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L’Esprit Saint au coeur de la Mission du Christ et de l’Eglise (D. Jacques Fournier)

L’Esprit donné au Fils par le Père est à la source de sa mission : annoncer à tous les hommes blessés par le péché la Bonne Nouvelle de ce Dieu Amour qui ne cherche et ne poursuit que leur Plénitude. Son premier cadeau sera « le pardon (ἄφεσις, aphésis) des péchés », source chaque jour renouvelée de leur guérison intérieure, profonde…

Lc 4,14-22 : Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l’Esprit,

                                et une rumeur se répandit par toute la région à son sujet.

(15) Il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous.

(16) Et il vint à Nazara, où il fut « nourri » (élevé)

      A .  et il entra, selon son habitude le jour du Sabbat, dans la Synagogue

          B .  et il se leva pour faire la lecture

               C .  (17) et on lui présenta le livre du prophète Isaïe

                    D .  et déroulant le livre,

                                  il trouva l’endroit où il était écrit :

E.

(18) « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint

              pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.      

 il m’a envoyé,

      pour proclamer aux prisonniers la délivrance (ἄφεσις),

                            et aux aveugles le retour à la vue,

     pour renvoyer les opprimés en liberté (ἄφεσις)

(19)   et proclamer une année favorable du Seigneur ».

                    D’ .  (20) Et ayant roulé le livre,

               C’ .  l’ayant rendu au servant,

          B’ il s’assit.

     A’ .  et tous les yeux dans la synagogue étaient fixés sur lui.

(21) Alors il se mit à leur dire :

                            « Aujourd’hui s’est accomplie à vos oreilles cette Ecriture ».

(22) Et tous lui rendaient témoignage

                               et s’étonnaient des paroles de grâce sortant de sa bouche…

« Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l’Esprit » (Lc 4,14) car « celui que Dieu a envoyé » – et il est « l’envoyé du Père » (cf. Jn 5,23.36-37 ; 6,44.57 ; 8,18.42 ; 10,36 ; 12,49 ; 14,24 ; 17,21.25 ; 20,21) – « dit les Paroles de Dieu » – et Jésus ne fait que nous retransmettre les Paroles qu’il a lui-même reçues de son Père (Jn 3,34 ; 7,16-17 ; 8,26.28.40 ; 12,49-50 ; 14,10.24 ; 15,15 ; 17,7-8) – « qui lui donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34 (TOB)). Ce dernier verset, traduit ainsi par la TOB, et il est possible de le comprendre autrement, nous le verrons, renvoie à la génération éternelle du Fils par le Père, Lui qui est « né du Père avant tous les siècles » (Crédo), et donc « avant » le temps : son engendrement par le Père est un acte éternel… Et comment le Père engendre-t-il le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo) ? En se donnant à Lui, gratuitement, par Amour, en tout ce qu’il est, et il « est Esprit » (Jn 4,24) : « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), « tout ce qu’il a » (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est… Ainsi, c’est en donnant au Fils la Plénitude de l’Esprit, la Plénitude de la nature divine, qu’il engendre le Fils en « Dieu né de Dieu », « de même nature que le Père » (Crédo)… Et c’est en étant tout simplement Lui‑même, « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), accueillant le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père ne cesse de l’engendrer en Fils, que Jésus retourne en Galilée. Ce Don sera « force » en lui (Ac 1,8) pour témoigner de l’Amour éternel du Père à son égard, un Amour qu’il est venu manifester dans la chair par son Incarnation (Jn 1,14)…

