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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 4 novembre 2018

Marc 12 28–34

Jésus nous a appris que le « Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ». Et dans tout l’Ancien Testament, Dieu n’a pas cessé, avec l’aide des prophètes, de se révéler comme étant le Dieu unique qui prend soin de son peuple, mais ce peuple à la nuque raide continue de se tourner vers des idoles. Il n’y a donc pas d’autre Dieu que Celui que nous révèle la Bible. A son peuple, Dieu dit (Jg 2,1.2) : « Je ne romprai pas mon alliance avec vous. 2 De votre côté, vous ne conclurez pas d’alliance avec les habitants de ce pays ; mais vous renverserez leurs autels. Or, vous n’avez pas écouté ma voix. Qu’avez-vous fait là ? Eh bien, je le dis : je ne les chasserai pas devant vous. Ils seront pour vous des adversaires et leurs dieux seront pour vous un piège ». C’est ainsi que bon nombre du peuple de Dieu tombent dans le piège de vouloir suivre à la fois Dieu – l’unique – et les idoles. Il est bon de rappeler ce passage sur Elie au Mont Carmel (1 R 18, 22-39) pour les chrétiens qui ne l’ont jamais entendu.

 Dans l’épisode d’Elie au Mont Carmel, Dieu montre sa puissance, tandis que Baal, qui, pour les Juifs, désigne habituellement les « dieux » de la fécondité et de fertilité, reste une idole morte. Elie dit à son peuple : « Jusqu’à quand clocherez-vous des deux jarrets?  (Autrement dit : arrêtez de suivre à la fois Dieu et les idoles). Si Yahvé est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le (mais il est impossible de suivre les deux en même temps). Et voilà qu’Elie propose aux 450 prophètes de baal un défi : Moi, je reste seul comme prophète de Yahvé, et les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante. 23 Donnez-nous deux jeunes taureaux; qu’ils en choisissent un pour eux, qu’ils le dépècent et le placent sur le bois, mais qu’ils n’y mettent pas le feu. Moi, je préparerai l’autre taureau et je le placerai sur le bois et je n’y mettrai pas le feu. 24 Vous invoquerez le nom de votre dieu et moi, j’invoquerai le nom de Yahvé : le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu.  Tout le peuple répondit :  C’est bien. 25 Élie dit alors aux prophètes de Baal :  Choisissez-vous un taureau et commencez, car vous êtes les plus nombreux. Invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu.

26 Ils prirent le taureau, …le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu’à midi, en disant :  O Baal, réponds-nous!  Mais il n’y eut ni voix ni réponse; et ils dansaient en pliant le genou devant l’autel qu’ils avaient fait. 27 À midi, Élie se moqua d’eux et dit :  Criez plus fort, car c’est un dieu (en réalité : une idole) : il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage; peut-être il dort et il se réveillera! 28 Ils crièrent plus fort et ils se tailladèrent, selon leur coutume, avec des épées et des lances jusqu’à l’effusion du sang. 29 Quand midi fut passé, ils se mirent à vaticiner (= prophétiser avec emphase, avec exagération dans le ton et dans les gestes) jusqu’à l’heure de la présentation de l’offrande, mais il n’y eut aucune voix, ni réponse, ni signe d’attention (tout simplement parce que Baal n’est pas Dieu mais une simple idole) 30 Alors Élie dit à tout le peuple :  Approchez-vous de moi ; et tout le peuple s’approcha de lui. Il répara l’autel de Yahvé qui avait été démoli …32 et il construisit un autel au nom de Yahvé. … 33 Il disposa le bois, dépeça le taureau et le plaça sur le bois.  34 Puis il dit :  Emplissez quatre jarres d’eau et versez-les sur l’holocauste et sur le bois ; il dit :  Doublez, et ils doublèrent; il dit :  Triplez, et ils triplèrent. 35 L’eau se répandit autour de l’autel et même le canal fut rempli d’eau. 36 À l’heure où l’on présente l’offrande, Élie le prophète s’approcha et dit :  Yahvé, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, qu’on sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c’est par ton ordre que j’ai accompli toutes ces choses. 37 Réponds-moi, Yahvé, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c’est toi, Yahvé, qui es Dieu et qui convertis leur cœur! 38 Et le feu de Yahvé tomba et dévora l’holocauste et le bois, les pierres et la terre, et il absorba l’eau qui était dans le canal. 39 Tout le peuple le vit; les gens tombèrent la face contre terre et dirent :  C’est Yahvé qui est Dieu! C’est Yahvé qui est Dieu! ».

 

De même, Jonas qui avait désobéi à Dieu en refusant d’aller à Ninive a pu montrer que les prières des matelots qui avaient peur de la tempête ne servaient à rien parce qu’ils s’adressaient eux aussi à des idoles. La tempête s’apaise seulement lorsque les matelots envoyèrent Jonas en pleine mer car c’est à cause du « Dieu de Jonas » que la tempête a eu lieu. Il est impossible de suivre Dieu et les idoles à la fois, il est impossible d’être dans deux religions à la fois. Faire la sourde oreille n’arrangera pas la situation de ceux qui le font.

