Jésus sait que le temps de sa Passion est désormais tout proche. Il n’a cessé durant ces dernières années d’annoncer le Royaume des Cieux (Mt 4,17), de faire connaître le Père (Jn 1,18) et son Amour inlassable pour tous les hommes qu’il veut sauver du mal et de ses conséquences dramatiques (1Tm 2,3-6 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). « Rempli de l’Esprit Saint » (Lc 4,1) « et de puissance, il est passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable car Dieu était avec lui » (Ac 10,38). Il a ainsi manifesté la totale Bienveillance de Dieu à notre égard. Et il continuera de le faire en ne répondant que par l’Amour à toute cette violence qui, très bientôt, va se déchainer contre lui. « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Mais il le sait, le combat sera rude, la difficulté sera à la mesure de l’enjeu : le salut du monde… Aussi commence-t-il par prier son Père pour lui demander de pouvoir aller jusqu’au bout de son offrande et de sa mission, pour le seul bien de tous les hommes qui accepteront d’accueillir la gratuité de son Amour…
Première partie : Jn 17,1-5 ; Jésus prie son Père pour que, grâce à Lui,
il puisse accomplir jusqu’au bout l’œuvre du Père…
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Noter comment Jésus commence sa prière. Et comment nous a-t-il appris à prier en Lc 11,2 ? Si nous acceptons de reprendre ses paroles, que se passe-t-il d’après Rm 8,14-17 ? Dans quelle dynamique sommes-nous alors entraînés ?
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Noter la demande exprimée en Jn 17,1 ; la comparer avec le premier vœu exprimé en Lc 11,2 : qu’en pensez-vous ? D’après Ez 36,22-28, qui est le premier à œuvrer à la réalisation de ce vœu, et que fera-t-il très concrètement pour qu’il en soit effectivement ainsi ? Comparer Ez 36,24 avec Jn 11,49-52 ; conclusion. Comparer Ez 36,25 avec Jn 19,34 ; puis lire Mt 26,28 avec Hb 9,14 et 1Jn 1,7 et Ap 7,14 ; lire encore Ac 2,38 avec Tt 2,4-7 et 1Co 6,11 et Ep 5,25-27 ; conclusion. Comparer Ez 36,26-27 avec 2Co 5,17 lu avec Jn 20,22 et Jn 1,29 et Ga 5,22.25 ; conclusion.
Que confirme cette prière instante de Jésus à son Père (cf. Jn 5,19-20 ; 5,30) ? Il sait que cette dernière étape de sa vie sera humainement très dure ; que demande-t-il donc ici à son Père (cf. Ep 1,19‑20a ; 6,10-11 ; 2Tm 1,7‑8 ; 4,17 ; comparer aussi Rm 6,4 avec Rm 8,11 ; puis 2Co 13,4 avec Lc 4,14) et pourquoi (cf. Jn 13,1 ; 14,31 ; 19,30) ? Quel exemple Jésus nous donne-t-il ici : avant toute action pour Dieu, que devrions-nous faire et pourquoi (Jn 15,4-5 d’où Ep 6,18) ?
