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Fiche N°21 : La fin du ministère public de Jésus (Jn 11,55-12,50)

L’onction de Béthanie

Lire Jn 11,55 – 12,11, puis noter toutes les expressions identiques ou semblables que l’on retrouve dans les deux épisodes encadrant l’onction de Béthanie : Jn 11,55-57 et Jn 12,9-10. Quelle est l’information principale que l’on retrouve dans ces deux passages ? Elle sera la clé de l’interprétation de l’onction de Béthanie ; Jésus y fait d’ailleurs explicitement allusion en Jn 12,7-8… Quel est d’ailleurs le mot qui intervient deux fois en Jn 11,55 ; à quoi sa simple présence fait-elle déjà allusion ? En Jn 11,57, seul Jésus est visé ; mais qui l’est également en 12,10-11 et pourquoi (•) ? Retrouver ce thème, de manière plus développée, en Jn 15,18-21 ; 16,1-4 ; 16,33 ainsi que la réponse précédente (•) en Jn 15,21. A travers les disciples, qui donc est visé ? Et à travers Jésus, qui est visé (cf. Jn 15,23) ? Qui, de fait, se manifestait avec lui et par lui à travers ses Paroles (cf. Jn 14,24 ; 8,28 ; 12,50 ; 17,8) et ses Œuvres (Jn 10,37-38 ; 14,10-11) ? Et qui, maintenant, se manifeste à travers les Paroles et les Œuvres des disciples (cf. Mc 16,20 ; Ac 3,6 ; 4,8-10 ; 2Co 2,15 ; résumé général en Lc 10,16) ? Quel Mystère est à la racine des deux réponses précédentes (cf. Jn 10,30 ; 15,9-10 ; 17,20-24 ; 1Jn 1,3 ; 1Th 5,10). En reprenant le verbe qui intervient par deux fois en Jn 15,23, qu’est-ce donc que « le péché » (Voir éventuellement la note de la TOB pour ce verset) ? Ainsi, on retrouve, que ce soit à travers Jésus ou à travers ses disciples, une seule et unique attitude : l’expliciter avec Nb 11,20 ; 1Sm 10,19 ; Ez 23,35 (cf. Lc 9,22 ; 17,25). Et finalement, quelle en est la racine (Si 10,21) ?

Souvenons-nous (Voir éventuellement la note de la BJ pour Jn 12,1) : le récit historique de Jean avait commencé par « la semaine inaugurale » indiquée par les précisions d’ordre temporel du début des versets Jn 1,29 ; 1,35 ; 1,43 ; 2,1. Elle se terminait par le récit des Noces de Cana, signe au cours duquel Jésus « manifestait sa gloire » pour la première fois en changeant l’eau en « bon vin », signe du Don de l’Esprit Saint, cadeau de Dieu par excellence dans le cadre de cette nouvelle Alliance qu’il venait instaurer avec son Fils et par Lui. Ce cadre d’une semaine permettait de faire un clin d’œil au premier récit de la création (Gn 1,1-2,4a) et de mettre ainsi en parallèle le septième jour et le miracle de Cana. Ce septième jour était le premier jour complet de l’homme, créé le sixième, jour que Dieu remplit de sa bénédiction, jour où ni Lui ni l’homme ne « travaillent » pour se consacrer tout entiers à la relation qui les unit : Dieu tourné vers l’homme et se donnant entièrement à lui, l’homme tourné vers Dieu et donc pleinement comblé par cette bénédiction que Dieu lui offre en surabondance avec le Don de l’Esprit. Le projet créateur est alors accompli : Dieu a introduit l’homme dans le Mystère de sa Plénitude, de sa Communion, pour vivre une relation d’Amour avec lui, en face à face dans l’unité d’un même Esprit…

D’après Jn 12,1, le récit historique de la vie de Jésus se termine lui aussi par « une semaine finale » dont le point d’orgue sera la Résurrection du Christ où se manifestera pleinement le Mystère de cette Gloire que le Père lui a donnée « dès avant la fondation du monde, parce qu’il l’a aimé » (Jn 17,24) et qu’il l’aime de toute éternité. Cette année-là, en quel jour particulier la Pâque tombait-elle (cf. Jn 19,31) ? En comptant les « six jours » de Jn 12,1 comme des jours pleins, en quel jour eut lieu l’onction de Béthanie ? Ce jour-là, « on lui fit un repas »… Après la mort et la résurrection du Christ, que deviendra ce repas pour les chrétiens et que célèbreront-ils en cette occasion ?

