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« Lettre à mon fils »…

Témoignage d’une maman après le décès de son fils… Perdu ? Non, retrouvé, dans la foi…

 

Matthieu, mon grand, … Moi, ta maman, si bavarde, me voici soudainement sans voix, sans mot, avec cette impression de peur devant une page blanche.

Cela ne me ressemble pas, n’est-ce-pas ? Toi qui me connait si bien, mon fils, tu dois sourire… de Là-Haut.

Oui, « de Là-Haut », car pour ceux qui ne connaissent pas NOTRE histoire, tu nous a quittés, en août 2015, par un…comment appelle t’on cela, si nous ne souhaitons pas parler de suicide, ni de pendaison ?… ah… je m’en souviens, oui… « départ volontaire »…

Tu avais 23 ans, et toute ta superbe vie devant toi…Non, ce n’est pas un reproche, une maman pardonne tout. Je t’ai promis que je ne crierai jamais « pourquoiiiiiiiii ? « , sachant qu’une erreur peut être commise par n’importe qui, et que celle-ci malheureusement peut être fatale. Ne revenons donc pas, Matthieu, sur une promesse.

Tu es parti, devant moi, (sous mon nez !!!),  prenant tes clés de voiture, sans  me rendre compte qu’un drame nous menaçait… comment savoir à ce moment précis que tu ne reviendrais plus jamais à la maison ?… si j’avais su… que je ne te reverrai que deux heures plus tard, entubé, inconscient, en réanimation, entouré de machines te reliant à une mince chance de survie…

Cette toute petite trace rouge sur ton cou, si minime soit elle, m’a lancé au visage l’énorme douleur que tu m’as cachée. J’essaie depuis d’effacer dans mes souvenirs cette horrible  souffrance que tu as vécue, moralement et ensuite physiquement, afin de la remplacer par cette belle preuve que tu m’as offerte, lorsque j’attendais dans le couloir de l’hôpital, ce soir-là, d’être auprès de toi… te rappelles-tu, Matthieu ?… j’étais assise, face à cette porte du service réanimation, complètement angoissée. Doucement, j’ai ressenti comme une présence chaleureuse envahir mon torse, atteindre mon coeur, l’enrober d’amour,  de force, de courage, jusqu’à subitement le faire IMPLOSER de douleur, et ressortir tout doucement de l’extérieur comme une petite flamme à peine allumée, pour s’éteindre tout en montant vers…Le haut… je me suis entendue dire « Matthieu est en train de partir ». Quatre jours plus tard, plus d’enfant. Tu nous a quittés…

Je te remercie, mon grand, pour ce signe, car cela m’a permis d’être forte, malgré mes chutes, depuis ton départ. Cette présence, mon coeur de maman le sait, c’est toi. Tu m’as prouvé que tu étais toujours là, de manière différente, mais présent malgré tout. Malgré le décès, malgré l’enterrement, malgré la maison vide. Tu es là. Malgré mes cris, mes pleurs cachés, mes insomnies et ma difficulté à respirer sans toi. Et si tu es là, c’est que tu m’aimes. La culpabilité de n’avoir pas pu te sauver s’est effacée grâce à ce signe d’amour que tu m’as offert ce soir-là. Merci, mon ange.

Tu vois, en écrivant, mes larmes « roulent », mais je sourie… pourquoi ? … tant d’amis, m’ont conseillé de voir un voyant, de communiquer avec toi « grâce »  à l’écriture automatique, pensant que cela me consolerait de ton absence. Intérieurement, on en a ri toi et moi…  Depuis le soir de ton enterrement, nous savions tous les deux, comment nous rapprocher, et à quoi nous raccrocher ! Et surtout, comment ne pas nous perdre ! Il n’y avait qu’une issue, qu’une porte de sortie, de secours, à ouvrir afin de survivre face à tant de violences que nous subissions à être séparés. Cette porte, nous l’avions pris séparément, mais ensemble. Et quelle surprise !!! Tu vois, j’avais raison… je t’ai orienté vers le bon chemin, certaine de t’avoir sauvé, après la mort. Cela me console. Ou… est-ce toi qui m’a dirigé vers cette solution, pour ne pas sombrer sans toi, car je t’avais toujours dit que s’il t’arrivait malheur, je te suivrai, toi, ma seule raison de vivre ?… Hummm… la question restera sans réponse. Mais, ce que nous savons tous les deux, Matthieu, c’est qu’aujourd’hui, nous pouvons dire « ouf, bonne décision après ce drame !!! c’est EXACTEMENT ce qu’il nous faillait à tous les deux, pour… vivre… ».

