1

Première journée Cycle Long 2020 à St Benoît

Dimanche 23 février, une cinquantaine de participants se sont retrouvés à St Benoît pour la première rencontre Cycle Long de l’année…

Eglise de St Benoît et Calvaire à droite de l’Eglise

Eglise et sur la droite, la salle paroissiale

Cure de St Benoît

L’autre côté de la salle paroissiale et après la prière du matin, les Laudes,  le petit déjeuner

Après ce meilleur moment de la journée (…), nous avons commencé notre thème d’année, le Mystère du Christ, en regardant, notamment avec l’Evangile selon St Jean, le Christ vrai Dieu et vrai homme, toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), dans l’Amour…

Après la rencontre, le repas, avec P. Fabrice Ellama, curé de St Benoît…

Après le repas, Noéline Fournier a proposé une introduction à la Liturgie des Heures (Prière du Temps Présent) à celles et ceux qui le désiraient…

Pendant ce temps là, Renéa et Elie, responsables de l’équipe de Service de St Benoît, faisaient le bilan de la journée, rangeaient la cuisine avec Elsie, et Jacques préparait la suite…

 

Et dans la cour, un Martin se demandait si ces champignons étaient bien comestibles…

L’après midi a repris avec notamment un temps de carrefours…

Et nous avons conclu notre journée par la prière des Vêpres… Rendez-vous maintenant le 22 mars pour la seconde étape. Et comme ce sera le jour des élections municipales, nous arrêterons un peu plus tôt, vers 16h 30…




Fiche N°22 : Le dernier repas de Jésus avec ses disciples ; le lavement des pieds (Jn 13).

Le lavement des pieds (Jn 13,1-20)

            Notre nouveau chapitre commence par « Avant la fête de la Pâque »… Nous allons rapidement revoir tous les passages de l’Evangile qui parlent de « la Pâque » pour retrouver la nuance particulière que St Jean attache à cette fête. « La Pâque » était donc déjà intervenue en Jn 2,13, lors de la purification du Temple. Et que préfigurait déjà la Parole de Jésus en Jn 2,19 (cf. Jn 2,18-22) ? Puis, nous retrouvons cette fête en Jn 2,23, cadre temporel du discours de Jésus avec Nicodème qui représente ici tout le Peuple Juif ; et que laissent présager Jn 2,24 ; 3,11 ; 3,14-15 ; 3,19-20 ? Puis la Pâque réapparaît en Jn 6,4, où peu après Jésus se présentera comme étant le Pain de Vie par sa Parole et par son Corps offert ; et qu’annoncent déjà Jn 6,41-42 ; 6,51 ; 6,70-71 ? Puis la Pâque intervient à nouveau en Jn 11,55 et 12,1 ; quel est l’épisode qui précède immédiatement (cf. Jn 11,49-54), et que lit-on en Jn 11,57 et Jn 12,10‑11 ? Et que dit Jésus en 12,7-8 à propos du geste que Marie vient d’accomplir à son égard ? Puis, la Pâque apparaît dans notre chapitre en 13,1, et finalement en 18,28.39 et 19,14. Conclusion : dans St Jean, à quoi cette fête de Pâque fait-elle sans cesse allusion ? Et de fait, que retrouve-t-on en Jn 13,1 juste après la mention de « la Pâque » ? Quel verbe intervient par deux fois dans la seconde moitié de ce verset ? Que manifestera donc avant tout la Passion de Jésus ? Et comment cela se manifestera-t-il (cf. Jn 15,13) ? Retrouver cette dernière réponse en Jn 10,17-18. Dans ces derniers versets, le mot « pouvoir » intervient par deux fois ; mais à la lumière du contexte général de l’Evangile de Jean, de qui vient tout « pouvoir », aussi bien pour Jésus (Jn 5,26-27 ; 17,2 ; voir aussi avec le verbe « pouvoir » : 5,19-20) que pour les hommes (Jn 1,12 ; 19,10-11 ; voir aussi avec le verbe « pouvoir » : Jn 3,2-5 ; 3,27) ? Ce mot « pouvoir » intervient d’ailleurs huit fois en St Jean, un chiffre qui symbolise « l’infinie perfection »… De qui Jésus tient-il donc « le pouvoir », la possibilité, la capacité de « se donner » pour le salut du monde ? Et de son côté, que fait le Père vis-à-vis de son Fils en Jn 3,16 et Jn 6,32-33 ? Les réponses à ces dernières questions apparaissent dans l’épisode de Jésus priant juste avant son arrestation, dans le jardin de Gethsémani (cf. Lc 22,39-46). Quelle est, d’après ce texte, la réaction de Jésus face aux souffrances et à la mort désormais imminentes ? Et pourtant, qu’avait-il dit autrefois (cf. Mt 10,28 ; Lc 12,4-5 ; et Jn 4,34) ? Jésus nous apparaît ici pleinement humain, et tout proche de chacun d’entre nous… Et le Père, comme toujours, va exaucer sa prière (cf. Jn 11,41-42), non pas selon ce désir si légitime qu’il crie de toute son humanité, « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! », mais en lui donnant le pouvoir, la possibilité, la capacité d’aller jusqu’au bout de sa mission qui est de manifester que l’Amour de Dieu envers nous est plus fort que tout… Rien, pas même les pires atrocités qu’il subira de la part des hommes, ne pourra l’empêcher de les aimer et de désirer pour eux le meilleur. Et c’est ainsi qu’il offrira d’abord sa vie pour tous ceux qui auront participé plus activement à sa Passion et à sa mort (cf. Ac 3,13-15 et 3,25-26). Quel est donc ce meilleur qu’il désire pour chacun d’entre nous d’après Jn 10,10 et Rm 6,23 ; d’après Rm 2,7-8 ; d’après Col 1,12-13 ; d’après Jn 14,1-3 et 17,24 ; d’après Jn 15,11 ? Dieu veut notre Plénitude et notre Bonheur éternels plus que nous-mêmes… Cette volonté est l’expression de tout son Être, et Il Est Amour (1Jn 4,8.16). Et cet Amour qu’il nous porte, infini, immense, ne peut que le pousser à « vouloir » être avec ceux et celles qu’Il Aime, « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20), à « vouloir » que ceux et celles qu’Il Aime soient les plus heureux possible, « heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu » (Ps 33(32),12 ; 144(143),15 ; 146(145),5)… Alors, « que ta volonté soit faite », que ce que désire ton Amour se réalise… C’est ce que Jésus veut mettre en œuvre de tout son être, lui aussi (cf. Jn 3,16-17 ; 4,34 ; 6,37-40 ; 14,31 avec 12,50). Aussi, « Jésus, ayant aimé les siens les aima jusqu’à l’extrême de l’amour », jusqu’à donner sa vie sur une Croix pour chacun d’eux, pour que nous soyons tous lavés, purifiés de tout mal, arrachés à toute forme de ténèbres et comblés de sa Lumière et de sa Vie… Telle est toute l’œuvre du Christ Serviteur du Père et des hommes, par amour du Père et des hommes… Accepterons-nous de nous laisser ainsi aimer ? « Je chanterai à jamais les miséricordes du Seigneur » (Ste Thérèse de Lisieux)…

