Fiche N°22 : Le dernier repas de Jésus avec ses disciples ; le lavement des pieds (Jn 13).
Le lavement des pieds (Jn 13,1-20)
Notre nouveau chapitre commence par « Avant la fête de la Pâque»… Nous allons rapidement revoir tous les passages de l’Evangile qui parlent de « la Pâque » pour retrouver la nuance particulière que St Jean attache à cette fête. « La Pâque » était donc déjà intervenue en Jn 2,13, lors de la purification du Temple. Et que préfigurait déjà la Parole de Jésus en Jn 2,19 (cf. Jn 2,18-22) ? Puis, nous retrouvons cette fête en Jn 2,23, cadre temporel du discours de Jésus avec Nicodème qui représente ici tout le Peuple Juif ; et que laissent présager Jn 2,24 ; 3,11 ; 3,14-15 ; 3,19-20 ? Puis la Pâque réapparaît en Jn 6,4, où peu après Jésus se présentera comme étant le Pain de Vie par sa Parole et par son Corps offert ; et qu’annoncent déjà Jn 6,41-42 ; 6,51 ; 6,70-71 ? Puis la Pâque intervient à nouveau en Jn 11,55 et 12,1 ; quel est l’épisode qui précède immédiatement (cf. Jn 11,49-54), et que lit-on en Jn 11,57 et Jn 12,10‑11 ? Et que dit Jésus en 12,7-8 à propos du geste que Marie vient d’accomplir à son égard ? Puis, la Pâque apparaît dans notre chapitre en 13,1, et finalement en 18,28.39 et 19,14. Conclusion : dans St Jean, à quoi cette fête de Pâque fait-elle sans cesse allusion ? Et de fait, que retrouve-t-on en Jn 13,1 juste après la mention de « la Pâque » ? Quel verbe intervient par deux fois dans la seconde moitié de ce verset ? Que manifestera donc avant tout la Passion de Jésus ? Et comment cela se manifestera-t-il (cf. Jn 15,13) ? Retrouver cette dernière réponse en Jn 10,17-18. Dans ces derniers versets, le mot « pouvoir » intervient par deux fois ; mais à la lumière du contexte général de l’Evangile de Jean, de qui vient tout « pouvoir », aussi bien pour Jésus (Jn 5,26-27 ; 17,2 ; voir aussi avec le verbe « pouvoir » : 5,19-20) que pour les hommes (Jn 1,12 ; 19,10-11 ; voir aussi avec le verbe « pouvoir » : Jn 3,2-5 ; 3,27) ? Ce mot « pouvoir » intervient d’ailleurs huit fois en St Jean, un chiffre qui symbolise « l’infinie perfection »… De qui Jésus tient-il donc « le pouvoir », la possibilité, la capacité de « se donner » pour le salut du monde ? Et de son côté, que fait le Père vis-à-vis de son Fils en Jn 3,16 et Jn 6,32-33 ? Les réponses à ces dernières questions apparaissent dans l’épisode de Jésus priant juste avant son arrestation, dans le jardin de Gethsémani (cf. Lc 22,39-46). Quelle est, d’après ce texte, la réaction de Jésus face aux souffrances et à la mort désormais imminentes ? Et pourtant, qu’avait-il dit autrefois (cf. Mt 10,28 ; Lc 12,4-5 ; et Jn 4,34) ? Jésus nous apparaît ici pleinement humain, et tout proche de chacun d’entre nous… Et le Père, comme toujours, va exaucer sa prière (cf. Jn 11,41-42), non pas selon ce désir si légitime qu’il crie de toute son humanité, « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! », mais en lui donnant le pouvoir, la possibilité, la capacité d’aller jusqu’au bout de sa mission qui est de manifester que l’Amour de Dieu envers nous est plus fort que tout… Rien, pas même les pires atrocités qu’il subira de la part des hommes, ne pourra l’empêcher de les aimer et de désirer pour eux le meilleur. Et c’est ainsi qu’il offrira d’abord sa vie pour tous ceux qui auront participé plus activement à sa Passion et à sa mort (cf. Ac 3,13-15 et 3,25-26). Quel est donc ce meilleur qu’il désire pour chacun d’entre nous d’après Jn 10,10 et Rm 6,23 ; d’après Rm 2,7-8 ; d’après Col 1,12-13 ; d’après Jn 14,1-3 et 17,24 ; d’après Jn 15,11 ? Dieu veut notre Plénitude et notre Bonheur éternels plus que nous-mêmes… Cette volonté est l’expression de tout son Être, et Il Est Amour (1Jn 4,8.16). Et cet Amour qu’il nous porte, infini, immense, ne peut que le pousser à « vouloir » être avec ceux et celles qu’Il Aime, « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20), à « vouloir » que ceux et celles qu’Il Aime soient les plus heureux possible, « heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu » (Ps 33(32),12 ; 144(143),15 ; 146(145),5)… Alors, « que ta volonté soit faite », que ce que désire ton Amour se réalise… C’est ce que Jésus veut mettre en œuvre de tout son être, lui aussi (cf. Jn 3,16-17 ; 4,34 ; 6,37-40 ; 14,31 avec 12,50). Aussi, « Jésus, ayant aimé les siens les aima jusqu’à l’extrême de l’amour », jusqu’à donner sa vie sur une Croix pour chacun d’eux, pour que nous soyons tous lavés, purifiés de tout mal, arrachés à toute forme de ténèbres et comblés de sa Lumière et de sa Vie… Telle est toute l’œuvre du Christ Serviteur du Père et des hommes, par amour du Père et des hommes… Accepterons-nous de nous laisser ainsi aimer ? « Je chanterai à jamais les miséricordes du Seigneur » (Ste Thérèse de Lisieux)…
En quels termes pourrait-on parler, avec 2Tm 1,7, de ce Don que le Père fait à son Fils pour lui permettre d’avoir la force d’aimer « jusqu’à l’extrême de l’amour » (Voir les notes de la TOB et de la Bible de Jérusalem pour Jn 13,1) pour le salut du monde ? Quelle grande leçon nous laisse donc le Christ en cet épisode de Gethsémani, selon l’expression employée au tout début en Lc 22,40 et à la fin en Lc 22,46 ? Voilà donc la première attitude, de cœur, qui devrait être la nôtre dans toutes les circonstances de notre vie (cf. Ep 6,18)… « Recevoir » de tout cœur, pour « pouvoir » aimer « comme » il nous a aimés (Jn 15,12), et « il n’y a pas de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,12-13). Certains le vivent comme le Christ, jusqu’à l’extrême, jusqu’à mourir sous les balles au pied de l’autel, comme en Irak… Mais nous, nous sommes tous appelés à le vivre en supportant patiemment les adversités, les contrariétés… qui nous arrivent toujours au moment où nous nous y attendons le moins… « C’est pourquoi, je vous le dis, veillez et priez en tout temps » (Lc 21,36)…
Jn 13,1 donne donc la clé d’interprétation de tout ce qui suivra : la Passion du Christ, par amour, le don de sa vie jusqu’à mourir, sa résurrection mise en œuvre par le Père dans la Puissance de l’Esprit… C’est ce que nous rappelons à chaque Eucharistie où Jésus nous invite à venir recevoir le fruit de l’offrande de sa vie : notre vie éternelle (cf. Mc 14,22-24 ; Lc 22,19-20 ; Mt 26,26‑28 ; Jn 6,51-58). St Jean ne nous rapporte pas ce récit de l’institution de l’Eucharistie, mais il nous offre, à la place, l’épisode du lavement des pieds qui n’apparaît par contre que chez lui… Conclusion : pour St Jean, que signifie « servir » pour le Christ ? Retrouver cette dernière réponse avec Mc 10,45 repris en Mt 20,28. Que signifie donc pour le Christ « vivre l’Eucharistie » ? Nous le reverrons par la suite…
