Fiche N°27 : La fin du discours d’adieux de Jésus à ses disciples (Jn 16,16-33)

Le discours d’adieux aux disciples s’achève et Jésus va le conclure en Jn 16,16-33 comme il l’avait commencé… En effet, souvenons-nous :

                       1 Au tout début, de manière voilée et progressive, quelle annonce Jésus avait-il faite à ses disciples (cf. dans l’introduction, avec la seconde moitié de Jn 13,33 ; 13,36 ; puis au début de la première partie Jn 14,2-6 ; en fin de Jn 14,12 et en Jn 14,28) ?

                        Et à la fin de ce discours d’adieux, quelle est la dernière phrase de Jésus, « claire et sans figures » cette fois, juste avant la réaction des disciples (cf. Jn 16,28) ? Noter que nous retrouvons cette affirmation au début de notre section, dans la bouche des disciples, en Jn 16,17.

                        2 – Puis, peu après le début du discours, qu’avait dit Jésus en Jn 14,19 ? Et peu avant la fin, que retrouvons-nous en Jn 16,16, une affirmation reprise avec insistance en Jn 16,17 et 16,19 ?

            Dans la dernière partie de son discours d’adieux, Jésus revient donc sur les deux points soulignés précédemment. Et tout se conclura par la réaction de foi des disciples en Jn 16,29-33.

            Il nous faut donc relire avec une attention toute particulière Jn 14,19-20, en nous souvenant des deux interprétations possibles de ce passage. La première lancera l’aventure de l’Eglise, la seconde renvoie à l’expérience de foi qui sera la sienne jusqu’à ce qu’enfin les disciples puissent voir leur Seigneur, soit lorsque leur heure sera venue, soit au dernier Jour de ce monde… Relisons donc Jn 14,19-20 :

                                   « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus.

                                    Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi, vous vivrez.

                                    Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père

                                    et vous en moi et moi en vous ».

            Jésus annonce sa mort prochaine. Bientôt, « le monde » qui ne se fie qu’aux apparences et qui ne « juge » que « sur l’apparence » (Jn 7,24), ne le verra plus. En effet, après sa mort, Joseph d’Arimathie et Nicodème prendront son corps et le déposeront dans un tombeau (Jn 19,38-42). Le temps du « voir Jésus » avec les seuls yeux de la chair sera fini… Ce temps fut celui de la visite de Dieu en personne (Mt 1,23 ; Lc 1,76-79), dans la chair : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). Pendant tout ce temps, Jésus, « Dieu Fils unique » (Jn 1,18 TOB), « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière » (Crédo), s’est offert en sa chair au regard des hommes pour qu’à travers ce regard qu’ils poseront sur Lui avec leurs yeux de chair, ils puissent discerner, percevoir, reconnaître cette Lumière de l’Esprit qui l’habite en Plénitude. « Je Suis la Lumière du monde » (Jn 8,12). Mais pour cela, il faut accepter de lui ouvrir son cœur, le plus profond de son être, dans la vérité de notre nature blessée… La vérité de notre misère consentie et offerte ne peut alors qu’accueillir et expérimenter la Vérité de Dieu qui n’est que Bienveillance, Amour et Miséricorde, Don éternel et gratuit de soi dans la seule recherche de notre vrai bien, car nous avons tous été créés pour participer à la Plénitude de sa Vie… Telle est la vocation commune à tout homme, par le simple fait qu’il existe ! Quiconque accepte ainsi de tout cœur cette démarche de vérité, ne peut que découvrir la Lumière du Soleil de Vérité qui ne cesse de briller au cœur de l’univers visible et invisible : « Celui qui fait la vérité vient à la Lumière » (Jn 3,21)… Jaillit alors dans ce regard de chair posé sur Jésus une Lumière invisible à nos seuls yeux de chair, la Lumière de sa Gloire, la Lumière spirituelle qui jaillit de son Être, car « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) et « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa Gloire » (Jn 1,14)… « Le Verbe s’est fait chair » pour cela, pour que nous contemplions sa Gloire, ce qui est synonyme pour St Jean de « connaître Dieu » : « Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (Jn 1,18 TOB), nous « l’a fait connaître » (Jn 1,18 BJ). Or « contempler la Gloire de Dieu », voir sa Lumière, n’est possible qu’en recevant d’abord cette Lumière : « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). Nous en étions privés par suite de notre égoïsme (Rm 3,23) qui, d’une manière ou d’une autre nous enferme en nous-mêmes. Si nous acceptons de reconnaître et d’offrir en vérité cette maladie spirituelle au Christ Sauveur, nous la retrouvons gratuitement, grâce à l’Amour de Dieu qui s’est manifesté en Jésus Christ. En effet, avec Lui et par Lui, Dieu en personne est venu frapper à la porte de nos cœurs blessés, souillés, malades… « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). Et puisque cette démarche même de repentir nous est difficile, il se propose même de nous aider à l’accomplir par le Don de l’Esprit (cf. Ac 5,30-32 ; 11,18). Alors, si nous acceptons de lui ouvrir la porte en consentant à la vérité de notre vie blessée, « j’entrerai » (Ap 3,20), nous promet-il. Et Il Est Lumière, une Lumière qui brille dans nos ténèbres et rien ne peut l’empêcher de briller (Jn 1,5), une Lumière qui nous permet de voir la Lumière…

