1

« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas … » (Jn 14,1-12 ; 5° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

Un reproche de Jésus à ses disciples, … mais un reproche plein de tendresse et d’amour, mais qui montre malgré tout une certaine tristesse en ce soir du jeudi saint … la fin de la vie terrestre de Jésus est très proche, et les apôtres n’ont pas encore compris qui il est malgré trois ans passés avec lui …

Ils en restent à l’image physique de Jésus qui est là devant eux … et à un Père lointain qui est dans les cieux … différent de Jésus …

Pourtant, Jésus avait déjà parlé des liens étroits entre son Père et lui : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19), « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 6,38), « Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui (le Père) qui m’a envoyé. » (Jn 8,42), « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30) …

Alors Jésus est encore plus clair : « Celui qui m’a vu a vu le Père (…) Je suis dans le Père et le Père est en moi ! », et pour bien insister, il reprend cette dernière phrase une deuxième fois.

Nous qui vivons maintenant, pouvons-nous voir le Père ? Non bien sûr, puisqu’il est un être spirituel …

Mais nous pouvons comme les apôtres le voir par l’intermédiaire de Jésus.

Vous allez dire : « Mais nous, on n’a jamais vu Jésus ! »

Sans doute, mais si nous croyons en Jésus, si nous croyonsqu’il est le Fils de Dieu, alors nous pouvons le voir, car croire, c’est voir.

Bien sûr, ce n’est pas une ’’vision’’ réelle, physique, touchable …

Ce n’est pas non plus une ’’vision’’ comme un rêve, irréelle …

Mais c’est une ’’vision’’, une ’’vue’’, une ’’image’’ qui se fait dans notre cœur, … une image qui commence à se former quand on entend parler de Jésus la première fois, pour certains il y a longtemps, pour d’autres moins, … et qui évolue petit à petit, au fur et à mesure que l’on apprend à connaître Jésus, …

– Par la lecture de son Évangile, connu par quatre récits qui présentent des différences, qui insistent sur un point plus que sur d’autres, qui donnent des renseignements qu’on ne trouve pas chez les autres, tout cela en fonction de la personnalité de l’auteur, de l’image qu’il avait lui-même de Jésus, et en fonction de la communauté à laquelle il s’adresse …

– Par la prière, cette rencontre entre nous et Dieu, nous et Jésus, nous et l’Esprit, nous et Marie, Joseph, et … qu’elle soit personnelle ou collective …

– Par les sacrements qui sont une rencontre forte entre chaque personne et l’une des personnes de la Trinité …

– Par les témoignages que l’on peut recevoir, qu’ils soient écrits, oraux, factuels, artistiques (peintures, chants, danses, films …) …

Et qui se terminera avec ’’notre’’ vision au moment où nous seront au bout du chemin de notre vie, le chemin de Jésus, quand nous arriverons à la porte du Paradis …

C’est seulement alors que nous pourrons … ou pas … comparer notre ’’image’’ de Jésus avec ce qu’il est en réalité …

Et, à mon avis, on sera vraiment en dessous de la ’’réalité’’ …

Cette image de Jésus, dans la foi, en notre cœur, est une image personnelle. Chacun a la sienne, et sans doute il n’y en a pas deux pareilles. Elle dépend de l’histoire de notre vie, spirituelle, mais aussi notre vie humaine, avec tous ses aspects, familiaux, économiques, sociaux, politiques ; tout ce qui fait ce que nous sommes.

Et quelle que soit la manière dont nous ’’voyons’’ l’image de Jésus, nous sommes capables de reconnaître l’image de Jésus quand elle se fait voir, principalement dans les œuvres d’arts :

– en peinture : l’image de Jésus n’est pas la même chez Philippe de Champaigne, Rembrandt, Utrillo, Chagall, Arcabas, ou chez Hé Qi, mais on le reconnaît toujours … et on le reconnaît aussi quand il s’agit d’une caricature outrageante …

– en musique : Bach n’est pas Mozart, Gianadda n’est pas Gelineau ou Glorious …

– en sculpture : l’art roman est différent de l’art gothique, de l’art de la Renaissance ou de l’art contemporain …

– en poésie : Rimbaud ou Verlaine ne sont pas Marie Noël ; ou en littérature Victor Hugo n’est pas Amélie Nothomb …

Mais cette image que nous avons dans notre cœur se fait voir aussi dans nos propres actions, dans la manière que nous avons de voir et d’agir avec les autres : les petits, les humbles, les pauvres, ceux qui ont besoin d’aide, et ceux qui pensent qu’ils n’ont jamais besoin d’aide ou de Dieu …

Et la manière dont nous vivons de Jésus peut aussi être, et est même, un témoignage pour les autres, et modifier l’image qu’ils ont de Jésus, en bien … ou en mal …

On ne se rend souvent pas compte à quel point notre façon d’agir est un témoignage ou un contre-témoignagevis-à-vis de Jésus.

Seigneur Jésus,

nous vivons souvent

sans faire vraiment attention

à l’importance de notre foi

dans nos manières d’agir,

à l’image que nous donnons de toi

pour les autres.

Fais que nous y soyons attentifs.

 

                                                                                           Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim Pâques A 5°




Mois d’Octobre, mois de Marie : une invitation à tourner vers elle notre regard…

En ce mois consacré à la Vierge Marie, voici, si vous le désirez, quelques liens renvoyant soit à des commentaires de passages du Nouveau Testament où elle intervient, soit à des articles écrits à son sujet… Bonne lecture à vous, bonne méditation, et merci d’avance pour votre prière pour notre monde si secoué par la crise que nous traversons, pour toutes les personnes en souffrance, et elles sont nombreuses, et aussi pour la petite équipe du Sédifop et de jevismafoi.com qui essaye de poursuivre au mieux sa mission…

Si un thème vous intéresse, il suffit de cliquer sur le lien situé en dessous et vous accèderez à l’article correspondant…

– Prière à Marie de St Bernard de Clairvaux

https://www.sedifop.com/priere-a-marie-de-saint-bernard-de-clairvaux/

– Marie Mère de Dieu (Francis Cousin)

https://www.sedifop.com/solennite-de-sainte-marie-mere-de-dieu-par-francis-cousin/

