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Rencontre autour de l’Évangile – 25ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Vous ne pouvez pas servir

à la fois Dieu et l’Argent »

(Lc 16,1-13) !

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 16, 1-13)

Il semble que la notion de « biens » ait servi à St Luc de fil conducteur : que nos biens ne nous empêchent pas de répondre à Dieu qui nous invite tous au Festin du Royaume (Lc 14,15-24). « Quiconque ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple » (14,33). Puis le Père « partagera son bien » avec ses deux fils, et le plus jeune « dissipa son bien en vivant dans l’inconduite ». Mais le Père, en l’accueillant à son retour, lui donnera à nouveau autorité sur tous ses biens. « Tout ce qui est à moi est à toi » dit-il en fait à tous ses fils (15,11-32). Et l’enseignement se poursuit ici sur l’attitude juste à avoir vis-à-vis de l’argent.

Et soulignons les mots importants 

  • L’Evangile commence par l’image d’un homme riche et du gérant qui s’occupait de ses biens. Mais que faisait-il en fait ? Comment est-il appelé par la suite ? Noter l’expression pour la seconde partie de notre Evangile : de quoi n’a-t-il pas été digne ? Et quelle décision son maître prend-il à son égard ?

  • Ce gérant fait le bilan de ce qu’il sait faire… Que décide-t-il et dans quel but ? Quelle qualité Jésus désire-t-il ici mettre en valeur ? Qu’est-ce qui devient le plus important maintenant pour ce gérant : l’argent ou les relations humaines ? Et de fait, quelle invitation Jésus donne-t-il en conclusion ? Que suppose-t-elle sur les relations que nous avons commencé à construire ici-bas ?

  • Dans la seconde partie de l’Evangile, une expression revient quatre fois, laquelle ? A quoi Jésus nous appelle-t-il dans le concret de notre vie ?

            Jésus parle par deux fois « d’une petite affaire » puis « d’une grande », une fois de manière positive, une autre fois de manière négative. Puis il parle « de l’argent trompeur » et « du bien véritable ». D’après ce parallèle, quelle importance l’argent a-t-il à ses yeux ? Et quel est ce « bien véritable » ?

            Noter ensuite les deux expressions qu’il emploie : « des biens étrangers », quels sont-ils ? « Le vôtre », à quoi cela renvoie-t-il ? En renversant cette phrase au sens positif, « le vôtre », notre vrai bien, qui nous le donnera ? Conclusion : l’homme peut-il s’accomplir tout seul, peut-il trouver le vrai bonheur par lui-même ? Dans quelle direction doit-il chercher et pourquoi ? On peut se souvenir de ce que le Père en Lc 15,11-32 disait à ses deux fils…

  • A travers l’argent, que cherche l’homme ? Pense-t-il alors à autre chose que lui‑même ? Comment qualifier une telle démarche ? Est-elle compatible avec la recherche de Dieu ? Si non, pourquoi ?

Pour l’animateur 

  • Le gérant « gaspillait les biens » de son maître. Jésus le qualifie de « gérant trompeur ». Il n’a pas été digne de confiance… Son maître décide de le licencier.

  • Ce gérant n’a pas la force de travailler la terre, et il aurait trop honte de mendier. Il va continuer à tromper la confiance de son maître, une attitude que Jésus dénoncera fortement par la suite, mais il va se montrer « habile» en faisant en sorte que beaucoup « l’accueillent » quand il sera « renvoyé » : il leur fait cadeau d’une grande partie de leurs dettes. Bientôt, il n’aura plus d’argent : ce seront alors ses amis qui l’aideront.

            Jésus part de ce contexte négatif, encore une fois clairement dénoncé par la suite, pour nous inviter à mettre à la première place dans notre vie les relations humaines, pour qu’elles deviennent le plus possible des relations d’amitié et d’entraide… Mais si tel est le cas, s’entraider implique de savoir puiser dans ses biens pour aider l’autre. Le plus important devient alors celui que l’on peut aider et non le bien matériel que nous pouvons avoir… L’argent, nécessaire à la vie, ne doit pas devenir une fin en soi, mais il doit être mis au service des relations humaines, pour qu’elles soient vraiment humaines et d’amitié, chacun ayant le souci, dans la mesure du possible, du bien de l’autre…

            « Faites vous des amis avec l’argent trompeur »… L’amitié vraie, contrairement à l’argent, ne trompe pas, ne déçoit pas… Elle fait partie ici-bas des vrais biens de cette vie… Et si nos vrais amis nous accueilleront dans les demeures éternelles, Jésus souligne à quel point l’amitié vraie, l’amour vrai, a valeur d’éternité pour ce Royaume de Dieu où l’Amour seul règnera… Et nos relations vraies, construites ici-bas, continueront « là-haut » avec une Plénitude qui sera celle-là même de Dieu !

  • « Etre digne de confiance » intervient quatre fois, ce qui suppose de ne pas être « trompeur» (trois fois ici, deux fois précédemment). L’attitude du gérant est donc clairement condamnée par Jésus… Cet appel à la confiance rejoint tous les aspects de notre vie : les exemples concrets ne peuvent manquer !

            Pour Jésus, l’argent est « une petite affaire ». La « grande » est ce « bien véritable » que Dieu veut nous donner et pour lequel il nous a tous créés. Voilà pourquoi Jésus dit que c’est le « nôtre » au sens où nous ne serons pleinement nous-mêmes que lorsque ce « bien véritable » sera véritablement « nôtre ». Et quel est-il ? Rien de moins que ce que Dieu Est en Lui-même : Plénitude d’Amour (1Jn 4,8.16), d’Esprit (Jn 4,24), de Lumière (1Jn 1,5) et de Vie (Jn 1,4). Or « Dieu est Amour » et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux ; Jn 3,35), une expression à prendre pour Dieu au pied de la lettre. Dans son Amour, Dieu est éternellement Don de Lui-même… Et il nous a tous créés pour que nous soyons comblés par ce Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même (cf. Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 4,8 ; 6,5 ; 9,17…).

