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6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 6, 17.20-26) : « Réjouissez-vous, tressaillez de joie. » (Francis Cousin)

« Réjouissez-vous, tressaillez de joie. »

« Jésus descendit de la montagne avec ses disciples et s’arrêta sur un terrain plat. ». Il avait passé toute la nuit à prier, et au lever du jour, il avait choisi parmi ses disciples ceux qu’il appela apôtres. Comme souvent dans saint Luc, avant toutes choses importantes qu’il va faire, Jésus prie son Père. Comme Moïse qui descend du Sinaï pour annoncer au peuple hébreux les dix paroles de Dieu, Jésus descend de la montagne pour donner à ses disciples sa ‘nouvelle’ loi qui accomplit celle de Moïse : les Béatitudes.

Une foule nombreuse l’attend. Pas seulement des disciples (qui sont sans doute des Galiléens), mais aussi d’autres qui viennent de Judée et de Jérusalem, des juifs donc, mais aussi des régions de Tyr et de Sidon, des non-juifs, des païens. Luc montre par-là que le discours qui va suivre ne concerne pas seulement les juifs, mais tous ceux qui sont prêts à suivre Jésus, que ce soit à cette époque, mais aussi maintenant.

Jésus lève les yeux sur ceux qui sont là ; il regarde les gens, c’est un discours face-à-face, franc, important, qu’il va faire. Pas un discours en ‘foutant’, sans regarder qui que ce soit.

Et il commence son discours, son enseignement : « Heureux … Malheur pour vous … ». Moins connues que celles de saint Matthieu, et moins nombreuses … et présentées différemment.

Ceci peut nous choquer, avec ses quatre béatitudes, mais aussi en opposé pour chacune d’elles ses quatre « malheur pour vous » …

Dieu veut le bonheur de tous, et c’est sa raison d’être. Alors pourquoi ces incantations de malheur ? Dieu ou Jésus mentirait-il ? Certainement pas. Il n’y a pas de contradictions dans le discours de Jésus. En aucune manière Jésus ne demande la malédiction sur les riches, les repus … Il ne fait que constater des situations … et certainement il s’en désole … Il en parle d’ailleurs à d’autres endroits de son évangile : « il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » (Mt 19,24). Mais aussi : « il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Lc 15,7).

La lecture seule de l’évangile risque de nous faire comprendre de manière trop restrictive le message de Jésus. Il faut lire ce texte avec l’ensemble des textes de ce jour.

La première lecture nous donne déjà une première clef de compréhension, avec elle aussi une opposition : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. », mais « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance (…) il ne manque pas de porter du fruit. ». L’important n’est pas d’avoir une vision de l’homme dans le monde, mais d’avoir une vision transcendante de l’homme en lien avec Dieu. Vision confortée par le psaume : « Heureux est l’homme qui (…) se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! ».

La deuxième lecture nous donne une autre clef : notre résurrection en lien avec la résurrection de Jésus : « si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » et plus loin « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. ».

Notre vie ne se termine pas avec la mort terrestre, mais elle continue avec la Vie Éternelle.

Un exemple nous est donné par Jésus avec la parabole du ‘mauvais riche’ et de Lazare : le riche avait vécu sa vie en ne pensant qu’à lui ; mais quand Lazare et lui moururent, c’est là qu’il se rendit compte de la présence de Lazare : « Au séjour des morts, le riche était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. » (Lc 16,23) Le riche avait eu sa consolation sur terre, mais le pauvre Lazare était reçu dans le royaume de Dieu.

Que retenir pour nous ?

C’est très simple et très facile à dire … mais beaucoup plus difficile à mettre en œuvre : croire en la résurrection de Jésus, qui ouvre la porte à notre propre résurrection, à la Vie Éternelle, et ensuite être toujours en lien avec Dieu et faire sa volonté. Ce qui n’est pas toujours facile, et peut nous exposer à des remarques acerbes ou plus de la part de certains. Mais alors « ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ».

Et si on le dit en latin, on pourrait traduire : « Gaudete et exsultate », qui est aussi le titre de la dernière exhortation apostolique du pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel.

Et nous sommes tous appelés à devenir saints (cf Lumen Gentium n° 11).

Terminons avec la fin du cantique des créatures de saint François d’Assise qui nous invite à la même chose :

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mort corporelle,

à laquelle nul homme vivant ne peut échapper.

Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels.

Heureux ceux qu’elle trouvera dans tes très saintes volontés,

car la seconde mort ne leur fera pas mal.

Louez et bénissez mon Seigneur,

et rendez-lui grâce et servez-le avec grande humilité.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux tous heureux,

mais tu nous préviens :

si nous nous éloignons de toi,

si nous sommes égoïstes,

nous risquons de ne pas être accueillis

dans la Vie Éternelle avec toi.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim ord C 6° A6