– Pourquoi appeler Marie « la Mère de l’Eglise » (Fr Manuel Rivero O.P.)

https://www.sedifop.com/pourquoi-appeler-la-vierge-marie-mere-de-leglise/

– La Vierge Marie, Théologienne (Fr. Manuel Rivero O.P.)

https://www.sedifop.com/la-vierge-marie-theologienne-fr-manuel-rivero-o-p/

– La Vierge Marie, patronne de l’Ordre des prêcheurs (Fr Manuel Rivero O.P.)

https://www.sedifop.com/la-vierge-marie-patronne-de-lordre-des-precheurs-fr-manuel-rivero-o-p/

– Chemin de Croix avec Marie (Fr Manuel Rivero O.P.)

https://www.sedifop.com/chemin-de-croix-avec-marie/

– L’Immaculée Conception de Marie et son Assomption (D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/limmaculee-conception-de-marie-et-son-assomption-2/`

– L’Annonciation à Marie (Lc 1,26-38 ; D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/lannonciation-a-marie-lc-126-38-2/

– La visite de Marie à sa cousine Elisabeth (Lc 1,39-45 ; D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/la-visite-de-marie-a-elisabeth-lc-139-45/

– Le Cantique d’action de grâce de Marie, le Magnificat (Lc 1,46-55 ; D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/le-cantique-daction-de-graces-de-marie-le-magnificat-lc-146-55/

– La visite des bergers à Marie, Joseph et à Jésus nouveau né (Lc 2,16-21 ; D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/1er-dimanche-de-careme-par-le-diacre-jacques-fournier-marc-1-12-15-2-2-2-2-2-3-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-5-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-3-2-2-2-2-2-2-5-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-2-3-3-2-2-2-2-2-2-2-2-3-14/

– La Femme couronnée d’étoiles (Ap 12 ; D. Jacques Fournier)

https://www.sedifop.com/la-femme-et-le-dragon-ap-12/

 




Ecouter la Voix du Christ pour connaître la Vie (Jn 10,1-10 ; ; 4° Dimanche de Pâques – D. Jacques FOURNIER))…

Jésus est tout en même temps le Chemin qui nous mène à la Maison du Père, car « personne ne va vers le Père sans passer par lui » (Jn 14,6), le Bon Pasteur qui nous y conduit et la Porte par laquelle nous y entrons… Il est la Porte car il s’agit à nouveau « d’entrer en passant par lui »… St Jean affirme ainsi, à sa manière, « qu’il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné en rançon pour sauver tous les hommes » (1Tm 2,5-6). Mais pour que cette offrande porte ses fruits, il faut que nous acceptions, de notre côté, de faire la vérité dans notre vie, la vérité de notre misère. En effet, « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), celle du « Père des lumières » (Jc 1,17), « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3) qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi, tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16-17). Quiconque accepte ainsi de faire la vérité par une démarche de repentir accomplie de tout cœur vient à Celui que le Père a envoyé dans le monde en « Sauveur du monde ». Il est « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 4,42 ; 1,29), et donne gratuitement, par amour, à tout pécheur repentant, d’être lavé de toutes ses fautes par l’Eau Pure de l’Esprit, et d’entrer ainsi dans la Plénitude de la Vie grâce à ce même Esprit, car c’est « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)…

Lorsque Jésus nous lance ainsi cet appel à revenir à Dieu de tout notre être, ce même Esprit de Miséricorde, d’Amour et de Tendresse vient frapper à la porte de nos cœurs pour nous aider à accepter de nous laisser aimer tels que nous sommes, « malades », blessés et si souvent défaillants (Lc 5,29-32)… Cette action intérieure de l’Esprit correspond en St Jean au thème de « la voix ». « L’Esprit en effet souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas ni d’où il vient ni où il va ». Or, « celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,8.34). Lorsque Jésus nous transmet les Paroles qu’il a reçues du Père, l’Esprit, par sa Présence en nos cœurs, est « la voix » qui fait de ces Paroles « les Paroles de la Vie éternelle », disait St Pierre (Jn 6,68). Il vivait avec Jésus une réalité qu’il n’avait jamais perçue auparavant… Il écoutait « la voix » de Jésus, « la voix » de l’Esprit, « il connaissait sa voix », il faisait l’expérience d’une Vie nouvelle, il respirait cette « bonne odeur du Christ, une odeur qui de la vie conduit à la vie » (2Co 2,14-16)…




« Les brebis écoutent sa voix… » (Jn 10,1-10 ; 4° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

À l’époque de Jésus, chaque berger possédait un certain nombre de brebis qu’il confiait pour la nuit à un gardien qui les rassemblait dans un enclos pouvant contenir plusieurs troupeaux. Le matin, le berger se faisait reconnaître par un mot de passe, et le gardien lui ouvrait la porte de l’enclos. A la voix du berger, les brebis se rapprochaient de la porte, sachant que c’est leur maître qui est là.

Quand j’étais jeune, je me souviens de la fermière qui disait : « Ah, René arrive. », « comment le savez-vous ? », « Le chien s’excite, jappe et tire sur sa laisse ». Le chien était capable de reconnaître le bruit de la voiture ou du tracteur alors qu’il était à plus de cinq cents mètres, même s’il y avait plusieurs voitures ou tracteurs identiques dans le village, alors que nous, humains, nous n’entendions rien.

Les brebis écoutent et reconnaissent sa voix. Et elles ne se trompent pas !

Et le berger appelle chacune par son nom. Les troupeaux qu’on peut encore voir en ce moment en Palestine, souvent des chèvres, ont en général entre vingt et trente animaux. Rarement plus ; cela devait être la même chose au temps de Jésus. Et donner un nom n’est pas surprenant : à la ferme, chaque vache avait son nom commençant par la lettre de son année de naissance … maintenant elles ont un numéro matricule sur l’oreille … C’est le progrès, dit-on … mais ça montre surtout un changement dans les rapports entre l’humain et les animaux … et ce n’est pas un progrès ! L’animal devient une bête, réduit à un capital !

