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La Passion du Christ

LA PASSION DU CHRIST

Histoire, traditions et spiritualité

Conférence donnée par Yannick Leroy,

Historien des Origines du Christianisme,

Intervenant au Sedifop

Le samedi 18 Avril 2020  à la Maison Diocésaine

36 rue de Paris, St Denis, de 14h 00 à 17h 00.

Entrée libre

 

 

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La Passion du Christ, conférence YL




2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 17, 1-9)

 « Écoutez-le ! »

 

Tout ceux qui ont eu l’occasion de monter « sur une haute montagne » ont ressenti une joie intérieure en arrivant au sommet ; non pas tant pour être arrivé au bout, mais par la beauté du paysage qu’on y peut voir. Et certains ne peuvent s’empêcher de penser à Dieu qui nous a fait cadeau d’une si belle création. Et ce n’est pas pour rien que très souvent on y voit des croix.

La hauteur nous rapproche spirituellement de Dieu, et en même temps nous éloigne de ce qui fait notre train-train quotidien, nos contingences matérielles. Et cela nous incite à une prière de remerciement à Dieu, pour la beauté, … pour sa bonté …

Mais ce qui est arrivé « sur une haute montagne » aux trois apôtres choisis par Jésus va les amener à une expérience encore plus forte, avec la transfiguration de Jésus, qui apparaîtra dans sa gloire, et la présence de Moïse et de Elie qui conversent naturellement avec Jésus.

On voit le lien avec l’ancien testament, la loi et les prophètes … et le nouveau testament avec Jésus.

En un instant, l’espace terrestre s’élargit de la Galilée jusqu’au Sinaï, voire même à la Galaxie avec l’ouverture des cieux, et le temps remonte jusqu’à 1300 ans en arrière !

Si on regarde les sept protagonistes de ce passage de l’évangile, que voit-on ?

– Moïse a eu une révélation divine au sommet du Sinaï : il a entendu et vu Dieu de ses yeux, mais seulement de dos, car « mon visage, personne ne peut le voir. » (Ex 33.23). Et Dieu lui a donné une Mission envers le peuple hébreu : révéler son nom et donner les dix commandements.

– Elie a eu une révélation divine au sommet de l’Horeb : il a entendu Dieu et senti sa présence par « le murmure d’une brise légère » (1 R 19,12). Et Dieu lui a donné une Mission : oindre deux rois et son successeur Élisée.

– Jésus, Fils de Dieu, n’a pas eu de révélation car il est avec Dieu depuis toujours. Mais c’est en lui que Dieu se révèle aux trois apôtres. Sa mission, il la connaît déjà.

– les trois apôtres vont avoir une double révélation divine. Par la vision glorieuse de Jésus d’une part, et d’autre part par l’écoute de la parole de Dieu venue des nuées : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé … ». Leur mission : « Écoutez-le ! » vous-même, et redonnez ce message à tous ceux que vous rencontrerez.

– Et le dernier, Dieu, qui est l’origine et la fin … et que nous devons écouter à travers son fils Jésus.

La révélation de Dieu se fait en utilisant nos sens : la vue (Moïse, les apôtres), l’ouïe (Moïse, Elie, les apôtres), le toucher (Elie, par la brise).

Et on pourrait ajouter l’odorat (l’odeur répandue par les saints) et le goût (La Parole douce comme le miel (Ez 3,3), ou l’eucharistie).

Dieu utilise tous nos sens pour nous parler, pour se faire connaître, et pas seulement notre intelligence. D’ailleurs Jésus dit de même : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

Ce message qui a été donné aux apôtres lors de la transfiguration, leur mission, elle est aussi la nôtre : « Écoutez-le ! ».

Écouter Jésus dans son enseignement, par la lecture, la méditation de sa Parole que l’on trouve dans les évangiles.

Écouter Jésus dans la prière, dans l’adoration, dans le ’’dialogue’’ avec lui en essayant de comprendre ce qu’il veut nous dire.

Écouter Jésus dans nos actions (dans le sens d’obéir), en mettant en œuvre ses paroles, notamment dans les œuvres de miséricorde. « Ce n’est pas en me disant :Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).

Notre mission de chrétiens est de toujours écouter la Parole de Jésus, qui est aussi la Parole de Dieu … et de la mettre en pratique. C’est ce que disait aussi Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2,5).

Suivre cet enseignement, c’est aussi mettre en œuvre deux des points forts que l’on demande habituellement pendant le carême : la prière et le partage (œuvres de miséricorde), mais qui sont à faire aussi en dehors du carême, tout le temps. Et comme l’évangile nous le disait le mercredi des cendres, sont à faire dans le secret ou dans la discrétion, car « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6).