            En quels termes pourrait-on parler, avec 2Tm 1,7, de ce Don que le Père fait à son Fils pour lui permettre d’avoir la force d’aimer « jusqu’à l’extrême de l’amour » (Voir les notes de la TOB et de la Bible de Jérusalem pour Jn 13,1) pour le salut du monde ? Quelle grande leçon nous laisse donc le Christ en cet épisode de Gethsémani, selon l’expression employée au tout début en Lc 22,40 et à la fin en Lc 22,46 ? Voilà donc la première attitude, de cœur, qui devrait être la nôtre dans toutes les circonstances de notre vie (cf. Ep 6,18)… « Recevoir » de tout cœur, pour « pouvoir » aimer « comme » il nous a aimés (Jn 15,12), et « il n’y a pas de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,12-13). Certains le vivent comme le Christ, jusqu’à l’extrême, jusqu’à mourir sous les balles au pied de l’autel, comme en Irak… Mais nous, nous sommes tous appelés à le vivre en supportant patiemment les adversités, les contrariétés… qui nous arrivent toujours au moment où nous nous y attendons le moins… « C’est pourquoi, je vous le dis, veillez et priez en tout temps » (Lc 21,36)…

            Jn 13,1 donne donc la clé d’interprétation de tout ce qui suivra : la Passion du Christ, par amour, le don de sa vie jusqu’à mourir, sa résurrection mise en œuvre par le Père dans la Puissance de l’Esprit… C’est ce que nous rappelons à chaque Eucharistie où Jésus nous invite à venir recevoir le fruit de l’offrande de sa vie : notre vie éternelle (cf. Mc 14,22-24 ; Lc 22,19-20 ; Mt 26,26‑28 ; Jn 6,51-58). St Jean ne nous rapporte pas ce récit de l’institution de l’Eucharistie, mais il nous offre, à la place, l’épisode du lavement des pieds qui n’apparaît par contre que chez lui… Conclusion : pour St Jean, que signifie « servir » pour le Christ ? Retrouver cette dernière réponse avec Mc 10,45 repris en Mt 20,28. Que signifie donc pour le Christ « vivre l’Eucharistie » ? Nous le reverrons par la suite…

            L’épisode du lavement des pieds donne sens au récit de la Passion qui suivra. Mais l’Amour donné supplie d’être accueilli…Et quelle est la première réaction de Pierre lorsque le Christ arrive à ses pieds ? Se souvenir d’une réaction semblable de Jean‑Baptiste au moment du baptême de Jésus (cf. Mt 3,13-15)… Dieu déroute en Jésus Christ : le Très Haut, le Très Grand, le Tout Puissant se présente à nous comme le Tout Petit qui vient se mettre à notre service et meurt, faible aux yeux du monde, dans les mains des puissants de ce monde… Ainsi, avant de donner, il s’agira pour nous d’apprendre à recevoir, à nous laisser « servir » par le Christ, ce qui n’est jamais facile pour notre orgueil, notre amour propre… Et cette étape est indispensable : que répond en effet Jésus à Pierre ? A l’époque, l’hospitalité voulait que le Maître de Maison qui accueillait un hôte envoie ses serviteurs lui laver les pieds pour lui permettre d’entrer à son aise dans la maison garnie de tapis et de coussins… Jésus apparaît ainsi comme le Serviteur du Père, envoyé par le Père pour accueillir tous les hommes appelés à entrer dans sa Maison, dans son Royaume, dans cette Vie de Communion dans l’Unité d’un même Esprit… Pour Jésus, ce geste est donc avant tout un geste d’hospitalité, d’accueil, un rituel de bienvenue où le Maître de Maison fait tout pour que son hôte se sente bien à l’aise…

            St Pierre, de son côté, va avant tout percevoir ce geste du lavement des pieds comme un rite de purification. Et c’est vrai : c’est le Christ qui, en nous purifiant de toutes nos fautes, de toutes nos souillures, nous donne d’entrer dans la Maison du Père… « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures », dit le Seigneur (Ez 36,25). Cela suppose que nous prenions conscience d’avoir besoin d’être lavés, et que nous acceptions de nous laisser laver… C’est ce que fait ici St Pierre : que dit-il, en effet, en évoquant « non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête » (cf. Lc 5,8 ; se souvenir de la même réaction de Jean-Baptiste en Mt 3,13-15) ? Mais que lui répond Jésus en Jn 13,10 ? Surprise ! St Pierre serait-il déjà « pur tout entier » alors qu’il vient d’exprimer au Christ la perception présente qu’il a de sa misère ? Cela nous amène à préciser de quelle « pureté » le Christ parle… Manifestement, il ne s’agit pas d’une perfection synonyme d’absence de misères, de faiblesses, d’imperfections, etc… St Pierre vient de les reconnaître… Mais la réponse est là… Que font en effet la plupart des scribes et des Pharisiens, et quel est le résultat de cette attitude (cf. Jn 9,40-41) ? Quelle en est la racine (cf. Is 9,8 ; Jr 13,9 ; 48,29 ; Os 5,5…) ? Et face à un tel état de fait, à quoi Dieu nous appelle-t-il (cf. Jr 2,22 ; 3,13) ? Que nous invite-t-il à rechercher avant tout (cf. Jr 5,1 ; 9,2 ; 9,4 : Za 8,16 et la fin de 8,19) ? Et où va celui qui répond à cet appel (cf. première moitié de Jn 3,21) ? Précisez la réponse en mettant en parallèle ce qui est dit du Père en Jc 1,17 et 2Co 1,3. Et quelle est la seule action que met en œuvre un tel Père en faveur d’un homme qui accepte de se reconnaître pécheur (Noter la perspective trinitaire que l’on découvre à travers tous ces versets : ¬ Ex 31,13 ; Lv 21,8 ; 22,32 ; Ez 20,12 ; 37,28 ; 1Th 5,23 ; Jn 17,17 ; ­ Jn 17,19 ; Hb 10,14 ; ® 2Th 2,13). Conclusion de toute la démarche avec 1P 1,22. Autrement dit, « la pureté » dont il est question ici n’est pas synonyme de perfection comprise comme une absence de défauts, de défaillances, etc… mais elle est synonyme de « vérité ». Le pécheur, aveuglé par ses fautes, et telle est leur conséquence inévitable, se met à « voir » dès lors qu’il accepte de reconnaître humblement son état (Se souvenir de Jn 9,39-41). St Pierre en est le plus bel exemple : il est pécheur, il le reconnaît humblement et de tout cœur devant Dieu ; en acceptant cette démarche de vérité, il s’ouvre à la Vérité de Celui qui n’est que Miséricorde, qui, face au pécheur n’a qu’un seul « réflexe », le sanctifier, le justifier… Il devient « pur », di Jésus à St Pierre. Même situation pour le Publicain de St Luc qui, dans le Temple de Jérusalem, « se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié » (Lc 18,13-14). Par contre, le Pharisien, pécheur comme tout le monde mais qui refuse de le reconnaître et se croit meilleur que les autres (cf. Lc 18,11-12), demeure dans l’aveuglement du plus grand péché qui soit, l’orgueil… D’ou la prière du Psalmiste (Ps 19(18),14) : « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil, qu’il n’ait sur moi nul empire! Alors je serai irréprochable et pur du grand péché. »

