Rencontre autour de l’Évangile – 14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 1-6)
« Nul n’est prophète
dans son pays «
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Mc 6, 1-6)
« Le Maître revient à son village. Il semble ne pas y être retourné depuis le début de sa mission : son baptême par Jean-Baptiste (1,9). C’est Capharnaüm qui est devenu le point d’attache de son ministère itinérant. Nazareth, où il rentre, est le berceau de son enfance et de sa jeunesse. Là se trouvent sa famille et ses amis de voisinage. Les Evénements ont mis entre eux un certain éloignement. Que va-t-il se passer ? » (Jacques Hervieux, dans « Les Evangiles, textes et commentaires » ; Bayard Compact, p. 381).
Le sens des mots
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« Jésus est parti pour son pays et ses disciples le suivent »… Relire l’appel des disciples en Mc 1,16-20 et Mc 2,13-14 : que retrouvez-vous ? Qu’est-ce qui caractérise donc avant tout un disciple de Jésus ? Que sous-entend une telle démarche ?
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« Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue »… Le sabbat, notre samedi, était ce jour où l’on arrêtait toutes ses occupations habituelles pour se consacrer à Dieu. La communauté se rassemblait à la synagogue, priait, écoutait la Parole de Dieu : une première lecture extraite de « la Loi » (En hébreu, la Torah, constituée par les cinq premiers livres de la Bible), la seconde étant prise dans les prophètes. En St Luc (Lc 4,16-30), Jésus lit Isaïe 61,1-2. Puis, le chef de la synagogue pouvait inviter quelqu’un de l’assemblée à les commenter. C’est ce que fait ici Jésus… L’auditoire est-il sensible à son intervention ? Quel talent lui reconnaissent-ils ? Et qu’ont-ils par ailleurs entendu dire de lui ?
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Ces points ayant été reconnus, sur quoi pourtant vont-ils buter ? Il faut bien comprendre ici le sens des mots « frère» et « sœur»… Que dit, depuis les tout premiers siècles, la foi de l’Eglise à ce sujet : Jésus a-t-il eu, de Marie et de Joseph, des frères et des sœurs de sang ? Comment Marie et Joseph ont-ils vécu toute leur vie ?
Pourquoi « un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison » ?
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« Là, Jésus ne pouvait accomplir aucun miracle… Il s’étonna de leur manque de foi»… Que diriez-vous de la foi, qu’est-elle en fait ? Pourquoi Jésus ne peut-il rien faire ici ? Avec lui et par lui, n’est-ce pas le Dieu Tout Puissant, le Créateur de l’univers qui est à l’œuvre ? Que révèle donc, du côté de Dieu, cette impossibilité d’agir ? On peut se souvenir « d’Ap 3,20 » où parle le Christ Ressuscité : « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui »…
Pour l’animateur
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« Au bord du lac de Galilée, Jésus voit Simon et son frère André et il les appelle : « Venez à ma suite». Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent. » De même pour « Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère » : « Il les appela… et ils partirent à sa suite ». Être disciple de Jésus, c’est donc, de tout cœur, le suivre, avec son aide et son soutien… Le Christ a la première place et l’initiative : cela suppose obéissance, docilité, souplesse, détachement…
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L’auditoire est touché par son enseignement. « Tous lui rendaient témoignage ; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche » (Lc 4,22). Ils reconnaissent donc « cette sagesse qui lui a été donnée » et ils ont entendu parler « de ces grands miracles qui se réalisent par ses mains». Noter comment St Marc s’exprime dans les deux cas : « la sagesse lui a été donnée» sous entendu par Dieu le Père, qui « réalise » aussi Lui-même « ces grands miracles » « par les mains » de Jésus, son Fils… Nous pressentons ici le grand Mystère de Jésus « Serviteur » du Père (Ac 3,13 ; 3,26 ; 4,27 ; 4,30) et donc de tous les hommes que le Père aime (Jn 3,16-17) et veut sauver (1Tm 2,3-6). Il dira ainsi clairement en St Jean : « En vérité, en vérité, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement » (Jn 5,19-20). La Parole de Jésus est celle du Père, les actes accomplis par Jésus sont « réalisés » par le Père…
