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19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 22-33) – Francis COUSIN)

« N’ayez pas peur, c’est moi ! »

 

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Tout au long du passage de l’évangile de ce jour, cette phrase sera en arrière-fond de l’incompréhension entre les apôtres et Jésus.

Au début, tout allait bien. Les apôtres avaient distribué les pains et les poissons, et il en était resté. Tout le monde était content et satisfait, la foule, les apôtres et Jésus ; mais pas pour les mêmes raisons. La foule parce qu’elle était repue par l’enseignement de Jésus et par le repas, les apôtres parce qu’ils étaient fiers d’avoir participé activement au miracle de Jésus, et Jésus parce qu’il avait pu montrer son amour pour les petits.

C’est après que cela se gâte : la foule veut le faire roi d’Israël. Les apôtres sont contents, ils se voient déjà ministres ou avec des responsabilités. C’est la liesse !

Mais ce n’est pas ce que Jésus veut ! Il envoie, ou plutôt il « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. »

La tête des apôtres ! D’un seul coup, les rêves disparaissent, ils se sentent trahis, ou au moins incompris. Ils auraient bien voulu saluer les gens à qui ils avaient donné du pain, histoire de montrer que c’est un peu grâce à eux qu’ils avaient eu à manger, de faire un peu les bravaches ! … Ils obéissent, mais ils l’ont mauvaise : c’est le crépuscule, l’arrivée des ténèbres, et partir sur la mer de Galilée, dans le royaume du mal, du démon, de la mort … et la nuit … C’est pas vraiment la joie !

Quant à Jésus, il renvoie la foule, tout seul, puis il monte sur la montagne, pour prier, se mettre en relation avec son Père, seul en sa présence. Moment de paix pour lui. Moment d’amour partagé, dans une immense confiance …

Toute la nuit s’écoule : Jésus dans la prière, les apôtres dans la barque, … et dans la tempête qui a levé. Le vent est contraire, ils ont dû affaler la voile, prendre les rames … Ils doivent en vouloir à Jésus de les avoir mis dans cette situation. La confiance disparaît … ils n’avancent pas, … et peu à peu, la peur s’installe en eux …

Vers la fin de la nuit, quand le jour commence à poindre, Jésus, soleil levant, se dirige vers eux, mais en marchant sur la mer agitée. Quand il approche de la barque, entre deux vagues, entouré de gouttelettes d’eau, les apôtres sont tellement fatigués et apeurés qu’ils crient, ils pensent voir un fantôme. C’est la panique totale …

Ils ne l’ont pas reconnu ! Et pourtant il était dans leurs pensées. Et même sans doute sentaient-ils le besoin de sa présence, de manière confuse … Mais c’était tellement irrationnel qu’ils ne pouvaient pas le reconnaître …

Alors Jésus leur dit : « Confiance, c’est moi ( εγω ειμι, Je suis ), n’ayez plus peur. »

Pierre regarde Jésus : « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ». Jésus le fit, et Pierre, continuant de regarder Jésus, descendit de la barque et alla vers lui … jusqu’à ce qu’il se rendit compte de l’irrationalité de ce qu’il faisait : il quitta le regard de Jésus … Il se regarda lui-même, ses pieds, l’eau, le vent … et s’enfonça dans l’eau. Pris de panique, il regarde Jésus : « Sauve-moi ! ».

Jésus étendit la main, le saisit. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Quand Jésus et Pierre entrent dans la barque, la sérénité revient entre les hommes, la confiance en Jésus revient, la tempête entre le chemin des hommes et de Jésus disparaît … et la tempête sur la mer aussi.

« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » (Is 55,7)

Combien de fois sommes-nous comme les apôtres à rester accrochés à nos pensées humaines, à ne pas nous ouvrir aux pensées de Dieu ? À laisser des incompréhensions entre Dieu et les hommes ?

Trop souvent sans doute ! Et à chaque fois la cause est la même : l’éloignement entre nous et Dieu, éloignement physique, mais surtout éloignement dans nos cœurs. Et c’est toujours nous l’auteur, car Dieu ne s’éloigne jamais de nous. Il est toujours près de nous …

« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,35.39)

Seigneur Jésus,

nous t’aimons, et nous voulons

que tu sois toujours près de nous,

mais bien souvent,

c’est nous qui nous éloignons de toi,

et nous pensons que tu nous en veux

car nous ne comprenons pas que

tes chemins ne sont pas nos chemins.

 

Francis Cousin

 

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