Nul ne peut donc s’accomplir par lui-même… Notre bien véritable ne peut venir que du Père qui nous le donne par Amour et il est heureux de nous le donner, pour notre plus grand bien. Ainsi Est l’Amour qui ne pense qu’au bien de l’autre et qui se réjouit que l’autre soit bien (So 3,17 ; Lc 15,7.10.23-24.32)…

  • A travers l’argent, l’homme se recherche lui-même, et cela parfois au détriment des autres… Ne penser qu’à soi-même : tel est l’égoïsme. L’Amour au contraire est ouverture à l’autre, pur regard vers l’autre dans la seule recherche de son bien. Ainsi est Dieu, Lui qui n’est qu’Amour et qui n’a qu’un seul désir : nous combler de ce qu’il Est en Lui-même, et cela pour notre seul Bien.

            Nous sommes pécheurs, blessés… Mais si nous acceptons de nous laisser aimer jour après jour, tels que nous sommes, ce Don, petit à petit, va nous guérir et nous apprendre à aimer, à nous ouvrir à l’Autre et aux autres dans la recherche de leur seul bien…

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

            « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien ». «  Si tu savais le Don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’Eau Vive », l’Eau Vive de l’Esprit Saint dont le fruit dans les cœurs  est « amour, joie, paix ». « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». « Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle » (Jr 32,40-41 ; Jn 4,10 ; 7,37-39 ; Ga 5,22 ; Jn 15,11 ; Mc 1,15).

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie

             – Jésus nous appelle ici à être « dignes de confiance » notamment pour ce qui est de gérer l’argent, et cela à notre travail, dans nos familles, nos communautés paroissiales. Avons-nous pris son appel au sérieux ?

            – Dans la gestion de notre vie quotidienne, n’y a-t-il pas du gâchis ou des dépenses inutiles que nous pourrions éviter ?

            – Avons-nous trouvé avec Jésus la joie de donner, de partager, de semer de la joie autour de nous ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur Jésus, toi qui es venu nous arracher à nos égoïsmes pour nous introduire dans ton Royaume d’Amour et de Paix, que le Don de ton Esprit et de ta Vie nous aide à ne rien préférer à ton Amour. Que ta grâce triomphe en nous de tout mal pour que nous trouvions avec toi la joie de nous donner sans retour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

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25ième Dimanche du Temps ordinaire 1

 




Audience Générale du Mercredi 11 Septembre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 11 Septembre 2019


Chers frères et sœurs, hier, je suis rentré de mon voyage apostolique au Mozambique, à Madagascar et à l’Île Maurice, où j’ai annoncé le Christ espérance du monde et levain de fraternité, de liberté, de justice et de paix. Au Mozambique j’ai voulu répandre des semences d’espérance, de paix et de réconciliation sur une terre qui a tant souffert d’un long conflit armé et qui, au printemps dernier, a été frappé par deux cyclones qui ont causé de graves dommages. J’ai particulièrement encouragé les jeunes à répandre l’amitié sociale et à tirer profit des traditions des anciens. Lors de la messe a résonné l’appel de Jésus : Aimez vos ennemis, semence de la révolution de l’amour, qui éteint la violence et génère la fraternité. A Madagascar, j’ai souhaité que le peuple malgache conjugue le respect de l’environnement et la justice sociale. Dans cette perspective, j’ai visité la Cité de l’amitié-Akamasoa, fondée par le Père Pedro Opeka : là on cherche à unir travail, dignité, soin des plus pauvres, éducation des enfants. Le tout animé par l’Evangile. La rencontre avec les moniales contemplatives a voulu signifier que, sans la foi et la prière, on ne construit pas une cité digne de l’homme. La journée de lundi a été consacrée à l’Île Maurice, lieu d’intégration entre diverses ethnies et cultures. L’Evangile des Béatitudes, lu lors de la messe en mémoire du bienheureux Jacques-Désiré LavalApôtre de l’unité mauricienne, est un antidote contre la tentation d’un bien-être égoïste et discriminatoire, et le levain d’un vrai bonheur, fait de miséricorde, de justice et de paix. Demandons à Dieu que les semences jetées au cours de ce voyage portent des fruits abondants.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins venant de France, en particulier l’Association Anuncio et les jeunes du lycée Saint-Augustin, de Paris. Je salue cordialement les pèlerins venus du Sénégal, accompagnés de Monseigneur André Gueye, évêque de Thiès. Que le Seigneur fasse de vous des artisans de fraternité, de liberté, de justice et de paix. Que Dieu vous bénisse !




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 15, 1-32)

« Mon fils que voilà était mort,

et il est revenu à la vie. »

 

L’évangile de ce jour, un peu long, nous parle de trois paraboles.

A quelle occasion Jésus donne-t-il ces trois paraboles ?

Les pharisiens et les scribes jasaient au sujet de Jésus parce que les publicains et les pécheurs venaient à lui pour l’écouter, et même parfois l’invitaient à manger, ce que Jésus acceptait volontiers (comme avec les pharisiens d’ailleurs). Ou du moins ceux que les pharisiens disaient qu’ils étaient pécheurs : « Pourquoi s’occupe-t-il des pécheurs ?! Ils ne valent rient ! Dieu ne peut que les rejeter ! Ils sont définitivement perdus ! ». …

Oui ! Cela, c’était au temps de Jésus ; les bien-pensants ( ?! ) ne savaient pas que Dieu est amour ( Euh ? « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour … » Ps 102,8.  Ils ont dû oublier).