            Mais si « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), il est aussi « Esprit » (Jn 4,24). Cette Lumière est celle de l’Esprit donné (1Th 4,8) en surabondance (Jn 7,37-39), un Esprit qui est Vie, Plénitude de Vie (Jn 6,63 ; Ga 5,25). Autrement dit, « contempler la Gloire de Dieu », et donc « connaître Dieu », c’est, en acceptant de s’ouvrir au Don de l’Esprit, vivre de la Plénitude de sa Vie, et tel est le seul but que Dieu ne cesse de poursuivre pour chacun d’entre nous. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3).

            « Vous vivrez », promet alors Jésus à ses disciples, et par cette Vie de l’Esprit qui est Lumière, « vous verrez »… « En toi est la Source de Vie, par ta Lumière nous voyons la Lumière » (Ps 36(35),10). Cette expérience, les disciples ont commencé à la vivre au premier jour où ils ont rencontré le Christ. Sans l’avoir encore explicitement reconnue, ils expérimentaient avec Lui une réalité brûlante (Lc 24,32 ; Jn Jn 7,46), de l’ordre de la vie, incroyablement heureuse… Et ils ont tout quitté pour suivre ce bonheur, cette joie (Mt 13,44-46)… Puis, petit à petit, de jour en jour, ils apprendront à reconnaître la réalité invisible qui s’est offerte à leur cœur, une réalité de l’ordre de la vie, de la paix, une réalité que l’on peut nommer « Lumière » car elle donne sens à toute notre existence… Cette « Lumière », ils la verront rayonner du Christ avec une intensité toute particulière au jour de sa Transfiguration (Lc 9,28-36). L’expérience sera encore plus forte lorsqu’ils le verront ressuscité. Thomas sera même invité à toucher la plaie toujours ouverte de son côté (Jn 20,19-29). Telle est l’expérience qui a lancé l’Eglise… Ces manifestations exceptionnelles iront jusqu’à concerner « plus de cinq cents frères à la fois » (1Co 15,6)…

            Mais elles ne dureront pas… « Nous cheminons en effet dans la foi, non dans la claire vision » (2Co 5,7)… Tel fut le chemin qu’emprunta le Christ lui-même… Et tout ce qu’il disait, tout ce qu’il faisait n’avait qu’un seul but : approfondir la foi de ses disciples pour qu’ils soient enracinés, de cœur, comme lui, dans une relation spirituelle profonde avec « mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17), ce Dieu et Père qui, de toute éternité, est Vie et Source de Vie, Lumière et Source de Lumière… Et nous avons tous été créés pour être comblés de cette Lumière qui est Vie par le Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)… Autrement dit, l’expérience de foi promise à tous les disciples n’est pas de voir le ressuscité, comme cela fut le cas lorsque le Christ lança ses premiers témoins jusqu’aux extrémités de la terre… Le don qu’ils reçurent était à la mesure de cette aventure nouvelle qui commençait… Ils avaient besoin d’être forts, inébranlables, pour être les premiers témoins du Christ, en acceptant parfois de mourir « pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu » (Ap 6,9)… Ce qu’ils vécurent est donc exceptionnel, ce qui ne veut pas dire que l’expérience de foi promise à tous les disciples ne l’est pas ! Mais elle sera toute centrée sur cette Vie donnée, cette Vie de l’Esprit qui est Lumière… Le présent de la foi est celui où « les ténèbres s’en vont », mais elles sont toujours là, et le temps où « la lumière véritable brille déjà », et elle est bien là elle aussi (1Jn 2,8) ! En effet, Jésus ne dit pas en Jn 14,19 « vous me verrez », mais « vous verrez que je vis »… En vivant d’une Vie nouvelle, en prenant conscience que cette Vie reçue dans la foi habite le Fils en Plénitude de toute éternité, les disciples pourront affirmer, sans l’avoir jamais vu, que Jésus est Vivant de cette même Vie…