Seigneur Jésus,

bien souvent notre prière se résume

à te faire des demandes :

nous voulons ceci ou cela.

Nous avons renversé les rôles !

Ton Père nous a dit :

’’Écoutez-le’’ en parlant de toi.

Et toi tu as ajouté :

’’Et mettez mes paroles en pratique’’.

C’est notre mission de baptisés.

 

Francis Cousin,

  

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Prière dim carême A 2°




1er Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 4, 1-11)

 « Alors le diable le quitte. »

 

Oh ! comme nous aimerions qu’il en soit de même pour nous !

Pèche, colère, emportement, rixe, mensonge, fausseté …, « en pensée, en parole, par action et par omission », oui, vraiment, nous sommes pécheurs, et plus souvent qu’on ne le voudrait.

La plupart du temps, on le regrette aussitôt, mais parfois le mal est fait, … et il est bien difficile de revenir à l’état antérieur d’unité, de respect de l’autre, d’amour, envers Dieu et envers les autres …

Mais si le diable a quitté Jésus, au bout des quarante jours que celui-ci a passé dans le désert, en communion avec son Père, avant même qu’il n’entame sa vie publique, il n’en n’a pas pour autant fini avec lui … et il n’aura de cesse d’attiser la haine dans le cœur des ’’bons juifs’’, les docteurs de la loi, les scribes, les pharisiens … pour contrer Jésus, essayer de le déstabiliser, … et enfin en les décidant à mettre Jésus à mort.

Et pendant la Passion, Il se vengea en instrumentalisant Judas : « Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. » (Jn 13,27), le sanhédrin, des faux témoins, même Pierre qui renie Jésus … et jusqu’à Jésus dans l’esprit duquel il « met le trouble » pour l’empêcher d’aller jusqu’au bout de sa mission : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39a), ou encore : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? » (Jn 12,27a).

Mais la tentation de Jésus n’est que fugace, et il n’entre pas en elle, et vite il se reprend : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39b) et « Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » (Jn 12,27b).

Cela n’a pas eu d’influence sur Jésus parce qu’à chaque fois, il s’en remet à son Père et à sa mission. Il n’empêche que Jésus a connu la tentation, comme nous, et de ce fait, il peut compatir à nos faiblesses : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » (He 4,15). C’est la relation constante avec son Père, l’unité entre lui et son Père, qui permet à Jésus de déjouer les désirs du Démon ; c’est son obéissance à son Père qui lui donne raison : « De même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. » (deuxième lecture).

Il en était de même lors de la tentation au désert.

« Si tu es le Fils de Dieu … »

La tactique préférée du Malin est de mettre le doute dans l’esprit des gens. Et il en fait de même avec Jésus. Or le Père venait juste de dire à Jésus, juste avant qu’il entre au désert, à l’issu de son baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3,17), et tous ceux qui étaient là l’avait entendu.

Mais Jésus reprend le Malin en utilisant une phrase de la Torah, mettant par là-même toute son action dans la ligne définie par Dieu à travers la Loi.

Au début de ce carême qui nous mène vers Pâques, prenons conscience des tentations qui sont mises devant nous, et pour certaines desquelles nous ne pensons même pas que ce sont des tentations. Mais chacune peut être assimilée à l’une de celles qu’a subi Jésus :

– La tentation de notre bien-être personnel. Nécessaire, mais qui peut aussi amener à de la suffisance envers les autres, à l’égoïsme …

– La tentation de la richesse, du pouvoir … qui concerne tout le monde, et pas seulement ceux qu’on appelle les ’’grands de ce monde’’. On la trouve dans les couples, dans nos familles, dans les paroisses, dans nos quartiers, dans notre vie sociale, politique, ou économique …

– la tentation de vouloir être comme des dieux (première lecture), qui existe encore, qui est peut-être plus sournoise. Notamment avec le développement des connaissances et les avancées de la science, avec tous les problèmes liés à la dignité de l’homme : eugénisme, euthanasie, réalité augmentée, PMA, GPA … mais pas seulement … quand on demande à Dieu de faire nos volontés.

Les tentations existent pour tous. Et d’un sens, heureusement, car elles nous permettent de réfléchir sur ce que nous devons faire, d’avancer … dans un sens ou dans l’autre, en souhaitant que ce soit dans le sens de la dignité, de l’amour ’’vrai’’ des autres et non pas égoïste.

