Fiche 31 : La Résurrection de Jésus (Jn 20).

Le tombeau trouvé vide (Jn 20,1-10)

             Préciser quel est ce « premier jour de la semaine » dont il est question au premier verset ; à quel jour correspond-il aujourd’hui (Ap 1,10) ? Ce jour-là, il était possible pour un Juif de recommencer ses activités habituelles dès les toutes premières lueurs du jour ; que nous dit cette venue « de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre », de l’attitude de cœur de Marie de Magdala vis-à-vis de Jésus (cf. aussi Jn 20,11) ? Où était-elle d’ailleurs au moment de sa Passion, alors que tous les disciples ou presque l’avaient abandonné (cf. Jn 19,25) ? D’après Lc 8,2 et Mc 16,9, qu’est-ce que Jésus avait fait autrefois pour elle ? « Celui à qui on remet peu montre peu d’amour » (Lc 7,47), celui à qui on remet beaucoup montre beaucoup d’amour… Or, dans le Royaume des Cieux, seul compte l’amour … C’est pourquoi, « les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu » (Mt 21,31), dit Jésus aux Grands Prêtres, aux Anciens et aux Pharisiens, les personnalités religieuses de l’époque (Mt 21,23.45)…

Après avoir constaté que « la pierre a été enlevée du tombeau », Marie de Magdala court trouver Simon-Pierre : que nous révèle cette démarche sur le rôle que jouait ce dernier dans l’Eglise primitive (cf. Mt 16,15-19) ? Retrouver cette réponse avec l’attitude du disciple « que Jésus aimait » lorsqu’il arrive, avant Pierre, au tombeau (Jn 20,3-6)…

            « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis ». Les quatre évangélistes s’accordent sur le fait que le tombeau de Jésus a été trouvé ouvert et vide (Mt 28,1-8 ; Mc 16,1-8 ; Lc 24,1-10 ; Jn 20,1.11-18). Matthieu nous précise que c’est « l’Ange du Seigneur », c’est-à-dire Dieu Lui-même (Comparer Ex 3,2 avec Ex 3,4), qui, descendant du ciel « vint rouler la pierre sur laquelle il s’assit » (Mt 28,2), comme on s’assoit sur un ennemi vaincu… « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis ». A la lumière de Mt 28,1, Mc 16,1-4 et Lc 23,55-24,3, que suggère ce « nous » ? Nommer, autant que possible, les personnes concernées et préciser ce qu’elles venaient faire au tombeau ; la précipitation évoquée en Jn 19,42 le suggère également… « On a enlevé le Seigneur… où on l’a mis »… L’imprécision de ces deux formules laisse la porte ouverte à deux réponses possibles : lesquelles (1 – Mt 28,11-15 ; 2 – Ac 2,24.32 ; 3,15.26 ; 4,10 ; 5,30 ; 10,40 ; 13,30.33.34.37) ? Dans le deuxième cas, où donc Jésus a-t-il été « mis » et par qui (cf. 1 – Jn 14,10-11 ; 17,21 ; 2 – Jn 17,5 ; Ac 7,56 ; Rm 8,34 ; Ep 1,20 ; Ph 2,9‑11 ; Col 3,1 ; Hb 1,1-5) ? Nous retrouvons un principe qui est à la base du Mystère du Fils, de son Être, de sa vie, de ses paroles, de ses actes, lequel (cf. Jn 5,19–20 ; 5,30 ; 5,26 ; 6,57 ; 3,35 ; Ps 57(56),3 ; 138(137),8) ? Mais là «  » il a été « mis », n’y était-il pas déjà, de cœur ? Et, nous promet Jésus, «  » sera également, dès maintenant dans la foi, celui ou celle qui acceptera de le suivre de tout cœur (cf. Jn 12,26 ; 1Jn 1,3 ; 1Co 1,30 ; le contraire en Jn 7,34-36 car Jn 8,24) ? Qui fera en sorte qu’il en soit ainsi (cf. Jn 14,1-3) ? Du côté des hommes, est-il question de « mérite », de « récompense » après des bonnes actions (cf. Rm 9,16 ; Ep 2,4‑10) ? Quel principe à la base de la vie de tout disciple de Jésus retrouvons-nous ici (cf. Jn 15,5) ?