            Mais Jésus vit par le Père (Jn 6,57), il reçoit lui-même cette Vie du Père (Jn 5,26) par le Don de la Plénitude de l’Esprit que le Père lui fait de toute éternité. Cette Plénitude de l’Esprit du Père est ainsi dans le Fils. C’est pourquoi, le Fils, qui n’est pas le Père, peut dire : « Le Père est en moi » (Jn 14,10). Et réciproquement, la Plénitude de l’Esprit qui habite le Fils est dans le Père : « Je suis en mon Père », dit Jésus (Jn 14,20). Mais puisque nous sommes tous appelés à avoir part au même Esprit, Jésus peut aussi dire à ses disciples sur la base de cet Esprit commun : « Vous êtes en moi et moi en vous » (Jn 14,20).

            Nous constatons à quel point Jésus nous entraine au cœur de la foi et de ses conséquences avec cette affirmation reprise trois fois en quatre versets : « Encore un peu et vous ne me verrez plus, et puis un peu encore et vous me verrez »… Le chiffre trois renvoyant dans la Bible à Dieu en tant qu’il agit, nous retrouvons ainsi indirectement que tout ceci ne sera que le fruit de la seule action de Dieu librement accueillie par les disciples…

            Et une fois de plus, que constatons-nous en Jn 16,18 (cf. Jn 8,27 ; 10,6 ; 12,16) ? Jésus prendra donc le temps de développer à nouveau tout ce qu’il leur a déjà dit… Patience de Dieu à l’égard des disciples, patience de Dieu à notre égard…

            Jn 16,20 reprend la perspective d’ensemble de ce discours : la préciser. En se souvenant du début de la fiche précédente, quel sens prend ici le mot « monde » ?

            En Jn 16,21, Jésus utilise l’image d’une femme « sur le point d’accoucher », et il parle de « son heure » qui « est venue »… Ce thème de « l’heure » intervient fréquemment en St Jean :

                       1 – A qui s’applique-t-il en tout premier lieu et à quoi renvoie-t-il (cf. Jn 2,4 ; 7,30 ; 8,20 ; 12,23 ; 12,27 ; 13,1 ; 17,1) ?

                        2 – Mais tout ceci n’est pas un but en soi : quel est justement le but que Dieu poursuit (cf. Jn 3,16-17 ; 6,51 ; 10,10-11) ? Nous venons de voir à qui s’applique en premier lieu ce thème de l’heure ; mais à la lumière de la réponse précédente, qui concerne-t-il également ? Retrouver cette réponse avec Jn 4,21 ; 4,23 ; 5,25 ; 5,28. Nous la constatons à nouveau dans notre texte, en Jn 16,21. En effet, qui sont les personnages principaux des versets qui l’entourent immédiatement (Jn 16,20 et Jn 16,22) ? Et de fait, à qui Jésus a-t-il déjà appliqué ce thème de « naître » (cf. Jn 3,3-8) et de quoi s’agissait-il ? Par quel Don cette nouvelle naissance s’opèrera-t-elle ? Et quand sera-t-il donné à notre monde en Plénitude (Jn 19,33-34 avec Jn 7,37-39 ; Jn 20,22) ?

            Ainsi, « l’heure » de la Passion de Jésus, « l’heure » de sa mort qui sera suivie de sa Résurrection, est-elle aussi en St Jean « l’heure » où Dieu appelle tous les hommes à passer de la mort spirituelle à la Vie, des ténèbres à sa Lumière. C’est ainsi qu’il « donnera le jour à ses enfants » et se réjouira « qu’un homme soit venu au monde » dans son Royaume de Lumière et de Vie. Et tout ceci s’accomplira par le Don de l’Esprit qui s’écoulera en surabondance du cœur transpercé de Jésus pour la vie du monde… Tout est donné… A nous maintenant d’apprendre à recevoir ce qui nous est déjà donné…

            Toute la suite ne sera que la conséquence de ce Don de l’Esprit qui nous rejoint à l’initiative de Dieu, grâce à son action : « Je vous verrai de nouveau », dans la Lumière de l’Esprit, de cœur dans la foi, en attendant le face à face éternel…

                        – « Votre tristesse se changera en joie… Votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera ». De quelle joie parle-t-on (cf. Lc 10,21 ; Ac 13,52 ; Ga 5,22 ; 1Th 1,6 ; Rm 14,17) ? Dans l’affirmation « votre joie, nul ne vous l’enlèvera », quelle idée retrouve-t-on (Jn 1,5 BJ ; 14,30 BJ ; 1Jn 2,8 ; 4,4 ; 5,18) ? En quels autres termes Jésus en a-t-il parlé (cf. sa première parole en St Marc, Mc 1,15) ?

