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Pourquoi le Mal et la souffrance ?

Père Daniel WOILLEZ

Le mal existe. Il fait scandale.
Qu’il soit provoqué par des cataclysmes naturels ou par les hommes, surtout quand il frappe des innocents, le mal suscite toujours étonnement et indignation.
A qui la faute ?
Dieu est-il responsable du mal ?
C’est dans la révélation que le chrétien puise les assurances, en mesure d’apporter la réponse à ce scandale du mal. Cette réponse, il faut la chercher dans la foi au mystère du Christ, Fils de Dieu, victime innocente sur la croix, du péché des hommes.

1- PRESENCE DU MAL

Place que tient la souffrance dans toute vie humaine. (CEC 1500-1501)
1500 La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l’homme fait l’expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.

1501 La maladie peut conduire à l’angoisse, au repliement sur soi, parfois même au désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l’aider à discerner dans sa vie ce qui n’est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l’est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu, un retour à Lui.
C’est une évidence : le mal existe. D’où vient-il ? CEC.385.

385 Dieu est infiniment bon et toutes ses oeuvres sont bonnes. Cependant, personne n’échappe à l’expérience de la souffrance, des maux dans la nature – qui apparaissent comme liés aux limites propres des créatures –, et surtout à la question du mal moral. D’où vient le mal ?

Il est une question pressante et inévitable. CEC.309. Dieu n’a pas créé le mal.

309 Si Dieu le Père Tout-puissant, Créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il ? A cette question aussi pressante qu’inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse, aucune réponse rapide ne saura suffire. C’est l’ensemble de la foi chrétienne qui constitue la réponse à cette question : la bonté de la création, le drame du péché, l’amour patient de Dieu qui vient au devant de l’homme par ses alliances, par l’Incarnation rédemptrice de son Fils, par le don de l’Esprit, par le rassemblement de l’Église, par la force des sacrements, par l’appel à une vie bienheureuse à laquelle les créatures libres sont invitées d’avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d’avance, par un mystère terrible, se dérober. Il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal.
La foi peut être mise à l’épreuve. Dieu semble absent. CEC.272.

272 La foi en Dieu le Père Tout-Puissant peut-être mise à l’épreuve par l’expérience du mal et de la souffrance. Parfois Dieu peut sembler absent et incapable d’empêcher le mal. Or, Dieu le Père a révélé sa Toute-Puissance de la façon la plus mystérieuse dans l’abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lesquels Il a vaincu le mal. Ainsi, le Christ crucifié est  » puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes  » (1 Co 1, 24-25). C’est dans la Résurrection et dans l’exaltation du Christ que le Père a  » déployé la vigueur de sa force  » et manifesté  » quelle extraordinaire grandeur revêt sa puissance pour nous les croyants  » (Ep 1, 19-22).
Il n’y a pas de réponse rapide à cette question. Elle concerne l’ensemble de la foi. CEC 272.

Distinguer :
Le mal physique qui tient au devenir d’une création en marche vers sa perfection. CEC.310.302.
310 Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde aussi parfait qu’aucun mal ne puisse y exister ? Selon sa puissance infinie, Dieu pourrait toujours créer quelque chose de meilleur. Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinies, Dieu a voulu librement créer un monde  » en état de voie  » vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l’apparition de certains êtres, la disparition d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature, aussi les destructions. Avec le bien physique existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection.
Il faut se rappeler que le Père veut partager sa vie de créateur en faisant de l’homme le gérant de la création avec laquelle il va progresser jusqu’à sa perfection.
Avec l’intelligence que Dieu lui a donnée, l’homme découvre, notamment par la science, les lois de la nature pour la maitriser et ne plus en être la victime.
En ce sens, on peut constater que les progrès scientifiques contribuent à améliorer la condition humaine : santé, longévité, maitrise des éléments, etc…

N.B. A la condition de découvrir aussi le sens de ces lois de la nature, pour ne pas mal les utiliser.
Le mal moral qui tient au péché et qui est plus grave. CEC.311.

