« Avance au large. »
Les trois textes de ce dimanche nous parlent de la mission, ou de l’envoi en mission. La mission qui est justement le thème d’année de notre diocèse : « La vie est mission ! ».
Le prophète Isaïe « vit le Seigneur » dans le temple et c’est là qu’il se rendit compte qu’il n’était qu’un « homme aux lèvres impures », un pécheur, et après avoir été purifié par le charbon brûlant, il entendit l’appel du Seigneur : « Me voici, envoie-moi ! ».
Pierre, après la pèche, se rend compte de sa petitesse devant Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. ». Il entend l’appel de Jésus avec ses camarades, « et ils le suivirent ».
Paul aussi, lors de sa ’’rencontre’’ avec Jésus, est tourneboulé. Il change de vie et devient apôtre du Christ : « Je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée : cet Évangile, vous l’avez reçu. ».
Tout mission part d’une rencontre avec Dieu, avec Jésus … et de l’accueil qu’on lui réserve.
Pour Pierre – que Luc appelle de son vrai nom, Simon -, il avait accepté de prendre Jésus sur sa barque pour qu’il puisse parler à la foule. Chacun sait que la voix porte mieux sur l’eau, et cela permettait à Jésus de s’adresser à tous sans devoir crier. Mais pourquoi Jésus choisit-il la barque de Simon, puisqu’il y avait deux barques ? Sans doute parce qu’il avait déjà dans l’idée de faire de lui le responsable de son Église. On remarquera d’ailleurs que Luc, pour laisser à Pierre toute son importance dans le récit, ne parle jamais de son compagnon (ou ses compagnons : « et tous ceux qui étaient avec lui » … ; Peut-être André son frère, et d’autres ouvriers ?). Luc ne parle que de Pierre, Jacques et Jean … les trois apôtres qui étaient avec Jésus dans les moments importants.
Sans doute Pierre attendait-il la fin du discours de Jésus pour pouvoir rentrer chez lui, après toute cette nuit, infructueuse, de travail …
Mais Jésus lui dit : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pèche. ». Certainement impressionné par les paroles de Jésus, après avoir dit qu’il connait son métier, il ajoute : « Sur ta parole, je vais jeter les filets. ». (On remarquera l’utilisation des singuliers et des pluriels pour montrer l’importance accordée à Pierre).
Et c’est le miracle : il y a tellement de poissons qu’il fait faire appel à l’autre barque … et que les deux s’enfonçaient …
A la réaction de Pierre, « Éloigne-toi de moi… », Jésus fait l’inverse, il lui propose une mission : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Avance au large … Cette parole est-elle seulement valable du temps de Jésus : « En ce temps-là » ? Certainement pas ! Et saint Jean-Paul II nous le prouve en commençant sa lettre apostolique Novo millennio ineunte par cette référence : « Au début du nouveau millénaire, alors que s’achève le grand Jubilé au cours duquel nous avons célébré les deux mille ans écoulés depuis la naissance de Jésus et que s’ouvre pour l’Église une nouvelle étape de son chemin, dans notre cœur résonnent à nouveau les paroles par lesquelles Jésus, après avoir de la barque de Simon parlé aux foules, invita l’Apôtre à « avancer au large » pour pêcher: « Duc in altum » (Lc 5,4). Pierre et ses premiers compagnons firent confiance à la parole du Christ et jetèrent leurs filets. « Et l’ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons » (Lc 5,6).
Duc in altum ! Cette parole résonne aujourd’hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l’avenir : « Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (He 13,8). » (NMI n°1).
Quelle est notre mission ? À chacun de voir, dans son cœur, la mission que Dieu, Jésus lui confie.
Cela veut dire qu’il faut rencontrer Dieu ou Jésus, comme Isaïe, Pierre ou Paul …
Bien sûr qu’on le rencontre : dans la prière, dans la communion, dans l’adoration … On lui parle, on lui demande des choses pour soi, pour les autres, … mais est-ce que nous lui laissons le temps de nous parler … et est-ce que nous sommes prêts à l’écouter ? À le suivre ? Est-ce, finalement, une vraie rencontre ?
Est-ce que nous sommes prêts à quitter notre rivage, notre terre ferme, notre ’’chez soi’’, nos pantoufles ou nos savates … pour aller sur la mer, sur l’eau, dans les lieux qui respirent le mal, le Malin, la mort … dans le monde ?
Pas toujours … cela dépend des moments … cela dépend pour quoi faire … On peut trouver toutes sortes de raisons pour ne pas s’engager … en fait pour ne pas vivre en chrétien !
Rappelons-nous encore saint Pierre : quand il marcha sur les eaux, « voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main et le saisit. » (Mt 14,30-31). En cas de problèmes, nous pouvons toujours compter sur Jésus. Il est toujours avec nous.
Et puis il n’est pas le seul. Il y a « les autres barques » que l’on peut appeler pour donner la main, pour aider à tirer le filet … d’autres barques, d’autres chrétiens, … et peut-être aussi des non-chrétiens, des hommes de bonne volonté …
Bien souvent, nous voulons tout faire seul, sans aide. Nous sommes beaucoup trop individualistes. D’ailleurs Jésus, quand il parle à Pierre, dit : « Jetez vos filets ». Au pluriel. La mission ne se fait jamais seul, elle doit se faire avec d’autres. N’ayons pas peur de les appeler à l’aide si besoin.
Et puis, quand la mission donne de bons résultats, ne nous trompons pas. Nous avons peut-être fait un petit bout, mais reconnaissons-le avec saint Paul : « À vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».
Seigneur Jésus,
À chacun de nous tu dis :
avance au large, jette le filet …
mais souvent nous n’osons pas quitter la terre ferme,
là où on se sent bien.
Tu nous invites à l’aventure :
‘Quitte ton pays … va vers le pays que je t’indiquerai’ …
et nous préférerions nos pantoufles ?
Francis Cousin
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Prière dim ord C 5° A6