C’est ce que nous dit saint Jacques : « Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves (de tentations). Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance, et l’endurance doit s’accompagner d’une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque. » (Jc ,1,2-4), ou encore saint Antoine, le père des moines : « Supprimez les tentations, et personne ne sera sauvé. ». En effet, alors il n’y aurait plus de remise en causes de nos actions, d’adhésion réelle à l’enseignement du Christ, de désir de vouloir être sauvé.

Alors, quand vous ressentez une tentation devant vous, un seul remède, se mettre en face de Dieu et le prier de nous aider, « prenez l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1P 5,5-9).

La prière est la seule solution. D’ailleurs Jésus le disait à ses apôtres : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22,40.46).

Seigneur Jésus,

Tu as été tenté par le Démon,

mais tu n’as jamais succombé

parce que tu étais toujours en lien

avec ton Père qui te soutenait.

Fais qu’à chaque fois que nous sommes tentés

 nous ayons le réflexe de nous mettre

 en relation avec ton Père,

qui saura bien nous aider.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim carême A 1°




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 1-11).

Dans la vie du Fils,

le Père est à la première place …

 

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

« Jésus fut conduit au désert par l’Esprit » et donc par Dieu son Père qui fait tout pour son Fils par l’Esprit. Jésus est docile, obéissant : « J’aime le Père et je fais comme le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Le but visé ici est de manifester la victoire de Dieu sur le mal car si « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) par l’Esprit (Lc 1,35), c’est pour « arracher » tous les hommes « à l’empire des ténèbres et nous transférer dans son Royaume » (Col 1,13-14) de Lumière et de Paix, par le Don de ce même Esprit. Au désert, la Lumière du Christ va donc briller dans les ténèbres et celles-ci ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). Cette victoire est appelée désormais à devenir la nôtre si nous acceptons de l’accueillir par le libre consentement de notre foi… « Il faut les laisser faire là haut » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jésus jeûne « quarante jours et quarante nuits »… Vrai homme, il est fragilisé, il a faim… Le démon le sait. Pour soulager sa faiblesse, et il va l’inviter à adopter l’image pervertie de Dieu qui est la sienne : un Dieu Tout Puissant qui utilise sa Force pour Lui même, pour son propre avantage… Logique de l’égoïsme… Mais telle n’est pas celle du Fils qui demeure dans l’Amour du Père (Jn 15,10) et qui, jour après jour, attend tout de sa Bonté… Aux pains destinés à entrer dans « sa » bouche, Jésus oppose « la parole qui sort de la bouche » du Père pour lui dire tout son Amour : « Tu es mon Fils bien‑aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Elle est son Pain de Vie, car cette Parole est un acte : le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, lui donnant ainsi de partager sa Plénitude d’Être, de Vie, de Joie et de Paix…

            Puis le démon, en citant par ruse la Parole de Dieu, va inciter Jésus à se mettre à la première place en sommant le Père d’agir pour lui… Mais le Fils n’a pas besoin de le provoquer pour savoir qu’Il est là avec Lui (Jn 8,29), invisible mais actif, et cela toujours pour son bien… « Le Seigneur fait tout pour moi, Seigneur, éternel est ton Amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Troisième tentation, celle du pouvoir. Pour le démon, la puissance sert à dominer, à écraser, à s’imposer pour se glorifier aux dépends d’autrui. Jésus le sait : il est le Messie, le Roi promis par les prophètes. Il a reçu du Père « les nations en héritage », pour les sauver (cf. Lc 3,21-22 et Ps 2,7-8 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). En lui mentant, car c’est « Dieu » seul qui « donne au roi ses pouvoirs » (Ps 72,1 ; Jn 19,11), le démon va essayer de faire naître en lui la convoitise pour le pousser à accomplir sa vocation selon sa logique à lui… « Tout cela, je te le donnerai »… Mais non, ce n’est pas le démon qui donne quoique ce soit ; lui, il ne sait que « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). C’est le Père qui, dans son Amour, ne cesse de se donner entièrement à son Fils, de Lui donner tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi d’être « Lumière née de la Lumière », une Lumière qui est Plénitude de Vie et de Joie. « Moi, je suis sûr du Seigneur. Ton amour me fait danser de joie » Ps 31(30),7-8). C’est donc Lui que Jésus écoute, « tu es mon Fils bien-aimé », c’est vers Lui qu’il se tourne (Jn 1,18), se laissant combler par le Père (Jn 5,26) qui, de son côté, ne cherche, ne désire et ne poursuit que le meilleur pour son Fils… A nous, maintenant, de faire de même…                                DJF

 