311 Les anges et les hommes, créatures intelligentes et libres, doivent cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence. Ils peuvent donc se dévoyer. En fait, ils ont péché. C’est ainsi que le mal moral est entré dans le monde, sans commune mesure plus grave que le mal physique. Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral. Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien :
Le mal est présent dans l’histoire de l’homme (CEC.386)

Depuis les origines. (CEC.388)
C’est à partir de Jésus, le deuxième Adam, que Paul parle du premier Adam de la Bible.
Le péché est universel. CEC.401

Caïn sur Abel (cf. Gn 4, 3-15) ; la corruption universelle à la suite du péché (cf. Gn 6, 5. 12 ; Rm 1, 18-32) ; Après la Rédemption du Christ aussi, parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (cf. 1 Co 1-6 ; Ap 2-3). L’Écriture et la Tradition de l’Église ne cessent de rappeler la présence et l’universalité du péché dans l’histoire de l’homme :
Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Comme dit Saint Paul, «Je ne fais pas le bien que je voudrais faire et je fais le mal que je ne voudrais pas faire.»
C’est la parabole de l’ivraie et du bon grain dans un même champ.
Et le Concile Vatican II ajoute : « Car l’homme, s’il regarde au-dedans de son coeur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre qui l’orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (Vatican II, GS 13, § 1).

A cette présence universelle du mal et du péché, on a cru pouvoir donner une explication en ayant recours à la dualité de deux principes qui s’opposent depuis le commencement : le Bien et le Mal ; La Lumière et les Ténèbres.
Un tel dualisme est incompatible avec la foi. Au Dieu créateur de l’univers. CEC 286.
Il n’y a pas un dieu du mal et un dieu du bien. CEC 394.
394 « L’Écriture atteste l’influence néfaste de celui que Jésus appelle  » l’homicide dès l’origine  »
(Jn 8, 44), et qui a même tenté de détourner Jésus de la mission reçue du Père (cf. Mt 4, 1-11).  » C’est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu  » (1 Jn 3, 8). La plus grave en conséquences de ces oeuvres a été la séduction mensongère qui a induit l’homme à désobéir à Dieu. »
Le mal attire et apparaît comme un bien, un bonheur.
Le démon ne saurait être mis en parallèle avec la souveraineté du Créateur. CEC.395. 2851.

 

2- UNE CREATION A LA FOIS INACHEVEE ET BLESSEE.

Ne pas mettre en doute la Toute Puissance de Dieu. Sur l’existence des créatures. CEC.271.272.
La création n’est pas sortie toute achevée des mains du Créateur. CEC.302.
302 La création a sa bonté et sa perfection propres, mais elle n’est pas sortie tout achevée des mains du Créateur. Elle est créée dans un état de cheminement ( » in statu viæ « ) vers une perfection ultime encore à atteindre, à laquelle Dieu l’a destinée. Nous appelons divine providence les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers cette perfection :

Dieu garde et gouverne par sa providence tout ce qu’Il a créé,  » atteignant avec force d’une extrémité à l’autre et disposant tout avec douceur  » (Sg 8, 1). Car  » toutes choses sont à nu et à découvert devant ses yeux  » (He 4, 13), même celles que l’action libre des créatures produira (Cc. Vatican I : DS 3003).
Dieu a confié aux hommes la responsabilité de se soumettre la terre et de la dominer. CEC.307. 373.

307 « Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de  » soumettre  » la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 26-28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’oeuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leurs prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, par leurs prières, mais aussi par leurs souffrances (cf. Col 1, 24). Ils deviennent alors pleinement  » collaborateurs de Dieu  » (1 Co 3, 9 ; 1 Th 3, 2) et de son Royaume (cf. Col 4, 11). »

373 « Dans le dessein de Dieu, l’homme et la femme ont la vocation de « soumettre » la terre (cf. Gn 1, 28) comme  » intendants  » de Dieu. Cette souveraineté ne doit pas être une domination arbitraire et destructrice. A l’image du Créateur  » qui aime tout ce qui existe  » (Sg 11, 24), l’homme et la femme sont appelés à participer à la Providence divine envers les autres créatures. De là, leur responsabilité pour le monde que Dieu leur a confié. »
Dieu communique sa vie à l’homme et c’est pourquoi ce dernier partage la vie du Créateur en gérant le monde de plus en plus.
Il y a une seigneurie de l’homme sur la création qui légitime la science et la technique. CEC.2293.2294.

