Rencontre autour de l’Évangile – Nativité de Saint Jean Baptiste — Solennité
« La naissance de
Jean le Baptiste «
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Lc 1, 57-66.80)
Au tout début de l’Evangile selon St Luc (Lc 1,5-25), Zacharie, prêtre, alla au Temple de Jérusalem pour y exercer son ministère. Lui et sa femme « n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile, et tous deux étaient âgés ». Mais « l’Ange du Seigneur » se manifesta à lui et lui dit : « Ta femme Élisabeth te donnera un fils, et tu le nommeras Jean ». Zacharie ne crut pas en cette Parole et il demanda un signe… Le Seigneur a de l’humour : plutôt que de dire des bêtises, il devint muet !
Le sens des mots
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« Dieu Est Amour » (1Jn 4,8), et il n’est qu’Amour. Il poursuit inlassablement le bien de tous les hommes qu’il aime, et il ne cesse de désirer le meilleur pour chacun d’eux (Mt 5,43-45). Mais dans l’Ancien Testament on pensait, à tort, qu’il récompense les justes et punit les pécheurs. Avoir des enfants étant considéré comme « une bénédiction de Dieu », comment regardait-on ceux qui n’en avaient pas ? Aussi, quand Elisabeth, âgée et stérile, aura un fils, que dira-t-on de l’attitude de Dieu à son égard ?
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La Loi était considérée comme l’expression de la volonté de Dieu. Or, elle disait : « Au huitième jour, on circoncira le prépuce de l’enfant » (Lv 12,3). Que font ici Zacharie et Elisabeth ? Quelle vertu, vis-à-vis de Dieu, mettent-ils donc en pratique ? Et de quoi la circoncision était-elle le signe ?
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Tout fils premier-né devait porter le prénom de son père. Mais, contre toute attente, Elisabeth et Zacharie décident de l’appeler « Jean ». En se rappelant ce que l’Ange avait dit à Zacharie dans le Temple, quelle vertu vis-à-vis de Dieu mettent-ils à nouveau en pratique ?
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Zacharie n’avait pas cru à la Parole que Dieu lui avait dite par l’Ange ; il n’était donc pas prêt, de cœur, à lui obéir… Son attitude est celle de tout homme pécheur. « Sa bouche s’ouvrit… » Comment était-elle donc avant ? « Sa langue se délia »… Comment était-elle donc avant ? Mais par la bouche et la langue, c’est l’homme tout entier qui s’exprime… En reprenant ces verbes et leurs contraires, que nous disent-ils de la situation de l’homme pécheur et de l’œuvre que Dieu veut accomplir en lui et pour lui ? Donner d’autres exemples dans les Evangiles qui illustrent ce désir de Dieu pour chacun d’entre nous…
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Croire en Dieu, c’est lui obéir… Préciser à chaque fois ce qu’Il attend de nous quand il se présente en son Fils comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », « le Médecin », « le Semeur », « le Pain de Vie », « le Chemin »…
Pour l’animateur
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« C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre ; quand j’ai frappé, c’est moi qui guéris » (Dt 32,39). Non, Dieu ne fait pas mourir ! La mort physique appartient à son projet sur l’homme ; elle est passage, naissance à la Plénitude de la Vie : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » (Ste Thérèse de Lisieux) ! La mort spirituelle, elle, est la conséquence du péché (Rm 6,23). Dieu est Vie (Jn 1,4). Il ne désire, il ne veut que la Vie, et il est venu en son Fils donner la Vie, gratuitement, par amour et en surabondance, à tous ceux et celles qui l’avaient perdue par suite de leurs fautes (Jn 10,10). Si, parfois, Dieu est présenté dans l’Ancien Testament comme frappant, châtiant, punissant, ces passages appartiennent à ce qui, dans ces livres, est « imparfait et provisoire » (Concile Vatican II ; Dei Verbum & 15).
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Dans ce contexte, la stérilité d’Elisabeth était perçue comme une malédiction (Dieu ne maudit jamais, il ne sait que bénir !), un châtiment envoyé par suite d’un péché (Dieu ne châtie pas, il pleure les conséquences de nos fautes). Le fait qu’elle enfante, dans sa vieillesse, ne pouvait donc qu’être perçu comme une action de Dieu manifestant l’infinie générosité de sa Miséricorde. Si le point de départ est « imparfait », la conclusion, elle, est parfaite !