Mais Jn 17,1 éclaire en fait toute la vie de Jésus (cf. Jn 17,4) : dans quel contexte particulier nous a-t-il visités d’après Lc 1,78 (Lc 1,76-79 : « Et toi, petit enfant (Jean‑Baptiste), tu seras appelé prophète du Très-Haut; car tu marcheras devant le Seigneur (Jésus), pour lui préparer les voies, (77) pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés (78) grâce aux entrailles de miséricorde de notre Dieu, dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en haut, (79) pour illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, afin de guider nos pas dans le chemin de la paix. ») ? Qu’est-ce que Jésus a donc manifesté par tous ses actes et toutes ses Paroles, et cela jusqu’au bout, jusqu’à la Croix (cf. Ep 2,4 ; 2Co 1,3 ; Rm 9,16 ; 1P 1,3 ; 1Tm 1,15-16 ; Lc 23,34) ? En agissant ainsi, qu’a-t-il fait (répondre avec les expressions utilisées en Jn 17,4 ; Jn 17,6 avec 1Jn 4,8 ; Jn 1,18) ? Et qui lui donnait de pouvoir parler (Jn 17,8) et agir (Jn 10,37-38) comme il l’a fait ? Nous retrouvons Jn 5,19-20…
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Comparer le second vœu exprimé à la fin de Lc 11,2 avec Jn 17,2 : conclusion. Et tout ceci s’accomplit dans le contexte suivant : Rm 6,23 ; Jn 3,16‑17 ; Jn 10,10b ; Jn 1,4-5. Qu’est-ce donc que « le Royaume des Cieux » ( comparer les expressions utilisées en Mc 9,43 et Mc 9,45 avec celle de Mc 9,47 ; lire Rm 14,17 avec Ga 5,25 ; puis Ep 2,18 ; lire 1Jn 1,3) ? A la lumière de ces dernières réponses, que signifie donc « connaître Dieu » en Jn 17,3 ? Nous sommes ici à la fin de l’Evangile : comment la perspective annoncée au tout début en Jn 1,18 s’est-elle donc mise en œuvre (cf. Jn 3,16 ; 3,36a ; 10,10b ; 17,2) ? Et Jn 17,5 sera un nouveau clin d’œil au début de l’Evangile (cf. Jn 1,14 ; 1,1 ; 1,15), tout comme Jn 17,8 (cf. Jn 1,9-14)…
La mission terrestre de Jésus « Sauveur du monde » (Jn 4,42) s’achève donc… Remarquons que l’expression « toute chair » de Jn 17,2 fait allusion à Gn 9,8-17 : comment Dieu se révèle-t-il en ce texte ? Noter combien de fois intervient le mot Alliance et l’expression « toute chair » ; se souvenir que sept est symbole de perfection et quatre d’universalité (les quatre points cardinaux) ; conclusion ? Et que permettra l’offrande de Jésus sur la croix (cf. Mt 26,28 et 1Co 11,25) ? Et d’après la conception de l’époque (cf. Lv 17,11), que recevront donc tous ceux et celles qui accepteront d’être les heureux bénéficiaires de cette offrande du Christ, de ce sang versé pour eux (cf. Jn 6,53‑58) ? Et comment tout cela se mettra-t-il très concrètement en œuvre au plus profond de notre être (cf. Jn 6,63 TOB ; Ga 5,25) ?
Redire la mission universelle de Jésus avec les termes exprimés en Jn 17,2 ; qui sont « ceux que tu lui as donnés » d’après Jn 6,44 ; 6,65 et 17,6.9, en se souvenant du double sens de « venir à Jésus » (cf. le parallèle de Jn 6,35) ? D’après Jn 6,44, quelle attitude de l’homme apparaît alors primordiale pour que Jn 17,2 puisse s’accomplir (le contraire apparaît à la fin de chacun des versets suivants : Ep 2,2 ; 5,6 ; Col 3,6) ?
Remarquons enfin que les versets 1 à 5 sont construits en inclusion, et l’on retrouve avec cette disposition une phrase célèbre de St Irénée (2° siècle ap JC)…
A – Glorifie ton Fils
B – afin que le Fils te glorifie… « La Gloire de Dieu,
C – afin qu’il donne la vie éternelle… c’est l’homme vivant ».
B’ – je t’ai glorifié…
A’ – Glorifie-moi, Père…
Deuxième partie : la prière de Jésus pour ses disciples (Jn 17,6-23)
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a) Rappel du cheminement des disciples (Jn 17,6-10)
Nous retrouvons au tout début la mission première de Jésus : faire connaître le Père. Nous allons suivre les différentes étapes qui permettent d’atteindre ce but :
1 – Qui est le premier à agir et que fait-il (cf. Jn 17,6 ; Jn 6,44 ; 6,65) ?
2 – Que fait alors Jésus d’après Jn 17,8 ?
3 – Mais alors même que Jésus agit ainsi, quel Don vient frapper à la porte du cœur de ceux et celles qui l’écoutent avec bonne volonté (cf. Jn 3,34[1]) ?
4 – Grâce à ce Don, que pourront d’ailleurs dire tous ceux et celles qui l’ont accueilli (cf. deuxième moitié de 1Co 12,3 ; Jn 9,38) ?
5 – Où ce Don se trouve-t-il au même moment en Plénitude (cf. Lc 4,1).
