer sa vie, en permettant à la Parole de Dieu de te transformer ».

C’est parce qu’on ignore toutes ces petites choses spirituelles que nous devenons comme les cinq vierges folles, des imprévoyants, des inconscients, des négligents, des insensés. – Au moment de la Consécration, Catalina nous dit : « Cela me peine de vous dire que plusieurs hommes ou femmes, se tiennent debout, les bras croisés, comme s’ils rendaient au Seigneur comme étant égal à eux. La Vierge Marie dit à Catalina : « Dis aux gens qu’un homme n’est jamais autant homme que lorsqu’il s’agenouille devant Dieu ». Saint Paul lui-même nous dit (Ep 3,14) : « je fléchis les genoux en présence du Père » ; Rm 11,14 : « Par ma vie, dit le Seigneur, tout genou devant moi fléchira ». Peut-être peut-on faire exception pour des gens qui ont très mal aux genoux ou des personnes très âgées qui sont réellement dans l’impossibilité de le faire et d’autres pour des raisons de santé. Et puis arrive le moment de la communion, là aussi nous sommes loin d’avoir la bonne attitude. Voici ce que Catalina voit (P.42s) : « Lorsque le prêtre plaça l’hostie sacrée sur la langue d’une dame qui venait de se confesser avant la messe, un flash de lumière, comme une lumière blanche très dorée passa au travers de cette personne, d’abord dans son dos, puis l’entourant à partir du dos, autour des épaules et ensuite la tête. Le Seigneur dit : « C’est ainsi que Je me réjouis d’enlacer une âme qui vient Me recevoir avec une âme propre ». Là aussi les cinq vierges sensées auraient prévu d’avoir une âme pure avant d’aller recevoir l’hostie, ce que ne feront pas les vierges folles. Et après la communion, Catalina raconte : « Quand je suis retournée à ma place, alors que je m’agenouillais, le Seigneur me dit : « Ecoute… ». Un instant plus tard, je commençai à entendre les prières de la dame qui était assise devant moi et qui venait de recevoir la communion. Ce qu’elle dit sans ouvrir la bouche ressemblait à ceci : « Seigneur, souviens-Toi que nous sommes à la fin du mois et que je n’ai pas d’argent pour payer le loyer, les paiements pour la voiture ou l’école des enfants. Il faut que tu fasses quelque chose pour m’aider…Je T’en prie, fais que mon mari arrête de tant boire. Je ne peux plus supporter son intoxication si fréquente et mon plus jeune garçon va recommencer son année encore, si Tu ne viens pas à son aide. Il a des examens cette semaine…Et n’oublie pas notre voisin qui doit déménager. Fais que cela se fasse tout de suite. Je ne peux plus le supporter…etc… ». Jésus me dit d’un ton triste : « As-tu remarqué sa prière ? Elle ne m’a pas remercié une seule fois. Pas une seule fois, elle m’a dit qu’elle M’aimait pour le cadeau je venais de lui faire en abaissant ma divinité jusqu’à sa pauvre humanité pour pouvoir l’élever jusqu’à Moi. Pas une seule fois elle a dit : « Merci Seigneur ». C’était une litanie de requêtes…et ainsi font presque tous ceux qui viennent me recevoir. Je suis mort par amour et Je suis ressuscité, par amour J’attends chacun de vous et par amour Je reste avec vous…Mais vous ne réalisez pas que J’ai besoin de votre amour. Rappelez-vous que je suis le Mendiant d’Amour dans cette heure sublime pour l’âme ». Non seulement, après la communion, certains ne remercient pas le Seigneur, ce qu’on appelle « faire une prière d’action de grâce », c’est-à-dire avoir une attitude de reconnaissance envers Dieu pour le plus beau cadeau qu’Il vient de nous faire en nous donnant son Fils et toutes les grâces reçues, mais vont s’asseoir tranquillement sur leur banc, tandis que d’autres sortent directement de l’église juste après avoir reçu l’hostie. Et ceux ou celles qui ne peuvent communier à l’hostie, ils peuvent avoir ce qu’on appelle la « communion spirituelle » en ayant, dans leur prière, un très grand désir de s’unir au Christ. – Quelle misère de croire que l’on est sauvé parce qu’on assiste à la messe régulièrement, alors qu’on a presque tout faux de A à Z, en arrivant en retard, en quittant la messe juste après la communion ou avant la fin de la messe, en n’écoutant pas la parole de Dieu, en bavardant, ou en se laissant distraire et bien d’autres attitudes qui peuvent déplaire au Seigneur tout au long de la messe…