Être appelé par son nom montre une certaine familiarité, une connivence entre les concernés. Que chaque brebis soit appelée par son nom lui donne le sentiment d’être la préférée du berger du troupeau. Il en est de même pour nous : nous sommes tous les préférés de Jésus !

Cela peut paraître paradoxal, mais Dieu ne fait pas de différence entre les siens. Même le dernier des mécréants est considéré au même niveau que le saint par Dieu. Et encore : « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus quepour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Lc 15,7). Et même si parfois on a l’impression que Dieu nous a oublié, c’est faux « car je t’ai gravé sur les paumes de mes mains » (Is 49,16).

La connaissance et la reconnaissance des brebis par le berger et du berger par les brebis montre l’amour qu’il y a entre eux. Mais un amour bien plus fort pour le berger, puisque c’est lui qui vient chaque matin chercher ses brebis, et surtout qui est prêt à donner sa vie pour elles.

« Je suis la porte des brebis. ». La porte a deux fonctions : garantir la sécurité des personnes dans la maison ou des brebis dans l’enclos : fonction passive ; permettre de sortir et de rentrer : fonction dynamique. Mais Jésus ne parle que de la fonction dynamique pour les brebis. Pour être sauvé, il faut passer par Jésus, et aller vers les pâturages, c’est-à-dire vers le paradis, vers le Père. « Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6). Et Jésus est aussi le chemin où il précède ses brebis qui le suivent, partout où il ira, … et Jésus est passé par la croix… Il nous faut donc aussi passer par la croix, ou par une croix… : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croixet qu’il me suive. » (Mt 16,24). Parce que les brebis, c’est nous …

Ainsi, chaque matin, comme les brebis, Jésus vient vers nous, et nous devons l’écouter, et le reconnaître … et passer par la porte de Jésus …

Mais parfois, il nous arrive de trouver cette porte un peu basse pour nous, parce qu’il nous faut nous abaisser pour être serviteur, ou trop étroite … et si on nous propose une porte bien large, haute, qui ouvre sur un chemin qui nous semble bien plus agréable et aisée à suivre … on peut être tenté, et même succomber à la tentation … et au bout d’un moment, on se rend compte qu’on ne va nulle part … sinon à la perdition …

Parce qu’on n’a pas écouté la voix de Jésus, … entendu peut-être, mais pas écouté … et cette voix, on la trouve dans les évangiles …

C’est dans ces moments-là que l’on s’aperçoit de l’amour de Dieu pour les siens, qui va « aller chercher [la brebis] qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve. » (Lc 15,4).

Dieu ne nous oblige pas ; il nous laisse libre … mais il est toujours à côté de nous, prêt à nous aider, si nous le voulons. Parce qu’il veut « que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

Dans ce passage de l’évangile, on voit que les brebis sortent de l’enclos, pour suivre Jésus … partir sur les chemins … vers les pâturages, … vers le Père …

C’est la dynamique du chrétien. Il ne doit pas rester dans son enclos, sans bouger, … sans rien faire (peut-être un peu prier dans sa chambre ?!) … en restant confiné chez lui … comme nous le sommes en ce moment, physiquement, mais pas intellectuellement ou spirituellement …

Le chrétien doit sortir de chez lui, … sortir de son soi … passer par la porte qu’est Jésus … le suivre, lui, le Bon Berger, …pour aller vers Dieu en allant vers les autres …

Le chrétien doit être un nomade dans sa tête …

Comme le disait le pape François aux jeunes des JMJ de Cracovie (mais c’est valable aussi pour les plus âgés) : « Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours ‘‘plus loin’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde.  ( … ) Dieu attend quelque chose de toi, Dieu veut quelque chose de toi, Dieu t’attend. Dieu vient rompre nos fermetures, il vient ouvrir les portes de nos vies, de nos visions, de nos regards. Dieu vient ouvrir tout ce qui t’enferme. Il t’invite à rêver, il veut te faire voir qu’avec toi le monde peut être différent. »

Seigneur Jésus,

tu ne veux pas que nous restions

enfermés chez nous.

Tu nous veux mobiles,

allant vers les autres,

mettant en pratique la Parole de Jésus.

 En faisant ainsi,

nous nous approchons de ton Père

qui nous attend, dans son paradis,

avec Toi.

 

                                                                                       Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :

Prière dim Pâques A 4°




25 avril 2020, Fête de St Marc : homélie de Fr Manuel Rivero (op)

Qui est l’auteur de la Bible ? La foi chrétienne précisée dans le catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’auteur de la révélation biblique est le Saint Esprit. Pourtant nous reconnaissons chaque évangéliste comme auteur de son œuvre. Saint Marc en est un. Il est l’artisan du deuxième évangile, c’est-à-dire, le Saint Esprit l’a inspiré dans sa culture, dans sa langue, sans ses pensées et dans sa prière, dans son émotivité et dans son travail …

Pour la foi chrétienne, Dieu ne se révèle pas dans une dictée. Nous ne sommes pas non plus une religion du Livre mais la religion du Verbe vivant !

Guidé par le Saint Esprit, saint Marc a fait œuvre de théologien et de prédicateur. À partir des prédications des apôtres, des récits des enseignements et des miracles de Jésus transmis de manière orale, saint Marc a bâti un Évangile qui semble s’adresser aux païens, non Juifs hors de Palestine et notamment à Rome. Il traduit les noms araméens pour que les païens les comprennent.

Dans sa pédagogie, saint Marc a développé son enseignement sur Jésus-Christ, Fils de Dieu, autour de la question « Qui donc est cet homme ? ». Qui est cet homme qui commande aux vents et aux vagues de la mer, qui agit avec autorité sur les démons et qui guérit les malades ? Qui est ce prophète qui manifeste le mystère de Dieu avec autorité ? Qui est cet homme qui affronte la mort dans l’amour et qui ressuscite ?

Mosaïque du Christ (Basilique St Marc de Venise)

La tradition de l’Église dans l’enseignements des évêques et des docteurs a vu en saint Marc l’interprète de la prédication de saint Pierre à Rome. Marc ou Jean-Marc serait originaire de Jérusalem, compagnon de Paul, de Barnabé et de Pierre à Rome. Son Évangile qui insiste sur la nécessité de porter la croix à la suite de Jésus pourrait concerner les chrétiens persécutés par l’empereur romain Néron après l’année 64.

Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour notre vie spirituelle ? Tout d’abord, Dieu aime l’unité mais non l’uniformité. Nous avons quatre évangiles et non un seul. Saint Marc fait partie des évangiles synoptiques -Matthieu, Marc et Luc- qui comportent beaucoup de récits communs.

Dieu aime le pluralisme théologique et spirituel. Le poète espagnol Léon Felipe, mort exilé au Mexique en 1968, a partagé son expérience de Dieu dans ce poème : « Nadie fue ayer, ni va hoy, ni irá mañana hacia Dios por este mismo camino que yo voy. Para cada hombre guarda un rayo nuevo de luz el sol y un camino virgen Dios. », que je traduis de manière assez littérale : « Personne n’alla vers Dieu hier, ni va aujourd’hui ni ira demain sur ce même chemin où je vais. Chaque matin, pour chaque homme, un nouveau rayon de lumière lui est donné par le soleil et un chemin virginal par Dieu. »

Retenons que chacun va à Dieu par un chemin virginal. Un proverbe dit que « les comparaisons sont odieuses ». Cela s’avère juste aussi dans la vie spirituelle.

Un autre enseignement : Dieu se révèle petit à petit dans le temps et à travers les événements du quotidien. Saint Marc a probablement écrit trente ans après la mort et la résurrection de Jésus. La tradition orale l’emportait sur les écrits. Les apôtres venant à mourir martyrs, il fallait mettre par écrit leur enseignement pour faire connaître Jésus aux Juifs et aux païens, dans le monde entier.

Nous n’avons pas le manuscrit original de l’Évangile selon saint Marc. Nous en avons des copies d’où la critique textuelle, la critique littéraire, l’étude exégétique et théologique de ce texte évangélique.

Tombeau de St Marc (Basilique St Marc de Venise)

Lors de son discours d’inauguration de l’École biblique de Jérusalem le 15 novembre 1890, le père Marie-Joseph Lagrange avait déclaré : « Dieu a donné dans la Bible un travail interminable à l’intelligence humaine et, remarquez-le bien, il lui a ouvert un champ indéfini de progrès dans la vérité. » Magnifique ! Le chrétien ne croit pas parce que c’est absurde mais parce qu’est lumineux, raisonnable et plus que raisonnable, surnaturel, divin. La foi chrétienne ne pousse pas au suicide de l’intelligence mais elle appelle la raison à se mettre au service de la foi : « Je crois pour comprendre et je comprends pour croire », enseigne saint Augustin.

Question : quel temps consacrons-nous à l’approfondissement de notre foi ? Nous nous plaignons souvent de ne pas avancer dans la relation avec Dieu. Mais demandons-nous : est-ce que j’utilise ma matière grise et mon temps pour grandir dans l’intelligence de la foi ? Le père Lagrange l’a bien dit : « Dieu nous a donné un champ infini de progrès dans la vérité. » Il s’agit de progresser dans la Vérité de Dieu. Nous connaissons mieux Dieu aujourd’hui qu’il y a deux mille ans. Ce progrès passe aussi par l’exégèse, c’est-à-dire par l’étude et l’interprétation des textes bibliques qui ressemblent à une source d’eau vive dont nous ne prenons que quelques gorgées.

Le père Lagrange montrait aussi la voie dans ce discours inaugural en disant : « La vérité révélée ne se transforme pas, elle grandit. […] C’est un progrès, parce que les acquisitions nouvelles se font sans rien enlever aux trésors du passé. Aussi l‘histoire de l’exégèse est-elle la plus belle des histoires littéraires. » Le père Lagrange aimait l’Évangile selon saint Marc qu’il avait choisi de commenter en premier avant tous les autres évangiles.

Nous entendons dire souvent : « un tel est intelligent ». Nous avons à répliquer : « intelligent en quoi ? » Il y en a qui sont intelligents pour l’industrie et le commerce mais incapables d’éduquer leurs enfants. Il y en a qui sont scientifiques ou professeurs mais inaptes à l’heure de construire leur vie de couple.

Il y a une intelligence de la foi. Qu’en faisons-nous ? Sommes-nous des schizophrènes ? Nous utilisons notre raison et notre temps pour l’économie et les loisirs tandis que notre vie religieuse ressemble à un jardin abandonné sans intelligence ni beauté.

La fête de saint Marc nous invite à investir du temps et le meilleur de notre capacité d’apprendre pour entrer dans le mystère Jésus-Christ, où se trouvent cachés tous les trésors de la connaissance et de l’amour de Dieu ainsi que de l’identité de l’humanité appelée à partager la vie de Dieu en Jésus ressuscité.

Pour saint Marc, l’avènement de Jésus Messie, Fils de Dieu, représente l’aboutissement de l’histoire du monde et le commencement de la nouvelle création. En Jésus s’accomplissement les promesses faites à Abraham et les prophéties de l’Ancien Testament. En Jésus, Dieu nous a tout dit et de manière définitive. La révélation est désormais close. Les apparitions et les grâces particulières ne font que confirmer l’enseignement de Jésus dans l’Évangile.

Basilique St Marc de Venise

Nous n’avons pas à courir derrière de nouvelles prophéties, enseigne le grand docteur de l’Église saint Jean de la Croix (+1591), ce serait un péché de manque de foi qui équivaudrait à dire que Jésus ne nous a pas sauvé par sa mort et par sa résurrection et que sa révélation du Père était insuffisante.

Jésus n’est pas un prophète parmi les prophètes ou un prophète qui pourrait être dépassé par un autre prophète. Saint Marc met en lumière dès le premier verset de son Évangile la nouvelle création qui commence avec Jésus Messie, Fils de Dieu. Nul ne va à Dieu sans passer par Jésus.

Ce serait un retour en arrière, une régression dans la révélation, que de ne pas voir dans le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, dans sa mort et dans sa résurrection le sommet et la source du Salut de l’humanité, pour nous contenter de la foi d’Abraham ou d’autres prophètes.

L’eucharistie que nous célébrons maintenant va nous plonger dans le mystère de l’Amour de Dieu manifesté en son Fils bien-aimé, Jésus-Christ.