6 – Et quel est Celui qui permet qu’il en soit ainsi de toute éternité ( à la lumière du lien établi en Jn 6,63 ; Rm 8,2 ; 8,6 (TOB) ; fin de 2Co 3,6 ; Ga 5,25 ; fin de Ga 6,8 ; fin de 1P 3,18 ; fin de 1P 4,6 ; Ap 11,11 ; les conséquences sont décrites en Jn 5,26 ; première moitié de Jn 6,57) ?
7 – Que permet aussi ce Don au cœur des disciples (1Co 2,12) ? Noter ce verbe qui intervient en ce verset mais aussi en Jn 17,3 et Jn 17,7…
Récapitulons : Par leur … (4)…, les disciples de Jésus ont reçu … (3)… en accueillant … (2)… que Jésus leur a données. … (3)… leur a permis alors de … (7) … que ce même … (3)… se trouve aussi en plénitude en … (5)… grâce à … (6)… C’est ainsi, dit Jésus, « qu’ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient d’auprès de toi » (Jn 17,7), et « qu’ils ont connu vraiment que je suis venu d’auprès de toi » (Jn 17,8)…
Et pourquoi Jésus peut-il dire maintenant : « je suis glorifié en eux » ; que reconnaît-il à son tour en eux ?
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b) Prière de Jésus pour ses disciples (Jn 17,11-19)
Première intention (Jn 17,11-13)
Dans la Bible « le Nom » renvoie au Mystère même de Celui qui le porte… Ici, pour Dieu, il renvoie à ce que Dieu est en Lui-même… Or, que peut-on en dire d’après Jn 4,24 ? En Jn 17,11, Jésus évoque d’ailleurs ce « Nom que tu m’as donné » ; à la lumière de Jn 4,24, que donne donc le Père au Fils de toute éternité ? Et c’est ainsi que le Fils est « engendré, non pas créé, de même nature que le Père. Il est Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu »… Quel mystère vivent alors le Père et le Fils, depuis toujours et pour toujours ? Comment St Jean en parle-t-il en Jn 10,30 ? Or, quel est justement le Don que Jésus, l’envoyé du Père, est venu nous communiquer (Ac 2,38 ; 10,45 ; 1Th 4,8) ? Ainsi, on peut dire que Jésus est venu donner aux hommes ce « Nom » qu’il reçoit de son Père de toute éternité… C’est comme cela qu’il nous le fait « connaître » (Jn 17,26), en nous le communiquant… Le Catéchisme de l’Eglise Catholique écrit ainsi (& 460) : « Le Verbe s’est fait chair pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1,4) : « Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu » (St. Irénée). « Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu » (St. Athanase). « Le Fils unique de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que Lui, fait homme, fit les hommes Dieu » (S. Thomas d’Aquin). »
Si ce Don est effectivement reçu par les disciples de Jésus, que vivront-ils alors à leur tour d’après la fin de Jn 17,11 ? Avec cette prière, « Père, garde les dans ton Nom », que demande en fait Jésus à son Père ? Mais il connaît bien la faiblesse des hommes : qu’est-ce qui permettra en fin de compte à cette demande d’aboutir (cf. Lc 1,50.54.78 ; Rm 9,16 ; 15,9 ; 2Co 1,3 ; Ep 2,4 ; 1Tm 1,16 ; Tt 3,5 ; Hb 4,16 ; 1P 1,3 ; 2,10 ; Jude 1,21) ? Encore faut-il bien sûr que nous acceptions, jour après jour, de tout lui offrir… Et quel est le seul but que Jésus poursuit en priant ainsi pour eux (cf. Jn 17,13) ?
