Fête de la Miséricorde : la joie des pécheurs pardonnés fait toute la joie de Dieu…

Le 30 avril 2000, au cours de la Messe de canonisation de Sœur Faustine Kowalska, Saint Jean Paul II instituait la Fête de la Miséricorde Divine, le premier dimanche après Pâques…

Qu’est-ce donc que la Miséricorde de Dieu ? Nous pouvons répondre avec le prophète Jérémie : « Reviens, rebelle Israël, oracle du Seigneur. Je n’aurai plus pour vous un visage sévère, car je suis miséricordieux – oracle du Seigneur – je ne garde pas toujours ma rancune » (Jr 3,12).

Dans la traduction grecque de la Septante, réalisée par la communauté juive d’Alexandrie à partir du 3° s av JC, nous avons « ἐλεήμων ἐγώ εἰμι, éléêmôn égô eimi, je suis miséricordieux », avec exactement la même expression employée en Ex 3,14 lorsque Dieu révèle son Nom à Moïse lors de l’épisode du buisson ardent : « Quel est ton Nom ? « γ εμι, égô eimi, je suis » ». Autrement dit, en tout son être, Dieu est miséricorde, il n’est que miséricorde… Et qu’est-ce que la Miséricorde ? Elle est le visage et la réaction de l’Amour face à notre misère. Car, en tout son être, « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), il n’Est qu’Amour (P. François Varillon ; « Joie de croire, joie de vivre »).

Ainsi lorsqu’il déclare en Jérémie : « Je n’aurai plus pour vous un visage sévère », il évoque cette perception que nous pouvons avoir de Lui et qui ne correspond pas à la réalité. Nous, pécheurs, nous sommes dans les ténèbres : nous le voyons mal, nous le percevons mal, et dire qu’il est « sévère » est inexact. Non, Dieu n’est pas sévère ; il ne répond pas au mal par le mal. Il ne punit jamais, il ne châtie jamais… Aussi, quand nous lisons au Ps 118 (117),18 : « Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé », ce que la Bible de Jérusalem a traduit « Il m’a châtié, il m’a châtié« , ces expressions correspondent à ce que l’Ancien Testament a « d’imparfait et de dépassé », comme le déclare le Concile Vatican II dans sa constitution « Dei Verbum, la Parole de Dieu » au paragraphe 15: (http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651118_dei-verbum_fr.html).

C’est le mal que nous, nous commettons, qui nous fait du mal, nous blesse et nous plonge dans la souffrance, le mal être : « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal », déclare St Paul (Rm 2,4). Et Jérémie écrivait déjà : « N’as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné le Seigneur ton Dieu, alors qu’il te guidait sur ta route ? (…) Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent ! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu » (Jr 2,17-19)… « Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin pour quêter l’amour ! » (Jr 2,33).

Ainsi, lorsque quelqu’un prononce des paroles acides, elles feront du mal bien sûr à celles et ceux à qui elles sont destinées. Mais cet acide aura déjà brûlé la personne qui aura ainsi parlé… Un pécheur est d’abord un souffrant…

Quelle est donc la réaction de Dieu face à toutes ces souffrances que nous nous infligeons à nous-mêmes lorsque nous agissons mal ? Il « souffre », son cœur est « bouleversé » : « Mon peuple est cramponné à son infidélité. On les appelle en haut, pas un qui se relève ! Comment t’abandonnerais-je ? (…) Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent » (Os 11,7-8)… « Mes entrailles ! Mes entrailles ! Que je souffre ! Parois de mon cœur ! Mon cœur s’agite en moi ! Je ne puis me taire » (Jr 4,19)… Alors, il nous enverra « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), la Parole faite chair, pour nous parler et nous inviter à cesser de faire ce qui nous fait tant de mal… Et la première Parole du Christ en St Marc est (Mc 1,15) : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » de ce Dieu qui est Amour, qui n’Est qu’Amour, et qui ne désire, ne veut, ne cherche que notre bien, notre bonheur… « Heureux » alors « ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29)…

« Cessez donc de faire le mal » qui vous fait mal, et vous rend finalement malheureux. « Apprenez à faire le bien », pour pressentir enfin où se cache le vrai Bonheur… « Allons, discutons, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient rouges comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront » (Is 1,18). Et tel est bien le premier cadeau que le Christ est venu offrir à tout homme : le pardon de toutes ses fautes… « Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (Jn 20,22).

« Mes entrailles ! Mes entrailles ! Que je souffre » (Jr 4,19)… C’est dans ces « entrailles de Miséricorde », « bouleversées » face à toutes nos souffrances, que le Christ est venu nous « visiter », pour nous révéler « qui » est Dieu : ce Dieu Amour qui ne poursuit que notre bien, et qui, pour que nous puissions l’atteindre, va nous offrir « le pardon » de toutes ces fautes que nous avons commises à son égard ! « Et toi, petit enfant », dit Zacharie à son fils Jean Baptiste, huit jours après sa naissance, « tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés », grâce à ce pardon donné en surabondance par « le Père des Miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2Co 1,3). Et tout cela nous le devons, littéralement, « aux entrailles de miséricorde dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en Haut », Jésus, « Lumière née de Lumière » (Crédo), « Lumière du monde » (Jn 8,12). Ainsi, tout ce que Jésus a vécu, dit, fait, tout s’enracinait « dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu », tout était expression, révélation, Don jaillissant « des entrailles de miséricorde de notre Dieu »… Jésus s’est donc « fait chair » (Jn 1,14) pour nous, il a parlé pour nous, agi pour nous, accompli des miracles pour nous, souffert pour nous, été crucifié pour nous, il est ressuscité pour nous, monté aux cieux pour nous et maintenant, « il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous » (Rm 8,34), « il compatit à nos faiblesses » (Hb 4,15), et « si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste » (1Jn 2,1). « Livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4,25), « c’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1Jn 2,2).

En tout son être, Jésus, « le Sauveur du monde » (Jn 4,42), Lui qui, maintenant « élevé de terre, attire à lui tous les hommes » (Jn 12,32), est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,19), instant après instant, jour après jour… Comme l’écrivait Ste Elisabeth de la Trinité : « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : enlever le péché et emmener l’âme à Dieu ». Et tout cela, il l’accomplit par le Don de l’Esprit Saint, l’Esprit qui lave et purifie (Ez 36,24-28), l’Esprit qui justifie (1Co 6,11), l’Esprit qui sanctifie (2Th 2,13), l’Esprit qui vivifie (Jn 6,63 ; 2Co 3,6) et nous communique la Paix de Dieu et sa Joie… « La Paix soit avec vous », dit par trois fois le Ressuscité à ses disciples (Jn 20,19.20.26), et à travers eux, à tout homme sur cette terre… Et quand ils le virent, déjà remplis par cet Esprit de Lumière qui les éclairaient de l’intérieur et leur donnait de voir l’invisible (Ps 36,10 ; Ep 1,18), ils « furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jn 20,20). Que cette joie, en cette fête de la Miséricorde, soit la nôtre… Alors, la volonté de Dieu s’accomplira, et il sera le premier à en être heureux, car « voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6)…

                                                                                                  D. Jacques Fournier

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