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« Frère» peut s’appliquer bien sûr aux frères de sang, comme l’étaient « Simon et André », et aussi « Jacques et Jean, fils de Zébédée » (Mc 1,16 ; 1,19). « Frère » peut aussi désigner « un demi-frère », par exemple Philippe et Hérode Antipas qui avaient le même père, le roi Hérode le Grand, et deux mères différentes, Cléopâtre et Malthacé (Mc 6,17). « Frère » peut encore s’appliquer à des cousins éloignés, comme ici « Jacques et José », fils d’une autre Marie qui sera présente elle aussi au pied de la Croix (Mc 15,40 ; 15,47). Enfin, « frères » peut désigner les disciples de Jésus (Mc 3,31-35) : c’est ainsi qu’il les appelle (Mc 3,31-35 ; Jn 20,17 ; Hb 2,11), et eux-mêmes, en se tournant vers leur Créateur et en l’appelant « Notre Père » comprennent que tous les hommes, quels qu’ils soient, sont « frères », enfants d’un même Père…
Ici, les habitants de Nazareth croient bien connaître Jésus, « le fils de Marie », et tous ses cousins « Jacques, José, Jude et Simon »… Ils l’ont vu grandir, jouer, apprendre et exercer le métier de charpentier… Ils ne peuvent imaginer une seule seconde qu’ils ont, face à eux, le Fils Eternel de Dieu…
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La foi est avant tout « relation à un Autre que soi-même », « Dieu », en qui l’on a reconnu l’Amour d’un Père plein de Tendresse (1Jn 4,7-16). Le premier fruit est alors la confiance en Lui… Que Jésus ne puisse rien faire ici manifeste le respect que Dieu nous porte : il ne nous forcera jamais à recevoir tout ce Bien qu’il veut nous donner… pour notre seul bien, pour notre vrai bonheur…
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
« Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). Ainsi, quiconque accueille ta Parole de tout cœur reçoit avec elle l’Eau Vive de l’Esprit qui lave, purifie, rafraîchit, apaise et donne la Vie… Avec ce Don de l’Esprit qui se joint toujours à elle, cette Parole est vraiment un « glaive » qui « pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit » (Hb 4,12), jusqu’au plus profond de nous-mêmes… Tous étaient dans l’étonnement en t’entendant, et ils en sont restés là… Garde-nous fidèles à cette Parole, jour après jour. Alors, avec elle et grâce à l’Esprit, nous grandirons dans cette Communion profonde à ta Vie, à laquelle tu nous appelles tous…
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
Seigneur Jésus, les habitants de Nazareth t’ont vu grandir au fil des années, toi et tes cousins, tes cousines… Tu as couru, joué dans les rues du village, tu es allé à la petite école de la Synagogue, tu as appris puis exercé le métier de charpentier… Tous te connaissaient si bien, ou du moins le croyaient-ils… Mais lorsque tu as commencé ton ministère, tout « rempli de l’Esprit Saint» (Lc 4,1) qui demeure « sur toi » depuis toujours et pour toujours (Lc 4,16-22 ; Jn 1,31‑34), tu as donné les Paroles que le Père t’avait données (Jn 17,8), tu as accompli en Serviteur « les œuvres de ton Père » (Jn 10,37 ; 5,36 ; 10,25). Mais ils n’ont pas su reconnaître que Dieu agissait en toi, avec toi et par toi.
Et moi, aujourd’hui, suis-je capable de reconnaître que cette même Présence peut me rejoindre par les membres de ma famille, par mes voisins, par les frères et sœurs de ma communauté paroissiale ? L’Eglise n’est-elle pas « le Corps du Christ » (1Co 12,27) ? Nous croyons si bien nous connaître les uns les autres… Mais savons-nous, en regardant ce « Corps du Christ » que nous formons tous ensemble, en pécheurs pardonnés et réconciliés, reconnaître la Présence de Dieu au milieu de nous (Mt 18,20), avec nous (Mt 28,20), en chacun de nos cœurs (1Co 3,16-17 ; 2Co 4,6), un Dieu qui peut parler et agir pour nous par les uns et par les autres, quels qu’ils soient ?
« Il ne pouvait accomplir aucun miracle »… « Il s’étonna de leur manque de foi »… Dieu ne fera jamais rien en nous sans notre « Oui ! »… Savons-nous lui donner ce « Oui ! » tel qu’il est, en comptant sur son aide et son soutien ?
ENSEMBLE PRIONS
Dieu qui a relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte : tu les as tirés de l’esclavage du péché ; fais-leur connaître le bonheur impérissable. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.