                        – « Ce jour-là, vous ne me poserez aucune question ». Pourquoi (cf. Jn 14,26 ; 16,13) ? En mettant en parallèle l’affirmation des disciples en Jn 16,30, « tu sais tout », avec les affirmations de Jésus en Jn 7,29, 8,55 et Jn 10,15, en se souvenant que « connaître Dieu » pour St Jean c’est « vivre de sa vie » (Jn 17,3), nous constatons à quel point Jésus est venu nous partager « la connaissance » qu’il a de son Père en nous donnant d’avoir part à notre tour à cette Vie qu’il reçoit du Père de toute éternité… Telle était toute sa mission, « faire connaître » le Père (Jn 1,18)…

                        – « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom ». Comment cela se fera-t-il d’après Rm 8,26-27 ? Nous en avons une illustration avec Jésus en Lc 10,21-22 et en Lc 6,12-16 lu avec Ac 1,2 (BJ) : « Les Apôtres choisis sous l’action de l’Esprit Saint ». Prier « au nom du Christ » sera ainsi prier uni au Christ dans la Communion d’un même Esprit, prier en fils avec le Fils dans la seule recherche de la Gloire du Père (Jn 15,16 ; 15,8) et de l’accomplissement de sa volonté : que tous les hommes participent le plus pleinement possible à sa Vie, à sa Lumière et à sa Paix, c’est-à-dire à la Plénitude de son Esprit. « En lui », le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité », et « Dieu est Esprit ». « Et vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude » (Col 2,9-10).

            Telle est donc la volonté du Père : que nous nous tournions vers Lui de tout cœur. Nous serons alors dans l’attitude du Fils qui, de toute éternité, « est tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18). Si tel est vraiment le cas, nous pourrons alors recevoir ce que le Fils reçoit du Père de toute éternité, cette Plénitude de l’Esprit qui l’engendre en Fils « né du Père avant tous les siècles » (Crédo). Cela suppose bien sûr que nous acceptions au même moment de renoncer à tout ce qui nous détourne de Dieu, autrement, nous ne pourrions plus recevoir ce Don qui ne cesse de jaillir de Lui. Nous le savons, pécheurs, blessés, si souvent défaillants, grande est notre faiblesse et nous avons besoin de la Force même de Dieu pour demeurer de tout cœur tournés vers Lui. D’où l’appel de St Paul à vivre dans une prière continuelle (Ep 5,18) pour que nous puissions recevoir ce que Dieu veut nous communiquer : son Esprit. Si nous le demandons avec honnêteté et sincérité, alors même que nous ne connaissons que trop bien notre misère, nous ne pourrons que le recevoir… Et la Force de l’Esprit habitera notre faiblesse, et la Lumière de l’Esprit brillera dans nos ténèbres… « Demandez et vous recevrez », nous dit Jésus (Jn 16,24), dans la mesure où, nous l’avons vu, cette demande rejoint bien sûr la volonté de Dieu… Et nous l’avons dit, la volonté de Dieu est que nous ayons part à la Plénitude de son Esprit, cet Esprit qui est déjà donné au Fils par le Père depuis toujours et pour toujours…

            Aussi, Jésus ne nous invite-t-il qu’à une seule attitude : « Repentez-vous » (Mt 4,17 ; Mc 1,15 ; Ac 2,38), détournez-vous de tout ce qui est contraire à Dieu pour vous tourner de tout cœur vers Lui…

            Et puisque le Père n’a qu’un seul désir, nous communiquer son Esprit, Jésus ne nous invitera qu’à lui adresser une seule demande, celle qui correspond à sa volonté, la demande de l’Esprit (Lc 11,9-13) : « Et moi, je vous dis : demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira. Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson, et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent ? Ou encore s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

            Alors l’Amour de Dieu sera accompli… En effet, en nous rappelant ce principe de Ste Thérèse de Lisieux, « aimer c’est tout donner et se donner soi-même », et en l’appliquant littéralement au Père comme nous l’avons déjà fait si souvent, nous retrouvons les fondements de notre foi : de toute éternité, « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’Il Est et Il Est « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière » (1Jn 1,5) et Vie… « Engendré » par le Père, « non pas créé », le Fils est alors « Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Il vit par le Père (Jn 6,57). Tous créés à « l’image du Fils » (Rm 8,29), Dieu nous appelle à accomplir avec son aide notre vocation à « devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12) en acceptant de nous tourner de tout cœur vers Lui pour que nous puissions recevoir nous aussi ce que le Fils reçoit du Père depuis toujours et pour toujours : la Plénitude de l’Esprit…

