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Audience Générale du Mercredi 8 Janvier 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 janvier 2020


Frères et sœurs, la dernière partie des Actes des Apôtres raconte le voyage de saint Paul à Rome, où il devra rendre témoignage au Christ. Au cours de la traversée, une tempête se lève et le bateau part à la dérive. Alors que la mort semble imminente, Paul rassure l’équipage : il est l’homme de la foi. Il a reçu d’un ange la certitude qu’il comparaîtra devant César, et que tous seront sauvés avec lui. Ainsi, même dans l’épreuve il ne cesse d’être attentif aux autres et de ranimer leur espérance. Arrivé à Malte et accueilli par la population, saint Paul exerce aussitôt un ministère de compassion en guérissant des malades : en effet, le bien tend à se communiquer. Quand un croyant fait l’expérience du salut, il ne la garde pas pour lui-même, mais il acquiert une plus grande sensibilité aux nécessités des autres et se rend proche de celui qui souffre. Saint Paul nous invite à vivre les épreuves en étant unis au Christ, avec la conviction que Dieu peut agir en toute circonstance, et que celui qui s’offre à Dieu par amour sera certainement fécond.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française et souhaite, à chacun et à chacune, une année riche en grâces du Seigneur. En particulier, demandons à Dieu de nous aider à vivre nos épreuves dans la foi. Et soyons sensibles aux souffrances de ceux qui viennent à notre rencontre sachant les accueillir de cet amour qui procède de notre rencontre avec Jésus. Que Dieu vous bénisse.

 

 

 




Le Baptême du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 3, 13-17)

 « Alors paraît Jésus …

pour être baptisé par Jean. »

 

De ce passage de l’évangile, très court, parlant du baptême de Jésus, on peut dire qu’il y a deux choses importantes à retenir : ce qui se passe avant le baptême, et ce qui se passe après le baptême.

Du baptême lui-même, on n’en parle pas, simplement une petite phrase introductive : « Dès que Jésus fit baptisé … »

Qu’y a-t-il juste avant le baptême ? Après le retour d’Égypte et l’établissement à Nazareth (Mt 2), on fait un grand saut dans le temps d’une trentaine d’année : « En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste » (dont Matthieu ne dit pas qu’il est apparenté avec Jésus), qui crie dans le désert un appel à la conversion vers Dieu et baptise dans le Jourdain.

« Alors paraît Jésus … pour être baptisé par Jean. ». Jésus vient de la Galilée. Après le baptême, il y retournera … pour ne la quitter que pour aller à Jérusalem et y être crucifié.

Mais Jean refuse : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi … »

« Jésus lui répondit : ’’Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.’’ »

Cette phrase peut nous sembler obscure, car on voit difficilement le lien entre le baptême et la justice, notre justice. Parce qu’ici, il ne s’agit pas de la justice humaine, mais de la justice au nom de Dieu : faire en sorte que ce que nous fassions soit reconnu juste au yeux de Dieu, que nous fassions la volonté de Dieu, que nous soyons témoins de l’amour incommensurable de Dieu.

Ici, Jésus invite Jean à ce que, ensemble, ils réalisent la volonté d’amour de Dieu pour le salut des hommes : Jésus, étant baptisé (ce dont il n’a effectivement nul besoin puisqu’il est sans péché, parfait comme le Père est parfait (cf 1 P 2,22)) comme les autres humains auxquels il s’identifie, pourra emmener avec lui dans le royaume des cieux ceux qui ont cru en lui et qui ont été baptisés en son nom, après sa résurrection : « Ainsi, pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, il n’y a plus de condamnation. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a libéré de la loi du péché et de la mort. » (Rm 8,1-2). Dès le début de sa vie publique, Jésus se fait proche des hommes pour les amener vers son Père.

Après le baptême, il y a la première théophanie de Dieu : « Les cieux s’ouvrirent » permettant à l’Esprit de descendre sur Jésus, et à la voix du Père d’affirmer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

L’un des rares moments où l’on trouve associés les trois personnes de la Trinité, sous des formes différentes : le Père par sa voix, le Fils sous la forme corporelle, humaine, et l’Esprit sous une autre forme corporelle, comme une colombe.

Si le texte suggère que seul Jésus ait pu voir l’Esprit descendre sur lui, il ne dit rien de particulier concernant la voix du Père. On peut donc penser que tous les personnes présentes ce jour-là ont pu entendre cette voix qui ne dit pas comme dans le texte d’Isaïe « Mon serviteur … qui a toute ma faveur » (première lecture), mais qui désigne Jésus comme le Fils de Dieu, qui vient pour apporter le salut à son peuple.

Cette théophanie annonce la mission de Jésus, dans la lignée des textes de l’ancien testament. Mais malgré cela, il faudra bien du temps à Jésus pour qu’il soit reconnu comme le Messie. Il lui faudra le reste de sa vie terrestre. Ce n’est qu’à sa mort et sa résurrection que les gens comprendront qu’il était vraiment le fils de Dieu.

Pour nous, c’est l’occasion de réfléchir à notre baptême, qui nous a été donné au nom des trois personnes de la Sainte Trinité.

Si pour Jésus, le baptême a été le point de départ de sa mission sur terre, il en est de même pour nous. Et d’ailleurs cela nous a été rappelé au mois d’octobre dernier pendant le Mois Missionnaire Extraordinaire dont le thème était : « Baptisés et Envoyés ». Tout baptisé doit être missionnaire à son niveau, mais il ne peut le faire seul.

Et c’est ce que nous disait le pape François dans l’exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel : « Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission. Et permets-lui de forger en toi ce mystère personnel qui reflète Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. » (GE n° 23)

 « Dieu notre Père,

Ton Fils Unique Jésus-Christ

Ressuscité d’entre les morts

A confié à Ses disciples Sa mission :

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». (Mt 28,19)

Tu nous rappelles que par le baptême

Nous participons tous à la mission de l’Église.

Par le don de Ton Esprit-Saint, accorde-nous la grâce

D’être témoins de l’Évangile,

Courageux et ardents,

Pour que la mission confiée à l’Église,

Soit poursuivie en trouvant des expressions nouvelles et efficaces

Qui apportent la vie et la lumière au monde. »

Pape François (prière pour le MME, extraits)

 

Francis Cousin

  

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Fête du Baptême de Notre Seigneur – Homélie du Père Louis DATTIN

Mission du Christ

Mt 3, 13-17

Isaïe dans la première lecture nous dit que « la Parole est descendue du ciel « . « Le Verbe s’est fait chair  » : ainsi s’achève le temps de Noël et nous retrouvons le guide de cette année St-Matthieu.  Quand commence son Evangile, Jésus a déjà quitté Nazareth pour recevoir son ordre de mission.  Déjà avec Siméon au temple, nous avons vu le salut.  Avec les mages à Bethléem, nous avons vu se lever son étoile et reconnu dans un enfant, le roi des juifs.  Cependant ce n’est pas par une huile sainte que sera consacré le roi de l’univers mais avec de l’eau du Jourdain, une eau simple, pure, limpide, transparente.