Demandons au Seigneur Jésus, la grâce de l’intelligence de la foi. Saint Marc n’a pas hésité à montrer Jésus en croix, portant le péché du monde, son corps imbibé du refus de croire des hommes à l’image d’une éponge qui absorbe le mal de l’humanité pour l’en délivrer : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais Dieu le Père n’a pas abandonné son Fils. Il l’a relevé le troisième jour par la puissance de son Esprit de sainteté.

Saint Marc n’hésite pas non plus à montrer la dureté du cœur des apôtres « lents à croire » en la résurrection de Jésus. L’évangéliste ne manipule pas les faits ni les textes pour faire croire en un événement faux, comme l’aurait fait un faux prophète.

L’amour de Jésus vainqueur de la mort l’emporte dans la rencontre avec ses disciples. Ils passent du deuil à l’allégresse pascale, des doutes au témoignage.

Dans la lumière de la résurrection de Jésus, le Chemin de croix devient un Chemin de lumière, le Via Crucis est transformé en Via lucis, la croix est devenue le pont qui conduit au Père.

Jésus qui avait crié sur la croix « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » est maintenant assis à la droite du Père. Il partage la gloire de son Père, nous préparant une place à nous qui sommes ses frères et ses sœurs, fils et fils de Dieu, dans la lumière de la Résurrection. Alléluia !

                                                                                          Fr Manuel Rivero (OP)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




« Dieu était là, et … » (Lc 24,13-35 ; 3° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

L’évangile de ce jour est bien connu, et tout le monde a en tête des phrases entières de celui-ci. Mais souvent, on en reste à une histoire qui s’est passée il y a deux mille ans … il y a bien longtemps …

Alors, essayons de l’actualiser, en tenant compte de l’individualisme de la plupart des gens de notre époque, et mettons-nous à la place des deux personnes qui quittent Jérusalem pour rentrer chez eux à Emmaüs. En ce temps actuel, c’est-à-dire avec le problème du confinement et des règles barrières qui rendent les choses encore plus compliquées … en prenant les trois temps principaux de cet épisode.

  • Sur le chemin

Nous sommes donc en train de cheminer avec un ami, à un mètre de distance l’un de l’autre, tout en discutant, sans joie, ressassant les événements récents, et nous posant bien des questions au sujet de la mort de Jésus, et ce que nous allions devenir …

Et puis voilà qu’un inconnu nous rattrape, et au lieu de passer rapidement, à distance, en nous disant : « Bonjour ! ça va ? » auquel on aurait répondu « Bonjour ! ça va ! » même si cela n’allait pas du tout, voilà-t-il pas qu’il se permet de demander : « De quoi discutez-vous en marchant ?».

J’ai bien peur que notre réaction intérieure serait quelque chose du genre : « Mais de quoi se mêle-t-il celui-là ! Cela ne le regarde pas ! », et qu’on aurait répondu poliment « Oh, de choses et d’autres … » en espérant que cela s’arrête là !

Et on serait passé à côté de toute cette catéchèse que Jésus leur a donnée.

On n’aurait pas écouté Jésus.

« Dieu était là, et je ne l’ai pas écouté. »

  • Arrivés à Emmaüs

« Ah, nous voilà arrivés ! Il était temps, le soir tombe déjà ! »

« Jésus fit semblant d’aller plus loin. »

« Oh là là, je suis fatigué ! Allez, bonne soirée ! … On t’aurait bien invité, mais avec le Covid-19 … hein … », et nous serions rentrés chez nous bien tranquillement, nous installant devant la table déjà préparée …

Et on serait passé à côté du fait de voir Jésus renouveler pour la première fois depuis le jeudi saint le partage du pain !

On n’aurait pas vu Jésus.

« Dieu était là, et je ne l’ai pas vu. »

  • Une fois Jésus disparu

« Ho, dis donc ! T’as vu ? »

« Oui … c’était Jésus !? »

« Oui, je crois … Oh ben çà alors !»

« Ho … alors … il est ressuscité ?! »

« On dirait bien … de toute façon, il l’avait dit … »

« Ah oui, c’est vrai ! »

« Bon, il est temps d’aller dormir ! »

Peut-être certains auraient pensé à envoyer un texto aux apôtres … et encore ! Mais retourner à Jérusalem, deux heures de marche en allant vite … Non, faut pas rêver !

Et on serait passé à côté de la joie partagée avec les apôtres … et Jésus.

On n’aurait pas partagé la nouvelle de la résurrection de Jésus.

« Dieu n’était plus là, et je ne suis pas retourné vers lui … et les autres.»

 

Combien de fois passons-nous à côté de Jésus sans le voir… ?

Combien de fois les chrétiens, dont je suis, disent-ils du mal des autres … en oubliant que Dieu est en chacun d’eux ?

On remarquera qu’on retrouve les mêmes trois mots dont on avait parlé pour le dimanche de Pâques : écouter, voir, partager, qui, quand on les suit font de nous des témoins. Avec l’aide de l’Esprit Saint …

Sans doute oublions-nous souvent de demander cette aide à l’Esprit-Saint, ne comptant que sur nos propres forces, sur nos capacités, notre intelligence … et c’est pas toujours terrible !

« Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8).

La route est courte, ce s’rait dommage
de se croiser sans s’regarder
La route est courte, ce s’rait dommage
de se croiser sans s’rencontrer.

Je t’ai reconnu
Après un long temps de chemin
Au geste de tes mains
Quand tu as pris le pain.

La route est courte, ce s’rait dommage
de se croiser sans s’rencontrer.

                                      Jean Humenry

                                                          Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée cliquer sur le titre suivant :

Prière dim Pâques A 3°




Dernier message de St Jean Paul II pour la fête de la Miséricorde divine.

Le Pape Jean Paul II est entré dans la Vie le samedi 2 avril 2005 à 21h 37… Or, depuis la fin de l’après midi, avec la Prière des Vêpres, l’Eglise était entrée dans la célébration de la Fête de la Miséricorde divine qu’il avait instituée le 30 avril 2000, jour où il avait canonisé Sr Faustine Kowalska. Le Christ lui était apparu le 22 février 1931, et il lui avait dit qu’il désirait que le premier dimanche après Pâques soit la Fête de la Miséricorde… St Jean Paul II exauça ce désir…

Et peu avant de mourir, il fait laissé des indications sur une déclaration à faire en ce dimanche 3 avril 2005… Ces mots résonnent maintenant comme son Testament spirituel.

