25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 9, 30-37)
« Qui est le plus grand ? »
Il faut bien le dire : dès que deux ou trois personnes sont réunies se pose souvent cette question : Qui est le plus grand ? Qui est le plus important ? Qui est le leader ?
Tentation bien humaine ! …
Pourquoi cette question ? Désir de pouvoir, désir de puissance … dû à l’orgueil de chacun, à la jalousie entre les personnes … qu’on rencontre bien souvent, dans tous les milieux : politique, économique, social, sportif … etc …
Tout le monde, ou presque, veut être le premier en quelque chose …
C’est presque inscrit dans la ’’formation’’ (?) humaine … et dès le plus jeune âge : Les parents ne cessent de pousser leurs enfants à être les meilleurs … à l’école, en sport, dans les activités artistiques …
Après, c’est la société qui prend le relais, avec les championnats, les médailles d’or ou d’argent, les concours divers avec leurs premiers prix dont on fait la publicité, la télévision qui n’a de cesse de créer de nouveaux ’’jeux’’ pour trouver le meilleur de la catégorie … jeux où parfois de mêlent des intrigues, des bassesses qui sont moralement indignes (comme dans Koh Lanta par exemple) … et que l’on retrouve aussi dans la vie de tous les jours …
Qui est le plus grand ?
C’est une question qui ne date pas d’hier !…
On le voit dès le début de la Genèse, initiée par le Satan qui prend la forme d’un serpent : « Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gn 3,4-5) … Tentation du pouvoir …
Qu’on retrouve aussi un peu plus loin : « Au temps fixé, Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur. De son côté, Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et son offrande, il ne le tourna pas. Caïn en fut très irrité et montra un visage abattu (…) Caïn dit à son frère Abel : « Sortons dans les champs. » Et, quand ils furent dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. » (Gn 4,3-5.8). Jalousie …
C’est ce que dit saint Jacques : « Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. » (Deuxième lecture). Mais il donne le remède : « La sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. ».
Jésus nous explique ce que la sagesse propose : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ».
Les douze n’ont pas compris qu’en disant cela, il parlait aussi de lui comme un exemple … Pourtant, il venait pour la deuxième fois d’annoncer sa mort et sa résurrection … lui, le saint de Dieu … « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2,5-8).
Et si les douze n’ont pas compris, il n’est pas sûr que nous aussi nous l’ayons compris. Chaque fois que nous voulons être le meilleur, le premier, pour notre satisfaction personnelle ou pour ’’se faire voir’’, nous ne pensons plus qu’à nous … et nous oublions Dieu et le prochain … nous n’agissons plus en chrétiens … nous ne sommes que des pêcheurs … qui attendons la miséricorde de Dieu.
Alors, pour essayer de mieux se faire comprendre, Jésus prend un enfant et le met au milieux d’eux : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. ».
Cela a dû être un choc pour les douze : mettre un enfant au milieu d’une discussion d’adulte, l’embrasser … cela ne se faisait pas … Les enfants n’étaient pas considérés comme importants à l’époque, et n’avaient pas voix au chapitre …
Alors, dire qu’accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus … mieux, c’est accueillir le Père … cela a dû les choquer …
Quelle humiliation ont-ils ressenti !
Alors qu’en fait … il fallait comprendre « Quelle humilité faut-il avoir pour vivre vraiment en chrétien ! »
Et c’est encore pire si on prend la phrase que rapporte saint Matthieu : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3)
Et c’est encore valable pour nous aujourd’hui !
Me voici Seigneur,
comme un enfant qui marche sur la route,
(…) que n’effleure aucun doute. (…)
Comme un enfant [qui] tient la main de son Père,
sans bien savoir où la route conduit. (…)
Comme un enfant qui s’est rendu coupable
mais qui sait bien qu’on lui pardonnera, (…)
[et qui] vient se jeter dans vos bras.
Odette Vercruysse P 125
Francis Cousin
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