2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 2, 1-11)
« Mariage … signe d’une alliance … »
« Il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »
Saint Jean est le seul des évangélistes à parler de ce mariage, qui a lieu tout au début de son évangile. On ne connaît pas le nom des mariés, s’ils avaient un lien de parenté avec Marie et Jésus, le nombre d’invités … Rien. La seule chose qu’on connaisse, c’est que c’était à Cana, une petite bourgade proche de Nazareth …
Pourquoi ce récit ? Les paroles de Jean sont souvent symboliques. Or, ce passage commence par « Le troisième jour », … et pourquoi pas le quatrième ou le sixième, cela ne changerait rien au récit ?
C’est donc que cette indication est symbolique.
Que s’est-il passé avant ? Premier jour : Jean Baptiste reçoit des prêtres et des lévites de Jérusalem. Deuxième jour : Jésus vient vers Jean Baptiste. Troisième jour : André et son compagnon suivent Jésus où il demeurait, et André amène son frère Simon-Pierre à Jésus. Quatrième jour : Jésus part pour la Galilée avec ses disciples : André, Pierre, Philippe et Nathanaël, et sans doute Jean, le compagnon d’André.
Quatre jours, plus trois jours, cela fait sept jours, une semaine. Or, le septième jour est le jour où Dieu se reposa de la création qu’il avait faite : « Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia. » (Gn 2,3)
Un autre symbole, plus évident, c’est le troisième jour que Jésus est ressuscité. Cela veut dire que tout ce qui va se passer à Cana doit être compris à la lumière de ce qui va se passer pendant la Passion et la résurrection de Jésus.
Un mariage, c’est le signe d’une alliance entre une femme et un homme, pour le reste de leur vie. À Cana, au bout d’un certain temps (Les noces duraient alors jusqu’à une semaine), le vin manqua. Marie s’en rendit compte, et elle le signala à Jésus, qui répondit d’une manière que l’on peut dire surprenante : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. ».
Et il faudra attendre le soir du jeudi saint pour que Jésus dise : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils. (…) et moi, je viens vers toi. » (Jn 17,1.11), juste avant la Passion.
Marie respecte le refus de Jésus, mais elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. ».
Jésus, sans doute après avoir demandé à son Père ce qu’il devait faire, dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les jarres. ». C’étaient des « jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs », et une fois remplies, l’eau devint du vin, de l’excellent vin !
Jésus a supprimé l’eau pour les purifications par du vin, le vin qu’il présenta la veille de sa passion comme « le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».
Cette suppression de l’eau de purification montre qu’une page va être tournée, ce qui compte maintenant, c’est le sang de l’alliance. On passe d’une prescription de l’ancien testament à une nouvelle prescription à venir à la fin de la vie de Jésus : le soir de sa résurrection, Jésus dit aux apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,22-23). La purification rituelle, purement formelle, est remplacée par une décision extérieure sous couvert de l’Esprit Saint : la confession. On est dans le Nouveau Testament.
Ce sang de l’alliance, c’est le sang qui coula du côté de Jésus quand le soldat y enfonça sa lance : « Et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. ». (Jn 19,34).
À Cana, Jésus transforma l’eau en vin. Lors de sa Passion, le vin devient son sang, source de vie éternelle.
Cette alliance nouvelle et éternelle, c’est l’alliance entre Jésus et le peuple de Dieu, scellée par la mort et la résurrection de Jésus, rappelée à chaque eucharistie : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Ap 19,9), comme nous le rappelle le nouveau missel romain, où tous sont invités : les chrétiens … et ceux qui ne le sont pas encore …
Seigneur Jésus,
le premier signe que tu fais
pour inaugurer ta vie publique
est un signe de joie :
tu donnes le vin
qui réjouit le cœur de l’homme,
et en même temps, tu prépares
ce qui arrivera à ton heure :
le don de ta vie pour sceller
une nouvelle alliance éternelle
entre toi et ton peuple.
C’est le bon vin
que tu as gardé jusqu’à maintenant.
Francis Cousin
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