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Prédication pour les 45 ans d’épiscopat de Mgr Gilbert Aubry – Fr. Manuel Rivero O. P.

Prédication pour les 45 ans d’épiscopat

de Mgr Gilbert Aubry

Paroisse du Chaudron, dimanche 2 mai 2021 à 14h30.

Rendons gloire à Dieu qui nous a libérés de l’esclavage du péché et nous a comblés de sa grâce !

Tout est grâce, don gratuit de Dieu qui est Amour. C’est pourquoi le Seigneur dit à son Peuple : « Écoute, Israël, le Seigneur est l’Unique. Tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces » (Dt 6, 4).

Qu’as-tu, que tu n’aies pas reçu de la miséricorde de Dieu ? Reconnaissons en nous et autour de nous l’œuvre de Dieu qui déploie la puissance de son bras dans nos fragilités. « Toutes nos œuvres, c’est toi Seigneur qui les accomplis pour nous » (Is 26, 12), s’exclame le prophète Isaïe émerveillé.

En ce jour où nous fêtons les 45 ans d’épiscopat de notre évêque, entrons avec lui dans le Magnificat de la Vierge Marie.

Chaque naissance humaine représente un don de Dieu à l’humanité. Chaque vocation chrétienne, presbytérale, religieuse, épiscopale, ressemble à une lettre que Dieu envoie à son Église. Aussi saint Paul déclare-t-il aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, sur vos cœurs » (2 Cor 3, 3).

Dans la deuxième lecture, saint Paul exhorte Timothée à proclamer la Parole, à supporter la souffrance et à évangéliser.

Pendant 45 ans, notre évêque a annoncé la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ. Il l’a fait avec conviction, compétence théologique et passion, se donnant généreusement sans calcul. Il suffit de penser un instant au nombre de célébrations, de prédications et de réunions qu’il a accepté au service de la Parole de Dieu.

« Nous voudrions voir Jésus », avaient demandé quelques Juifs de langue grecque à Philippe. Nombreux sont les Réunionnais qui veulent voir Jésus. La Parole de Dieu proclamée fait voir Jésus ressuscité dans les cœurs illuminés par la foi. Ceux qui adhèrent à la prédication reçoivent l’Esprit Saint, Esprit d’amour, de liberté, de paix et de joie.

Philippe est allé chercher André et tous les deux ont fait part à Jésus de la demande des Juifs de langue grecque. La rencontre avec Jésus est passée par des médiateurs. Philippe et André ont été les médias de Dieu. Jésus a voulu que le salut de l’homme passe par l’homme. Ce salut est passé par le renoncement, la croix et la mort de Jésus : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».

Toute la mystique chrétienne, les trésors de la connaissance et de l’amour, le sens de l’humanité et de son histoire se trouvent cachés dans les souffrances du Christ, « grain de blé tombé en terre ».

J’ai toujours constaté que pour toucher le cœur des hommes, il convient de s’adresser à leur souffrance et d’éclairer cette douleur par la Passion de Jésus.

Dans chaque existence humaine, il y a Gethsémani, agonie qui veut dire combat, angoisse et gouttes de sang (voir Lc 22, 44). Le disciple n’est pas supérieur au maître. Tout homme, l’évêque aussi, partage l’expérience de Jésus à l’approche de la Croix : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36). Comme à Gethsémani, les fidèles reçoivent la force dans la prière et Dieu ne nous laisse pas sans le secours de ses Anges.

La gloire de Dieu resplendit déjà sur la croix du calvaire. Dieu le Père glorifie son Fils Jésus dans sa résurrection. Jésus ressuscité glorifie son Père en accomplissant sa volonté de salut pour l’humanité. Jésus glorifie son Père par la prédication qui fait connaître l’amour de Dieu.

Notre évêque a glorifié Dieu par son enseignement. La prière du Notre Père, « que ton Nom soit sanctifié », s’est aussi accomplie par la célébration des sacrements qui sanctifient. Comment ne pas penser aux milliers de Réunionnais confirmés par notre évêque ? Dieu a versé la joie de l’Esprit Saint dans l’âme des catholiques réunionnais à travers vous, Monseigneur !

