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HÉGÉSIPPE DE JÉRUSALEM par Yannick LEROY

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HÉGÉSIPPE DE JÉRUSALEM

 

          Hégésippe de Jérusalem – à l’instar de Papias de Hiérapolis – est un personnage notable en raison de l’importance de ses écrits hélas perdus de nos jours. Les fragments qui nous sont parvenus sont rapportés par Eusèbe de Césarée – entre autres – dans son Histoire Ecclésiastique. Les renseignements dont nous disposons nous permettent d’établir que Hégésippe serait né en Palestine vers 110 et serait mort vers 180, probablement à Rome. Converti issu du judaïsme d’obédience pharisienne, il se serait rendu dans la capitale de l’Empire sous le pontificat de l’épiscope Anicet et y serait demeuré jusqu’à l’avènement du pontificat d’Éleuthère. En dehors de ces quelques miettes biographiques, nous ne disposons d’aucune autre information détaillée concernant sa vie. Il n’en reste pas moins que son œuvre constitue l’une des plus importantes de l’époque postapostolique.

          Hégésippe fut l’auteur d’un ouvrage intitulé Hypomnèmata (que l’on peut traduire par « mémoires »), vraisemblablement composé en cinq livres. Eusèbe nous en transmet plusieurs extraits dont l’intérêt est immédiat aux yeux du lecteur averti. On peut y trouver notamment des renseignements concernant Jacques le « frère du Seigneur » et sa fin sur ordre du Sanhédrin en 62. Hégésippe évoque également le processus de succession de Jacques, concerté entre les disciples et les parents de Jésus encore vivants à cette époque. C’est également lui qui mentionne le fait que Siméon – ledit successeur – est cousin du Christ, étant fils de Clopas qui serait selon lui frère de Joseph de Nazareth. Une tradition relative aux frères et sœurs de Jésus (influente dans le christianisme oriental, notamment syriaque) découle des affirmations de Hégésippe qui considère cette fratrie comme descendant de Marie et Joseph. Elle sera remise en cause aux IVè – Vè siècles par Epiphane de Salamine et Jérôme qui feront de ces frères des cousins dans le but de préserver le dogme de la virginité perpétuelle de Marie (tradition latine). Hégésippe nous rapporte également l’existence d’évangiles tels que l’Evangile selon les Hébreux ou encore celui rédigé en caractères « syriens ». Cette mention demeure énigmatique. Il est néanmoins certains qu’il a pu évoquer de nombreux détails relatifs aux Nazaréens, ces Chrétiens demeurés dans le judaïsme bien après la scission entre Eglise et Synagogue. Cette séparation transparaît notamment dans la description qu’il donnedes premières hétérodoxies chrétiennes, provenant selon lui des diverses sectes judaïques existant en Palestine avant la chute du Temple en 70. Le caractère capital de l’œuvre provient de sa situation chronologique en pleine période de séparation du Christianisme et du judaïsme, moment à propos duquel de nombreuses questions demeurent à ce jour sans réponse.

          Bien que les fragments n’aient aucune portée théologique ou spirituelle, il est indéniable que l’œuvre de Hégésippe est d’une importance capitale pour les historiens et les exégètes en raison des multiples anecdotes qu’elle a pu contenir. On ne peut que déplorer sa disparition et espérer une heureuse découverte…

Yannick Leroy

Bibliographie élémentaire

  • Hypomnèmata, S. MORLET (trad.), in Premiers écrits chrétiens, Gallimard, La Pléiade, Paris, 2016, p. 983-990.

  • N. HYLDAHL, « Hegesipps Hypomnemata », in Studia Theologica XIV, 1960, p. 70-113.

  • E. NORELLI, C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, T. I, Genève, Labor et Fides, 2000 pp. 232-233.

  • X. LEVEILS, « Étude historique du récit d’Hégésippe sur la comparution des petits-fils de Jude devant Domitien« , in Revue des études juives CLXXIII, 2014, p. 297-323.

 