Le Pape Jean-Paul II en effet avait indiqué le thème de la méditation pour la prière du « Regina Caeli » du IIe Dimanche de Pâques, Dimanche de la Divine Miséricorde. En conclusion de la concélébration eucharistique présidée sur la Place Saint-Pierre par le Cardinal Angelo Sodano, S.Exc. Mgr Leonardo Sandri a prononcé les paroles suivantes, avant de donner lecture du texte du Saint-Père : « J’ai été chargé de vous lire le texte préparé, sur ses indications explicites, par le Saint-Père Jean-Paul II. Je le fais en ressentant profondément cet honneur, mais également avec une grande nostalgie ».


Très chers frères et sœurs !

1. Le joyeux Alleluia de la Pâque retentit également en ce jour. La page de l’Évangile de Jean d’aujourd’hui souligne que le Ressuscité, le soir de ce jour, apparut aux Apôtres et « leur montra ses mains et son côté » (Jn 20, 20), c’est-à-dire les signes de la passion douloureuse imprimés de façon indélébile sur son corps, également après la résurrection. Ces plaies glorieuses, qu’il fit toucher huit jours plus tard à Thomas, incrédule, révèlent la miséricorde de Dieu, qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16).

Ce mystère d’amour se trouve au centre de la liturgie d’aujourd’hui du Dimanche in Albis, dédié au culte de la Divine Miséricorde.

2. Le Seigneur ressuscité offre en don à l’humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, par l’égoïsme et par la peur, son amour qui pardonne, qui réconcilie et ouvre à nouveau l’âme à l’espérance. C’est l’amour qui convertit les cœurs et qui donne la paix. Combien le monde a besoin de compréhension et d’accueillir la Divine Miséricorde !

Jean Paul II offre son pardon à Mehmet Ali Ağca qui a tenté de l’assassiner le 13 mai 1981

Seigneur, Toi qui par ta mort et ta résurrection révèles l’amour du Père, nous croyons en Toi et nous te répétons aujourd’hui avec confiance : Jésus, j’ai confiance en Toi, aies pitié de nous et du monde entier.

3. La solennité liturgique de l’Annonciation, que nous célébrerons demain, nous pousse à contempler avec les yeux de Marie l’immense mystère de cet amour miséricordieux qui naît du cœur du Christ. Aidés par Elle, nous pouvons comprendre le sens véritable de la joie pascale, qui se fonde sur cette certitude : Celui que la Vierge a porté dans son sein, qui a souffert et qui est mort pour nous, est véritablement ressuscité. Alleluia !  




Recevoir le Don du Ressuscité (Jn 20,19-31 ; 2° Dimanche de Pâques – D. Jacques FOURNIER).

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

 

Nous sommes le premier jour de la semaine, le lendemain du sabbat (samedi), ce qui correspond à notre Dimanche. Jésus est mort deux jours avant, dans un déchainement de haine et de violence. Ses disciples ont peur qu’il ne leur arrive la même chose. Ils se sont donnés rendez-vous quelque part à Jérusalem, et ils ont bien verrouillé les portes…

Et l’impensable se produit : « Jésus vint et se tint au milieu »… C’est Lui qui prend l’initiative de venir vers eux. Au tout début de l’Evangile, il était entré en scène exactement de la même manière : « Jean Baptiste voit Jésus venir vers lui » (Jn 1,29). Dieu désire rencontrer l’homme, et c’est toujours Lui qui fait les premiers pas… Mais comme il ne veut pas s’imposer, si nous y consentons, il nous invite à lui dire : « Viens, Seigneur Jésus »… C’est la toute dernière prière de la Bible (Ap 22,20)…

« Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit : « Paix à vous ! » » Cette paix est le grand cadeau qu’il est venu apporter aux hommes, à tous les hommes : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14,27), avec des mots si souvent contredits par les actes. Avec lui, cette paix est d’abord un acte, un don, qui nous rejoint au plus profond du cœur, sans parole, en silence… Dans la langue de Jésus, l’araméen, le mot est synonyme de Plénitude : Dieu veut que notre cœur soit rempli comme le sien ! Il veut nous donner d’avoir part à sa Plénitude, d’être nous aussi « Plénitude » tout comme Lui est Plénitude de toute éternité… C’est toute sa mission : « En lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité et vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude » (Col 2,9). Un seul mot suffit à résumer cette Plénitude : Esprit… En effet, « Dieu est Esprit », nous dit Jésus (Jn 4,24). Dieu nous associera ainsi à sa Plénitude en nous la donnant, tout simplement : « Il vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). Voilà ce qui se cache derrière ce « Paix à vous ! » car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Au moment où il leur dit « Paix à vous ! », il leur donne l’Esprit Saint…

« Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur »… Il ne peut en être autrement, puisque, nous venons de le dire avec St Paul, « le fruit de l’Esprit est joie »… « Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint », écrit St Luc dans les Actes des Apôtres (Ac 13,52).

De plus, si « Dieu est Esprit », St Jean écrit aussi : « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). Et le Psaume déclare : « En toi, Seigneur, est la source de vie, par ta lumière nous voyons la lumière » (Ps 35(35),10). Ainsi, tout comme nos yeux de chair ont besoin de la lumière du soleil, d’un feu ou d’une lampe pour voir, notre cœur a aussi besoin d’une Lumière venue d’en haut pour « voir » les réalités spirituelles invisibles à nos seuls yeux de chair. Cette Lumière est donnée avec le Don de l’Esprit, puisque cet Esprit est Lumière : « Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, vous donner un Esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître ! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints, et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu’il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux » (Ep 1,15-20). C’est donc grâce à la Lumière de l’Esprit Saint qui règne dans leurs cœurs que les disciples peuvent « voir » le Ressuscité, « le Seigneur de la Gloire » (1Co 2,8), le Seigneur dans sa Gloire…