            Un indice nous disait déjà que Pierre était sur le bon chemin, de tout cœur… Jésus vient de se présenter comme « le Pain de Vie » par sa Parole et par sa Chair offerte. « Mais comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger », s’offusquent bon nombre de ses disciples… Et ils le quittent… « Voulez-vous partir vous aussi », dit alors Jésus aux Douze. Pierre répond en leur nom à tous : « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle ». En écoutant Jésus, il a vécu une expérience de « Vie éternelle »… Or, vient de dire Jésus : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (cf. Jn 6,60-71). Et cet Esprit est aussi « l’Esprit de Vérité » (Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13). Seuls ceux qui sont dans la vérité peuvent donc l’accueillir… Or, pour Pierre comme pour chacun d’entre nous, notre vérité est celle d’hommes pécheurs, blessés, si vite déficients… Et la vérité de l’Esprit est celle du « Père des Miséricordes » qui sanctifie les pécheurs… En accueillant dans la vérité de son être pécheur la révélation de la vérité des « entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), Pierre a accueilli la vérité de l’Esprit donné sans mesure avec cette Parole (cf. Jn 3,34 BJ), cet Esprit Eau Vive qui purifie et vivifie… Alors, Jésus peut lui dire : « Déjà, vous êtes purs »… Et Pierre peut confesser : « Tu as les Paroles de la Vie éternelle »… Tel est « le service » que le Christ Serviteur du Père veut accomplir pour tout homme pécheur qui acceptera de s’abandonner en vérité entre ses mains (cf. Mt 28,18-20 ; Ac 2,37-40 ; 1Co 6,9-11 ; Ep 5,25-27 ; Tt 3,4-7). Il est « le Seigneur » et « le Maître », mais pour Dieu, être « Seigneur » et « Maître », c’est aimer et donc servir dans l’humilité et la douceur (cf. Mt 11,29)…

Quelle est donc la base sur laquelle se construit toute vie chrétienne (cf. 1Co 3,11 ; Rm 9,16 ; Tt 2,11-12) ? Et si l’homme s’ouvre vraiment à cette action du Christ en Lui, que recevra-t-il aussitôt avec elle (cf. 1Th 4,7-8) ? Quelle en sera la première conséquence d’après Rm 5,5 ? Quels fruits pourra-t-on alors porter (cf. Ga 5,22-23 ; Ep 5,5-11 ; 2Tm 1,6-11) ? Quel commandement pourrons-nous mettre en pratique (cf. Jn 15,12) ? Le retrouver en actes en Jn 13,14-15… Xavier Léon Dufour commente le lavement des pieds en écrivant que « Jésus ne le présente pas simplement au titre d’un modèle extérieur à imiter, mais d’un don qui génère le comportement à venir des disciples… On pourrait paraphraser : « En agissant ainsi, je vous donne d’agir de même » » (LÉON DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (Ed. du Seuil ; Paris 1993), vol. III p. 36-37). Et quelle sera « l’état de vie » de celui ou celle qui « fera » effectivement ce à quoi le Christ nous invite tous (cf. Jn 13,17 ; 15,11) ?

            Mais qu’annonce Jésus en Jn 13,18 ? Et pourquoi le fait-il d’après Jn 13,19 ? A la fin de ce verset 19, St Jean reprend le Nom divin tel qu’il fut autrefois révélé à Moïse en Ex 3,14. Que nous dit cette allusion sur l’identité profonde de Jésus ?

            Enfin, quel Mystère évoque la formulation employée en Jn 13,20 sur ce que vivent « les envoyés de Jésus » avec leur Maître (cf. Jn 20,21), et Jésus lui-même avec le Père « qui l’a envoyé » (cf. 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1s ; 1Jn 1,3.6.7) ? Quelle en est une des conséquences d’après Lc 10,16 (cf. 2Co 13,3) ? A quel regard de foi Lc 10,16 nous invite-t-il vis-à-vis des frères et sœurs qui constituent notre communauté, notre Eglise ? Et par quelle attitude ce regard de foi se traduira-t-il très concrètement dans nos relations les uns avec les autres (cf. Rm 1,5 ; 16,26 ; et donc Ep 5,21 illustré en Ep 5,22 ; 5,25 ; 6,1 ; 6,5-7 en faisant bien attention au début de 6,9) ? A quoi nous invite également St Paul en Ph 2,1-4 (cf. Ep 4,1-3) ? Et quel exemple prend-il en Ph 2,5-11 ? Ainsi, dans ce Mystère où « en définitive, l’amour extrême est le partage par Jésus de son union avec le Père », « l’action attendue des disciples » consiste « dans la disponibilité foncière et effective à être au service les uns des autres, un service sans réserve, exempt de la volonté de puissance » (X. Léon Dufour)…

L’annonce de la trahison de Judas (Jn 13,21-30)

            En Jn 13,21, Jésus est « troublé » comme il le fut en Jn 12,27 (voir les notes de nos Bibles), et en 11,33 : quel est le point commun à ces trois textes, quelle réalité « trouble » Jésus ?

            « En vérité, en vérité » apparaît 25 fois en St Jean, et jamais en Matthieu, Marc ou Luc… L’affirmation est donc solennelle… Jésus y avait fait déjà allusion en Jn 13,18 où il avait cité le Ps 41(40),10 ; relire ce verset en entier : comment « celui qui mange mon pain » est-il appelé dans la première partie de ce verset (lire les notes de nos Bibles données pour ce verset) ? Judas a entendu cette Parole de Jésus : en citant ce Psaume, que lui disait indirectement Jésus ? Et en lui donnant plus tard la bouchée, il y reviendra de nouveau, car ce geste permettra l’accomplissement littéral de la prophétie : « Celui qui mange mon pain »… De plus, en donnant cette bouchée à Judas, nous avons ici commente Raymond Brown « un acte tout spécial d’estime par lequel le Maître du repas distinguait un invité qu’il souhaitait honorer tout particulièrement ». Que lui disait donc Jésus une nouvelle fois ? Et puis au moment de son arrestation, que lui dira-t-il, cette fois directement, en Mt 26,50 ?

            Mais hélas, Judas n’ouvrira pas son cœur à l’Amour Miséricordieux de Jésus ; à qui plutôt ouvrira-t-il la porte (cf. Jn 13,27 ; 13,2) ? Dans quelle dynamique entre-t-il d’après Jn 10,10 ? La retrouver dans la première moitié de Jn 8,44… Et de fait, Jésus sera mis à mort sur une croix… Mais qu’adviendra-t-il également de Judas (cf. Ac 1,15‑19 ; autre tradition en Mt 27,3-10) ? Et d’après la seconde moitié de Jn 8,44, sur quel chemin Judas s’engage-t-il ? Le retrouver en Lc 22,48…

« Aussitôt la bouchée prise, il sortit : il faisait nuit ». Désormais, c’est « l’heure des ténèbres » (Lc 22,53).