Il ne s’agit pas d’assister à la messe mais bien de participer à la messe. Il faut « vivre » la messe – et cela se prépare par la prière du lundi au samedi – car la messe est un moment de rencontre avec un personnage très important : Dieu… qui nous offre gratuitement, par sa Miséricorde infinie, la vie éternelle. Et la parabole d’aujourd’hui consiste à dire justement qu’il faut être prêt, à tout moment, pour recevoir le Seigneur qui vient souvent nous visiter à l’improviste. Vient quand Il veut, on doit être prêt à l’accueillir et l’accueillir comme il se doit, comme Seigneur et Dieu : « Mon Seigneur et mon Dieu ».  Et pour cela il faut être prévoyant, ne rien oublier car chaque rendez-vous avec Dieu est important : que ce soit les différentes célébrations liturgiques, les sacrements, la lecture de la Parole de Dieu, les temps de prière ou les rencontres diverses qu’on peut avoir avec les gens. La vie entière est prière et pour être prêt, il faut vivre notre vie entière comme un long temps de prière permanente, ou prière continuelle. Ce qui nous permet d’être vigilant à chaque instant de notre vie et malgré tout, nous aurons encore des faiblesses à découvrir et à remédier. La vigilance doit être de chaque instant. Et c’est ainsi que se bâtit, à chaque instant de la vie, le Royaume de Dieu sur terre. Chaque chrétien doit faire des efforts pour se tourner constamment vers le Christ sans qui nous ne pouvons absolument rien. Une fois tourné vers le Christ, c’est Lui qui fera le reste. En cette période de pandémie avec la Covid 19, on ne peut rien trouver de mieux pour éviter le stress que de se réfugier constamment dans le Christ et rester dans les bras de notre Sainte Mère, Marie. Si la porte du Royaume se ferme, c’est nous-mêmes qui la fermons à cause de nos propres bêtises et nos manques de vigilance en préférant d’autre remède que le Christ lui-même. C’est pour cela qu’il nous faut veiller, car nous ne savons ni le jour, ni l’heure. Et c’est la Vierge Marie, qui nous aime tant, qui nous apprend tout cela par Catalina. Merci Marie de mieux nous faire comprendre ce que le Christ attend de nous : être comme les vierges sensées capables d’attendre la venue du Fils de Dieu à tout moment.




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 25, 1-13) – Francis COUSIN)

« Prêts pour le repas de noce ? »

 

Novembre, dernier mois de l’année liturgique, qui commence par la Toussaint … et la fête de tous les défunts …

C’est un mois qui nous amène à penser davantage à l’au-delà, à notre fin dernière … sur la terre … , et surtout à notre possibilité d’entrer dans le paradis … de manière simultanée, ou en retrait … après un temps d’attente, dans notre temps terrestre …

Parce qu’après la mort, il n’y a plus de temps terrestre, le temps n’existe plus … Plus besoin de montre, il n‘y a que le temps présent. Plus de passé, plus de futur, seul l’instant est.

Sur cette terre, nous sommes tous dans l’attente de notre mort. Certains avec peur et angoisse … D’autres sans faire un compte avec cela : ça viendra quand ça viendra (les jeunes filles insouciantes) … D’autres en se préparant spirituellement et humainement, quelle que soit leur religion (les jeunes filles prévoyantes), … si tant est qu’on puisse y arriver parfaitement …

Pour nous Chrétiens, nous sommes dans l’attente de cette rencontre avec Jésus-Christ, avec Dieu, … avec tous les saints qui sont déjà auprès de lui, … avec, on peut l’espérer et le souhaiter, des membres de notre famille … et peut-être quelques surprises d’y voir des gens qu’on ne pensait pas trouver là, … ou de ne pas y voir des gens qu’on aimait et dont la présence nous semblait évidente …

Mais cela, c’est la volonté de Dieu, car « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1 S 16,7).