            Jean vit « le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l’autre disciple », St Jean lui-même… « Il vit et il crut ». La discussion sur le sens exact de l’expression « roulé à part dans un endroit » est délicate, mais le soin apporté par l’évangéliste pour décrire comment était ce « suaire » suffit à nous montrer que le simple fait qu’il était ainsi l’a amené à croire que le Christ était ressuscité… La seule explication satisfaisante est qu’il n’aurait pu être dans la configuration où Jean l’a vu si quelqu’un avait enlevé le corps. Le corps de Jésus a donc du disparaître lors de la résurrection, et tous les linges se sont affaissés, conservant le « souvenir » de la forme qu’ils avaient sur le corps… Si le « suaire » est la mentonnière qui entourait la tête de Jésus pour maintenir sa mâchoire fermée, celle-ci avait conservé la forme arrondie qu’elle avait, une position impossible à reproduire si quelqu’un avait touché au corps…

            « En effet, ils ne savaient pas encore que, d’après l’Écriture, il devait ressusciter d’entre les morts ». Pour les disciples de Jésus, une résurrection d’entre les morts était inconcevable… Lorsque Jésus, après sa transfiguration, leur annonça sa résurrection prochaine, ils ne comprirent rien du tout à ce qu’il leur disait  : « Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, si ce n’est quand le Fils de l’homme serait ressuscité d’entre les morts. Ils gardèrent la recommandation, tout en se demandant entre eux ce que signifiait  ressusciter d’entre les morts » (Mc 9,9-10). Ce n’est que lorsqu’ils le verront ressuscité qu’ils comprendront… Alors, dans la Lumière de l’Esprit Saint, ils découvriront à quel point l’Ancien Testament avait de fait prophétisé sa mort et sa résurrection. C’est d’ailleurs le Ressuscité Lui-même qui leur ouvrira « l’esprit à l’intelligence des Ecritures ; et il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins » » (Lc 24,46-48).

 

L’apparition de Jésus Ressuscité à Marie de Magdala (Jn 20,11-18)

            Marie de Magdala aimait son Seigneur de tout son être… Trois jours seulement après sa mort, il lui apparaît, ressuscité, et elle ne le reconnaît pas ! Retrouver un cas de figure semblable en Lc 24,15-16 ; Jn 21,4 et 21,12. En Lc 24,30, que fait Jésus ? Or, qu’est-ce que « ses disciples » (Lc 22,11) avaient vécu avec lui juste avant sa Passion (cf. Lc 22,19-20) ? En se rappelant ces instants, aidés par l’Esprit Saint, un déclic se produit, « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,31)… De même pour les disciples qui sont repartis pêcher comme autrefois (cf. Mc 1,16-20) « et cette nuit-là, ils ne prirent rien » (Jn 21,3)… Mais que leur dit le Christ Ressuscité, alors même qu’ils ne l’ont pas encore reconnu (cf. Lc 21,4-6) ? Et qu’avaient-ils vécu avec lui autrefois (cf. Lc 5,4-7) ? A la lumière de ce qu’ils avaient vécu, quel déclic se produit aussitôt en St Jean (cf. Jn 21,7) ? Et pourtant, cette « reconnaissance », quelque part, n’était toujours pas si évidente que cela d’après Jn 21,12… Ici, pour qui Marie de Magdala prend-elle, dans un premier temps, le Christ Ressuscité (cf. Jn 20,14-15) ? A priori, elle voit cet homme pour la première fois… Et pourtant, que lui dit-il en Jn 20,16 ? Et aussitôt que se passe-t-il en elle ? Conclusion : à quel type de regard le Christ ressuscité se laisse-t-il percevoir (cf. 2Co 4,18 ; Lc 18,8) ? Quelle porte désire‑t‑il ouvrir à ses disciples (cf. Ac 14,27) ? Et de fait, que se passe-t-il en Lc 24,31 dès qu’ils le reconnaissent ? Car … Mt 28,20 ! En effet, quelle œuvre Dieu accomplit-il par son Fils en ceux et celles qui lui accordent leur foi (cf. Ac 15,9 ; Jn 15,3 ; Ez 36,25) ? Quel est alors le résultat de cette œuvre de Dieu d’après Mt 5,8 ? Voilà alors ce qui commence à être vécu par les disciples dès maintenant, dans la foi (cf. Ac 26,18 en Ac 26,15-18)… Alors, Jn 12,46 et Jn 8,12 s’accomplissent, et… 1Jn 1,5 est reconnu !