Extraits

           Le frère du Seigneur, Jacques, reçut l’administration de l’Église avec les Apôtres. Depuis les temps du Seigneur jusqu’à nous, tous l’appellent le Juste, puisque beaucoup portaient le nom de Jacques. Cet homme fut sanctifié dès le sein de sa mère ; il ne but ni vin, ni boisson enivrante ; il ne mangea rien qui eut vécu ; le rasoir ne passa point sur sa tête ; il ne s’oignit pas d’huile et ne prit pas de bains. A lui seul était permis d’entrer dans le sanctuaire, car il ne portait pas de vêtements de laine, mais de lin. Il entrait seul dans le Temple et il s’y tenait à genoux, demandant pardon pour le peuple, si bien que ses genoux s’étaient endurcis comme ceux d’un chameau, car il était toujours à genoux, adorant Dieu et demandant pardon pour le peuple. A cause de son éminente justice, on l’appelait le Juste et Oblias, ce qui signifie en grec rempart du peuple et justice, ainsi que les Prophètes le montrent à son sujet. Quelques uns donc des sept sectes qui existaient dans le peuple et dont nous avons parlé plus haut dans les Mémoires, demandèrent à Jacques quelle était la porte de Jésus et il leur dit qu’il était le Sauveur. Quelques uns d’entre eux crurent que Jésus était le Christ. Mais les sectes susdites ne crurent ni à sa résurrection, ni à sa venue pour rendre à chacun selon ses œuvres : tous ceux qui crurent le firent par le moyen de Jacques. Beaucoup donc, et même des chefs, ayant cru, il y eut un tumulte parmi les Juifs, les Scribes et les Pharisiens qui disaient : « Tout le peuple court le risque d’attendre en Jésus le Christ. »  Ils allèrent ensemble auprès de Jacques et lui dirent : « Nous t’en prions, retiens le peuple, car il se trompe sur Jésus, comme s’il était le Christ. Nous t’en prions, persuade tous ceux qui viennent pour le jour de la Pâque, au sujet de Jésus : car nous tous avons confiance en toi. Nous te rendons en effet témoignage, ainsi que tout le peuple, que tu es juste et que tu ne fais pas acception de personne. Toi donc, persuade à la foule de ne pas s’égarer au sujet de Jésus. Car tout le peuple et nous tous, nous avons confiance en toi. Tiens-toi dons sur le pinacle du Temple, afin que de là-haut, tu sois en vue et que tes paroles soient entendues de tout le peuple. Car à cause de la Pâque, toutes et les tribus et même les Gentils se sont rassemblés. » Les susdits Scribes et Pharisiens placèrent donc Jacques sur le pinacle du Temple et lui crièrent en disant : « Juste, en qui nous devons tous avoir confiance, puisque le peuple se trompe au sujet de Jésus le crucifié, annonce-nous quelle est la porte de Jésus. Et il répondit à voix haute : Pourquoi m’interrogez-vous sur le Fils de l’Homme ? Il est assis au ciel à la droite de la Grande Puissance et il viendra sur les nuées du ciel. » Beaucoup furent entièrement convaincus et glorifièrent le témoignage de Jacques en disant : « Hosannah au Fils de David ! » Alors, par contre, les mêmes Scribes et Pharisiens se disaient les uns aux autres : « Nous avons mal fait de procurer un tel témoignage à Jésus. Montons donc et jetons-le en bas, afin qu’ils aient peur et ne croient pas en lui. » Et ils crièrent en disant : « Oh ! Oh ! Même le Juste a été égaré ! » Et ils accomplirent l’Ecriture inscrite dans Isaïe : « Enlevons le Juste parce qu’il nous est insupportable : alors ils mangeront les fruits de leurs œuvres. » Ils montèrent donc et jetèrent en bas le Juste. Et ils se disaient les uns aux autres : « Lapidons Jacques le Juste. » Et ils commencèrent à le lapider, car lorsqu’il avait été jeté en bas, il n’était pas mort. Mais s’étant retourné, Jacques se mit à genoux en disant : «  Je t’en prie, Seigneur Dieu Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Tandis qu’ils lui jetaient ainsi des pierres, un des prêtres, des fils de Réchab, fils de Réchabim, auxquels Jérémie le Prophète a rendu témoignage, criait en disant : « Arrêtez ! Que faites-vous ? Le Juste prie pour vous ! » Et quelqu’un d’entre eux, un foulon, ayant pris le bâton avec lequel il foulait les étoffes, frappa sur la tête du Juste ; et ainsi celui-ci rendit témoignage. Et on l’enterra dans le lieu-même, près du Temple et sa stèle demeure encore auprès du Temple. Il a été un vrai témoin pour les Juifs et les Grecs, que Jésus est le Christ. Et bientôt après, Vespasien les assiégea.

EUSEBE DE CESAREE, Histoire Ecclésiastique II, 23

 

 

          Après le martyre de Jacques et la destruction de Jérusalem qui arriva en ce temps, on raconte que ceux des apôtres et des disciples du Seigneur qui étaient encore en ce monde vinrent de partout et se réunirent en un même lieu avec les parents du Sauveur selon la chair (dont la plupart existaient à cette époque). Ils tinrent conseil tous ensemble pour examiner qui serait jugé digne de la succession de Jacques, et ils décidèrent à l’unanimité que Siméon, fils de ce Clopas dont parle l’Évangile, était capable d’occuper le siège de cette église : il était, dit-on, cousin du Sauveur : Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph. 