Dans l’évangile de ce jour, on voit deux types de jeunes filles, mais ce peut être n’importe quelle personne : Les prévoyantes, celles qui ont de l’huile en réserve, et les insouciantes qui elles n’en ont pas. Avec des conséquences importantes : les premières entrent au banquet de noce, et les autres sont exclues : « Je ne vous connais pas ! ».

Mais quelle est donc cette huile, qui est un peu le sésame pour entrer dans la salle du banquet, dans le royaume des cieux ? Cette huile que nous devrions, nous aussi, avoir en réserve ?

Jésus ne le précise pas … mais on peut penser que c’est ce qui est l’essentiel de Dieu : l’amour. Ce qu’il est depuis toujours, qu’il a donné à son Fils et à l’Esprit, ce qui est à la base de l’enseignement de Jésus …

C’est ce que nous avons vu il y a quinze jours, avec les deux commandements de l’amour : l’amour pour Dieu, et l’amour entre les hommes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22,37-39).

Pour le confirmer, saint Jean de la Croix nous dit : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».

Mais l’époux tarde, … et nous risquons, comme les jeunes filles de la parabole, de trouver le temps long … et de nous endormir … pas seulement physiquement, mais spirituellement … de laisser tomber ce Dieu qui nous attend … comme les apôtres à Gethsémani, quand Jésus priait le Père d’éloigner la coupe du sacrifice …

Les portes du festin de noce sont encore fermées … Jésus que les premiers chrétiens attendaient pour bientôt n’est pas encore revenu … et les portes ne seront ouvertes qu’à la fin des temps, à la parousie de Jésus … et on ne sait ni le jour ni l’heure de son retour.

Alors les trompettes sonneront et un héraut criera : « Voici l’époux, sortez à sa rencontre ».

Serons-nous prêts ? avec suffisamment d’huile, d’amour, pour aller vers lui sans baisser la tête ?

Saint François d’Assise priait : « Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mort corporelle, à laquelle nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels. Heureux ceux qu’elle trouvera dans tes très saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal. »

Prions pour qu’à cette heure de notre mort nous ayons encore suffisamment d’huile, d’amour vrai dans notre cœur, pour que nous puissions allumer notre lampe, que notre cœur inonde de lumière, de cette lumière qui brille dans les ténèbres du monde, et que les ténèbres ne peuvent pas arrêter, et que nous puissions entrer dans la lumière éternelle de Dieu.

 

Seigneur Jésus,

Nous voulons tous

nous retrouver dans ton paradis,

mais l’attente est longue

et nous risquons de t’oublier,

et ton commandement d’amour avec …

à cause des attraits du monde,

de notre égoïsme, de notre suffisance …

Aide-nous à rester vigilants.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 32°




COMMEMORATION DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS

                 Où vont nos morts ?

             Paradoxalement, on n’a jamais vu autant la mort que ces temps derniers : au travers des informations télévisées, où rien ne nous est caché, souvent avec une totale impudeur. Avec la surabondance des films violents, sans parler des jeux vidéo, où l’on est autorisé à tuer son adversaire. La mort virtuelle est omniprésente dans chaque foyer. Et l’on peut jouer avec elle, cela semble tout naturel à nos jeunes.

            Cette banalisation de la mort ne la rend pas pour autant moins effrayante pour l’homme. D’autant que cette banalisation est de plus en plus dangereuse, incitant les jeunes à des conduites outrancièrement risquées, tel le tristement jeu du foulard, qui a déjà fait de nombreuses victimes.

            On va jusqu’à la frôler cette mort, on flirte avec elle, et, trop souvent, ce côtoiement, cette intimité de plus en plus poussés, conduisent à la catastrophe sans retour.