Rien ne nous est donné à voir : Jésus, seul, voit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre. Mais pour ceux qui écoutent, prêtent l’oreille, cherchent le Seigneur, une voix se fait entendre, une parole qui s’adresse à Jésus, mais que l’Esprit murmure au plus profond de chacun :

« C’est toi, mon fils bien-aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour ». Cette parole, elle va résonner tout au long du parcours que nous propose St-Matthieu jusqu’au moment où, non pas dans les cieux, mais au temple, le voile se déchirera et qu’avec le centurion au pied de la croix, nous nous écrierons :

« Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! »

Avec Matthieu, nous voici introduits d’emblée dans la phase adulte de Jésus : il a trente ans environ et c’est Jean-Baptiste qui nous l’annonce : « Voici venir derrière moi, celui que vous attendez. Sa venue est imminente ! Tenez-vous prêts ! »

Matthieu nous avertit : cet inconnu est attendu, avant même de paraître sur la scène. Qui est-il donc ? Jean-Baptiste n’oserait même pas se courber devant lui !

Mais le grand opérateur de cette scène, ce n’est ni Jean-Baptiste, ni Jésus, c’est l’Esprit Saint, trois fois nommé ici : « Lui, il vous baptisera dans l’Esprit » ; « A l’instant où il remontait de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui » ; « Aussitôt, l’Esprit pousse Jésus au désert ».

Il est tout proche celui qui va répandre l’Esprit pour faire naître à une humanité nouvelle. « Il vous baptisera, il vous plongera dans l’Esprit ».

Avons-nous conscience que notre Baptême chrétien c’est cela ! Nous sommes très loin de vivre la profondeur de notre Baptême qui nous a changés radicalement. Nous sommes tous tentés, à cause d’un milieu païen, athée dans lequel nous sommes immergés, de mettre le salut de l’humanité dans le prolongement de nos efforts, de nos attitudes humaines les plus chargées de valeurs.

La mentalité scientifique et technique nous habitue à penser que le salut de l’homme est dans et par l’homme.

« Devenons plus solidaires, disent les humanistes, maîtrisons davantage la nature, disent les écologistes, partageons davantage, disent les humanitaires ».  « Très bien », mais cela, n’importe quel païen peut le dire et tenir ce discours : ce n’est pas faux.

Mais la Bible, elle, va bien plus loin : elle prétend que le sens dernier de l’homme n’est pas l’homme ; l’univers, si grand soit-il, n’a pas sa fin en lui-même. « L’homme, disait Bossuet, dépasse l’homme ; il ne s’accomplit totalement qu’en s’ouvrant à une réalité supérieure ». « A quoi sert à l’homme de maitriser l’univers et d’aller sur la lune si c’est pour s’y suicider ? »

La dimension de la transcendance, c’est-à-dire la dimension spirituelle et divine de l’homme devient de plus en plus évidente.   Il y a en l’homme, une faim, une soif, autre chose qui va beaucoup plus loin que ce que la terre toute seule peut lui offrir, ainsi donc, la réponse dernière à toutes les questions que se pose l’homme : « Qu’est-ce-que la vie ? Qu’est-ce-que la mort ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi l’amour ? Pourquoi le mal ? Pourquoi suis-je sur la terre ? Est-ce un hasard ? Ou une destinée ? »

Toutes ces questions-là ne peuvent être résolues par la raison seule… Il n’y a que la dimension spirituelle de l’homme qui peut lui donner une piste, une direction.  C’est ce qui faisait dire à Malraux que « le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas ! » en réponse à toutes ces interrogations.  Un  » inconnu  » se présente, dans cette foule qui entoure Jean, il a déjà vécu trente ans dans l’obscurité d’un petit village dont ne parle jamais : ni la Bible, ni le Talmud, ni la géographie, ni l’histoire, avant que ce Jésus ne devienne mondialement   célèbre.  Nazareth comptait, à cette époque, selon les   fouilles archéologiques, une vingtaine de maisons, donc une centaine d’habitants à peu près. C’est de cette étonnante obscurité que va sortir le plus grand mouvement historique qui a modifié la face de la planète !

Qui est-il donc ce Jésus de Nazareth ? Il donne l’apparence d’un homme ordinaire qui doit recevoir un Baptême de pénitence.

Mais, voilà, nous dit St-Matthieu, que devant cet homme, le ciel  » se déchire  » : il vient faire une déchirure dans cet univers clos. Désormais l’humanité aura une  » brèche  » pour communiquer avec le monde divin.  Déjà, avant St-Matthieu, Isaïe, en avait exprimé le désir : « Ah ! Si tu déchirais les cieux ! »

Et c’est ce qui a lieu ! Jésus est soudain saisi dans son être humain lui-même, de la certitude de son rôle grandiose.

« Et du ciel, une voix se fait entendre ». « C’est toi, mon Fils bien aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ».

Voilà donc une expérience unique de tendresse.  Déjà, depuis des années, Jésus vivait une aventure merveilleuse de filiale affection, et cela éclatait maintenant comme un carillon dans son cœur :

« Tu es mon amour ; tu es mon Fils unique, je me complais en toi ». Ces mots sont déjà présents dans la Bible, bien sûr, mais il nous est bon de retrouver ces phrases que Jésus avait dû méditer, qu’il savourait depuis des années dans sa prière ou dans sa vie de chaque jour, dans sa petite maison, avec Marie et Joseph, au cours de son travail.

Et vous, les chrétiens, vous les baptisés, non pas seulement dans l’eau mais aussi dans « l’Esprit Saint », dans l’eau qui sortit du côté du Christ avec son sang lorsque le soldat Romain lui perça le cœur, avez-vous parfois fait cette expérience ? De vous sentir aimé et de répondre à cet amour ? … Quelque chose de fort et de doux qui remplit de paix et de bonheur, toutes vos minutes ?

« Je serai pour lui un père et il sera pour moi, un fils » (2e livre de Samuel). Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils : aujourd’hui, je t’ai engendré » (Psaume 2e).   « Voici mon serviteur, mon élu, en qui je me complais » (Isaïe). « Jérusalem ! On t’appellera d’un nom nouveau. On ne dira plus  » l’abandonnée ‘’. On dira ‘’celle en qui je me complais”.

Les eaux du Jourdain, comme celles de notre baptême, sont les eaux de la naissance, celles de notre création, celles de notre déluge, celles de notre passage du péché à la grâce, celles de la Mer Rouge à la terre Promise : il en sort toujours des hommes nouveaux !