Mais maintenant, avec Jésus, tout le monde le sait ! …

Oui ! On le sait …

Mais est-ce qu’on a véritablement changé d’attitude vis-à-vis de certains qu’on qualifie de pécheurs ?

Lors de la dernière session des Assises, il y a peu, que n’a-t-on pas dit envers ceux qui étaient accusés de meurtre, de viols, de violences familiales ?

J’ai entendu les mêmes réactions que celles des pharisiens à l’époque de Jésus !

Maintenant on le sait ? Intellectuellement, peut-être, mais pratiquement … ??

Alors Jésus s’exprime, pour nous aussi, concrètement.

Les deux premières paraboles montrent des personnes qui cherchent ce qu’elles ont perdu … et quand elles le retrouvent, tout à leur joie, elles invitent leurs voisins et font la fête, car « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé [ce] que j’avais perdue ! », et Jésus conclut : « Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

La troisième parabole est bien connue. Avant, on l’appelait ’’le fils prodigue’’, maintenant, de plus en plus, on l’appelle ’’Le père et ses deux fils’’, ce qui est mieux car les trois personnes sont importantes :

– le plus jeune fils, qui trouve l’atmosphère familiale trop ringarde, qui s’ennuie chez lui (comme bon nombre d’adolescents qui s’ennuient à la messe …), il en a assez de son père, alors il décide de prendre la liberté, non sans oublier de prendre en passant son ’’héritage’’. Quand il n’a plus d’argent, il essaie de se débrouiller, mais ça lui pèse trop ; alors il prépare un discours bidon pour revenir chez son père.

– l’ainé, lui, reste chez lui. Il travaille pour son père, jusque tard le soir. Il n’a pas l’air non plus très heureux … et quand son frère revient et qu’il entend la fête, il fait une crise de jalousie : « Pourquoi pour lui, et pas pour moi ? »

– le père, qui continue de s’occuper de sa maison, mais qui attend toujours le retour de son fils … et quand il le voit, il oublie tout ce que celui-ci lui a fait subir pour l’accueillir avec joie : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie. ». Et qui sort de sa maison pour aller voir l’ainé qui ne veut pas rentrer. Il veut que tout le monde soit avec lui, dans la joie des retrouvailles …

La question pour nous est de savoir à quel personnage on ressemble le plus ?

Le cadet avec son désir de liberté, qui fait ce qu’il veut ? … (comme les pécheurs)

L’ainé avec sa jalousie, et sa certitude de tout bien faire pour son père …, d’être irréprochable … ? (comme les pharisiens)

C’est à chacun de voir … Sans doute aux deux, selon les moments …

Le père … ? Celui qui veut le bien de tous, qui se réjouit du retour de son fils ?

Peut-être aussi, parfois, mais épisodiquement … du moins je pense …

Mais nous ne sommes pas Dieu, nous n’arrivons pas à toujours aimer, à aimer tout le monde, sans arrière-pensées … Nous n’arrivons pas toujours à faire la différence entre la faute, le péché … et la personne qui a fait la faute … et souvent on mélange les deux … et on condamne le pécheur et pas seulement la faute … parce que nous sommes des humains, et donc nous aussi pécheurs … et en réagissant ainsi, on se condamne aussi …

Mais nous savons une chose que Jésus nous enseigne, nous qui nous considérons souvent comme des bien-pensants, des bien-faisants : si jamais nous tombons (ou plutôt quand nous tombons …), nous sommes sûr que Dieu ne nous laissera pas tomber, qu’il viendra nous chercher dans le plus profond de notre être, jusqu’à ce que nous retournions vers lui … et que ce sera la fête dans le ciel !! avec nous !

« Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?!! »

Dieu notre Père,

Tu aimes tellement tous tes enfants,

quels qu’ils soient,

que tu veux qu’ils soient toujours près de toi.

Et quand l’un s’égare, tu pars à sa recherche.

Quand tu le trouves,

c’est la joie pour tous ceux qui t’entourent.

Je sais donc que, si je m’éloigne de toi,

tu feras tout pour me ramener à toi.

Et cela m’arrive si souvent de m’éloigner de toi …

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 24°




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le fils prodigue

Lc 15, 1-32

Parmi les trois paraboles admirables qui nous montrent jusqu’où peut aller l’amour de Dieu, attardons-nous, si vous le voulez bien, sur la dernière: « Un homme avait deux fils ». Elle semble tellement d’actualité cette histoire : il n’arrive pas de semaines où l’on ne me raconte des conflits entre des jeunes et leurs parents, où un jeune homme s’en va en claquant la porte, ou cet autre reste à la maison, mais en feignant d’ignorer ses parents qu’ils considèrent comme déphasés, ringards, dépassés, de ces familles qu’il faudrait plutôt appeler « Pension de famille » tant ceux qui vivent sous le même toit s’ignorent, vivent chacun de leur côté, juxtaposés, mais bien peu unis, encore moins, aimants. Combien de pères ou de mères n’arrivent plus à établir des relations d’amour avec des enfants, pourtant très différents de tempérament, un amour mal accueilli, mal compris.

Et derrière cette histoire, nous nous souvenons de la 1ère lecture, l’histoire de l’alliance du Sinaï : Dieu, respectueux de la liberté humaine qui n’arrive plus, lui aussi, à établir des liens d’amour avec son peuple choisi. Si bien que la mission du Christ sera de partir à la recherche des brebis égarées et d’essayer de nouer des relations nouvelles : une nouvelle alliance entre Dieu et ses fils, tous les hommes.

