Témoignage de Robert Capaldi, membre de l’équipe Sedifop de 2012 à 2017, ordonné diacre le 13 juin 2021 à Bordeaux…
Je ne pouvais pas imaginer en juillet 2007 quand je suis arrivé aux Avirons pour enseigner aux primaires, que Dieu allait me conduire jusqu’au Diaconat. Dans la voiture qui m’emmenait route du Tévelave, je ne cessais de remercier notre Seigneur car c’était la concrétisation d’un vieux rêve à mon épouse Françoise et à moi et la beauté des lieux me portait naturellement à la louange et à l’action de grâce. Notre fille Audrey, la dernière de nos enfants, nous accompagnait et c’était une grande joie.
Nous avons habité au Tévelave où j’accompagnais ma famille à la messe chaque dimanche. Un jour, c’était en 2010, le Père Laurent Maunier, mon Curé a commencé à faire des annonces pour rénover la sacristie. J’ai tardé un peu à répondre mais je sentais que je devais m’impliquer. Je n’avais pas prévu de prendre de responsabilités particulières mais je voulais proposer un peu de mon temps.
Quand je me suis décidé, je me suis rendu à une réunion des « forces vives ». Hélas pour la peinture, les travaux étaient terminés depuis quelques temps déjà. Cependant, on avait besoin d’un responsable pour préparer les Adorations et comme personne ne se proposait, l’attention des participants s’est portée sur moi et après quelques hésitations, j’ai accepté. Je n’avais pas idée de ce qu’il fallait faire mais on me proposait l’aide d’une équipe dont j’ai animé les rencontres pendant plusieurs années.
Je me suis donc mis au service de l’Église. Mais quand même, si ce jour-là je n’ai pas repeint la sacristie, plus tard, j’ai repeint tout le chœur de l’église en blanc…
Ce fut un temps d’apprentissage ; de la préparation des adorations certes mais surtout de la vie en Église, un temps ou tous ensembles avec la compagnie de saint Joseph, nous avons vécu en famille, travaillant et faisant face aux difficultés, cherchant à nous soutenir les uns les autres.
Ensuite est venu le jour où le Père Laurent m’a proposé de m’occuper de la projection chaque dimanche et comme j’étais à côté de la chorale, j’ai fini par chanter avec elle.
Au fil du temps, nous avons constitué une équipe liturgique et nous préparions en plus de l’Adoration, la fête de saint Joseph, la messe du mercredi, la prière universelle des dimanches. Plus tard, avec cette équipe, je me suis mis au service des familles en deuil avec la prière pour les défunts ; une expérience poignante entre toutes.
Au Tévelave, nous avons pu bénéficier d’une formation sur l’Évangile de saint Jean sur trois ans avec le diacre Jacques Fournier, une fois par mois, le vendredi soir. C’était l’occasion pour Françoise et moi de rencontrer le Christ de façon plus personnelle, plus intime et souvent, comme pour les compagnons d’Emmaüs, je repartais le cœur tout brûlant de sa Parole.
Vers la fin de cette formation, Jacques nous a proposé de continuer avec le Cycle Long organisé par le Sedifop sur les mystères du Christ et les mystères de l’Église. Nous y sommes allés de bon cœur pendant deux ans. Actualiser ses connaissances, approfondir sa foi a été un vrai bonheur.
Après ces deux années d’étude, nous sommes entrés au service du Cycle Long comme serviteurs. C’était en 2012. Outre la satisfaction des besoins matériels, je montrais aux participants comment utiliser la liturgie des heures avec la Prière du Temps Présent et comment bien élaborer et structurer une prière universelle ; nous préparions aussi la messe du dimanche. Après, nous avons participé à l’équipe du Sedifop chargée, au Cycle Long et dans les paroisses qui le désirent, de présenter « la Liturgie des Heures » et d’apprendre à prier avec elle…
Au centre de la photo, en bleu, Robert Capaldi, avec à sa droite sa fille Audrey, et encore à droite, Françoise son épouse… A partir de la gauche, Josie Gasp et Jack Dambreville.
Malgré la fatigue parfois, être au service de la famille chrétienne a toujours été une grande joie. C’est bien cette façon d’être à son prochain qui s’enrichit et grandit au fil du temps et qui procure cette grande joie.
Avec Jacques Fournier, j’ai pu réaliser un vieux rêve en suivant deux ans de grec ancien dans le cadre des parcours FAC (Formations pour les Anciens du Cycle Long)…
Plus tard, je me suis engagé davantage au service de la paroisse en entrant au CPAP (Conseil Paroissial d’Animation Pastorale) à la demande du Père Laurent. Là, j’ai appris le fonctionnement en paroisse et pas seulement en quartier.
Ce que je ne savais pas, c’est que, depuis le début, le Père Laurent me mettait à l’épreuve pour discerner ma vocation et un jour, il m’a demandé si je voulais être diacre. J’étais étonné et je n’ai pas dit oui car tous ces cadeaux du ciel que j’avais reçus de mes frères et sœurs ne me suffisaient pas encore pour que je comprenne pourquoi tout cela m’avait été donné. Alors, Dieu s’est manifesté à moi d’une autre façon car il n’y avait pas plus sourd que le pauvre serviteur que j’étais.
P. Laurent Maunier avec Jacques et Noéline Fournier
Cela a commencé à la fête du doyenné de Saint Louis. Alors que je me promenais parmi les stands, une dame que je ne connaissais pas, s’adressa à moi pour me dire qu’elle m’avait observé plusieurs fois et qu’elle voulait savoir si j’étais diacre ou prêtre. Une autre m’a salué comme si j’en étais un. Ensuite, alors que je m’approchai d’un groupe d’hommes, pour demander un renseignement, ceux-ci m’intégrèrent à leur conversation sur ce qu’il advient avant que la goutte d’eau qui tombe dans le calice ne rejoigne le vin qui s’y trouve. J’étais troublé qu’un groupe de prêtres que je reconnus à la petite croix que chacun portait me traitât comme l’un des leurs. M’avaient-ils pris eux aussi pour un prêtre ou m’avaient-ils senti digne de participer à leurs mystères? C’est ainsi que les appels du Seigneur se sont manifestés pour la première fois. Mais par la suite, ils se sont multipliés.