Et lorsque Jésus, en « témoin fidèle » du Père (Ap 1,5), « dit ce qu’il a vu » (Jn 8,38) et « entendu » (Jn 8,40) auprès du Père, ce qui peut se résumer par « Tu es mon Fils Bien aimé » (Mc 1,11 ; 9,7 ; cf. 5,20 ; 17,24), « je t’aime », et donc « je te donne l’Esprit et t’engendre ainsi en Fils », l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité, joint son témoignage à celui de Jésus (Jn 15,26)… Ainsi, quiconque ouvre son cœur au témoignage que Jésus rend à son Père par sa Parole, et au témoignage que l’Esprit Saint rend au Fils dans les cœurs, perçoit, en le vivant, que « le Père lui même nous aime » (Jn 16,27) « comme » il aime le Fils (Jn 17,23) de toute éternité… Son Amour est donc pour tout homme sur cette terre proposition du Don de l’Esprit. Si nous acceptons de nous repentir, de nous détourner du mal avec l’aide de Dieu Lui-même, ce Don accomplira en chacun d’entre nous ce qu’il accomplit dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera à la Plénitude même de Dieu. Nous deviendrons alors pleinement ce que nous sommes déjà aux yeux de notre Dieu et Père : des filles et fils « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28), tous appelés à « reproduire l’image du Fils » Unique non créé (Rm 8,28-30) en consentant à recevoir nous aussi ce même Don par lequel le Père l’engendre éternellement en Fils…

Tel est le cœur de la Bonne nouvelle à accueillir dès maintenant, par la foi et dans la foi… Ce Don de l’Esprit commence ainsi dans l’instant présent de notre foi à irriguer nos cœurs blessés et fragiles, leur apportant sa Force, sa Paix, sa Vie en attendant cette création nouvelle où le mal sera définitivement vaincu, anéanti…

« La vie est bien mystérieuse. Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme » (Ste Thérèse de Lieux).

Tel est le témoignage que l’Eglise est invitée à donner à l’œuvre de son Seigneur et Sauveur dans son cœur et dans sa vie… Lorsqu’elle agit ainsi, elle est vraiment l’Eglise « Corps du Christ » (1Co 12,27) envoyée dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle de « l’Amour Inconditionnel » (Pape François, mercredi 14 juin 2017), et donc du « Don gratuit de la vie éternelle » qui est déjà « dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) en tant que le Père la donne au Fils de toute éternité, l’engendrant ainsi en Fils Unique… « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ », « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), « qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Ep 1,3) et qui nous invite tous à recevoir ces bénédictions déjà données : « À nous donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus, cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Évangile » (2Tm 1,9-10). « Recevez donc l’Esprit Saint » (Jn 20,22), « le Don de Dieu » (Ac 8,20)…

Et le Christ le promet, « l’Esprit Saint – Troisième Personne de la Trinité » sera toujours avec l’Eglise, avec chacune et chacun d’entre nous, et cela à sa prière, une prière qui, bien sûr, ne peut qu’être exaucée…

Jn 14,15-17 : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ;

(16) et je prierai le Père

       et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais,

(17) l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir,

                                  parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît.

Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous ;

                                   et en vous il sera. »

« Garder les commandements » de Jésus, c’est avant tout, pour son disciple, « garder le Don de sa vie », veiller à marcher à la suite de Jésus sur la chemin de la vie (Jn 14,6), car « son commandement est vie éternelle » (Jn 12,50). Or, puisque « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2), « la lumière de la vie » (Jn 8,12), l’Esprit étant tout à la fois Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et vie, « garder la vie » revient à « ne pas éteindre l’Esprit » en nous en « se gardant de toute espèce de mal » (1Th 5,14-22). Nous sommes ainsi renvoyés à notre conversion quotidienne : renoncer, avec l’aide de l’Esprit Saint, à toute convoitise, ce qui, pour nous pécheurs, revient à « renoncer à nous‑mêmes » (Mc 8,34), à tout ce qui nous ramène à nous-mêmes, pour entrer dans la logique de l’Amour qui est « don de soi » et… vie éternelle… Insistons sur le fait que cette conversion est Don de Dieu[1] car « hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau », et notamment le fardeau de notre misère, « et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école » et à ma suite, « car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » car « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui s’adonne au mal » (Rm 2,8). « Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30) car c’est la Force même de l’Esprit Saint (Ac 1,8 ; 2Tm 1,6-9) qui est communiquée à notre faiblesse pour nous aider à porter nos croix qui, en tant que renoncements à tout ce qui nous tue, « le salaire du péché c’est la mort » (Rm 6,23), sont des chemins de vie…

