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Dimanche 24 mai, 7° Dimanche de Pâques (Jn 17,1-11) – Messe télévisée sur RFO la 1° – Homélie de P. Philippe Mascarel

Frères et sœurs, la première lecture tirée du livre des Actes des Apôtres nous met dans la condition des disciples qui attendent la venue du Saint Esprit dans la Chambre haute, après avoir vu le Seigneur retourné vers le Père, dans son Ascension. Saint Luc, auteur de ce livre, nous donne un indice important. Marie, la mère de Jésus était là. Les Églises orientales aiment à placer Marie au centre des icônes représentant la Pentecôte. Nous voyons l’Esprit Saint descendre sur elle, et d’elle rejaillir sur tous les disciples présents. Marie tient une place importante dans l’accueil de l’Esprit Saint dans nos vies. Cette année, elle se fait ressentir d’une manière plus vive. Tout ce mois de mai, mois marial, privés des célébrations liturgiques et du sacrement de l’Eucharistie, le pape François et notre évêque nous ont invité à prier particulièrement le Rosaire, chez nous, comme dans un CENACLE, pour qu’avec Marie nous puissions attendre la venue de l’Esprit Saint. Nous sommes à quelques jours de la Pentecôte. La parole vient nous rappeler de continuer à prendre Marie chez soi dans notre attente de l’Esprit Saint. Providentiellement, le jour de la Pentecôte, 31 mai en cette année 2020, est aussi fêtée traditionnellement la Visitation de Marie, ce jour-même où le Saint Esprit par Marie, est descendu sur sa cousine Élisabeth et l’enfant qu’elle portait en elle.

La liturgie nous fait entendre aussi en ces dimanches d’après Pâques les discours que Jésus avait prononcés dans l’évangile de Jean. Jésus préparait les disciples car son départ vers le Père était imminent. Les disciples devaient vivre une nouvelle étape à travers l’absence physique de leur Maître. Cette absence physique se décline de 2 manières : c’est suite à la mort prochaine de Jésus sur la Croix, et aussi, et c’est ce que nous vivons ces jours-ci depuis l’Ascension, lorsque Jésus quitte définitivement les apôtres en montant physiquement au ciel.

La peur les habitait. « Que votre cœur cesse de se troubler » leur dit Jésus. « Je pars vers mon Père vous préparer une place et je reviendrai vers vous, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous aussi vous soyez ». Et Jésus leur apprenait petit à petit, en bon pédagogue, à découvrir une autre présence, plus profonde et aussi réelle : « Je ne vous laisserai pas orphelins ». Je ne serai plus seulement à coté de vous, mais je serai « vivant en vous ». Un autre Défenseur vous sera donné et sera toujours avec vous. Il parlait de l’Esprit Saint qui leur sera plus intime à eux-mêmes qu’eux-mêmes. Il leur annonce une vie nouvelle dans l’Esprit.

Il fallait du temps pour que les disciples puissent saisir toute la portée de ces paroles du Christ, comme il nous faut du temps pour intégrer au cœur de nos vies de tous les jours cette réalité nouvelle du Christ mort et ressuscité. Nous aussi nous étions morts, déglingués, boiteux, aveugles et sourds. Et tout d’un coup une force de vie, guérissante, nous est communiquée. Il faut un peu de temps pour que les muscles de notre corps reprennent vigueur et force, ce corps tellement habitué à boiter, que nos yeux accueillent la lumière, ces yeux tellement accommodés à l’obscurité.

Ce chapitre 17 de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre est la finale de ces longs discours de Jésus, commencés dès le chapitre 12. Ici, ces dernières paroles ne s’adressent plus aux apôtres, mais à son Père. Jésus prie longuement pour eux, pour nous, avant de nous quitter. Il est évidemment intéressant d’écouter et de comprendre ce qu’il demande à son Père. Nous n’avons entendu tout à l’heure que le début de cette longue prière. Je vous invite à la lire intégralement ces jours-ci dans tout le chapitre 17.

Permettez-moi de vous inviter à accueillir ce début de la prière de Jésus avec la Vierge Marie.