Oui, « les cieux se déchirent » pour nous aussi : comme le voile du temple au moment de la mort du Christ.  Cette déchirure est l’occasion pour chacun de découvrir le vrai visage du Seigneur.  AMEN




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 3, 13-17)

« Jésus avec les pécheurs,

pour les pécheurs »

 

Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire.
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

 


         Jean-Baptiste proposait « un baptême de repentir en vue de la rémission des péchés » (Mc 1,4). Par cette démarche, il invitait à se reconnaître pécheur, en vérité. Plus tard, il s’agira de faire de même en présence de Jésus. C’est ainsi que Jean Baptiste « préparait le chemin du Seigneur » (Jn 1,23), car c’est Lui et Lui seul qui offre, au Nom de son Père, le pardon des péchés et le Don de l’Esprit Saint qui lave, purifie, sanctifie, justifie (Lc 5,20 ; 1Co 6,11)…

            Jean-Baptiste est pécheur, comme tout le monde (Rm 3,9-26) et il le sait bien… Ce serait donc à lui d’aller en premier à Jésus pour confesser, à travers Lui : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils »… Mais, surprise… « C’est moi » qui ai péché, « c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi », purifier par toi, « et c’est toi qui viens à moi » ! La démarche de Jésus est bien celle du Bon Pasteur qui prend l’initiative d’aller à la rencontre de toutes ses brebis perdues. Dieu veut notre Vie, notre Plénitude, notre vrai Bonheur plus que nous-mêmes. Il est le Vrai Ami de l’homme…

            De plus, « tu viens à moi » pour une démarche qui n’a d’autre but qu’un repentir sincère ! Mais Jésus est « l’Agneau sans tache », il n’a jamais péché ! Humilité de Jésus qui ne se préoccupe pas du tout de son image, de ce que l’on pourrait dire de lui en le voyant au milieu des pécheurs, mais qui ne poursuit qu’un seul but : le bien de ces hommes et de ces femmes blessés qu’il est venu sauver en leur montrant le Chemin qui conduit à la Vie… Et pour que ce but puisse être atteint, il n’hésitera pas à se donner tout entier sur une Croix, au milieu de deux pécheurs condamnés à mort par suite de leurs crimes…

            Dans les eaux du Jourdain, Jésus nous appelle tous à venir à sa suite.  Et quiconque lui offrira l’obéissance de sa foi, se retrouva avec Lui dans les eaux du baptême, tourné avec Lui de tout cœur vers le Père, recevant avec Lui ce qu’il reçoit du Père de toute éternité, ce Don de l’Esprit qui le constitue en Fils « né du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé, de même nature que le Père » (Crédo). Et il entendra le Père lui dire à lui aussi : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Mais « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) ! Autrement dit, j’ai mis en toi tout ce que Je Suis (Ex 3,14) ! Voilà donc notre vocation à tous : devenir par grâce ce que Dieu est par nature ! « Ainsi, Dieu nous a fait don des grandes richesses promises, et vous deviendrez participants de la nature divine, en fuyant la dégradation que le désir produit dans le monde » (2P 1,4).        DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – Fête du Baptême de Notre Seigneur

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé,

en Lui j’ai mis tout mon Amour »…

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 3,13-17)

Jean-Baptiste a déjà commencé sa mission : préparer le chemin du Seigneur, inviter à la conversion. Celles et ceux qui acceptaient de se reconnaître pécheurs, de se repentir, « se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain en confessant leurs péchés » (Mt 3,6). Ce baptême, contrairement à celui que proposera Jésus, n’apportait pas encore la Plénitude de l’Esprit Saint. Il était juste une démarche de vérité où l’on reconnaissait sa condition de pécheur et son besoin d’être pardonné, lavé, purifié, sanctifié…

 

 Et soulignons les mots importants 

  • Mettons-nous à la place de quelqu’un qui vient de recevoir le baptême de Jean : en regardant la démarche de Jésus, que pourrait-il dire de lui ?

  • Quelle est la réaction de Jean-Baptiste ? Que dit-il en fait à Jésus, que reconnaît-il lui aussi ? Quelle est la réponse de Jésus ? A quelle attitude invite-t-il Jean-Baptiste ? « C’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste». « Ce qui est juste », aux yeux de qui ? Que signifie ici cette expression ? Et pourquoi Jésus agit-il ainsi ?

  • Que fait finalement Jean-Baptiste ? Mais remarquer le « nous» dans la parole de Jésus, un « nous» qui l’associe parfaitement à Jean-Baptiste dans l’accomplissement, ensemble, d’une seule et même œuvre. Mais, dans la bouche de Jésus ce « nous » peut aussi désigner quelqu’un d’autre, qui ? Si Jean Baptiste se réfère à Jésus, Jésus, lui, se réfère à qui ? Et quelle est alors l’attitude de Jésus à son égard ? Se souvenir de celle de Jean-Baptiste vis-à-vis de Jésus : conclusion ? Nous retrouvons ce principe à propos de Jésus en remarquant que « en toi j’ai mis tout mon amour » est une allusion à Is 42,1 où Dieu dit : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon Esprit » : en appliquant ce texte à Jésus, comment apparaît-il ?

  • « Dieu est Amour » dit St Jean (1Jn 4,8.16). En appliquant ce verset à Dieu le Père, en quoi la Parole dite ici à Jésus, son Fils, est-elle une illustration du Crédo, formule longue, que nous reprenons à la Messe ?

 

Pour l’animateur  

  • Quiconque assistant à la scène aurait conclu que Jésus, « l’Agneau sans reproche et sans tache » (1P 1,19), est un pécheur comme tout le monde.

  • Jean Baptiste s’oppose à cette démarche : il se reconnaît pécheur lui aussi, et il reconnaît en Jésus ce Sauveur, envoyé par le Père, qui lui témoignera Miséricorde et Compassion, sans le juger, lui apportant inlassablement le pardon de toutes ses fautes et la force nécessaire pour être « arraché aux ténèbres et transféré dans le Royaume » (Col 1,13-14).

            Jésus lui dit : « Laisse faire », obéis… St Paul parle souvent de « l’obéissance de la foi » (Rm 1,5 ; 6,16-17 ; 10,16 ; 15,18 ; 16,19.26). Mais attention, avec Dieu, nous sommes dans l’Amour, un Amour « qui ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien, de tout son cœur, de toute son âme » (Jr 32,40-41). Lui obéir, c’est le laisser agir en nous pour qu’il puisse nous faire tout ce bien qu’il désire pour chacun d’entre nous : que nous vivions de la Plénitude de sa Vie (Jn 10,10), de sa Paix (Jn 14,27), de sa Joie (Jn 15,11). Voilà « ce qui est juste » aux yeux de Dieu, ce qui est conforme à sa volonté, « lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à connaissance de la Vérité » (1Tm 2,3-6), la Vérité de l’Amour ! Et lui obéir sera en même temps essayer, avec sa grâce, de lui faire plaisir en vivant comme il aimerait que nous vivions… « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 85(84),11).

            Jésus reçoit ce baptême pour nous montrer le chemin (Jn 14,6), pour nous donner l’exemple… Il fait en premier ce qu’il nous invite à faire, pour notre seul bien… Si nous acceptons de le suivre dans les eaux du baptême (cf. Mt 28,18-20), lavés, pardonnés, purifiés, nous entendrons le Père nous dire, à nous aussi : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (cf. Jn 1,12-13)…

  • Jean Baptiste obéit à Jésus, et Jésus, Lui, obéit au Père. Il est le Serviteur du Père ! Aimer l’autre, c’est tenir compte de lui et chercher sa joie. C’est ainsi que la vie chrétienne est essentiellement obéissance…

  • « Dieu est Amour », le Père est Amour, et « en toi j’ai mis tout mon amour » dit-il ici à Jésus. En toi, j’ai mis tout ce que Je Suis. « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main… tout ce qu’a le Père est à moi »

(Jn 3,35 ; 16,15). Le Père est Dieu ? Le Père est Lumière ? Voilà ce que, de toute éternité, il donne au Fils, l’engendrant ainsi, « avant tous les siècles, en Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Et nous sommes tous invités, par notre foi au Fils, notre obéissance au Fils, à « recevoir » nous aussi ce que le Fils reçoit du Père de toute éternité ! « Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même. Or, je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 5,26 ; 10,10 ; 6,40).