EUSEBE DE CESAREE, Histoire Ecclésiastique III, 11

 

 

         Il y avait encore, de la race du Sauveur, les petits-fils de Jude, qui lui-même était appelé son frère selon la chair : et on les dénonça comme étant de la race de David. L’huissier les amena devant Domitien César, car celui-ci craignait la venue du Christ, comme Hérode. Et il leur demanda s’ils étaient de la race de David et ils dirent que oui. Alors il leur demanda combien de propriétés ils avaient et de quelles richesses ils étaient les maîtres. Ils dirent qu’à eux deux ils possédaient seulement neuf mille deniers et que chacun d’eux en avait la moitié, et ils ajoutèrent qu’ils n’avaient même pas cela en numéraire, mais que c’était l’évaluation d’une terre de trente-neuf plèthres sur lesquels ils payaient des impôts et qu’ils cultivaient eux-mêmes pour vivre. Puis ils montrèrent aussi leurs mains, comme preuve de leur travail personnel, ils alléguèrent la rudesse de leurs corps ; ils présentèrent les durillons incrustés dans leurs propres mains par suite de leur labeur continuel. Interrogés sur le Christ et sur son royaume, sur sa nature, sur les lieux et temps de sa manifestation, ils donnèrent cette réponse que ce royaume n’était pas de ce monde, ni de cette terre, mais céleste et angélique, qu’il arriverait à la consommation des siècles, lorsque le Christ viendrait dans la gloire, jugerait les vivants et les morts et rendrait à chacun selon les œuvres. Domitien, là-dessus, ne les condamna à rien, mais il les dédaigna comme des hommes simples, les renvoya libres et fit cesser par édit la persécution contre l’Eglise. Lorsqu’ils furent délivrés, ils dirigèrent les Eglises, à la fois comme martyrs et comme parents du Seigneur, et, la paix rétablie, ils restèrent en vie jusqu’au règne de Trajan.

EUSEBE DE CESAREE, Histoire Ecclésiastique III, 20

 

Après que Jacques le Juste eut rendu son témoignage comme le Seigneur et pour la même doctrine, le fils de son oncle, Siméon, fils de Clopas, fut établi épiscope : tous le préférèrent comme deuxième épiscope parce qu’il était cousin du Seigneur. L’Eglise était encore appelée vierge parce qu’elle n’avait pas été souillée par de vains discours. Ce fut Thébouthis, parce qu’il n’était pas devenu épiscope, qui commença à la souiller parmi le peuple, à partir des sept sectes juives dont il était aussi membre : de ces sectes sortirent Simon, le père des Simoniens ; Cléobius, le père des Cléobiens ; Dosithée, le père des Dosithéens ; Gortheios, le père des Gorathéniens, et les Masbothéens. De ceux-ci viennent les Ménandrianistes, les Marcianistes, les Carpocratiens, les Valentiniens, les Basilidiens, les Satorniliens, qui, chacun pour sa part et d’une manière différente, avaient introduit leur propre opinion. De ces hommes sont venus de faux Christs, de faux prophètes, de faux apôtres, qui ont divisé l’unité de l’Eglise par des discours corrupteurs contre Dieu et contre son Christ.

EUSEBE DE CESAREE, Histoire Ecclésiastique IV, 22




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 21, 5-19)

 

« Cela vous amènera à rendre témoignage »

 

En cette fin d’année liturgique, les évangiles sont plutôt tournés vers la fin du monde actuel, celui où nous vivons, et nous amènent à penser à la Vie Éternelle.

Celui d’aujourd’hui est carrément pessimiste à première vue, avec l’annonce de cataclysmes, la destruction du temple de Jérusalem : « Des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » …

Pour les juifs et les premiers chrétiens, c’était une catastrophe, la fin d’un monde, d’une vision de la vie. Et cela était déjà arrivé, puisque la destruction du temple a eu lieu en 70 de notre ère alors que l’écriture de l’évangile de Luc a eu lieu après cet événement. Et sans doute aussi tous ces événements concernant les chrétiens, les disciples de Jésus, que les juifs orthodoxes considéraient comme responsables de la ruine du temple, et qui ont été exclus des synagogues à l’assemblée de Jamnia à la même époque de l’écriture de l’évangile de Luc : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. »

Mais de toutes ces catastrophes, Jésus tire deux conséquences, qui sont surtout ce qu’on doit retenir à notre époque :

« Cela vous amènera à rendre témoignage »

C’est ce que nous devons tous faire au nom de notre baptême. Et c’est ce que le pape François nous a rappelé pendant tout ce mois d’octobre, pendant le Mois Missionnaire Extraordinaire : « Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde ». Rendre témoignage, c’est être en mission.