Jacques Fournier

Correction de la fiche N°22 :

CV – 22 – Jn 13 correction




Première journée Cycle Long 2020 à Cilaos

Ce samedi 1° février, la formation « Cycle Long » a commencé dans le cirque de Cilaos. Environ quarante cinq participants étaient présents… P. Victor, pour l’occasion, avait fait repeindre la salle paroissiale, travaillé à l’étanchéité du toit et acheté 25 tréteaux métalliques avec autant de plateaux en bois blancs pour que tous puissent être bien installés… Dès sept heures un quart beaucoup étaient déjà là et ont donné un coup de main à la préparation de la journée… Puis à huit heures, nous avons commencé par la prière du matin, les Laudes, suivie par un bon petit déjeuner : café, pain, beurre, miel et toutes sortes de confitures…

Puis ce fut l’introduction à cette formation Cycle Long, abordée le dimanche 26 janvier à St Denis pour tous les autres groupes de l’île. Mais la tempête Diane venait de passer et la route de Cilaos était fermée par précaution… Nous avons ensuite abordé une rapide introduction à la Bible et… l’heure du repas était déjà arrivée… Au menu, poulet et rôti de porc cuits au feu de bois… Extra… Et l’après midi, nous avons commencé à aborder le Mystère du Christ, vrai homme et vrai Dieu… La journée s’est conclue par la célébration de l’Eucharistie à l’Eglise à 17h 00… Rendez-vous maintenant pour la prochaine étape le samedi 7 mars, dès 7h 15 pour celles et ceux qui voudront préparer la prière du matin, les Laudes…

Brigitte et Yoland, responsables de l’équipe de service du groupe St Denis samedi, étaient arrivés la veille au soir pour donner un coup de main…

Yoland et Brigitte… et Noéline et Brigitte…

Et le lendemain matin, le soleil était au rendez-vous sur la cure de Cilaos…

Jacques et P. Victor…




Démarrage du Cycle Long 2020

Ce dimanche 26 janvier, tous les groupes Cycle Long de l’île étaient invités à se retrouver au collège St Michel à St Denis. Les jours qui précédèrent, la tempête tropicale Diane s’approcha de la Réunion pour passer au plus près samedi. Le sud fut très touché par la pluie : radiers submergés, routes détruites… Mais en regardant son déplacement et les prévisions de météo France, nous avons décidé de maintenir notre journée… et dimanche matin, c’est un ciel bleu sans nuage qui nous accueillait… Certains furent bloqués chez eux, notamment tout le groupe de Cilaos, la route étant fermée… Mais pour le reste de l’île, la grande majorité de celles et ceux qui avaient prévu de venir purent le faire et nous étions un peu plus de 220 sur 310 inscrits. Que le Seigneur maintenant nous aide à cheminer à sa suite, jour après jour, rencontre après rencontre, pour que nous puissions découvrir le plus possible, en le vivant, les trésors cachés de cette Bonne Nouvelle qu’il veut communiquer à toute l’humanité… Croire, c’est accueillir… « Consentir, c’est être sauvé » (St Bernard)…

La veille, nous sommes allés chercher les fleurs pour la journée, bouquets superbes préparés par Yolande :

Et voici les photos de la journée, avec Christelle et Fédéric à la porte du collège pour l’accueil…

Dans le hall d’entrée, la Vierge Marie accueillait tous les participants, et au premier, la salle d’étude était prête, arrangée et décorée la veille par l’équipe de service…

Préparation de la prière des Laudes… et clin d’oeil de Jacques et Claude…

Yolain et Jean Albert ont commencé par nous présenter la Liturgie des Heures et la prière des Laudes:

Après les Laudes, petit déjeuner…

Jacques et Claude ont ensuite présenté le programme de l’année, le premier pour la partie biblique, le second pour la parte théologique:

Les premières années ont ensuite été introduits à la lecture de la Bible, pendant que Yannick Leroy intervenait pour les secondes années sur le thème : « La perception du Christ dans le judaïsme ancien et les origines du Christianisme ».

Puis vint le temps du repas… et de la vaisselle…

 

Et l’équipe apportait dans le hall d’entrée un bon café chaud…

 

Puis, pendant que l’Equipe de Service présentait aux premières années les différents aspects du Cycle Long, Fr Manuel Rivéro intervenait pour les secondes années sur le thème : « Je crois en Jésus Christ, le Fils unique de Dieu » (Catéchisme de l’Eglise Catholique & 422 – 455).

Pendant ce temps là, l’équipe faisait le bilan de la journée, chacun pour son groupe…

Et la journée s’est terminée par la célébration de l’Eucharistie, présidée par P. Firmin, intervenant pour la Bible dans les deux groupes de St Denis. Nous avons notamment prié pour P. Joseph Lekundayo, intervenant pour la Bible dans les deux groupes de l’Etang Salé ; il devait être avec nous, mais hélas, il lui a fallu partir précipitamment rejoindre sa famille pour le décès de sa soeur Francesca.

A la fin, P. Firmin a béni toute l’équipe de service du Cycle Long pour sa mission cette année…

 

 




Le faux prophète au service de la Bête (Ap 13,11-18)

            Je vis ensuite surgir de la terre une autre Bête ; elle avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon. (12) Au service de la première Bête, elle en établit partout le pouvoir, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête dont la plaie mortelle fut guérie. (13) Elle accomplit des prodiges étonnants : jusqu’à faire descendre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre ; (14) et, par les prodiges qu’il lui a été donné d’accomplir au service de la Bête, elle fourvoie les habitants de la terre, leur disant de dresser une image en l’honneur de cette Bête qui, frappée du glaive, a repris vie. (15) On lui donna même d’animer l’image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la Bête. (16) Par ses manœuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, (17) et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. (18) C’est ici qu’il faut de la finesse! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est 666.

            

            Cette deuxième bête « avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon » (Ap 13,11). Elle se présente donc comme un agneau, comme le Christ, comme un envoyé du Christ, un prophète du Christ, mais son langage et sa doctrine sont ceux du Serpent, de l’Adversaire, du Dragon… Elle est d’ailleurs à « son service »… La Bible de Jérusalem écrit en note : Cette seconde bête « sera désignée par la suite sous le nom de “ faux prophète ” (Ap 16,13 ; 19,20 ; 20,10). Avant de décrire le retour du Fils de l’homme (Ap 14,14-20 ; cf. 19,11s et Mt 24,30), Jean montre à l’œuvre les faux christs (première Bête) et les faux prophètes (deuxième Bête) annoncés par le Christ, (Mt 24,24 ; cf. 2 Th 2,9). »