Jésus nous donne deux commandements. Le premier c’est : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur, 30 et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 31 Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Non seulement, il faut choisir le Dieu unique que Jésus nous a fait connaître, il faut encore l’aimer. Choisir Dieu est une chose, l’aimer c’est autre chose. Si Jésus nous dit : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », c’est que justement que bon nombre de chrétiens ne le font pas. On l’aime, mais un peu seulement, il ne faut que cela nous dérange trop. Une heure de messe par semaine, si ce n’est pas une fois par an, ou une heure d’adoration par mois suffira. Sainte Mère Térésa disait qu’il fallait revenir à l’Eucharistie et à l’adoration (« L’Eucharistie à l’école des saints » – P.23). La règle, dans sa communauté, ordonnait une heure d’adoration par semaine devant le saint sacrement, soit quatre heures par mois. D’un commun accord, les sœurs de sa communauté ont décidé avec Mère Térésa d’établir une heure d’adoration par jour, soit trente heures par mois. Et malgré les nombreuses activités quotidiennes, avec les lépreux, les malades, les enfants abandonnés, elles ont maintenu une heure d’adoration par jour. Constat final de sainte Mère Térésa : « depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps, notre amour pour Jésus est devenu plus intime, plus éclairé. Notre amour réciproque est plus compréhensif, il règne entre nous une entente plus affectueuse, nous aimons davantage nos pauvres et, chose encore plus surprenante, le nombre de vocations a doublé chez nous ». Il est alors facile de comprendre que plus on est en présence de Dieu qui n’est qu’Amour, plus on l’aimera. C’est en le fréquentant le plus souvent possible qu’on s’expose à son amour, à ses grâces, à ses bénédictions, et qu’on finira par le connaître, l’aimer et même être à son image. Etre à son exemple, chargé de son amour, de sa patience, de son humilité, afin de mieux porter sa croix et de se tourner à notre tour vers le prochain. Car l’amour Dieu ne se fera pas sans porter nous-mêmes la croix. Padre Pio nous le dit à plusieurs reprises : « Ce serait une grossière erreur de concevoir l’amour de Dieu sans la Croix. La Croix, c’est toujours le chemin le plus sûr pour aller vers Dieu. Veillons à ne pas séparer la Croix de l’amour pour Jésus. Lorsque Dieu appelle une âme à le rejoindre, c’est toujours pour la fixer avec Lui sur la Croix… ». Faut-il alors en avoir peur ? car on veut bien aimer Dieu mais non porter la croix car il est, pour nous, signe de souffrance.

D’abord Dieu ne se venge jamais. L’Abbé Pierre Descouvemont nous dit (« Guide des difficultés de la foi catholique – Cerf – P.396) : « nous réparons tous nos manques de foi, d’espérance et d’amour, lorsque, plongés dans la souffrance, nous L’écoutons nous redire son amour. Ce qui lui plaît, c’est notre foi inébranlable en sa tendresse…, (et P.51 🙂 c’est la foi que nous gardons en l’Amour du Père, alors que nous sommes en proie à la souffrance physique ou morale : cette foi à toute épreuve bouleverse en quelque sorte le cœur du Père et mérite à ses yeux le salut de nos frères. Il va sans dire que ce qui plaît à Dieu, ce n’est pas la souffrance de ses enfants, mais la confiance qu’ils gardent en Lui envers et contre tout », et peu importe ce qu’il peut avoir comme malheur, il doit garder confiance en Dieu, en sa Miséricorde.

Ensuite, il ne s’agit pas d’attendre d’être en souffrance pour porter notre croix. « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de l’Evangile la sauvera » (M 8, 34-9, 1). Jésus ne parle pas ici de souffrance, mais de porter sa croix pour pouvoir le suivre. Il ne parle pas de supplice, mais de porter sa croix en se reniant soi-même, en perdant sa vie (la vie mondaine) à cause de l’Evangile, de la Parole de Dieu. Autrement dit de changer de direction à 180 degrés : ne venons de Dieu et nous retournons à Dieu. Père Bernard Sesboüé, Jésuite, théologien très connu, nous dit : « Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». « Le faire exige un renoncement à soi-même, … et conduit à « perdre sa vie ». Suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination. Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre vérité (autrement dit, nous sommes incapables de reconnaitre que nous sommes pécheurs). Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître (on se croit toujours mieux que les autres). L’exaltation du moi se traduira alors par la sous-estimation, voire l’écrasement des autres. Vivre comme Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se donner aux autres ». Et lui-même cite Saint Augustin (P.293) : « l’élément de souffrance n’est même pas mentionné. Le vrai sacrifice, c’est tout ce que nous faisons de bien pour Dieu et pour notre prochain pendant toute notre vie, afin de vivre dans une communion qui nous rende heureux » (« La cité de Dieu », X, 6; trad. G.Combès, B.A. 34, p.445). La souffrance qui appartient aussi au sacrifice ne vient qu’en second lieu. En raison du péché, nous avons des attachements déréglés au monde créé, nous sommes devenus menteurs et violents, nous ne maîtrisons plus nos désirs et il nous faut lutter pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu ».

Porter notre croix, c’est justement cette lutte contre soi-même, lutte intérieure pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu. Il faut tout faire pour nous débarrasser du vieil homme que nous sommes…au milieu du monde de péchés, et revêtir l’homme nouveau dans le Christ Amour. Et les résultats se verront dans la bienveillance que nous devons avoir envers les uns et les autres. N’ayons pas peur de porter notre croix dès maintenant, de choisir Dieu plutôt que la vie mondaine, car, par les mérites de Jésus-Christ, et avec l’aide de Marie, nous sommes tous capables de puiser nos forces dans l’adoration du Seigneur pour suivre et aimer le Dieu unique et aimer le prochain.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 12,28b-34)

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. »

 

Moment rare dans les évangiles, un scribe interroge Jésus, non pas pour le mettre à l’épreuve comme cela arrive souvent, mais parce qu’il est intéressé par ce que dit Jésus. Il pose une question qui faisait débat chez les juifs pour qui il n’y avait pas que les dix commandements que nous connaissons, mais on en avait rajouté d’autres au fur et à mesure pour préciser ce qui était permis ou non, jusqu’à en avoir 613. Sa question : « Quel est le premier de tous les commandements ? ».