L’épisode du lavement des pieds donne sens au récit de la Passion qui suivra. Mais l’Amour donné supplie d’être accueilli…Et quelle est la première réaction de Pierre lorsque le Christ arrive à ses pieds ? Se souvenir d’une réaction semblable de Jean‑Baptiste au moment du baptême de Jésus (cf. Mt 3,13-15)… Dieu déroute en Jésus Christ : le Très Haut, le Très Grand, le Tout Puissant se présente à nous comme le Tout Petit qui vient se mettre à notre service et meurt, faible aux yeux du monde, dans les mains des puissants de ce monde… Ainsi, avant de donner, il s’agira pour nous d’apprendre à recevoir, à nous laisser « servir » par le Christ, ce qui n’est jamais facile pour notre orgueil, notre amour propre… Et cette étape est indispensable : que répond en effet Jésus à Pierre ? A l’époque, l’hospitalité voulait que le Maître de Maison qui accueillait un hôte envoie ses serviteurs lui laver les pieds pour lui permettre d’entrer à son aise dans la maison garnie de tapis et de coussins… Jésus apparaît ainsi comme le Serviteur du Père, envoyé par le Père pour accueillir tous les hommes appelés à entrer dans sa Maison, dans son Royaume, dans cette Vie de Communion dans l’Unité d’un même Esprit… Pour Jésus, ce geste est donc avant tout un geste d’hospitalité, d’accueil, un rituel de bienvenue où le Maître de Maison fait tout pour que son hôte se sente bien à l’aise…
St Pierre, de son côté, va avant tout percevoir ce geste du lavement des pieds comme un rite de purification. Et c’est vrai : c’est le Christ qui, en nous purifiant de toutes nos fautes, de toutes nos souillures, nous donne d’entrer dans la Maison du Père… « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures », dit le Seigneur (Ez 36,25). Cela suppose que nous prenions conscience d’avoir besoin d’être lavés, et que nous acceptions de nous laisser laver… C’est ce que fait ici St Pierre : que dit-il, en effet, en évoquant « non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête » (cf. Lc 5,8 ; se souvenir de la même réaction de Jean-Baptiste en Mt 3,13-15) ? Mais que lui répond Jésus en Jn 13,10 ? Surprise ! St Pierre serait-il déjà « pur tout entier » alors qu’il vient d’exprimer au Christ la perception présente qu’il a de sa misère ? Cela nous amène à préciser de quelle « pureté » le Christ parle… Manifestement, il ne s’agit pas d’une perfection synonyme d’absence de misères, de faiblesses, d’imperfections, etc… St Pierre vient de les reconnaître… Mais la réponse est là… Que font en effet la plupart des scribes et des Pharisiens, et quel est le résultat de cette attitude (cf. Jn 9,40-41) ? Quelle en est la racine (cf. Is 9,8 ; Jr 13,9 ; 48,29 ; Os 5,5…) ? Et face à un tel état de fait, à quoi Dieu nous appelle-t-il (cf. Jr 2,22 ; 3,13) ? Que nous invite-t-il à rechercher avant tout (cf. Jr 5,1 ; 9,2 ; 9,4 : Za 8,16 et la fin de 8,19) ? Et où va celui qui répond à cet appel (cf. première moitié de Jn 3,21) ? Précisez la réponse en mettant en parallèle ce qui est dit du Père en Jc 1,17 et 2Co 1,3. Et quelle est la seule action que met en œuvre un tel Père en faveur d’un homme qui accepte de se reconnaître pécheur (Noter la perspective trinitaire que l’on découvre à travers tous ces versets : ¬ Ex 31,13 ; Lv 21,8 ; 22,32 ; Ez 20,12 ; 37,28 ; 1Th 5,23 ; Jn 17,17 ; Jn 17,19 ; Hb 10,14 ; ® 2Th 2,13). Conclusion de toute la démarche avec 1P 1,22. Autrement dit, « la pureté » dont il est question ici n’est pas synonyme de perfection comprise comme une absence de défauts, de défaillances, etc… mais elle est synonyme de « vérité ». Le pécheur, aveuglé par ses fautes, et telle est leur conséquence inévitable, se met à « voir » dès lors qu’il accepte de reconnaître humblement son état (Se souvenir de Jn 9,39-41). St Pierre en est le plus bel exemple : il est pécheur, il le reconnaît humblement et de tout cœur devant Dieu ; en acceptant cette démarche de vérité, il