Deuxième intention (Jn 17,14-16)
Le mot « monde » en Jn 17,14 et 17,16 a le même sens qu’en Jn 12,31 ; 14,30 et 16,11… Quelle difficulté Jésus souligne-t-il en Jn 17,14 (cf. Jn 15,18-16,4 ; Mc 10,29‑30 ; Mt 10,17-25) ? Et que demande-t-il pour ses disciples ? Que retrouve-t-on (cf. Mt 6,13) ? Comme toujours, inspiré par l’Esprit Saint (cf. Rm 8,26-27), Jésus demande à Dieu ce qu’il veut faire pour chacun d’entre nous : voir Jn 12,46 avec 8,12 ; Ac 26,17-18 ; Col 1,12-14…
Les disciples seront-ils donc préservés de toute épreuve ? Mais qu’est-ce que Jésus leur avait déjà promis (cf. Jn 16,33 avec Mt 28,20) ? Nous sommes ici au cœur de la Bonne Nouvelle. Nous pouvons en effet relire 2Co 1,3-7 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, (4) qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous‑mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit. (5) De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation. (6) Sommes-nous dans la tribulation ? C’est pour votre consolation et salut. Sommes-nous consolés ? C’est pour votre consolation, qui vous donne de supporter avec constance les mêmes souffrances que nous endurons, nous aussi. (7) Et notre espoir à votre égard est ferme : nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation. »
Et la Bible de Jérusalem donne en note : « La consolation est annoncée par les prophètes comme caractéristique de l’ère messianique (Is 40,1) et devait être apportée par le Messie (Lc 2,25). Elle consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve et dans le début d’une ère de paix et de joie (Is 40,1s ; Mt 5,5). Mais, dans le NT, le monde nouveau est présent au sein du monde ancien et le chrétien uni au Christ est consolé au sein même de sa souffrance, (2 Co 1,4‑7 ; 7 4 ; cf. Col 1,24). Cette consolation n’est pas reçue passivement, elle est en même temps réconfort, encouragement, exhortation (même mot grec paraklèsis). Sa source unique est Dieu (2 Co 1,3-4) par le Christ (2 Co 1,5), et par l’Esprit (Ac 9,31), et le chrétien doit la communiquer (2 Co 1,4.6 ; 1 Th 4,18). Parmi ses causes, le NT cite : le progrès de la vie chrétienne, (2 Co 7,4.6.7), la conversion (2 Co 7,13), l’Ecriture (Rm 15,4). Elle est source d’espérance (Rm 15,4).
Dans sa deuxième Lettre aux Corinthiens, Paul insiste constamment sur la présence de réalités antagonistes, voire contradictoires, dans le Christ, l’apôtre et le chrétien : souffrance et consolation (1,3-7 ; 7,4) ; mort et vie (4,10-12 ; 6,9) ; pauvreté et richesse (6,10 ; 8,9) ; faiblesse et force (12,9-10). C’est le mystère pascal, la présence du Christ ressuscité au milieu du monde ancien de péché et de mort (1 Co 1-2). »
Et puisque Dieu est « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ; 17,13), c’est-à-dire Source d’Esprit Saint (cf. Jn 7,37‑39), la prière est avant tout ouverture du cœur, accueil de cette Eau Vive et donc de l’Esprit qui sanctifie… L’Esprit donné s’unit en effet à celui ou celle qui accepte de le recevoir et le transforme ainsi en Lui… Christ Ressuscité apparaît alors, par la Présence de son Esprit donné gratuitement dans nos cœurs, au milieu du monde ancien de péché et de mort dont nous faisons tous partie, car nous sommes tous des êtres blessés par le mal, d’une manière ou d’une autre…
Troisième intention (Jn 17,17-19)
Littéralement, Jésus demande : « Sanctifie-les dans la vérité »… Quel principe retrouvons-nous ici (cf. Ex 31,13 ; Lv 21,8 ; Ez 20,12 ; 37,28 ; 2Mac 1,24-25 ; 1Th 5,23‑24), comment s’accomplit-il (cf. Rm 15,16 ; 1Co 6,11 ; 2Th 2,13) et quelle attitude réclame-t-il de nous (1P 1,22 ; Jn 3,21 ; 2Co 7,1) ? Et la vérité de notre misère rencontrera la vérité de la Miséricorde qui nous sanctifiera par le Don de l’Esprit de Vérité. Il s’agira ensuite, jour après jour, de lui obéir pour avancer à la suite du Christ, sur le Chemin de la Vérité qui conduit à la Vie (Jn 14,6)… Pourquoi d’ailleurs, après avoir dit « sanctifie-les dans la vérité », le Christ déclare-t-il juste après : « ta parole est vérité » (cf. Jn 3,34 dans la traduction de la Bible de Jérusalem vue précédemment, puis Jn 15,3 ; même idée supposant une logique semblable en 1Tm 4,5[2]) ? Et le Fils obéira de tout cœur et jusqu’au bout à la vérité (cf. Jn 18,37) pour que, par son offrande, le projet du Père s’accomplisse : que nous soyons sanctifiés dans la vérité… De quoi, d’après Jn 17,18, cette œuvre de Dieu sera ensuite le fondement ? En effet, que devront faire par la suite les disciples (cf. Lc 24,48 éclairé par le verset précédent ; Ac 1,8 ; 5,32) ?