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus se moque du « quand dira-t-on » : volontairement, par amour, il va à la rencontre des pécheurs, et adopte, au milieu d’eux, l’attitude qu’il aimerait que nous ayons tous : cette démarche de vérité où nous osons nous reconnaître tels que nous sommes, avec toutes nos blessures, limites, mauvaises volontés parfois… Et de Dieu nous n’aurons qu’une réponse : « Tu es mon fils, ma fille, bien aimé(e) ; en toi je mets mon Amour », mon Esprit. Il sera Lumière dans ta nuit, Paix dans tes combats, Force dans ta faiblesse… En t’appuyant sur lui, en comptant sur lui, tu pourras être ce que je veux que tu sois : un fils, une fille, vivant pleinement de ma Vie…

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Acceptons-nous de faire vraiment la vérité dans notre vie ? Vivons-nous régulièrement le sacrement de la réconciliation, dans la vérité de la relation à un autre que nous-mêmes ?

  • Jésus va à la rencontre des pécheurs, ne cherchant que leur bien. Et nous, quelle est notre réaction : juger, rejeter, exclure, condamner ?

 

 

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur Jésus, en quittant cette terre, tu as fait de nous tes témoins. Renouvelle en nous la grâce de notre baptême pour que, soutenus par la Force de l’Esprit Saint, nous puissions porter ton Evangile aux Nations. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

 

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Baptême du Seigneur – A

 




Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 16-21)

Marie, Mère du Sauveur (Lc 2,16-21)

(Mercredi 1° janvier)

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.


           Un peu plus de neuf mois se sont écoulés depuis la visite de l’Ange à Marie, chez ses parents, à Nazareth… « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus », un nom qui, en araméen, signifie « Dieu sauve »… Cette rencontre fut, pour Marie, un moment intense de Lumière et de Joie. Elle s’en souviendra avec sa cousine Elisabeth en disant : « Mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur ». Et elle le louera, car il lui a été donné de percevoir « Qui » Il Est : « Miséricorde Toute Puissante » (Lc 1,46-55)…

            Mais maintenant, cet instant de Lumière est fini, et Marie chemine comme nous tous, « dans la foi et non dans la claire vision » (2Co 5,7)… En toute liberté, elle a dit « Oui ! » à l’Ange et Dieu a commencé son œuvre… Avec elle et par elle, le Fils, présent au monde depuis qu’il existe, est entré dans l’histoire en vrai homme, et Marie, fidèle servante du Seigneur, a obéi aux Paroles transmises par l’Ange et l’a appelé « Jésus », « Dieu sauve »… Maintenant, son cœur est brûlé d’attention, ses yeux sont tournés vers ce Mystère de Salut qui, pas à pas, s’accomplira avec son enfant et par lui. Mais elle le découvrira au fur et à mesure qu’elle le vivra. Et l’aventure tout commence tout de suite avec les bergers…

            Voici donc des bergers qui viennent la visiter. Les Pharisiens les méprisaient car ils les considéraient comme des voleurs. Ils disent avoir vu eux aussi un Ange qui leur a dit : « Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le Peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur »… Cette fois, Marie n’a rien vu, rien entendu, mais elle se souvient de la joie qu’elle a vécue elle aussi en accueillant l’Ange, et de ce nom qu’il fallait donner à l’enfant à naître : « Jésus, Dieu sauve »… Alors, « elle médite dans son cœur »… Littéralement, elle « met ensemble tous ces éléments » : déjà, alors même que son Fils vient de naître, et qu’il n’est encore qu’un tout petit bébé dans ses bras, des bergers viennent à lui et commencent à vivre en leur cœur la lumière et joie du salut. Oui, vraiment, Dieu le Père est déjà à l’œuvre avec et par son Fils, pour sauver tous les hommes qu’il aime. Plus tard, Jésus dira : « Nul ne peut venir à moi si mon Père qui l’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44). Et lorsque Pierre lui dira : « Tu es le Christ », le Messie, le Sauveur, Jésus lui répondra : « Bienheureux es-tu Pierre, car cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les Cieux » (Mt 16,17). Et « c’est bien la volonté de mon Père que quiconque », Pierre, les bergers, « voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » (Jn 6,40). Il aura suffi aux bergers de voir ce petit bébé qui ne pouvait encore que gazouiller, de lui ouvrir leur cœur, et la joie du salut les inondait… Joie des bergers, joie de Marie qui constate déjà à quel point son Fils est « le Sauveur du monde »…                          DJF




L’Epiphanie du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 2, 1-12)

 « Nous avons vu son étoile à l’orient. »

 

Ils viennent de loin, ces mages ! On ne sait pas exactement d’où, on ne sait pas non plus combien ils sont, ni leurs noms !  La tradition veut qu’ils étaient trois, et qu’ils venaient de trois régions différentes : l’Europe, l’Asie et l’Afrique (ce qui semble en contradiction avec l’évangile qui suggère des personnes qui travaillaient ensemble en un même lieu).

Pourquoi viennent-ils à Jérusalem ? Pour venir se prosterner devant « le roi des Juifs qui vient de naître », et ils l’ont su parce qu’ils ont « vu son étoile à l’orient ».

Mais voilà que l’étoile disparait à leurs yeux.

Alors, bien sûr, ils arrivent à Jérusalem, dans la capitale des Juifs, et se présentent au palais du roi Hérode !

Un roi, habituellement, cela habite dans un palais ! Logique !

Mais la logique de Dieu n’est pas celle des hommes ! « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Et quand ils se renseignent au palais d’Hérode, c’est le branle-bas de combat : on s’affole. Pour plusieurs raisons : pour Hérode, c’est un futur opposant qui risque de mettre à mal sa situation et qu’il faut éliminer le plus vite possible ; pour les grands prêtres et les scribes, c’est comme une insulte : eux qui connaissent tout (ou qui pense connaître tout) de la foi juive, apprennent une nouvelle de la part de personnes qui ne connaissent rien de la foi juive …

Finalement, les scribes trouvent la réponse : « c’est à Bethléem, en Judée ».

Et Hérode trouve un stratagème pour pouvoir éliminer son ’’opposant’’ : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. ».

Mais en sortant du palais : surprise ! L’étoile qui avait disparue est revenue et elle guide les mages vers Jésus. La lumière de Dieu guide les mages vers celui qui est « la vraie lumière » (Jn 1,9), « La lumière [qui] brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,5), vers celui qui dira un peu plus tard : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8,12)

La lumière qui brille pour les mages, mais pas pour les juifs, mettant déjà en œuvre la prophétie du sage Syméon : « lumière qui se révèle aux nations » (Lc 2,32).