Audience Générale du Mercredi 19 Février 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 19 Février 2020


Chers frères et sœurs, ce matin nous nous arrêterons à la troisième Béatitude : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. La douceur se manifeste dans les moments de conflit, car c’est alors que l’on voit comment on réagit à une situation hostile. Cette Béatitude cite le Psaume 36 qui met en relation la douceur et la possession de la terre. Ces deux choses peuvent sembler incompatibles. En effet, la possession de la terre est le milieu typique du conflit. On se combat souvent pour un territoire, pour obtenir l’hégémonie sur une région. Dans les guerres, le plus fort prévaut et conquiert d’autres terres. Ici il ne s’agit pas de conquérir la terre, mais de la recevoir en héritage. Cette terre est une promesse et un don pour le peuple de Dieu et devient un signe de quelque chose de plus grand et de plus profond qu’un simple territoire. Il s’agit de la terre vers laquelle nous sommes en chemin : les cieux nouveaux et la terre nouvelle. Alors celui qui est doux n’est pas quelqu’un d’accommodant, mais le disciple du Christ qui défend la paix de cette terre nouvelle, et la relation qu’il a avec Dieu et ses dons, en gardant la miséricorde, la fraternité, la confiance, l’espérance. Et ici nous devons faire allusion au péché de colère et nous demander combien de choses nous avons détruites par la colère. Par contre, la douceur est capable de vaincre le cœur, de sauver des amitiés et tant d’autres choses. Il n’y a pas de terre plus belle que le cœur d’autrui, il n’y a pas de territoire plus beau à gagner que la paix retrouvée avec un frère. Voilà la terre qui nous est donnée en héritage !

Je salue cordialement les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones, en particulier les diocésains du Mans avec Mgr Yves Le Saux, les diocésains de Bourges avec Mgr Jérôme Beau, les représentants de la Confédération française des travailleurs chrétiens, ainsi que les jeunes et les pèlerins de plusieurs paroisses. Chers frères et sœurs, je vous invite à demander à Dieu de nous faire le don de la douceur pour construire ensemble un monde plus fraternel. Que Dieu vous bénisse

 

 

 




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

 

7e dimanche ordinaire

Lévitique 19 1–2, 17–18 ; 1Corinthiens 3 16–23 ; Matthieu 5 38–48

 

Le premier texte d’aujourd’hui nous dit ceci : « Soyez saints », c’est-à-dire « restez unis au Christ » à chaque moment de notre vie. Et pour cela, Dieu nous dit : « 17 Tu n’auras pas dans ton cœur de haine pour ton frère. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. » … Pourtant, bon nombre de chrétiens, au sein même de la messe, vont communier avec le cœur rempli de haine, de rancune, de médisance. Marthe Robin nous dit : « On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel ».  Mt 5,23-24: « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens, alors présente ton offrande ». De même, le Pape François écrit dans « la Joie de l’Evangile » (§98) : « A l’intérieur du peuple de DIEU et dans les diverses communautés, que de guerres! Dans le quartier, sur le lieu de travail, par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens, que de guerres! La mondanité spirituelle (§93) « qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, et qui consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel », porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens (parce qu’ils font) obstacles à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir …. De plus, certains vivent sous une apparence cordiale à l’Eglise, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Eglise entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial ». (§99) : – « Le monde est … blessé par un individualisme diffus qui divise les êtres humains et les met l’un contre l’autre dans la poursuite de leur propre bien-être….Je désire demander, nous dit encore le Pape François, spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encourager mutuellement et comment vous accompagnez ». (§101) : « Nous avons tous des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur: « Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui ou pour elle ». Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation ». Mais il y en a qui s’entête   dans leur rancune. Et voici ce que nous raconte Maria Simma.