Jésus, aujourd’hui, veut provoquer notre réflexion et nous amener à nous demander si nous ne ressemblons pas à l’un de ces deux fils, dans notre attitude envers Dieu.

 

Voyons d’abord le plus jeune : celui que l’on appelle le « Prodigue ». Il a  l’esprit  aventureux, portant  en  lui, une « fureur de vivre ». Il  est  comme  certains  des  jeunes d’aujourd’hui, « Il veut tout et tout de suite ». Ses illusions vont d’ailleurs tomber très vite au contact de l’égoïsme des autres… Il va découvrir très vite le désert de l’amour. Laissons-nous attendrir par ces retrouvailles et l’accueil chaleureux de son père.

« Lorsqu’on a été père une fois, on ne peut plus cesser d’être Père ». Rien ne compte. Tout est oublié, effacé, aboli : c’est la fête de l’amour et l’amour n’a pas de prix. Et par là, nous comprenons mieux l’appel pressant de Jésus à tous ceux qui ont pris vis-à-vis de Dieu beaucoup de distance : toute la gamme des négligents, des insouciants, des mal-croyants, ceux que nous appelons aujourd’hui « les non-pratiquants » et encore de tous ces marginaux, ces exclus, ces révoltés, un peu dans le genre du malfaiteur qui se trouvait crucifié à côté de Jésus. Lui aussi se tourne vers le Christ, peut-être en souvenir de cette parabole de miséricorde ?

Et nous, qui sommes ici, rassemblés dans cette église, qu’en est-il de nos relations avec Dieu ? Lorsque nous disons « Notre Père », voulons-nous chanter tout l’amour qui est dans le cœur de Dieu ? Voulons-nous exprimer toute la confiance qui est dans le nôtre ? Cette histoire du fils fugueur nous invite encore à l’espérance : oui, des êtres chers semblent éloignés de Dieu, ils cherchent ailleurs un autre chemin de bonheur. Ne les jugeons pas. Croyons solidement que le Père des cieux reste toujours prêt à les accueillir au jour de leur retour car Dieu est riche en miséricorde.

Passons au fils aîné : il nous apparaît, au premier abord, comme un fils exemplaire : fidèle à la loi, plein de soumission et d’obéissance,  mais il a si peu d’affection, si peu de confiance qu’il n’a jamais osé demander un chevreau à son père, pour faire une boum avec les jeunes de son âge… la fête de quoi ?

Il n’y a peut-être jamais pensé : peu d’amour dans le cœur, peu d’esprit de fête.  Avez-vous assez de fêtes en famille ? Si oui, c’est bon signe, c’est qu’il y a de l’amour entre vous.

Le retour inattendu de son frère va éclairer tout cela ! « C’est un comble, c’est un scandale ! », se dit-il. N’est-ce pas approuver, encourager la rébellion, le gaspillage ? Cette fête est insensée, ridicule et de fait, elle le serait, si justement, elle n’était le signe d’un amour fou et sans mesure, celui de Dieu.

Judas, aussi, trouvera ridicule le geste de la pécheresse qui va verser sur les pieds de Jésus, un parfum de grand prix, répandu sans retenue, avec exubérance. A quoi donc serviraient les richesses matérielles sinon justement à exprimer des gestes d’amour : c’est le sens même du cadeau, et de la fête !

Au travers de cette histoire, Jésus s’adresse aux pratiquants et leur dit : « Attention, votre amour du Père doit s’exprimer certes par un culte rendu à Dieu, mais aussi soyez des pratiquants de l’amour fraternel :

. fidélité à votre prière

. fidélité à votre messe, très bien

. fidélité à votre conscience et à l’éducation que vous avez reçue.

Oui, mais ouvrez les yeux autour de vous, soyez compréhensifs et pleins d’attention à l’égard de ceux qui se sont éloignés du Père et soyez avec eux, comme des frères, de vrais frères, de toutes façons, issus d’un même Père, prêts à se pardonner les uns les autres.

A notre tour de réfléchir sur nos comportements de baptisés.

La vie chrétienne, c’est la découverte de plus en plus complète, à l’école de Jésus, de l’amour infini du Père des cieux.

 « Il fallait bien faire la fête et se réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie… il était perdu et il est retrouvé ».

Ce retour des fils vers le père qui les accueille avec joie et dans la fête, essayons, nous aussi, de le vivre avec sincérité, ce retour vers le Père, et cet amour de nos frères.

Nous aussi, essayons d’aimer et de pardonner de la même façon que Dieu puisqu’il nous pardonne à chaque fois que nous faisons retour vers lui.  AMEN

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 25-33)

« Celui qui ne porte pas sa croix

pour marcher à ma suite

ne peut pas être mon disciple. »

 

Et pour expliciter cette phrase, Jésus donne deux exemples :

– Avant de construire une tour, dont le but était de pouvoir veiller sur les biens des agriculteurs, notamment la vigne, il faut s’assurer qu’on ait les moyens de payer les travaux. La tour est un gage pour la réussite de l’entreprise du vigneron.

– Un chef d’armée doit s’assurer qu’il puisse avoir une chance de remporter la bataille, sinon il doit négocier pour limiter les dégâts.

Pour suivre Dieu, Jésus, il faut s’assurer qu’on puisse le suivre jusqu’au bout, et pour cela le mettre en premier.