Et cette lumière remplit les mages « d’une très grande joie ».

Cette joie des mages doit aussi être la nôtre, car nous aussi nous avons vu et connu Jésus, « lumière né de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu … de même nature que le Père », lumière qui, dans la suite des temps, est arrivée jusqu’à nous par la révélation aux nations.

Mais on doit aussi se poser la question : « Pourquoi les mages se sont-ils mis en route, avec autant de persévérance, pour trouver ce petit roi et lui offrir leurs présents ? ». Il y avait de leur part un désir profond d’honorer le « roi des juifs », de se « prosterner devant lui. » ; une passion de la rencontre pour ces hommes qui a priori ne portaient pas en eux l’espérance d’un Messie annoncé par les prophètes.

Et dans cet évangile, le moins que l’on puisse dire est que les mages sont les seuls à être animés de ce désir de la rencontre avec Jésus, avec le Messie.

En face, que voit-on ?

Hérode, qui n’a aucun désir de rencontrer Jésus, ou plutôt qui n’a qu’un désir : l’éliminer. Un désir on ne peut plus mortifère. Rien de positif dans son attitude.

Les grands prêtres et les scribes, eux, sont tranquillement installés dans leurs connaissances et leur suffisance : ils savent que le Messie doit venir, à Bethléem, mais c’est comme la pluie sur la feuille songe : cela ne les émeut pas qu’on leur dise qu’il est né. Ils n’ont, contrairement aux mages, aucune envie de se déplacer de Jérusalem à Bethléem (environ une dizaine de kilomètres ! ). Ils sont dans le non-désir, le non-déplacement, aussi bien physique qu’intellectuel, spirituel ou moral …

Alors nous : Avons-nous un désir profond, comme les mages, d’honorer Jésus et de lui apporter nos humbles cadeaux …

Ou bien sommes-nous dans le non-désir de la rencontre avec Jésus ?

Attention : D’une vraie rencontre, qui nous touche totalement, qui nous amène à une conversion, qui fait qu’après cette rencontre, on ne peut plus vivre comme avant, on ne peut plus prendre les mêmes chemins qu’on avait l’habitude de prendre … comme l’on fait les mages …

C’est la vraie question que nous pose cet évangile !

Et elle nous demande une vraie réflexion !

Seigneur Jésus,

c’est un long voyage que firent les mages

pour se prosterner devant toi.

Et tout le monde en parle.

Mais on oublie souvent de se poser la question :

« Est-ce que, moi aussi,

 je viens me prosterner devant toi ?

Pour t’adorer, te remercier d’être venu

pour nous donner la Vie Éternelle ? »

 

Francis Cousin

  

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Image dim Epiphanie A




La Sainte Famille- Homélie du Père Louis DATTIN

   SAINTE  FAMILLE   A 

Matthieu 2, (13-15 ; 19-23)

  

                    Même   si elle n’a que 120 ans (1892), la fête de la Sainte Famille fait partie du paysage liturgique de Noël‘’. La Sainte Famille ‘’, comme on l’appelle, est proposée aux chrétiens comme un modèle à vivre, à leur tour, dans leurs familles.

La famille, c’est, comme dit le dictionnaire, le Père, la Mère, les enfants mais c’est aussi, dans nos mentalités modernes, la structure sociale, l’institution, la cellule de base de la société et c’est ce second sens qui apparait le plus souvent dans les médias où l’on parle de politique de la famille, de la famille éclatée, de famille recomposée, de famille monoparentale. Et alors, dans ce cas-là, la Ste-Famille ne saurait me servir de référence : difficile de présenter comme modèle, un foyer où l’homme n’est pas le père, où la mère est vierge et où l’enfant prétend venir d’ailleurs.

Dans l’Evangile lui-même, il est dit à Joseph : non pas « ‘’Prends ton fils et ton épouse’’ » mais « ‘’ Prends l’enfant et sa mère ‘’ ».   Que de gens anticléricaux ou mécréants, (mécréants= mal-croyants), ont moucaté le couple Joseph-Marie : cela blesse notre sensibilité religieuse mais, c’est vrai, nous sommes ici, en présence d’un mystère de foi et c’est, comme tel, qu’il faut le prendre.  On peut penser, vu le silence des Evangiles sur le sujet, que les relations étaient harmonieuses dans la maison de   Nazareth : ce qui ne veut pas dire, tout comme dans nos familles, qu’elles aient été toujours faciles.  Une imagerie pieusarde et mièvre a trop présenté la Sainte Famille comme des extra-terrestres à cent lieues des difficultés de la vie de tous les jours.

Comme dans toute famille, il y a eu, à Nazareth, des moments de tension, d’incompréhension, (rappelez-vous l’épisode de Jésus au temple, sa fugue, le désarroi des parents, l’explication, la réconciliation).

La sainteté n’est pas la perfection.  Mais on n’imagine pas Jésus, Marie et Joseph autrement que recherchant inlassablement à répondre, au mieux, à ce que  Dieu  attendait  d’eux.  En  cela, ils  sont  nos  maîtres  pour nos familles.

                    Faute de pouvoir s’établir à Bethléem, le pays originaire de Joseph, ils se réfugient, à cause d’Hérode, non pas en Judée mais en Galilée , région cosmopolite où toutes les races étaient mélangées, à Nazareth, le pays de Marie où ils peuvent être à l’abri du pouvoir.

Vie ‘’ cachée ‘’, selon la formule traditionnelle, ‘’ cachée ‘’ parce que menacée dès le départ : rappelez-vous le massacre des innocents.

                    Et pendant plus ou moins 30 ans, Jésus se tait.  Plus ou moins 30 ans de silence pour, plus ou moins 30 mois de parole, le temps de préparer sa mission, d’en mesurer l’enjeu, d’en définir le projet… Le temps surtout de ‘’ VIVRE AVANT ‘’ ce que l’on ‘’ DIRA APRES ‘’.

Dieu n’est pas bavard et ça nous gêne.  Parce que nous parlons beaucoup, nous aimerions que Dieu en fasse autant !  Mais le silence des Évangiles sur la vie cachée de Jésus en dit beaucoup plus que les récits qu’ils auraient pu en faire.

  • Si  nous  savons  écouter  ce  silence  et  l’écouter  dans  la  foi, ce silence, il en dit long sur le sérieux de l’Incarnation.

S’il n’y a rien à dire sur la vie privée de Jésus, c’est qu’elle fut vraiment une vie privée, marquée comme la nôtre par la simplicité et la monotonie du quotidien : un garçon comme les autres, dans une famille sans histoire, dans un trou perdu de Palestine occupée (Nathanaël dira plus tard en apprenant que Jésus est de ‘’ Nazareth ‘’ : « ‘’Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? ’’ »)  Jésus apprend à marcher, manger, parler, lire, écrire, prier, faire la fête, travailler, rendre service, participer à la vie communautaire, respecter les coutumes, les lois, les règlements.

