» Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis !  » (Mgr Pierre Calimé – 1933 / 2015)

Pierre a écrit :

« Je demande avec force que l’on s’abstienne de toute carte d’identité lors de mes funérailles présentant mes activités et ma « carrière » : je craindrai la froideur autant que les démonstrations.

A la rigueur, ceci et seulement ceci :

Pierre Calimé 2« J’ai infligé à mes parents, qui avaient trois enfants, de ne pouvoir devenir grand- père et grand-mère. J’ai voulu servir l’Église. Elle l’a bien voulu. J’en ai été réjoui. Comme tout le monde, j’en ai souffert de la vouloir parfaite. Et j’ai tenté de vivre de ce mot du Cardinal Etchegaray : ″Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis ! ″

Je demande pardon à ceux que mon excessive vivacité de parole, jamais maîtrisée, a pu blesser et remercie celles et ceux qui m’ont fait confiance, avec ou sans réserve. Que le Seigneur vous garde en paix comme, j’ose l’espérer de sa Miséricorde, il voudra me garder dans son éternité. »

 

Homélie de Mgr Benoît Rivière, Evêque d’Autun

 

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Frères et sœurs !

Avec la vigueur intérieure qui le caractérisait, avec aussi cette secrète et indicible tendresse envers les autres, Pierre Calimé a demandé que l’homélie de ses obsèques soit brève, et qu’elle s’attache à une seule chose : dire la fidélité de Dieu plus forte que nos trahisons.

La fidélité de Dieu, plus forte que tout ! Pierre Calimé l’aura éprouvée et annoncée, durant toute sa vie de prêtre. À l’heure de remettre à Dieu notre dernier souffle, comme à l’heure de la naissance où nous poussons notre premier cri, notre appui n’est pas en nous-même. Quelle chance ! Oui ! Quelle chance d’asseoir nos pas avec certitude sur le roc qui est le Christ. En lui le Christ, nous pouvons dire notre oui, et le dire partout et toujours. En lui nous pouvons annoncer la fidélité de Dieu, de génération en génération.

En lui nous pouvons chanter son Amour. C’est un amour édifié pour toujours : sa fidélité est plus stable que le cosmos lui-même.

Qu’est-ce qui tient vraiment bon dans le monde qui n’en peut plus des abandons de toutes sortes ?

Qu’est-ce qui a valeur d’éternité dans une vie d’homme ?

Qu’est-ce qui maintient la joie dans une existence donnée à l’Église ?

Qu’est-ce qui permet de repartir à nouveau, chaque matin, en allant de commencement en recommencement, toujours en chemin ?

L’Apôtre Paul – ô combien témoin de la fidélité de Dieu – chante ce qui tient bon, au début de sa lettre aux Éphésiens, que nous venons d’entendre : « Béni soit Dieu, le père de notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a choisis en Lui dès avant la création du monde pour que nous soyons saints et immaculés en sa Présence dans l’amour. »

Ce qui tient bon, c’est l’amour qui nous a fait naître, caché avec le Christ en Dieu.

Pierre Calimé, vous le savez, s’est endormi dans le Seigneur le jour même de la fête de la Nativité du Sauveur. Les premiers mots publics du Sauveur, sur les collines de Galilée, seront l’expression d’un débordement du cœur qui n’est que joie : bienheureux les pauvres, les doux, les affamés et assoiffés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les faiseurs de paix, les persécutés pour la justice, les insultés à cause du Christ !

Comment faisons-nous l’expérience de la fidélité de Dieu, dans les jours de notre vie mortelle et jusqu’à l’heure de notre mort ?

La fidélité de Dieu resplendit sur le visage du Christ et de son Église à travers le monde. Elle brille, cette fidélité, en ceux qui, déjà sur cette terre, sont transformés par la joie pure des Béatitudes.

L’épreuve de la maladie et le nécessaire dépouillement qu’elle impose, ne font-ils pas participer déjà en espérance, c’est-à-dire en réalité, au Royaume ouvert aux pauvres ?

Le détachement de soi-même pour accueillir avec simplicité et bienveillance la parole du frère, n’est-il pas déjà réelle participation au don de la terre promise aux doux ?

Ne pas tenir le compte des offenses, croire en la Miséricorde inépuisable de Dieu, plus grande que notre cœur et plus fidèle que nos trahisons petites ou grandes, n’est-ce pas voir dissoudre en vrai la dureté de cœur, et voir jaillir la joie divine qui balaie toute tristesse sur son passage ? N’est-ce pas voir le visage de Miséricorde sur tant de visages humains ?

La progressive simplification de nous-même, la clarté du regard, ne donnent-elles pas déjà – dans le clair-obscur de la foi certes, mais ô combien réellement- de participer à la béatitude de ceux qui voient la face du Père du ciel et de la terre ?

Et pour ce qui est de la béatitude des affligés, il s’agit de bien autre chose que de la simple et superficielle émotion devant la peine des autres, ou la nôtre personnelle ; il s’agit de ce que Dieu seul peut consoler, à l’endroit même du déchirement de la mort, à l’endroit des injustices graves et parfois irréparables, à l’endroit encore des doutes les plus profonds.

Chez ceux et celles, innombrables, qui dans une patience de fourmi, tissent les liens du pardon et de la paix, brillent la joie durable des enfants de Dieu.

Chez ceux et celles que la croix du Christ entraîne plus avant dans la participation au mystère de rédemption, oui, déjà en chemin, nous voyons briller la belle fidélité du Seigneur !

Que l’exemple de la vie et du ministère presbytéral de Pierre Calimé notre frère, éclaire et encourage les jeunes et les moins jeunes, à ne pas perdre de vue l’amour indéfectible du Christ qui nous a appelés avec lui pour aimer et servir les autres comme lui. Amen !

Mgr Benoît Rivière

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