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Dimanche 1er janvier 2023 – La révélation de Dieu et de notre vocation à tous (Lc 2,16-21) – D. Jacques FOURNIER

Nous l’avons entendu lors de la fête de Noël : à proximité de l’endroit où Jésus était né, « il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » » (Lc 2,8-14).

Une Parole leur est donnée… Vite, ils vont partir à Bethléem pour voir ce qu’il en est effectivement, et tel est l’évangile de ce jour : « Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant » (Lc 2,15-17).

Dieu fait vraiment ce qu’il dit…

Et ce « nouveau né couché dans la mangeoire » est révélation de ce que Dieu est de toute éternité, et donc, pour les hommes, depuis que l’humanité existe, et cela jusqu’à la fin des temps… En effet, nous lisons dans les dernières lignes du passage qui nous est proposé aujourd’hui : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». Or « Jésus » vient de l’hébreu « Jéhoshua » qui signifie « Dieu sauve »… Et le « nom » dans la culture hébraïque, renvoie au Mystère de Celui qui le porte… Or ce Nom lui a été donné « avant sa conception », c’est-à-dire avant que le Fils éternel du Père se fasse chair (Jn 1,14) et entre ainsi dans l’espace et le temps … Il nous dit donc ce que ce Fils « est » de toute éternité : un Sauveur… Et pourquoi ? Tout simplement parce Dieu est ce qu’il est depuis toujours et pour toujours : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). « Dieu nous aime parce qu’il est Amour, et le propre de l’amour est de se donner » (Pape François, audience du mercredi 14 juin 2017), gratuitement, par amour, à tous… « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? Il ne cesse d’être Lumière, pour tous, depuis que le monde existe, « éclairant ainsi tout homme venant dans le monde » (Jn 1,9), « faisant lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons » (Mt 5,45). En effet, « si nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 1,13), il ne peut pas ne pas être ce qu’il est, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même et cela pour le seul bien de celles et ceux à qui il se donne…

C’est ce que nous lisons dans la première lecture (Nb 6,22-27) : « Que le Seigneur te bénisse et te garde », et c’est bien ce qu’il fait pour tout homme, depuis que le monde existe… « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage », et c’est toujours ce qu’il fait pour « tout homme qui vient dans le monde » (Jn 1,9)… « Que le Seigneur tourne vers toi son visage », et il est de fait « tourné » vers tous, sans aucune exception, avec amour… « Et qu’il t’apporte la paix », le grand don de Dieu que Jésus, le Fils, est venu nous révéler : « Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Paix à vous » (Jn 14,27 ; 20,19-22).

Cette première lecture commençait par : « Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël »… Et elle se terminait par : « Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. » Telle est en effet la vocation d’Israël : accueillir et découvrir cette bénédiction du Dieu éternellement bienveillant, pour ensuite faire en sorte que tous puissent l’accueillir à leur tour. Relisons l’appel de Dieu à Abraham : « Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi (on pourrait aussi traduire « par toi ») seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » (Gn 12,1-4)…

Ce Mystère d’un Amour éternellement Bienveillant qui se donne gratuitement pour le seul bien de l’être aimé, est ce qui se vit en Dieu de toute éternité… Le Père n’a ainsi qu’une seule Parole à dire à son Fils, une Parole qui est éternelle, au delà du temps : « Je t’aime »… Et cette Parole est un acte : le Père lui donne tout ce qu’il a, tout ce qu’il est en lui-même, donnant ainsi au Fils d’être lui aussi ce qu’il est : « Lumière née de la Lumière », et cela en Fils Unique Engendré « né du Père avant tous les siècles », et donc avant que le temps n’existe… Réalité éternelle… Le Fils est ainsi l’héritier du Père par excellence : tout ce qu’est le Père, il l’est lui aussi en tant qu’il le reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, gratuitement, par amour… En se faisant chair de la Vierge Marie et en naissant dans le monde, il est ainsi venu « être » parmi nous ce que Dieu « est » de toute éternité, nous révélant ainsi « qui » est Dieu, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même, « Lumière » qui ne cesse de nous rejoindre au cœur de nos ténèbres (Jn 1,5), « vie » qui vient surgir gratuitement, par amour, au plus profond de toutes nos morts, « paix » qui veut régner au cœur même des conséquences en nous de tous nos désordres…

Ce faisant, Jésus est venu révéler aux hommes, à tous les hommes que Dieu aime (Lc 2,14), quelle est leur vocation : être fils « comme » le Fils, être héritier du Père, gratuitement, par amour, « comme » le Fils est héritier du Père gratuitement, par amour, et cela depuis toujours et pour toujours… Et tel est bien ce que St Paul nous dit dans la seconde lecture : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs », cet Esprit même que le Père en personne donne au Fils de toute éternité, gratuitement, par amour, lui donnant ainsi d’être « Esprit » comme lui-même est « Esprit », puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24)… Et ce Don en nous, « cet Esprit » en nous « crie « Abba ! », c’est-à-dire Père, et cela par tous les fruits qu’il apporte à nos cœurs : une paix qui ne vient pas de ce monde, une vie qui, seule, est pleinement, intensément « vie », une Lumière qui n’est que Beauté…  Ainsi, « toi aussi, tu es fils, toi aussi tu es héritier » comme le Fils : « c’est l’œuvre de Dieu »…

Et ce Don gratuit de l’Amour aura en nous le même effet qu’il a dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera à la Plénitude même du Fils, nous donnant, à nous aussi, d’être ce que Dieu est de toute éternité, et cela selon notre condition de créatures… Telle est « l’œuvre de Dieu », l’œuvre de l’Amour Tout Puissant à qui rien ne résiste, qui ne se laisse vaincre par aucune forme de ténèbres, et dont la vie est victorieuse de toutes nos morts…

                                                                                                       Bonne année 2023 !!!!

                 D. Jacques Fournier