On serait tenté de conclure: « Circulez, y’a rien à voir».  Et quand Jésus, à plus  de  30 ans, commencera  à  connaitre  la  renommée, une certaine réputation ; qui seront les plus étonnés, les plus surpris ? Les habitants de Nazareth : « ‘’ N’est-il pas le fils de Joseph, le charpentier  de Nazareth, le fils de Marie, nous connaissons sa famille’’. »

Il faudrait se dire, et c’est vrai, à propos de nos expériences humaines : « Dieu a connu ça, Dieu a vécu ça, Dieu aussi est passé par là. »  Gommer de nos esprits le mauvais réflexe de nous dire : « Oui, mais il était Dieu ! » pour ne pas vider de son contenu l’expression de notre foi : « ‘’Et il s’est fait homme ‘’».  Il en dit long, ce silence, sur la valeur du quotidien, pour Jésus et pour nous !

Pendant  30  ans, le salut  du monde  s’est  réalisé  dans un enfant qui grandit, dans un adolescent qui s’épanouit, dans un adulte qui prend sa place dans une communauté de famille, de village… autant que dans le prophète qui parle, guérit, fait  ses  miracles, avant  d’être  crucifié et de ressusciter.  C’est  toute la vie de Jésus ‘’ de la crèche au crucifiement’’ = 30 ans et 30 mois qui nous livrent le profond mystère de Dieu-Sauveur.

                     A la lumière de cette vie de Nazareth, mon quotidien à moi, mon ‘’jour le jour’’, prend toute sa valeur.  Dans la foi, rien de ce qui fait ma vie, aussi minime soit-il, aussi insignifiant soit-il, n’est nul, indifférent ou neutre par rapport au Royaume.   St-Paul vient de nous le rappeler : « ‘’Tout ce que vous dîtes, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus’’ ». Un beau cantique nous le rappelle :  « c’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant, qu’on dépose les armes, chaque fois qu’on s’entend, qu’on arrête une guerre et qu’on ouvre ses mains, qu’on force la misère à reculer plus loin, dans les yeux du pauvre qu’on visite, sur un lit d’hôpital, dans le cœur de tous ceux qu’on invite pour un bonheur normal ! » Et pas seulement dans l’extraordinaire ou l’exceptionnel ! Mais dans le banal, le monotone, le quotidien ; si bien sûr, j’ai en moi « ‘’les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus’’ », à commencer, bien sûr, par ce lieu privilégié du quotidien : la famille.

L’Evangile  d’aujourd’hui  nous crie  que cette famille,  contemplée avec attendrissement dans la crèche ou à Nazareth, est une vraie famille et non pas je ne sais quelle famille irréelle. Très vite, elle fut jetée sur les chemins des réfugiés de l’exil par la violence de ce temps-là qui était pire que le nôtre.  Je vous l’assure, jeunes foyers ou foyers moins jeunes, vous  qui  vous  battez  contre  des  conditions    difficiles  de vie

( santé, budget, difficultés d’orientation, chômage, dialogues difficiles, conflits de générations), vous pouvez regarder la famille de Joseph et de Marie : comme toutes les familles, un jour ou l’autre, elle a connu des déchirements, des angoisses ; elle a été ballotée dans les tourbillons de l’histoire et nous revient en mémoire le mot célèbre de Péguy : « ‘’Les pères et mères de famille sont les grands aventuriers du monde moderne ‘’ ».

  • Pour nous, comme pour Joseph, quelle responsabilité ! Il lui est dit : « ‘’Lève-toi ! ‘’ » Dieu veut des hommes debout. Dieu suscite, comme en Joseph, des hommes actifs.  Dans cette page d’Evangile où Joseph, chef de famille a tant d’importance, il est à l’avant-scène, en gros plan ; tous les messages du ciel lui parlent. Mais lui, ne parle pas : il agit, il est responsable. On n’a pas une seule parole de Joseph dans l’Evangile : « ’’Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère ‘’ ».

Dieu veut la vie, Dieu veut l’action dans la responsabilité et il nous a confié, à nous, pères et mères de famille, cette tâche de famille, nous, les parents, en première ligne.  Oh ! Pères et mères de la terre, voyez comme Dieu vous désire debout et responsables, même au sein des situations les plus difficiles à vivre.

Prions, pendant cette messe pour que nous puissions, dans nos familles, apprendre à vivre en responsables, au milieu même des difficultés, comme ‘’ la Sainte Famille’’ !

                                                               AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

« Tu as voulu, Seigneur, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple…»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 2, 13-15 ; 19-23)

Dans l’évangile de Matthieu, nous est rapporté que le roi Hérode, apprenant par les Mages que le roi des juifs annoncé par les prophètes vient de naître, décide de faire tuer tous les petits enfants de Bethléem. C’est pour échapper au massacre que la sainte Famille fuit en Egypte.

Faisons bien attention à tous les personnages du récit.

 

Et soulignons les mots importants 

L’Ange du Seigneur : Qui est ce personnage cité en deux fois ? Combien de fois il intervient ? Que veut nous faire comprendre Mathieu ?

Apparaît en songe : Combien de fois cette expression est employée ? Quel est le sens du songe dans ce récit évangélique ?

Lève-toi, prends l’enfant et sa mère …: Combien de fois l’ordre est donné ? Que fait Joseph à chaque fois ? Qu’est-ce que ce récit nous apprend de la personnalité de Joseph ?

Fuis en Egypte : Que symbolise l’Egypte dans l’histoire d’Israël ?

Reviens au pays d’Israël : Joseph ne reste pas en Judée au retour d’Egypte : Pourquoi ?

Il ira dans la lointaine « Gallilée » : Quelle sera l’importance de la Galilée plus tard dans la vie de Jésus ?

Nazareth: Quelle fut la vie de Jésus à Nazareth ?

 

 

Pour l’animateur  

L’Ange du Seigneur intervient souvent dans les évangiles de l’enfance : Luc le nomme « l’Ange Gabriel ». Matthieu ne le nomme pas. Dans les récits d’annonciation, l’expression « l’Ange du Seigneur » veut dire « le Seigneur lui-même », car par respect, on le fait intervenir dans la vie des hommes par un intermédiaire.

L’Ange du Seigneur fait connaître la volonté de Dieu dans le songe de Joseph : c’est un procédé littéraire pour montrer que c’est Dieu qui dirige les événements, et que Joseph ne fait que répondre à la volonté de Dieu. Joseph se montre à la fois docile à la volonté de Dieu  dans ces événements qui se présentent et un père pleinement responsable de la vie de l’enfant qui lui est confié. C’est vraiment « l’homme juste », c’est à dire en accord parfait avec la volonté de Dieu, qu’il découvre dans les événements.

Dans l’histoire d’Israël, l’Egypte symbolise l’oppression et l’esclavage. C’est le point de départ de l’Exode, du chemin de libération vers la Terre promise. Mathieu veut nous faire comprendre que Jésus devient solidaire de son peuple, assumant l’histoire de ses épreuves. Il cite une parole du prophète Osée qui commence ainsi : « Quand Israël était enfant, je l’aimai, et d’Egypte j’ai appelé mon fils. » L’enfant Jésus, c’est l’enfant d’Israël ; il résume en sa personne la vocation et le destin du Peuple élu.