 Christ Ressuscité - Lisieux

            Et ces faux prophètes accomplissent des prodiges étonnants (Ap 13,13-14) comme autrefois les devins de Pharaon face à Moïse (cf. Ex 7,8-13)… C’est pour cela que tout signe, tout prodige, aussi magnifique soit-il, doit toujours être reçu avec prudence et discernement… « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Ap 13,9)… Le but de ces prodiges, de ces signes trompeurs et mensongers, est d’attirer le plus possible de personnes loin de la vérité, et donc loin de Dieu… Par « ses manœuvres », par ses menaces de mort…, cette seconde bête arrive ainsi à « marquer » le nom de la Bête ou le chiffre de son nom, « sur la main droite et sur le front », une nouvelle parodie qui vise cette fois le baptême où chaque chrétien est marqué en son cœur du sceau ineffaçable de l’Esprit (2Co 1,22 ; Ep 1,13-14 ; 4,30), le plus beau cadeau que Dieu puisse lui faire… Car avec lui et par lui, il lui donne de participer, gratuitement, par amour, à ce qu’Il Est, à ce que Lui seul Est… Et c’est ainsi que l’homme, sa créature, peut devenir à son image et ressemblance (Gn 1,26-27 ; Jn 1,12-13), vivant du souffle de l’Esprit (Gn 2,7), et donc de sa Lumière et de sa Vie… Souvenons-nous du tout début du Livre de l’Apocalypse : « Puisque tu as gardé ma consigne de constance, à mon tour je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va fondre sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre. Mon retour est proche : tiens ferme ce que tu as, pour que nul ne ravisse ta couronne. Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu; il n’en sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la Cité de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel, de chez mon Dieu, et le nom nouveau que je porte » (Ap 3,10-12). Et puisque le nom dans la Bible renvoie au Mystère de celui qui le porte, le « Nom de Dieu » est « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière », (1Jn 1,5), « Amour » (1Jn 4,8.16). Dieu-AmourAvoir gravé sur lui le nom de son Dieu, c’est participer à son Esprit, à sa Lumière, à son Amour… Tel est le fruit par excellence du baptême… Et le don de cet Esprit par lequel le Père a ressuscité son Fils d’entre les morts, nous donne à notre tour, de participer déjà, dans la foi, à la condition future des ressuscités (Ep 2,6 ; Col 2,12 ; Rm 8,11), au nom nouveau que Jésus porte… Enfin, cet Esprit reçu est celui qui habite en Plénitude le Père, le Fils et l’Esprit Saint, ces Trois Personnes divines qui vivent en communion dans « la Maison du Père » (Jn 14,1-4), le Royaume des Cieux (Rm 14,17 ; 2Co 13,13). C’est pour cela que ceux qui acceptent de recevoir ce Don de l’Esprit et qui essayent par la suite de lui demeurer fidèles par leur obéissance de cœur, reçoivent aussi « le nom de la Cité de mon Dieu » qui est en fait « communion »… Telle est la Jérusalem céleste (Ap 21,1-4) déjà offerte à notre foi par le Don de l’Esprit qui nous introduit dès maintenant, dans un mystère de communion, de cœur, avec Dieu… Alors, « heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru », car au milieu de toutes les épreuves de ce monde, ils vivent déjà, dans le secret de leur cœur, de la vie, de la paix et de la joie discrète mais souveraine du Royaume…

 foule

            Notons enfin que cette marque de la bête « sur la main droite ou sur le front » est lié ici au fait d’acheter ou de vendre, c’est-à-dire, d’une manière ou d’une autre, à l’argent : « Nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom » (Ap 13,17). Or, tout comme la bête, l’argent peut devenir une idole si la seule préoccupation est de l’amasser pour lui-même… «Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Lc 16,13).

 

Le chiffre 666            Et « c’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est 666 » (Ap 13,18). C’est un chiffre d’homme : la clé est donc un nom d’homme… Ce chiffre ne renvoie donc pas à Satan, à l’Adversaire, mais à un homme qui fait son jeu en faisant le mal… Or tout le contexte pointe vers le nom d’un empereur romain… C’est donc dans cette direction que les recherches ont porté. St Irénée de Lyon (2°-3° s ap JC) proposait « lateinos » (latin) ou « teitan » (Titan)… Des copistes, sur certains manuscrits, ont aussi changé 666 en 616 pour arriver à l’empereur romain Caligula (surnommé Gaios Kaisar) ou pour désigner plus généralement tout empereur divinisé (Theos Kaisar)… Quoiqu’il en soit, « on retiendra que ce verset énigmatique ne prend tout son sens qu’à la lumière du contexte plus large des chapitres 13-18, où toutes les descriptions de la Bête et de ses activités convergent en direction de Rome et du pouvoir impérial » (Jean-Pierre Prévost).                

                                                                                                                       D. Jacques Fournier

 

 AP – SI – Fiche 24 – Ap 13,11-18 : Cliquer sur le titre précédent pour accéder au document PDF pour lecture ou éventuelle impression.




SACREMENT DES MALADES.

Le sacrement de l’onction des malades n’est pas un sacrement réservé aux derniers moments comme le laissait entendre les expressions « extrême onction » et « derniers sacrements ».
Il s’adresse aux fidèles dont la santé commence à être dangereusement atteinte par la maladie ou la vieillesse, au moment où la maladie devient une épreuve difficile à supporter, à ceux qui vont subir une opération sérieuse et aux personnes âgées dont les forces déclinent beaucoup. L’onction des malades ne remplace en aucun cas les soins médicaux.
Le Concile Vatican II, dans la Constitution sur I’Église, Lumen Gentium, le 21 novembre 1964, au n°11 dit : .. ». Par l’onction sacrée des malades et la prière des prêtres toute l’Église recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, afin qu’il adoucisse leurs peines et les sauve. Elle les exhorte à s’unir spontanément à la passion et à la mort du Christ.., pour contribuer ainsi au bien du Peuple de Dieu. »

 

LA MALADIE DANS LA VIE HUMAINE

Nous citerons essentiellement le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) publié sous le Pontificat de Jean-Paul II en 1997.

CEC.1500. »La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l’homme fait l’expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.
CEC.1501 » La maladie peut conduire à l’angoisse, au repliement sur soi, parfois même au
désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l’aider à discerner dans sa vie ce qui n’est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l’est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu, un retour à Lui. »

Si la foi révèle un certain lien entre la souffrance et la condition pécheresse de l’humanité, on ne peut (sauf exception) considérer la maladie comme une punition infligée à chacun pour ses propres péchés.
Cf. Déjà le livre de Job. (150 ans avant Jésus-Christ.)
Les grandes épreuves de Job comme sa maladie, ne sont pas une punition pour des fautes qu’il aurait commises, comme ses amis le disent.
Cf. Jn.9,3: « Si cet homme est né aveugle, ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du
péché de ses parents. »

 

LE CHRIST – MEDECIN

CEC.1503. « La compassion du Christ envers les malades et ses nombreuses guérisons d’infirmes de toute sorte (cf. Mt 4, 24) sont un signe éclatant de ce  » que Dieu a visité son peuple  » (Lc 7, 16) et que le Royaume de Dieu est tout proche. Jésus n’a pas seulement pouvoir de guérir, mais aussi de pardonner les péchés (cf. Mc 2, 5-12) : il est venu guérir l’homme tout entier, âme et corps ; il est le médecin dont les malades ont besoin (cf. Mc 2, 17). Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin qu’il s’identifie avec eux :  » J’ai été malade et vous m’avez visité  » (Mt 25, 36). Son amour de prédilection pour les infirmes n’a cessé, tout au long des siècles, d’éveiller l’attention toute particulière des chrétiens envers tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Elle est à l’origine des efforts inlassables pour les soulager. »

CEC.1504. » Souvent Jésus demande aux malades de croire (cf. Mc 5, 34. 36 ; 9, 23). Il se sert de signes pour guérir : salive et imposition des mains (cf. Mc 7, 32-36 ; 8, 22-25), boue et ablution (cf. Jn 9, 6 s). Les malades cherchent à le toucher (cf. Mc 1, 41 ; 3, 10 ; 6, 56)  » car une force sortait de lui qui les guérissait tous  » (Lc 6, 19). Ainsi, dans les sacrements, le Christ continue à nous  » toucher  » pour nous guérir. »

CEC.1505. » Emu par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse toucher par les
malades, mais il fait siennes leurs misères :  » Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies  » (Mt 8, 17 ; cf. Is 53, 4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53, 4-6) et a enlevé le  » péché du monde  » (Jn 1, 29), dont la maladie n’est qu’une conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a donné un sens nouveau à la souffrance : elle peut désormais nous configurer à lui et nous unir à sa passion rédemptrice. »

La souffrance, la maladie et la mort sont un mal pour l’homme. Le salut apporté par le Christ comporte leur suppression. Le Fils de Dieu va faire corps avec tous les hommes et partager leur situation pour les en délivrer.