            Quel message Marie de Magdala devra-t-elle transmettre aux disciples de la part du Christ Ressuscité (cf. Jn 20,17)? Comment le Christ les appelle-t-il (cf. aussi Hb 2,9‑12) ? Comment le disciple doit-il donc maintenant se comprendre (cf. Rm 8,14 ; 8,29 ; Ga 4,6-7 ; Hb 2,10) ? Or, tout l’Evangile selon St Jean nous présente le Mystère du Fils dans le cadre de sa relation fondatrice avec le Père. Nous découvrons donc avec Lui ce que « être fils » veut dire… Or, à quoi sommes-nous tous appelés ? Conclure en terminant la phrase : tout ce qui est dit de Jésus dans les Evangiles peut donc, d’une certaine manière, être dit de …… Ste Thérèse de Lisieux l’avait bien compris… Voir, à la fin, comment elle relisait Jean 17…

 

Le Christ Ressuscité apparaît à ses disciples (Jn 20,19-29)

            Dans quelle situation se trouvent très concrètement les disciples et pourquoi ? Ils n’ont pas encore vécu l’événement de la Pentecôte (Ac 2,1-13). Que se passera-t-il alors (cf. Ac 3,12-26 ; 4,1-22) : seront-ils toujours tenaillés par la peur face à ceux qui avaient fait mourir le Christ ? Attention : « les Juifs » désignent ici, en Jn 20,20, les responsables religieux du Peuple Juif qui ont comploté la mort de Jésus, eux et eux seuls… Toute la communauté chrétienne primitive en effet était juive…

            Quel grand cadeau Jésus offre-t-il par deux fois à ses disciples ? C’est vraiment le grand cadeau du Christ à tous ceux et celles qui lui offriront leur foi : Lc 1,76-79 ; Jn 14,27 ; 16,33 ; Ac 10,36 ; Rm 15,13 ; 2Co 13,11 ; Ep 2,17-18 ; 4,3 ; 6,15 ; Ph 4,7 ; Col 3,15 ; 2Th 3,16… De quelle Présence sera-t-elle le fruit dans leur cœur, tout comme cette joie qu’ils expérimentent ici en Jn 20,20 (cf. Ga 5,22) ?

            Puis que leur dit Jésus en Jn 20,21 ? Le « comme » est important… Comment Jésus a-t-il vécu tout son ministère (cf. Jn 5,19-20.30 ; 4,34 ; 14,10-11 ; noter le titre employé en Mt 12,18 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30) ? Comment les disciples devront-ils vivre le leur (cf. Jn 15,5 ; 15,9-10 ; noter le titre employé en Rm 1,1 ; 1Co 4,1 ; Ga 1,10 ; Ph 1,1 ; Col 4,12 ; 1Tm 4,6 ; 2Tm 2,24…) ?