Cela veut dire notamment, comme le dit l’évangile, mettre en arrière toutes les personnes que l’on connaît, surtout sa famille : « son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie. ». Ce qui ne veut pas dire qu’on n’ait plus de relations avec eux, qu’on se néglige soi-même, ce qui n’aurait pas de sens parce qu’ils sont aussi notre prochain, parce qu’on a conclu, pour certains, un ‘contrat’ avec eux, un sacrement : le mariage célébré devant Dieu pour le conjoint, le baptême où l’on s’engage à éduquer les enfants dans la foi chrétienne … mais Dieu passe avant.

Le Christ ne peut pas nous demander de ne pas aimer ceux qui nous sont les plus proches … mais il ne veut pas que nos préoccupations vis-à-vis d’eux envahissent toute notre vie.

Cela peut nous paraître difficile … C’est une partie de nos croix …

Comme pour beaucoup de choses, on ne peut pas le faire seul, avec nos propres forces. Mais si on se tourne vers Dieu, il nous donnera la possibilité de vivre ainsi.

Renoncer à soi-même, porter sa croix, c’est une condition pour suivre Jésus. Et il le dit bien : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. ».

Mais ce n’est pas une condition préalable pour commencer à suivre Jésus. Cela peut venir peu à peu, au fur et à mesure que l’on marche avec le Christ, sur la route où il nous convie.

Dieu n’est pas pressé, il nous laisse le temps : « À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va » (Psaume 89), et le psalmiste ajoute : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. », et la première lecture dit encore « Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? »

Alors, ouvrons nos cœurs au souffle de l’Esprit Saint, lisons la Parole de Dieu, prions Dieu de nous éclairer, de nous donner la sagesse … et un jour, qu’on ne peut définir à l’avance, dans un mois, dans un an, dans dix ans … nous pourrons vraiment suivre Jésus sur le chemin de notre vie qui deviendra le chemin de sa vie, le chemin de la Vie.

Nous ne sommes pas meilleurs que les apôtres qui ont pris du temps pour comprendre l’enseignement de Jésus ; au pied de la croix, il n’y avait que Jean parmi eux … Il faudra la résurrection et la Pentecôte pour qu’ils soient ‘libérés’, pour qu’ils mettent Jésus au premier rang dans leur vie et qu’ils se donnent totalement à l’annonce de la Parole de Jésus.

Mais cela ne veut pas dire qu’on a le temps … pour se mettre en route …

Au contraire, c’est en marchant au côté de Jésus qu’on apprend peu à peu la sagesse et que l’on se laisse transformer par l’Esprit Saint. Il n’y donc pas de temps à perdre.

Seigneur Jésus,

tu sais combien il est difficile pour nous

de te mettre toujours à la première place.

Nous avons tellement de choses

qui nous semblent prioritaires,

surtout avec nos proches,

que bien souvent tu passes après.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

pour être des témoins de ta présence parmi nous.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 23°




Rencontre autour de l’Évangile – 23ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Renoncer à tout pour le Christ ! »

(Lc 14, 25-33)

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 14, 25-33)

Jésus vient de donner un certain nombre de conseils à ses disciples : qu’ils soient humbles (Lc 14,7-11) et attentifs aux blessés de la vie (14,12-14)… Qu’ils ne laissent ni les biens matériels ni les plaisirs les détourner de l’essentiel : l’invitation que Dieu adresse à tous les hommes à partager son festin (14,15-24). Et l’appel de Jésus se fait ici encore plus radical !

Et soulignons les mots importants 

  • Notre traduction liturgique a tout de suite bien interprété le verbe employé ici par St Luc, « miséô, haïr », en le traduisant par « préférer». Quand Dieu nous dit : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12), et que Jésus se bat pour qu’il en soit vraiment ainsi (cf. Mc 7,8-13 ; Mt 19,16-22), il ne peut être question maintenant de les haïr ! De même pour mettre en pratique le cœur de la vie chrétienne, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Mc 12,31), il est impensable de se haïr soi‑même. Alors, que peut vouloir dire ce « préférer » ? Essayer de donner des exemples concrets.

  • Jésus aimait la vie… On le voit souvent invité par les uns et par les autres, accomplissant son premier signe en St Jean en offrant à une noce plus de 800 litres de « bon vin » (Jn 2,1-12), mangeant et buvant à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Lc 7,34). Que peut donc vouloir dire ici « préférer» Jésus « même à sa propre vie » ?

  • Vient ensuite à nouveau une expression très forte : « porter sa croix » ; mais, en lisant bien le texte, cela se fera comment, dans quelles circonstances ? Or, quand Dieu nous adresse un appel, il nous donne toujours la grâce qui nous permet de répondre à cet appel. St Paul dit ainsi : « Dieu nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce qu’il nous a donnée » (2Tm 1,9).

            Suivre Jésus, mettre en pratique sa Parole, lui rester fidèle, est loin d’être toujours facile dans les multiples circonstances de nos vies. Si une difficulté se présente, Dieu donne sa grâce pour nous aider à la traverser. Mais une difficulté reste une difficulté : quand elle se présente, nous avons le choix entre deux attitudes, lesquelles ? Et Jésus ici nous invite à laquelle ? 

  • Jésus invite ensuite par des images (« bâtir une tour », « partir en guerre ») à bien regarder ces difficultés en face. Contre quel danger nous met-il en garde ? Mais souvenons-nous de la phrase précédente : « prendre sa croix pour marcher derrière moi». Qui a ici l’initiative première de la démarche, nous ou Jésus ? Et Jésus peut-il nous demander ce qu’il nous sait être incapables d’accomplir par nous‑mêmes ?

Conclusion : en tout ce que nous désirons entreprendre pour lui, quelle devrait être notre première attitude ?