Jésus reprend les paroles de Moïse que nous avons entendues dans la première lecture, en disant : « Voici le premier », ce qui appelle déjà qu’il y en aura un second, « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » en ajoutant cependant « de tout ton esprit ».

C’est la phrase clef pour les juifs, celle qu’ils récitent chaque matin et chaque soir, celle qu’ils écrivent dans des phylactères qu’ils mettent sur leur front. Et qui nous concerne nous aussi.

Mais on peut l’entendre de deux manières.

La première serait : « Ecoute bien ce qui va suivre, Israël, Dieu est l’unique … » et tu suis la loi sans trop réfléchir. C’est une manière d’entendre que Jésus n’aime pas, et il le dit souvent aux pharisiens.

La seconde serait : « Ecoute, sois à l’écoute de Dieu, l’unique … ». Et alors, on ne suit pas la loi sans réfléchir, parce que chaque événement de la vie doit être interprété en fonction de ce que Dieu dit, et que l’on comprend dans son cœur, dans son âme, dans son esprit (intelligence) et que l’on met en pratique avec toute sa force.

Parce que, contrairement aux idoles qui ne voient pas, qui n’entendent pas et ne parlent pas, Dieu est un Dieu qui voit (« J’ai vu la misère de mon peuple… »), qui entend ce qu’on lui dit (« Qui suis-je pour aller trouver Pharaon ? ») et qui parle (« Je serai avec toi … »).

C’est d’ailleurs le conseil que donne saint Benoît au tout début de sa règle : « Ecoute, O mon fils, les préceptes du maître, et incline l’oreille de ton cœur. ». Dieu nous parle dans notre cœur, c’est pourquoi il faut savoir faire silence pour pouvoir l’entendre.

Et Jésus ajoute aussitôt : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. ».

En reprenant ce que Jésus avait dit et en ajoutant : « cela vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices », le scribe montre qu’il est passé de la loi à la foi, qu’il se rapproche de Jésus.

Amour de Dieu, amour du prochain, pour Jésus c’est l’essentiel. Ce qui permettra à saint Augustin de dire : « Aime et fais ce que tu veux. ».

Dans un autre passage, Jésus dira : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34), nous disant que notre amour pour les autres doit être à l’image de son amour pour nous. Et nous savons jusqu’où son amour pour nous l’a mené : la mort sur la croix.

Bien sûr, Dieu ne nous demande pas de mourir sur une croix, mais l’amour que nous devons avoir envers les autres nous amène à des situations aussi difficiles, avec des souffrances intérieures fortes qui nous oblige à nous dépasser. Comme, par exemple, quand Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » (Lc 6,27-28).

Voilà un commandement fort, qui n’entre pas dans nos habitudes humaines. C’est pourquoi Jésus ajoute : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. … Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Lc 6,32.35-36). Cela fait partie des croix que nous devons porter …

A nous de savoir si nous préférons ’’le confort du canapé’’ ou ’’les chaussures de marche’’ pour suivre Jésus sur le chemin de la Vérité et de la Vie.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux ’Amour’ à ton image.

Mais comme c’est difficile à vivre

dans notre vie de tous les jours.

Ton chemin est trop dur, trop ardu.

Mais tu nous dis :

« N’aie pas peur, je suis avec toi.

Prend ma main ! »

Merci Seigneur.

 

Francis Cousin

 

 

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Audience Générale du Mercredi 24 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 24 Octobre 2018


Frères et sœurs, le 6ème Commandement, « tu ne commettras pas d’adultère », est un appel direct à la fidélité, sans laquelle aucun rapport humain n’est authentique. De fait, l’amour se manifeste vraiment au-delà du seuil de l’intérêt personnel, quand on donne tout sans réserves, comme le Christ nous l’a révélé. L’être humain a besoin d’être aimé sans conditions, sans quoi il risque de se résigner à la médiocrité de relations immatures qui, dans le meilleur des cas, ne sont qu’un reflet de l’amour. C’est pourquoi l’appel à la vie conjugale demande un discernement approfondi sur la qualité de la relation et un temps de fiançailles pour la vérifier. Car les fiancés ne peuvent pas se promettre fidélité, seulement sur la base de la bonne volonté ou de l’espoir que « tout fonctionne » : ils ont besoin de prendre appui sur le socle de l’amour fidèle de Dieu. La fidélité est donc une manière d’être, un style de vie qui requiert que la fidélité de Dieu puisse entrer dans notre existence, pour que nous soyons des hommes et des femmes fidèles et fiables en toutes circonstances. Ainsi le 6ème Commandement nous appelle à tourner notre regard vers le Christ qui, par sa fidélité, peut nous donner un cœur fidèle.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier des pèlerins de Rennes, Coutances et Bayeux-Lisieux, avec leurs évêques Mgr d’Ornellas, Mgr Le Boulc’h et Mgr Boulanger ; tous les jeunes présents, les membres de l’Aumônerie catholique Tamoule Indienne de France, du groupe Bayard Presse, du Mouvement Sève, ainsi que des pèlerins de Suisse et du Québec. En Jésus-Christ, et en lui seulement, se trouve l’amour sans réserves, le don total sans parenthèses, la persévérance de l’accueil jusqu’au bout. Que de la communion avec Lui, avec le Père et le Saint Esprit, puisse grandir la communion entre nous et le savoir-vivre dans la fidélité toujours ! Que Dieu vous bénisse !

