L’Eglise fête aujourd’hui la Vierge Marie, « Mère de Dieu », car Celui qui se fit chair en elle (Jn 1,14) par « la puissance du Très Haut » (Lc 1,35) est le Fils du Père, l’éternel Engendré par le Père, puisqu’il est « né du Père avant tous les siècles ». Ainsi, depuis toujours et pour toujours, le Père, en se donnant à Lui en tout ce qu’il Est, lui donne d’être « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Marie est ainsi, dans notre humanité, la Mère de Celui qui est Dieu de toute éternité, la « Mère de Dieu », de ce « Dieu Fils unique » (Jn 1,18 ; TOB) qui s’est fait homme pour tous nous rejoindre dans notre condition humaine de chair et de sang…
Et l’Evangile de ce jour nous entraine aux côtés de Marie, juste après le récit de l’Apparition de « l’Ange du Seigneur aux bergers qui, dans la même région » où le Christ était né, « gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit… Enveloppés de sa clarté, ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’Ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David », « qui s’appelle Bethléem » (cf. Lc 2,4). « Et soudain se joignit à l’Ange une troupe nombreuse de l’armée céleste qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre, paix aux hommes qu’il aime »… Puis, ils les quittèrent pour le ciel » (Lc 2,8-15)…
« Alors ils se dirent : « Allons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant »… Marie, elle, n’était pas avec eux lorsque l’Ange leur était apparu… Ce jour-là, elle ne l’a pas vu, elle n’a pas entendu… Elle ne pouvait que se souvenir de la visite de « l’ange Gabriel » qui, neuf mois auparavant, lui avait annoncé qu’elle « mettrait au monde un Fils et qu’elle l’appellerait du nom de Jésus » (Lc 1,26-38). Et maintenant, l’enfant était là, sous ses yeux, avec ces bergers qui racontaient tout ce qu’ils venaient de vivre… Elle les regardait, elle les écoutait, avec attention, et, nous dit St Luc, « elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur ». Sa foi était en éveil… Littéralement, St Luc a écrit : « Marie ‘gardait ensemble’ toutes ces choses, les ‘mettant ensemble’ dans son cœur ». Elle se rappelait ces « grandes choses » que « le Tout Puissant avait faites pour elle » (Lc 1,49), ces Paroles « qui lui avaient été dites de la part du Seigneur » (Lc 1,45) et qu’elle relisait maintenant à la lumière de celles que les bergers lui transmettaient… Dieu lui avait parlé, directement, par un Ange ; aujourd’hui, il lui parlait encore, mais cette fois, par ces humbles bergers… Et tout concourait à l’accomplissement d’une seule et même œuvre : la salut du monde, par son Fils venu nous « visiter dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78).
Oui, vraiment, Dieu « s’est souvenu de sa miséricorde », cette « miséricorde qui s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,50-54), offrant inlassablement, jour après jour, « le pardon des péchés » à toutes celles et ceux qui consentent à le recevoir, passant ainsi, grâce à lui, des « ténèbres » à la Lumière, de « l’ombre de la mort » à une Paix qui est Plénitude de vie (Lc 1,78-79 ; Jn 10,10)… « Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jn 12,46), mais « ait la lumière de la vie » (Jn 8,12). Alors, si « notre Père qui est dans les cieux » (Mt 6,1) est « bouleversé » (Os 11,8) de compassion devant toutes ces « souffrances » que le mal que nous commettons sème en ce monde (Rm 2,9), quel bonheur pour lui, quelle « joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15,7), qui accueille son pardon et passe ainsi de la captivité à « la délivrance », de l’oppression à « la liberté », de « l’aveuglement » à la lumière (Lc 4,18-19), de « la mort » à « la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23)…
Bonne année 2022 à vous, dans l’accueil, instant après instant, de l’inlassable Bienveillance du Christ à notre égard, Lui dont la Présence et la Lumière changent tout…
D. Jacques Fournier