            De même que l’on meurt de plus en plus violemment, que ce soit d’accident, de guerre, de catastrophe naturelle, d’agression par autrui ou soi-même, la maladie est aussi une agression violente.

            Alors, on la cache et surtout, on se la dissimule à soi-même.

            Nous nous posons la question de savoir si les croyants meurent « mieux » que les autres. L’expérience nous apprendra que non.

            Comme dans la population courante, il y a des personnes qui meurent sereinement, d’autres difficilement. Entre ces deux extrêmes, toute une gamme infinie de nuances, suivant la personnalité du sujet, la façon dont il a vécu, sa culture, ses lectures, ses croyances.

            Tout d’abord, à quoi correspond l’expression « bien mourir » ?

            Pour la plupart des gens, cela signifie ne pas souffrir, partir le plus rapidement possible. Là encore l’idée de mort reste dans le flou. On a l’image d’un évanouissement dans le néant.

            Et si la mort représentait bien autre chose ? Réfléchissons.

           La naissance est un phénomène reconnu, nous pouvons dire, pour employer le jargon à la mode, « hypermédiatisé ».

            En effet, bébé est attendu, par la famille, bien sûr, mais aussi par la société, qui l’entoure avant même qu’il paraisse.

            Les visites médicales, la préparation de la chambre, le choix du prénom, tous ces actes posent la naissance comme un événement important, l’enfant à naître est reconnu en tant que personne dès sa conception.

            En tant qu’être neuf, on attend de lui des miracles d’amour, de tendresse, de réussite. Les parents se projettent en lui, vont souvent vivre à travers lui, par procuration, les rêves qu’ils n’ont pas pu réaliser par eux-mêmes.

            L’enfant deviendra le réceptacle, en même temps que le rédempteur, de toutes les frustrations, toutes les erreurs accumulées au cours de l’existence de ses géniteurs.

            Dans ce contexte plein d’attente, de fièvre parfois, il est bien évident qu’une naissance est un phénomène d’une extrême importance, puisqu’elle représente un début, le commencement d’une grande aventure, que l’on espère heureuse pour toute la cellule familiale.

            Qu’en est-il de la mort ?

            Celui qui part a fini sa vie, s’il est âgé, ses parents ne sont plus. S’il est jeune, sa mort signifie la fin des espoirs de ses parents. La mort d’un jeune est toujours vécue comme un échec, quel que soit l’âge de l’enfant. Les parents qui perdent un enfant se sentent coupable de ne pas avoir réussi à le protéger, à l’éduquer jusqu’à l’âge d’homme.

            La disparition d’une personne âgée représente autre chose. Quel que soit le degré d’attachement que l’on avait pour elle, son évolution terrestre est accomplie, elle a, pour employer l’expression populaire, « fait son temps ».

            Certaines familles ressentent plutôt du soulagement devant la fin des souffrances et la déchéance de la personne âgée.

            D’autres encore, se réjouissent secrètement de toucher enfin l’héritage… Comportements humains, parfois discutables, mais bien réels.

            La mort, au contraire de la naissance, n’apparaît pas, dans nos civilisations occidentales, comme un phénomène important, puisqu’on fait tout pour l’occulter. POURQUOI ?

             Tout d’abord, parce qu’elle représente une fin, contrairement à la naissance.

            Ensuite, la peur de l’inconnu semble la cause la plus évidente, ainsi que ses corollaires : peur de perdre les êtres chers, les biens terrestres, la fortune, la liste peut s’allonger à l’infini.

            La naissance est un phénomène connu, dès qu’elle survient, mais avant, où se situe l’humain ?

            « Nul ne se donne à soi-même sa vie, c’est toujours à partir de la vie que s’engendre la vie, même lorsque la vie particulière d’un embryon est procurée par une manipulation in vitro.

             La vie ne vient jamais de nulle part, que l’on naisse d’un acte d’amour, ce qui est le plus humain, ou que l’on naisse d’une éprouvette, c’est d’une vie déjà existante que la vie, notre vie, surgit.