Ne soyons donc pas égoïstes, mon grand, donnons notre secret qui me permet moi de respirer sans toi, et toi de continuer ton chemin vers quelque chose de plus beau…

Cette porte, cette issue de secours, c’est… Jésus. Il a été là avec sa mère, depuis le début, à tenir nos mains, sans que nous le réalisions.

Eux, séparés dans la souffrance, qui se sont retrouvés par ce lien si fort qu’est l’Amour, nous ont montré la voie à prendre : leur coeur.

Grâce à eux, nous avons cheminé, chacun de nos côtés mais toujours unis, afin de mettre des mots qui prennent valeurs et pansent nos blessures à travers « notre nouvelle vie » (ouiiii, je sais, tout le monde parle de ‘chemin de deuil’… beurk…ces mots me donnent la nausée !,  je préfère « nouvelle vie » car elle me rapproche de toi, dans la Vraie Vie!).

Les pleurs, la souffrance, l’abandon, le pardon, ont été difficiles à vivre. Tous mes pleurs, je les ai versés avec toi, Matthieu, avec Jésus, avec Maman Marie. Ma « pauvre » église, si remplie de mes larmes… Matthieu, nous pouvons le dire, elle aussi nous a sauvés.

Elle nous a montré le Chemin, la Vérité et… la Vie.

La Miséricorde, la consolation, l’espérance, l’union, la foi, la paix, ont été données !!! En abondance !!!

Jésus et sa Mère, NOTRE mère, a su nous mener là où nous pensions ne plus avoir droit : le chemin de l’Amour, la seule porte à prendre. Ils t’ont appris à te diriger vers eux, à ouvrir ton coeur à leur coeur. Ils m’ont appris à te nourrir spirituellement par des prières, des chapelets, des messes à ton intention, de l’eau, des bougies, de l’encens bénis, en cadeau ! Ils m’ont appris à souffrir avec eux, afin de transformer cette douleur en bénédiction (qui aurait penser, « Matt-Matt », que notre souffrance pourrait aider les autres ? Waow…). Il m’arrive de me retrouver seule sur ta tombe, et d’entendre quelqu’un pleurer… Tu me connais, je compatis toujours à la douleur des autres, je n’arrive pas à rester dans mon coin, que veux-tu, mon fils, ça s’appelle de la charité, si si crois-moi, et non de la curiosité. Je vais voir, (…) c’est une maman, qui a perdu son enfant, tout comme moi. J’écoute son histoire, qui s’arrête à la mort. Je lui raconte la nôtre, qui continue avec la VIE en notre Seigneur, et la voilà qui repart avec les larmes essuyées, un demi-sourire aux lèvres, à moitié consolée mais une lueur d’espérance dans le regard… Ce genre de trésor, il est préférable de le partager, tu ne croies pas ?  Ce lien qui nous garde unis, qui nous soutient, nous promet de jamais nous laisser seuls, qui est chaque jour un petit sparadrap et un petit kleenex, ce lien qui nous a fait comprendre qu’il ne faut pas s’arrêter à la mort, ce Dieu si FORT, si… WAOW dans nos souffrances… nous ne pouvons que nous incliner, Matthieu, face à cette main tendue remplie d’Amour et de consolation, d’espérance et de seconde chance… cette Paix, tant recherchée par toi lors de tes doutes sur cette vie sur terre, cette Paix tant sollicitée par moi-même depuis ton suicide, nous l’avons obtenue.

Remercions-le, courons le proclamer, que sais-je mon grand, remplissons nos vies de cette mission : TEMOIGNONS DE L’AMOUR DE DIEU, DE SA PRESENCE dans nos souffrances, DE SA PAIX dans nos angoisses, DE SON ESPERANCE dans nos séparations, DE CETTE ASSURANCE EN LUI DE T’AVOIR SAUVE !

Oui, sauvé, malgré ta mort, malgré ton suicide.

Ton choix de mettre fin à ta vie, était un choix libre, Il n’y pouvait rien. Mais ta Vie, en Lui, il l’a sauvée : non pas sauvée de corps, mais… sauvée d’âme.

Car grâce à Lui, grâce à Jésus, je peux toujours te dire :

JE T’AIME, MON FILS.

Grâce à lui, je peux toujours sentir ton amour… à travers Lui.

Grâce à Lui, nous avons cet espoir d’une nouvelle Vie d’éternité…

Nous nous reverrons, tu t’en rends comptes, mon fils, grâce à Lui et à son Histoire, à sa force de nous aimer, à son total abandon face à sa souffrance, à sa résurrection, grâce à son Amour de nous voir sauvés…

N’est-ce-pas merveilleux, Matthieu ?

Je t’embrasse, (fort fort fort fort fort),

Maman.

Ps : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime mon grand… ouiii je m’arrête là.

Attention ! JE T’AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIME !

Sourires…