En notant que Joseph par peur d’Arkélaüs ne reste pas en Judée, Mathieu, en fait, nous laisse entendre que le vrai « pays d’Israël », là où se trouve Jérusalem, n’accueille pas le  Messie.

Par contre, la Galilée, qui est le carrefour des nations, annonce déjà la mission universelle de Jésus. Jésus, le Fils du Père,  va vivre une trentaine d’années à Nazareth, un village sans renom, de la Galilée. Il sera un garçonnet, puis un adolescent, et un jeune homme comme tous les garçons de Nazareth. Il sera connu comme le fils de Joseph le charpentier.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, Fils éternel du Père, tu t’es fait solidaire de ton peuple, le peuple d’Israël, le peuple élu pour accueillir et révéler le projet d’amour de ton Père. Tu  as voulu naître et grandir dans une famille humaine. Tu t’es fait ainsi solidaire de chaque être humain, pour lui révéler sa véritable vocation : devenir avec toi fils ou filles du Père des Cieux et entrer ainsi dans la grande famille où il veut rassembler tous les hommes pour leur partager sa vie et son amour. Donne à tous les hommes de découvrir le vrai visage de Dieu ton Père.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Qu’est-ce qui fait la sainteté de la famille de Joseph, Marie et Jésus ? Famille ?

En quoi la Sainte Famille peut-elle être un modèle pour nos familles d’aujourd’hui ? Et pour nos communautés ?

Comment Joseph se comporte-t-il en véritable « père » dans cette page d’évangile ?

La famille telle que le Créateur l’a voulue c’est : un papa et une maman formant avec les enfants une communauté de vie et d’amour. C’est la cellule de base de la société. La famille chrétienne c’est la « communauté de base »  de la grande Communauté Eglise.

Qu’est-ce que cela nous inspire comme réflexions ? Quels visages nos familles présentent-elles ?

En quoi, chrétiens, nous nous sentons interpellés ? Que pouvons-nous et devons-nous faire concrètement, dans notre paroisse, là où nous sommes, pour que nos familles répondent à la volonté du Père des cieux ?

 

 

ENSEMBLE PRIONS 

Refrain : Seigneur, ton amour soit sur nous comme notre espoir est en toi.

Pour tous les enfants, partout dans le monde, afin qu’ils trouvent,

comme l’enfant Jésus, l’amour d’un père et d’une mère pour les accueillir, prions.

 Pour les enfants qui souffrent de la méchanceté des hommes,

qui sont blessés par leur haine ou tués dans leurs guerres, prions.

 

Pour les enfants qui naissent infirmes, avec un corps difforme ou une intelligence diminuée, afin qu’ils trouvent une famille généreuse pour les accueillir et les aimer comme le Père du ciel les aime, prions.

 

Pour les enfants qui ne sont ni désirés, ni aimés : afin qu’ils découvrent que Dieu leur Père les aime comme personne ne peut les aimer sur la terre, prions.

 

Pour les enfants qui vivent dans une famille où l’on s’aime et qui sont heureux

en ce temps de Noël, afin qu’ils apprennent à partager leur bonheur, prions.

 

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Ste Famille

 




La Sainte Famille– par Claude WON FAH HIN

Sainte Famille & Siracide 3 2–6, 12–14 ; & Colossiens 3 12–21 ; & Matthieu 2 13–15, 19–23

 

Juste après la naissance de Jésus, Hérode a eu peur car il a su qu’«un roi des Juifs vient de naître » (Mt 2,2). Pour lui c’est un concurrent sérieux. Son désir est donc d’éliminer ce concurrent. Il veut le faire mourir. Joseph a alors un songe où l’Ange du Seigneur lui annonce qu’il faut fuir en Egypte avec sa famille et y rester jusqu’à ce que Hérode soit mort afin que s’accomplisse la prophétie qu’on peut retrouver en Ex 44,22 : « D’Egypte j’ai appelé mon fils »…

Aujourd’hui, c’est la sainte Famille. Elle est composée de Joseph, Marie et l’enfant Jésus. Dans cette famille, tout le monde est saint. Jésus est Dieu prenant le corps d’un homme, Il est la source même de toute sainteté; Marie est l’Immaculée Conception, née toute pure sans le péché originel et comblée de grâces, par la grâce de Dieu et par les mérites de Jésus-Christ. Joseph, descendant de la lignée du roi David, homme juste, nous dit Mt 1,19, est certainement un très grand saint, par le fait même d’être de la Sainte Famille. Il est cependant le seul de la sainte Famille à être né comme tout le monde, avec le péché originel. Il gagnait sa vie en travaillant comme charpentier. Et c’est à lui, Joseph, que l’Ange du Seigneur s’adresse comme à un chef de famille pour lui dire qu’il faut fuir en Egypte. A l’époque, le chef de famille n’est pas forcément celui qui est le plus pur, le plus saint de la famille, mais celui qui représente l’autorité. Et pour dire que Dieu a de l’autorité – l’autorité suprême, au-dessus de tout – on dit que Dieu est Père. Mais Dieu le Père n’est ni homme, ni femme, Il est Pur Esprit. Si bien qu’on peut dire que Dieu est à la fois Père et Mère. Si vous lisez le livre du prophète Osée, dans l’Ancien Testament, vous verrez que Dieu s’adresse à son épouse infidèle, c’est-à-dire au peuple que Dieu a choisi pour se révéler comme étant l’Unique Dieu, mais ce peuple, épouse de Dieu, est devenu une épouse infidèle et ingrate qui se tourne encore vers d’autres soi-disant dieux, en réalité des idoles. Dieu parle alors à cette épouse infidèle avec une telle tendresse et une telle délicatesse, comme seule une mère sait le faire. Ainsi Dieu est Père, plein de tendresse et d’amour comme une mère.

Si l’Ange du Seigneur s’adresse à Joseph c’est pour qu’il se mette au service de toute la famille, qu’il la conduise, la dirige et surtout la protège. Autrement dit, il est considéré comme le chef, et le chef c’est justement celui qui sert, qui se met au service des autres. Mc 10,42-45 : 42 « Les ayant appelés près de lui, Jésus leur dit : « Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. 43 Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, 44 et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. 45 Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Le chef de famille n’est pas celui qui commande, qui réprime, qui fait marcher la famille au doigt et à l’œil, il n’est pas celui qui est autoritaire, mais celui qui aime et qui se met au service des autres.