            La vie se révèle toujours dans un vivant qui en est le support, l’expression. Puisque la vie s’engendre elle-même dans un vivant dans lequel elle s’exprime, et que pas un de ces vivants ne se donne la vie à lui-même, on peut en conclure, en remontant l’origine de la vie, qu’il y a nécessairement « la vie capable de s’engendrer elle-même, celle que le christianisme appelle Dieu ».

            C’est ainsi qu’en christianisme, la Vie auto-engendrée est le Père, et le Vivant Éternellement Engendré qui exprime la vie est le Verbe ou encore le Fils. »

                                   Michel AUPETIT.

            La mort est connue également au moment où elle a lieu, mais après, que devient cette part intangible que l’on appelle âme ? 

            Ce sont ces deux grandes questions, apparemment impossible à résoudre hors de la Foi, qui angoissent tellement la plupart des gens.

            Quand un malade sent venir le grand voyage, il n’est pas rare  qu’il se tourne vers la spiritualité. Même ceux qui ont été, au cours de leur vie, exclusivement matérialistes, commencent à s’interroger, sauf bien sûr quelques irréductibles.

            Par contre, paradoxalement, ceux qui, toute leur vie, ont pratiqué une religion, qu’elle soit chrétienne ou non, ne meurent pas plus facilement que les autres, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Bien au contraire !

            Ce sont souvent eux qui doutent, alors que les néophytes en la matière font les découvertes essentielles, à savoir la Foi et l’Amour des autres.

            Dans l’esprit de bien des gens, religion et foi sont mêlées, alors qu’il s’agit de deux domaines, certes intriqués, mais très différents.

            LA RELIGION est le lien, le véhicule qui amène la créature au Créateur ; elle est souvent empreinte de rites, de dogmes, qui ne conviennent  qu’à très peu de gens.

           La FOI est, au contraire, libératrice, et très personnelle. Elle relève du domaine de l’Espérance, de l’Amour. Elle permet à l’humain de se rattacher aux autres, au cosmique, à l’univers, aux règnes animaux et végétaux.

            C’est grâce à la Foi que l’homme trouve un sens à sa vie. L’essentiel est d’admettre ce qui nous dépasse. Malheureusement, c’est la notion la plus difficile à partager…

            Ceux qui manifestent de l’aigreur sont rares, et leur cas est doublement dramatique.

            Atteinte d’une maladie qui ne leur laisse que très peu de temps, leur caractère difficile les empêche de se lier, de savourer des moments de sympathie, d’amitié, d’attachement affectif. D’où une souffrance aggravée.

            Quand on perd un être cher, on se pose souvent la question :

            Pourquoi lui, qui n’a jamais fait de mal à personne ?

            Cette question hante parfois durant des années les personnes en deuil.

            Malheureusement, nul ne détient la réponse, et il importe de le dire aux endeuillés.

            Pourquoi certains partent avant d’autres, alors que, comme la plupart des humains, ils ne sont « ni meilleurs ni pires » ?

            La mort nous touche tous, que l’on soit bon ou méchant, jeune ou vieux. Elle est toujours perçue comme une injustice, quel que soit l’âge du départ.

Voici le témoignage de Claudie GUIMET, aumônière en milieu hospitalier.

            Julie est une belle jeune fille Antillaise. Grande, mince, des yeux profonds, chaleureux et remplis d’amour.

            Atteinte d’une leucémie, on a tenté sur elle une greffe de moelle osseuse, qui a échoué.

Aide-soignante de son métier, elle n’ignore rien de son cas, et sait qu’elle n’en a plus pour longtemps. Elle ne souffre pas, ses cheveux commencent à repousser après une chimiothérapie très éprouvante. Le seul symptôme qu’elle éprouve, pour l’instant, est une grande fatigue, contre laquelle elle lutte avec un courage stupéfiant. Chaque jour, elle se force à de longues promenades dans les bois. Elle aime particulièrement un lac de montagne, situé en contrebas de l’hôpital, qu’on appelle « lac vert ».

Elle revient de ces expéditions exténuée, mais pas question pour elle d’y renoncer, tant est grand son émerveillement devant cette sublime nature montagnarde.

