Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 1-3)

Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle sont les suivants  :

  • C’est une intuition qui, à son niveau inférieur, transcende le sens. A son niveau supérieur, elle transcende l’intellect lui-même.

  • De ce fait, elle se caractérise par l’existence d’une certaine lumière dans l’obscurité, d’une certaine connaissance dans l’inconnaissance. Elle est au-delà de la sensibilité, au-delà même des concepts ([1]).

  • Dans ce contact avec Dieu dans la ténèbre, il doit y avoir, des deux côtés, une certaine activité de l’amour. Du côté de l’âme, il doit y avoir une cessation de l’attachement aux choses sensibles ; une libération, au niveau de l’esprit et de l’imagination, de toute forte adhérence, affective et passionnée, aux réalités sensibles. Penser dans le feu de la passion[2] déforme notre vision intellectuelle, nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont. Mais de plus, il faut impérativement dépasser l’intelligence elle-même et ne pas s’attacher même à des « pensées simples (intuitives[3]) ». Toute pensée, si pure soit-elle, est transcendée dans la contemplation. Ainsi, le contemplatif doit nécessairement rester en éveil et détaché de tout ce qui est attachement sensible et même spirituel. Il doit, nous dit saint Jean de la Croix, se détourner même des visions apparemment surnaturelles de Dieu et de ses saints afin de rester dans la ténèbre de l’inconnaissance. De toute manières, la contemplation présuppose une ascèse, généreuse, de tout soi-même, de renoncement de soi. Mais le mouvement extatique final[4] par lequel le contemplatif passe outre à toute chose est passif et au-delà de son vouloir.

[1] « Elle est… des concepts » : ajout.

[2] En anglais : « thinking passionately », entre guillemets et en italique : cette formule, courante en effet dans la langue, est utilisée aussi bien par les tenants d’un rationalisme rigoureux que par leurs adversaires (N. d. T.)

[3] (Intuitive) : ajout.

[4] « Le mouvement extatique final » : ajout.

Extraits de « L’expérience intérieure », Thomas Merton, Editions du Cerf p. 135-136.

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