Ce repas sera avant tout celui de l’amour : Amour du Christ qui donne sa vie, jusqu’à la fin, pour ce monde qu’il aime et qu’il veut sauver (cf. Jn 15,13 ; 13,1 ; 3,16‑17 ; 15,9), amour des disciples qui gardent sa Parole, lui obéissent et le célèbrent (cf. Lc 22,19-20 ; Jn 14,21-23 ; 15,9-10)… Et Béthanie signifie en hébreu « la maison d’Ananie », Ananie signifiant lui-même « Dieu fait grâce, Dieu fait Miséricorde »… Après le geste de Marie, très concrètement, Jésus sentira bon et il en sera heureux… Mais sera-t-il le seul à avoir du parfum sur lui, à sentir bon, à en être heureux ? La leçon à tirer pourrait être évoquée avec la fin d’Ac 20,35 et Lc 6,38 ; que symbolise donc en fait ce parfum ? Souligner encore l’intensité de ce geste accompli par Marie en relisant Jn 12,5 à la lumière de l’information donnée en Mt 20,2 sur la valeur d’un denier. Et ensuite « toute la maison s’emplit de la senteur du parfum » et bénéficia de sa bonne odeur… Telle devrait être « la bonne odeur » qui règne dans l’Eglise, une odeur qui, par elle, devrait se répandre dans le monde entier (Si 39,13-16 ; 2Co 2,14-16 ; Ph 4,18 ; conséquences de 1Co 12,13.27 lu avec Rm 5,5 et Ga 5,22)…

Comment parle-t-on de Judas en Jn 12,6 ? D’après Jn 10,10, à qui est-il apparenté ? Et de fait qu’adviendra-t-il en 13,2 ? « Donner aux pauvres » est une bonne action… Ainsi, outre l’hypocrisie de Judas, on se rend compte que « le mal » peut prendre le visage du « bien », en se justifiant par l’allusion à ce qui, de fait, est une « bonne » action… Et certains, en suivant l’argumentation de Judas, pouvaient être choqués par cet apparent gaspillage. Mais au-delà de toutes ces considérations sur le soi‑disant « bon usage de l’argent », quelle est en fait la seule réalité qui compte aux yeux de Dieu (cf. Jn 13,35) ?

L’entrée messianique de Jésus à Jérusalem (Jn 12,12-19)

La foule accueille Jésus en reprenant une exclamation du Ps 118(117). Lire ce Psaume. Un mot revient quatre fois dans les quatre premiers versets, lequel (répondre si possible avec la Bible de Jérusalem (BJ) puis avec la TOB et enfin, mettre les deux ensemble ; la Septante, la traduction grecque réalisée par des Juifs à Alexandrie vers le 2° s. av. JC, a « miséricorde ») ? A la lumière du contexte de l’époque – Israël envahi par les Romains -, comment pouvait-on comprendre spontanément les versets 5 à 16, et les v. 21 et 25 ? Ce Psaume était d’ailleurs lu dans l’attente du Messie Libérateur, ce roi fils de David promis par les Ecritures. La foule ne s’y est pas trompée : si elle cite en Jn 12,13 le Ps 118,25-26 pour acclamer Jésus, quel titre rajoute-t-elle juste après le verset cité ? « Hosanna » signifie « Sauve donc » ; à qui doit-on la victoire d’après le Psaume ?

Et Jésus va confirmer qu’il est bien le Messie par un geste symbolique : il entre à Jérusalem assis « sur un petit d’ânesse », comme l’annonçait la prophétie messianique de Zacharie (Za 9,9-10). Mais avec lui, de quoi les hommes seront-ils délivrés (cf. Jn 1,5 ; 10,29 ; Col 1,13…) ?

« Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d’abord » (Voir aussi Jn 10,6 ; Lc 9,44-45 ; 18,31-34), mais après sa mort et sa résurrection, que fera le Christ à leur égard (cf. Lc 24,44-48 et tout spécialement le v. 45) ? Et qui les aidera à faire tout ce travail de mémoire et de relecture des évènements et des Paroles de Jésus à la lumière des Ecritures (cf. Jn 14,26 qui rend possible Jn 12,16) ?

La foule qui était présente lors du retour à la vie de Lazare lui « rendait témoignage ». Mais ils avaient mal interprété ce signe : à qui était-il du (cf. Jn 5,19-20 ; 10,37-38 ; 14,10-11) et par quelle puissance avait-il été mis en œuvre (cf. Ac 1,8 ; Rm 8,11 ; 2Tm 1,7) ? Mais eux, à qui l’ont-ils attribué (cf. Lc 23,35) ? Ils pensaient donc que cette force qui s’était déployée en Lazare venait de lui et qu’il pourrait ensuite la mettre en œuvre contre l’occupant romain… Telle est la conception de la force et de la puissance selon le monde… Telle n’est pas celle du Dieu « doux et humble de cœur » (Mt 11,29) qui, devant les grands de ce monde, prend le visage d’un tout-petit (cf. Lc 22,24-27), faible (cf. 1Co 1,25 ; 2Co 13,4) et apparemment impuissant… C’est cette réalité si contraire à leur attente qu’ils rejetteront violemment lorsqu’ils verront le Christ ligoté aux mains des Romains (Mc 15,1), revêtu par dérision d’un manteau royal (Lc 23,11). Alors, ils crieront « Crucifie-le ! Crucifie-le ! », qu’il disparaisse à jamais de devant nos yeux… Et ils réclameront la grâce de Barabbas (« Le fils du père » en araméen ! Mais lu cette fois avec Jn 8,42-44), « arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition » (Mc 15,7). Lui au moins utilisait la force comme il le fallait ! Mais cette force des orgueilleux n’est qu’illusion (Ps 20(19),8-9 ; 33(32),16‑17)… Ils semblent apparemment triompher ici-bas, mais Dieu « renverse les puissants de leurs trônes, et il élève les humbles » (Lc 1,52), car « ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1Co 1,25)… Alors, si Dieu se présente à nous en Jésus Christ comme un « tout petit » (cf. Mt 11,11), à nous de nous engager à sa suite sur ce chemin de vérité (Jn 14,6) si souvent contraire à nos attentes ! Avec l’aide et le soutien de sa grâce qui nous précède sans cesse (cf. Sg 6,12-16), nous ne pourrons que reconnaître sa Présence dans nos vies, une Présence elle aussi « toute petite », douce, discrète et humble car … elle est déjà là ! « Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,15), il est déjà « arrivé jusqu’à vous » (Lc 11,20). Dieu en effet est présent à la vie des hommes et du monde depuis que ce monde existe ! Telle est la réalité que le Christ est venu révéler à nos cœurs aveugles et sourds… « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (Lc 10,21).

Mais cette apparente petitesse, cette apparente faiblesse de Dieu est plus « forte que les hommes » : rien ni personne ne peut empêcher l’Amour d’aimer et de se donner pour le salut et la vie de tous ceux qu’il aime, puissent-ils au même moment être en train de se déchaîner contre lui jusqu’à vouloir le tuer…

La gloire et la croix (Jn 12,20-36)

Préciser, à l’aide des notes de nos Bibles, qui sont ces « Grecs » de Jn 12,20 (cf. Ac 10,1-2). Jusqu’à présent, quelle était la nationalité de « la foule » ? En introduisant ces Grecs, que veut nous rappeler St Jean (cf. Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,3-6) ? Quelle question posent-t-ils ? Ils ont le même désir que Zachée en Lc 19,1-4. Mais pour St Jean, quel sens profond a ce verbe « voir » (cf. Jn 6,40 avec, si possible, la note de la BJ ; Jn 14,8-11 ; réalisation de ce « voir » en Ep 1,17-19 ; car Ps 36,10 ; et comme Jn 4,24 et 1Jn 1,5 nous avons absolument besoin que s’accomplisse 1Th 5,8 pour que nous puissions « voir » au sens où St Jean le comprend…) ?