Dans cette farouche volonté, on discerne aussi un besoin de se dépasser, de se lancer un défi. Nombreux sont les malades qui, au quotidien, dans le vouloir, donnent aux bien portants ces leçons de courage phénoménal.

Julie la jolie a pris froid. Blottie dans son lit, fiévreuse, les yeux brillants dilatés, elle grelotte, malgré les médicaments et la couverture supplémentaire.

La veille, elle a voulu se rendre, comme d’habitude au lac Vert, malgré une météo instable. Les orages en montagne sont très violents, elle est revenue sous une pluie diluvienne.  Je la gronde pour son imprudence, elle me répond, avec une ironie très aristocratique qui me laisse confondue :

            « Au point où j’en suis, quelle importance ?

Je caresse son front brûlant de fièvre. Elle me sourit gentiment, comme pour me consoler. Les larmes me viennent aux yeux, et je me détourne pour faire semblant de me moucher.

Cette enfant des îles, merveilleuse d’humanité, de tendresse, va bientôt nous quitter. On ne s’habitue pas à tant d’injustice…

Julie me demande de lui faire écouter un peu de musique, et ne peut s’empêcher de remuer doucement, au creux de ses draps, au rythme du zouk. Sa situation pour le moins dramatique ne l’empêche pas de manifester la joie intérieure que rien ni personne ne pourront lui enlever. Elle rayonne d’une flamme intense, faite d’amour pour la vie, de compassion pour ses congénères malades, de Foi en Dieu et dans les hommes.

C’est moi qu’elle réconforte !

Peu à peu, la chambre se remplit. Le téléphone arabe a fonctionné, chacun est averti du malaise de Julie. Tout ceux qui l’aiment viennent la voir, et ils sont nombreux.

Elle a tellement donné d’elle-même, réconfortant les plus tristes, riants avec les plus gais, préparant des friandises pour ceux qui n’avaient plus d’appétit. Longtemps sa voix a résonné dans les couloirs, voix douces chantant les merveilles de son pays de soleil. Ils sont tous là, jeunes et vieux, unis dans leur amour pour cette jeune femme rayonnante.

Elle passe une très mauvaise nuit malgré les somnifères et, le lendemain, m’annonce que sa mère va venir de Saint-Pierre de la Martinique.

            « Pour des vacances bien mérités », me précise-t-elle, souriante. Je sais bien qu’elle n’est pas dupe. Le médecin a prévenu la famille que la jeune fille vivait ses derniers jours.

            La maman arrive le surlendemain, grise d’angoisse sous la peau sombre.

            Après un grand moment passé près de sa fille, elle me dit qu’elle est un peu rassurée : Julie lui semble moins malade qu’elle ne l’aurait cru. C’est qu’elle s’entend à donner le change, notre Julie !

Qui la croirait malade, la voyant toujours gaie, souriant, plaisantant, chantant et s’activant tout la journée en salle commune ?

Pour accueillir sa mère, elle s’est levée, est même parvenue à la conduire dans la pièce de réunion, où elle l’a présentée à tous ses amis.

Chacun lui ayant chanté les louanges de sa précieuse fille, elle est ravie, et affiche une fierté non usurpée. Pendant la sieste de Julie, elle me rejoint dans la pièce réservée aux visiteurs et, devant un bon café, me confie.

« Julie, petite fille indépendante dès ses premières années, avait toujours rêvé de vivre en métropole. C’était sa grande ambition. Elle aurait voulue être médecin, mais… la case familiale se remplissait chaque année d’un nouveau-né, la jeune fille n’avait pu faire que de modestes études d’aide-soignante, et encore en les payant soi-même. Ne trouvant pas de travail sur son île, elle est venue en métropole, mais avec l’arrière-pensée, toujours, de mener à bien des études d’infirmière, de regagner un jour sa terre natale pour s’y rendre utile auprès des souffrants. »

Je découvre une Julie tenace, volontaire, allant jusqu’au bout de ses projets. Ce caractère entier lui a sans doute permis ce dépassement de soi lors de sa maladie.