s’ouvre à la Vérité de Celui qui n’est que Miséricorde, qui, face au pécheur n’a qu’un seul « réflexe », le sanctifier, le justifier… Il devient « pur », di Jésus à St Pierre. Même situation pour le Publicain de St Luc qui, dans le Temple de Jérusalem, « se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié » (Lc 18,13-14). Par contre, le Pharisien, pécheur comme tout le monde mais qui refuse de le reconnaître et se croit meilleur que les autres (cf. Lc 18,11-12), demeure dans l’aveuglement du plus grand péché qui soit, l’orgueil… D’ou la prière du Psalmiste (Ps 19(18),14) : « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil, qu’il n’ait sur moi nul empire! Alors je serai irréprochable et pur du grand péché. »
Un indice nous disait déjà que Pierre était sur le bon chemin, de tout cœur… Jésus vient de se présenter comme « le Pain de Vie » par sa Parole et par sa Chair offerte. « Mais comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger », s’offusquent bon nombre de ses disciples… Et ils le quittent… « Voulez-vous partir vous aussi », dit alors Jésus aux Douze. Pierre répond en leur nom à tous : « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle ». En écoutant Jésus, il a vécu une expérience de « Vie éternelle »… Or, vient de dire Jésus : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (cf. Jn 6,60-71). Et cet Esprit est aussi « l’Esprit de Vérité » (Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13). Seuls ceux qui sont dans la vérité peuvent donc l’accueillir… Or, pour Pierre comme pour chacun d’entre nous, notre vérité est celle d’hommes pécheurs, blessés, si vite déficients… Et la vérité de l’Esprit est celle du « Père des Miséricordes » qui sanctifie les pécheurs… En accueillant dans la vérité de son être pécheur la révélation de la vérité des « entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), Pierre a accueilli la vérité de l’Esprit donné sans mesure avec cette Parole (cf. Jn 3,34 BJ), cet Esprit Eau Vive qui purifie et vivifie… Alors, Jésus peut lui dire : « Déjà, vous êtes purs »… Et Pierre peut confesser : « Tu as les Paroles de la Vie éternelle »… Tel est « le service » que le Christ Serviteur du Père veut accomplir pour tout homme pécheur qui acceptera de s’abandonner en vérité entre ses mains (cf. Mt 28,18-20 ; Ac 2,37-40 ; 1Co 6,9-11 ; Ep 5,25-27 ; Tt 3,4-7). Il est « le Seigneur » et « le Maître », mais pour Dieu, être « Seigneur » et « Maître », c’est aimer et donc servir dans l’humilité et la douceur (cf. Mt 11,29)…
Quelle est donc la base sur laquelle se construit toute vie chrétienne (cf. 1Co 3,11 ; Rm 9,16 ; Tt 2,11-12) ? Et si l’homme s’ouvre vraiment à cette action du Christ en Lui, que recevra-t-il aussitôt avec elle (cf. 1Th 4,7-8) ? Quelle en sera la première conséquence d’après Rm 5,5 ? Quels fruits pourra-t-on alors porter (cf. Ga 5,22-23 ; Ep 5,5-11 ; 2Tm 1,6-11) ? Quel commandement pourrons-nous mettre en pratique (cf. Jn 15,12) ? Le retrouver en actes en Jn 13,14-15… Xavier Léon Dufour commente le lavement des pieds en écrivant que « Jésus ne le présente pas simplement au titre d’un modèle extérieur à imiter, mais d’un don qui génère le comportement à venir des disciples… On pourrait paraphraser : « En agissant ainsi, je vous donne d’agir de même » » (LÉON DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (Ed. du Seuil ; Paris 1993), vol. III p. 36-37). Et quelle sera « l’état de vie » de celui ou celle qui « fera » effectivement ce à quoi le Christ nous invite tous (cf. Jn 13,17 ; 15,11) ?