Comment Jésus répond-il aussitôt à cette demande (cf. Jn 12,23 ; Jn 17,1-2) ? Or que sous entendent ces paroles (cf. Mc 8,31 ; 9,31) ? Qu’adviendra-t-il alors du « voir Jésus avec ses yeux de chair », comme c’est le cas en Jn 12,20-22 avec ces Grecs, Philippe et André ? Et c’est à ce moment-là où viendra le temps où il sera pleinement donné de le « voir » ! Nous avons un exemple de cette logique déroutante avec l’épisode des deux pèlerins d’Emmaüs en Lc 24,13-35 : au début, ils voient le Christ Ressuscité qui se manifeste à leurs yeux sous une apparence corporelle, mais leur regard intérieur est encore fermé (cf. Lc 24,16). Et puis, au moment où Jésus rompt le pain « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu de devant eux » (Lc 24,31)… Leurs yeux de chair ne voient plus Jésus, mais leur regard intérieur, désormais ouvert, saura reconnaître dans la foi la Présence de Celui qui est avec eux jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20)… Et cela ne sera possible que grâce au Don de l’Esprit Saint (Jn 20,22), Lumière spirituelle qui vient nous éclairer « de l’intérieur » et qui nous donne de percevoir ce que nous ne pourrions reconnaître par nos seules forces humaines…

A quoi Jésus fait-il à nouveau allusion en Jn 12,24 ? Que veut-il dire par « beaucoup de fruit » (cf. Jn 12,32.47 ; 3,16-17 ; 1Tm 1,15) ? Et juste après, au v. 25, est-ce toujours Jésus le sujet principal ? Quelle leçon pouvons-nous tirer de ce changement subit (cf. Lc 6,40 ; Mt 10,25) ? Expliquer ce v. 25 à la lumière de Ep 4,22‑24 ; Rm 14,7‑8 ; Ga 5,16-25 ; Lc 9,23-24 ; exemple de Paul avec Ga 2,19-20  (On peut noter que pour Jn 12,25, nos traductions emploient trois fois le mot vie ; pourtant, en grec, les deux premiers traduisent « psukhé », « l’âme, siège des désirs bons ou mauvais, du caractère, de la personnalité », « le moi profond » ; tandis que le troisième, « zôé » renvoie ici à « la Vie » éternelle de Dieu ). Conclusion : si Jésus meurt sur la Croix pour porter du fruit, que devons-nous faire à notre tour pour recevoir ce fruit (cf. Mc 1,15 ; Rm 13,12‑14 ; 8,13) ? Cette attitude de cœur est difficile, et Jésus le sait bien. Mais par amour, alors qu’il n’avait jamais péché, il a voulu vivre lui-même cette mort à l’égoïsme, cette « mort au péché » (cf. Rm 6,10) pour nous donner de pouvoir la vivre à notre tour avec lui et grâce à lui (cf. Rm 6,12-14 ; 7,14-25)… Et de fait, « qui » nous arrache aux ténèbres d’après Col 1,13-14, « qui » nous donne la repentance d’après Ac 5,31 et 11,18, et « qui » nous permet d’être avec Lui dans sa Maison d’après Lc 15,4-7 et Jn 14,1‑3 ? Si nous consentons à cette action du Dieu Père, Fils et Saint Esprit, quel cadeau recevrons-nous aussitôt (cf. Jn 6,47 ; Rm 6,23)… Essayons donc de faire attention à la « qualité » de notre vie… Qui suivrons-nous alors (cf. Jn 10,11.14.16) ? Et d’après Jn 12,26, où nous retrouverons-nous ? Mais dans St Jean, « où » est Jésus (cf. Jn 10,38 ; 14,10-11 ; 17,21) ? Et de fait, « où » veut-il que nous soyons à notre tour (cf. Jn 17,24) ? Et souvenons-nous, c’est lui-même qui rend cette aventure possible pour nous (Lc 15,4-7 et Jn 14,1-3 lus précédemment) ? Nous retrouvons ainsi à quel point « tout est grâce ». A nous maintenant de dire « Oui ! » à cette grâce, et de consentir ainsi au Salut qui nous est gratuitement donné, par amour (Ep 2,5 et 2,8)…

