4ième Dimanche de Pâques :« Mes brebis écoutent ma voix… »

          « En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN » » (Jn 10,27-30).

            1- Lorsque Jésus, le Verbe fait chair, nous donne les Paroles qu’il a lui-même reçues du Père (Jn 8,28 ; 12,49-50 ; 17,7-8), il nous les donne avec sa voix d’homme, dans la chair, comme chacun d’entre nous…

          2-  Mais lorsqu’il nous parle ainsi, un autre joint sa voix à la sienne pour lui rendre témoignage, l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, la Troisième personne de la Trinité : « C’est l’Esprit qui rend témoignage parce que l’Esprit est la Vérité » (1 Jn 5,6).

          3-  Où rend-il témoignage ? Dans nos cœurs… « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui » (1Jn 5,10)…

          4-  Quelle est la nature de ce témoignage ? « Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ». Ce témoignage est donc « Vie » (1Jn 5,11).

          Ainsi, Lorsque Jésus parle :

                    1 – Nous entendons sa voix d’homme avec nos oreilles de chair.

                  2 – Si notre cœur est ouvert, l’Esprit-Saint joint sa voix à la sienne, et elle est vie, vie éternelle. Autrement dit, en écoutant Jésus, l’Esprit-Saint nous donne la vie éternelle, de telle sorte que nous vivons « quelque chose » d’unique. Telle fut l’expérience de Pierre lorsqu’il dit un jour à Jésus : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

  Nous disons dans notre crédo : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie »… Telle est bien « la voix de l’Esprit » : elle est vie, et elle se joint toujours à celle de Jésus pour lui rendre témoignage. Ainsi, quiconque écoute Jésus de tout cœur, avec foi, reçoit ce Don de la vie, la vie éternelle, la vie même de Dieu… Il vit comme il n’avait jamais vécu auparavant : il vit pleinement, intensément, ayant bien du mal à trouver les mots pour le décrire…

          Jn 6, 47 : « En vérité, en vérité, je vous le dis. Celui qui croit à la vie éternelle »…

          Et Jésus parle aux pécheurs, pour les sauver, ces pécheurs qui sont blessés  « à mort » par suite de leurs fautes… « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6, 23). Jésus est donc venu parler à « des morts », des femmes et des hommes spirituellement « morts », et cela pour les inviter à la vie.

        Jn 6, 24-25 : « En vérité en vérité je vous le dis,

celui qui écoute ma Parole

et croit en celui qui m’a envoyé a la vie éternelle.

En vérité, en vérité je vous le dis, l’heure vient – et c’est maintenant – 

Où les morts entendront la voix du Fils de Dieu

et ceux qui l’auront entendu vivront. »

« Les morts », les pécheurs qui ouvrent grands leur cœur à Jésus – ce qui suppose au même moment la décision de se repentir, de se convertir, et donc de renoncer au mal – entendent la voix du Fils de Dieu et accueillent au même moment la voix de l’Esprit qui se joint à elle, une voix qui est vie : « ils vivent »… Il ne peut en être autrement…

C’est ce qui se passe ici : « Mes brebis écoutent ma voix… Je leur donne la vie éternelle » par la voix de l’Esprit Saint qui est vie et qui se joint toujours à la mienne… Et donc… « jamais elles ne périront »…

Reconnaître cette vie avec son intelligence, en toute conscience, c’est cela « connaître » en St Jean : telle est l’intelligence de la foi, qui peut se résumer en deux mots « aimer, comprendre ». Aimer, de tout cœur, en ouvrant son cœur à Jésus, et comprendre  « en vivant » ce « quelque chose » que l’Esprit Saint communique et qui est vie… Telle est « la lumière de la vie » (Jn 8,12), la lumière de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), la lumière qui, écrit St Paul , « illumine les yeux du cœur pour faire voir » (Ep 1,15-23)« Heureux vos yeux pour qu’ils voient » disait Jésus à ses disciples (Mt 13, 16) : « A vous, il a été donné », par le Don de l’Esprit de lumière et de vie, de « connaître » les mystères du Royaume de Dieu (Mt 13, 11)«  Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je dépose ma vie pour mes brebis » (Jn 10,14‑15). Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Dans la Bible, (cf. Os 2, 22), la “connaissance” procède, non d’une démarche purement intellectuelle, mais d’une “expérience”, d’une présence (comparer Jn 10,14-15 et 14,20, 17, 21-22 ; cf. 14,17,   17,3 ; 2Jn 1-2) ; elle s’épanouit nécessairement en amour (cf. Os 6, 6 et 1Jn 1, 3) ».