La suite est entièrement le fruit de la prière de Jésus à son Père : c’est grâce à elle et à elle seule que l’Esprit Saint nous est « envoyé » (Jn 14,26) et « donné » comme Paraclet : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet », sous entendu que moi‑même, « pour qu’il soit avec vous à jamais »… Cette troisième Personne de la Trinité sera donc « Paraclet » pour toutes celles et ceux qui consentiront à l’accueillir dans le renoncement à eux-mêmes… « Paraclet » vient directement du grec « παράκλητος, paraclêtos », un mot qui vient lui-même du participe présent du verbe « παρακαλέω, parakaléô, appeler auprès de soi ». Le Paraclet est ainsi comme « le médecin » (Lc 5,31) appelé auprès du malade, « l’avocat » (1Jn 2,1 ; seule fois dans le NT où le mot Paraclet est appliqué directement au Christ) auprès de celui qui est accusé (cf. Mt 10,19-20), etc… Nous sommes ici dans le registre de l’Amour qui, inlassablement, ne cesse de travailler à notre bien en se proposant de nous offrir ce dont nous avons besoin au moment où nous en avons besoin : Lumière dans nos ténèbres, Force dans notre faiblesse, Paix dans nos soucis, pardon pour nos péchés, guérison pour nos blessures intérieures, etc… Voilà donc l’œuvre inconditionnellement bienfaisante que l’Esprit Saint se propose d’accomplir dans nos vies… Elle est le Trésor de la Bonne Nouvelle (Mt 13,44-46)…

St Jean évoque ensuite très rapidement deux registres différents dans une même phrase :

  • « Il demeure auprès de vous », et là, c’est l’Esprit Saint « Personne divine », nommé ici « l’Esprit de Vérité », qui demeure auprès de nous, personnes humaines créées, deux personnes ne pouvant qu’être en face à face, ou en côte à côte, toujours « l’une auprès de l’autre » et jamais, en tant que « personnes » « l’une dans l’autre »…

  • « Et en vous il sera » : là, par contre, il s’agit du Don de grâce que l’Esprit Saint « Personne divine » propose gratuitement, instant après instant, à nos cœurs, la grâce de « l’Esprit Saint nature divine », c’est-à-dire ce que Dieu est en Lui-même…

Nous retrouvons ainsi les fondements de notre Crédo : « Je crois en l’Esprit Saint (Troisième Personne de la Trinité) qui est Seigneur et qui donne la vie » en donnant « l’Esprit Saint nature divine », cet « Esprit » (Jn 4,24) et qui est tout à la fois « Lumière » (1Jn 1,5) et « vie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6 ; Rm 8,2 ; Ga 5,25)… Ainsi, ce qui « remplit » le cœur du Fils (Lc 4,1) en tant qu’il le reçoit du Père de toute éternité, est destiné à « remplir » le cœur de « tous les hommes qu’il aime » (Lc 2,14 ; cf. Lc 1,15.41.67 ; Ac 2,4 ; 4,8.31 ; 6,3.5 ; 7,55 ; 9,17 ; 11,24…) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6)…

Et c’est en donnant cet « Esprit Saint nature divine », et donc avec lui la vie, une vie nouvelle et éternelle, synonyme de Plénitude et de Paix, que l’Esprit Saint (Troisième Personne de la Trinité) « donne de la voix », fait « entendre sa voix » de telle sorte que celles et ceux qui l’auront entendue « vivront » (cf. Jn 5,24-25)…

Jn 3,6-8 : « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit.

(7) Ne t’étonne pas, si je t’ai dit : Il vous faut naître à nouveau.

(8) Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix,

mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va.

Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. »

Ainsi l’Esprit Saint nous « enseigne » par sa « voix » qui est « vie » :

Jn 14,26 : «  Le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom,

lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »

Et cette « vie » qu’il nous « communique », il la reçoit Lui-même du Don éternel que le Père et le Fils font d’eux-mêmes, Lui qui « procède du Père et du Fils » (Crédo).

Jn 16,12-15 : J’ai encore beaucoup à vous dire,

mais vous ne pouvez pas le porter à présent.

(13) Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,

il vous introduira dans la vérité tout entière ;

car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira

           et il vous expliquera les choses à venir (TOB : et il vous communiquera tout ce qui doit venir).