Nous retournons près d’elle. Elle règle elle-même sa pompe à morphine, et ne souffre pas. Ses yeux rieurs nous accrochent, comme pour nous dire de ne pas nous inquiéter, que ce qu’elle traverse n’est pas grave. Son regard ferme, volontaire, nous supplie de ne pas nous apitoyer. De concert, la maman et moi trouvons quelques plaisanteries à échanger, le cœur serré, en espérant qu’elle ne remarquera pas nos yeux embués… Je les laisse.

La maman, le soir, me dit que Julie est prête à partir, elle a promis de « veiller, de là-haut, sur sa famille, particulièrement ses petits frères qu’elle chérit plus que tout. »

Je raconte le courage extraordinaire de la jeune fille, ses promenades, sa disponibilité à aider les plus malades qu’elle.

Quand nous retournons dans la chambre, Julie s’est endormie, un léger sourire aux lèvres, comme si elle se promenait déjà dans la contrée accueillante qu’elle va bientôt rejoindre, du moins nous l’espérons.

Le lendemain matin, quand j’arrive dans le service,  j’entends des lamentations, des pleurs lancinants. Comprenant tout de suite que Julie est partie, je vais dans sa chambre. La maman se balance d’avant en arrière sur sa chaise, et se lamente. Le personnel, complice dans son chagrin, la laisse s’épancher.

La jeune fille, étendue sur son lit, est extraordinaire de beauté et de sérénité.

D’après sa maman, au moment de partir, elle a eu un regard et un sourire lumineux et a murmuré :

            –  « Maintenant, je me sens bien »…

Paroles qui en disent long sur les souffrances que, durant de longues semaines, elle s’est ingéniée à nous cacher, avec un courage qui confine à l’héroïsme !

Quand la pauvre mère en deuil est plus calme, nous parlons longuement de ce fameux passage dans une dimension dont nous ignorons tout.

            Elle est persuadée qu’elle reverra sa fille, et que celle-ci se trouve à présent heureuse dans une contrée où la maladie et le malheur n’existent plus. Cette pensée va la soutenir durant de mois, facilitant son travail de deuil.

           La Foi aide puissamment lors d’un deuil.

            Tout d’abord, l’Espérance, voire la certitude, de retrouver l’être cher adoucissent le chagrin, atroce les premiers jours. Une fois passée la période de stupeur, de déni, la personne va essayer de chercher consolation là où elle peut. La famille, les amis, l’entourage d’une façon générale peuvent réconforter, bien sûr. Mais rien  ne remplace  la Foi, cette Confiance en un Dieu d’Amour qui accueille chacun en son sein, une fois la période d’épreuves sur terre achevée.

                                               « Dernières joies avant la mort ». Edition du Cerf.

                                                                       Noéline FOURNIER

 

 




Solennité de Tous les saints – par Père Rodolphe EMARD

Homélie :

Lectures : Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a.

 

Chaque année, la liturgie nous offre l’occasion de célébrer tous ceux et celles qui nous ont précédés sur cette terre et que nous considérons comme des saints dans « la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut »[1]. Les textes bibliques présentent très bien ce qu’est cette solennité de tous les saints qu’on nomme aussi la communion des saints.

Dans la première lecture, les saints sont cette « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. » Ils se tiennent « debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. », pour reprendre les mots du texte.

Il s’agit d’une foule universelle, une assemblée de saints de partout et de toujours, connus et inconnus et qui se tiennent devant l’Agneau, le Christ. Ils sont « vêtus de robes blanches » : ils dans la pleine lumière de Dieu, dans sa gloire éternelle, totalement purifiés du péché… Ils sont « avec des palmes à la main », symbole de la victoire.