 

JESUS EST PASSE PAR LA SOUFFRANCE.

Jésus ne vient pas expliquer la souffrance, mais il la partage.
Jésus est solidaire de l’humanité marquée par la maladie, la souffrance et la mort. Le fils de Dieu est devenu homme authentique, de notre humanité marquée par la souffrance et la mort.
Elles font partie de l’offrande pascale de Jésus pour le salut du monde.
La volonté de son Père n’est pas directement la mort de son Fils innocent, mais qu’il reste solidaire des hommes meme lorsque ceux-ci le font souffrir et le mettent à mort.

LE SACREMENT EST TOUJOURS UNE ACTION DU CHRIST.

CEC.1506. » Le Christ invite ses disciples à le suivre en prenant à leur tour leur croix (cf. Mt 10, 38). En le suivant, ils acquièrent un nouveau regard sur la maladie et sur les malades. Jésus les associe à sa vie pauvre et servante. Il les fait participer à son ministère de compassion et de guérison :  » Ils s’en allèrent prêcher qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient  » (Mc 6, 12-13).
Jésus-Christ continue maintenant sa mission auprès des malades, puisque, comme tout sacrement, l’onction des malades est une action du Christ lui-même.

CEC.315. Quel est le comportement de l’Église envers les malades?
»Ayant reçu du Seigneur le commandement de guérir les malades, l’Église s’emploie à le réaliser par les soins qu’elle leur apporte, ainsi que par la prière d’intercession avec laquelle elle les accompagne. Elle dispose surtout d’un sacrement spécifique en leur faveur, institué par le Christ lui-même et attesté par saint Jacques : « Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui dans l’Église exercent la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur » (Jc 5,14-15)

L’EGLISE UNIT LA SOUFFRANCE DU MALADE AU MYSTERE PASCAL DU CHRIST

CEC.316. Qui peut recevoir le sacrement de l’Onction des malades?
Tout fidèle peut le recevoir lorsqu’il commence à se trouver en danger de mort en raison de la maladie ou de son âge. Le même fidèle peut le recevoir de nouveau plusieurs fois, si l’on constate une aggravation de la maladie ou dans le cas d’une autre maladie grave. La célébration du sacrement doit être précédée, si possible, de la confession individuelle du malade.
Si un malade qui a reçu l’onction recouvre la santé, il peut, en cas de nouvelle maladie grave,
recevoir de nouveau ce sacrement. Au cours de la même maladie, ce sacrement peut être réitéré si la maladie s’aggrave.

CEC.317. Qui administre le sacrement?
Il ne peut être administré que par les prêtres (Évêques ou prêtres).

CEC.318. Comment est-il célébré?
La célébration de ce sacrement consiste essentiellement dans l’onction d’huile, si possible bénie par l’Évêque (au cours de la semaine sainte), onction faite sur le front et sur les mains du malade (dans le rite romain), ou encore sur d’autres parties du corps (dans d’autres rites). Elle s’accompagne de la prière du prêtre, qui implore la grâce spéciale du sacrement :
« Par cette onction sainte, que le Seigneur, dans sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit-Saint.
Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »
Pour mettre davantage en évidence que le Christ agit par son Eglise qui est la communauté des croyants, on a remis en valeur la célébration communautaire du sacrement des malades, lorsque celle-ci est possible.

CEC.319. Quels sont les effets du sacrement?
Le sacrement confère une grâce spéciale, qui unit plus intimement le malade à la Passion du
Christ, pour son bien et pour le bien de toute l’Église. (Les malades ne sont plus seuls, mais ils sont unis au Christ qui est lui-meme passé par la souffrance.) Cette grace apporte au malade le réconfort, la paix, le courage et le pardon des péchés si le malade n’a pu se confesser. Le sacrement procure aussi parfois, si Dieu le veut, le rétablissement de la santé physique. De toute manière, l’onction des malades prépare au passage vers la Maison du Père. »
Dans le sacrement de l’onction des malades, le Christ vient lui-même apporter la paix et la confiance, le pardon des péchés et la force morale face à la maladie. Le sacrement apporte une grâce de l’Esprit-Saint, comme réconfort et paix. Ce réconfort et cette paix intérieure contribue souvent à l’amélioration de l’état du malade et peuvent lui apporter la guérison.(Ce n’est pas un rite magique.) Si c’est nécessaire, le sacrement apporte aussi le pardon des péchés.

Quand il est accueilli dans la foi de l’Eglise, le sacrement des malades est puissance de réconfort, soutien dans l’épreuve et ferment pour triompher de la maladie si Dieu le veut.
Le malade, dont la maladie et la souffrance sont unies au sacrifice pascal du Christ, participe avec lui au salut du monde.
Il est loin d’être inutile, même s’il ne peut plus rien faire. Il vit une participation à la mission du Christ lui-même. C’est pourquoi, le sacrement des malades prépare à la réception de l’eucharistie (viatique) où il fait corps avec Jésus-Christ qui s’offre pour le salut du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Fiche n°5 : La purification du Temple (Jn 2,13-22)

1 – La purification du Temple (Jn 2,13-22)

 

            La fête de « la Pâque des Juifs » apparaît pour la première fois dans notre Evangile en Jn 2,13. Elle y intervient en tout dix fois : Jn 2,13.23 ; 6,4 ; 11,55 (2x) ; 12,1 ; 13,1 ; 18,28.39 ; 19,14. Remettons-nous dans le contexte de cette fête.