Autrement dit, quand Jésus leur dit plus loin « Recevez l’Esprit Saint », ils l’ont déjà depuis le tout début de leur rencontre ! Cette Parole ne leur est donnée que pour qu’ils puissent prendre conscience, avec elle et grâce à elle, de cette réalité spirituelle qui les habite déjà, et qui leur est donnée, gratuitement, en surabondance, par ce « Père des Miséricordes » (2Co 1,3), et par cet « Astre d’en Haut », Jésus, le Fils, « qui nous a visités dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,76-79)…

Et avec ce Don de l’Esprit, notre vocation s’accomplit… Dieu nous a en effet tous créés « en soufflant en nous » (Gn 2,4b-7) : « Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ». Or le Souffle de Dieu est une image qui, dans la Bible, renvoie à l’Esprit Saint : « Ainsi parle Dieu, Yahvé, qui a créé les cieux et les a déployés, qui a affermi la terre et ce qu’elle produit, qui a donné le souffle au peuple qui l’habite, et l’Esprit à ceux qui la parcourent » (Is 42,5). Dieu nous a donc tous créés par un Don de l’Esprit qui nous a donnés d’être « esprit », « corps, âme et esprit » (1Th 5,23). Et notre vocation s’accomplira lorsque, ouverts de tout cœur à Dieu, dans l’Amour, notre esprit sera « rempli » par le Don de Dieu, le Don de l’Esprit Saint… C’est ce que le Christ suggère dans notre Evangile, en reprenant le geste créateur de Dieu dans le Livre de la Genèse, juste avant de dire une Parole, qui, à travers les disciples, s’adresse à l’humanité tout entière, à chacun d’entre nous : « Il souffla et leur dit : Recevez l’Esprit Saint »… « Hâte-toi », donc, « de devenir participant de l’Esprit Saint » (Grégoire de Naziance, 4° s)… car il est le Don gratuit de l’Amour, de ce Dieu qui « est Amour » (1Jn 4,8.16), un Amour qui face à notre misère ne cesse pas de prendre le visage d’une Miséricorde infinie… « Ne jamais désespérer de la Miséricorde de Dieu », disait St Benoît… Alors, « béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit » (2Co 1,3-4)…

                                                                                               D. Jacques Fournier




2° Dimanche de Pâques, Fête de la Miséricorde (Homélie du P. S. Vaast)

Il est un personnage, dans l’Evangile, envers qui nous pouvons avoir beaucoup de reconnaissance, un personnage qui nous réconforte dans nos incertitudes : Il s’agit de l’apôtre Thomas. S’il n’avait pas été là, il manquerait quelque chose à cette merveilleuse histoire de résurrection, tellement belle que les hommes ont du mal à y croire. Que manquerait-il ? Il y manquerait quelqu’un, quelqu’un qui nous représenterait. Quelqu’un en qui nous pourrions nous reconnaître. Quelqu’un de « normal » : quelqu’un qui n’arrive pas à y croire. In moune i pran pas toute sak i brille pou de l’or.Quelqu’un à qui « on ne la fait pas », et qui n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat. Quelqu’un qui n’a pas peur de mettre le doigt dans la plaie. Quelqu’un qui n’a pas peur d’appuyer là où ça fait mal…

Parce que, reconnaissons-le, en effet, cette histoire de résurrection de Jésus, ça nous dérange quelque part. C’est tellement invraisemblable ! N’aurait-il pas été plus simple en effet, si Jésus s’était contenté d’un petit bonjour à ses disciples, en passant, en vitesse, juste avant de remonter vers son Père… On aurait dit : « Ils ont eu une apparition, une vision… Après tout, une vision, ce n’est pas très important. Beaucoup de saints ont eu des visions, de saintes visions, des visions qui font du bien. Mais on ne va pas en faire toute une histoire ! On ne va pas en faire l’objet d’un credo ! Une vision, on ne va pas en faire une question de foi ! Mais non voyons, ce qui compte, c’est ce que Jésus a dit, ce qu’il a fait, ce qu’il a été durant sa vie terrestre, avant de mourir : ce signe d’amour extraordinaire qu’il a été, cette sagesse inouïe dans ses paroles, cette générosité unique qui a été jusqu’à donner sa vie pour nous ! Il est mort mais son esprit continue, son esprit est vivant. Cela suffisait largement pour fonder le christianisme ! » C’est bien ce que suggèrent, un certain nombre de livres ou de films.

Eh bien non, mes frères et sœurs, cela ne suffisait pas. Il fallait que Jésus ait réellement traversé la mort ; qu’il fût réellement entré dans la mort et réellement sorti de la mort, pour nous montrer que la vie est plus forte que la mort, que l’amour est plus fort que la haine, que le pardon est plus fort que la violence.

Et Thomas veut s’assurer que la vision du ressuscité n’est pas une hallucination ou une compensation imaginaire qui aurait pu monter dans l’esprit des disciples déçus, déprimés et probablement assez honteux de ce qui s’est passé. Thomas veut être sûr qu’il rencontre, bien vivant, celui-là même qui revient de la mort. Le même, vraiment le même qui a été crucifié et que tous les disciples ont abandonné.

Et cette certitude que c’est bien lui, Jésus, comment l’obtiendra-t-il ? Il ne l’obtiendra pas sur la couleur de ses yeux ou sa coupe de cheveux, mais par la trace de ce qu’ils ont vécu ensemble de plus intime : la marque de la crucifixion, la blessure des clous dans les mains, et le trou de la lance au côté.

Alors, merci Thomas d’avoir été là, pour être le témoin qui doute jusqu’à vouloir toucher. Merci d’avoir posé la question qui fâche. Merci d’avoir été le trouble-fête au milieu des disciples tellement stupéfaits qu’ils n’osent pas poser de questions. Grâce à toi et au cas où nous ne l’aurions pas compris plus tôt, le Christ ressuscité ne peut pas être pour nous une simple hallucination, une vision ou un esprit. Il est vraiment ressuscité !