2293 « La recherche scientifique de base comme la recherche appliquée constituent une expression significative de la seigneurie de l’homme sur la création. La science et la technique sont de précieuses ressources quand elles sont mises au service de l’homme et en promeuvent le développement intégral au bénéfice de tous ; elles ne peuvent cependant indiquer à elles seules le sens de l’existence et du progrès humain. La science et la technique sont ordonnées à l’homme, dont elles tirent origine et accroissement ; elles trouvent donc dans la personne et ses valeurs morales l’indication de leur finalité et la conscience de leurs limites.

2294 « Il est illusoire de revendiquer la neutralité morale de la recherche scientifique et de ses applications. D’autre part, les critères d’orientation ne peuvent être déduits ni de la simple efficacité technique, ni de l’utilité qui peut en découler pour les uns au détriment des autres, ni pis encore, des idéologies dominantes. La science et la technique requièrent de par leur signification intrinsèque le respect inconditionné des critères fondamentaux de la moralité ; elles doivent être au service de la personne humaine, de ses droits inaliénables, de son bien véritable et intégral, conformément au projet et à la volonté de Dieu. »
Cf. L’encyclique « L’amour en vérité » de Benoit XVI.
Ne pas mettre notre mauvaise gestion du monde sur le créateur.
Dieu donne à ses créatures d’exister et la dignité d’agir elles-mêmes. CEC.306

306. Dieu ne donne pas seulement à ses créatures d’exister, il leur donne aussi la dignité d’agir elles-mêmes, d’être causes et principes les unes des autres et de coopérer ainsi à l’accomplissement de son dessein.
Les créatures doivent cheminer vers leur destinée par choix libre. CEC.311

311 Les anges et les hommes, créatures intelligentes et libres, doivent cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence. Ils peuvent donc se dévoyer. En fait, ils ont péché. C’est ainsi que le mal moral est entré dans le monde, sans commune mesure plus grave que le mal physique. Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral (cf. S. Augustin, lib. 1, 1, 1 : PL 32, 1221-1223 ; S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 79, 1). Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien :
La liberté implique pour l’homme la possibilité de choisir entre le bien et le mal. CEC.1730-1732.
1730 Dieu a créé l’homme raisonnable en lui conférant la dignité d’une personne douée de l’initiative et de la maîtrise de ses actes.  » Dieu a ‘laissé l’homme à son propre conseil’ (Si 15, 14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à Lui, parvenir à la pleine et bienheureuse perfection  » (GS 17) :
L’homme est raisonnable, et par là semblable à Dieu, créé libre et maître de ses actes (S. Irénée, hær. 4, 4, 3).
1731 La liberté est le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. Par le libre arbitre (=jugement et choix), chacun dispose de soi. La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude.
1732 Tant qu’elle ne s’est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu’est Dieu, la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher. Elle caractérise les actes proprement humains.
Devenant « esclave du péché » (CEC.1733) l’homme peut faire échec à Dieu.
1733 Plus on fait le bien, plus on devient libre. Il n’y a de liberté vraie qu’au service du bien et de la justice. Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et conduit à « l’esclavage du péché » (cf. Rm 6, 17).
Se pose alors le problème de l’ENFER.

Brièvement, on peut dire deux choses :
1°) L’enfer, dont le Christ a parlé souvent, existe.
Si on dit qu’’il n’existe pas, cela devient une négation de notre liberté humaine, puisque nous serions sauvés même si nous ne le voulons pas.
2°) On ne peut pas dire qu’il y a quelqu’un en enfer.
Le salut apporté par le Christ est universel. Comme nous le verrons ultérieurement, il a été envoyé par son Père pour sauver l’humanité tout entière, et il n’a pas raté sa mission. Ne pas lire l’enseignement de Jésus sur l’enfer comme une description mais comme un enseignement pédagogique pour avertir des graves répercussions que peuvent avoir nos actions mauvaises.
Par ailleurs l’Eglise n’exclut personne de sa prière, ce qui serait le cas si elle considérait certains en enfer. Elle a la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut universel par un amour gratuit de Dieu.
Dieu respecte la liberté. Il n’est, ni directement ni indirectement la cause du mal moral, dont il se rend vainqueur.. CEC.387. 311.