Nous évoquions « où » nous serions… En quels termes en parle-t-on en 1Co 1,9 ; 1Jn 1,3.6 ? Préciser ce terme avec 1Co 6,17 ; 12,13 ; Ep 2,18 ; 1Co 13,13 ; Ph 2,1 ? Ce Mystère que Jésus désire que nous vivions avec Lui, Lui, de son côté, le vivait parfaitement avec son Père (cf. Jn 10,30)… Et c’est donc par le Don de l’Esprit reçu jour après jour dans la foi et par notre foi qu’il s’accomplira…

Quel combat retrouvons-nous en Jn 12,27-28 (cf. Lc 22,39-44) ? La difficulté du chemin qu’il a emprunté manifeste l’intensité de son désir de nous voir tous « sauvés », arrachés à l’emprise du mal et de ses conséquences destructrices, vivants de sa vie… Si nous acceptons, par notre conversion quotidienne, d’accueillir le fruit de son offrande (le pardon des péchés, le Don de l’Esprit qui vivifie), il en sera le premier heureux… Nous serons alors « sa récompense » (Is 40,10-11)…

Au début du v. 28, Jésus dit « Oui ! » à la perspective de sa mort prochaine, il s’offre entièrement à l’action du Père, il s’abandonne entre ses mains, et il sait que cette action à son égard manifestera « qui » est Dieu : un Père rempli de Tendresse, qui n’abandonne jamais ses enfants et fait toujours pour eux le meilleur. « En toi, ils espéraient et n’étaient pas déçus » (Ps 22(21),5)… Et de fait, le Père répond aussitôt à cet acte d’abandon et de confiance : « Je l’ai glorifié, et de nouveau je le glorifierai »… Donner quelques exemples où le Père avait déjà « glorifié » le Fils… Et quand, bien sûr, le glorifiera-t-il de nouveau ?

En Jn 12,29, la foule a soi-disant « entendu », mais qu’est-ce que les uns et les autres ont entendu ? De quoi ces différences sont-elles le signe (cf. Jn 12,40 ; Mt 13,10-17 ; Ac 28,23-28) ? Jésus est sûr de son Père, mais c’est nous qu’il veut voir grandir dans la foi (cf. Jn 11,41-42). Alors, cette Parole du Père était avant tout pour ceux et celles qui l’entouraient (Jn 12,30)…

Jésus va maintenant présenter « le fruit » (cf. Jn 12,24) de son sacrifice ; une indication temporelle intervient deux fois en ce v. 31, laquelle ? Sur quel point Jésus insiste-t-il donc ? Et d’après le parallèle employé en ce v. 31, qu’est-ce donc que « le jugement du monde », que signifie cette expression ? Une forme passive est employée : qui est donc celui qui agit ? Or, si « le Prince de ce monde » est tel qu’il est décrit en Jn 8,44 et Jn 10,10, quelle sera pour nous la conséquence du fait qu’il soit « jeté dehors » ? Retrouver cette perspective avec Rm 6,23… Or si tel est « le jugement de ce monde », retrouver également ce que signifie pour Dieu (et pour nous !) ce verbe « juger » (cf. Jn 3,17). Alors, si Jésus est « dedans » au sens de Jn 14,10-11 et Jn 17,21, quel est donc ce « dehors » réservé au Prince de ce monde ? En effet, dans cette communion au Père dans l’unité d’un même Esprit qui est Lumière, que deviennent les ténèbres ?