            Puis que fait Jésus en Jn 20,22 ? Le projet créateur de Dieu est parfaitement accompli (cf. Gn 2,4b-7) : Jn 10,10 est répandue largement sur le monde par le don de l’Esprit Saint, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; cf. 2Co 5,17-21 ; Tt 3,4-7)… Quelle sera d’après Jn 20,23 la première œuvre de l’Esprit au cœur de ceux et celles qui accepteront de le recevoir ? Nous retrouvons Lc 24,47 ; Ac 2,38 ; Ez 36,25 lu avec Jn 7,37-39… Et seul celui qui refusera d’accueillir ce pardon, et donc de se convertir de tout cœur en mettant sa vie en accord avec sa foi, ne pourra que voir ses péchés « retenus »…

            « Huit jours après » (Jn 20,26)… En incluant dans le calcul ce « premier jour de la semaine » où le Christ Ressuscité s’était manifesté à ses disciples, quel jour sommes-nous ? Or que fait habituellement la communauté chrétienne en ce jour ? Quel message ce texte adresse-t-il donc à tout croyant par la seule mention des jours où surviennent ces évènements ? A nouveau le Christ Ressuscité « se tint au milieu de ses disciples »… Que leur dit-il de nouveau ? Combien de fois cette expression sera-t-elle donc intervenue en tout dans notre passage ? Conclusion (« Trois » est le chiffre de Dieu en tant qu’il agit : quelle est donc l’action de Dieu par excellence dans nos cœurs blessés ? Ne jamais oublier Lc 5,31-32) !

            Le Ressuscité porte donc toujours les traces de sa Passion sur son corps glorifié : qu’est-ce que cela signifie pour chacun d’entre nous (cf. 1P 2,21.24 ; Rm 4,24‑25 ; 8,31‑32 ; 1Co 15,3-5 ; 2Co 5,14-15 ; Ga 1,3-4 ; Ep 5,1-2 ; Col 1,21-23 ; 1Th 5,9-10 ; 1Tm 2,3-6 ; Tt 2,13-14 ; voir aussi le début d’Is 49,16) ? Thomas le constate… Que lui déclare le Christ ? D’après le verbe qu’il emploie, est-on un homme « de foi » tout de suite, instantanément, ou la foi est-elle une réalité qui mûrit et grandit petit à petit avec le temps ? Le même verbe était intervenu en Jn 1,12 et dans la question de Jésus à l’infirme en Jn 5,6 : « Veux-tu devenir bien-portant ? »

            Noter la réponse de Thomas… Que confesse-t-il vis-à-vis de ce Christ vrai homme qu’il a si bien connu ? De telles affirmations directes et explicites sont rares dans le Nouveau Testament : voir la fin de Jn 1,1 et noter que l’Evangile se termine comme il avait commencé… Puis Jn 1,18 (« un Dieu Fils Unique ») ; Rm 9,5 ; Hb 1,1,8 ; 13,21 ; Tt 2,13 ; 2P 1,1. Enfin, notre passage se termine par une affirmation qui concerne tous les croyants de tous les temps, et que dit-elle (cf. Jn 15,11 ; 16,20-24 ; Mt 5,1-11 ; 13,44 ; 28,8 ; Ac 2,28 ; 8,8 ; 13,52 ; Rm 14,17 ; 15,13 ; Ga 5,22 ; Col 1,11-14 ; 1Th 1,6 ; 1P 1,3-9…) ? Enfin, bien relire la conclusion de l’Evangile (Jn 20,30-31) : la foi pour la vie !       DJF

 

Jean 17 avec Ste Thérèse de Lisieux

 Jésus, mon Bien-Aimé, je ne sais pas quand mon exil finira… plus d’un soir doit me voir encore chanter dans l’exil vos miséricordes, (Ps 89,2) mais enfin, pour moi aussi viendra, le dernier soir ; alors je voudrais pouvoir vous dire, ô mon Dieu :

« Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre que vous m’avez donnée à faire ; j’ai fait connaître votre nom à ceux que vous m’avez donnés ; ils étaient à vous et vous me les avez donnés. C’est maintenant qu’ils connaissent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; car je leur ai communiqué les paroles que vous m’avez communiquées, ils les ont reçues et ils ont cru que c’est vous qui m’avez envoyée. Je prie pour ceux que vous m’avez donnés parce qu’ils sont à vous, [34v°] Je ne suis plus dans le monde ; pour eux, ils y sont et moi je retourne à vous. Père Saint, conservez à cause de votre nom ceux que vous m’avez donnés. Je vais maintenant à vous, et c’est afin que la joie qui vient de vous soit parfaite en eux, que je dis ceci pendant que je suis dans le monde. Je ne vous prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont point du monde, de même que moi je ne suis pas du monde non plus. Ce n’est pas seulement pour eux que je prie, mais c’est encore pour ceux qui croiront en vous sur ce qu’ils leur entendront dire. Mon Père, je souhaite qu’où je serai, ceux que vous m’avez donnés y soient avec moi, et que le monde connaisse que vous les avez aimés comme vous m’avez aimée moi-même. » Jn 17,4-24