 

LA QUESTION DU PECHE ORIGINEL

(souvent mal présentée et déformée)

LE RECIT DE LA GENESE. 3.

Il n’est pas une description chronologique des événements comme ils se sont passés, car ce récit symbolique a été écrit 700 ans avant J.C., alors que l’existence des hommes remonte à des millions d’années.
(Cf. Ultérieurement ce qui sera dit des genres littéraires de la Bible.)
Mais il affirme une situation universelle de l’homme, de toute l’humanité, depuis les origines.
Le récit ne commence pas par une interdiction, mais par tous les possibles : « Tu peux manger de tous les arbres. »
Dieu ne menace pas de punition, mais signale les conséquences de l’attitude de l’homme.
Le démon déforme la pensée de Dieu (= un mensonge) : Il le décrit comme un dieu jaloux qui a peur que l’homme devienne grand et son égal.
Alors que vous pouvez être dieux vous-mêmes et par vous-mêmes. Vous êtes libres et comme Dieu.
L’homme peut dominer le monde comme Dieu et décider lui-même ce qui est bien et mal. (Symbolisation par l’arbre du bien et du mal.)

Nature du péché
L’homme veut être comme Dieu, en se passant de lui. Liberté absolue, sans aucune limite.
Il se fait par ses propres forces l’égal de Dieu.
Répercussion : L’homme qui veut posséder d’une façon absolue le bien et le mal est sur une pente qui le conduit à penser que ce qu’il veut et décide est toujours bien et que ceux qui font autrement sont dans le mal.
C’est une attitude qu’on rencontre à travers les âges.
Comp.73. Comment comprendre la réalité du péché ?
« Dans l’histoire de l’homme, le péché est présent. Une telle réalité ne s’éclaire pleinement qu’à la lumière de la Révélation divine, et surtout à la lumière du Christ Sauveur de tous, qui a fait surabonder la grâce là où le péché a abondé ».
CONSEQUENCES DU « PECHE ORIGINEL »

Comp.75. En quoi consiste le premier péché de l’homme ?
L’homme, tenté par le démon, a laissé s’éteindre en son coeur la confiance dans ses rapports avec son Créateur. En lui désobéissant, il a voulu devenir « comme Dieu », sans Dieu et non selon Dieu (Gn 3,5).
Ainsi, Adam et Ève (=symbole de toute l’humanité) ont perdu immédiatement, pour eux et pour toute leur descendance, la grâce de la sainteté et de la justice originelles.

Com.76. Qu’est ce que le péché originel ?
« Le péché originel, avec lequel naissent tous les hommes, est l’état de privation de sainteté et de justice originelles dans lequel naissent tous les hommes. C’est un péché que nous avons « contracté et non un péché que l’on « commet ». C’est une condition de naissance et non un acte personnel. En raison de l’unité originelle de tout le genre humain, ce péché se transmet (aux descendants d’Adam) avec la nature humaine, « non par imitation, mais par propagation ». Cette transmission reste un mystère que nous ne pouvons saisir pleinement».

Comp.77. Quelles sont les autres conséquences provoquées par le péché originel ?
« Par la suite du péché originel, la nature humaine, sans être entièrement corrompue, est blessée dans ses forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance, au pouvoir de la mort ; elle est inclinée au péché. Cette inclination s’appelle concupiscence».
La vie de toute l’humanité en est bouleversée, blessée.
C’est ce qu’on appelle la triple concupiscence ou déformation de ce qui est bon en soi.
– L’esclavage des sens par ailleurs nécessaires pour vivre.
Exemples : L’alcoolisme, les orgies, etc… L’accaparement des biens matériels, au détriment des autres.
– L’esclavage de la sexualité, par ailleurs une richesse de communion et d’unité.
Exemples : Les infidélités et les violences sexuelles et conjugales, la prostitution.
– L’absolutisation du Pouvoir, dont l’autorité est par ailleurs si importante pour la vie sociale.
Exemples : la dictature, les guerres, les génocides, etc…
Et l’homme se coupant de Dieu, pour se suffire à lui-même, ne pourra pas se sauver par lui-même.
(N.B : Le salut ne sera opéré que par un homme qui se mettra dans l’attitude de recevoir tout de Dieu. le contraire de l’attitude du péché. Kénose et solidarité).
387 « La réalité du péché ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché, et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la conséquence nécessaire d’une structure sociale inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement».
C’est dans la foi et la foi seule que le chrétien peut donner sens à l’épreuve du péché et du malheur à laquelle l’humanité terrestre est ainsi soumise. CEC.312.
La souffrance humaine est-elle plus injuste que la passion et la mort du Christ sur la Croix. ? CEC.601.
601 « Ce dessein divin de salut par la mise à mort du  » Serviteur, le Juste  » (Is 53, 11 ; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l’Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c’est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché ».
Le chrétien sait aussi que toute souffrance reçoit de celle du Christ la valeur de salut pour le péché des hommes. CEC.618. 1506.