Cet Esprit qui vivifie et éclaire les cœurs est aussi victorieux de toutes formes de ténèbres : « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5).

« Jésus remplit d’Esprit Saint » de toute éternité par le Père (Lc 4, 1) peut ainsi dire : « Sur moi, le Prince de ce monde n’a aucun pouvoir » (Jn 14, 30). Et il en est de même pour tous ses disciples qui reçoivent ce même Don de l’Esprit. « Personne ne les arrachera de ma main », personne ne les arrachera de ce Mystère de Communion qu’elles vivent avec Jésus dans l’unité d’un même Esprit (Ep 4, 1). Et puisque Jésus vit lui-même ce mystère de communion avec le Père de toute éternité, « moi et le Père nous sommes un », il peut aussi dire : « Mon Père est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi nous sommes un », en face à face, mais unis l’un à l’autre « dans la communion du Saint Esprit » (2 Co 13, 13).

C’est ce Mystère que le Christ Sauveur est venu offrir aux pécheurs, en les appelant à la conversion et en leur offrant « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13) : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), eau pure qui purifie : « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés,  vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11). La promesse de Dieu en Ezéchiel est accomplie : « Je vous prendrai parmi les nations », en « bon pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve » (Lc 15,4-7), « je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol. Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes » (Ez 36,24-27). Et ce Don est pour tous : « « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur » (Ac 13,47-48), et « les disciples », eux aussi, « étaient remplis de joie et d’Esprit Saint » (Ac 13,52).

 

C’est aussi ce que dit le Livre de l’Apocalypse (Ap 7,9.14b-17) en présentant cette « foule immense » aux dimensions de l’humanité tout entière, « innombrable » ; en effet, l’auteur emploie quatre termes pour la décrire, un chiffre qui symbolise l’universalité (cf. les quatre points cardinaux) : « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues» Ils viennent « de la grande épreuve », cette vie sur la terre, parsemée jour après jour de toutes sortes de souffrances… « Ils ont lavé leur robe », un vêtement qui, dans la Bible, renvoie à la personne qui le porte et qui, par ce Don de l’Esprit, a pu « laver » son cœur, « le blanchir par le sang de l’Agneau »… L’offrande du Christ sur la Croix, renouvelée à chaque Eucharistie, atteint son objectif de salut, de purification, de vivification par le Don de l’Esprit qui se joint toujours à elle : « La chair – et le sang – ne sert de rien », nous dit Jésus, « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63).

  Cet Esprit « eau pure qui lave et purifie » est au même moment « eau vive » qui « vivifie » : « Si tu savais le don de Dieu », disait Jésus à la Samaritaine, « et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jn 4,10-14). « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25)

Ce Don comble quiconque consent à le recevoir, car nous avons tous été créés pour participer, avec lui et grâce à lui, à la Plénitude même de Dieu (Col 2,9-10 ; Ep 5,18). Alors, nous dit encore le Livre de l’Apocalypse, « ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif » (cf. Jn 6,35)… Ce même Don est encore consolation et réconfort dans l’épreuve, douceur et force dans notre faiblesse : « Ni le soleil ni la chaleur ne les accablera » et « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux »…

  Telle est ainsi toute la Mission du Christ Sauveur du monde : nous conduire tous, jour après jour, encore et encore, de pardon en pardon, de miséricorde triomphant de notre misère en miséricorde, « aux sources des eaux de la vie », c’est-à-dire à Dieu Lui-même… « Ils m’ont abandonné, moi, la Source d’eau vive » (Jr 2,13), se privant ainsi eux-mêmes de la seule Plénitude susceptible de les combler ? Si nous y consentons de tout cœur, nous la retrouvons, gratuitement, par amour, grâce au Christ « Bon Pasteur » de nous tous, qui nous cherche tous « jusqu’à ce qu’il nous retrouve », « nous mettant ensuite sur ses épaules », par le Don de l’Esprit Saint qui nous porte et nous soutient dans notre faiblesse, et nous « ramenant » ainsi « à la maison » (Lc 15,4-7), cette « Maison du Père » (Jn 14,1-4) qui est Mystère de Communion avec Lui dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3), Esprit eau pure qui purifie, Esprit eau vive qui vivifie, Esprit Saint qui sanctifie et accomplit ainsi la volonté de Dieu à notre égard à tous… « C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce » (Ep 1,4-7), selon la richesse de « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29)…

Jacques Fournier

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