Maria Simma, une Autrichienne morte en 2004, qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire, nous dit dans son entretien avec Sœur Emmanuel Maillard (P.20-21) : « Contre la charité (= contre l’Amour), il y a les péchés tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons ». Et Sœur Emmanuel nous raconte : « une femme que Maria Simma connaissait très bien mourut. Elle se retrouva dans le Purgatoire le plus terrible, avec d’affreuses souffrances. Quand elle (son âme) est venue voir Maria, elle lui a raconté pourquoi: elle avait une amie avec laquelle il y avait une inimitié très grande, c’est-à-dire un sentiment d’antipathie, d’hostilité, de haine. Cette inimitié était due à elle-même. Elle avait entretenu cette inimitié pendant des années alors que cette personne à plusieurs reprises était venue lui demander la réconciliation et la paix. Elle avait refusé chaque fois, jusque sur son lit de mort ». Et c’est pour cette raison que cette âme se retrouve dans le Purgatoire le plus terrible qui soit. Ce fait est très significatif: la rancune entretenue mène au pire. Lorsque le 5ème commandement nous dit : « tu ne tueras pas », cela concerne tous les sentiments qui viennent en amont de l’acte de « tuer » : depuis la parole méchante, la colère, la dispute, la haine, la violence (physique ou verbale), la rancune qui peuvent mener vers l’acte de « tuer » soit physiquement soit moralement. Avoir des sentiments de ce genre ne vient pas de Dieu. Et dire qu’il y a des gens qui viennent communier dans cet état de mauvais sentiments qui n’arrêtent pas de les ronger depuis des jours et des jours sinon des mois ou des années. On ne peut pas garder rancune envers des personnes et communier ensuite comme si de rien n’était. Saint Jean Paul II écrivait dans « Ecclesia de Eucharistia – §36 » : « Avec toute la force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: « Moi aussi, j’élève la voix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s’appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments ». Si quelqu’un a de la haine pour une personne, c’est que son regard ne se porte que rarement, trop rarement, sinon jamais, sur le Christ. Mettons le Christ dans nos cœurs et cela évitera d’avoir de la rancune.

Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, Matthieu nous rappelle qu’il a été dit « œil pour œil, dent pour dent ». Quand les gens prennent cela à la lettre, ils ont tout faux. Car cette expression va dans le sens de la paix et de l’amour et non pas de violence. Avant même que Dieu se révèle au peuple juif, les divers peuples de cette époque connaissaient des guerres de clan, un peu comme la « vendetta » connue en Corse, en Sardaigne ou en Sicile et qui consiste à dire : « Si vous tuez un membre de ma famille, je tuerai deux ou trois membres de la vôtre, et on viendra de nouveau tuer cinq ou six de ma famille, etc…ce qui multiplie rapidement le nombre de morts. En appliquant la consigne « œil pour œil, dent pour dent », le nombre de morts est limité. Après « œil pour œil et dent pour dent », Dieu leur fait savoir dans les dix commandements, qu’il ne faut pas tuer. Plus tard, Dieu leur dira qu’il ne faut pas tenir tête au méchant; puis aimer son prochain, puis encore aimer son ennemi, et enfin être même prêt à donner sa vie pour son ennemi à l’exemple du Christ lui-même mort pour ses propres bourreaux, pour ceux qui l’ont condamné à mort et pour tous les pécheurs du monde entier.

Si le Christ nous dit d’aimer nos ennemis, c’est que c’est possible. Le Christ ne nous demandera jamais de faire une chose qui soit au-dessus de nos moyens. « Aimer nos ennemis » n’est pas possible si nous comptons seulement sur nos sentiments purement humains, c’est-à-dire sans Dieu, car il est évident que si nous nous laissons prendre au jeu des sentiments, personne n’aimera ses ennemis. « Aimer ses ennemis » est surtout une question de volonté offerte par Dieu à qui le demande et qui est forcément donnée par le Christ à qui veut « aimer ses ennemis ». C’est à nous de répondre à l’amour de Dieu en disant au Seigneur « oui, je désire aimer untel que je n’aime pas ». Et il nous donnera force, courage et humilité pour le faire, et le tout en même temps que la paix et l’amour divin. Il nous faudra prier beaucoup pour que notre cœur change et soit réellement rattaché au Christ car il n’y a que Lui qui peut changer nos cœurs. Et si nous ne voulons pas changer notre cœur de haine, de rancune, c’est que nous avons fait aussi le choix de rejeter le Christ, seul capable de nous donner le salut et de continuer à nous enfoncer dans notre orgueil, premier des péchés capitaux. N’oublions pas que nous ne sommes pas grand-chose, encore bien moins qu’un petit chef voulant dominer les autres, mais seulement de la poussière, et que nous ne vivons que par le souffle de Dieu qui dépose en nous la Vie. Et ne pas suivre le Christ en refusant de mettre en pratique ses commandements, en refusant d’aimer, en refusant de pardonner, en refusant de combattre la rancune, ou la haine, c’est refuser la Vie, en tout cas la Vie que Dieu lui-même veut pour nous. Vivre avec le Christ, c’est vivre une vie nouvelle en Dieu. Mettons en pratique ce que nous dit le Lévitique, 1er texte d’aujourd’hui : « N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard, ne te venge pas et ne sois pas rancunier : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tout cela s’obtient par la prière qui nous unit au Christ. Sœur Faustine nous dit dans son Petit Journal (§665) : « …toute tendance à la perfection, et toute sainteté consistent à accomplir la volonté de Dieu. …. Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu. (§1106) Sœur Faustine nous dit encore : « Ce ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements, ni aucun don accordé qui mèneront mon âme à la perfection, mais son intime union avec Dieu…. Dieu ne fait jamais violence à notre libre arbitre (Il ne nous forcera jamais à faire sa volonté). Il dépend de nous, d’accepter ou non, la grâce divine, de nous dépend de collaborer avec elle ou de la laisser se perdre. »… Is 55,7 : « Que le méchant abandonne sa voie et l’homme criminel ses pensées, qu’il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon ».

Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit que l’être humain est temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en lui. v.17 : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, – et c’est ce que fait celui qui a l’esprit de haine, de vengeance et de rancune – celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple c’est vous ». Que personne ne se trompe lui-même en se croyant plus sage que les autres, car « le Seigneur connaît les pensées des sages de ce monde, il sait qu’elles sont vaines ». Personne ne doit se glorifier de ses succès dans le mal. Sg 1,12:  12 « Ne recherchez pas la mort par les égarements de votre vie et n’attirez pas sur vous la ruine par les œuvres de vos mains ». Saint-Paul dans Col 3,13 : «…supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour ». Il faut savoir reconnaître nos propres faiblesses, nos propres fautes, nos propres péchés pour pouvoir suivre le Christ. Et le remède, c’est la prière et le sacrement de réconciliation, autrement dit la confession afin de sortir de l’être ancien ou du vieil homme que l’on a été pour s’être éloigné de Dieu et avoir de relations nouvelles envers les autres. C’est la vie nouvelle en Jésus-Christ que nous devons mener et y demeurer.

Avec Marie, notre Mère, demandons au Seigneur la grâce de l’humilité pour que jamais nous ne nous considérons comme meilleur que les autres, que nous sachions reconnaître nos faiblesses et d’avoir la force de pardonner afin de renouer avec la capacité d’aimer.




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,38-48)

 « Vous donc, vous serez parfaits

comme notre Père céleste est parfait. »

 

Tout le monde a en tête l’ancienne traduction de ce verset : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ».

La nouvelle traduction que nous entendons aujourd’hui est plus proche du texte grec d’origine : « Ainsi, vous, vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait. »

Cela change le sens du texte que nous entendons aujourd’hui. Ce n’est plus une invitation à être parfait comme le Père céleste, avec le verbe être à l’impératif, invitation que l’on sait ne pas pouvoir être suivie car nous savons tous que nous sommes pécheurs, et qu’on ne peut pas atteindre la perfection.

Il y a un changement d’objectif en utilisant le futur, comme dans le texte grec : l’objectif n’est pas d’être parfait, mais il est dans ce qui précède cette phrase, c’est-à-dire l’amour inconditionnel envers tous, y compris envers ceux pour lesquels c’est le plus difficile pour nous, ceux que nous n’aimons pas parce qu’ils nous ont fait du tort, parce qu’ils nous persécutent, parce qu’ils ont de la haine pour nous …

Et il faut non seulement les aimer, mais prier pour eux, appeler la bénédiction de Dieu sur eux, lui qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » afin que nous soyons « vraiment les fils de [n]otre Père qui est aux cieux ».

Vous allez dire : « Cela ne change pas grand-chose parce que, si on sait qu’on ne peut pas atteindre la perfection, on sait aussi qu’on ne peut pas aimer nos ennemis, prier pour eux. C’est au-dessus de nos moyens ! Nous sommes des humains ! Il faut être réaliste ! »

Sans doute, nous sommes tous des humains, et la difficulté d’aimer nos ennemis est la même pour tous (ou presque …), moi y compris.

Mais si nous sommes humains, nous sommes aussi chrétiens (ou d’abord chrétiens).

Nous avons tous été baptisés « de l’eau et de l’Esprit » (Jn 3,5), nous avons accueilli le Christ, le saint de Dieu, le Verbe qui nous « a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).

Et cela nous engage, même s’il fait reconnaître que c’est bien difficile.

Comme cela l’a été pour Jésus lui-même, quand il est mort sur la croix pour nous : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42), et par la suite il a dit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34).

Jésus est allé jusqu’au bout, fidèle au commandement qu’il nous avait donné : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (Jn 15,12-14).

Si nous voulons être amis de Jésus, amis de Dieu, il nous faut suivre le commandement d’amour de Jésus.

