« SAVOIR DONNER », à l’exemple de Maximilien KOLBE (Noéline FOURNIER)…

« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux » ( Mt. 5,1-12).

Le Saint est comme un caillou dans la chaussure. Il dérange, il agace, et se rappelle à nous à chacun de nos pas et, plus encore, de nos faux pas.

 

Maximilien-Marie KOLBE   (1894-1941).

Sa fin tragique dans le bunker de la faim d’Auschwitz – sacrifice librement consenti pour sauver un père de famille, pour lui un inconnu – a de quoi nous réveiller de notre torpeur.

Un jour, dans un article titré « Dieu le Père, Papou ? La Vierge Marie, Mamou ? », un franciscain Polonais se moque de l’habitude du Père KOLBE de désigner Marie comme « sa petite mère ». Après l’avoir lu, notre saint se contenta de le transmettre à un frère en lui disant : « Lis-le, et prie pour qu’il en résulte un surcroit de bien ».

« Combattre le mal selon l’esprit de la milice mariale, c’est le combattre avec amour pour tous les hommes, y compris les moins bons, écrit-il. C’est mettre le bien en relief, de manière à le rendre attirant, plutôt que de propager le mal en le décrivant

Alexia VIDOT nous le décrit en train d’accueillir ceux qui vont l’emmener à Auschwitz : « A 9h45, deux automobiles noires s’engouffrent dans la Cité de l’Immaculée. Le Père KOLBE, qui était en train de dicter son livre sur l’Immaculée Conception, s’agenouille aussitôt et récite un Gloria et un Ave Maria. Ainsi confié à sa Reine, il sort accueillir la Gestapo avec un « Loué soit le Christ ! ». Parce qu’il voit Dieu en chacun, il propose cordialement aux cinq hommes un café et une visite commentée des ateliers. »

Est-ce une provocation ? Oui : à aimer. C’est-à-dire : à servir le Dieu désarmé et, pour cela, à quitter le sérieux par lequel le « prince du monde » nous prend pour nous mettre au service de l’une de ses multiples principautés.

Ce qui est fou, c’est que ce jeu auquel joue le Père KOLBE est gagné d’avance.

En effet, si Dieu est Amour, si le fondement même de notre être est d’aimer, alors on ne se trompe jamais en investissant dans l’amour, même à perte.

Évidemment, l’amour est ce que le mal met à l’épreuve : comment croire que Dieu est Amour quand tant de mal blesse le monde ? Mais l’amour est en même temps la seule chose qu’on peut semer au cœur du mal.

Dieu est Amour (1Jn 4,8.16) et justice. Mais, tandis que la justice doit attendre que l’ennemi soit vaincu avant que l’on puisse « rendre justice », l’amour peut se donner, dans le camp, dans la prison, aux codétenus, aux geôliers même. Qui se perd pour lui, gagne à coup sûr.

Jean-Paul II dit ainsi :

« La victoire de la Foi et de l’amour, cet homme l’a remportée en ce lieu qui fut construit pour la négation de la foi – de la foi en Dieu et de la foi en l’homme – et pour fouler aux pieds radicalement non seulement l’amour mais tous les signes de la dignité humaine, de l’humanité.

Un lieu qui fut construit sur la haine et sur le mépris de l’homme au nom d’une idéologie folle. Un lieu qui fut construit sur la cruauté.

A ce lieu conduit une porte, qui existe encore aujourd’hui, et sur laquelle est placée une inscription : Arbeit macht frei (« Le travail rend libre »), qui rend un son sardonique, parce que son contenu était radicalement contredit par tout ce qui se passait à l’intérieur ». (Premier voyage apostolique en Pologne, le 7 juin 1979).

Au jeu de hasard (tirer au sort dix numéros pour envoyer dix hommes dans le bunker de la faim, sans manger ni boir jusqu’à la mort, et cela en représailles d’une évasion), Maximilien oppose le jeu sérieux et libre des enfants de Dieu : il s’offre, volontairement, pour remplacer un père de famille…

Par son martyre, cet affreux hasard devient son exact contraire : non pas la nécessité ou le destin, qui ne sont pas moins aveugles que le hasard, mais la Providence – c’est-à-dire, pour qui sait jouer, et selon la belle expression d’Alexia VIDOT : « le hasard avec un grand « P ».

Non plus l’implacable mécanique du monstre froid, mais le geste par lequel un homme se donne pour un autre.

Si Maximilien joue ainsi, c’est qu’il est sous le regard de Marie. Qui est Marie ?

La Mère du Christ. Autrement dit :

Celle qui l’a vu jouer quand il était enfant.

Celle qui, bien plus tard, l’a vu se jouer du mal, en confondants les sages de ce monde.

Celle qui, ultimement, l’a vu confondre Satan en faisant de sa Passion, qui est le plus grand de tous les maux, le contraire d’une œuvre maléfique : une déclaration d’amour.

A l’aube de sa vie apostolique, en 1922, dans sa petite revue bleue qu’il a titrée le Chevalier de l’Immaculée, le Père KOLBE brosse le portrait-robot du saint et donc, sans le savoir, de lui-même :

« Tout saint est un grand homme, mais tout grand homme n’est pas pour autant un saint, bien qu’il ai pu rendre des services à l’humanité.

Le saint, au contraire, a la gloire devant les yeux. Il n’a aucun souci des jugements humains, il se place au-dessus.

Il ordonne les facultés de l’âme et du corps, soumettant le corps à l’esprit, et l’esprit à Dieu. C’est ainsi qu’il jouit de la paix du vainqueur.

Alors, quand la tempête se déchaine, quand la calomnie et le mépris le frappent, quand les amis se retirent ou s’unissent aux ennemis, le saint se situe au-dessus de tout cela. Il en retirera parfois de la douleur, mais bien vite il trouvera la paix dans la prière et, mettant sa confiance en Dieu, continuera dans la sérénité.

Quand la maladie vient le visiter, quand la vieillesse va le broyer, le saint, sans tenir compte de sa santé ou de son âge, va toujours de l’avant ; et même les maladies et les adversités sont pour lui l’occasion d’acquérir une perfection plus grande : dans le feu, il se purifie comme l’or.

Quand le saint passe, il fait toujours du bien à l’exemple du Seigneur Jésus.

Il greffe partout la vérité et le bonheur.

Tout le monde ne peut pas devenir un génie, mais la voie de la sainteté est ouverte à tous ».

 

Alors, il est où le BONHEUR ? Il est  !…   « A nous de le vouloir », comme nous le chante si bien Florent PAGNY.

« Savoir donner,

Donner sans reprendre, ne rien faire qu’apprendre, apprendre à aimer.

Aimer sans attendre, aimer à tout prendre, apprendre à sourire

Rien que pour le geste, sans vouloir le reste,

Et apprendre à vivre. Et s’en aller… »

BONNE FETE DE LA TOUSSAINT À TOUS.

Noëline FOURNIER pour le SEDIFOP

Extraits de « Petite vie de Saint Maximilien KOLBE », d’Alexia VIDOT

image_pdfimage_print

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Question antispam * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.

Top