Mais Jésus nous explique tout de suite que ce ne sera pas facile : « Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. »

Mais nous n’oublions pas ce qui nous a été rappelé le jour de la Toussaint : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux» (Mt 5,11-12)

Rendre témoignage, cela peut nous amener loin, plus loin que ce que l’on voudrait, et pour certains nous amener au martyr (c’est la même racine grecque), ce que signale Jésus. Certains diront : « Le martyr, c’était dans l’ancien temps, maintenant, cela n’existe plus ! Et puis, ici, à La Réunion, ça n’arrivera pas ! »

C’est sans doute vrai pour nous à La Réunion, … mais cela peut arriver ailleurs ! Tous les ans il y a une trentaine (voire plus) de prêtres, de religieux, de religieuses ou de catéchistes, qui sont assassinés dans le monde, à cause de leur foi ; Et qui aurait pensé qu’un prêtre, le père Jacques Hamel, serait assassiné le 26 juillet 2016, en France, alors qu’il célébrait la messe …

Bien sûr, il ne faut pas faire une fixation sur le martyr qui pourrait nous empêcher d’accomplir notre mission de chrétien que Dieu nous demande … parce que Dieu est toujours avec nous, et qu’il nous aidera particulièrement si nous avons des problèmes et que nous avons à répondre de notre foi : « Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. »

N’ayons donc pas peur de « proclamer la Parole, d’intervenir à temps et à contretemps » (2Tim 4,2) pour que la Bonne Nouvelle de Jésus soit connue de tous, même dans les difficultés. Car, et c’est la deuxième conséquence apportée par Jésus : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Jésus ne dit pas de quelle vie il s’agit, mais nous comprenons bien qu’il s’agit de la Vie Éternelle : « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16,25).

 

Seigneur Jésus,

tu nous invites à rendre témoignage

de la Bonne Nouvelle que tu nous as donné,

et à le faire avec persévérance,

quelles que soient les difficultés,

parce que tu es toujours avec nous,

et que tu ne nous laissera jamais tomber.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire C 33°




Audience Générale du Mercredi 6 Novembre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 Novembre 2019


Frères et sœurs, poursuivant notre « voyage » dans le livre des actes des Apôtres, nous rencontrons saint Paul à Athènes. Il veut entrer en contact avec cette ville, qui conservait encore la primauté de la culture, et fréquenter les personnes et les lieux les plus significatifs, rencontrant toutes sortes de gens aux cultures diverses. Il ne regarde pas Athènes et le monde païen avec hostilité, mais avec le regard de la foi. Il cherche à annoncer Jésus-Christ aux adorateurs d’idoles non pas en les agressant mais en construisant des ponts. Dieu est déjà présent. Il ne se cache pas à ceux qui le cherchent avec un cœur sincère, même si c’est à tâtons. N’y a-t-il pas dans la ville un autel dédié au « dieu inconnu » ? C’est cette présence que l’Apôtre cherche à révéler : « Celui que vous vénérez sans le connaître, voilà que, moi, je viens vous l’annoncer ». Cependant, la prédication de Paul, bien accueillie jusque-là, rencontre un écueil : la mort et la résurrection du Christ qui semble être une folie et provoque la dérision. La tentative de Paul semble avoir échoué, cependant quelques-uns adhèrent à sa parole et s’ouvrent à la foi.

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les jeunes du diocèse de Paris. Frères et sœurs, demandons à l’Esprit Saint de nous apprendre à construire des ponts avec ceux qui ne croient pas. Que nous sachions toujours leur témoigner de notre foi, en portant sur eux un regard d’amour qui touche même les cœurs les plus endurcis. Que Dieu vous bénisse !




32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 20, 27-38)

 « Il n’est pas le Dieu des morts,

mais des vivants. »

Comme le dit l’évangile, les saducéens ne croient pas à la résurrection des morts. Mais l’histoire qu’ils inventent pour mettre Jésus dans l’embarras est pour le moins particulière : Ils partent d’un précepte de la loi de Moïse qui existe pour inventer une fable : sept frères épousant l’un après l’autre une femme qui ne peut pas avoir d’enfant … « à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse ? »

Jésus ne répond pas directement à la question, mais il donne plusieurs indications : « ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari ».

S’il n’y a « ni femme ni mari », cela laisse à penser que les liens établis sur terre n’auront plus lieu dans la vie éternelle. Il y aura peut-être des hommes et puis des femmes, mais rien n’est sûr, mais si c’est le cas il n’y aura aucune attirance des hommes vers les femmes et vice-versa, parce que ce n’est pas le lieu : la seule attirance à laquelle on peut penser, c’est celle vis-à-vis de Dieu, et elle se manifeste par la louange vis-à-vis de lui : « ils ne cessent de dire : ’’ Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu, le Souverain de l’univers, Celui qui était, qui est et qui vient’’. » ou encore : « Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé. » (Ap 4,8.11).

Le problème avec la Vie Éternelle, c’est qu’on ne sait pas comment cela sera.