Mais qu’annonce Jésus en Jn 13,18 ? Et pourquoi le fait-il d’après Jn 13,19 ? A la fin de ce verset 19, St Jean reprend le Nom divin tel qu’il fut autrefois révélé à Moïse en Ex 3,14. Que nous dit cette allusion sur l’identité profonde de Jésus ?
Enfin, quel Mystère évoque la formulation employée en Jn 13,20 sur ce que vivent « les envoyés de Jésus » avec leur Maître (cf. Jn 20,21), et Jésus lui-même avec le Père « qui l’a envoyé » (cf. 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1s ; 1Jn 1,3.6.7) ? Quelle en est une des conséquences d’après Lc 10,16 (cf. 2Co 13,3) ? A quel regard de foi Lc 10,16 nous invite-t-il vis-à-vis des frères et sœurs qui constituent notre communauté, notre Eglise ? Et par quelle attitude ce regard de foi se traduira-t-il très concrètement dans nos relations les uns avec les autres (cf. Rm 1,5 ; 16,26 ; et donc Ep 5,21 illustré en Ep 5,22 ; 5,25 ; 6,1 ; 6,5-7 en faisant bien attention au début de 6,9) ? A quoi nous invite également St Paul en Ph 2,1-4 (cf. Ep 4,1-3) ? Et quel exemple prend-il en Ph 2,5-11 ? Ainsi, dans ce Mystère où « en définitive, l’amour extrême est le partage par Jésus de son union avec le Père », « l’action attendue des disciples » consiste « dans la disponibilité foncière et effective à être au service les uns des autres, un service sans réserve, exempt de la volonté de puissance » (X. Léon Dufour)…
L’annonce de la trahison de Judas (Jn 13,21-30)
En Jn 13,21, Jésus est « troublé » comme il le fut en Jn 12,27 (voir les notes de nos Bibles), et en 11,33 : quel est le point commun à ces trois textes, quelle réalité « trouble » Jésus ?
« En vérité, en vérité » apparaît 25 fois en St Jean, et jamais en Matthieu, Marc ou Luc… L’affirmation est donc solennelle… Jésus y avait fait déjà allusion en Jn 13,18 où il avait cité le Ps 41(40),10 ; relire ce verset en entier : comment « celui qui mange mon pain » est-il appelé dans la première partie de ce verset (lire les notes de nos Bibles données pour ce verset) ? Judas a entendu cette Parole de Jésus : en citant ce Psaume, que lui disait indirectement Jésus ? Et en lui donnant plus tard la bouchée, il y reviendra de nouveau, car ce geste permettra l’accomplissement littéral de la prophétie : « Celui qui mange mon pain »… De plus, en donnant cette bouchée à Judas, nous avons ici commente Raymond Brown « un acte tout spécial d’estime par lequel le Maître du repas distinguait un invité qu’il souhaitait honorer tout particulièrement ». Que lui disait donc Jésus une nouvelle fois ? Et puis au moment de son arrestation, que lui dira-t-il, cette fois directement, en Mt 26,50 ?
Mais hélas, Judas n’ouvrira pas son cœur à l’Amour Miséricordieux de Jésus ; à qui plutôt ouvrira-t-il la porte (cf. Jn 13,27 ; 13,2) ? Dans quelle dynamique entre-t-il d’après Jn 10,10 ? La retrouver dans la première moitié de Jn 8,44… Et de fait, Jésus sera mis à mort sur une croix… Mais qu’adviendra-t-il également de Judas (cf. Ac 1,15‑19 ; autre tradition en Mt 27,3-10) ? Et d’après la seconde moitié de Jn 8,44, sur quel chemin Judas s’engage-t-il ? Le retrouver en Lc 22,48…
« Aussitôt la bouchée prise, il sortit : il faisait nuit ». Désormais, c’est « l’heure des ténèbres » (Lc 22,53).