            En regardant ses disciples, Jésus constatait que cette volonté du Père commençait à s’accomplir en eux : « Le Père lui-même vous aime », une vérité éternelle à laquelle ils s’ouvraient par le « oui » de leur foi… En se tournant de tout cœur vers Lui, ils recevaient eux aussi ce que le Fils reçoit du Père : l’Esprit qui est Amour (1Jn 4,8 ; 4,16) et dont le fruit ne peut qu’être de l’ordre de l’amour (Ga 5,22). Et de fait, ils se mettaient à aimer comme le Fils aime… Et Jésus savait bien que leur amour à son égard venait du Père… « Le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez »… « Bien-aimés », écrira St Jean dans sa première Lettre, « aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour… (Mais) si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli. À ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné de son Esprit » (1Jn 4,7-13).

            Et Jésus poursuit en disant : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’aimez et que vous croyez que je suis sorti d’auprès de Dieu ». La foi, en effet, est elle aussi est un fruit de l’Esprit : « Nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », si ce n’est par l’Esprit Saint » (1Co 12,3).

Conclusion du discours d’adieux (Jn 16,29-33)

            Comme souvent en St Jean, le discours de Jésus se termine par le « oui » (ou le « non »…) de la foi de ses interlocuteurs (cf. Jn 6,60-71)… Néanmoins, ce « oui » des disciples apparaît encore fragile… Il ne semble basé que sur la constatation que Jésus « sait tout », ce qui fait de lui un Maître brillant. Mais reconnaître son intelligence et sa sagesse n’est pas encore synonyme d’enracinement dans ce Mystère de Communion qu’il vit avec son Père et qu’il est venu nous partager… La foi n’est pas seulement une question d’intelligence ou de connaissance purement intellectuelle… Elle est avant tout un Mystère de Vie dans l’Esprit que l’intelligence est invitée à scruter à la Lumière de ce même Esprit… Aussi, Jésus ne dit-il pas à ses disciples de manière affirmative et définitive : « Vous croyez ! ». Ces mots, il les leur adresse avec un point d’interrogation, « Vous croyez à présent ? », ce qui laisse la porte ouverte aussi bien à un oui qu’à un non, ou du moins à un « pas encore comme il faudrait »… Mais cette foi, telle qu’elle est, a le mérite d’exister et le Christ ne la rejette pas, bien au contraire… Après sa Résurrection, patiemment, jour après jour, il ne cessera de conduire ses disciples vers une foi plus profonde, ce qui est notre cheminement à tous…

            Pour l’instant, Jésus leur montre qu’effectivement, « il sait tout », et que leur annonce-t-il en Jn 16,32 ? Retrouver cette perspective pour Pierre en Lc 22,31-34… Et de fait, lors de son arrestation, « les disciples l’abandonnèrent tous et prirent la fuite » (Mt 26,56). Et Pierre, peu après, le reniera trois fois (Lc 22,54-62). Mais cette défaillance reconnue et offerte au Christ, dans « la peine » (Jn 21,15-17), sera l’occasion pour lui de prendre conscience de sa faiblesse et de la nécessité d’accueillir la Miséricorde et le soutien de Dieu (2Tm 1,7), pour espérer lui rester fidèle…

            Cette annonce de la désertion des disciples au moment de l’épreuve sera l’occasion pour le Christ de rappeler le fondement de sa vie, envers et contre tout, et quel est-il (cf. Jn 16,32 ; 8,29) ? Et quel sera plus tard le fondement de la vie des disciples, envers et contre tout (cf. Mt 28,20 ; Mc 16,20) ? Quelle réalité se cache derrière cet « envers et contre tout » (cf. Rm 8,38-39 ; 1Jn 4,8 et 4,16 ; d’où 2Tm 2,13) ? Et cette réalité se manifestera très concrètement au plus profond d’eux-mêmes, dans l’épreuve. Que leur dit Jésus à ce sujet en Jn 16,33 ? Cette perspective (voir aussi Mt 11,28-30) s’accomplira par le don évoqué en Mc 13,9-11, dont le fruit est la paix (Ga 5,22)… « Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi » (Jn 16,33)…

Jacques Fournier

Correction de la Fiche 27 :

CV – 27 – Jn 16,16-33 Correction

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