Jean dans sa vision rappelle un point majeur : ces saints « viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » Ce qui nous rappelle un point majeur frères et sœurs, les saints sont ceux et celles que Jésus a sauvés par sa mort et Résurrection. Ceux et celles qui se sont remis à lui et qui ont pris au sérieux sa Parole. Ceux et celles qui ont persévéré dans le combat chrétien…

Saint Jean rappelle dans la deuxième lecture que « nous sommes enfants de Dieu » et en même temps, il annonce une folle espérance : « nous lui serons semblables [à Dieu] car nous le verrons tel qu’il est. » Les saints ont pris au sérieux leur dignité d’enfant de Dieu reçu dans le Baptême et ils ont vécu fermement dans cette espérance d’être un jour semblables à Dieu et de le voir tel qu’il est.

Dans l’Évangile, nous avons les neuf béatitudes de Jésus : « Heureux… » Les saints sont ces bienheureux qui ont vécu réellement ces béatitudes. Ces saints ont fait le choix de la charité, celui d’aimer les pauvres et ceux qui souffrent. Ils ont également revêtu la douceur et la miséricorde. De même, ils ont opté pour un cœur pur. Ils ont été encore des artisans de paix et de justice. Et les saints ont su tenir bon dans les épreuves et les persécutions et face aux insultes, au nom de leur foi en Jésus-Christ.

Cette solennité de tous les saints nous invite à purifier certaines fausses pensées populaires. Les saints sont sauvés de Jésus-Christ, ils guideront toujours et uniquement vers Jésus-Christ : ils se tiennent « devant l’Agneau ». Ils sont entièrement purifiés du péché, en aucun cas, ils ne peuvent attribuer le mal. Ce qu’ils sont, ils le doivent au Christ !

Les saints sont vénérés dans la tradition de l’Église comme des intercesseurs auprès du Christ. Ils nous sont solidaires ! Ils sont des aides fraternelles précieuses dans notre vie de foi. Et leurs témoignages de vie nous stimulent, ils nous montrent la route à suivre pour atteindre la cité du ciel. Ils sont les mieux placés parce qu’ils ont suivi cette route et parce qu’ils sont parvenus au terme de cette route.

N’oublions pas cet essentiel : les saints nous tournent toujours vers le Christ ressuscité. Il nous arrive parfois de dire que : « Tel saint m’a exaucé ». Il serait plus juste de dire : « Le Christ m’a exaucé par l’intercession de tel saint… »

Cette solennité nous rappelle aussi que notre destinée c’est de rejoindre la communion des saints. Le risque serait de croire que la sainteté est seulement réservée à des êtres exceptionnels et l’affaire d’une autre vie. Chacun de nous est appelé à vivre la sainteté.

 

C’est dans notre histoire humaine que les saints ont vécu pleinement l’Évangile. Il me semble que les saints nous invitent à deux actions dans notre contexte d’aujourd’hui :

 

  • Que nous prenions au sérieux cet appel à la sainteté, pour aujourd’hui ! Cela a réellement commencé pour nous depuis notre Baptême… C’est bien aujourd’hui qu’il faut se décider pour le Christ et son É Les béatitudes forment la « carte d’identité » du chrétien.

  • Que nous puissions aussi percevoir les signes de sainteté en ce monde. Le monde entier est terriblement touché par la Covid-19. La France vit des heures sombres… L’actualité pointe beaucoup les points noirs, tout ce qui ne va pas. Mais que cela ne nous empêche pas de percevoir les signes de sainteté que l’Esprit-Saint sème dans ce monde ébranlé.

Le pape François nous invite à découvrir la sainteté « de la porte d’à côté », ceux de nos quartiers, ceux qui vivent concrètement leur Baptême, là où ils sont insérés, et ne soyons pas trop vite pessimistes, ils sont plus nombreux que nous croyons. Nous pensons plus particulièrement au personnel soignant. 

Que tous les saints intercèdent pour nous. Ils nous rappellent que la sainteté est le plus beau visage de l’Église. Que les saints nous obtiennent une plus vive espérance en ce monde, qu’un jour, nous aussi, nous verrons Dieu tel qu’il est. Je termine en reprenant la prière d’ouverture de la messe : « Dieu éternel et tout puissant, tu nous donnes de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus ; puisqu’une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».  Amen.

 Père Rodolphe Emard.

 

[1] Cf. Préface.