Nous avons donc retrouvé ce que nous avions déjà vu aussi en Jn 5,26-27 lu à la lumière de Jn 17,1-2 : « exercer le jugement », pour Dieu, c’est « donner la Vie éternelle à toute chair », c’est-à-dire sauver l’humanité de la mort spirituelle. Et pour pouvoir donner cette Vie à « toute chair », que fera Jésus une fois qu’il sera « élevé de terre », c’est-à-dire crucifié, mort, ressuscité et exalté par la droite du Père au plus haut des cieux (cf. Jn 12,32) ? Bien noter l’universalité répétée de la perspective : par la révélation que nous apportent les Ecritures, nous prenons conscience d’une réalité qui est vraie pour tout homme, quel qu’il soit, quel que soit ou non son chemin religieux… La seule attitude qui permet à Dieu d’agir dans le secret de nos cœurs est alors tout simplement notre « bonne volonté »…

Mais la foule, une fois de plus, ne comprend pas le sens des paroles de Jésus (Jn 12,34)… Quelle est cette « lumière » évoquée en Jn 12,35 (cf. Jn 8,12 ; 12,46 ; 9,5 ; 1,9 ; 1,4-5 ; 1Jn 1,5) ? Expliquer le verbe « marcher » de Jn 12,35 avec deux derniers verbes employés en Jn 12,36 (cf. Jn 1,12 ; Ep 5,1-20 en insistant sur les v. 8 et 18 et en se souvenant pour ce dernier verset de Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 et Jn 6,63 ; Ga 5,25). Nul doute que ces paroles ont été accompagnées d’une « épiphanie de Lumière » pour permettre aux interlocuteurs de Jésus de « voir » cette Lumière qui rayonne de Lui pour « croire en elle » et donc l’accueillir en leur cœur par leur foi. Mais, comme toute grâce spirituelle particulière, l’intensité de cette manifestation ne dura pas, et « Jésus, s’en allant, se déroba à leur vue ».

Nous arrivons maintenant à la conclusion de la première grande partie de l’Evangile de Jean où Jésus, par ces Paroles qu’il a reçues du Père et ces signes que le Père lui a donné à accomplir, a révélé le Mystère du Dieu Communion « Père, Fils et Esprit Saint », unis l’un à l’autre dans l’unité d’une même nature divine qui est Esprit, Lumière et Vie…

En Jn 12,40, St Jean va rappeler le péché et ses conséquences au cœur des hommes avec une citation du prophète Isaïe (6,9-10) que l’on retrouve en Mt 13,14-15 et Ac 28,25-27. Même idée en Jr 5,21 repris par Mc 8,17-18…

Certains ont cru en Jésus, notamment ses disciples, mais beaucoup ne croient pas en lui (Jn 12,37), ou n’ont pas encore une foi assez solide pour s’affirmer publiquement et affronter les moqueries et les injures de certains Pharisiens (Jn 12,42-43)… Et tel est « le jugement »… En Jésus, la Lumière de Dieu s’est manifestée au monde : certains lui ont dit « Oui ! », d’autres « Non ! »… Pourtant, cette Lumière est celle de la Miséricorde qui veut arracher tous les hommes aux ténèbres du péché, gratuitement, par amour… Lui dire « Oui ! », c’est être sauvé grâce à elle, et c’est essayer avec elle de marcher jour après jour au chemin de la Vie en renonçant à tout ce qui porte la trace de la mort… Lui dire « Non ! », c’est se condamner soi-même à demeurer dans ces ténèbres qui ne sont qu’absence de Plénitude spirituelle, et donc de Lumière, d’Amour et de Paix…

Et Jésus conclura en reprenant les fondements de son être et de sa mission ; les expliciter avec les références indiquées :

1 – Jn 12,49-50 et 5,19-20, et donc Jn 12,44.

2 – Jn 12,45 avec 10,30 et 1Jn 1,5.

3 – Jn 12,46 avec Jn 1,4-5 ; 8,12

et 3,16-17 répété partiellement d’ailleurs en Jn 12,47.

Tout ceci est redit avec le début de Jn 12,50 (cf. la 2° partie de Jn 10,10).

4 – Jn 12,47 avec Jn 8,11.15 et à nouveau 3,17.

5 – Jn 12,48 et 3,18.

Jacques Fournier

Correction de la fiche 21

CV – 21 – Jn 11,55-12,50 CORRECTION