Quatrième intention
Jésus envoie ses disciples dans le monde comme Lui-même fut envoyé dans le monde (Jn 20,21). Et il prie maintenant pour tous les nouveaux disciples que feront ses disciples, c’est-à-dire pour l’Eglise, jusqu’à la fin des temps…
Quelle fut l’activité missionnaire par excellence de Jésus (cf. Jn 17,8 ; Lc 4,15.31 ; 5,3 ; 6,6 ; 13,10 ; 20,1…) ? Celle des disciples d’après Jn 17,20 sera-t-elle différente ? De quelle Parole Jésus s’est-il fait le Serviteur (Jn 17,8 ; 3,34 ; 7,16-17 ; 8,26.28.40 ; 12,49-50 ; 14,10.24 ; 15,15) ? De quelle Parole ses disciples seront-ils les serviteurs (cf. Mt 28,18-20) ? Et qui les aidera dans cette tâche (cf. Jn 14,26 ; 1Co 2,13) ? Et quel est le but final recherché (cf. Jn 17,21 ; 11,49-52 ; Ep 1,9-10 ; 2,18) ? Et par quel moyen tout ceci se réalisera-t-il (Ep 4,3 ; 2Co 13,13) ? En quel autre terme pourrait-on en parler d’après le parallèle entre Jn 4,24 et 1Jn 1,5 ? Que se passera-t-il alors dans les ténèbres de ce monde ? Et quel en sera le résultat pour tous ceux et celles qui accepteront de le reconnaître (fin de Jn 17,21 ; deuxième moitié de Jn 17,23) ? A la même question, Mt 5,16 apporte une réponse différente, laquelle ? Que retrouvons-nous ainsi indirectement (cf. Jn 10,30 ; 14,9) ? Si « le monde » atteint ce but décrit à la fin de Jn 17,21, qu’en sera-t-il pour lui (cf. j Jn 6,47 ; 20,31 ; k et donc Jn 3,16-18 ; 1Tm 2,3-6) ? Si toute la mission de Jésus est résumée en Jn 17,2 et la fin de Jn 4,42, quelle ne peut qu’être la mission de l’Eglise ? Et avec elle et par elle, qui continue d’agir (cf. Mc 16,20 ; 2Co 2,14-15 ; 5,20 ; 1Co 3,5-9) ?
Et d’ailleurs, nous retrouvons cette dernière réponse dans la logique même de Jn 17,20-23. En effet, en Jn 17,20-21 qui agit et en donnant « quoi » pour que « le monde croie » que le Père a envoyé le Fils ? Et en Jn 17,22-23, qui agit et en donnant « quoi » pour que « le monde reconnaisse » que le Père a envoyé le Fils ? Les deux actions sont donc simultanées… Nous retrouvons en fait la dynamique même de la mission de l’Eglise. En effet, ce n’est qu’animée par l’Esprit Saint qu’elle peut rendre témoignage au Christ (Ac 1,8 ; 1Co 2,13 ; 1Co 12,7-8). Or, la Gloire de Dieu n’est que la manifestation, d’une manière ou d’une autre, de ce que Dieu est en Lui-même. Il n’existe donc pas de « Gloire de Dieu » sans la nature divine qui en est comme la source. Donner la gloire, c’est donc donner la nature divine… Or Dieu est Esprit (Jn 4,24). Quand l’Eglise, au fil des siècles, donne au monde la Parole du Fils, Celui-ci, au même moment, lui donne l’Esprit pour lui permettre d’accomplir sa mission. Or cet Esprit est aussi « Lumière » (1Jn 1,5)… Le monde est ainsi invité à « voir », à « reconnaître » cette Présence qui habite l’Eglise. La démarche est alors la même que celle des disciples de Jésus qui étaient invités à « voir », à « reconnaître » (Jn 6,40 : « Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. » Et la Bible de Jérusalem explique en note : « “ Voir ” le Fils, c’est discerner et reconnaître qu’il est réellement le Fils envoyé par le Père, cf. 12,45 ; 14,9 ; 17,6 ».) cette même Présence qui l’habitait en Plénitude, signature de