« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas … » (Jn 14,1-12 ; 5° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)
Un reproche de Jésus à ses disciples, … mais un reproche plein de tendresse et d’amour, mais qui montre malgré tout une certaine tristesse en ce soir du jeudi saint … la fin de la vie terrestre de Jésus est très proche, et les apôtres n’ont pas encore compris qui il est malgré trois ans passés avec lui …
Ils en restent à l’image physique de Jésus qui est là devant eux … et à un Père lointain qui est dans les cieux … différent de Jésus …
Pourtant, Jésus avait déjà parlé des liens étroits entre son Père et lui : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19), « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 6,38), « Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui (le Père) qui m’a envoyé. » (Jn 8,42), « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30) …
Alors Jésus est encore plus clair : « Celui qui m’a vu a vu le Père (…) Je suis dans le Père et le Père est en moi ! », et pour bien insister, il reprend cette dernière phrase une deuxième fois.
Nous qui vivons maintenant, pouvons-nous voir le Père ? Non bien sûr, puisqu’il est un être spirituel …
Mais nous pouvons comme les apôtres le voir par l’intermédiaire de Jésus.
Vous allez dire : « Mais nous, on n’a jamais vu Jésus ! »
Sans doute, mais si nous croyons en Jésus, si nous croyonsqu’il est le Fils de Dieu, alors nous pouvons le voir, car croire, c’est voir.
Bien sûr, ce n’est pas une ’’vision’’ réelle, physique, touchable …
Ce n’est pas non plus une ’’vision’’ comme un rêve, irréelle …
Mais c’est une ’’vision’’, une ’’vue’’, une ’’image’’ qui se fait dans notre cœur, … une image qui commence à se former quand on entend parler de Jésus la première fois, pour certains il y a longtemps, pour d’autres moins, … et qui évolue petit à petit, au fur et à mesure que l’on apprend à connaître Jésus, …
– Par la lecture de son Évangile, connu par quatre récits qui présentent des différences, qui insistent sur un point plus que sur d’autres, qui donnent des renseignements qu’on ne trouve pas chez les autres, tout cela en fonction de la personnalité de l’auteur, de l’image qu’il avait lui-même de Jésus, et en fonction de la communauté à laquelle il s’adresse …
– Par la prière, cette rencontre entre nous et Dieu, nous et Jésus, nous et l’Esprit, nous et Marie, Joseph, et … qu’elle soit personnelle ou collective …
– Par les sacrements qui sont une rencontre forte entre chaque personne et l’une des personnes de la Trinité …
– Par les témoignages que l’on peut recevoir, qu’ils soient écrits, oraux, factuels, artistiques (peintures, chants, danses, films …) …
Et qui se terminera avec ’’notre’’ vision au moment où nous seront au bout du chemin de notre vie, le chemin de Jésus, quand nous arriverons à la porte du Paradis …
C’est seulement alors que nous pourrons … ou pas … comparer notre ’’image’’ de Jésus avec ce qu’il est en réalité …
Et, à mon avis, on sera vraiment en dessous de la ’’réalité’’ …
Cette image de Jésus, dans la foi, en notre cœur, est une image personnelle. Chacun a la sienne, et sans doute il n’y en a pas deux pareilles. Elle dépend de l’histoire de notre vie, spirituelle, mais aussi notre vie humaine, avec tous ses aspects, familiaux, économiques, sociaux, politiques ; tout ce qui fait ce que nous sommes.
Et quelle que soit la manière dont nous ’’voyons’’ l’image de Jésus, nous sommes capables de reconnaître l’image de Jésus quand elle se fait voir, principalement dans les œuvres d’arts :
– en peinture : l’image de Jésus n’est pas la même chez Philippe de Champaigne, Rembrandt, Utrillo, Chagall, Arcabas, ou chez Hé Qi, mais on le reconnaît toujours … et on le reconnaît aussi quand il s’agit d’une caricature outrageante …
– en musique : Bach n’est pas Mozart, Gianadda n’est pas Gelineau ou Glorious …
– en sculpture : l’art roman est différent de l’art gothique, de l’art de la Renaissance ou de l’art contemporain …
– en poésie : Rimbaud ou Verlaine ne sont pas Marie Noël ; ou en littérature Victor Hugo n’est pas Amélie Nothomb …
Mais cette image que nous avons dans notre cœur se fait voir aussi dans nos propres actions, dans la manière que nous avons de voir et d’agir avec les autres : les petits, les humbles, les pauvres, ceux qui ont besoin d’aide, et ceux qui pensent qu’ils n’ont jamais besoin d’aide ou de Dieu …
Et la manière dont nous vivons de Jésus peut aussi être, et est même, un témoignage pour les autres, et modifier l’image qu’ils ont de Jésus, en bien … ou en mal …
On ne se rend souvent pas compte à quel point notre façon d’agir est un témoignage ou un contre-témoignagevis-à-vis de Jésus.
Seigneur Jésus,
nous vivons souvent
sans faire vraiment attention
à l’importance de notre foi
dans nos manières d’agir,
à l’image que nous donnons de toi
pour les autres.
Fais que nous y soyons attentifs.
Francis Cousin
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