Et on imagine que ce sera comme la vie actuelle, mais pour tout le temps. Sauf qu’il n’y aura plus de temps !

Et comment serons-nous ? On ne le sait pas, et ce n’est pas important.

Quel âge aurons-nous ? L’âge de notre mort terrestre ? Sans doute pas, puisqu’il n’y aura plus de temps, donc plus d’âge … et puis, qu’on soit mort à cent ans ou mort-né, on sera dans la Vie Éternelle : pourquoi parler d’âge dans un « état » sans âge ?

Jésus ne donne qu’une indication : « ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. »

On ne peut pas en dire plus. Car on ne peut pas imaginer ce que sera notre vie hors de notre monde, hors de notre temps et hors de l’espace. Et la Vie Éternelle ne peut pas être imaginée par nos esprits mortels.

Ce dont on est sûr : Jésus nous promet la Vie Éternelle, il dit même qu’il part pour nous y préparer une place (Jn 14,2). Et que nous y serons vivants : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

De toute façon, la seule chose que l’on peut dire concernant cette vie éternelle, c’est que ce sera mieux que tout ce qu’on peut imaginer !

Seigneur Jésus,

On ne peut pas imaginer

ce que sera la Vie Éternelle

après notre résurrection,

et finalement, ce n’est pas important.

La seule chose qui est sûre,

C’est que tu nous l’as promise,

Et que tu tiens toujours tes promesses !

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire C 32°




Audience Générale du Mercredi 30 Octobre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 30 Octobre 2019


Dans les Actes des Apôtres, nous voyons comment l’Esprit Saint est le protagoniste de la mission de l’Eglise et comment il guide et oriente les évangélisateurs. L’appel lancé à Paul à partir pour la Macédoine en est une illustration parfaite. La puissance de l’Evangile est tout d’abord adressée aux femmes de la ville. L’efficacité de la prédication évangélique et la touche délicate mais incisive de l’Esprit provoquent l’ouverture du cœur à Dieu. D’une part, la conversion de Lydie et de sa famille est le témoignage de la pénétration du christianisme en Europe, début d’un processus de l’inculturation qui continue de nos jours. D’autre part, dans le geste d’hospitalité de cette noble dame sont contenus l’accueil et le service, caractéristiques des femmes liées à la mission de Jésus et à la diffusion de l’Evangile. En fait, cet accueil au féminin fait fleurir les Eglises domestiques. Après ce chaleureux accueil reçu, Paul et Silas font l’expérience douloureuse de la prison. Cependant, en prison, ils louent Dieu et cette louange est puissance de l’Esprit qui fait sauter les verrous et ouvre toutes grandes les portes. Grâce au témoignage et à la prédication des Apôtres, le geôlier, déjà mort en lui-même ainsi que sa famille renaissent à une vie nouvelle par le baptême.

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier ceux qui participent au pèlerinage des élus et autres acteurs du monde politique de Martinique, accompagnés par Monseigneur David Macaire ; les Missionnaires de Jésus Sauveur qui célèbrent leur premier jubilé. La prédication et le témoignage de Paul, sous la mouvance de l’Esprit Saint, font jaillir au cœur des ténèbres illuminées par le Christ l’espérance du salut. Demandons la grâce d’être remplis de l’Esprit Saint, pour vivre dans l’hospitalité et pour avoir une foi audacieuse qui brise les barrières et libère la joie du vivre ensemble.

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 19, 1-10)

« Zachée, descends vite :

aujourd’hui il faut que

j’aille demeurer dans ta maison. »

Encore une histoire avec un publicain !

Mais pas n’importe lequel ! Zachée est un chef parmi les publicains. Peut-on en conclure qu’il profite encore plus que les autres de sa situation pour se faire une bonne vie ?

Peut-être. Mais cela n’est pas sûr du tout.

Certes, la suite du récit nous le montre, Zachée est quelqu’un de riche. Mais peut-être que sa richesse ne le satisfait pas totalement. Il cherche autre chose que d’avoir de l’argent, un désir de bien-être, peut-être pas spirituel, mais d’un niveau autre, supérieur : il sent bien que ce n’est pas la richesse qui peut le combler. Il cherche autre chose.

Aussi, quand il entend parler que Jésus passe par Jéricho, sa ville, sur son chemin vers Jérusalem, il y a un déclic chez lui. Comme tout le monde semble-t-il, il a entendu parlé de l’enseignement de Jésus, lui qui prône la justice et le bien, lui qui va vers ceux qui se sentent malheureux, et qui les remet dans le droit chemin.

Alors il se dit : « Cet homme qui met le bien là où il passe, peut-être pourra-t-il m’aider dans ma réflexion, et me dire ce que je dois faire ? ».

Et il se met dans l’idée de rencontrer Jésus.

