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8ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 6, 39-45) : « Une fois bien formé, chacun sera comme son maître. » (Francis Cousin)

« Une fois bien formé,

chacun sera comme son maître. »

 

Jésus nous surprendra toujours. Il parle en parabole « parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre » (Mt13,13), mais aux disciples « il vous est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux » (Mt 13,11 ». La question qu’on peut se poser : faisons-nous partie des disciples, en tant que baptisés … ou croyons-nous en faire partie …

Observons la pédagogie de Jésus dans le passage de l’évangile de ce jour.

Il commence par une question toute simple « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? ». La réponse est évidente pour tout le monde : c’est impossible sur une longue distance sous peine de chute. Et on se pose la question : « Pourquoi dit-il cela ? Où veut-il nous emmener ? ».

Puis il parle de paille et de poutre. Là, on commence à comprendre : celui qui voit la paille dans l’œil de son camarade, qui pense donc bien voir puisqu’une paille, ce n’est pas grand, c’est même très petit, insignifiant, puisqu’elle peut être emporté par le vent, et cela n’a pas de valeur, puisqu’on la brûle « au feu qui ne s’éteint pas » (Lc 3,17), est en fait un aveugle-voyant puisqu’il ne voit pas la poutre dans son œil.

Mais qui s’amuse à regarder dans l’œil de son camarade ? Je dirai tout le monde (ou presque…), à chaque fois que l’on commet un commérage sur quelqu’un, un ‘la dit la fait’ comme on dit, qu’on se permet de juger le comportement d’un autre. Oh bien sûr, des fois, on le fait « pour leur bien », « parce qu’on pense qu’il s’égare, ou s’écarte de la Parole de Dieu », « parce qu’il est marqué dans l’Évangile :’’ Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.’’ (Mt 18,15) » … et on oublie tout le temps qu’on n’est pas meilleur que lui, … et que Dieu seul peut juger.

Et si l’autre est comme moi, nous sommes deux aveugles … qui ne peuvent servir de guide l’un pour l’autre.

Troisième étape : l’arbre et ses fruits.

Si l’arbre est bon, le fruit est bon. Si l’arbre est pourri, le fruit est pourri. Nous sommes l’arbre, et nos actions sont le fruit du « trésor de notre cœur ».

Dit autrement, si nous sommes bon, nos actions sont bonnes, et si nous sommes mauvais, nos actions sont mauvaises ! Cela peut sembler un peu abrupte, et sans doute faudrait-il nuancer quelque peu. Et ce qui sort de notre cœur, cela se manifeste principalement par la parole (et parfois par des manifestations physiques outrancières). Jésus avait déjà dit quelque chose d’un peu semblable : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Mt 15,11). On comprend mieux la parole de la première lecture : « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé ».

Mais il y a quelque chose qu’on ne comprend pas, face à cette succession de paroles qui nous semble plus ou moins évidentes, c’est comment on fait pour tirer du « bien du trésor de notre cœur » ?

C’est alors qu’il faut revenir à cette petite phrase qui nous semble arrivée comme un cheveu sur la soupe : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. »

Une fois bien formé … Qui nous forme ?

Celui qui nous forme, c’est Jésus, par sa Parole. C’est lui qui nous devons écouter, c’est sur lui que nous devons rester greffés, lui, la vigne dont nous sommes les sarments : « De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,4-5).

Nous sommes tous des aveugles si nous sommes laissés à nous-même. Même avec une formation : Les disciples d’Emmaüs avaient suivi l’enseignement de Jésus … mais Jésus mort, ils quittent Jérusalem tout perdus. Même après la rencontre avec Jésus qui les rejoint sur le chemin, ils sont encore déprimés. Il leur faudra attendre le moment de la fraction du pain pour qu’ils le reconnaissent et que la lumière jaillisse dans leur cœur : c’est Jésus ressuscité qui est là devant eux !

Et pour nous, c’est pareil : il nous faut la rencontre avec Jésus ressuscité pour que nous voyons clair en nous, dans notre cœur, que la lumière jaillisse en nous ! Et même plus : nous avons besoin de l’Esprit Saint en nous, comme les apôtres en ont eu besoin. D’où la nécessité de recevoir la confirmation.

Et c’est tous les jours que nous devons refaire cette rencontre pour devenir, peu à peu, des disciples de Jésus à qui il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux parfait comme ton Père est parfait

mais nous ne sommes que des aveugles-voyants,

emplis de suffisance de nous

et de mépris pour les autres.

Pour cela, il nous faut accepter

d’être formé par toi, par ta Parole,

avec l’aide de l’Esprit Saint,

pour tirer du bien du trésor de notre cœur.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim ord C 8° A6