(14) Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra

et il vous le dévoilera (TOB : et il vous le communiquera).

(15) Tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit

et qu’il vous le dévoilera (TOB : il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi).

Ainsi, « l’Esprit Saint » enseigne « tout » en communiquant au croyant « tout » ce « Bien » que le Fils reçoit du Père de toute éternité : cette « nature divine » (2P 1,4) par laquelle il est engendré en Fils avant tous les siècles et qui Est tout à la fois « Amour » (1Jn 4,8.16), « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière » (1Jn 1,5) et « Vie » (Jn 8,12 ; 6,63 ; Ga 5,25 ; 2Co 3,6). En nous communiquant cette « vie » dès à présent, dans la foi, il nous donne ainsi « quelque chose » qui est de l’ordre même de ce qui sera, nous l’espérons, notre éternité : une vie Pleine, Comblée, Heureuse, et cela pour toujours… « En vérité, en vérité, je vous le dis », nous dit très solennellement Jésus, « celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 6,47). Et il emploie un « présent ». « La vie éternelle » commence donc dès maintenant, par la foi, et dans la foi… Et l’enseignement de l’Esprit est de cet ordre : nous l’avons vu, « sa voix » est « vie »… Lorsque Jésus rend témoignage à cette vie éternelle qu’il reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, « je vis par le Père » (Jn 6,57), l’Esprit lui rend témoignage en communiquant aux cœurs qui s’ouvrent à sa Parole la vie même dont il nous parle…

Relisons 1Jn 5,5-13 : « Quel est le vainqueur du monde,

                     sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?

6 – C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang : Jésus Christ,

                    non avec l’eau seulement mais avec l’eau et avec le sang.

Et c’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la Vérité.

7 – Il y en a ainsi trois à témoigner :

8 –              l’Esprit, l’eau, le sang, et ces trois tendent au même but.

9 – Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand.

Car c’est le témoignage de Dieu, le témoignage que Dieu a rendu à son Fils.

10 – Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui.

Celui qui ne croit pas en Dieu fait de lui un menteur,

                   puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils.

11 – Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle

                  et que cette vie est dans son Fils.

12 – Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils n’a pas la vie.

13 – Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu,

                  pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle.

 

Ainsi, l’Esprit de Vérité « rend témoignage » à Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu, « chemin, vérité et vie » (Jn 14,6). C’est d’ailleurs toute son œuvre vis-à-vis du Fils : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage » (Jn 15,26). Et c’est par ce témoignage de l’Esprit de Vérité que Dieu le Père rend témoignage à son Fils (1Jn 5,9). Ce témoignage est « en nous », au cœur de chacun d’entre nous (1Jn 5,10). Et de quel ordre est-il, quel est son contenu ? « Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ». Ce témoignage est donc « vie », « vie éternelle ». Lorsque l’Eglise annonce le Christ « Chemin, vérité et vie » (Jn 14,6), le Christ « Résurrection et vie » (Jn 11,25), le Christ « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6,35.48), lorsque l’Eglise, reprenant les mots de Jésus déclare, « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10), l’Esprit Saint rend témoignage au Christ et à sa Parole en communiquant aux cœurs de bonne volonté le Don de la vie éternelle, c’est-à-dire la réalité même évoquée par la Parole de Jésus… Ainsi Dieu parle en silence à nos cœurs, en nous communiquant sa Vie… A nous de faire attention à ce qu’il nous est donné de vivre… C’est à cette Vie accueillie et reconnue, que St Jean a rendu témoignage :

1 Jn 1,2-3 : « La Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage

                           et nous vous annonçons cette Vie éternelle,

                              qui était tournée vers le Père

                             et qui nous est apparue ;

                     ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons,

                               afin que vous aussi soyez en communion avec nous.

                    Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. »

 

Telle est la sagesse chrétienne dont la Source est l’Esprit Saint, car l’Esprit est tout à la fois « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6) et « l’Esprit de sagesse » qui, par sa simple Présence, « illumine les yeux du cœur ». Et cette « Lumière » permet de « voir », dans la foi « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12), même si c’est « pour l’instant comme dans un miroir, en énigme » (1Co 13,12)…

Ep 1,15-17 : C’est pourquoi moi-même , Paul,

     ayant appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre charité à l’égard de tous les saints,

(16) je ne cesse de rendre grâces à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières.