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Zacharie et Elisabeth ne font qu’obéir à Dieu. Leur bonne volonté, leur docilité libre et responsable, Lui permettent d’accomplir dans leur vie ses merveilles d’Amour et de Bonté, la joie de ses créatures faisant toute sa Joie !
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La circoncision était avant tout le signe par lequel on acceptait d’entrer dans l’Alliance que Dieu avait conclue avec son Peuple Israël (Gn 17), une Alliance particulière destinée à manifester à l’humanité tout entière l’Alliance que Dieu vit avec tout homme depuis le commencement du monde (Gn 9,8-17). Dieu a en effet appelé Israël à être les serviteurs de son Alliance pour que sa bénédiction soit accueillie par toutes les familles de la terre (Gn 12,1-4).
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Et en appelant leur fils premier-né non pas Zacharie mais « Jean », Elisabeth et Zacharie continuent d’obéir à Dieu…
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Bouche fermée, langue liée, autant d’images bien concrètes qui renvoient au pécheur, enfermé dans son orgueil et son égoïsme, fermé de coeur à Dieu et aux autres, lié par toutes sortes d’esclavages… Dieu veut le libérer de tout cela pour lui donner d’être pleinement lui-même, ouvert à Dieu et aux autres, comblé de sa Lumière et de sa Vie… « Ouvre-toi » (Mc 7,31-37 ; Lc 7,22) ! Qu’elle soit « déliée de ce lien » (Lc 13,10-17) ! « Tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié » (Mt 18,18 ; 16,19 ; Jn 20,23 ; 8,31-36)…
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Croire en Dieu c’est obéir à l’Amour qui ne cherche que notre bien et donc lui offrir notre péché pour qu’il l’enlève, nos blessures pour qu’il les guérisse, accueillir sa Parole et son Pain de Vie pour recevoir avec eux la Vie, s’engager à sa suite, avec sa Force, sur le chemin de l’Amour, de la Justice, de la Vérité…
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
Seigneur notre Dieu, tu prends plaisir à nous prodiguer ta Miséricorde pour que règne dans nos cœurs ton Esprit de Vie, de Lumière et de Paix… Avec lui et par lui, gratuitement, par Amour, tu te proposes inlassablement de nous « délier » de tout ce qui nous retient dans les ténèbres de nos égoïsmes, de nos volontés de puissance, de nos misères de toutes sortes… Ta Joie est de voir l’homme, ton enfant, debout, « ouvert » de cœur à toi et aux autres… Tu peux alors le combler de ton Amour, de ta Douceur, de ta Tendresse. Et avec toi, le pécheur peut enfin découvrir le vrai Bonheur. Désormais, il ne cessera de te remercier, de te bénir, de te louer…
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
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« Pour vous, qui suis-je ? » demandait Jésus à ses disciples… Et pour nous, qui est-il ?
Un Dieu dominateur qui exige d’être obéi, un Dieu qui impose toutes sortes d’obligations et de contraintes, un Dieu sévère qui punit lorsqu’on lui désobéit, un Dieu finalement inhumain ? -
Ou un Dieu de Tendresse qui ne cherche que le vrai bonheur de tous ses enfants, un Dieu qui pleure lorsque l’homme s’obstine à courir sur des chemins qui ne peuvent que le conduire à la ruine, un Dieu qui se révèle finalement en Jésus Christ comme le plus humain qui soit ?
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Jean signifie « Dieu fait grâce », « Dieu fait miséricorde »… Il préparera le chemin à Celui qui est venu nous visiter « dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour donner à son Peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés ». Est-ce que j’accepte de faire la vérité dans ma vie en regardant en face mes faiblesses, mes manques ? Est-ce que j’accepte de me remettre en question en accueillant notamment les remarques qui peuvent m’être faites ? Le sacrement de la réconciliation est un trésor de guérison et de force : quand l’ai-je reçu pour la dernière fois ?
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« Heureux les miséricordieux »… Suis-je vraiment une femme, un homme de douceur et de miséricorde dans mes relations quotidiennes ?
ENSEMBLE PRIONS
Père des Miséricordes, Dieu de Tendresse, que ta Parole transforme nos cœurs de pierre en cœur de chair. Heureux de goûter à quel point tu es bon, nous pourrons devenir de plus en plus les témoins et les serviteurs de ton Amour pour tous les hommes. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen