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Toussaint (Matth 5, 1-12) – Francis COUSIN)

« Appelés à la Sainteté. »

 

La fête de la Toussaint que nous célébrons ce jour est l’occasion de penser à tous ceux qui sont auprès de Dieu dans le Paradis, et ils sont nombreux : il y a ceux qui sont connus et reconnus comme saints par les hommes … et il y a tous ceux qui ont été reconnus par Dieu comme saintes ou saints, mais que nous ne connaissons pas …

Mais si on peut se réjouir de la sainteté de ceux qui sont déjà auprès de Dieu, c’est aussi pour nous tous un appel à prendre le même chemin, celui de la sainteté … non pas en essayant d’imiter tel saint ou telle sainte, car « il ne s’agit pas d’appliquer des recettes ni de répéter le passé, puisque les mêmes solutions ne sont pas valables en toutes circonstances, et ce qui sera utile dans un certain contexte peut ne pas l’être dans un autre. » (Pape François, GE n° 173), mais en vivant l’évangile que Jésus nous a enseigné, lui qui est « le chemin, la vérité et la vie. » (Jn 14,6).

Et tous les textes de ce jour nous invitent à regarder vers l’avenir, vers après la mort, tout en nous donnant des conseils pour arriver au bout du « chemin », pour « gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint. » (Psaume).

La première lecture nous offre la vision de ce monde futur : « une foule immense, (…) de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. (…) Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! ». Et la robe blanche, le vêtement de noce leur a été donné « par le sang de l’Agneau », par le don de Jésus s’offrant en sacrifice pour nous sur la croix.

Qui peut être auprès de Dieu, « sur la montagne du Seigneur » ? l’humain « au cœur pur, aux mains innocentes » : avoir la pureté dans son cœur, et dans ses actes, et ainsi être béni de Dieu, être reconnu comme juste par Dieu.

La deuxième lecture nous dit que nous sommes dès à présent « enfants de Dieu » par notre adhésion à sa personne, mais que plus tard, à la parousie de Jésus, « quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. ». Ayons en nous cette espérance de la rencontre avec Jésus.

Le passage de l’évangile, qui est bien connu et que nous appelons les Béatitudes, commence ce qu’on appelle le sermon sur la montagne. C’est un chemin de vie, de manière de vivre, mais qui est loin des dix paroles données par Dieu à Moïse sur la montagne du Sinaï : c’était alors des commandements qu’il fallait respecter, alors que les béatitudes sont des indications pour une vie nouvelle, qui nous semblent parfois impossible à vivre, et dont les bienfaits nous semblent bien lointains pour nous-mêmes, dans la vie éternelle ; Mais c’est oublier tous les bienfaits que cela peut procurer à notre entourage, proche ou lointain, dans ce monde même. Il est donc important que nous essayons, chacun à notre manière, de les vivre du mieux que nous pouvons, avec l’aide de l’Esprit Saint. « Les béatitudes ne sont nullement quelque chose de léger ou de superficiel, bien au contraire ; car nous ne pouvons les vivre que si l’Esprit Saint nous envahit avec toute sa puissance et nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil. » (Pape François, GE n° 65).

Ce dimanche pourrait être l’occasion de nous inciter à relire le troisième chapitre de l’exhortation apostolique ’’Gaudete et Exsultate’’ du pape François, notamment les numéros 67 à 94. Vivre selon l’esprit des Béatitudes est quelque chose de difficile, d’ardu, est qui est tout à l’opposé de ce que le monde dans lequel nous vivons nous incite à faire.

Dieu veut nous rendre heureux, il veut notre bonheur. Pas seulement maintenant, mais surtout pour la vie éternelle, que nous soyons auprès de lui, pour le louer, avec tous les saints qui sont déjà près de lui.

Il est sûr que c’est un bonheur parfois à l’opposé du bonheur immédiat que nous propose, voire parfois veut nous imposer la société dans laquelle nous vivons.

C’est un choix à faire …

Seigneur Jésus,

Les béatitudes que tu nous as proposées

comme chemin d’accès à la vie éternelle

sont très exigeantes

et nous semblent impossibles

 à réaliser par nous-mêmes,

sauf à se laisser aller

à l’action de l’Esprit Saint.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Toussaint A




Solennité de la Toussaint par le Diacre Jacques FOURNIER

Heureux ceux qui croient à l’Amour
(Mt 5,1-12)…

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

 

        

            Autrefois, dans le cadre de l’Alliance conclue avec son Peuple, Dieu donna sa Loi à Moïse sur une montagne (Ex 19-20). Ici, Jésus « gravit la montagne » et donne aux « grandes foules qui le suivirent, venues de la Galilée (Juifs), de la Décapole (païens), de Jérusalem (Juifs), de la Judée (Juifs), et de la Transjordanie (païens) » (Mt 4,25), la Loi Nouvelle de « l’Alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25 ; 2Co 3,6) et éternelle, une Alliance qui existe de fait depuis la création du monde  entre Dieu et tous les hommes (Gn 9,8-17). Avec Jésus et par Lui (Hb 9,15 ; 12,24), ce Mystère est dorénavant pleinement révélé (Rm 16,25-27)…

            Cette Loi nouvelle est un appel au bonheur ! Dieu a créé l’homme pour qu’il soit heureux (Gn 2,8). Il veut son bonheur (Dt 4,40 ; 5,16.29.33 ; 6,3…), il ne cesse de le désirer, d’y travailler… Pourquoi ? Car « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), et l’Amour « ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien » (Jr 32,40). Et comment s’y prend-t-il ? Jésus, le Fils éternel, en est le parfait exemple : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). Gratuitement, par Pur Amour, le Père ne cesse de se donner tout entier à son Fils pour le combler de tout ce qu’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi, de toute éternité, « avant tous les siècles », d’avoir part à sa vie (Jn 5,26) en « Unique-Engendré » (Jn 1,14.18 ; 3,16.18), « non pas créé », « Lumière » (Jn 1,9 ; 3,19 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,46) « née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ».

            Voilà le Mystère que le Fils est venu nous révéler : il se reçoit tout entier de l’Amour du Père, dans un acte éternel, totalement pur et gratuit, que le Père pose à son égard, dans la seule recherche du Bien de son Fils… Le Fils n’est donc rien par lui-même, et cela jusques dans les Paroles (Jn 8,26-29 ; 12,49-50 ; 17,8) et les Actions qu’il pose pour révéler ce Mystère du Père : « Je ne peux rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30 ; 7,28 ; 8,28.42).

            Jésus est ainsi le parfait « pauvre de cœur » et il nous invite tous à la même attitude : accepter de reconnaître notre misère, l’offrir à l’Amour infini, et nous tourner de tout cœur vers Lui pour recevoir, avec le Fils et comme le Fils, ce que le Fils reçoit Lui-même du Père de toute éternité. Et que reçoit-il ? La Plénitude de l’Esprit, donnée gratuitement, par Amour, une Plénitude qui l’engendre en Fils « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), comblé par « la joie de l’Esprit » (Lc 10,21 ; Jn 15,11 ; Ga 5,22 ; 1Th 1,6). « Le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,23) ? « Heureux les doux » ! « Le fruit de l’Esprit est Amour Miséricordieux » (Ga 5,22) ? « Heureux les miséricordieux » ! « Le fruit de l’Esprit est Paix » (Ga 5,22) ? « Heureux les artisans de paix » ! L’Esprit lave et purifie les cœurs blessés par le péché (Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11) ? « Heureux les cœurs purs » ! Oui, vraiment, « heureux ceux qui croient » (Jn 20,29) que « Dieu est Amour », Pur Amour, car ils seront comblés pour l’éternité par le Don de l’Amour ! Là est la source du seul vrai Bonheur…

      DJF




Audience Générale du Mercredi 21 Octobre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 21 Octobre 2020


Catéchèse – 11. La prière des Psaumes. 2

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous devrons changer un peu la manière d’organiser cette audience en raison du coronavirus. Vous êtes séparés, également avec la protection du masque, et je suis un peu éloigné et je ne peux pas faire ce que je fais toujours, m’approcher de vous, car il arrive que chaque fois que je m’approche, vous venez tous ensemble et on perd la distance, le danger de la contagion existe alors pour vous. Je suis désolé de faire cela, mais c’est pour votre sécurité. Au lieu de venir près de vous et de serrer les mains et saluer, nous nous saluerons de loin, mais sachez que je suis proche de vous avec le cœur. J’espère que vous comprenez pourquoi je fais cela. Ensuite, alors que les lecteurs lisaient le passage biblique, mon attention a été attirée par ce petit garçon ou cette petite fille qui pleurait.

Et je voyais sa mère qui caressait et allaitait l’enfant et j’ai pensé: «Dieu fait ainsi avec nous, comme cette mère». Avec combien de tendresse elle cherchait à déplacer l’enfant, à allaiter. Ce sont de très belles images. Et quand cela arrive à l’église, quand un enfant pleure, on sait que là, il y a la tendresse d’une mère, comme aujourd’hui, il y a la tendresse d’une mère qui est le symbole de la tendresse de Dieu avec nous. Il ne faut jamais faire taire un enfant qui pleure à l’église, jamais, car c’est la voix qui attire la tendresse de Dieu. Merci pour ton témoignage.

 

 

Nous complétons aujourd’hui la catéchèse sur la prière des Psaumes. Nous remarquons tout d’abord que dans les Psaumes apparaît souvent une figure négative, celle de l’“impie”, c’est-à-dire celui ou celle qui vit comme si Dieu n’existait pas. C’est la personne sans aucune référence au transcendant, sans aucun frein à son arrogance, qui ne craint pas les jugements sur ce qu’elle pense et ce qu’elle fait.

C’est pour cette raison que le Psautier présente la prière comme la réalité fondamentale de la vie. La référence à l’absolu et au transcendant – que les maîtres d’ascétique appellent la “sainte crainte de Dieu” – est ce qui nous rend pleinement humains, c’est la limite qui nous sauve de nous-mêmes, en empêchant que nous nous jetions sur cette vie de manière prédatrice et vorace. La prière est le salut de l’être humain.

Assurément, il existe également une prière fausse, une prière faite seulement pour être admirée par les autres. Celle de celui ou de ceux qui vont à la Messe uniquement pour faire voir qu’ils sont catholiques ou pour faire voir le dernier modèle qu’ils ont acheté, ou pour faire bonne figure socialement. Ils récitent une fausse prière. Jésus a admonesté avec force à cet égard (cf.  Mt 6, 5-6; Lc 9, 14). Mais quand le vrai esprit de la prière est accueilli avec sincérité et descend dans le cœur, alors celle-ci nous fait contempler la réalité avec les yeux mêmes  de Dieu.

Quand on prie, chaque chose acquiert de l’“épaisseur”. Cela est curieux dans la prière, nous commençons peut-être par une chose imperceptible, mais dans la prière cette chose acquiert de l’épaisseur, acquiert du poids, comme si Dieu la prenait par la main et la transformait. Le pire service que l’on puisse rendre à Dieu et également à l’homme, est de prier avec lassitude, de manière routinière. Prier comme des perroquets. Non, on prie avec le cœur. La prière est le centre de la vie. S’il y a la prière, notre frère, notre sœur, également notre ennemi,  deviennent eux aussi importants. Un antique dicton des premiers moines chrétiens dit ainsi: «Bienheureux le moine qui, après Dieu, considère tous les hommes comme Dieu» (Evagrio Pontico, Traité sur la prière, n. 123). Celui qui adore Dieu aime ses enfants. Celui qui respecte Dieu, respecte les êtres humains.

C’est pourquoi la prière n’est pas un calmant pour atténuer l’anxiété de la vie; de toutes façons, une prière de ce genre n’est sûrement pas chrétienne. La prière responsabilise plutôt chacun de nous. Nous le voyons clairement dans le «Notre Père», que Jésus a enseigné à ses disciples.

Pour apprendre cette manière de prier, le Psautier est une grande école. Nous avons vu que les Psaumes n’utilisent pas toujours des paroles raffinées et gentilles, et ils portent souvent imprimées les cicatrices de l’existence. Pourtant, toutes ces prières ont été utilisées auparavant dans le Temple de Jérusalem et ensuite dans les synagogues; même celles plus intimes et personnelles. Le Catéchisme de l’Eglise catholique s’exprime ainsi: «Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et dans le cœur de l’homme» (n. 2588). Et ainsi, la prière personnelle puise et se nourrit tout d’abord à celle du peuple d’Israël, et ensuite à  celle du peuple de l’Eglise.

Même les psaumes à la première personne du singulier, qui confient les pensées et les problèmes les plus intimes d’un individu, sont un patrimoine collectif, jusqu’à être priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a ce «souffle», cette «tension» spirituelle qui garde ensemble le temple et le monde. La prière peut commencer dans la pénombre d’une nef, mais ensuite elle termine sa course dans les rues de la ville. Et vice versa, elle peut germer pendant les occupations quotidiennes et arriver à son accomplissement dans la liturgie. Les portes des églises ne sont pas des barrières, mais des «membranes» perméables, disponibles à recueillir le cri de tous.

Dans la prière du Psautier, le monde est toujours présent. Les psaumes, par exemple, donnent voix à la promesse divine de salut des plus faibles: «A cause du malheureux qu’on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé, j’assurerai le salut à ceux qui en ont soif» (12, 6). Ou bien, ils avertissent du danger des richesses mondaines, car «l’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qu’on abat» (48, 21). Ou bien encore, ils ouvrent l’horizon au regard de Dieu sur l’histoire: «Yahvé déjoue les plans des nations, il empêche les pensées des peuples; mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d’âge en âge» (33, 10-11).

En somme, là où Dieu est présent, l’homme doit aussi être présent. L’Ecriture Sainte est catégorique: «Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le premier. Mais Lui va toujours avant nous. Il nous attend toujours, parce qu’Il nous aime le premier, Il nous regarde le premier, Il nous comprend le premier. Il nous attend toujours. Si quelqu’un dit: ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Si tu pries de nombreux chapelets chaque jour, mais qu’ensuite tu fais des commérages sur les autres et que tu as de la rancœur en toi, tu as de la haine contre les autres, c’est de l’artifice pur, ce n’est pas la vérité. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de Lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère» (1 Jn 4, 19-21). L’Ecriture admet le cas d’une personne qui, bien que cherchant sincèrement Dieu, ne réussit jamais à le rencontrer; mais elle affirme également que l’on ne peut jamais nier les larmes des pauvres, sous peine de ne pas rencontrer Dieu. Dieu ne supporte pas l’ «athéisme» de celui qui nie l’image divine qui est imprimée dans chaque être humain. Cet athéisme de tous les jours: je crois en Dieu, mais avec les autres je garde la distance et je me permets de haïr les autres. C’est de l’athéïsme pratique. Ne pas reconnaître la personne humaine comme image de Dieu est un sacrilège, c’est une abomination, c’est la pire offense que l’on peut faire au temple et à l’autel.

Chers frères et sœurs, que la prière des psaumes nous aide à ne pas tomber dans la tentation de l’«impiété», c’est-à-dire de vivre, et peut-être également de prier, comme si Dieu n’existait pas, et comme si les pauvres n’existaient pas.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Toulouse, avec l’Archevêque Mgr Le Gall. La prière des psaumes est l’école de la vie avec Dieu et de la responsabilité vis-à-vis des personnes pauvres et vulnérables. Demandons la grâce de mettre Dieu et la personne humaine au centre de notre prière.

A tous, je donne ma bénédiction !


 




30ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 34-40) – Francis COUSIN)

« Le grand commandement. »

 

Le grand commandement … et non pas le plus grand commandement, comme on le dit parfois à tort et même comme le traduisent quelques bibles.

Le grand commandement … parce qu’il est le seul à être grand, il est unique.

Ce grand commandement, c’est celui qui a été donné par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6,5).

Toutes les religions ont été créées par les hommes pour répondre aux grandes questions de la vie, principalement sur ce qu’il y a avant et après la vie …

C’est le besoin de transcendance entre les hommes et Dieu ou les dieux …, entre la terre et le ciel …

Pour les Juifs et ensuite les Chrétiens, c’est différent : la relation est inversée, c’est le ciel qui s’adresse à la terre. C’est Dieu qui s’adresse aux hommes, d’abord dans des songes (Noé, Abraham …), puis directement aux hommes, par l’intermédiaire de Moïse (Ex 3,3-4), puis en Ex 20, 22 : « Le Seigneur dit à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Vous avez vu que je vous ai parlé du haut des cieux … »

Et ce Dieu d’amour demande aux hommes une réciprocité d’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ».

On est toujours dans la dimension verticale, mais celle-ci prend naissance en Dieu, et surtout, elle est basée sur l’amour, et non sur la peur !

L’envoi de Jésus sur la terre va modifier cette relation, en l’élargissant, suivant la parole de Jésus : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17), et cet accomplissement va se traduire par un amour qui s’étend à tous les hommes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ».

On reste cette fois-ci au niveau des hommes : c’est la dimension horizontale de l’amour …

Cette dimension n’est pas moindre que la première. D’ailleurs Jésus lui-même le dit : « Le second [commandement] lui est semblable ». Il est au même niveau.

D’ailleurs, pour bien montrer que les deux dimensions sont de même niveau, saint Jean nous dit, dans sa première épitre : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère» (1Jn 4,20-21)

Jésus, fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, à la charnière des deux dimensions, a accompli ces deux dimensions verticale et horizontale de l’amour en donnant sa vie pour les hommes sur la croix, pour leur permettre de se rapprocher de Dieu … pour l’éternité.

À chaque fois que nous faisons le signe de la croix, nous devrions penser à cette dimension de l’amour, à ces deux commandements semblables de l’amour entre Dieu et les hommes (dimension verticale) et entre les hommes (dimension horizontale) …

Et ce qui fait le lien entre les deux dimensions, c’est Jésus-Christ qui est venu accomplir la dimension verticale de l’Ancien Testament pour y ajouter la dimension horizontale, magnifiée par son sacrifice sur la croix : « Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » (…) Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » (Jn 19,28.30).

Seigneur Jésus,

tu es venu accomplir la relation d’amour

entre Dieu et les hommes

en l’élargissant à tous les hommes entre eux.

C’est bien difficile,

car nous nous pensons souvent

meilleurs que les autres.

Aide-nous à suivre ton commandement.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 30°




Audience Générale du Mercredi 14 Octobre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 Octobre 2020


Catéchèse – 10. La prière des Psaumes. 1

Chers frères et sœurs, bonjour!

En lisant la Bible, on trouve sans cesse des prières de divers genres. Mais on trouve également un livre composé seulement de prières, un livre qui est devenu la patrie, le terrain d’exercice et la maison d’innombrables orants. Il s’agit du Livre des Psaumes. Il y a 150 psaumes pour prier.

Il fait partie des livres sapientiels, car il communique le “savoir prier” à travers l’expérience du dialogue avec Dieu. Dans les psaumes, nous trouvons tous les sentiments humains: les joies, les douleurs, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. Le Catéchisme affirme que chaque psaume  «est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de tout temps» (CEC, n. 2588). En lisant et en relisant les psaumes, nous apprenons le langage de la prière. Dieu le Père, en effet, les a inspirés avec son Esprit dans le cœur du roi David et d’autres orants, pour enseigner à chaque homme et femme comment le louer, comment le remercier et le supplier, comment l’invoquer dans la joie et dans la douleur, comment raconter les merveilles de ses œuvres et de sa Loi. En synthèse, les psaumes sont la parole de Dieu que nous, les humains, nous utilisons pour parler avec Lui.

Dans ce livre, nous ne rencontrons pas de personnes éthérées, des personnes abstraites, des gens qui confondent la prière avec une expérience esthétique ou aliénante. Les psaumes ne sont pas des textes nés à un bureau ; ce sont des invocations, souvent dramatiques, qui jaillissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. Nous ne devons pas oublier que pour bien prier, nous devons prier tels que nous sommes, sans maquillage. Il ne faut pas maquiller son âme pour prier. «Seigneur, je suis ainsi», et se présenter devant le Seigneur tels que nous sommes, avec les belles choses et aussi avec les choses laides que personne ne connaît, mais que nous, à l’intérieur, nous connaissons. Dans les psaumes, nous entendons les voix d’orants en chair et en os, dont la vie, comme celle de tous, est remplie de problèmes, de difficultés, d’incertitudes. Le psalmiste ne conteste pas de manière radicale cette souffrance: il sait qu’elle appartient à la vie. Dans les psaumes, cependant, la souffrance se transforme en question. De la souffrance à la question.

Et parmi les nombreuses questions, il y en a une qui reste suspendue, comme un cri incessant qui traverse le livre entier de part en part. Une question, que nous répétons tant de fois: “Jusqu’à quand, Seigneur? Jusqu’à quand?”. Chaque douleur réclame une libération, chaque larme invoque une consolation, chaque blessure attend une guérison, chaque calomnie une sentence d’absolution. «Jusqu’à quand, Seigneur, devrais-je endurer cela? Ecoute-moi, Seigneur !»: combien de fois avons-nous prié ainsi, avec «Jusqu’à quand ?», cela suffit Seigneur!

En posant sans cesse des questions de ce genre, les psaumes nous enseignent à ne pas nous habituer à la douleur, et ils nous rappellent que la vie n’est pas sauvée si elle n’est pas guérie. L’existence de l’homme est un souffle, son histoire est fugace, mais l’orant sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, c’est pourquoi crier a un sens. Et cela est important. Quand nous prions, nous le faisons parce que nous savons que nous sommes précieux aux yeux de Dieu. C’est la grâce de l’Esprit Saint qui, de l’intérieur, suscite en nous cette conscience: d’être précieux aux yeux de Dieu. Et pour cette raison, nous sommes poussés à prier.

La prière des psaumes est le témoignage de ce cri: un cri multiple, car dans la vie la douleur a mille forme, et prend le nom de maladie, haine, guerre, persécution, méfiance… Jusqu’au “scandale” suprême, celui de la mort. La mort apparaît dans le Psautier comme l’ennemie la plus déraisonnable de l’homme: quel délit mérite une punition aussi cruelle, qui comporte l’anéantissement et la fin? L’orant des psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Voilà pourquoi la prière, déjà en elle-même, est une chemin de salut et un début de salut.

Tous souffrent dans ce monde: aussi bien celui qui croit en Dieu que celui qui le repousse. Mais dans le Psautier, la douleur devient relation, rapport: un cri d’aide qui attend d’intercepter une oreille attentive. Elle ne peut pas rester sans sens, sans but. Même les douleurs que nous subissons ne peuvent pas être seulement des cas spécifiques d’une loi universelle: ce sont toujours “mes” larmes. Pensez à cela: les larmes ne sont pas universelles, ce sont «mes» larmes. Chacun a les siennes. «Mes» larmes et «ma» douleur me poussent à aller de l’avant avec la prière. Ce sont «mes» larmes, que personne n’a jamais versées avant moi. Oui, beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais «mes» larmes sont les miennes, «ma» douleur est la mienne, «ma» souffrance est la mienne.

Avant d’entrer dans la salle, j’ai rencontré les parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué dans son service pour aider. Les larmes de ces parents sont «leurs» larmes et chacun d’eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie dans le service aux pauvres. Quand nous voulons consoler quelqu’un, nous ne trouvons pas les mots. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa douleur, parce que «sa» douleur est la sienne, «ses» larmes sont les siennes. C’est la même chose pour nous: les larmes, «ma» douleur est la mienne, les larmes sont «les miennes» et avec ces larmes, avec cette douleur, je m’adresse au Seigneur.

Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. C’est ainsi que prie l’orant du psaume 56: «Toi, tu tiens le compte de chacun des pas de ma vie errante, et mes larmes même tu les gardes dans ton outre. Leur compte est inscrit dans ton livre» (v. 9). Devant Dieu, nous ne sommes pas des inconnus, ou des numéros. Nous sommes des visages et des cœurs, connus un par un, par leur nom.

Dans les psaumes, le croyant trouve une réponse, Il sait que, même si toutes les portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte. Même si tout le monde avait prononcé un verdict de condamnation, en Dieu se trouve le salut.

“Le Seigneur écoute”: quelquefois dans le prière, il suffit de savoir. Les problèmes ne se résolvent pas toujours. Celui qui prie n’est pas un naïf: il sait que de nombreuses questions de la vie d’ici-bas restent sans solution, sans issue; la souffrance nous accompagnera et après une bataille gagnée, il y en aura d’autres qui nous attendent. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus  supportable.

La pire chose qui puisse arriver est de souffrir dans l’abandon, sans qu’on se souvienne de nous. La prière nous sauve de cela. Car il peut arriver, et même souvent, de ne pas comprendre les desseins de Dieu. Mais nos cris ne stagnent pas ici-bas: ils montent jusqu’à Lui, qui a un cœur de Père, et qui pleure Lui-même pour chaque fils et fille qui souffre et qui meurt. Je vais vous dire quelque chose: cela me fait du bien, dans les mauvais moments, de penser aux pleurs de Jésus, quand il pleura en regardant Jérusalem, quand il pleura devant la tombe de Lazare. Dieu a pleuré pour moi, Dieu pleure, il pleure pour nos douleurs. Car Dieu a voulu se faire homme – disait un auteur spirituel – pour pouvoir pleurer. Penser que Jésus pleure avec moi dans la douleur est une consolation: il nous aide à aller de l’avant. Si nous restons dans la relation avec Lui, la vie ne nous épargne pas les souffrances, mais elle s’ouvre à un grand horizon de bien et se met en marche vers son accomplissement. Courage, allons de l’avant avec la prière. Jésus est toujours à nos côtés.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Alors que l’humanité souffre encore de la pandémie, je vous invite à lire et à prier les psaumes, assurés que Dieu nous écoute et qu’il n’abandonne jamais ceux qui mettent leur confiance en lui. En ce mois du Rosaire, que la Vierge Marie vous garde et vous protège !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans les Psaumes nous trouvons tous les sentiments humains : les joies, les souffrances, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. En lisant les psaumes nous apprenons le langage de la prière. Ils sont la parole de Dieu que nous utilisons pour parler avec lui. Ils sont des invocations, souvent dramatiques, qui surgissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. En eux la souffrance se transforme en demande. Celui qui prie sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, pour qui crier a un sens. La prière des psaumes est le témoignage de ce cri. Celui qui prie les psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Et alors la souffrance devient relation : c’est l’appel à l’aide qui attend d’être intercepté par une oreille qui entende. Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. Devant lui nous ne sommes pas des inconnus ou des numéros. Nous sommes connus chacun par notre nom. Sa porte est toujours ouverte. Parfois, il suffit de savoir qu’il écoute. Celui qui prie sait que bien des questions de la vie demeurent sans solution. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus supportable. Le pire c’est de souffrir abandonnés. La prière nous sauve de cela. La vie ne nous épargne pas les souffrances, mais si nous demeurons en relation avec Dieu, elle s’ouvre à un large horizon de bien et s’achemine vers son accomplissement.




29ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 15-21) – Francis COUSIN)

« César et/ou Dieu ? »

 

Cet évangile est court, mais il entraîne des conséquences importantes pour chacun de nous.

Car ce passage nous invite à aller plus loin qu’une lecture superficielle qui s’arrêterait à la conclusion que Jésus a joué un bon tour à ses interlocuteurs, qui sont avant tout les pharisiens qui, pour l’occasion, amènent avec eux des hérodiens, pourtant leurs ’’ennemis’’, pour tendre un piège à Jésus.

Les pharisiens sont en effet des partisans de l’observation stricte de la Loi de Moïse, et bien souvent s’en orgueillissaient ; Ils ne pouvaient accepter que leur pays soit envahi par les romains. Par contre les hérodiens étaient prêts à collaborer avec les romains par opportunité bien souvent économique.

Les pharisiens avaient bien préparé leur coup : ils avaient trouvé une ‘bonne’ question, amené des hérodiens, et commencé par ’’passer de la pommade’’ à Jésus : « tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne » de manière à ce qu’il réponde en leur faveur.

« Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? ». Si Jésus dit ’oui’, il se met à dos les pharisiens et réjouit les hérodiens ; s’il dit ’non’, c’est l’inverse. Dans les deux cas, on arrive à une pagaille …

Jésus a bien compris l’hypocrisie de la phrase. Il demande à voir une pièce de l’impôt, donc romaine, sur laquelle il est inscrit « César », et dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Cette phrase est devenue comme un proverbe … et elle est souvent utilisée, à tort la plupart du temps, par certains hommes politiques, principalement ceux qui croient davantage en l’homme qu’en Dieu (ou qui ne croient pas du tout en Dieu …), et qui veulent, au nom d’une laïcité mal comprise, séparer totalement le domaine spirituel et le domaine temporel … Le domaine spirituel étant relégué dans la sphère privée, alors que le domaine temporel, le domaine politique, peut être mis sur la place publique …

Or, on sait bien que ce n’est pas possible : le temporel au sens large, la vie temporelle, avec toutes ses composantes, dépend de nos pensées, de ce que nous croyons, de notre foi. C’est ce que disait le père Yves de Montcheuil, sj : « Aucune opinion n’est imposée par l’Église aux chrétiens, mais bien l’obligation de s’en faire une à la lumière de leur foi. », position qui est toujours reprise par les responsables de l’Église, et pas seulement dans le domaine politique …

De tout temps les chrétiens ont été des moteurs de la vie publique, que ce soit au niveau éducatif, avec les écoles catholiques, les patronages … au niveau de la santé, avec les hospices, les maisons de retraites, les cliniques, tenus par des ordres religieux spécifiques … au niveau familial avec les Centres de Préparation au Mariage, les Associations Familiales Catholiques, les Équipes Notre-Dame … au niveau social, avec le Secours Catholique, les conférences Saint Vincent de Paul … au niveau économique, avec les différents groupes d’Action Catholique, des syndicats ou groupes chrétiens pour les salariés et les chefs d’entreprise …Tous ces mouvements qui ont été créés à partir de nos convictions religieuses pour être une aide aux personnes, mais aussi pour être une aide à la décision des responsables politiques (au sens de ceux qui s’occupent de la nation : maire, conseiller municipal, -départemental, -régional, député, sénateur, ministre … ).

Alors la question est de savoir si mes opinions, dans quelque domaine que ce soit, sont définies par la rumeur … par un journal, une radio, une chaîne de télévision, … par un parti ou un groupe de pression (internet …) … ou par la réflexion à partir de l’évangile de Jésus-Christ !

Et c’est la seule bonne question qu’on doit se poser !

Quant au titre de ce commentaire : « César et/ou Dieu ? », il est évident que maintenant il devient : « César et Dieu » … ou plutôt, par ordre de nos pensées : « Dieu et César », ou même « Dieu, puis César » !

Seigneur Jésus,

nos comportements sont souvent

influencés par l’opinion publique,

ou par des groupes d’amis, ou par la famille,

alors que nous devrions d’abord

les définir en fonction

de ce qui est rapporté dans les évangiles,

car ‘tu enseignes le chemin de Dieu en vérité’.

Aide-nous à faire ainsi.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ordinaire A 29°




Audience Générale du Mercredi 7 Octobre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 7 Octobre 2020


Catéchèse – 9. La prière d’Elie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous reprenons aujourd’hui les catéchèses sur la prière, que nous avons interrompues pour passer à la catéchèse sur la sauvegarde de la création, et maintenant nous reprenons ; et nous rencontrons l’un des personnages les plus passionnants de toute l’Ecriture Sainte : le prophète Elie. Il transcende les frontières de son époque et nous pouvons déceler sa présence également dans certains épisodes de l’Evangile. Il apparaît aux côtés de Jésus, avec Moïse, au moment de la Transfiguration (cf. Mt 17, 3). Jésus lui-même fait référence à sa figure pour accréditer le témoignage de Jean-Baptiste (cf. Mr 17, 10-13).

 

Dans la Bible, Elie apparaît à l’improviste, de façon mystérieuse, provenant d’un petit village tout à fait marginal (cf. 1 R 17, 1) ; et à la fin, il sortira de scène, sous les yeux du disciple Elisée, sur un char de feu qui le conduit au ciel (cf 2 R 2, 11-12). Il s’agit donc d’un homme sans origine précise, et surtout sans but, enlevé au ciel : c’est pourquoi son retour était attendu avant l’avènement du Messie, comme un précurseur. Ainsi l’on attendait le retour d’Elie.

L’Ecriture nous présente Elie comme un homme à la foi limpide : dans son nom même, qui pourrait signifier « Yahvé est Dieu », est contenu le secret de sa mission. Il en sera ainsi tout au long de sa vie : homme intègre, incapable de compromis mesquins. Son symbole est le feu, image de la puissance purificatrice de Dieu. Il sera le premier à être mis à dure épreuve, et demeurera fidèle. Il est l’exemple de toutes les personnes de foi qui connaissent les tentations et les souffrances, mais qui ne trahissent pas l’idéal pour lequel elles sont nées.

La prière est la sève qui alimente constamment son existence. C’est pourquoi c’est l’un des personnages les plus chers à la tradition monastique, au point que certains l’ont élu comme père spirituel de la vie consacrée à Dieu. Elie est l’homme de Dieu, qui s’élève au rang de défenseur du primat du Très Haut. Et pourtant, lui aussi est contraint à se mesurer avec sa propre fragilité. Il est difficile de dire quelles expériences lui furent les plus utiles : avoir vaincu les faux prophètes sur le mont Carmel (cf. 1 R 18, 20-40), ou bien l’égarement au cours duquel il constate « n’être pas meilleurs que ses pères » (1 R 19, 4). Dans l’âme de celui qui prie, la conscience de sa faiblesse est plus précieuse que les moments d’exaltation, quand il semble que la vie est une chevauchée de victoires et de succès. Dans la prière il arrive toujours ceci : des moments de prière qui nous élèvent, nous donnent de l’enthousiasme, et des moments de prière ou nous ressentons de la douleur, de l’aridité, de l’épreuve. La prière est ainsi : se laisser porter par Dieu et se laisser frapper aussi par de mauvaises situations et également par les tentations. C’est l’une des réalités que l’on retrouve dans de nombreuses autres vocations bibliques, également dans le Nouveau Testament, pensons par exemple à saint Pierre et à saint Paul. Même leur vie était ainsi : des moments d’exaltation et des moments d’abattements, de souffrance.

Elie est l’homme de la vie contemplative et, dans le même temps, de la vie active, préoccupé par les événements de son temps, capable de se dresser contre le roi et la reine  après qu’ils ont fait tué Nabot pour s’emparer de sa vigne (cf. 1 R 21, 1-24). Combien avons-nous besoin de croyants, de chrétiens zélés, qui agissent face à des personnes qui ont des responsabilités de direction avec le courage d’Elie, pour dire : « Cela ne va pas ! Cela est un assassinat ! ». Nous avons besoin de l’esprit d’Elie. Il nous montre qu’il ne doit pas y avoir de séparation dans la vie de celui qui prie : on se tient devant le Seigneur et l’on va à la rencontre de ses frères auxquels Il nous envoie. La prière ce n’est pas se renfermer avec le Seigneur pour se maquiller l’âme : non, cela n’est pas la prière, c’est une fausse prière. La prière est une confrontation avec Dieu et se laisser envoyer pour servir nos frères. Le banc d’essai de la prière est l’amour concret pour le prochain. Inversement, les croyants agissent dans le monde après s’être tus et avoir prié ; autrement, leur action est impulsive, elle est privée de discernement, c’est une course effrénée sans but. Les croyants se comportent ainsi, ils commettent de nombreuses injustices, parce qu’ils ne se sont pas présentés devant le Seigneur pour prier, pour discerner ce qu’ils doivent faire.

Les pages de la Bible laissent supposer que la foi d’Elie a elle aussi connu un progrès : lui aussi a grandi dans la prière, il l’a affinée peu à peu. Le visage de Dieu est devenu pour lui plus clair au cours du chemin. Jusqu’à atteindre son point culminant dans cette expérience extraordinaire, quand Dieu se manifeste à Elie sur le mont (cf. 1 R 19 ; 9-13). Il se manifeste non pas dans la tempête impétueuse, non pas dans le tremblement de terre ou dans le feu dévorant, mais dans « le bruit d’une brise légère » (v. 12). Ou mieux encore, une traduction qui reflète bien cette expérience : dans un courant de silence sonore. Ainsi se manifeste Dieu à Elie. C’est à travers ce signe humble que Dieu communique avec Elie, qui à ce moment est un prophète en fuite qui a égaré la paix. Dieu va à la rencontre d’un homme fatigué, un homme qui pensait avoir échoué sur tous les fronts, et avec cette brise légère, avec ce courant de silence sonore, il fait revenir le calme et la paix dans son cœur.

Telle est l’histoire d’Elie, mais elle semble écrite pour nous tous. Certains soirs, nous pouvons nous sentir inutiles et seuls. C’est alors que la prière  viendra frapper à la porte de notre cœur. Nous pouvons tous saisir un pan du manteau d’Elie, comme son disciple Elisée a saisi la moitié du manteau  Et même si nous avions commis des erreurs, ou si nous nous sentions menacés et effrayés, en revenant devant Dieu avec la prière, la sérénité et la paix reviendront aussi comme par miracle. C’est ce que nous enseigne l’exemple d’Elie.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française. Demandons par l’intercession de Notre-Dame du Rosaire la grâce d’être des hommes et des femmes intègres et dignes de foi, afin que, dans la prière, le Seigneur rejoigne chacun de nous dans sa vie et lui donne la paix et la sérénité.

Que Dieu vous bénisse !




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 1-14) – Francis COUSIN)

« Le vêtement de noce. »

 

Après les paraboles sur la vigne, la parabole de ce jour reprend en partie celle de dimanche dernier, mais en élargissant les personnes concernées, qui ne sont plus seulement les pharisiens mais tout le monde, et aussi en ajoutant une perspective sur le Royaume de Dieu.

Le début du passage nous indique tout de suite le but de Jésus : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. », et on fait le rapport entre la venue de Jésus sur terre et son but ultime : donner le Salut aux humains et les inviter au festin des « noces de l’Agneau » (Ap 19,7).

Le début est semblable : invitation d’un roi au repas de noces de son fils, refus de la part des personnes invitées (les membres du peuple élu, du peuple d’Israël), pour diverses raisons, mais qui montrent toutes un désintérêt pour le royaume de Dieu, pour la vie éternelle, et une préoccupation pour les biens de ce monde … qui semblent vitaux pour eux : leurs champs, leur commerce, la vie économique … allant même pour certains jusqu’à molester ou tuer ceux qui les invitaient à participer au repas royal … comme les vignerons de dimanche dernier …

Alors le roi se fâche ; et sa réaction est terrible : il fait tuer et incendier …

Bien sûr, c’est une image ; Dieu qui est bon, plein d’amour, ne fait pas cela … mais c’est pour montrer que, par leur refus d’assister aux noces de son fils, ils s’excluent définitivement du Royaume des Cieux …

Par contre, il envoie ses serviteurs vers les autres personnes, ceux qui n’avaient pas été choisis au départ, c’est-à-dire vers les autres nations qu’Israël, et là on invite tout le monde, « les mauvais comme les bons », les pécheurs comme les vertueux … et ils répondent présents …

La salle est remplie …

On voit bien dans ce passage la dimension universelle de l’annonce du Salut, qui n’est plus réservée aux seuls juifs, mais à tous. Le monde entier est invité au repas de noces, au festin messianique : « Heureux les invités aux repas du Seigneur ! »

Mais si tout le monde est invité, … tout le monde n’est pas accepté …

Il y a une condition : revêtir « le vêtement de noce » …

C’est quoi « le vêtement de noce » ? On ne sait pas précisément …

Dieu, ni Jésus, n’a donné aucun ’’dress code’’ comme on dit maintenant, et ce n’est certainement pas un ’’vêtement’’ particulier, mais plutôt un vêtement spirituel, une manière de vivre …

Il faut d’abord pratiquer la justice, être considéré comme ’’juste’’ devant Dieu : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la justice. » (Is 61,10).

Mais c’est saint Paul qui nous en parle le plus.

Bien entendu, il faut croire en Jésus, avoir la foi, mais aussi être baptisé. C’est le baptême qui concrétise notre foi : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Ga 3,26-27).

Mais le baptême n’est pas une condition suffisante. Il faut tous les jours renouveler cet acte de foi en vivant comme le Christ nous a demandé de le faire dans son évangile, et ne pas se laisser aller à vivre comme les gens du monde : « revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ ; ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rm 13,14).

Et il précise : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Ep 4,22-24).

Et on peut terminer avec les trois vertus théologales : « Mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut. » (1 Th 5,8).

On remarquera que la plupart du temps, Paul utilise l’impératif, insistant sur les différentes manières de revêtir le vêtement de noce.

Et effectivement, nous sommes tous concernés, par le vêtement de noce, mais surtout par le salut qui nous est donné par Jésus, par l’entrée dans le royaume de Dieu.

Et il faut le reconnaître, qui véritablement se soucie de son avenir après la mort ?

C’est trop loin … On y pense peu ! … ou on ne veut pas y penser … peut-être par superstition …

Et pourtant, quant à la mort, Jésus nous dit : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Mt 25, 13) … et cela peut être : « cette nuit même ton âme te sera redemandée. » (Lc 12,20).

Par contre, on se préoccupe de notre bien-être matériel … des mesures sanitaires … qui nous empêchent de faire ce qu’on voudrait !

Mais, en même temps, on fustige celles qui facilite l’entrée des voyageurs à l’entrée à La Réunion en n’obligeant pas un strict contrôle de la ’’septaine’’ … parce qu’on a peur de la maladie du Covid-19 et de la mort possible …

On voit de moins en moins de monde à la messe dominicale, non pas parce que les gens refusent la messe, mais parce qu’ils préfèrent suivre la messe à la télévision ou sur les réseaux sociaux, chez eux, sans bouger, bien confortablement assis dans le canapé … Certains prétextent que le port du masque les gène, … disent qu’ils ont peur d’être contaminés … qu’ils ne sont pas sûr d’avoir une place dans l’église … Mais ils oublient l’essentiel : la messe est l’assemblée des fidèles qui prient ensemble, qui écoutent ensemble la parole de Dieu et son explication, et qui communient au corps du Christ.

Question : Sommes-nous des chrétiens de la peur ? … ou des chrétiens qui vivent dans l’espérance du royaume des cieux ? … dans l’espérance de la rencontre avec Dieu … ?

Père éternel,

tu nous invites à partager

le repas de noce de l’Agneau, ton Fils,

avec son Église,

mais bien souvent, nous ne faisons pas

un compte avec cette demande.

Et nous ne nous préparons pas à cette rencontre.

Nous pensons que c’est automatique,

alors que cela demande de notre part

un effort de conversion !

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 28°




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Invités aux noces

Mt 22, 1-14

L’Évangile est un grand livre d’images : quand on voit le succès des retransmissions télévisées des mariages princiers d’aujourd’hui, que ce soit à Londres ou à Monaco, l’image employée par Jésus n’a pas tellement vieillie : un roi qui célébrait les noces de son fils.

Essayons d’en retenir l’essentiel : lisons cette parabole en transparence. Jésus, là encore, veut nous parler du Royaume des cieux et nous pensons tout de suite à ce que le prêtre nous rappelle au moment de la communion : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».

La réalité, c’est que Dieu rêve d’une fête éternelle pour l’humanité. C’est la plus belle histoire du monde, c’est la plus belle histoire d’amour. Il était une fois un Dieu heureux, tellement heureux qu’il voulut faire partager son bonheur. Ce Dieu là vit d’amour : « 3 personnes » qui s’aiment, qui se donnent les uns aux autres, une joie infinie, dans une totale transparence, dans un partage absolu, un bonheur sans mélange, durable, éternel.

Quand on éprouve tant de bonheur, comment ne pas avoir envie de partager encore plus ce bonheur ? Alors, Dieu décide de créer l’humanité pour l’introduire dans sa famille, dans sa vie, dans son amour et ce fut l’incarnation du Fils.

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Oui, Dieu marie son Fils : Jésus est amoureux de l’humanité, il nous aime passionnément. Cette image des noces court comme un fil d’or tout au long de la Bible : Osée, Isaïe, Ezéchiel proclament cette union de Dieu avec les hommes : le Cantique des Cantiques, les évangélistes, l’Apocalypse, …

Oui, Dieu, d’un bout à l’autre de la révélation, nous déclare son amour et ses relations avec les hommes ne sont qu’alliance et épousailles.

Entre nous, qu’est-ce-qui changerait dans ma religion ? Beaucoup, sans doute, si j’arrivais à la considérer comme une belle histoire d’amour ?

Cette parabole nous révèle tout d’abord que Dieu invite, que Dieu appelle et que l’homme est libre de répondre  ̏oui  ̋ou  ̏non ̋.

 

« Heureux les invités au repas du Seigneur » : la messe n’est pas une bonne petite dinette entre copains. C’est Dieu qui invite tel jour, telle heure : le prince héritier célébrera ses noces. Vous êtes cordialement invités au festin qui suivra, sans engagement avec les hommes,  » Répondre SVP « .

 

 

L’événement est de taille ! Pourtant, ici, la parabole devient tragique, comme tant de paraboles de la fin de la vie de Jésus : on va se heurter à la liberté de l’homme.

« Mon repas est prêt. Venez, venez à mon repas d’amour ».

« Mais les invités n’en tiennent aucun compte. Ils n’ont pas le temps ! »

La description de l’inconscience de ces invités est d’une brûlante actualité.

« Comment voulez-vous que j’aille au repas de Jésus ? Je n’ai que mes dimanches pour faire du foot ou du tennis », dit l’un.

« Quand j’ai dansé toute la nuit du samedi au dimanche, comment voulez-vous que je participe au repas de Jésus ? ».

« Moi, mon père, je vais à la messe le mardi au Chaudron, le dimanche, c’est le jour où nous allons à la plage ».

Comment se fait-il qu’il nous arrive ainsi de préférer nos petites affaires à l’invitation de Dieu ?

« Eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ».

On essaie si naturellement de placer les moments de rencontre avec Dieu, dans les temps morts, dans les heures ou les jours où l’on n’a rien à faire, après le travail, les occupations quotidiennes, les loisirs même. Et, très vite, il ne reste plus de temps libre. On commence par avoir mauvaise conscience et puis on trouve des excuses :  » travailler, c’est prier « .

Petit à petit, on ne prie plus : « Mon père, je n’ai plus le temps de prier ». Jésus-Christ dérange : « J’avais mes petits projets et voici qu’il m’invite ». Mais le repas de noces ne peut rester en souffrance et Dieu continue d’inviter.

« Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent : mauvais et bons ».

L’appel de Dieu est universel : il s’adresse à tous, à chacun de nous et surtout aux pécheurs. Il faut que la salle de noces soit remplie. L’entrée est gratuite : tous peuvent y accéder.

Mais Dieu nous respecte trop pour nous y forcer : il faut s’engager positivement. Il ne veut pas faire de nous des mendiants, des assistés. Nous devons être responsables pour une part, de notre participation à la vie éternelle. Le Salut n’est pas automatique. Il faut correspondre librement à l’invitation de Dieu.

Allons-nous répondre à l’invitation ? C’est une histoire d’amour. Nous avons parfois une conception élitiste de l’Église : le sentiment qu’elle devrait éliminer de son sein tous ceux qui ne mènent pas une vie évangélique !… Mais ne serais-je pas alors le premier à devoir en sortir ?

C’est vrai que l’Église, n’étant pas une secte, accueille plutôt largement et que cela ne satisfait pas ceux qui voudraient qu’elle donne une image sans bavure.

Serait-ce bon d’ailleurs que l’Église veuille donner une telle image ?

Ne serait-ce pas la route ouverte à l’hypocrisie, comme pour les pharisiens ?

Il est vrai que la fin de la parabole parle d’un tri qui doit se faire. Mais attention ! Pas tout de suite ! Mais « à la fin des temps  » « lorsque le roi viendra pour regarder les convives ».

C’est également ce que disaient les paraboles de l’ivraie et du bon grain : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges surviendront et sépareront les mauvais d’avec les justes ». Qui veut entrer au festin doit porter le vêtement de noces !

L’entrée au festin du Royaume ne dépend pas de la race, de l’appartenance à un peuple mais de la conversion, du changement de vie, des œuvres bonnes, …

En recevant le vêtement blanc du Baptême : nous avons été invités à « garder intacte la dignité des fils de Dieu « .

Le vêtement du peuple nouveau, le vêtement de noce :

  • C’est le Christ que nous avons revêtu,

  • C’est notre dignité de chrétiens,

  • C’est la grâce de Dieu,

  • C’est une invitation à mener une vie à la hauteur de ce que nous avons reçu.

Dieu ne conçoit pas l’Église de son Fils comme une communauté parfaite tout de suite, mais comme une collectivité extrêmement mélangée où se rencontrent toutes les races et toutes les conditions sociales.

Tous les hommes sont invités, blancs ou noirs, riches ou pauvres, israéliens, palestiniens, bien portants autant que les malades, et même les mauvais autant que les bons : c’est un festin universel ! Et le Seigneur est là qui attend et qui veille.

D’où vient alors que certains risquent d’être rejetés ? Ils n’ont pas le « vêtement de noce » : ils ont cru qu’il suffisait d’être appelés, mais ils n’ont pas répondu à l’offre de Dieu, ils n’ont pas revêtu le « manteau de la grâce ».

Les « noces de l’agneau » sont un pur chant de fête. Une seule exigence : « Oui, Seigneur, tu m’invites ; j’arrive tout de suite… » AMEN




Audience Générale du Mercredi 30 Septembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 30 Septembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

Ces dernières semaines, nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Evangile, sur la façon de guérir le monde qui souffre d’un malaise que la pandémie a souligné et accentué. Il y avait un malaise: la pandémie l’a souligné davantage, l’a accentué. Nous avons parcouru les voies de la dignité, de la solidarité et de la subsidiarité, des voies indispensables pour promouvoir la dignité humaine et le bien commun. Et en tant que disciples de Jésus, nous nous sommes proposés de suivre ses pas en optant pour les pauvres, en repensant l’usage des biens et en prenant soin de la maison commune. Au milieu de la pandémie qui nous frappe, nous nous sommes ancrés aux principes de la doctrine sociale de l’Eglise, en nous laissant guider par la foi, par l’espérance et par la charité. Nous avons trouvé là une aide solide pour être des agents de transformation qui rêvent en grand, qui ne s’arrêtent pas aux mesquineries qui divisent et blessent, mais qui encouragent à engendrer un monde nouveau et meilleur.

Je voudrais que ce chemin ne finisse pas avec mes catéchèses, mais que nous puissions continuer à avancer ensemble, «en gardant le regard fixé sur Jésus» (He 12, 2), comme nous avons entendu au début; le regard sur Jésus qui sauve et guérit le monde. Comme nous le montre l’Evangile, Jésus a guéri des malades de tous les types (cf. Mt 9, 35), il a rendu la vue aux aveugles, la parole aux muets, l’ouïe aux sourds. Et quand il guérissait les maladies et les infirmités physiques, il guérissait aussi l’esprit en pardonnant les péchés, parce que Jésus pardonne toujours, ainsi que les “douleur sociales” en incluant les exclus (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 1421). Jésus, qui renouvelle et réconcilie chaque créature (cf. 2 Co 5, 17; Col 1, 19-20), nous offre les dons nécessaires pour aimer et guérir comme Il savait le faire (cf. Lc 10, 1-9; Jn 15, 9-17), pour prendre soin de tous sans distinctions de race, de langue ou de nation.

Afin que cela arrive réellement, nous avons besoin de contempler et d’apprécier la beauté de chaque être humain et de chaque créature. Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu (cf. Ep 1, 3-5). «Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire» (Benoît XVI, Homélie pour le début du ministère pétrinien,  24 avril 2005); cf. Enc. Laudato si’, n. 65). En outre, chaque créature a quelque chose à nous dire du Dieu créateur (cf. Enc. Laudato si’, nn. 69. 239). Reconnaître cette vérité et rendre grâce pour les liens intimes de communion universelle avec toutes les personnes et avec toute les créatures, met en œuvre «une protection généreuse et pleine de tendresse» (ibid., n. 220). Et nous aide également à reconnaître le Christ présent dans nos frères et sœurs pauvres et qui souffrent, à les rencontrer et à écouter leur cri et le cri de la terre qui s’en fait l’écho (cf. ibid., n. 49).

Intérieurement mobilisés par ces cris qui réclament que nous prenions une autre route (cf.  ibid., n. 53), qui réclament que nous changieons, nous pourrons contribuer à la guérison des relations avec nos dons et nos capacités (cf. ibid., n. 19). Nous pourrons régénérer la société et ne pas revenir à la soi-disant “normalité”, qui est une normalité malade, et d’ailleurs malade depuis même avant la pandémie: la pandémie l’a soulignée! «A présent revenons à la normalité»: non, cela ne va pas, car cette normalité était malade d’injustices, d’inégalités et de dégradation environnementale. La normalité à laquelle nous sommes appelés est celle du Royaume de Dieu, où «les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont guéris et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres» (Mt 11, 5). Et que personne ne fasse l’innocent en regardant d’un autre côté. C’est ce que nous devons faire, pour changer. Dans la normalité du Royaume de Dieu, le pain arrive à tous et il en reste, l’organisation sociale se base sur la contribution, le partage et la distribution, pas sur la possession, l’exclusion et l’accumulation (cf. Mt 14, 13-21). Le geste qui fait avancer une société, une famille, un quartier, une ville, tout le monde, est celui de se donner, de donner; ce n’est pas faire l’aumône, mais c’est une manière de se donner qui vient du cœur. Un geste qui éloigne l’égoïsme et l’angoisse de posséder. Mais la manière chrétienne de faire cela n’est pas une manière mécanique: c’est une manière humaine. Nous ne pourrons jamais sortir de la crise que la pandémie a soulignée, mécaniquement, avec de nouveaux instruments – qui sont très importants, qui nous font aller de l’avant et dont il ne faut pas avoir peur –  en sachant que pas même les moyens les plus sophistiqués pourront faire beaucoup de choses, mais il y a une chose qu’ils ne pourront pas faire: donner de la tendresse. Et la tendresse est le signal propre de la présence de Jésus. Cette manière de s’approcher de son prochain pour marcher, pour guérir, pour aider, pour se sacrifier pour l’autre.

Cette normalité du Royaume de Dieu est donc importante: que le pain arrive à tous, que l’organisation sociale se base sur la contribution, le partage, la distribution, avec tendresse, pas sur la possession, l’exclusion et l’accumulation. Car à la fin de notre vie nous n’emporterons rien dans l’autre vie!

Un petit virus continue à causer des blessures profondes et démasque nos vulnérabilités physiques, sociales et spirituelles. Il a mis à nu la grande inégalité qui règne dans le monde: l’inégalité des opportunités, des biens, de l’accès à la santé, à la technologie, à l’éducation : des millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école, et la liste continue ainsi. Ces injustices ne sont pas naturelles ni inévitables. Elles sont l’œuvre de l’homme, elles proviennent d’un modèle de croissance détaché des valeurs plus profondes. Le gaspillage des restes d’un repas: avec ce gaspillage on peut donner à manger à tous. Et cela a fait perdre l’espérance à de nombreuses personnes et a augmenté l’incertitude et l’angoisse. C’est pourquoi, pour sortir de la pandémie, nous devons trouver le remède non seulement pour le coronavirus – qui est important! –  mais également pour les grands virus humains et socio-économiques. Il ne faut pas les cacher, en passant un coup de peinture pour qu’ils ne se voient pas. Et assurément nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le modèle économique qui est à la base d’un développement inique et non durable résolve nos problèmes. Il ne l’a pas fait et il ne le fera pas, parce qu’il ne peut pas le faire, même si certains faux prophètes continuent à promettre  “l’effet en cascade” qui n’arrive jamais (“Trickle-down effect” en anglais, “derrame” en espagnol; cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 54) ). Peut-être avez-vous entendu parler du théorème du verre: l’important est que le verre se remplisse et ainsi le contenu se répand sur les pauvres et sur les autres, et ils reçoivent des richesses. Mais il se produit un phénomène : le verre commence à se remplir et quand il est presque plein, il grandit, il grandit et grandit encore, et la cascade n’a jamais lieu. Il faut faire attention.

Nous devons nous mettre à travailler urgemment pour générer de bonnes politiques, définir des systèmes d’organisation sociale où soient récompensés la participation, le soin et la générosité, plutôt que l’indifférence, l’exploitation et les intérêts particuliers. Nous devons avancer avec tendresse. Une société solidaire et équitable est une société plus saine. Une société participative – où les “derniers” sont tenus en considération comme les “premiers” – renforce la communion. Une société où l’on respecte la diversité est beaucoup plus résistante à tout type de virus.

Plaçons ce chemin de guérison sous la protection de  la Vierge Marie, Mère de la Santé. Que Celle qui porta Jésus dans son sein nous aide à être confiants. Animés par l’Esprit Saint, nous pourrons travailler ensemble pour le Royaume de Dieu que le Christ a inauguré dans ce monde, en venant parmi nous. C’est un Royaume de lumière au milieu de l’obscurité, de justice au milieu des nombreux outrages, de joie au milieu des multiples douleurs, de guérison et de salut au milieu des maladies et de la mort, de tendresse au milieu de la haine. Que Dieu nous accorde de “viraliser” l’amour et de mondialiser l’espérance à la lumière de la  foi.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, sous la protection de la Vierge Marie, mettons-nous à l’œuvre, chacun selon nos moyens, pour réaliser autour de nous une société où les derniers sont pris en considération au même titre que les premiers. Que Dieu vous bénisse !