Col 3,18 : « Femmes, soyez soumises à vos maris ». C’est l’un des versets qui résonne rapidement aux oreilles des hommes dont certains prennent un plaisir certain à l’entendre, mais il est totalement incompris par bon nombre de personnes. Vous avez là un exemple où la formation à la lecture biblique est vraiment nécessaire. N’hésitez pas à vous former, par exemple au Sedifop dont les affiches sont fixées à l’entrée de l’église. Comment comprendre l’expression : « Femmes soyez soumises à vos maris ? ». On retrouve cette expression non seulement en Col 3,18 mais aussi en Ep 5,23-24 : « 23 … le mari est chef de sa femme, comme le Christ est chef de l’Église, lui le sauveur du Corps; 24 or l’Église se soumet au Christ; les femmes doivent donc, et de la même manière, se soumettre en tout à leurs maris »… Entendre cela aujourd’hui, c’est même dégradant pour la femme, mais pas à l’époque de Jésus. Bien au contraire.

1 – Le mot « soumission », placé dans son contexte, n’a rien d’humiliant et c’est ainsi que nous avons en 1 Co 15,28 : « Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous ». Nous voyons bien ici que le Fils est soumis au Père, et pourtant le Fils est l’égal du Père (Ph 2,6) « : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. », ou encore Jn 1,1-3 : 1 Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement auprès de Dieu. 3 Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut ». Le Fils soumis au Père est pourtant l’égal de Dieu. Dieu le Père n’est pas un tyran vis-à-vis de son Fils, de même que le Fils n’est pas un tyran face à l’être humain, ainsi de même l’homme ne doit pas être un tyran vis-à-vis de la femme. Bien au contraire.

2 – Cahiers Evangile N°126 – P. 43 : « Lorsque Paul dit en Ga 3,27-28 : « Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : 28 il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus », Paul met fin aux privilèges religieux du Juif par rapport aux païens, fin aux privilèges du citoyen par rapport à l’esclave, fin aux privilèges de l’homme par rapport à la femme.  C’est là que réside la nouveauté de Paul : le baptême abolit les privilèges et les rôles fixés par…la société. L’humanité sauvée (par le sacrifice du Christ) se caractérise par une parfaite égalité de droits entre tous les hommes ». CEC 369 « L’homme et la femme sont créés, c’est-à-dire ils sont voulus par Dieu, dans une parfaite égalité en tant que personnes humaines…». La femme est l’égal de l’homme…depuis la Création. Le monde est bien en retard par rapport à ce que nous a dit Dieu depuis la Création.

3Le Cahier de l’Evangile n°82 – P.62 ajoute une autre explication : Le mot « soumettre » (dans le mot grec « Hypotassein » il y a « hupo » = sous, et « tasso » « τασσω » = placé dans un certain ordre) signifie « placer sous » (placer en dessous ; ranger en dessous), et c’est donc l’idée d’ordre, d’organisation, de rangement, de classement qui s’impose et non l’idée de domination. Bien plus, comme le Christ a donné sa vie pour son épouse qui est l’Eglise, l’homme doit aimer son épouse comme le Christ aime son Eglise ; et comme le Christ s’est sacrifié par amour pour son Eglise, l’homme doit aimer son épouse au point d’être capable de se sacrifier aussi pour elle, à l’exemple du Christ. En Col 3,19, 2ème texte d’aujourd’hui, l’expression « maris, aimez vos femmes » doit être comprise de la manière suivante : « Maris, aimez vos femmes » au point d’être prêts à vous sacrifier pour elles, à donner votre vie pour elle. Et quand on connaît le nombre de femmes assassinées par leurs maris – on parle de « féminicide » – , il est bon de rappeler que le chrétien doit se comporter en chrétien véritable. Le rôle de chef se fonde sur l’amour et le don de soi-même et non pas sur le fait de « commander » l’autre. C’est ce que Paul nous dit, à sa manière, en Col 3,12-14 : « 12 Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés (c’est-à-dire tous les fidèles), revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience; 13 supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour. 14 Et puis, par-dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. ». Col 3,15-17 : « …Enfin vivez dans l’action de grâces! 16 Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance …. 17 Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père! » C’est également ce que nous dit Saint Jean de la Croix (repris par la Pape François dans « Gaudete et Exultate » – P.99)  : « …efforcez-vous d’être constamment en oraison, ne la délaissant pas même au milieu de vos exercices corporels. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous parliez, … ou que vous fassiez quelque autre chose, désirez Dieu sans cesse et dirigez vers lui l’amour de votre cœur, car c’est une chose très nécessaire pour la solitude intérieure. Celle-ci demande que l’âme ne s’arrête à aucune pensée qui ne soit dressée à Dieu (= « adressée à Dieu », donc ne pas arrêter sa pensée sur autre chose que Dieu), et qu’elle laisse dans l’oubli toutes les choses qui existent et qui passent en cette brève et misérable vie. En aucune ma­nière ne cherchez à savoir (autre) chose que ce soit, mais uniquement comment vous pourrez servir Dieu davantage et mieux obser­ver les devoirs de votre institut (ou encore » mieux observer les devoirs d’enfants de Dieu ») ». Et tout cela pour le bien de la famille comme le faisait probablement la sainte famille elle-même.

En Siracide, premier texte d’aujourd’hui, Dieu insiste sur le fait qu’il faut honorer le père et la mère. C’est aussi le 4ème commandement de Dieu dans la loi donnée à Moïse, placé juste après les premiers trois commandements concernant Dieu. C’est dire l’importance de ce 4ème commandement : « Honore ton père et ta mère ». Le chrétien doit honorer ses parents, c’est-à-dire prendre soin d’eux. Si 3,12 : « 12 Mon fils, viens en aide à ton père dans sa vieillesse, ne lui fais pas de peine pendant sa vie. 13 Même si son esprit faiblit, sois indulgent, ne lui manque pas de respect, toi qui es en pleine force. 14 Car une charité faite à un père ne sera pas oubliée, et, pour tes péchés, elle te vaudra réparation ». Ce qui est dit pour le père est aussi valable pour la mère et les grands parents. Nous savons tous qu’il faut beaucoup de courage, de patience et d’amour pour venir en aide aux personnes âgées. Ceux et celles qui honorent leur père et leur mère, avec amour et patience, forcent notre admiration. Père Bernard Sesbouë nous dit (« Croire » – P.286 : la croix du Chrétien) : « Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». Le faire exige un renoncement à soi-même. Mt 10,39 : « qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera ». Et prendre soin de ses parents très âgés conduit, en quelque sorte, à « perdre sa vie » pour le Seigneur. Il n’y a pas de plus bel amour que de donner sa vie pour quelqu’un. Père Bernard Sesbouë nous le dit : « La croix est devenue inséparable de Jésus : on ne peut être avec Jésus sans être avec Jésus crucifié ». Prions Marie, notre Sainte Mère, pour qu’elle nous donne de pouvoir honorer nos parents chaque jour selon les recommandations du Seigneur et de nous donner le don, la patience et la force d’aimer nos pères et mères jusqu’à leur dernier souffle. Quelles que soient les responsabilités du chrétien laïc non-religieux au sein de l’Eglise, il est bon de rappeler que son 1er devoir est la famille, et après seulement, le service de l’Eglise. « Une charité faite à un père ou à une mère ne sera pas oubliée, et, pour tes péchés, elle te vaudra réparation ».

Saint Jean de la Croix – « Œuvres complètes » – Tome II – P.1018 et repris par le Pape François – « Gaudete et Exsultate » – §148 – P.99