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33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 25, 14-30) – Francis COUSIN)

« Je savais que tu es un homme dur …

J’ai eu peur … »

 

Le passage d’évangile de ce jour est ce qu’on pourrait appeler une parabole eschatologique, qui nous fait penser à la fin des temps, comme chaque mois de novembre.

On y voit un maître, un chef d’entreprise (grosse entreprise si on considère la valeur monétaire d’un talent) qui part en voyage et qui confie ses biens à ses serviteurs …

Fallait-il que ce maître ait confiance en ses serviteurs, si l’on pense qu’un talent vaut environ à l’heure actuelle 1,5 million d’euros ! …

Ce maître, c’est Dieu, plus précisément Jésus qui reviendra, « longtemps après », pour juger les hommes, et les faire entrer « dans la joie de [leur] Seigneur ».

Il est important de remarquer que le maître confie ses biens, tout comme Dieu avait confié la terre à Adam et Ève (Gn 1,28-29), ce qui veut dire qu’il faudra rendre des comptes par la suite.

Et peut-être qu’il faudrait utiliser ce verbe pour les ’’talents’’ que nous avons (ou que nous pensons avoir), et que nous considérons comme des dons innés, comme la musique, la danse, l’écriture, la peinture, … mais aussi la patience, l’amour des autres, la bonne humeur, la volonté, le courage, la pertinence … et qui nous sont confiés, pour lesquels nous devrons rendre compte, au temps voulu …

Car la parabole nous le dit bien : il faudra faire fructifier ces ’’talents’’, pas seulement pour soi, pour notre bien-être personnel ou celui de notre famille, mais pour l’ensemble des communautés dans lesquels nous vivons, que ce soit la famille élargie, mais aussi les communautés de travail, sociales, économiques ou politiques … en « ouvrant nos doigts en faveur du pauvre, et en tendant la main au malheureux. » (première lecture).

Certains pourraient se dire : « Oui, mais moi, je n’ai pas de talent particulier, je suis quelqu’un de tout à fait ordinaire. Qu’est-ce que je vais pouvoir faire fructifier ? ». Dieu a donné des talents, comme le dit la parabole, « à chacun selon ses capacités ». Il ne nous demande pas plus que ce que nous pouvons supporter. Et à tous, il a donné son amour … Donner son amour aux autres, c’est déjà plus que bien … et cela peut se faire dans des petites choses …

C’est ce que n’avait pas compris le troisième serviteur.

Il a peur du maître, de Dieu … alors il cache son talent … dans la terre.

Il l’enfuit … le rend invisible pour lui … et pour les autres. Comme s’il n’existait pas …

Il occulte totalement la confiance que Dieu a envers lui …

Pourtant il n’a qu’un seul talent !

Il a peu … parce que Dieu lui a donné selon ses capacités

Mais même s’il a peu … il a peur … il a peur de Dieu …

Il enterre son talent alors qu’il est vivant !

Vis-à-vis de Dieu, c’est comme un suicide : il vit, mais sans avoir la Vie en lui, cette Vie que Dieu lui propose avec son talent. Et s’il n’a qu’un seul talent, ce ne peut être que ce qui est le plus important pour Dieu : l’amour. L’amour que Dieu ne cesse de donner à tout le monde. En refusant l’amour de Dieu, il s’interdit l’amour (agapé) des autres et envers les autres …

En enterrant son talent, il s’enterre lui-même, et se trouve donc dans les « ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! », ce qui est la phrase habituelle pour parler de la géhenne de feu, c’est-à-dire l’enfer.

Il faut reconnaître que bien souvent, nous nous trouvons dans la situation de ce troisième serviteur. Nous sommes prêts à utiliser nos talents pour notre satisfaction personnelle, et souvent nous en sommes fiers, … et nous le montrons aux autres … mais ce n’est pas ce que veut Dieu. Dieu nous veut serviteurs, et même serviteurs inutiles.

Pourquoi en sommes-nous là ?

Souvent par manque de confiance en Dieu, ou plutôt par la non-reconnaissance que Dieu à confiance en nous … peut-être par manque de prières, ou de relations à Dieu … ou parce que nous avons des relations faussées avec lui.

Nous sommes bien souvent davantage prêts à utiliser Dieu à notre profit plutôt qu’à ’’être utilisés par lui’’ (= être à son service) pour le bien de tous.

Utilisons nos talents. N’ayons pas peur de nous salir les mains …

Le père François Varillon écrivait : « Ce n’est pas être vigilant que d’éviter seulement de se salir les mains. Il y a en effet un moyen efficace de garder les mains propres, c’est de ne toucher aucun objet. Le soir, on s’endort dans la tranquillité d’une conscience pure, et l’on ne voit pas qu’on est en pleine illusion, s’il est vrai que ne rien faire n’est pas synonyme de bien faire, et que ne rien risquer ne grandit pas. La fausse pureté est aussi une impureté. Celui qui ne fait rien ne commet pas d’erreur, mais toute sa vie est une erreur. »

Seigneur Jésus,

en attendant ton retour, à la fin des temps,

tu nous as confié la terre

et tout ce qu’elle contient.

Et tu nous as confié aussi les autres humains,

pour les aimer comme tu nous aimes,

pour les aider avec les talents que tu nous as donnés

pour que grandisse notre humanité,

pour le bien de tous.

Fais que nous puissions te rendre

la confiance que tu as mise en nous.

Francis Cousin

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Prière dim ordinaire A 33°