Oui, Seigneur, voilà ce que je voudrais répéter après vous, avant de m’envoler en vos bras. C’est peut-être de la témérité ? Mais non, depuis longtemps vous m’avez permis d’être audacieuse avec vous. Comme le père de l’enfant prodigue parlant à son fils aîné, vous m’avez dit : « TOUT ce qui est à moi est à toi » (Lc 15,31).  Vos paroles, ô Jésus, sont donc à moi et je puis m’en servir pour attirer sur les âmes qui me sont unies les faveurs du Père Céleste. Mais, Seigneur, lorsque je dis qu’où je serai, je désire que ceux qui m’ont été donnés par vous y soient aussi, je ne prétends pas qu’ils ne puissent arriver à une gloire bien plus élevée que celle qu’il vous plaira de me donner, je veux demander simplement qu’un jour nous soyons tous réunis dans votre beau Ciel. Vous le savez, ô mon Dieu, je n’ai jamais désiré que vous aimer, je n’ambitionne pas d’autre gloire. [35r°] Votre amour m’a prévenue dès mon enfance, il a grandi avec moi, et maintenant c’est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur. L’amour attire l’amour, aussi, mon Jésus, le mien s’élance vers vous, il voudrait combler l’abîme qui l’attire, mais hélas ! ce n’est pas même une goutte de rosée perdue dans l’océan !… Pour vous aimer comme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, alors seulement je trouve le repos. O mon Jésus, c’est peut-être une illusion, mais il me semble que vous ne pouvez combler une âme de plus d’amour que vous n’en avez comblé la mienne ; c’est pour cela que j’ose vous demander d’aimer ceux que vous m’avez donnés comme vous m’avez aimée moi-même (Jn 17,23).  Un jour, au Ciel, si je découvre que vous les aimez plus que moi, je m’en réjouirai, reconnaissant dès maintenant que ces âmes méritent votre amour bien plus que la mienne ; mais ici-bas, je ne puis concevoir une plus grande immensité d’amour que celle qu’il vous a plu de me prodiguer gratuitement sans aucun mérite de ma part (Rm 3,24).

 Ma Mère chérie, enfin je reviens à vous ; je suis tout étonnée de ce que je viens d’écrire, car je n’en avais pas l’intention, mais puisque c’est écrit, il faut que ça reste, et avant de revenir à l’histoire de mes frères, je veux vous dire, ma Mère, que je n’applique pas à eux, mais à mes petites sœurs (du noviciat), les premières paroles empruntées à l’Évangile : Je leur ai communiqué les paroles que vous m’avez communiquées (Jn 17,8 ) etc. car je ne me crois pas capable d’instruire des missionnaires, heureusement je ne suis pas encore assez orgueilleuse pour cela ! je n’aurais pas davantage été capable [35v°] de donner quelques conseils à mes sœurs, si vous, ma Mère, qui me représentez le bon Dieu, ne m’aviez donné grâce pour cela.

 C’est au contraire à vos chers fils spirituels qui sont mes frères que je pensais en écrivant ces paroles de Jésus et celles qui les suivent : « Je ne vous prie pas de les ôter du monde… je vous prie encore pour ceux qui croiront en vous sur ce qu’ils leur entendront dire » (Jn 17,15-2O).  Comment, en effet, pourrais-je ne pas prier pour les âmes qu’ils sauveront dans leurs missions lointaines par la souffrance et la prédication ?

Diacre Jaques Fournier :

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