Le mystère du mal ne peut s’éclairer qu’à la lumière de la Révélation qui présente dans sa globalité le dessein du salut voulu par Dieu et accompli par le Christ. CEC.616. 411-412.
Cf. Ultérieurement le sens de la passion de Jésus-Christ.

3- DONNER SENS A LA SOUFFRANCE.

La souffrance se révèle avec de multiples visages :
Elle donne à l’homme le sentiment de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. CEC.1500.
Le chrétien reste soumis à l’épreuve qui peut conduire à l’angoisse et au désespoir. CEC 1501.
Son regard purifié par la Foi peut l’aider à rejoindre le Christ solitaire et abandonné, notamment à la croix.
Il est convié par lui à porter sa croix (MTT 10,38.) Il est associé à son mystère de compassion et de salut. CEC.604. 618. 1506.

618 La Croix est l’unique sacrifice du Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée,  » il s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme  » (GS 22, § 2), il « offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » (GS 22, § 5). Il appelle ses disciples à « prendre leur croix et à le suivre » (Mt 16, 24) car « il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas » (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10, 39 ; Jn 21, 18-19 ; Col 1, 24). Cela s’accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35) :
Dans la prière du Notre Père, les deux dernières demandes sollicitent la grâce de nous faire libérer et de nous délivrer de cet empire du mal. CEC.2850.

2850 « La dernière demande à notre Père est aussi portée dans la prière de Jésus : « Je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais » (Jn 17, 15). Elle nous concerne, chacun personnellement, mais c’est toujours « nous » qui prions, en communion avec toute l’Église et pour la délivrance de toute la famille humaine. La Prière du Seigneur ne cesse pas de nous ouvrir aux dimensions de l’Economie du salut. Notre interdépendance dans le drame du péché et de la mort est retournée en solidarité dans le Corps du Christ, en « communion des saints » (cf. RP 16). »
L’Eglise porte aussi toute la détresse du monde devant le Père.CEC.2854.
2854 « En demandant d’être délivrés du Mauvais, nous prions également pour être libérés de tous les maux, présents, passés et futurs, dont il est l’auteur ou l’instigateur. Dans cette ultime demande, l’Église porte toute la détresse du monde devant le Père. Avec la délivrance des maux qui accablent l’humanité elle implore le don précieux de la paix et la grâce de l’attente persévérante du retour du Christ. En priant ainsi, elle anticipe dans l’humilité de la foi la récapitulation de tous et de tout en Celui qui  » détient la clef de la Mort  » (Ap 1, 18), « le Maître de tout, Il est, Il était et Il vient » (Ap 1, 8 ; cf. Ap 1, 4) »
Le Christ, dans sa grande prière pour ses disciples, avant de mourir, s’adressait à son Père : « Je ne te demande pas de les enlever du monde mais de les garder du Mauvais. » (Jn.17.)
A travers les siècles, les membres de l’Eglise, avec d’autres personnes de bonne volonté, se sont aussi très souvent consacrés à lutter contre le mal et la souffrance encore trop présents dans notre monde.
Cf. Mère Thérésa, soeur Emmanuelle, Saint Vincent de Paul, L’abbé Pierre, etc…
N.B. Cette question du mal et de la souffrance sera reprise sous un autre aspect, plus positif, en contemplant la vie et la mission du fils de Dieu, que le père a envoyé dans notre monde, non pas pour juger le monde mais pour le sauver par amour.