(17) Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire,

     vous donner un Esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître !

(18) Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur

             pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel,

             quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints,

(19)      et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants,

                    selon la vigueur de sa force, (20) qu’il a déployée en la personne du Christ,

                               le ressuscitant d’entre les morts

                                       et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux…

1Co 2,6-13 : C’est bien de sagesse que nous parlons parmi les parfaits (les chrétiens),

mais non d’une sagesse de ce monde ni des princes de ce monde, voués à la destruction.

(7) Ce dont nous parlons, au contraire, c’est d’une sagesse de Dieu,

             mystérieuse, demeurée cachée,

             celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire,

(8)        celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue – s’ils l’avaient connue, en effet,

                    ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire –

(9)         mais, selon qu’il est écrit, nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu,

                   ce que l’oreille n’a pas entendu,

                  ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme,

                            tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment.

(10) Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ;

                            l’Esprit en effet sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu.

(11) Qui donc entre les hommes sait ce qui concerne l’homme,

                             sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ?

      De même, nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu.

(12) Or, nous n’avons pas reçu, nous, l’esprit du monde,

      mais l’Esprit qui vient de Dieu, pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits,

      ἀλλὰ τὸ πνεῦμα τὸ ἐκ τοῦ θεοῦ, ἵνα εἰδῶμεν τὰ ὑπὸ τοῦ θεοῦ χαρισθέντα ἡμῖν·

 

« χαρισθέντα, kharisthenta » est le participe du verbe « χαρίζομαι, kharizomai » qui signifie « donner par grâce ». Si le texte grec a littéralement « les (choses) données par grâce », la Bible de Jérusalem a traduit « les dons gracieux ». Ce verbe « χαρίζομαι, kharizomai » est de même racine que « χάρις, kharis, grâce » et « χάρισμα, kharisma, grâce accordée, don, charisme »…

L’Esprit, qui est « le Don de Dieu » (Jn 4,10 ; Ac 2,38 ; 8,20 ; 10,45 ; 1Th 4,8 ; Hb 6,4) par excellence, permet ainsi au chrétien de « connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits ». C’est donc en recevant ce Don par la foi qu’il est possible de « connaître » le Don de Dieu… Dans ce domaine, les mots seuls et les plus beaux discours ne sont que des instruments au service de la grâce qui, seule, peut permettre de pressentir la réalité spirituelle que les mots ne peuvent qu’évoquer… Nous retrouvons la nécessité d’une conversion sincère, qui engage toute la vie, pour se tourner de tout cœur vers Dieu en renonçant au même moment, avec son aide, à tout ce qui lui est contraire… Alors, le Don reçu, qui est Lumière et Vie, permet de connaître Celui qui Est Lui-même Lumière et Vie, une Vie sans cesse donnée, par Amour, pour notre Vie… « En toi est la Source de Vie ; par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10), « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12)…

Ep 3,1-6 : Moi, Paul, prisonnier du Christ à cause de vous, païens…

(2) Vous avez appris, je pense,

             comment m’a été dispensée la grâce de Dieu qui m’a été donnée pour vous,

              τὴν οἰκονομίαν τῆς χάριτος τοῦ θεοῦ τῆς δοθείσης μοι εἰς ὑμᾶς,

(3)        m’accordant par révélation la connaissance du Mystère,

                    tel que je viens de l’exposer en peu de mots :

(4)        à me lire, vous pouvez vous rendre compte

                   de l’intelligence que j’ai du Mystère du Christ.

(5) Ce Mystère n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés

         comme il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l’Esprit :

         ἀπεκαλύφθη τοῖς ἁγίοις ἀποστόλοις αὐτοῦ καὶ προφήταις ἐν πνεύματι

(6) les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps,

         bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile.