            D’après le tableau chronologique situé au dos de nos Bibles, Abraham est situé vers 1850 avant Jésus-Christ. D’après Gn 11,28.31 ; 15,7, il est originaire de la ville d’Ur, au sud est de Babylone. Voilà celui que Dieu appellera pour se constituer un Peuple, Israël. Sa vocation sera d’être au service de Dieu (Is 41,8-9 ; 44,1-2 ; 49,3) pour que sa bénédiction puisse être révélée et accueillie par la terre tout entière (cf. Gn 12,1-4). Abraham aura pour fils Isaac (Gn 17,19 ; 21,3-5), Isaac engendrera Jacob (Gn 25,26), et Jacob aura douze fils qui deviendront les douze ancêtres des douze tribus d’Israël (Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, Joseph, Benjamin, Dan, Nephtali, Gad, Asher). A la suite d’une famine, tous allèrent s’installer dans le delta du Nil, en Egypte. Là, ils prospérèrent jusqu’à devenir un peuple nombreux. Les Pharaons se succédèrent… Si les premiers étaient accueillants, Ramsès II, vers 1250 av JC, verra en ce peuple une menace pour son Royaume (Ex 1,9-10). Il leur imposera des travaux épuisants (Ex 1,11-14) et ira même jusqu’à ordonner la mort de tous les nouveaux-nés de sexe masculin (Ex 1,15-22). Alors, un jour, Dieu se manifestera à Moïse et lui dira : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel », la Terre Promise (Ex 2,7-8)… A l’invitation de Dieu, Moïse ira voir plusieurs fois le Pharaon oppresseur pour lui demander de les laisser partir… Mais celui-là refusera à chaque fois… Toute une série de catastrophes naturelles contribueront alors à ce que Pharaon lâche enfin prise : eau imbuvable, invasions de grenouilles, de moustiques, de taons et de sauterelles, grêle, épidémies… L’auteur du Livre de l’Exode présente « dix plaies », un chiffre symbolique qui renvoie aux « Dix Paroles » de la Loi de Moïse (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6-22). Or, « tout ce que Dieu dit, il le fait » (Ps 115(113b),3 ; 135(134),6). Cette conviction s’exprimera de façon poétique dans le récit de la création du monde, lui aussi en Dix Paroles (Gn 1,1‑2,4) : « Dieu dit : « Que la lumière soit », et la lumière fut… Dieu dit : … et il en fut ainsi »… Le chiffre « dix » renvoie donc symboliquement dans la Bible à la Parole de ce Dieu qui fait toujours ce qu’il dit. Il avait dit à Moïse qu’un jour il délivrerait son Peuple de la main de ses oppresseurs… Il l’a dit, il a fait en sorte qu’il en soit ainsi à travers de multiples circonstances naturelles (« les dix plaies ») et c’est arrivé…

            Avec la fête de Pâque, Israël sera invité par la suite à se souvenir, chaque année, de cette libération d’Egypte dans la certitude qu’il est toujours en relation avec le même Dieu. Autrement dit, ce que Dieu a fait autrefois pour la génération de Moïse, il peut toujours le refaire dans les circonstances différentes de « l’aujourd’hui » de l’histoire. C’est ainsi que chaque génération est invitée à dire : « Nous étions esclaves de Pharaon en Egypte » (Dt 6,20-25)… La libération est à chaque fois réactualisée…

Le mot « pâque », en hébreu, est expliqué par un verbe qui veut dire « passer » : Dieu est « passé » en Egypte pour que son Peuple puisse « passer » avec Lui de « la misère » au bonheur, des « cris » de souffrance aux cris de joie, des « angoisses » à la paix, de l’esclavage à la liberté… Pour célébrer cette fête, on sacrifiait un agneau et on le mangeait tous ensemble en famille (Ex 12,1-14 ; Dt 16,1-8).

            En évoquant en Jn 2,13 « la pâque des Juifs », c’est à tout ce contexte que St Jean fait allusion. En effet, comment a-t-il déjà présenté Jésus en Jn 1,29 et 1,36 ? Et il mourra sur la Croix la veille de cette grande fête de Pâque qui tombait, cette année-là, un jour de Sabbat. Parmi les dates possibles (les années 27, 30 et 33), les spécialistes retiennent le plus souvent le vendredi 7 avril 30. Jésus sera donc crucifié en ce « jour de la Préparation » de la fête (Jn 19,14.31.42) où l’on immolait dans le Temple de Jérusalem tous les agneaux qui allaient ensuite être mangés en famille… En relisant cet événement tragique à la lumière de leur foi, les disciples de Jésus comprendront plus tard qu’il est le vrai Agneau pascal immolé pour que nous « passions » avec lui de « la misère » du péché au bonheur, des « cris » de souffrance aux cris de joie, des « angoisses » à la paix, de nos multiples esclavages à la liberté, de la privation de la Plénitude de la Vie par suite de nos fautes à l’expérience de cette Plénitude… « Le salaire du péché, c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus » (Rm 6,23). Heureux alors ceux et celles qui acceptent de faire la vérité dans leur vie pour offrir au Christ, en vérité, leurs multiples misères. Avec « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », l’Agneau immolé pour nos péchés, ils feront l’expérience de la vraie Lumière et de la vraie Vie, dès maintenant, dans la foi… « Heureux ceux qui ont cru », dira alors Jésus (Jn 20,29)…

            La fête de Pâque était donc une des trois grandes fêtes de pèlerinage où Ies Israélites étaient invités à monter au Temple de Jérusalem. C’est ce que fait ici Jésus… Et en entrant dans la grande cour du Temple (400m x 300m), il y trouve tous les animaux qui étaient utilisés dans les différents sacrifices pratiqués à cette époque, et notamment « les sacrifices pour le péché » (Lv 4-5). En signe de résistance vis-à-vis de l’occupant romain, toutes les transactions devaient s’effectuer non pas avec la monnaie romaine, mais avec celle utilisée à Tyr, au Nord d’Israël. Pour acheter un animal en vue de l’offrir en sacrifice, il fallait donc commencer par changer ses sesterces en monnaie tyrienne… Mais Jésus chasse ici tous ces animaux et renverse les tables des changeurs… « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce », déclare-t-il. Tous faisaient en effet beaucoup de profit sur le dos des pèlerins : les marchands bien-sûr, mais aussi les changeurs et le grand-Prêtre responsable du Temple qui percevait un pourcentage sur toutes ces activités… Or, nous dit Jésus, « nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Mt 6,24). La logique de l’argent est en effet trop souvent : accumuler pour soi au détriment des autres. Et parfois tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins : vols, mensonges, injustices… Autant d’attitudes contraires à celles que Dieu attend de nous… Dieu en effet est Amour (1Jn 4,8.16), et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », disait Ste Thérèse de Lisieux… « Aimer » n’est donc pas un « pour soi » mais un « pour l’autre ». Toute l’œuvre du Christ consistera, petit à petit, à nous arracher aux ténèbres du repli sur soi, pour nous ouvrir à l’Autre et au même moment aux autres… « L’amour du Christ nous presse », écrit St Paul, « à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts. Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2Co 5,14-15). Ainsi, « nul d’entre nous ne vit pour soi-même… si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur » (Rm 14,17-18). Et ce « vivre pour le Christ » se traduira par un « vivre pour les autres », leur bien, leur vie, leur Plénitude… En effet, nous dit Jésus, « si vous m’aimez, vous garderez mes commandements »… « Et voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Et nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 14,15 ; 15,12-13)…

