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13ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 9, 51-62) :    « Suivre Jésus … Comment ? »(Francis Cousin)

 

    « Suivre Jésus … Comment ? »

Le passage de l’Évangile de ce jour est une succession de quatre logia, ou séquences, très courtes après qu’on ait situé le moment de l’action : Jésus prend la route de Jérusalem, sachant ce qui l’y attend : sa mort offerte en sacrifice pour le salut du monde. Ce n’est donc pas de gaité de cœur qu’il part, mais, il y va parce que c’est sa mission. Il part « le visage déterminé ».

La première séquence : des messagers sont envoyés par Jésus dans un village pour préparer sa venue, lui et ceux qui le suivent. C’est, avec l’épisode du choix du lieu du dernier repas, la seule fois où l’on parle de la logistique du groupe qui suit Jésus. Et il fallait bien préparer son passage : outre Jésus, il y avait les « douze », plus « des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean » (Ac 1,21-22), « ainsi que des femmes » (Lc 8.2) … Si juste après ce passage, Luc nous dit que Jésus a pu envoyer soixante-douze disciples pour proclamer son message (Lc 10,1), on peut penser que le groupe faisait une petite centaine de personnes : il fallait pouvoir nourrir et héberger tout le monde. Ici, la raison du refus des habitants du village samaritain n’est pas matérielle, mais idéologique : « parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem ». C’est sans doute cela qui aboutit à la réaction de Jacques et Jean : « Qu’un feu du ciel les détruise ! » en référence à certaines actions de l’ancien testament (cf Gn 19,24 ; 2R 1,10.12). « Jésus, se retournant, les réprimanda ».

À réponse idéologique, ou basée sur une certaine tradition qui ne doit pas évoluer (dans l’esprit de ces personnes), on risque souvent une réaction du même tonneau, sinon idéologique, au moins coincée. Et cela n’est pas fait pour faire avancer les choses, au contraire : on va vers la rupture et l’exaspération des idées. Et ce sont des situations qui peuvent encore arriver dans l’Église actuelle, à différents niveaux … il suffit qu’il y ait deux personnes avec des idées bien arrêtées et de sens contraire …

On ne sait pas ce que Jésus leur a dit, ni ce qu’ils en ont pensé. L’essentiel est d’être attentif à ce que ce genre de situations soit évité …

Les trois autres séquences concernent des personnes qui sont prêtes à suivre Jésus, mais les réponses de Jésus ne sont pas faites pour les encourager à poursuivre leur idée. Le point commun est qu’on ne sait pas quelle est leur réaction à la réponse de Jésus : l’ont-ils finalement suivi ? Ou sont-ils restés chez eux ?

Mais si l’évangéliste ne l’a pas donnée, c’est certainement pour que nous, nous puissions réfléchir à la réponse que l’on donnerait, ou qu’on a déjà donnée …

Parce que, pour Jésus, la réponse doit être immédiate, sans se poser de questions. Soit on croit en lui et on le suit, comme Marie avec l’ange Gabriel, comme les quatre disciples au bord du lac, comme Matthieu à son comptoir d’impôts … comme bien d’autres après eux qui l’ont suivi : Charles de Foucauld, Péguy, François d’Assise … Soit on hésite, et on reste dans son canapé, comme dirait le pape François.

Jésus veut une réponse franche et claire : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non” » (Mt 5,37). Car souvent, ce qui nous bloque, c’est qu’on ne sait pas où on va, on part vers l’inconnu, au gré de l’Esprit : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3,8) ; ce qui nous retient, ce sont nos certitudes, nos moyens humains (du monde) : la télé, notre confort, notre argent …

Dans le cas de celui qui est prêt à suivre Jésus « partout où [il ira] », quelle valeur donnons-nous à ce ’’où’’ ? A priori, on pense à un lieu, une ville (Jérusalem) … mais ce ’’où’’ ne désigne pas seulement un lieu, mais aussi un état d’esprit, une philosophie, un état de vie … qui pour Jésus dans le cas présent est plutôt un état futur de mort sur la croix. Sommes-nous prêts à mourir pour notre foi ?

Sans aller jusqu’à cette extrémité, suivre Jésus partout où il ira, c’est faire comme Jésus en toutes choses, en pensées et en actes … jusqu’à ce qu’a dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) ; la perfection quoi !

Cela nous paraît impossible, et pourtant, c’est le sens du ’’Amen’’ que nous disons à chaque fois que nous allons communier et qu’on nous présente ’’ Le corps du Christ ’’ : Recevoir le corps du Christ pour que le Christ vivre en nous, à travers nous, par nous ! En sommes-nous vraiment conscients ?

Quant aux deux autres séquences où les personnes sont prêtes à suivre Jésus après avoir fait leurs adieux aux membres de leur famille, la réponse de Jésus semble choquante. Parce que la famille est importante pour chacun de nous. Mais Jésus ne demande pas l’exclusivité au détriment de la famille, il demande seulement qu’on l’aime plus qu’eux : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Mais même cela, c’est difficile pour nous … et ce n’est pas toujours bien accepté par la famille ! Tout le monde ne peut pas se ’’dépouiller’’ de tout ce qui le retient à sa famille comme le fit saint François d’Assise …

Mais ce que Jésus veut nous dire est que, quand on veut le suivre, il faut toujours regarder en avant, vers l’avenir, vers l’annonce du Royaume des Cieux, vers Jésus qui nous devance, vers le salut que Jésus nous procure par son sacrifice sur la croix, et non pas « regarder en arrière ». On peut donc dire qu’il est plus intransigeant que Elie qui accepta que Élisée retourne en arrière, mais pour offrir son outil de travail en sacrifice pour Dieu et les gens de sa maison (première lecture).

Une chose est sûre, on ne peut pas suivre Jésus si on n’est pas en relation avec lui dans la prière, et si on ne se laisse pas aller « au souffle de l’Esprit ».

Et on ne peut pas non plus le suivre si on est seul, si on n’est pas entouré par la famille, par ses amis. Cela n’est pas toujours facile. Mais Jésus nous a prévenu : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. » (Mt 10,34-36).

Heureusement qu’il y a l’Esprit Saint pour nous soutenir ! Et en général, cela ne se passe pas si mal que cela ! Merci Seigneur !

Seigneur Jésus,

Tu marches vers Jérusalem,

 vers ta mort sur la croix.

Envers ceux qui veulent te suivre,

tu es exigeant ;

tu veux être sûr qu’ils sont prêts à aller … jusqu’au bout.

Mais nous, sommes-nous vraiment prêts

à te suivre où tu le veux ?

Avec toi et ton Esprit Saint,

nous le pourrons.

Francis Cousin   

 

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