« La grâce de Dieu qui m’a été donnée pour vous » : St Paul est le premier bénéficiaire de cette grâce de l’Esprit, mais il a bien conscience qu’il ne peut se replier sur elle dans cette attitude égoïste qui ne consisterait qu’à se rechercher soi-même : ‘son’ bonheur, ‘sa’ paix, ‘sa’ tranquillité… Cette grâce qui lui a été dispensée est tout à la fois « pour lui » et « pour les autres ». Bénéficiaire de l’Amour (1Tm 1,12-17), il a fait l’expérience du salut gratuitement offert avec « le pardon des péchés » grâce « aux entrailles de miséricorde de notre Dieu dans lesquelles nous a visités » Jésus, « l’Astre d’en Haut » (Lc 1,76‑79), Lui qui est « la Lumière du monde » (Jn 8,12). Mais puisque cette grâce est justement de l’ordre de l’Amour, il ne peut que se lancer dans l’aventure de l’Amour de Dieu et du prochain, cette dynamique où l’on reçoit dans la mesure où l’on consent à se donner… Car c’est en acceptant de s’ouvrir de cœur à Dieu et à son prochain (c’est un même mouvement intérieur) que la Lumière de Dieu pourra faire irruption au plus profond du cœur, habiter la relation, nourrir et fortifier le don de soi qui est ouverture plus grande encore à Dieu et à l’autre, ce qui permettra de recevoir plus encore, etc… « Donnez, et l’on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on versera dans votre sein ; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour » (Lc 6,38). St Paul a reçu « la grâce de Dieu », mais ce Don est en même temps Appel à donner et Force pour se donner, et cela selon le Don reçu c’est-à-dire en obéissance à Celui qui donne… Ni plus, ni moins… C’est pourquoi il écrit tout à la fois :

1Co 15,9-10 : « Je suis le moindre des apôtres ;

je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu.

(10) C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis,

et sa grâce à mon égard n’a pas été stérile.

Loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous :

oh! non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. »

Et 1Co 9,16 : « Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire ;

      c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! »

En effet, si Paul refusait de s’ouvrir et de se donner aux autres pour rendre témoignage de ce qu’il a reçu, il ne recevrait plus rien de Celui qui est Eternel Don de Lui-même. La mission pour un chrétien n’est donc pas une réalité accessoire : c’est « une nécessité qui lui incombe » s’il désire vraiment entrer dans cette dynamique de l’Amour où c’est en se donnant qu’on se trouve soi-même… Une foi vivante, qui est avant tout accueil du Don de Dieu, ne peut donc se vivre que dans l’engagement, d’une manière ou d’une autre, dans l’unique Mission de l’Eglise, un engagement qui sera don de soi sur la base du Don reçu, don de soi qui permettra d’accueillir en vérité le Don reçu, don de soi qui produira des fruits pour la vie éternelle (Jn 6,27) de ce monde que Dieu veut sauver à tout prix : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. Aussi je livre des hommes à ta place et des peuples en rançon de ta vie » (Is 43,4). Cette prophétie d’Isaïe s’accomplira avec le Christ : par amour, il se livrera entre les mains des pécheurs pour le salut des pécheurs… Et le prix qu’il n’hésitera pas « à payer » « en rançon » de notre vie ne sera rien de moins que sa vie elle-même…

Ap 5,9 : A l’Agneau immolé, « ils chantaient un cantique nouveau : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation »…

1P 1,18-19 : « Vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ »…

Alors quiconque acceptera de laisser Dieu déployer dans son cœur et dans sa vie la Toute Puissance de « ses entrailles de Miséricordes » (Lc 1,76-79), ne pourra que faire l’expérience de la joie du salut… Mais au même moment, si cette rencontre est authentique, il ne pourra qu’être entrainé dans cette dynamique de l’Amour qu’il a reçu et dont il a été le premier bénéficiaire… « L’Amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5), notamment lorsque Dieu nous a lavés, purifiés de toutes nos souillures par l’Eau Pure de son Esprit (Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11), une « Eau Pure » qui est en même temps « Eau vive » (Jn 4,10-17 ; 7,37-39), Eau Vive de l’Esprit transmettant la Vie du Dieu Amour (« C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)). Or la Vie de l’Amour ne peut qu’être Don de soi pour le bien de tous…

Jc 2,14 : « À quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : « J’ai la foi »,

            s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ?