 




Audience Générale du Mercredi 17 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 Octobre 2018


Frères et sœurs, comme nous l’avons déjà souligné, le 5ème Commandement, « tu ne tueras pas », révèle qu’aux yeux de Dieu la vie humaine est précieuse, sacrée, inviolable. Dans l’Évangile, Jésus élargit le champ de cette parole, en précisant que la colère contre un frère, l’insulte et le mépris peuvent tuer. De fait, pour détruire l’homme, il suffit de l’ignorer : l’indifférence tue. Et chaque fois que nous n’aimons pas, au fond nous méprisons la vie. Et pourtant, à l’inverse de l’attitude de Caïn, nous avons à nous comporter comme les gardiens les uns des autres. Car nous avons tous besoin de cet amour que le Christ nous a manifesté, à savoir la miséricorde. Ainsi, si tuer signifie détruire, supprimer, éliminer quelqu’un, ne pas tuer veut dire prendre soin, valoriser, intégrer et pardonner. Donc, il ne suffit pas de dire : « je vais bien parce que je ne fais rien de mal » ; il faut faire le bien, ce bien préparé pour chacun de nous et qui nous permet de devenir ce que nous sommes vraiment. Alors accueillons le Commandement « tu ne tueras pas » comme un appel à l’amour et à la miséricorde, un appel à vivre à la suite de Jésus qui a donné sa vie pour nous et qui est ressuscité pour nous.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier des pèlerins de Chambéry et de Nancy, avec leurs évêques Mgr Ballot et Mgr Papin, tous les jeunes présents, ceux de Versailles, de Paris, de Fougères, de Bucquoy, de Rouen et d’Évreux, ainsi que des pèlerins de Namur. Puissions-nous accueillir en Jésus, dans son amour plus fort que la mort, et par le don de l’Esprit du Père, le commandement « tu ne tueras pas ». C’est l’appel le plus important et le plus essentiel de nos vies : l’appel à l’amour ! Que Dieu vous bénisse !

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 35-45)

 « La coupe et le baptême »

 Dans l’évangile de ce jour, la réaction des deux fils de Zébédée a de quoi nous surprendre, voire même de nous choquer. Ces deux frères qui ont été parmi les premiers disciples appelés par Jésus, et dont la tradition dit qu’ils auraient été des cousins de Jésus, font partie avec Pierre de ’’la garde rapprochée’’ de Jésus, les intimes, ceux qui partagent avec lui des moments forts que les autres apôtres n’ont pas connus. Ils avaient accompagné Jésus chez Jaïre pour la résurrection de sa fille, ils étaient avec lui au sommet du mont Thabor pour la transfiguration, et ils seront encore avec lui au jardin de Gethsémani. Peut-être est-ce cette proximité avec Jésus qui leur a permis de s’autoriser cette demande.

Nous sommes ici juste après la troisième annonce de la Passion, et comme à chaque fois, cette annonce entraîne des réactions des apôtres qui montrent leur incapacité à accepter cette idée.

A croire qu’ils ne pensaient pas vraiment que ce qu’annonçait Jésus allait se réaliser … et pourtant il fait cette annonce par trois fois … et cette fois-ci, on sent qu’on arrive près de sa réalisation : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,33-34).

C’est comme si, pour les apôtres, il était impossible que Jésus puisse subir tout ce qu’il avait dit ; ils avaient tellement foi en lui que, quoi qu’il arrive, Jésus allait vivre et devenir le vrai sauveur politique d’Israël.

Quand Jacques et Jean demandent à être de chaque côté de Jésus ’’dans sa gloire’’, on pourrait se demander à quelle ’’gloire’’ ils pensent, celle du ciel, ou celle de la terre. Mais il semble bien qu’ici, c’est de celle de la terre qu’il s’agit. D’autant que Jean, dans son évangile, quand il parle de la gloire que Dieu donnera à Jésus, c’est quand il sera élevé sur la croix ; et là, il n’y aura pas Jacques qui aura fui avec les autres disciples, Jean sera au pied de la croix, et ceux qui entourent Jésus, l’un à droite et l’autre à gauche, seront deux brigands.

Jésus leur répond en parlant de celle du ciel, qui passe nécessairement par sa passion, sa mort et sa résurrection : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? ». Deux passages nécessaires pour aller dans la gloire : la coupe et le baptême, avec à chaque fois deux interprétations :

  • La coupe, ce peut être celle qu’on remplit de vin, pour la fête, la joie, le plaisir d’être ensemble, celle qu’on boit pour sceller une union, un mariage … pour Jésus, celle qu’il va partager avec ses disciples le jeudi saint, signe de son union avec l’Eglise ; mais aussi celle ’’du sang versé pour la multitude’’ … Vin et sang, joie et tristesse … Ce peut être aussi celle de Gethsémani : « Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36). Tristesse.

