Dans l’Evangile selon St Jean, l’appel de Nathanaël conclut, à la fin du premier chapitre, l’épisode où Jésus appelle ses cinq premiers disciples (Jn 1,35-51).
Et cet épisode avait commencé par la répétition d’une déclaration de Jean Baptiste, qui, « regardant Jésus qui passait, déclara : « Voici l’Agneau de Dieu » » (Jn 1,36). Quelques versets auparavant, il avait en effet déjà dit au moment où Jésus apparaît pour la première fois dans l’Evangile : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).
Cette déclaration est donc tout spécialement importante car elle donne le contexte général non seulement de l’appel des cinq premiers disciples qui suit immédiatement, mais encore de tout l’Evangile. Jésus est « l’Agneau de Dieu », une image toute de douceur, de délicatesse, de fraicheur, de fragilité, de tendresse… « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur », dira-t-il en St Matthieu (Mt 11,29). Mais cette image de l’agneau renvoie aussi à la figure du Serviteur souffrant en Isaïe, qui, « comme l’agneau, se laisse conduire à l’abattoir, offrant sa vie en sacrifice pour justifier les multitudes ; il s’est ainsi livré lui-même à la mort, il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels » (Is 52,13-53,12). Ainsi, Jésus « est l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » en le prenant sur lui. Alors « qu’il n’avait pas commis de faute et que l’on n’avait trouvé dans ses paroles aucun mal, il a porté lui-même nos fautes en son corps » (1P 2,21-25) pour nous sauver : par amour pour chacun d’entre nous, il s’est uni à nos ténèbres pour que, si nous l’acceptons, nous puissions être unis à sa Lumière. Il est mort de notre mort pour que nous puissions vivre de sa vie. Jour après jour, il nous offre le pardon de tous nos péchés, dont le salaire est « la mort », nous dit St Paul, pour que nous puissions vivre de sa vie : « Le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Jésus est vraiment cet « Astre d’en Haut qui nous a visités dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu pour nous donner de connaître le salut par la rémission de nos péchés » (Lc 1,76-79)…
Et nous sommes tous des pécheurs, d’une manière ou d’une autre… « Juifs et Grecs, tous sont soumis au péché… Il n’est pas de juste, pas un seul » (Rm 3,9). C’est pourquoi Jésus déclare en St Luc : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). L’appel de Jésus est donc avant tout une expérience de Miséricorde, et il n’y a pas, me semble-t-il, de plus grand bonheur que de vivre ce « je t’aime » au cœur même de notre misère…
C’est ce que déclare St Paul dans la première Lettre à Timothée : « Moi qui étais naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur, il m’a été fait miséricorde… Elle est sûre cette parole, et digne d’une entière confiance : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier… Et s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience faisant de moi un exemple pour celles et ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,12-17).