Et c’est sans doute le moyen le plus efficace pour témoigner de notre foi : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Et les uns pour les autres, c’est tout le monde !

Et puis, n’oublions pas ce que nous dit saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4,20-21).

Alors peut-être que nous devrions dire que nous sommes tous des menteurs, à un moment ou à un autre ! …

Heureusement que nous savons pouvoir compter que la miséricorde de Dieu, si nous nous repentons !

Seigneur Jésus,

Ce que tu nous demandes

est vraiment difficile :

aimer même nos ennemis.

Aimer les autres n’est déjà pas facile, alors là !

Sans ton aide, nous n’y arriverons jamais … 

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 7°




Audience Générale du Mercredi 12 Février 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 12 Février 2020


Frères et sœurs, dans notre parcours avec les Béatitudes, nous méditons aujourd’hui sur la deuxième : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Il s’agit d’une attitude centrale dans la spiritualité chrétienne que les Pères du désert appelaient la douleur intérieure qui ouvre à une relation vraie avec le Seigneur et avec le prochain. Dans les Saintes Ecritures, les pleurs peuvent avoir deux significations. D’une part, les pleurs peuvent être dus à la mort ou à la souffrance de quelqu’un. En effet, le deuil est un chemin d’amertume, mais utile pour ouvrir les yeux sur la vie et sur la valeur sacrée et irremplaçable de toute personne. D’autre part, les pleurs sont le signe du mal commis, du bien non fait et de la trahison de la relation avec Dieu. C’est le thème difficile, mais vital des erreurs personnelles à affronter. Nous pensons aux pleurs de saint Pierre qui le conduisent à un amour nouveau et authentique. Comprendre donc le péché est un don de Dieu, c’est une œuvre de l’Esprit Saint. Ainsi, la vie chrétienne trouve sa meilleure expression dans la miséricorde.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, les groupes venus de France, particulièrement l’aumônerie diocésaine d’Auch, accompagnée par S.E. Monseigneur Maurice Gardès et les jeunes venus de Marseille. Sage et bienheureux est celui qui accueille la douleur liée à l’amour car il recevra le Consolateur, c’est-à-dire l’Esprit Saint, tendresse de Dieu qui pardonne et corrige. Que le Seigneur fasse de nous des hommes et des femmes de miséricorde et de compassion ouverts à un amour généreux. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,17-37)

« Je ne suis pas venu abolir,

mais accomplir ! »

 

Nous continuons la lecture du chapitre 5 de saint Matthieu, le sermon sur la montagne, qui commence par les Béatitudes, phrases chocs sur ce que doit être le comportement des disciples de Jésus.

Sans doute ces phrases avaient-elles suscités quelques remous dans la foule pour que Jésus soit obligé de dire : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. », et il va donner dans ce long passage quelques exemples de situations qui risquent de nous concerner tous plus ou moins, à certains moments de notre vie.

Qu’est-ce qui va changer entre la loi précédente, celle qui a été donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï, et ce que dit Jésus ? Sur le fond : rien ! En effet, comment Jésus, Fils de Dieu, pourrait-il changer ce que son Père a établi comme nécessaire depuis deux mille ans ? Impossible, Dieu ne se contredisant jamais ! Par contre, dans la forme, dans l’esprit des recommandations, c’est totalement différent.

Surtout que depuis l’annonce des ’’dix paroles’’ de Dieu, elles avaient été modifiées, triturées, étendues ou étouffées par toutes sortes de commentaires rabbiniques aboutissant à une longue liste d’obligations et d’interdits que certains, notamment les pharisiens, se contentaient de suivre, pensant en cela être dans le bon droit et être agréable à Dieu ! Mais leurs manières de faire, totalement extérieures à leur cœur, de faisaient que donner le change aux hommes, mais pas à Dieu : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mt 15,8).

« La tentation de l’interprétation guette et poursuit inlassablement l’esprit humain toujours attiré par le dicté plus que par le discernement. Il est si facile de suivre ce qui est indiqué. Nul besoin de réfléchir, de peser les choses. Le travail est déjà fait. (…) Le Christ ne mange pas de ce foin-là ! (…) Le christianisme est subtil. Il appelle l’intelligence. » (Michel-Marie Zanotti-Sorkine).

En effet pour nous, les disciples du Christ, Jésus nous demande d’avoir un autre comportement, de faire en sorte que ce que nous faisons ne soit pas pour épater la galerie, pour le paraître, mais qu’il soit guidé par ce qui est le plus important pour les humains, par le cœur éclairé par l’âme.