Pour l’animateur 

  • Les exemples concrets dépendront de la vie et de la situation de chacun, et ils sont tous les bienvenus… Le Père appelle tout homme à « venir à Jésus » son Fils Unique envoyé dans le monde pour notre salut à tous (Jn 3,16-18). Et puisque toute démarche vis-à-vis de Dieu n’est possible que par un Don qui vient de Lui, « venir à Jésus » est un Don du Père : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44), « si cela ne lui est donné par le Père » (Jn 6,65). Et tout Don de Celui qui est Amour (Jn 4,8.16) ne peut qu’être de l’ordre de l’amour… Et maintenant, qu’allons-nous choisir si Dieu nous appelle, d’une manière ou d’une autre, à quitter nos proches ? Et pourtant, l’amour que nous leur portons est bien légitime, il n’est pas à renier ! Mais il sera vécu autrement, avec le sacrifice, de notre côté, de cette proximité qui nous est chère…

            Nous sommes tous pécheurs… Il se peut aussi que ces proches que nous aimons nous invitent à agir d’une manière contraire à notre foi. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir, et tout ira bien avec eux, mais c’est notre amour pour Dieu qui sera blessé… Ou les contrarier, au risque de se voir rejeter ? Mais si l’amour qui unit deux personnes est authentique, il ne peut être à sens unique. Et un amour sincère ne peut que se construire sur la vérité. Le choc de la contrariété passé, l’amour vrai saura, avec le temps, reconnaître où est la vérité et la justice, et surmonter l’épreuve…

            Nous sommes tous pécheurs… Ces difficultés peuvent se rencontrer aussi bien dans notre famille, que dans notre communauté paroissiale ou religieuse… Jésus est le premier à en être conscient lorsqu’il demande à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21,15). Et les premiers à les entourer à ce moment-là étaient « Thomas, Nathanaël, les fils de Zébédée », Jacques et Jean (Mc 1,19), et « deux autres disciples » (Jn 21,2). Avec Pierre, ils étaient sept en tout, un chiffre symbole de plénitude qui renvoie à l’ensemble de l’Eglise primitive…

  • Nous sommes tous pécheurs… Des désirs égoïstes où nous nous recherchons nous-mêmes, d’une manière ou d’une autre, ne cessent de frapper à la porte de nos cœurs. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir et nous laisser entrainer sur un chemin contraire à celui de l’amour, amour pour Dieu, amour pour celles et ceux qui nous entourent, amour qui nous invite à nous donner ? Et dans des circonstances que nul ne choisit pour lui-même, ce choix de la foi peut aller jusqu’au don total de soi, la mort pour le Christ, le martyre…

  • Choisir implique toujours un renoncement à ce que nous laissons de côté. Renoncer à une fausse harmonie humaine, à notre égoïsme, là est la vraie Croix. Et c’est tous les jours, d’une manière ou d’une autre, que nous sommes invités à la prendre… Nous n’y arrivons pas à chaque fois… L’important est de repartir sans cesse… La Miséricorde infinie qui nous entoure nous presse de nous relever et de nous relever encore… Et de pardon en pardon, c’est Elle qui nous donnera d’atteindre le but : une Vie éternelle et Bienheureuse dans la Maison du Père !

  • Humainement parlant, prendre sa Croix est difficile… Laissés à nos seules forces, l’aventure est même impossible. « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible» (Mt 19,26). Et Jésus connaît nos failles, nos limites et nos faiblesses… Si nous arrivons à tout lui offrir, ce qui est « semé dans la faiblesse», ressuscitera dans sa force (1Co 15,43) car « ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu » (Lc 18,27). Et plus nous nous appuierons sur lui, plus notre Croix sera « légère » et « facile à porter » : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » (Mt 11,28-30).

  • Avec ces deux images, « bâtir une tour, partir en guerre contre un autre roi », Jésus nous invite à bien réfléchir, à regarder les choses en face, à bien nous connaître pour éviter de nous lancer dans une aventure qui, manifestement, dépasse nos forces. La grâce ne supprime pas la nature ! Elle l’accomplit…

          – L’image de la tour est peut-être un clin d’œil à « la tour de Babel » (Gn 11,1-9), présomption, folie orgueilleuse des hommes qui se sont appuyés sur leurs propres forces, et cela pour atteindre le Ciel ! Telle était au début l’attitude de Pierre : « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais » (Mt 26,33). Et Pierre tombera. Mais il se relèvera grâce à la Miséricorde de Dieu, et en s’appuyant cette fois sur Lui, il mourra en martyre à Rome !

          – L’image de la guerre souligne le fait que suivre Jésus est un combat avant tout contre nous-mêmes, notre péché, et aussi face à celui des autres, et face au « Prince de ce monde » (Jn 12,31 ; 14,30 ; 16,11) qui ne pense qu’à « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). Seule la prière, qui est accueil du Don de Dieu, l’Esprit Saint, nous permet de vaincre grâce à Lui toutes ces difficultés.

 

ENSEMBLE PRIONS 

« Tournez les yeux vers l’hôte intérieur, sans rien vouloir que cette Présence ; vivez de l’Esprit pour être celui qui donne son Nom à votre Père. Tournons les yeux vers l’hôte intérieur, car il habite nos silences et nos prières » (Claude Tassin).