« L’heure est venue… Père glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie ». Le Fils est glorifié parce que l’heure est venue où il va être crucifié et mourir. L’heure est venue et il demande une chose : que Dieu remplisse ses disciples de sa vie : « Il donnera la vie éternelle à tous ceux que le Père lui a donnés », car il est venu dans le monde pour que les hommes aient la vie en plénitude. Rappelons-nous aux Noces de Cana, quand Jésus dit à Marie : « Que me veux-tu femme ? Mon heure n’est pas encore venue ». Par l’intervention de Marie, il donne le signe de l’abondance en changeant 600 litres d’eau en vin, symbole de cette nouvelle vie divine donnée à l’humanité. L’heure est venue pour que l’homme reçoive la vie divine en abondance. Or, la prière continue : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ ».

C’EST DE CONNAITRE DIEU ET CELUI QU’IL A ENVOYÉ, JÉSUS CHRIST.

La connaissance de Dieu au sens biblique n’est pas une connaissance intellectuelle, c’est une relation amoureuse, comme les relations dans un couple. Connaître Dieu c’est établir une relation d’amour avec Dieu, une relation d’amour et de confiance que nous avons perdu avec Dieu depuis que Adam et Eve ont douté du bienfait de l’amour de Dieu pour eux, qu’ils se sont détournés de lui et ont péché.

Si bien que le 1er commandement que Dieu donne à son peuple sur le Mont Sinaï : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta force, de toute ton âme, et de tout ton esprit », est vraiment la CLÉ de toute la réussite de l’existence humaine.

La vie éternelle, ce n’est pas une question de durée, une vie qui n’aurait pas de fin dans l’au-delà, qui dure éternellement. On risquerait de s’y ennuyer fort. Mais c’est connaître Dieu, c’est connaître son Amour infini, c’est accueillir cet Amour infini de Dieu dans ma vie. Quand on a été blessé ou trahi par l’amour, on ne sait plus accueillir l’amour. Dans ma chair, dans mon humanité je peux refuser l’amour… alors que je suis fait pour être aimé et aimer. Je suis comme cet enfant malnutri qui meurt de faim. On ne donne pas de la nourriture solide à un enfant malnutri. On commence par lui donner un peu de liquide pour que son corps malade s’adapte petit à petit à l’aliment qu’il reçoit. Au fur et à mesure ce petit d’homme reçoit la force nécessaire pour recevoir un aliment plus consistant. Il en est ainsi lorsqu’il s’agit d’accueillir la plénitude de l’amour de Dieu dans ma vie.

Eh bien là frères et sœurs, nous avons besoin de la Vierge Marie. Elle est celle qui a su accueillir pleinement la vie éternelle en elle. Elle a porté le Verbe en elle. Elle a porté Dieu. Elle est celle qui a su aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa volonté, à travers son Fils. « Voici ta Mère » nous dit Jésus sur la croix. Si tu l’accueilles comme ta Mère, elle te donne le lait de son sein pour panser tes blessures et tes déceptions de la vie, pour te faire expérimenter la Miséricorde De Dieu. Elle reçoit ce pouvoir en tant que Mère de te donner de la nourriture proportionnée à ta faiblesse, selon ce dont tu es capable aujourd’hui, en fonction de ton histoire, de tes blessures d’amour, de tes souffrances. Petit à petit, tu seras capable d’accueillir une nourriture plus solide. Tu seras capable d’écouter les paroles de Dieu, ses commandements d’amour dans ta vie sans que cela te soit un fardeau trop lourd ou trop exigeant, mais tu les recevras comme des paroles de vie. Tu diras comme Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? C’est toi qui as les paroles de la vie éternelle ».

L’Esprit Saint est cette vie nouvelle et éternelle donnée aux disciples du Christ, à tous les baptisés et à tous les hommes de bonne volonté. Avec la Vierge Marie, prions ardemment pour l’Église, pour nos sociétés, pour nos familles, pour nos communautés et pour nous-mêmes afin d’être témoins de cette vie nouvelle et éternelle qui nous est communiquée par le Christ mort et ressuscité. Amen.

                                                                                                  P. Philippe Mascarel