ce Mystère de Communion qui l’unit au Père dans l’unité d’un même Esprit. Et ce « voir » qui est un don de Dieu, car nul ne peut voir la Lumière sans la Lumière (Ps 36(35),10), débouche alors sur un « croire » (Fin de Jn 17,21, et deuxième moitié de Jn 17,23)… St Paul dit la même chose quand il présente l’Eglise comme « le Corps du Christ »… « Voir » l’Eglise vivante rassemblée par sa foi au Christ dans l’unité d’un même Esprit, c’est comme « voir » le Christ uni à son Père dans l’unité de ce même Esprit…
Et d’après la fin de Jn 17,23, quelle est la seule réalité qui rend possible cette aventure ? Et « qui » la met en œuvre ? En se souvenant de ce principe de Ste Thérèse de Lisieux, pris au pied de la lettre pour Dieu, « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », noter la comparaison établie en cette fin de Jn 17,23. Qu’implique-t-elle pour les disciples de Jésus (¯)?
Conclusion : prière ultime pour tous…
Cette conclusion est constituée de deux parties : Jn 17,24 et Jn 17,25-26 ; comment chacune d’entre elles commence-t-elle et se termine-t-elle ? Comparer la fin de chacune de ces deux parties, et la fin du verset qui précède immédiatement Jn 17,24-26 ; conclusion : dans quel contexte doit être placée toute l’aventure humaine, depuis sa création jusqu’à la fin ? Et que sommes-nous tous appelés à vivre (cf. ¯) ?
D’après Jn 3,13-17 ; 4,13-14 ; 4,42 ; 6,39-40.45 ; 11,25-26 ; 12,46 ; 18,37, « qui » sont ceux que le Père a donnés au Fils pour les sauver ? Mais cette base étant établie, quelle autre démarche est maintenant nécessaire (cf. Os 11,7 ; Mi 6,3 ; Jn 1,11-12) ? Et qu’est-ce que Jésus « veut » de toutes les fibres de son être ? Conclusion à la lumière de Ps 115(113B),3 ; 135(134),6 et de Lc 15,4-7 ; Jn 14,1-4… Cette volonté du Fils, qui est bien sûr la même que celle du Père (1Tm 2,3-6), est à l’origine du Mystère de la Création : Dieu nous a tous en effet créés pour que nous participions à la Plénitude de sa vie : « Tu peux manger à satiété de tous les arbres du jardin », et notamment de « l’arbre de vie » planté « au milieu du jardin » (Gn 3,16 et 3,9), symbole de la vie éternelle, précise la Bible de Jérusalem en note… Et si l’homme a perdu la Plénitude de cette vie par sa désobéissance, la volonté de Dieu, elle, n’a pas changé : et il a envoyé son Fils dans le monde pour nous donner gratuitement, par amour, ce que nous avions perdu par suite de nos fautes (cf. Rm 6,23 ; Jn 10,10 ; Ep 2,1-10)… Il s’est fait chair, il a vécu notre vie d’homme, il a souffert, il est mort et ressuscité pour cela : nous donner la Plénitude de sa Vie… Et maintenant, c’est par l’Eglise qu’il veut continuer sa Mission. Toute la prière de Jn 17, juste avant sa Passion et sa Résurrection, est orientée en ce sens. Retrouver cette « dynamique de fond » en reprenant tous « les cœurs » ou toutes « les conclusions » des différentes parties de cette prière (voir mouvement littéraire en fin de document ; Jn 17,2 ; 17,6 (en se souvenant de Jn 3,34 vu précédemment, d’où Jn 6,68-69) ; 17,11 et 17,14 pour le bon accomplissement de 17,18 dont le but est la fin de 17,21 et 17,23 ; alors 17,24 et la fin de 17,26 pourra être vraiment vécu !).