 

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23ème Dimanche Temps Ordinaire

 

 




Audience Générale du Mercredi 28 Août 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 Août 2019


Frères et sœurs, en mentionnant le Portique de Salomon comme l’un des lieux de rendez-vous des croyants, saint Luc insiste sur les signes et les prodiges qui accompagnent la parole des Apôtres et sur leur attention particulière aux malades. Car, à leurs yeux comme aux yeux des chrétiens de tous les temps, les malades sont des frères en qui le Christ est présent d’une manière spécifique, pour se laisser chercher et trouver par nous. Parmi les Apôtres, émerge la personne de Pierre qui, au nom de la mission reçue du Ressuscité, exerce une primauté au sein de leur groupe. Mais si Pierre s’approche des civières et passe parmi les malades, c’est pour que soit manifesté, à travers ses paroles et sa présence physique, le Christ vivant et agissant. De fait, Pierre ne prétend pas agir en son nom propre : il est celui qui accomplit les œuvres du Maître. Ainsi, rempli de l’Esprit Saint, il permet à Dieu de manifester sa proximité et de faire en sorte que les blessures de ses enfants deviennent le lieu théologique de sa tendresse. Car toute sa personne, et même son ombre, irradie la vie du Ressuscité : les malades sont guéris et le monde rend gloire au Père, malgré la haine suscitée par son action de guérison. C’est pourquoi Pierre est la figure de l’Église qui sur la terre remet ses enfants debout et les oriente vers les biens du Ciel.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France, en particulier de Rennes, de Poissy, de Retiers et de L’Isle en Dodon, ainsi que d’autres pays francophones. Demandons à l’Esprit Saint, par l’intercession de Pierre, de nous rendre forts intérieurement pour être assurés de la présence aimante et consolatrice du Seigneur à nos côtés. Et que l’Esprit Saint nous aide à la manifester à tous, et d’une manière particulière aux malades. Que Dieu vous bénisse !




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 1.7-14)

 

« Quiconque s’élève sera abaissé,

et qui s’abaisse sera élevé. »

 

Ce que dit Jésus dans l’évangile de ce jour pourrait être interprété comme une leçon de vie, une manière de se bien comporter dans notre vie de tous les jours.

Mais on aurait tort de limiter son discours à cela. Jésus n’est pas un écrivain à sensation comme on en trouve tant aujourd’hui, genre « 1000 astuces pour réussir dans la vie », mais plutôt un orateur qui distille quelques fondements pour réussir sa vie :

– « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

– « Pardonnez jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18,22)

– « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 20,26) …

Ce qu’on pourrait résumer par : Amour, Justice, Humilité.

Parce qu’il faut bien situer quel est le but de notre vie, et agir en fonction de ce but.

Et pour nous chrétiens, le but de notre vie ne se limite pas à notre vie terrestre, mais bien à accéder au Royaume des cieux, dans la Vie Éternelle.

Et c’est encore de cela dont parle Jésus aujourd’hui.

Les grands saints n’avaient pas d’ambition personnelle, mais leur seule ambition était de vivre selon l’évangile, et d’attirer les autres personnes à vivre selon l’évangile. Ils se sont mis dans une situation d’humilité, se sont fait petits, laissant Dieu agir en eux.

Un exemple : François d’Assise, qui quitte la vie dorée que son père lui avait préparée pour devenir pauvre ; et il le fait de manière forte, rendant tout ce qu’il avait reçu de son père jusqu’à se dénuder pour aller se réfugier dans les bras de l’évêque d’Assise. Quitter le ’’monde’’ pour Dieu.

Et si on regarde les fondateurs d’ordre religieux, nombre d’entre eux ont été évincés de la direction de leur ordre par des ambitieux qui voulait se faire une place aux yeux du ’’monde’’ … mais maintenant, on ne parle plus d’eux (ou en termes négatifs), alors que les fondateurs ont souvent été reconnus comme saints ou bienheureux par l’Église. Je pense entre autres à saint Jean-Baptiste de la Salle, ou à sainte Jeanne Jugan qui à la fin de sa vie ne faisait plus que des activités de ménages, et qui côtoyait des novices qui la prenaient un peu de haut, ne sachant pas qu’elle était la vraie fondatrice des petites sœurs des pauvres …

« Quiconque s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé. »

Alors pour nous, faut-il toujours s’abaisser, se mettre parmi les derniers ? …

Certainement pas.

Si on se met dans les derniers dans l’espoir d’être élevé … on risque fort de terminer sa vie, terrestre et éternelle, dans les derniers.

Jésus nous invite à la modestie, à l’humilité, pas à ne rien faire.

Au contraire : il nous a procuré des dons, des talents, … et il attend qu’on les fasse fructifier, pour notre bien-être et surtout pour celui des autres et de Dieu.

Jésus n’est pas contre l’ambition des personnes, mais il veut que cette ambition ne soit pas concentrée sur soi-même, mais qu’elle soit pour le bien commun, au service de tous.

« En tant qu’artisan menuisier, [Jésus] savait bien que la clé de la réussite est le bon travail, fait avec honnêteté. Ce qu’on apprécie à la longue n’est pas le paraître, mais la manière d’être, non pas ce que quelqu’un aimerait bien être, mais ce qu’il est vraiment en tant qu’individu. » (Cardinal Christoph Schönborn)

Seigneur Jésus,

Tu aimes les gens ambitieux,

ceux qui sont prêts à se sacrifier

pour une cause …

à condition que ce ne soit pas

pour se mettre en avant,

mais que ce soit la cause

qui soit mise en avant,

dans le respect de la justice

et de la loi morale.