Mais c’était sans compter sur la haine des habitants de Jéricho ! « Comment cet homme, cet impur, ce collaborateur avec les Romains, veut-il passer devant nous ? ». Et ils l’empêchent de se mettre au premier rang sur le chemin.

Et comme Zachée est petit, il ne peut pas rester derrière !

Alors, comme un enfant, toute honte bue, oubliant son ‘standard’ de vie, il monte dans un sycomore, en se disant : « Au moins, je pourrai le voir, et peut-être capter une bribe de ce qu’il dira ! ».

C’était déjà un bon début. Jésus n’avait-il pas dit : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3) ?

Et Jésus passe … s’arrête devant le sycomore et lève les yeux. Le regard aimant de Jésus rencontre le regard étonné de Zachée ! Et Jésus dit : « Zachée, descend vite ! … » devant le regard haineux des autres habitants …

Encore une fois, Jésus, en Bon Berger, est allé à la rencontre de la brebis perdue. Il accueille Zachée en lui demandant de l’accueillir chez lui. Il considère Zachée, non comme un pécheur à rejeter, mais comme quelqu’un qui a besoin de l’amour de Dieu. Il ne lui fait pas la morale, mais l’accueille comme il est !

Faisant cela, Jésus nous montre comment nous, nous devrions accueillir ceux qui ne sont pas tout-à-fait dans le droit chemin, ceux qu’on a envie de rejeter parce qu’ils sont pécheurs, ou que nous supposons tels. L’amour a dépassé la haine. Comme l’a dit Jésus : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Mt 5, 44). Oui, c’est bien difficile ! Mais c’est ce que nous demande Jésus !

Et ce regard d’amour change tout dans le cœur de Zachée : Vite, il descend, accueille Jésus chez lui, et propose de partager sa richesse et de rendre quatre fois plus à ceux à qui il a fait du tort.

Un simple regard d’amour a remis Zachée en homme debout.

Et nous, quel regard avons-nous devant un pécheur ?

Un regard de réprobation qui enferme la personne sur elle-même, avec son poids d’amertume ?

Ou un regard d’amour qui libère la personne et la remet debout ?

Oui, il est difficile de pratiquer l’évangile, mais avec l’aide de Dieu …

« Que ton regard soit le regard de Dieu :

Il cherche les pécheurs pour être leur pardon !

Change ton regard, change ton regard,

Et la vie jaillira ! et la vie jaillira ! »

Seigneur Jésus,

Comme il est difficile

de mettre ton évangile en pratique !

Nous condamnons souvent l’homme,

au lieu de condamner la faute !

Donne-nous ton regard,

Ton regard d’amour pour tous,

pour que nous fassions jaillir

la vie autour de nous !

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire C 31°




Audience Générale du Mercredi 23 Octobre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 23 Octobre 2019


Frères et sœurs, les actes des Apôtres racontent comment Paul, suite à sa conversion accomplit son premier voyage missionnaire. C’est la persécution qui en est la cause, et qui devient une opportunité pour semer au loin la Parole. Au cours de ce voyage, la prédication s’adresse aussi désormais aux païens. L’Eglise apparaît dans sa vraie nature : non pas une forteresse, mais une tente, capable de toujours s’élargir : une Eglise en sortie aux portes ouvertes. Mais cette ouverture aux païens pose des questions théologiques et disciplinaires difficiles et crée la controverse : Quel rapport y a-t-il entre la foi au Christ et l’observance de la Loi de Moïse ? Les Apôtres réunis affirmeront que seul Jésus nous sauve par sa grâce. Ce n’est pas la circoncision qui compte mais la foi agissant par la charité. Ce Concile de Jérusalem, le premier concile de l’histoire, nous montre comment, dans l’Eglise, doivent être surmontées les divergences, et recherchée la vérité dans l’amour. La résolution des conflits passe par le dialogue, l’écoute attentive et patiente, le discernement à la lumière de l’Esprit Saint qui œuvre dans les cœurs pour l’unité, le bien et la vérité.

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins du diocèse de Séez, accompagnés par Monseigneur Habert, et ceux du diocèse de Coutances, avec Monseigneur Le Boulc’h ; les directeurs de l’enseignement catholique de Vendée avec Monseigneur Jacolin et ceux du diocèse du Mans avec Monseigneur Le Saux ; les confirmés du diocèse de Bayeux-Lisieux avec Monseigneur Boulanger ; les lycéens du diocèse de Saint Etienne, avec Monseigneur Bataille. Demandons au Seigneur de vivre entre chrétiens le dialogue, l’écoute et la rencontre afin de manifester au monde la fécondité de l’Eglise appelée à être la mère d’une multitude de fils. Que Dieu vous bénisse !