L’Église qui est à La Réunion a été guidée pendant 45 ans par le Christ, le Bon Pasteur, à travers son serviteur, successeur des apôtres. Et non seulement l’Église, en grande partie, la société réunionnaise elle-même a bénéficié des dons que l’Esprit Saint a répandu sur notre évêque.

« Que celui qui a reçu des dons qu’il les donne ! ». Monseigneur, vous êtes un fruit de La Réunion, métissé, riche des différentes cultures. Vous aimez chanter la créolie, aboutissement original de l’histoire de La Réunion, toujours en évolution.

Monseigneur, vous êtes un fruit de l’âme réunionnaise, enracinée dans la prière, attachée aux valeurs telles que le respect de chacun, la famille, la solidarité, le travail bien fait et l’étude.

Vous avez enrichi cette culture réunionnaise par vos prédications, vos interventions dans les domaines social et politique sans oublier la poésie.

Vous avez rejoint dans la durée de votre épiscopat, 45 ans, saint Athanase, évêque d’Alexandrie de l’an 328 à l’an 373, que l’Église fête en ce 2 mai. Vous resterez dans l’histoire de l’Église qui est à La Réunion comme un grand prédicateur pour la jeunesse et des pèlerinages.

Vous aimez la politique, au sens noble du terme. Le vénérable Giorgio la Pira (+1977), ancien maire de Florence, laïc dominicain, que le pape François aime citer, disait « qu’après l’union intime avec Dieu dans la prière, la politique représentait l’œuvre la plus importante, car elle consiste à conduire les hommes ».

Monseigneur, vous avez travaillé pour conduire les hommes au bien et à Dieu. La Commission Justice et Paix a beaucoup apporté à la réflexion sociale. Le GDIR, le Groupe de dialogue interreligieux de La Réunion, s’investit au service de la paix.

« Si l’État français est laïc, la société française ne l’est pas », a écrit le cardinal Jean-Pierre Ricard[1]. La société réunionnaise, plurielle, est appelée à former une famille « dans la communauté de destin », de manière à vivre en frères.

Merci, Monseigneur, pour les nombreux et heureux moments partagés ! Je voudrais évoquer ici une anecdote du temps où j’étais l’aumônier de l’université à Saint Denis de 1994 à 2001. Un jour que les étudiants vous avaient invité pour une soirée de poésie, ils vous avaient taquiné en vous rappelant un poème au parfum contestataire, écrit dans votre jeunesse. À la suite de cette belle soirée littéraire, un des étudiants qui composait de la musique, avait retranscrit un de vos poèmes en musique. C’était magnifique. Vos mots étaient devenus des notes musicales ! Vos poèmes inspiraient des sentiments et des pensées insoupçonnés dans l’esprit des auditeurs et des lecteurs. Le charisme de l’artiste.

Rendons grâce à Dieu pour les talents que vous avez reçus et multipliés !

Remercions le Seigneur pour votre famille et les familles spirituelles qui vous ont donné la vie du corps et de l’âme. Élève des spiritains (Cilaos et La Croix-Valmer) et des jésuites (la Grégorienne), vous êtes né le 10 mai 1942. L’Église et en particulier l’ordre des Prêcheurs fêtent le 10 mai la mémoire de saint Antonin de Florence, évêque dominicain, parti vers le Seigneur le 2 mai 1459. Saint Antonin fut compagnon de noviciat de fra Angelico et prieur du couvent Saint Marc lorsque le patron des artistes réalisa ses célèbres fresques qui illustrent tant de livres aujourd’hui. Alors il doit y avoir dans votre âme la présence d’une foule de saints qui vous protègent et éclairent, sans oublier saint Dominique et saint Antonin de Florence.

Bonne fête, Monseigneur !

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, Amen !

 

Ci-joint le document en PDF : Predication pour 45 ans episcopat de Mgr Aubry 2 mai 2021 Fr Manuel Rivero op

 

 

 

 

 

 

 

[1] Réflexion du cardinal Jean-Pierre Ricard, publiée dans le numéro d’Avril 2015 du journal Église catholique en Gironde.