Par son geste prophétique, Jésus cherche donc à secouer les consciences pour les réorienter vers une recherche authentique de Dieu qui ne pourra que se concrétiser dans une recherche effective de ce qui est bien pour autrui… Mais au même moment, en chassant tous ces animaux du Temple, il devient impossible d’offrir un sacrifice… Mais souvenons-nous, qui est celui qui accomplit ce geste (Jn 1,29.36) ? Que faisait-on au Temple au moment où il mourût sur la Croix ? Quel sens aura son offrande sur la Croix d’après Hb 9,26b ; Hb 10,5-14 ? Et à l’invitation de son Seigneur, l’Eglise fait mémoire de cette offrande unique chaque fois qu’elle célèbre l’Eucharistie (cf. Lc 22,19‑20 ; 1Co 11,23-25). Elle s’approprie pour elle-même, et elle propose au même moment au monde entier, les bienfaits de l’unique Passion du Christ vécue pour le salut de tous les hommes (Jn 3,16-17)… St Jean suggère encore cet événement central pour notre foi par la citation du Ps 69(68),10 ; noter que dans l’Ancien Testament, le verbe « dévorer » est traduit ou bien par un présent (Bible de Jérusalem), ou bien par un passé (TOB), les deux exprimant les nuances possibles du temps hébreu utilisé. Or St Jean l’a remplacé par un futur qui renvoie à la Passion du Seigneur… C’est là en effet que « le zèle de la maison de Dieu dévorera » le Christ jusqu’au bout (Jn 13,1), jusqu’à la mort sur une croix. Et sa Résurrection manifestera à quel point « son amour envers nous s’est montré le plus fort » (Ps 117(116)) : plus fort que tous nos péchés, nos trahisons, nos injustices, nos méchancetés, notre cruauté… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et il offrira sa vie pour ceux-là même qui le tuent (Ac 3,26)… Désormais, un seul sacrifice sera pleinement efficace pour tous les hommes de tous les temps : celui de « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »… Car c’est « le sang du Christ », et lui seul, qui peut « purifier notre conscience des œuvres mortes » que nous avons pu accomplir « pour que nous rendions un culte au Dieu vivant » par toute notre vie, une vie de charité (Hb 9,14)… Tel est « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle versé pour la multitude en rémission des péchés »…

            En chassant les animaux, Jésus supprime par un geste prophétique le culte du Temple, avec tous ses sacrifices. Ses interlocuteurs ne s’y trompe pas, et ils lui demandent un signe venant du ciel qui authentifierait sa mission… Mais cette demande prouve qu’ils sont « aveugles de cœur » (cf. Mt 13,10-17). En effet, ils ont sous les yeux « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), « le Fils Unique de Dieu, de même nature que le Père », disons-nous dans notre Crédo. « Il est Dieu né de Dieu »… Son humanité est donc le signe visible de la Présence de Dieu au milieu des hommes… « Il est l’image du Dieu invisible » dit St Paul (Col 1,15), là, sous leurs yeux, tout près, tout proche, offert à leurs regards, mais ils ne le reconnaissent pas !

Noter alors ce que Jésus leur déclare en Jn 2,19. Comment comprennent-ils cette Parole ? La mention des « 46 ans » permet de dater la scène : Hérode le Grand avait entrepris les travaux de restauration et d’agrandissement du Temple en 20-19 avant Jésus-Christ. Nous sommes donc en 27-28 après Jésus-Christ. Souvenons-nous qu’une des trois dates où la Pâque tombait un jour de sabbat était justement l’an 27 après Jésus-Christ. Nous constatons ici qu’elle ne peut correspondre à l’année de la mort de Jésus…

            La réponse est dans la question, mais noter quel terme St Jean a employé jusqu’à maintenant pour parler du Temple de Jérusalem (cf. Jn 2,14-15 ; « iéron », en grec). Puis relever celui qui intervient dans la Parole de Jésus et le commentaire qui suit immédiatement en Jn 2,19-21 (« naos », en grec). Combien de fois apparaît-il (le chiffre « trois » renvoie à Dieu en tant qu’il agit…) ? Or le mot employé désignait l’édifice central du Temple, là où se trouvait la pièce appelée « le Saint des saints », là où, croyait-on, Dieu habitait… Dans le régime de la Nouvelle Alliance, quel sera donc le Temple nouveau (cf. Jn 2,21) ? Et de fait, où « habite » Dieu le Père d’après Jn 10,38 ? Conclusion : à qui doit aller celui ou celle qui désire rencontrer Dieu ?

Par rapport au régime de l’Ancienne Alliance et de ses multiples sacrifices, nous voyions à quel point Jésus « n’est pas venu pour abolir la Loi ou les prophètes : il n’est pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17). La Loi de Moïse, avec ses multiples commandements et préceptes, est désormais remplacée par « le bon vin de l’Esprit Saint » (Message du Miracle des Noces de Cana, Jn 2,1-12). Et le Temple de Jérusalem laisse la place à Jésus Lui-même, le Temple de Dieu, au sens où il vit en parfaite communion avec le Père dans l’unité d’un même Esprit (Jn 10,30). Plus tard, cette notion de Temple sera élargie à tous les disciples de Jésus rassemblés en son Nom pour célébrer et vivre leur foi. En effet, « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20), uni à chacun d’eux dans ce même mystère de communion. Jésus est ainsi la « pierre vivante » sur laquelle repose tout l’édifice constitué des multiples « pierres vivantes » que sont les croyants (1P 2,4-5)… Le Temple Nouveau de la Nouvelle Alliance est donc tout à la fois Jésus et la communauté des croyants réunie en son nom : l’Eglise « Corps du Christ » dira St Paul… Nous voyons que l’élément qui lie de ces deux points de vue complémentaires est le Mystère de Communion dans l’unité d’un même Esprit. C’est ce que Jésus vit depuis toujours et pour toujours avec le Père, c’est ce qu’il est venu partager avec tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir dès maintenant, par leur foi et dans la foi… Et ce mystère d’union avec Dieu en un seul Esprit (cf. 1Co 6,17 ; 1Th 5,9-10 ; Ep 4,3) s’accomplira pleinement par-delà notre mort, en cet état de « ressuscités avec le Christ » où nous verrons enfin ce que nous ne pouvons pour l’instant que pressentir dans la foi (cf. 1Co 13,12 ; Col 3,1-4 ; 1Jn 3,1-2 ; 1P 1,6-9)…

Admirons la beauté du plan de St Jean. Après l’introduction générale du Prologue (Jn 1,1-18), il présente rapidement Jésus par l’intermédiaire de tous ses titres (Jn 1,19‑51). Puis il montre ce que sont devenus les deux piliers de la foi juive accomplie par le Christ : la Loi laisse la place à l’Esprit, le Temple à Jésus Lui-même en tant qu’il est venu nous révéler que Dieu est un Mystère de Communion. En effet, le Père, le Fils et le Saint Esprit vivent unis l’un à l’autre dans la communion d’une même nature divine qui est tout à la fois Amour (1Jn 4,8.16), Esprit (Jn 4,24), Lumière (1Jn 1,5)… Et c’est ce Mystère de Communion que le Christ est venu révéler et offrir à tous les hommes, pourvu qu’ils acceptent de renoncer à tout ce qui lui est contraire… Alors, « ce n’est plus à Jérusalem ou sur telle ou telle montagne » qu’il faudra se rendre désormais pour adorer Dieu… Il suffira de retrouver le chemin de son cœur pour « l’adorer en Esprit et en vérité » (Jn 4,24)…

 

______________________

Correction de la fiche N°5

corrige fiche 5