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 18, 9-14)

« C’est le publicain

qui était devenu un homme juste. »

Tout le monde connaît bien cette parabole du pharisien et du publicain qui se retrouvent dans le temple pour prier.

Le pharisien, qui se croyait juste, tout plein de lui-même, commence sa prière en rendant grâce à Dieu parce qu’il est (se croit) le meilleur : il respecte la loi à la lettre, fait l’aumône, et surtout, il se croit meilleur que les autres, « ou encore [que] ce publicain », un de ces individus qui trafiquent avec l’occupant Romain, donc nécessairement impur !! Il est tellement imbu de lui-même, de sa supposée supériorité, qu’il traite Dieu comme un enregistreur qui n’a rien à dire, comme s’il n’existait pas. Dieu n’est pour lui qu’un prétexte pour se montrer. Il n’a pas besoin de l’amour de Dieu, encore moins de sa miséricorde puisque tout est bon chez lui ! Il verrait bien Dieu en train de l’applaudir ou de lui décerner une médaille !

Le publicain, au contraire, sait combien il est mal vu de ses compatriotes de par son métier, et peut-être de Dieu (pense-t-il). Mais il veut quand même garder une relation avec Dieu. Il vient au temple, alors qu’on le dit pécheur, et il parle à Dieu (et non à lui-même) en se frappant la poitrine : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ». Et il sait que Dieu va l’écouter ; il connaît les psaumes : « Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ; dans ton amour, ne m’oublie pas … Seigneur, pardonne ma faute : elle est grande. » (Ps 24,6-7.11). Et il attend. Il laisse à Dieu l’initiative de le pardonner.

Entre les deux personnages, on se sent généralement plus proche du publicain. Parce qu’on se sait tous pécheurs, on sait quel est le poids de nos péchés. Et que le péché déplait à Dieu ! Nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu, pour effacer cet écart d’amour entre nous et Dieu.

Le publicain, lui, il n’avait qu’à attendre, et compter sur la miséricorde de Dieu.

Nous, nous avons l’enseignement de Jésus, et nous pouvons compter sur un pardon quasi immédiat, sans attendre le jugement dernier, selon la parole de Jésus à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16,19). Pouvoir qui a été donné aux prêtres. Nous pouvons donc aller les voir pour demander le sacrement de la réconciliation. Mais sommes-nous disposés à le faire ?

Mais il arrive aussi que, dans notre attitude, nous nous comportions comme le pharisien. Parce qu’on pratique régulièrement, parce qu’on n’a pas fait de gros péchés (mais qu’est-ce qu’un gros péché ?), on trouve qu’on n’est pas si mal que cela, qu’on est plutôt du côté des justes ou de ceux qui font des efforts pour l’être …

Et bien souvent, nous oublions les péchés « en pensée, en paroles, … par omission ». C’est vrai, les péchés en pensée … personne ne le sait ! … sauf Dieu ! Et tout le mal qu’on pense des autres fait une déchirure dans notre amour de Dieu. En paroles ? Qui peut dire qu’il ne fait jamais de ladi lafé, qu’il ne colporte jamais de ragot sur qui que ce soit, qu’il ne se moque jamais de quelqu’un, même si c’est sur le ton de la plaisanterie … ? Par omission ? C’est sans doute celui qu’on fait le plus souvent : ne pas aider quelqu’un quand on pourrait le faire ! ne pas prendre soin de quelqu’un quand on pourrait le faire ! ne pas donner une pièce à un mendiant quand on pourrait le faire ! … et la liste est longue …

Et combien de fois ne dit-on pas : « Je suis meilleur que lui ! » ou « Il est moins bon que moi ! ». Même si c’est une réalité objective, n’y a-t-il pas souvent une pointe de dénigrement ?

Ce ne sont souvent que de petites choses. Tellement qu’on n’y fait même plus attention. Et on se dit : « Oh, ça, c’est pas un péché ! ».

Ce n’est pas nous qui sommes juges ! Mais celui qui dit : « Ce que vous l’avez fait (ou pas fait) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas fait). » (Mt 25,40.45).

Finalement, à qui ressemblons-nous ?

            Quand on lit cette parabole, ne nous contentons pas de dire : « C’est le publicain qui a la meilleure attitude, celui qui devient juste ! ». Mais regardons où nous en sommes dans notre relation avec Dieu, avec les autres … et tirons-en la conclusion …

Seigneur Jésus,

Publicain ou pharisien ?

On est toujours un peu des deux,

à cause de notre orgueil, notre suffisance.

Mais la conclusion est toujours la même :

nous devons nous réconcilier avec toi.

