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Messe de Pâques : homélie de Mgr Gilbert Aubry (12/04/2020)

Mot d’ouverture :

Bonjour à vous tous qui êtes devant votre télévision pour participer à cette eucharistie grâce à Réunion la 1èreet devant votre poste de radio grâce à Arc-en-ciel. Je salue aussi nos frères et sœurs de l’île Maurice et des autres Départements d’Outre-mer.

Dans cette messe de Pâques, nous prions pour toutes les familles de La Réunion. Nous avons une pensée spéciale pour les malades du Covid-19, pour leurs familles. Nous disons aussi notre reconnaissance et notre soutien à tout le personnel soignant du CHU, des autres hôpitaux, des cliniques et autres structures médicales. Vous êtes un peu les anges gardiens de notre population avec les forces de l’ordre et les pompiers. Que Dieu bénisse aussi ceux qui déploient une activité essentielle, une recherche, une inventivité pour que la vie soit possible pour tous avec la coordination de l’Etat et de nos deux grandes collectivités de la Région, du Conseil Départemental, des autres collectivités. Gardons-nous bien d’oublier ceux qui sont au chômage ou les sans-domicile-fixe. Il y a aussi les prisonniers et les personnels des établissements pénitentiaires. Nous demandons au Seigneur de vous bénir déjà maintenant. Nous lui demandons aussi de nous pardonner nos faiblesses, nos fautes et nos péchés et que nous soyons plus actifs et solidaires pour être davantage des frères et sœurs en humanité sous le regard de Dieu.

Proclamation de l’Evangile par le Diacre Expédit Albaret.

Homélie

PAQUES de LUMIERE ET d’ESPERANCE (Jn 20,1-9) !

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Chers frères et sœurs en humanité,

Debout au pied de la croix se tenaient Marie, la maman de Jésus, femme forte de 48 ans au cœur déchiré uni au cœur transpercé de son Fils. Saint Jean est tout près d’elle. Il y a aussi Marie femme de Cléophas et Marie-Madeleine. Marie-Madeleine dont nous parle saint Jean aujourd’hui dans son Evangile.

Marie-Madeleine. Qui est Marie Madeleine ? Une femme pécheresse, provocatrice et tourmentée qui avait été délivrée des chaînes des démons de sa luxure par Jésus. Saint Jean et Marie-Madeleine sont vraiment attachés à la personne de Jésus. L’un rayonne l’innocence et la fraîcheur d’un jeune homme encore pur dans sa grâce d’aimer. L’autre, c’est la femme transfigurée, choisie par Dieu pour être la messagère de la résurrection, une flamme d’amour capable de déchirer les ténèbres des soi-disant bonnes consciences et des a priori.

Marie-Madeleine est secouée par le tourbillon d’événements qui gravitent autour de la mort de Jésus : la souffrance du Maître et de Marie, la trahison des disciples, les ténèbres qui écrasent la ville de Jérusalem, le tremblement de terre, le bouleversement de la nature. Son cœur est polarisé vers le cœur de Jésus. Elle veut prier à son tombeau. Elle y va. Seule.

Stupeur ! Le tombeau a été ouvert, la pierre a été roulée. Le tombeau est vide. Il n’y a personne dedans. Choc. Scandale. Elle va trouver Pierre et Jean : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé ». Pas possible. Sur le champ, les deux disciples courent haletants au tombeau. Et finalement, qu’est-ce qu’ils voient ? « Les linges posés à plat ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place ».

Qu’est-ce que cela veut dire ? On n’a pas pu voler le corps de Jésus comme le pensait Marie-Madeleine. Les voleurs seraient partis avec la dépouille telle qu’elle était, avec les linges, les bandelettes et le suaire. D’ailleurs, il y avait des scellés sur la porte du tombeau et les soldats montaient la garde. Ce que Pierre et Jean vivent en ce moment unique, ce qu’ils voient c’est la signature de Jésus lui-même : le tombeau vide et le linceul. D’ailleurs, Jésus avait dit « Je suis la résurrection et la vie… » (Jn 11,25)… en ressuscitant lui-même Lazare.

Pierre et Jean rentrent chez eux. Ils viennent de comprendre les paroles de l’Ecriture selon lesquelles Jésus devait se relever d’entre les morts. Marie-Madeleine de son côté sera consolée par Jésus « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Marie-Madeleine ne reconnaît Jésus que lorsqu’il l’appelle par son prénom. Miracle de la re-connaissance. Une mission est alors confiée à cette femme, premier témoin de la résurrection : « Va trouver mes frères et dis leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu ».

Ensuite, Jésus va multiplier ses apparitions : apparition aux disciples d’Emmaüs qui vont le reconnaître à la fraction du pain, les cœurs brûlants. La rencontre avec les dix disciples puis avec les onze, Thomas étant alors présent. Et voilà que le mystère de Pâques, avec l’Ascension et la Pentecôte, lance toute l’Eglise dans la mission : Allez ! « Allez proclamer la Bonne Nouvelle… Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (cf. Mth 28, 19-20).

Alors, aujourd’hui, recherchons à tout resituer dans l’amour de Dieu avec le Christ. Si nous vivons par Lui, avec Lui en en Lui Jésus-Christ ressuscité, nous accueillons l’Esprit-Saint qui nous arrache aux ténèbres. Nous pouvons lutter contre le Mal. Le chemin de l’Espérance s’ouvre au cœur même de nos difficultés. Une porte s’ouvre qui nous fait sortir de nos tombeaux. La Lumière de Pâques rejaillit sur toute la vie. Elle nous donne la force d’aimer comme Jésus nous aime. Jusqu’au bout de l’amour. Nous sommes capables de faire attention les uns aux autres, de devenir solidaires, de nous soutenir les uns les autres, surtout en cette période de Covid-19. Appliquer les gestes barrière, vivre le confinement de manière stricte, c’est protéger la vie, c’est faire réussir la vie. Nous devenons les uns avec les autres la signature de Jésus dans l’Esprit de communion. Jésus est vraiment le Vivant de toute vie.

Dieu remet notre île entre nos mains. Et nous mettons nos mains dans les mains du Christ Ressuscité. Nous sommes sûrs que Dieu ne nous lâchera pas. Avec Lui, nous remporterons la victoire. Oui, le Christ est vraiment ressuscité. Je vous souhaite Pâques de Lumière et d’Espérance à vous et à tous ceux qui vous sont chers. Amen.

                                                                                                      Monseigneur Gilbert AUBRY