  • Le baptême, qui peut être le baptême dans l’eau, pour la joie de la purification, mais aussi le baptême dans le sang de la passion et de la mort pour Jésus, et pour les apôtres le baptême des martyrs : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (Ap 7,14). Tristesse, mais aussi joie, puisque ce baptême dans le sang permettra à ceux qui l’ont reçu (subi ?) d’être conduits « aux sources des eaux de la vie. » (Ap 7,17).

Bravaches, les deux frères qui ne doutent de rien répondent : « Pas de problèmes, nous le pouvons ! ».

Ce que Jésus leur répond, c’est aussi à nous qu’il le dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Bien sûr, pour nous qui vivons à La Réunion, on ne va pas prendre cette phrase au sens propre. Mais il ne faut pas oublier que pour certains croyants, c’est une phrase qui se vit ou qui peut se vivre, comme pour les chrétiens de Chine, du Viêt-Nam, du Pakistan, d’Irak, ou dans d’autres pays du Moyen-Orient ou d’Afrique, ou d’ailleurs, le Mexique….

Et même si cela ne nous concerne pas au sens propre, elle nous concerne au sens figuré. Nous devons être « prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque [nous] demande de rendre raison de l’espérance qui est en [nous] » (1P 3,15), cette espérance qui nous fait croire en la Vie Eternelle, en la vie tout court, qui est un don de Dieu, fait par amour, et que nous devons défendre, depuis sa conception jusqu’à son terme terrestre. Surtout en ces moments qui arrivent où seront débattus les nouvelles lois de bioéthique. En tant que chrétien, on ne peut accepter que des lois permettent la marchandisation de l’enfant et des femmes (mères ‘porteuses’ !), que soit autorisés des techniques permettant à des couples non-biologiques d’avoir des enfants de manière non naturelle pour satisfaire leur seul désir sans tenir compte des désirs et des besoins des futurs enfants. Mais s’il faut dire notre point de vue, ce doit être fait comme le dit saint Pierre : « faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. »

Seigneur Jésus,

Comme il est difficile à un humain

de penser selon tes voies.

Nous sommes toujours terre à terre,

alors que toi,

tu es ciel à terre et terre à ciel.

Donne-nous la sagesse

d’accepter ce que tu veux,

et non ce que nous voulons.

 

Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 29° A6

 




Audience Générale du Mercredi 10 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 Octobre 2018


Frères et sœurs, la catéchèse d’aujourd’hui est consacrée à la cinquième parole du Décalogue : « Tu ne tueras pas ». Ce commandement, dans sa formulation concise et catégorique, se dresse comme une muraille pour défendre la valeur fondamentale dans les relations humaines : la valeur de la vie. On pourrait dire que tout le mal réalisé dans le monde se résume dans le mépris pour la vie. La vie est agressée de multiples manières. La violence et le refus de la vie naissent de la peur, alors que l’accueil de l’autre est un défi à l’individualisme. La vie vulnérable nous indique le chemin pour nous sauver d’une existence repliée sur elle-même et découvrir la joie de l’amour. Ce qui conduit l’homme à refuser la vie, ce sont les idoles de ce monde : l’argent, le pouvoir, le succès. Ce sont de faux paramètres pour apprécier la vie. L’unique mesure authentique de la vie est l’amour. Le sens positif de la parole ‘Tu ne tueras pas’ c’est que Dieu aime la vie. Le secret de la vie nous est dévoilé dans le fait que le Fils de Dieu s’est fait homme jusqu’à assumer, sur la croix, le refus, la faiblesse, la pauvreté et la souffrance. Cela vaut la peine d’accueillir toute vie parce que tout homme vaut le sang du Christ lui-même. On ne peut mépriser ce que Dieu a tant aimé. Que personne ne mesure la vie selon les tromperies de ce monde, mais que chacun s’accueille lui-même et les autres au nom du Père qui nous a créés.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, venus de France, de Suisse et de l’Île Maurice, en particulier les diocésains de Vannes et de Saint-Brieuc. Chers amis, ne méprisez jamais votre existence, vous êtes une œuvre de Dieu ! Témoignez autour de vous de la valeur infinie de toute vie humaine ! Que Dieu vous bénisse !

 




Audience Générale du Mercredi 13 septembre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 13 Septembre 2018


Frères et sœurs, je voudrais revenir aujourd’hui encore sur le troisième commandement, celui sur le jour du repos. Dans le Livre du Deutéronome, le motif du repos est la fin de l’esclavage. En ce jour, l’esclave doit se reposer, comme son patron, pour célébrer la mémoire de la Pâque de libération. Il y a de nombreux types d’esclavage, aussi bien extérieurs qu’intérieurs. Comment une personne peut-elle rester libre lorsqu’elle y est soumise ? Il y a un esclavage qui enchaîne plus que tout autre, c’est l’esclavage de son propre ego, qui procure la plus profonde oppression. C’est ce qu’on appelle le « péché », qui est un échec de l’existence et une condition d’esclave. Le véritable esclave, celui qui ne connaît pas le repos, c’est celui qui n’est pas capable d’aimer ! Le troisième commandement, qui nous invite à célébrer notre libération dans le repos, est pour nous chrétiens une prophétie du Seigneur Jésus, qui brise l’esclavage intérieur du péché pour rendre l’homme capable d’aimer. L’amour vrai est la vraie liberté. Il rend libre, même en prison, même si l’on est faible et limité. C’est cela la liberté que nous recevons de notre Rédempteur, le Seigneur Jésus, qui sait vaincre l’esclavage de notre cœur par son amour et son salut. Lui, qui nous a aimés alors qu’il était cloué sur la croix, nous ouvre un passage à travers la mer de nos peurs et nous donne la vraie liberté. En lui, tout homme peut trouver le repos de la miséricorde et de la vérité qui nous rendent libres.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, venus de France, de Belgique et d’autres pays, en particulier les jeunes ruraux belges. Chers amis, demandez avec foi au Seigneur de vous aider à devenir libres face à tous les esclavages de la vie, en vous rendant capables d’aimer toujours plus. Que Dieu vous bénisse !