Au Tévelave, plusieurs personnes ont demandé à des jours différents si c’était moi le Père. Comme je m’occupais de la projection lors de la messe et que nous formions une communauté bien soudée, je saluais mes amies de la chorale liturgique par une bise. Un jour, une personne de l’assemblée s’est scandalisée en me voyant faire et a demandé si c’était bien normal qu’un prêtre fasse la bise à ses paroissiennes avant la messe. Une autre fois, à une réunion du Prado qui rassemblait plusieurs groupes paroissiaux, une personne a demandé : « Celui que vous appelez Robert, c’est bien un prêtre non ? »
Après tous ces événements, je me suis dit : « Dieu me fait signe car avant l’intervention du Père Laurent, cela n’arrivait pas. Alors je vais dire « oui » de bon cœur, « oui » de tout mon cœur ». Mais j’avais dépassé la limite d’âge pour la Réunion…
De retour en Gironde en 2017, je me suis rendu à la fête paroissiale où j’ai raconté un peu de ce qui s’était passé au Père Éric Schirck mon nouveau Curé. Encouragé par nos échanges, j’ai demandé à Monseigneur Jean-Pierre Ricard s’il me voulait comme candidat au diaconat. C’est lui qui m’a permis d’entrer en formation diaconale. Ensuite Monseigneur Jean-Paul James m’a confirmé dans ma vocation en m’appelant au diaconat.
En fait, je n’ai pas décidé un jour que je voulais être diacre, j’ai juste dit « oui » à Dieu. Ma vocation religieuse m’a été révélée petit à petit par ceux qui m’entouraient au Tévelave et au Sedifop. Ensuite Dieu m’a rappelé en Gironde. Si tu pars, m’avait dit une amie, c’est que Dieu a une mission pour toi là-bas.
Ma vocation religieuse, je crois que je la portais en moi sans le savoir. Je me souviens de mon père qui disait parfois quand j’étais enfant, qu’on allait faire de moi un prêtre. Je ne voyais pas la raison de cette affirmation et de toute façon, je n’y pensais même pas. J’étais trop occupé à grandir ; probablement avait-il perçu quelque chose dans mon attitude qui m’échappait complètement.
Aujourd’hui, si je suis appelé au diaconat, c’est grâce à ma famille qui me soutient, grâce à tous mes amis du Sedifop, des Avirons et du Tévelave, à ceux de Gironde et de la formation diaconale qui m’ont accompagné doucement vers le lieu où Dieu voulait que je me tienne car notre Seigneur sait bien mieux que nous ce qui correspond à chacun.
Je vous remercie du fond du cœur pour tous ces cadeaux bénis et je vous invite à prier avec moi le jour de mon ordination au diaconat, le dimanche 13 juin 2021 à 18 heures (heure de la Réunion) pour que tous ceux que Dieu m’enverra puissent repartir le cœur tout brûlant de sa parole comme moi, je l’ai fait en votre compagnie. C’est ainsi que le Royaume qui est paix et joie dans l’Esprit Saint s’établira pour toujours sur la Terre.
Robert Capaldi
Et Françoise, son épouse, nous a adressé ces quelques lignes :
J’aime dire qu’à la Réunion, le Seigneur a fait pour nous des merveilles.
Il nous a donné de vivre dans la fraternité de la communauté chrétienne du Tévelave et des Avirons puis du Sedifop avec l’enseignement de Jacques Fournier et de Claude Won Fah Hin.
Claude Won Fah Hin
Au début, nous avions des amis surtout dans un seul village et ensuite dans toute l’île grâce au Sedifop : une vraie vie fraternelle en communion avec notre Seigneur. C’était un peu du ciel sur la terre.
J’ai dit « oui » au Père Laurent quand il a demandé pour Robert. Pour l’ordination, je redirai « oui » Ce ne sera pas seulement le mien mais ce sera aussi le « oui » de tous ceux qui nous ont accompagnés dans notre cheminement.
Marie-Françoise
Toute l’équipe du Sedifop s’est donc réjouit de l’ordination de Robert qui a eu lieu dimanche 13 juin 2021, par Mgr Jean Paul JAMES, archevêque de Bordeaux, en la cathédrale Saint André.
Déjà trois ans maintenant… Nous lui souhaitons encore et toujours beaucoup de joie, dans ce service du Christ. Nos meilleurs voeux à Françoise son épouse et à Audrey, leur fille, qui l’accompagnent et le soutiennent dans cette aventure… St Paul écrit en 1Corinthiens 9,5 : « N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Pour cette tâche consistant » à les soutenir dans l’organisation matérielle inhérente à la vie missionnaire, « les apôtres mariés, comme Céphas (Pierre), choisissaient normalement leur épouse »… Alors… meilleurs voeux à tous les trois dans cette aventure commune à la Suite du Christ, et cela non seulement pour leur propre joie (Jn 15,11), mais encore pour celle du plus grand nombre… car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,3-6) qui est celle de ce Dieu et Père de tous, proche de tous, nous bénissant tous (Gn 1,26-28) et trouvant sa joie de son côté à « ne pas cesser de nous suivre pour nous faire du bien »… « Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon coeur et de toute mon âme » (Jr 32,40-41)…
D. Jacques Fournier
Diacre François CAPALDI (05/2024)