Et qu’il n’y ait pas de différence entre ce que nous pensons et ce que nous faisons !

Et c’est là la grosse difficulté pour la plupart des gens : qu’il y ait une correspondance totale entre nos pensées et nos actions, entre nos pensées et nos paroles … et entre nos pensées et la Parole de Jésus …

Cela ne date pas d’hier ! Saint Paul nous le confie : « Mais moi, je suis un homme charnel, vendu au péché. En effet, ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. Or, si je ne veux pas le mal que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est bonne. Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi. » (Rm 7,14-17).

Ce que nous demande Jésus, c’est une conversion pour changer nos cœurs, pour que nos cœurs sont en accord avec la Bonne Nouvelle de Jésus, et pour que nos actions soient en accord avec notre cœur ’’nouveau’’.

Vouloir changer son cœur, c’est reconnaître qu’il est ’’malade’’, qu’il est sous l’emprise du Mauvais. Et nous avons un choix à faire entre le bien et le mal, entre « l’eau et le feu », « la vie et la mort », selon « la sagesse du Seigneur » (première lecture). Et une fois que le choix est fait, il faut y rester fidèle : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. ».

L’exigence de Jésus est importante, et elle ne peut s’accomplir qu’avec l’aide de Dieu, avec l’aide du cœur de Dieu, c’est-à-dire avec l’aide de l’Esprit Saint, le défenseur.

C’est aussi ce que nous demandons chaque jour dans le Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. ».

N’oublions pas ce que nous dit Ben Sira le Sage : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. » (Première lecture)

Seigneur Jésus,

tu veux que notre acceptation à ta Parole

soit le résultat d’un choix de notre part

de te suivre ou non,

dans la vérité de notre cœur.

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 6°




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 5,17-87).

Aller avec Jésus

aux racines de notre cœur 

 

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également : ‘Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation’.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.’
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

             Après avoir donné sur la montagne la Loi Nouvelle de l’Alliance Nouvelle, ces huit Béatitudes qui révèlent le chemin du Vrai Bonheur (Mt 5,1-12), Jésus revient ici sur la Loi de Moïse, fondement de l’Ancienne Alliance (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6-21). Et il va tout de suite affirmer que l’esprit de cette Loi est toujours valable… En ce sens, il n’est pas venu « l’abolir », la supprimer. Il est venu « l’accomplir », la porter à sa perfection. Certes, les rites vont changer, et Jésus, en instituant le sacrement de l’Eucharistie, fera bien du nouveau… Mais avec lui, le rite n’a de valeur que par l’amour qu’il exprime…

            Changer le précepte ne signifie donc pas « violer le précepte », lui faire violence, nier son intention… Un précepte nouveau, même s’il prend la place d’un plus ancien, peut inviter à un réel progrès. En reprenant la direction, l’intention de l’ancien, il peut conduire à aller beaucoup plus loin. Et celui qui acceptera de se laisser ainsi guider constatera par lui-même que l’ancien est non seulement accompli mais encore largement dépassé…

            Et Jésus va prendre le temps de multiples exemples… Le premier, avec « tu ne commettras pas de meurtre », est le plus fondamental, car il touche à la vie même de l’individu et à la sauvegarde de la société tout entière… Ce sommet de violence, quand il n’est pas généré par la folie ou l’intégrisme, commence souvent par des « insultes ». Jésus s’attaque ainsi aux tous premiers germes de violence pour les condamner aussitôt et il nous invite de suite à une attitude positive : quelque soit le motif de la discorde, va vers ton frère, parle lui, cherche à te réconcilier avec lui, autant qu’il t’est possible…

            Avec « tu ne commettras pas l’adultère », il sait bien que tout commence par un « regard » et un « désir » intérieur. Le laisser grandir, le cultiver, c’est risquer un jour de passer à l’acte… Une réelle ascèse du cœur, qui passe par la garde des sens, est donc indispensable… Il s’agit de couper net, dès le début, tout ce qui peut conduire au mal…

            Jésus passe donc du regard extérieur sur tel ou tel précepte, accompli ou non, et telle est « la justice des Pharisiens », au regard intérieur… Il nous entraîne au plus profond de notre cœur, là où naissent les pensées, les impulsions, les désirs… Avec l’aide de l’Esprit, il est possible de prendre du recul par rapport à tout cela, pour discerner à sa Lumière ce qui est bon ou pas, et ensuite passer ou non à l’acte, avec le secours de sa Force… D’où l’invitation de St Paul : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit… mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal » (1Th 5,17-22).

                                                                                                                                              DJF