 




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 8, 27-35)

« Le chaud et le froid. »

 Tout, dans l’évangile de ce jour, va nous faire passer du chaud au froid et inversement, parce que « [nos] pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Tout commence plutôt bien. Jésus et ses disciples marchent au nord de la Galilée, en territoire païen. Comme c’était sans doute son habitude, Jésus parle avec ses disciples, et aujourd’hui cela commence par un sondage d’opinion : « Que dit-on que je suis ? ». Les réponses sont différentes, mais cela reste toujours dans l’idée que Jésus est un prophète qui annonce le Messie, un nouveau ou un ancien qui est ressuscité.

Alors Jésus devient plus précis : « Mais vous, que dites-vous ? »

Pierre, toujours aussi impétueux, chaud-bouillant : « Tu es le Christ. ».

On aurait pu s’attendre à ce que Jésus soit content, qu’il félicite Pierre pour sa bonne réponse. Pas du tout : « hou là là, c’est vrai, mais gardez cela pour vous ; n’en dites rien à personne, ils seraient capables de me faire roi et de monter une armée pour jeter les romains hors de la Palestine. Ce n’est pas cela ma mission, je serai rejeté par les responsables religieux du pays, je serai mis à mort, mais je ressusciterai le troisième jour. ». On passe de la gloire du Messie à la tristesse de sa mise à mort.

Impossible pour Pierre. « Oh ! ça va pas ! Tu es le Christ, le maître. On doit te respecter, t’honorer, te louer. Pas te mettre à mort ! »

L’incompréhension est totale. Et Jésus rabroue vertement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! ». Le disciple doit être derrière son maître, et non devant pour se mettre en travers de sa route, s’opposer à lui.

Ce qui arrive à Pierre, cela nous arrive sans doute aussi. Oh ! on ne s’oppose pas directement à Jésus … on le respecte, on l’aime, on le prie … mais dans nos actions, est-ce qu’on respecte toutes ses Paroles ? (Voir la deuxième lecture …).

Est-ce qu’il ne nous arrive pas parfois d’arranger l’évangile à notre sauce : cela, oui pas de problème, j’y crois et je le suis. Par contre, ça, oui, mais c’est pas trop important, ce n’est pas tellement grave si on ne fait pas trop un compte avec …

Et pourtant, on ne peut pas prendre un morceau de l’évangile et pas le reste. Soit on prend tout, soit on ne prend rien. « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » (Mt 5,37).

N’avons-nous jamais entendu dans notre cœur Jésus nous dire : « Passe derrière moi, Satan ! » quand nous refusons les épreuves qui se présentent sur notre chemin, les croix qui jalonnent notre route ?

Ne nous arrive-t-il pas de nous dire : « Cette parole est trop dure, qui peut l’entendre ?» (Jn 6,60).

Sans doute si on pense que la foi est une adhésion à une idée philosophique, une théorie intellectuelle. Mais pas si on croit que la foi est une adhésion à une personne, Jésus-Christ, à son Père, et à son Esprit Saint !

Mettons-nous vraiment à la suite de Jésus, lui qui connaît le chemin, qui « est le chemin » (Jn 14,6) qui nous mène à la vie éternelle.

Ce que Jésus nous dit à la fin de l’évangile de ce jour : « celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile sauvera sa vie. »

Et là, on repasse du froid ou de la tiédeur à la chaleur de l’amour de Dieu qui nous aime de toujours.

Seigneur Jésus,

malgré notre bonne volonté à te suivre,

nous sommes toujours tentés par la facilité ;

c’est-à-dire par le Démon

 qui nous fait croire toutes les choses faciles

comme meilleures pour nous.

Alors que toi, tu nous dis que c’est

en surmontant l’adversité que l’on grandit …

C’est avec toi que je veux  grandir !

 

Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 24° A6

 