Et avec les autres.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire C 30°




Audience Générale du Mercredi 16 Octobre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 16 Octobre 2019


Le voyage de l’Evangile dans le monde est toujours accompagné de la créativité de Dieu. Baptisés dans le Christ, nous avons le devoir de lutter contre toute forme de particularisme pour œuvrer au projet de l’universalité du salut. Aujourd’hui, avec l’apôtre Pierre, nous faisons l’expérience de la fraternisation. La vie de Pierre, rempli de l’Esprit Saint à la Pentecôte, acquiert un sens nouveau après une vision étrange. Cette vision est un appel pour lui à sortir des limites de sa culture et de sa conception de la religion, pour embrasser le Christ dans sa totalité. En fait, ce qui compte pour le Seigneur, c’est la personne et les intentions de son cœur. Aussi, Pierre fait un pas décisif dans l’ouverture aux païens. Avec le centurion Corneille, il découvre que Dieu est impartial et qu’en toute nation quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. Ainsi, la Seigneurie universelle du Christ vient éclairer et donner un sens nouveau à nos relations humaines.La rencontre de Pierre avec Corneille le libère du poids des interdits et l’amène à devenir une médiation des bénédictions divines, pour tous, sans distinction.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les personnes venues de Belgique et de France. Pierre se reconnaît comme serviteur de la Parole de Dieu. Cette Parole le précède et le dépasse; elle l’appelle à donner le meilleur de lui-même. En ce mois missionnaire extraordinaire, demandons la grâce de l’Esprit Saint, à être comme évangélisateurs, des constructeurs de ponts entre les personnes et le Seigneur, et non des obstacles et des barrières au salut. Que Dieu vous bénisse !




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 18, 1-8)

 

« Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,

Qui crient vers lui jour et nuit ? »

Pour être sûr que les lecteurs comprennent bien le sens de la parabole que Jésus va donner juste après, Luc commence par préciser celui-ci : « Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager ».

Rien que cette première phrase nous interpelle, parce que pour la plupart d’entre nous, ce n’est pas la grande quantité de nos prières qui risque d’importuner Dieu, mais bien au contraire le faible nombre de celles-ci.

Oh, bien sûr, nous prions Dieu : la messe du dimanche, une petite prière le matin, une autre le soir … et le reste du temps, on fait relâche, ou laisse Dieu tout seul là-haut dans le ciel, et nous, on s’occupe de nos affaires sur la terre.

Et on ne fait pas le lien entre nos affaires et Dieu. Comme si cela n’intéresse pas Dieu.

Pourtant, Jésus nous a dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20). Et si Jésus est avec nous, Dieu aussi est avec nous. Comment donc Dieu pourrait-il être avec nous sans s’intéresser à ce que nous faisons, sans qu’il n’écoute nos prières ?

Comment alors « Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? »

Crier vers Dieu jour et nuit … Prier vers Dieu jour et nuit …

C’est la même chose, à une lettre près …

Cela montre la nécessité de prier tout le temps. C’est ce que saint Luc met en exergue de l’évangile d’aujourd’hui : « La nécessité pour eux de toujours prier … ». Saint Paul le rappelait aux Thessaloniciens : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance » (1 Th 5,16-18).

Mais saint Luc ajoute : « sans se décourager ». C’est sans doute ce qui nous manque généralement : la persévérance dans la prière. Ou plutôt dans une prière ; ne pas avoir peur de faire plusieurs fois la même prière … jusqu’à ce qu’on ait une réponse de Dieu.

Trop souvent, nous voulons une réponse tout de suite. C’est un peu le mal du siècle. Comme si Dieu était à nos ordres. Mais le temps de Dieu n’est pas notre temps ; il attend le moment favorable pour nous, le temps peut-être que nous murissions notre projet, le temps que nous réitérions notre prière, une fois, deux fois, … x fois, pour être vraiment sûr que c’est cela que nous voulons, avant de nous donner une réponse.

C’est ce qui se passe avec la veuve de l’évangile. À force de réclamer la même chose au juge, celui-ci lui donne raison.

Saint Luc avait déjà parlé de l’insistance dans la prière, avec cet homme qui reçoit à l’improviste un ami en pleine nuit et qui n’a pas de pain à lui offrir. Il demande à un voisin de lui en donner, mais celui-ci refuse : « “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.” Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut » (Lc 11,7-8).

N’ayons donc pas peur de demander une chose à Dieu avec insistance, sans se décourager, persévérant envers et contre tout. C’est en faisant comme cela que va se manifester notre foi, l’épaisseur de notre foi.

Mais quand on voit le niveau général de notre persévérance dans la prière, on ne peut que comprendre l’inquiétude de Jésus : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? »

Seigneur Jésus,

Tu veux que nous te prions sans cesse,

que nous soyons toujours en relation avec toi.

Mais nous ne pensons à toi

que de temps en temps.

Nous t’oublions, souvent par paresse

plus que par rejet de toi.

Nous avons peur de te déranger,

alors que tu ne demandes que cela !

Parce que tu nous aimes.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire C 29°