Alors si nous avons imité Thomas dans ses doutes, puissions-nous aussi l’imiter dans sa foi. Soyons donc des Thomas jusqu’au bout. Car Thomas est un jumeau nous précise l’évangéliste. Mais un jumeau de qui ? Peut-être de chacun d’entre nous. Nous sommes tous invités à lui ressembler de manière à pouvoir, nous aussi, nous adresser au Christ ressuscité, et lui dire à la suite de Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu ». Car quel écart entre cette acclamation émerveillée et la vérification que demandait Thomas avant la rencontre ! Oui, il a douté, mais sa foi est si grande maintenant qu’il donne à Jésus le titre le plus beau et le plus fort de tous les évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».L’expérience de foi lui a fait franchir cet écart et l’a amené devant Dieu lui-même. La foi n’est jamais à la hauteur des preuves et des assurances que nous recherchons. La foi nous toujours fait aller au-delà, et bien plus loin que ce que nous demandons. La foi nous amène en présence du Dieu vivant. La foi nous ouvre à la joie. C’est pourquoi Jésus dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Non pas heureux les crédules à qui l’on fait croire ce que l’on veut. Mais heureux ceux chez qui la confiance et le consentement ont creusé profond, ont travaillé le cœur et l’intelligence et ont traversé tout leur être pour jaillir dans la profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu. »

Ainsi donc frères et sœurs, ne cherchons pas à expliquer la résurrection, mais acceptons de faire l’expérience du Christ ressuscité dans le quotidien nos vies. Demandons au Seigneur la grâce de fortifier notre foi en sa résurrection. Ainsi, tous nos doutes étant traversés, nous pourrons, nous aussi, proclamer devant le Christ du matin de Pâques : « Mon Seigneur et mon Dieu, Mon Jésus mon BonDié. »

 

                                              P. Sébastien Vaast (SJ)




« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous … » (Jn 20,19-31 ; 2° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

Evangile selon St Jean (20,19-31)

Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.

Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »

Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Commentaire

Quand les apôtres racontèrent à Thomas qu’ils avaient vu le Seigneur, lui qui avait quitté le groupe après la mort de Jésus et n’était pas présent le soir de la résurrection, il n’en croyait pas ses oreilles … mais comme tout homme ’’de bon sens’’ ( ? ), il demande ’’à voir’’ …

Si un jour votre conjoint vous dit : « Houai ! on a gagné cent millions au loto ! », la première réaction est de dire : « Fais voir ! », à la fois les résultats sur le journal et le ticket du loto.

Il en est de même pour Thomas. Quand Jésus était mort, pour lui, c’était la fin … de la vie de Jésus, … de ses espoirs d’une vie meilleure avec lui …

Alors quand on lui dit que Jésus est ressuscité, il a du mal à le croire. Pourtant, peu de temps avant, il était avec Jésus quand celui-ci a rendu la vie à Lazare, il l’avait entendu dire à son Père : « Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jn 11,42 » … Mais Jésus n’est plus là pour demander le miracle à son Père !

On a souvent montré Thomas comme celui qui doute… de la résurrection de Jésus, … mais surtout du témoignage des autres apôtres !

Et pourtant, il n’est pas le seul !

– « [Marie-Madeleine] partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité» (Mc 16,10-14)

– « Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. » (Lc 24,10-11).

– « Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. » (Mt 28,16-17)

Ainsi donc, les quatre évangélistes ont tous montré, de différentes manières, que l’acceptation de la résurrection de Jésus n’est pas une chose évidente.

Même ceux qui l’ont vu vivant ne l’ont pas reconnu tout de suite. Car « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » (Lc 24,16), et il fallut à chaque fois une intervention de Jésus pour qu’il soit reconnu : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! »(Lc 24,39), « Avez-vous quelque chose à manger » (Lc 24,41), « Ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. » (Lc 24,30), « Marie ! » (Jn 20,16).

Mais ce n’est pas tellement le fait de ne pas le reconnaître que leur reproche Jésus, mais comme il le dit dans l’évangile de Marc, c’est « qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité », ceux qui avaient témoigné de sa résurrection. Or, c’est ça qui est le plus important, croire les témoins oculaires et ceux qui ont mis par écrit ces témoignages.

Alors quand Jésus rejoint les apôtres, Thomas étant présent, et qu’il lui dit : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse de te montrer incroyant, mais croyant. », devançant la demande de Thomas, celui-ci voit, et il croit, et sans rien faire d’autre, il s’écrit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! », reconnaissant en celui qui lui apparaît non seulement son Maître et Seigneur, mais aussi qu’il est Dieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1,1) « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10,30).

Et nous, si nous connaissons Jésus et son enseignement, si nous croyons en lui, c’est parce que depuis deux mille ans des personnes ont cru et rapporté les témoignages de ceux qui les ont précédés, et qui nous ont convaincus que leur « témoignage est véridique » (Jn 19,35). À commencer par nos parents et grands-parents, nos catéchistes, les prêtres que nous avons rencontrés, et tant d’autres personnes … qui ont fait tout ce qu’ils ont pu pour nous faire aimerJésus, nous faire aimer Dieu et son Saint-Esprit … et ainsi répondre à l’amour de Dieu pour nous.

Est-ce à dire que nous ne douterons jamais de Dieu ? de son existence ? de … ?

Certainement pas ! et nous en savons tous, je pense, quelque chose !

Et quand quelqu’un me dit qu’il n’a aucun doute … je doute …

Douter nous permet de réfléchir à notre foi, de faire le point sur notre amour de Dieu et des hommes… Souvent, et peut-être même tout le temps, c’est une intervention du Malin … et cela ne date pas d’hier (voir Gn 3,5).

Le doute n’est pas grave, c’est une tentation … L’essentiel est de ne pas y rester, comme l’a fait Jésus : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom !» (Jn 12,27-28), ou comme l’a fait Thomas …

Seigneur Jésus,

Tu sais tout de nous, de nos pensées,

et tu sais que parfois nous doutons,

comme saint Thomas.

Mais à chaque fois,

ton amour pour nous se fait plus fort

pour que nous reconnaissions ton amour

et que nous t’aimions davantage.

Merci d’être présent avec nous

chaque fois que nous doutons.

 

Francis Cousin

Si vous désirez accéder à la prière illustrée, il suffit de cliquer sur le titre suivant :

Prière dim Pâques A 2°