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

22e dimanche ordinaire – Marc 7 1–23

En ce qui concerne les repas, les Pharisiens et le Scribes appliquent la Loi de Moïse. « Pour les Juifs, très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était interdit et cela constituait une souillure grave, punie d’exclusion. La société juive du temps de Jésus rangeait sous le nom de pécheurs des gens de toutes sorte : ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots), ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions ayant un rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, …etc..). On voit donc que par un jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouvait exclu des relations humaines et religieuses. Et voilà donc que les pharisiens et les scribes s’étonnent de voir que quelques disciples de Jésus prennent leur repas avec des mains impures, c’est à dire « non-lavées ». Le lavage des mains avant le repas ne se fait pas ici parce que les mains sont sales, mais parce que c’est un rituel, un geste religieux que l’on doit observer avant tout repas. Le rituel juif n’est donc pas respecté par les disciples de Jésus. Et la question est posée : Pourquoi tes disciples prennent-ils leur repas avec des mains impures ? Au lieu de répondre à la question, Jésus dénonce l’attitude des responsables religieux. Et il donne un exemple de détournement de la loi de Moïse. Moïse a dit « Honore ton père et ta mère », « Que celui qui maudit son père ou sa mère soit puni de mort ».11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Je déclare korbân (c’est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j’aurais pu t’assister, 12 vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère 13 et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d’autres choses du même genre ». Ainsi donc les Pharisiens et les scribes disaient aux fidèles qu’au lieu de subvenir directement aux besoins de leurs parents, il suffit de déclarer Korbân leurs offrandes normalement destinées aux parents et d’emmener leurs offrandes à Dieu (donc au Trésor du Temple). Les parents sont privés du soutien de leurs enfants et en réalité, cela enrichit les pharisiens et les scribes. Il y a donc détournement du commandement de Dieu à leur propre profit. D’où la réaction de Jésus : « hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi.  7 Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. 8 Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. 9 Et il leur disait :  Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition ». Jésus désire que nous respections la Parole de Dieu. A l’exemple du Christ vis-à-vis des Pharisiens et des scribes, le Pape François, dès son élection à la papauté, a réagi de la même manière vis-à-vis de la Curie romaine. Il a remis de l’ordre chez certains responsables religieux qui, visiblement, ne menaient pas une vie conforme à la volonté de Dieu. Le Pape François le dit tout haut dans la « Joie de l’Évangile » :  « je désire une Eglise pauvre pour lespauvres » (§198).

Les trois textes d’aujourd’hui nous parlent des lois à mettre en pratique. Il ne s’agit pas de choisir seulement les lois qui nous plaisent comme par exemple d’aimer Dieu seulement. Il nous semble plus facile d’aimer Dieu que d’aimer son prochain, tout simplement parce que Dieu est parfait, sans défauts, sans péché et semble rester silencieux malgré nos mauvaises attitudes et nos mauvais comportements. Alors que lorsque nous nous tournons vers les hommes, nous les jugeons d’abord et les critiquons plutôt que de les aimer malgré leurs faiblesses et leurs défauts comme le Christ le fait envers chacun de nous. De plus, on se fera des ennemis.

De nos jours, de nombreux fidèles pensent qu’il suffit de venir régulièrement à la messe pour faire la volonté de Dieu et lui plaire. C’est déjà très bien de venir à la messe mais, en réalité, cela n’est pas suffisant. Il faut encore se tourner vers notre prochain, ce qui nous semble le plus difficile, parce qu’ayant nous-mêmes de nombreux défauts, au lieu de se tourner vers lui pour se mettre à son service, nous nous tournons vers lui pour lui montrer ses défauts ou ses faiblesses, ou encore l’utiliser pour en tirer un profit. Voici ce que dit le Pape François : « Pape François : Gaudete et Exsultate » – P.72 – §104 – Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière ou uniquement en respectant certaines normes éthiques – certes la primauté revient à la relation avec Dieu – et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité (donc en partageant avec les autres son temps, son argent, ses connaissances…) et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. 105 – Pour la même raison, la meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde. En effet, « la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants ». Elle est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Ainsi, nous pourrons en déduire que la prière que nous faisons depuis des années est efficace lorsque notre vie s’en trouve transformée comme Dieu le voudrait : que nous soyons remplis d’amour et de rien d’autre.  Et si notre vie a changé dans nos rapports aux autres, c’est bien parce que nous avons accepté que la miséricorde divine nous transforme et nous sanctifie pour faire de nous de véritables enfants de Dieu. Et lorsque nos rapports aux autres n’ont pas changé dans le sens de l’amour du prochain, alors on peut déduire que notre approche de la prière – dont la messe – n’est pas authentique, elle s’apparente plus à celle des pharisiens et des scribes. On fait le culte pour le culte mais le cœur n’y est pas. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi » nous dit Jésus. La 1ère lecture d’aujourd’hui nous dit que « 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde ». Autrement dit, d’abord accomplir au moins une des œuvres de miséricorde de Dieu. Saint Thomas d’Aquin (Gaudete et Exsultate – §106 – Pape François) quand il examinait quelles sont nos actions les plus grandes, quelles sont les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu, il a répondu sans hésiter que ce sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte. Rappelons les quatorze œuvres de Miséricorde: 1 Nourrir ceux qui ont faim; 2 Donner à boire à ceux qui ont soif; 3 Vêtir ceux qui sont nus; 4 Recueillir les étrangers; 5 Visiter les malades et les prisonniers; 6 Apporter le salut aux prisonniers; Ensevelir les morts. Les oeuvres de miséricorde spirituelles : 7 Instruire les ignorants; 8 Conseiller ceux qui doutent; 9 Consoler les affligés; 10 Reprendre les pécheurs; 12 Pardonner les offenseurs; 13Supporter avec patience les personnes ennuyeuses; 14 Prier pour tous les vivants et les morts. Et le Pape François poursuit (§107 – Gaudete Et Exsultate) : « Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde ».