Fais que nous soyons ambitieux

pour ta plus grande gloire.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 22°




Audience Générale du Mercredi 21 Août 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 21 Août 2019


Frères et sœurs, la communauté chrétienne naît de l’effusion de l’Esprit Saint et elle grandit grâce au partage entre les frères et sœurs du Christ. La vie eucharistique, la prière et la prédication des Apôtres font des croyants une multitude n’ayant « qu’un cœur et qu’une âme ». Leur lien avec le Christ instaure entre eux des relations d’un genre nouveau, qui s’expriment aussi dans le partage des biens matériels à l’exemple de Barnabé qui vendit son champ et en donna le revenu aux Apôtres. Etre membre du Corps du Christ rend les croyants responsables les uns des autres : les plus forts soutiennent les plus faibles de sorte que personne ne connaisse l’indigence. Eloigner la plaie de la pauvreté, est donc un engagement de l’Eglise depuis toujours. Au contraire, le refus de partager en vérité éteint le feu de la communion et conduit à la mort, selon le triste exemple d’Ananie et de sa femme qui, hypocrites dans leur générosité, ont manifesté une appartenance partielle et opportuniste à l’Eglise. Une vie établie sur la seule mise à profit des situations, au détriment des autres, conduit à la mort intérieure. Que l’Esprit de tendresse nous aide toujours à vivre la solidarité chrétienne !

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier un groupe de prêtres jubilaires du Séminaire Pontifical Français de Rome, accompagnés de Mgr Pierre Antoine Bozo et de Mgr Matthieu Rougé. La solidarité chrétienne, bien différente d’une simple assistance sociale, fait partie de la nature de l’Eglise. Que l’Esprit Saint nous aide à vivre en vérité la solidarité que demande l’Evangile. Que Dieu vous bénisse.




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 13, 22-30)

 « Efforcez-vous d’entrer

par la porte étroite. »

 

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »

C’est la question qui hantait déjà les gens qui entendaient Jésus … et qui hante encore un certain nombre de personnes. Certains ont peur de ne pas être dans le groupe des sauvés … et certaines sectes en rajoutent en disant qu’il n’y aura que 144 000 sauvés …

D’autres, au contraire, pense qu’il ne faut pas s’en faire, car Jésus va sauver tous les humains, et donc, « On ira tous au Paradis » comme le chantait Michel Polnareff, ou comme le disaient d’autres film ou comédie musicale …

Bien sûr, c’est le but de Jésus, que « tous les hommes soient sauvés », il est venu sur la terre pour cela, et c’est son désir le plus cher. Encore faut-il que les humains répondent à sa Parole.

Dans un autre passage d’évangile, Jésus parle aussi de porte : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. (…) Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » (Jn 10,7.9), et il le dit bien : il faut passer par lui, par sa Parole, suivre son enseignement.

Jésus est la porte. Il est aussi « le chemin » qui mène à la porte, et il est « la vie » pour ceux qui arrivent à trouver la porte et la passer avec lui. Car il ajoute : « personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

Et pour passer la porte avec Jésus, il y a des préalables : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mc 8,34). On remarquera que c’est ce que nous demandent les trois derniers évangiles que nous avons entendus : ne pas penser qu’à soi, son bien-être, être attentif à la venue du Seigneur, rechercher la véritable richesse, celle ’’d’en haut’’ et non celle de la terre, et suivre en tout les enseignements de Jésus (cf Col 3,1-2.5).

Alors, la porte du paradis est-elle étroite, comme nous le dit Jésus ?

Je ne pense pas, car Dieu ne veut pas que nous n’arrivions pas dans son paradis, au contraire.  Vue du côté de Dieu, la porte est grande ouverte, elle est à la dimension de l’amour qu’il a pour tous les hommes et de sa miséricorde envers eux ; il fait tout pour que nous puissions la passer sans encombre. « Restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. » (Ep 3,17-19).

Oui, mais rester toujours enracinés dans l’amour, pour nous les hommes, c’est bien difficile. Surtout l’amour, comme Dieu nous aime ! Nous avons une vision de l’amour tellement petite, étroite, par rapport à celle de Dieu, que notre vision de la porte du paradis est pour nous bien étroite.

Avec notre suffisance naturelle et nos rêves de grandeurs, le désir de paraître,

– comment se faire petit face à Dieu, petit face aux autres humains dans lesquels Dieu est présent … ? « Qui s’élève sera abaissé ! » (Lc 14,11)

– comment se faire serviteur de nos frères ? « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous » (Mc 10,43-44)

            Avec notre attirance pour les biens matériels et le confort qu’ils sont sensés nous apporter,

– comment être reconnu de Dieu ? « Ceux-là ont reçu leur récompense. » (Mt 6,2)

Celui qui se gonfle d’orgueil, celui qui pense d’abord aux biens matériels pour lui, celui-là ne peut pas passer par la porte pourtant grande ouverte, parce qu’il emporte trop de choses avec lui, la porte lui semble trop étroite.

On pourrait même dire que la porte lui semble aussi trop basse. Jésus n’a-t-il pas dit : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3-4)

 Parce que pour passer par la porte du paradis, il ne faut qu’une chose : être en communion avec Dieu : le Père, le Fils et l’Esprit ; Être en communion avec ce qui fait que Dieu est Dieu : l’Amour. Si nous aimons comme Dieu nous aime, nous pourrons passer sans problème la porte, qui ne nous semblera pas du tout étroite, ni trop basse.

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23)

Encore faut-il que nous aimions Dieu, et donc les autres humains, comme lui nous aime.

« Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » (Mt 19,26)

Mettons-nous dans les mains de Dieu, ouvrons-lui notre cœur, alors, avec son aide, la porte ne nous semblera pas étroite.

Seigneur Jésus,

Tu ne réponds pas à la question :

combien seront sauvés ?

mais tu nous invites à tout faire

pour passer par la porte du Royaume des cieux

 qui nous semble étroite, 

parce que nous sommes embarrassés

par notre suffisance,

notre amour des biens matériels.

Fais que nous devenions

amour en réponse à ton amour ;

alors libérés de tout superflu,

nous pourrons passer la porte.

Francis Cousin   

 

  

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Prière dim ordinaire C 21°