(15) Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne,

(16) et que l’un d’entre vous leur dise : « Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous »,

        sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ?

(17) Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte…

(18) Moi, c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi.

(19) Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu ? Tu fais bien.

       Les démons le croient aussi, et ils tremblent.

(20) Veux-tu savoir, homme insensé, que la foi sans les œuvres est stérile ?

Répétons-nous, si la foi est « Oui » à Dieu, réelle ouverture de cœur à Dieu, sincère, loyale, dans la vérité de notre misère reconnue et offerte, l’Amour de Miséricorde sera ce qu’Il Est de toute éternité : Don pur et gratuit de Soi pour le seul bien de celle ou celui qui consent à l’accueillir… « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,37-42). Cette Parole s’est accomplie avec Jésus, Bon Pasteur, qui « cherche sa brebis perdue », c’est-à-dire chacun d’entre nous, « jusqu’à ce qu’il la retrouve », et cela inlassablement, jour après jour… « Et lorsqu’il l’a retrouvée » (Lc 15,4-7), il est pour elle « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)… « Lorsque nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13), et Il Est Amour pur et gratuit… Le péché nous prive de la Plénitude de ses Dons, de sa Paix, de sa Joie, du seul vrai Bonheur ? Son seul désir est de nous les pardonner, de nous les enlever, pour nous permettre de retrouver ce vrai Bonheur, cette Plénitude qui, de son côté, n’a jamais cessé de nous être donnée. « Jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes » (Ps 65(64),3-4)… « Alors, « bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse… Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés » (Ps 103(102)), il les « enlève », dans un présent éternel, instant après instant… « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : enlever le péché et emmener l’âme à Dieu » (Ste Elisabeth de la Trinité).

La dynamique est identique pour « ce Pain de Vie » que nous ne sommes pas dignes de recevoir (Mt 8,5-13), et qui se donne encore et encore aux pécheurs blessés à mort par suite de leurs fautes dans le seul but qu’ils vivent eux aussi de cette Vie du Dieu Amour, transmise par « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et si tel est vraiment le cas, l’Esprit reçu, l’Esprit d’Amour ne pourra que pousser à se donner pour le seul bien des autres… « Le fruit de l’Esprit est amour » (Ga 5,22)… Et ce sera l’engagement, par amour du Christ et grâce au Don de l’amour, dans la Mission de l’Eglise, aidés et soutenus par l’Esprit Saint et la multitude de ses dons, de ses charismes…

La belle-mère de Simon Pierre guérie par Jésus, passe ainsi, en le laissant faire, par le simple contact qu’il établit avec elle, de la mort, symbolisée par sa position allongée, à la vie, debout… Et cette vie, qui est participation plus intense à la vie du Dieu Amour se manifeste aussitôt par le service des autres, gratuitement, par amour (Mc 1,29-31) : « Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. S’approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait. » Souvenons-nous de ce que Jésus dira à ses disciples après leur avoir lavé les pieds : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13,12-17).

Alors, en recevant vraiment l’Esprit de Lumière et d’Amour, une attitude d’accueil qui est obéissance vis-à-vis de Celui qui ne sait que donner[2], le disciple de Jésus ne pourra que continuer à vivre cette obéissance en répondant à l’appel que le Seigneur lui lance : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,21-22), l’Esprit d’Amour qui lui donnera de pouvoir se donner pour le seul bien de tous ceux et celles qu’il rencontrera sur les chemins du monde, et cela « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Et en agissant ainsi, il goûtera à la seule vraie joie qui demeure, celle de Dieu Lui-même… « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15,11). « Tu mets dans mon cœur plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4,8).

Le disciple de Jésus annoncera donc la Bonne Nouvelle de ce Dieu Amour avec l’Esprit d’Amour qui lui est sans cesse donné (1Th 4,8 ; Rm 5,5). Comme pour le Christ, il pourra dire lui aussi, à sa mesure : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle »…

Cet Esprit permettra à l’Eglise de rendre témoignage à son Seigneur pour que le plus possible d’entre les hommes puisse reconnaître en Lui la Lumière de l’Amour venue nous arracher à nos ténèbres pour nous donner d’avoir part à la Plénitude de sa Vie (Ac 1,8) : « Vous allez recevoir une Force », dit le Christ Ressuscité à ses disciples,

« celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous.

Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie,

et jusqu’aux extrémités de la terre ».

1Co 2,13 : « Et nous en parlons non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. »

Mt 10,19-20 : « Lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. »

Ac 4,23.27-31 : « Une fois relâchés, Pierre et Jean se rendirent auprès des leurs (et ils dirent) :

(27) Oui vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus,

          que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d’Israël,

(28) pour accomplir tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse,

               tu avais déterminé par avance.

(29) À présent donc, Seigneur, considère leurs menaces

              et, afin de permettre à tes serviteurs d’annoncer ta parole en toute assurance,

(30) étends la main pour opérer des guérisons, signes et prodiges

             par le nom de ton saint serviteur Jésus.

(31) Tandis qu’ils priaient, l’endroit où ils se trouvaient réunis trembla ;

            tous furent alors remplis du Saint Esprit

                     et se mirent à annoncer la parole de Dieu avec assurance.

Et c’est toujours ce même Esprit Saint qui agira dans le cœur de tous ceux et celles qui écouteront la proclamation de l’Evangile avec bonne volonté pour leur donner de reconnaître ce Christ Lumière que l’Eglise annonce, et donc de croire en Lui. Le grand travail de « l’Esprit de Vérité » est ainsi de rendre témoignage à la Vérité proclamée par le Christ et par l’Eglise. Et seul ce témoignage intérieur de l’Esprit peut amener à dire : « Je crois ! »

Jn 15,26 : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père,

                             l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage. »

1Co 12,3 : « Nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur», s’il n’est avec l’Esprit Saint ».

« Le Don de l’Esprit annoncé pour les derniers temps a été répandu dans les cœurs (Rm 5,5 ; 1Th 4,8) et y fait naître la certitude intime de ce que les apôtres annoncent extérieurement » (Note de la Bible de Jérusalem pour 1Jn 4,13).

Née de l’Esprit, vivifiée jour après jour par l’Esprit, soutenue par ce même Esprit, l’Eglise compte toujours sur Lui et sur son action dans les cœurs pour que l’Evangile qu’elle annonce puisse être accueilli. Sa proclamation de l’Evangile est donc une liturgie où, dans la prière, elle reçoit la Force et la Lumière de l’Esprit pour accomplir ce que le Seigneur lui demande : « Proclamer l’Evangile à toute la création » (Mc 16,15). Le reste ne lui appartient pas : « Pour exister, la foi requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu (Ac 16,14s), ouvre les yeux de l’esprit et donne « à tous la douceur de consentir à la vérité » » (Dei Verbum & 5).

[1] Ac 5,31 : « C’est lui », le Christ, « que Dieu a exalté par sa droite, le faisant Chef et Sauveur, afin d’accorder par lui à Israël la repentance et la rémission des péchés ».

Ac 11,18 : « Ainsi donc aux païens aussi Dieu a donné la repentance qui conduit à la vie ! »

[2] Face à l’Amour, la foi est obéissance (Rm 1,5 ; 16,26) dans la certitude que l’Amour ne cherche et ne poursuit que notre Bien le plus profond… Dieu, en Jésus Christ, s’est révélé comme le Serviteur de notre Vie (Jn 13,1-17)… Pécheurs pardonnés, sans cesse arrachés à nos ténèbres, le Christ nous invite à le suivre en nous faisant nous aussi, avec Lui, les serviteurs de la Vie de tous ceux et celles que nous rencontrerons… Et dans toutes ces relations, le Christ Ressuscité sera là, en acteur principal, puisqu’il est le seul à pouvoir nous communiquer ce qu’il reçoit du Père de toute éternité : la Plénitude de sa Vie (Jn 17,1-2 avec Jn 3,16-17 ; 4,42…). Et il le fera par Celui à qui il se donne depuis toujours et pour toujours, « l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la Vie » (Crédo)…

                                                                                                      D. Jacques Fournier