Et si vous ne pratiquez aucune de ces œuvres, il serait peut-être temps d’aimer Dieu sincèrement, au plus profond de vous-même.  Pour cela, nous dit Saint Jean de la Croix (« Œuvres complètes » – Tome II – P.1018), « efforcez-vous d’être constamment en oraison, ne la délaissant pas même au milieu de vos exercices corporels. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous parliez, ou que vous traitiez avec les séculiers (les non-religieux, les laïcs), ou que vous fassiez quelque autre chose, désirez Dieu sans cesse et dirigez vers lui l’amour de votre cœur, car c’est une chose très nécessaire pour la solitude intérieure. Celle-ci demande que l’âme ne s’arrête à aucune pensée qui ne soit dressée à Dieu (autrement dit ne pas arrêter sa pensée sur autre chose que Dieu), et qu’elle laisse dans l’oubli toutes les choses qui existent et qui passent en cette brève et misérable vie. En aucune ma­nière, ne cherchez à savoir autre chose que la manière dont vous pourriez servir Dieu davantage et mieux obser­ver les devoirs …d’enfants de Dieu ». Un Jésuite Belge, théologien et bibliste de renom du 16-17ème siècle, Cornelissen van den Steen (Cornelius a Lapide), nous dit : Combien vivent dans l’ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s’ils en ont l’intention, ils ne prennent aucun des moyens nécessaires pour s’arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l’orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l’enfer. Il rejoint en partie ce que dit l’Évangile d’aujourd’hui : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme.  Et Cornelissen dénonce alors l’attitude des chrétiens : On redresse sa conduite une fois l’an, à l’occasion de Pâques, et on se confesse parce qu’on se sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d’une obligation au lieu d’être libre et spontané …. Aussi, passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort, c’est-à-dire quand il se trouve à l’agonie et pense qu’il va mourir, et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Ne nous contentons pas de prier, de lire ou d’écouter la Parole de Dieu, de se confesser et de communier, désirons avec force et détermination à vouloir absolument nous convertir du fond du cœur pour changer de cap dans notre vie de chrétien, et à vouloir sans cesse, avec l’aide de Marie, nous unir sincèrement et constamment au Christ afin qu’il nous transforme et nous sanctifie.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 1-8.14-15.21-23)

Évangile selon saint Marc 7, 1-8.14-15.21-23

 

Le respect de la tradition … ou être proche de Dieu ?

 

La tradition dans l’Église va commencer formellement quand Dieu va donner à Moïse les dix paroles, écrites sur des tables de pierres. Paroles que Moïse va décliner en « décrets et ordonnances … pour que vous les mettiez en pratique » (1° lecture). Paroles données par Dieu qui est « proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ».

Moïse ajoute : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien… [Gardez-les] tels que je vous les prescrits. ». Mais ce ne fut pas tout à fait le cas.

Quand Jésus vint, il donna « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Attention, ce n’est pas les bizounours ! Ce n’est pas « Tout le monde, il est beau, il est gentil » ! Ce n’est pas simplement entre soi, mais avec tout le monde, toujours en lien avec Jésus : « Comme je vous ai aimés ». Comme Jésus, c’est-à-dire, en esprit et en vérité. C’est aimer comme le Père nous a aimés.

Dans tout ce qui concerne la religion, la question qu’on doit se poser n’est pas de savoir s’il faut se laver les mains avant de manger, mais plutôt « Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? ».

Ce ne sont pas les sacrifices ni les holocaustes (cf Ps 50,18). C’est faire comme Jésus, aller vers les humbles, les pauvres, les faibles. Vers ceux qui sont dans des difficultés financières, morales, ceux qui sont malades, sans emplois, sans toit …  Ce que le prophète Isaïe dit : « (Ce) qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58,6-7).

« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19). Non pas un esprit cassé, foutu, anéanti, inutile … mais un esprit dont l’enveloppe est brisée, fendue, pour que Dieu puisse y pénétrer et pour laisser passer ce qui est en lui : l’amour que Dieu y a déposé, pas simplement pour lui, mais aussi pour les autres ; la compassion pour les autres, pas en paroles, mais en actes … et c’est ça qui est le plus dur…

Nous venons d’entendre « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,58). Mais sommes-nous vraiment conscients de cette présence de Dieu en nous ? Bien souvent nous communions, mais nous ne laissons pas Dieu agir en nous, nous faisons comme si de rien n’était. Acceptons-nous de laisser briser notre cœur pour laisser passer l’amour de Dieu dans notre vie … et par là dans celle des autres ?

Combien de fois sommes-nous interpellés dans notre cœur par des images, des informations, des reportages, à la télévision ou dans les journaux ? On a le cœur chaviré … mais cela ne dure souvent que le temps de l’émission … et le train-train, la routine reprend le dessus …

Nous en sommes tous là (ou presque),  et on se donne de bonnes raisons : on ne peut rien faire de concret, ça nous dépasse, on n’est pas compétant, c’est trop loin … Mais n’y a-t-il pas des injustices à réparer autour de nous ?

Attention à ne pas recevoir de Jésus ce qualificatif : « hypocrites … Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Écoutons saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique (ce que disait déjà Moïse et Jésus), ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » (2° lecture).

Illusion d’être dans les ’’bons chrétiens’’ !

Mais ce n’est pas à nous d’en juger. C’est le rôle du Fils de l’Homme, Jésus, de le faire (cf Mt 25,31 ss). Et il le fera sur son commandement d’amour. Ce que nous rappelle saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. ».

Prions pour que tout ce qui sort de notre cœur soit fondé sur l’amour, envers Dieu et envers le prochain. Pour cela, il nous faut répéter sans cesse cette prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. ».

Seigneur Jésus,

tu nous remets vigoureusement

au centre de notre relation à Dieu :

ce qui compte, ce ne sont pas les pratiques,

mais la qualité de notre manière de vivre,

en esprit et vérité,

vis-à-vis de Dieu et de notre prochain.

Aide-nous à résister à la tentation du monde et du Malin

pour être toujours des témoins de ton amour.

 

Francis Cousin

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