Alors, « que ta volonté soit faite » (Mt 6,10) : première moitié de Jn 17,24 et deuxième moitié de Jn 17,26… Et cela « sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10), car ce Mystère de communion avec Dieu commence dès maintenant, sur la terre, par la foi et dans la foi… Mais là, « on ne voit bien qu’avec les yeux du cœur » (Antoine de St Exupéry)… Et, disait Jésus à ses disciples : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ; bien des prophètes et des rois ont voulu le voir et ne l’ont pas vu » (Mt 13,16-17). Oui, « heureux », dès maintenant, « ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29)…
Jacques Fournier
Jean 17 : la Prière de Jésus pour la Vie du monde…
(1) Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit :
Jésus prie son Père pour qu’il puisse accomplir jusqu’au bout sa mission…
A – « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils,
B – afin que ton Fils te glorifie
(2) C – et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair,
il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés !
(3) Or, la vie éternelle,
c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu,
et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.
(4) B’ – Je t’ai glorifié sur la terre,
en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donné de faire.
(5) A’ – Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi
de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que fût le monde.
Rappel du cheminement de ses disciples
(6) A – J’ai manifesté ton Nom aux hommes,
que tu as tirés du monde pour me les donner.
Ils étaient à toi et tu me les as donnés et ils ont gardé ta parole.
(7) B – Maintenant ils ont (re)connu
que tout ce que tu m’as donné vient de toi ;
(8) C – car les paroles que tu m’as données, je les leur ai données,
et ils les ont accueillies
B’ – et ils ont vraiment (re)connu que je suis sorti d’auprès de toi,
et ils ont cru que tu m’as envoyé.
(9) A’ – C’est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde,
mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi,
(10) et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi,
et je suis glorifié en eux.
Première intention de prière pour eux
(11) A – Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde,
et moi, je viens vers toi.
B – Père saint, garde-les dans ton Nom que tu m’as donné,
C – pour qu’ils soient un comme nous.
(12) B’ – Quand j’étais avec eux,
je les gardais dans ton Nom que tu m’as donné.
J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu,
sauf le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie.
(13) A’ – Mais maintenant je viens vers toi et je parle ainsi dans le monde,
afin qu’ils aient en eux-mêmes ma joie complète.
Deuxième intention de prière pour eux
(14) A – Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs,
parce qu’ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde.
(15) B – Je ne te prie pas de les enlever du monde,
mais de les garder du Mauvais.
(16) A’ – Ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde.
Troisième intention de prière pour eux
(17) A – Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
(18) B – Comme tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
(19) A’ – Pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.
Quatrième intention pour les disciples que feront les disciples…
(20) A – Je ne prie pas pour eux seulement,
mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,
(21) B – afin que tous soient un.
C – Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi,
qu’eux aussi soient en nous,
D – afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
(22) A’ – Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,
B’ – pour qu’ils soient un
(23) C’ – comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi,
afin qu’ils soient parfaits dans l’unité,
D’ – et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé
et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Conclusion : prière ultime pour tous…
(24) I – Père, ceux que tu m’as donnés, (17,6.9)
je veux que là où je suis, (Auprès de toi 17,5.8(11.13) ; en toi 17,21)
eux aussi soient avec moi,
afin qu’ils contemplent ma gloire,
que tu m’as donnée (17,5.22)
parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. (17,23)
(25) II – Père juste, le monde ne t’a pas connu,
mais moi je t’ai connu
et ceux-ci ont (re)connu que tu m’as envoyé. (17,3.7-8)
(26) Je leur ai fait connaître ton nom (17,6)
et je le leur ferai connaître,
pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux. » (17,23)
[1] Jn 3,31-34 : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est de la terre est terrestre et parle en terrestre. Celui qui vient du ciel (32) témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et son témoignage, nul ne l’accueille. (33) Qui accueille son témoignage certifie que Dieu est véridique ; (34) en effet, celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure. »
[2] Et puisque Dieu est « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ; 17,13), c’est-à-dire Source d’Esprit Saint (cf. Jn 7,37‑39), la prière est avant tout ouverture du cœur, accueil de cette Eau Vive et donc de l’Esprit qui sanctifie… L’Esprit donné s’unit en effet à celui ou celle qui accepte de le recevoir et le transforme ainsi en Lui…
Correction de la fiche 28 :
CV – 28 – Jn 17 Correction